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Critiques de Shirley Jackson (336)
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Nous avons toujours vécu au château

Constance est calme, habile de ses mains, affectueuse. L'oncle Julian perd la boule, perpétuellement plongé dans ses papiers, ses coupures de presse, mais il se montre aimable au quotidien et apprécie des plaisirs simples, comme une sieste au jardin dans son fauteuil roulant.

Et puis il y a la petite sœur de Constance, Mary Catherine, qui raconte cette histoire. Cette "petite folle de Merricat", comme dit gentiment son aînée. Cette gamine montée en graine qui se cache dans les buissons, enterre des objets magiques sur la propriété Blackwood pour que personne n'y pénètre, parle à son chat et rêve de s'enfuir sur la Lune.

Car la réalité, au château Blackwood, est triste. Certes, derrière les grilles , au sein des terres en friche, bien à l'abri des murs, la vie s'écoule paisiblement. Mais à l'extérieur, les gens du village sont hostiles. Méchants. Cruels, souvent. C'est que la famille a coupé les ponts avec le monde depuis bien longtemps; et depuis la mort accidentelle de quatre de ses membres, au cours d'une même soirée, peu de gens s'aventurent encore dans la vieille demeure.

Merricat ne s'en plaint pas, et pas davantage l'oncle Julian. Mais Constance , quelquefois, songe à la vie d'avant, lorsqu'elle pouvait encore franchir le seuil de la propriété.



Un roman triste et beau, qui mérite qu'on s'y attache, autant que Merricat le mérite malgré sa bizarrerie.
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Hantise (La maison hantée)

Shirley Jackson, je l'ai découverte avec « Nous avons toujours vécu au château ». J'avais été intriguée par cette histoire qui m'avait poursuivie plusieurs jours après sa lecture. L'écriture classique et le genre gothique m'avait charmée.

J'ai ressenti les mêmes émotions avec « La maison hantée », j'ai retrouvé le même plaisir de lecture. Les codes chers au roman gothique sont présents et pourtant Shirley Jackson nous propose un autre roman.



Le Docteur John Montague, homme de science, a toujours eu un penchant pour l'analyse des manifestations surnaturelles. Son projet : publier un ouvrage sur les causes et les effets des perturbations parapsychologiques alors quoi de mieux qu'une maison dite « hantée » pour mener ses études. Il loue Hill House pour trois mois et engage trois assistants pour observer et vérifier les rumeurs sur cet endroit. Eleanor Vance, Thedora et Luke Sanderson seront donc de la partie. Ils auront leurs moments de doute et de frayeur et tous conviendront de la particularité de cette maison mais quelle sera leur conclusion ? Évidemment, je n'y répondrai pas.

Shirley Jackson fait de Hill House un personnage a part entière, ce qui apporte une atmosphère au récit. L'ambiance y est singulière et amène une touche de surnaturel qui nous laisse dans l'interrogation. Mais son tour de force reste de nous faire douter de notre questionnement en y distillant une dimension psychologique. On sait tous que la sensibilité, l'émotion, la capacité à relativiser et à rationaliser est propre à chacun.

Alors voilà, j'espère avoir éveillé votre curiosité !
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Hangsaman

Hangsaman de Shirley Jackson

C’est avec ce livre que je découvre Shirley Jackson et je suis impressionnée !

Natalie a dix-sept ans. Elle va intégrer l’université que son père a choisie. Elle se destine aussi à l’écriture et écrit déjà. Elle est déterminée à rencontrer la réussite qu’elle mérite. D’ailleurs son père est également écrivain et il corrige tout ce qu’elle écrit même les lettres qu’elle lui adresse de l'université. Entre son père omniprésent, très critique, orgueilleux et sa mère soumise, malheureuse en mariage, l'université aurait dû représenter une bouffée d'air.

Arrivée à l’université, elle apprécie l’indépendance, la solitude mais quelque chose cloche, elle a du mal à se positionner par rapport aux autres. Et il faut dire que dans les résidences, les filles ne sont pas tendres. Elle se rapprochera de la femme d’un de ses enseignants mais se ne sera que le début d’autres embarras.

J’aime beaucoup les histoires qui se déroulent dans les milieux universitaires américains. Avec une héroïne comme Natalie que j’ai adorée, déterminée malgré tout le poids psychologique que représente ses parents. Ce livre a été un pur bonheur.

C’est un livre immersif car l'auteure nous offre la moindre des pensées ou divagations de Natalie et réussit à nous embarquer savamment dans son univers, qui oscille entre réalité et imagination. Nathalie peut nous faire glisser dans une autre réalité quand celle qu’elle vit n’est pas à la hauteur. J’ai parfois eu du mal à déterminer de quel côté de la frontière j’étais. Ce qui ajoute un côté intrigant très intéressant.

Et le tout a été une excellente surprise!

Je poursuivrai sans faute ma découverte de l’auteure.

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Nous avons toujours vécu au château

J'ai aimé ce roman un peu désuet, un peu fantastique, un peu fou et flou. Un flegme britannique survole le roman et pourtant il s'en passe des choses.....

C'est un des livres que je conserve dans ma bibliothèque et dont je ne veux pas me séparer.

Sans doute que je le relirai un jour.

La couverture n'est pas étrangère au choix de ce roman. Rien que l'image de ce château me fait déjà partir dans l'imaginaire de l'auteur.

J'ai adoré ce livre, il est vraiment à part.
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Hantise (La maison hantée)

En refermant ce livre, je me suis sincèrement posée la question de savoir si j'avais raté quelque chose durant ma lecture. En fait, je n'ai pas compris la fin. C'est en lisant d'autres critiques que j'ai fini par comprendre, qu'en réalité, chacun imagine comment on doit interpréter cette fin. C'est donc le genre de roman pour lequel on se refait le film dans sa tête pour comprendre un peu la fin.



J'avoue avoir été frustrée par cette fin mais l'ambiance angoissante du roman, celle que je recherchais, a opérée sur moi. Pourtant, c'était assez mal parti : au bout d'une centaine de pages, j'étais toujours en attente de quelques frissons. En réalité, l'autrice prend son temps pour nous mettre dans l'ambiance de la maison : son histoire, ses bizarreries architecturales, et puis l'étrange Mrs Dudley, la domestique de la maison, qui ne fait que répéter le même laïus, pour préciser l'heure à laquelle les hôtes vont manger…



L'histoire de cette maison fait peur car elle a été inoccupée pendant longtemps, et que les personnes qui ont voulu y vivre, n'ont pas voulu ou pu y rester longtemps, quelques jours au bas mot, et que ces mêmes personnes ne voulaient pas expliquer pourquoi et recommandaient même à ceux qui étaient intéressés de ne pas y aller.



Bref petit à petit, j'étais complètement dedans.



La personnage principale à travers laquelle on découvre cette histoire délire complètement, dès le début du roman, si bien que j'ai eu des doutes sur ce qu'elle voyait réellement et ce qui était réel. Dans le doute, je me suis posée pas mal de questions sur la cohérence ou non de ce qui se passait.



Il ne faut pas s'attendre à des fantômes qui surgissent la nuit et agressent les hôtes de la maison. C'est réellement l'ambiance très lourde de la maison mais aussi des 4 personnages principaux : le docteur Montague, qui mène une expérience sur cette maison dans laquelle il y aurait des phénomènes surnaturels, Eleanor, notre personnage principale, Theodora, et Luke, neveu de la famille propriétaire de la maison. Eleanor et Theodora ont été « recrutées » pour cette expérience sur des arguments qui m'ont paru très légers. Et pourtant, elles ont été choisies et se retrouvent dans cette maison.



J'ai lu ce roman en 2 jours seulement, aidée de mon plaid, d'un chocolat chaud, de mon chat, et entourée de pièces sombres, sans lumières, avec les voisins du même palier qui faisaient du bruit en arrivant chez eux. Bref, une ambiance particulière qui m'a fait sursauter de temps en temps, parce que j'avais peur que quelque chose traîne dans mon propre couloir.



C'est ce que j'attendais de cette lecture, j'ai donc été ravie. J'ai trouvé quand même très limite cette fin trop abrupte à mes yeux. J'aurais voulu avoir plus d'explications et que l'autrice me prenne davantage par la main, notamment en me donnant une piste sur ce que j'aurais dû interpréter.



En bref, un roman à lire quand le soleil se couche très tôt (donc parfait en ce moment).
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Nous avons toujours vécu au château

Il y a six ans tous les membres de la famille Blackwood sont décédés, ils ont été empoisonnés lors d'un repas familial. Seules trois personnes ont survécu, Marie-Katherine qui était punie et était dans sa chambre, Constance, sa soeur qui n'a pas pris de dessert et l'oncle Julian qui suite à cet événement est resté handicapé. Ces trois personnages vivent reclus au sein du château Blackwood jusqu'à l'arrivée du cousin Charles. Un événement va chambouler le quotidien des trois protagonistes.



Nous avons toujours vécu au château est un roman gothique avec une atmosphère très particulière. Shirley Jackson a su y insuffler beaucoup de mystère.



Méfiez-vous toujours du narrateur. Je ne dévoile rien, Mericat l'avoue elle-même dès les premières lignes.



Une lecture très plaisante.



Challenge Multi-Défis 2021

Challenge Plumes Féminines 2021
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Nous avons toujours vécu au château

Nous avons toujours vécu au château de Shirley Jackson est un livre court très particulier.



Dans ce roman gothique, nous suivons les survivants de la famille Blackwood qui ont échappé de peu à la mort. L'ensemble de leur famille est décédée à la suite d'un empoisonnement, encore non élucidé. Mary Katherine, sa sœur Constance, et leur oncle, font l'objet de ragots au village. On les fuit, on les déteste, on les craint, mais surtout, ils fascinent.



Le gros point fort de Nous avons toujours vécu au château est l'atmosphère et l'ambiance si particulières qu'arrive à mettre en place l'autrice. Dans ces quelques pages, tout est étrange, bizarre, malsain. On comprend dès le départ que quelque chose cloche, sans pour autant pouvoir dire quoi.



En bref, une très bonne lecture. Un court roman qui se lit vite, qui intrigue, et qui offre une véritable plongée dans l'étrange.
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Nous avons toujours vécu au château

La première scène du roman est magistrale. Une simple visite au village pour faire les courses se transforme en un cauchemar angoissant. Car nous sommes dans la tête d'une jeune femme peu ordinaire, sans doute traumatisée, ayant construit au fil des années des mécanismes de défense surprenants. Comme souvent chez Shirley Jackson, l'horreur surgit au détour d'une phrase d'apparence innocente. Un jeu enfantin, une croyance superstitieuse anodine, le déplacement d'un objet. Il suffit d'un petit rien pour basculer dans la folie. Tout au long, l'atmosphère étrange s'intensifie jusqu'à un final flamboyant. Il y a encore beaucoup à découvrir et à admirer chez cette grande autrice (ou auteure si vous préférez).
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Hantise (La maison hantée)

Ce roman paru en 1959 et traduit en France 20 ans plus tard est une référence de la littérature horrifique. Validée par Stephen King lui-même.



Le roman se lit vite et bien. On retrouve tous les attributs du topos de la maison hantée : un trou perdu et une maison lugubre, qui craque, aux multiples pièces et qui fait peur la nuit. Tous les éléments sont là pour la mise en place du fantastique et de l’horreur : les mises en garde et les on-dit, les histoires malheureuses qui se sont déroulées en ses murs et évidemment une promesse de huis-clos angoissant… Bref, le lecteur est paré pour vivre un cauchemar, et les personnages aussi.



Parlons-en des personnages : un héritier, une femme grande enfant qui s’ennuie dans la vie et une jeune femme fragile et instable. Et évidemment le chercheur, la garantie du réel. Tout ce qu’il ne peut pas expliquer permet de basculer dans le fantastique. Sauf qu’on l’attend longtemps. Le cauchemar aussi, d’ailleurs. Parce que finalement, il se passe… ben, rien.



L’intérêt du roman réside à mon sens dans la mise en place de tout un attirail horrifique pour finalement retarder l’échéance. L’autrice s’amuse avec les attentes du lecteur et de ses personnages. La chute brutale du roman n’en est que plus intense et remarquable. La maison hantée est davantage un roman psychologique qui déplace l’horreur, de la maison aux personnages. A ce titre, j’ai adoré la narration. C’est un narrateur neutre et extérieur qui raconte le récit. Cependant, les pensées d’Eleanor se mêlent à la narration sans barrière. Cela crée un mélange de voix original et très efficace, permettant de saisir toute l’ampleur de l’instabilité du personnage.



Pas la lecture de l'année en ce qui me concerne, mais je suis contente quand même d'avoir enfin lu ce titre.
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Hangsaman

Lire Shirley Shirley Jackson, c'est marcher aux frontières du réel, accepter de ne pas savoir où l'on met les pieds, d'être dans une position inconfortable de lecture. Tout en se disant : mais comment fait-elle pour insuiner de manière si subtile et brillante ce malaise en vous ? Si La maison hantée ou Nous avons toujours vécu au château sont du registre fantastique et dans veine gothique, il n'en est rien dans Hangsaman. 



Nathalie a 17 ans, c'est la fin de l'été et elle vit ses derniers jours dans sa famille avant d'intégrer une université prestigieuse que son père, qui règne en maître sur les membres de la famille, a choisi pour elle. Avec son frère, ils n'ont pas d'autre choix que de subir les déjeuners amicaux de leurs parents et de jouer les enfants modèles. De nature introvertie, Natalie est donc très polie avec les invités. Elle tente de se montrer à la hauteur du monde des adultes qu'elle dissèque dans son esprit. Mais dès les premières pages, la tension est là, et on ne sait pas si l'événement traumatique qu'elle nous raconte s'est vraiment déroulé. Et ce n'est que le début...



Une fois à l'université, sa liberté et son indépendance nouvelle pourraient lui donner l'occasion de s'ouvrir aux autres. Mais rapidement, elle se sent décalée, différente, préférant observer ses congénères féminines. Et surtout se réfugier dans ses ruminations et son imagination féconde. Bientôt elle glisse dans une autre réalité, floue, trouble et inquiétante.



Quelle lecture à la fois éprouvante et jubilatoire ! Shirley Jackson explore habilement l’entrée d’une jeune adolescente dans le monde des adultes et dans celui de sa féminité, d’une manière très originale et immersive. Le lecteur vit ses épreuves, ses cauchemars, ses peurs avec intérêt et surprise. 



C'est vraiment un roman étrange, déconcertant, profond, auquel je repense souvent depuis, ce qui pour moi est très bon signe. Une fois le livre refermé, je ne savais si j'avais aimé ou non. Il m'a fallu des semaines avant de m'apercevoir que ce roman m'avait davantage marqué que je ne l'aurais cru. Je pense qu'il ne manquera pas de laisser des traces et des interprétations multiples et changeantes chez son lecteur. C'est un roman que j'aurais plaisir à relire. Je ne serais pas surpris, alors, de le percevoir différemment et de le trouver encore meilleur qu'à sa première lecture



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Hangsaman

Quel livre déroutant à lire, à nouveau pioché dans le catalogue des nouveautés Rivages noirs : un Shirley Jackson inédit en France - au titre étrange et exécutoire - dont l'histoire s'inspire d'un fait-divers.



Une fois le livre refermé, je ne sais toujours pas dire ce qui m'a le plus convaincu. Ai-je lu l'un des plus grands livres de fiction écrit sur le refoulement, au sens psychanalytique du terme ? Ou ai-je eu entre les mains un livre prodigieusement en avance sur son époque, qui ne cesse de dénoncer le sort réservé aux femmes depuis leur plus jeune âge au sein des sociétés patriarcales ? Un peu des deux, sans doute.
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Nous avons toujours vécu au château

J'attendais, je crois, de cette histoire quelque chose de fantastique. En tout cas complètement surnaturel. Et ce n'est pas du tout le cas, ce qui m'a beaucoup déstabilisée.

L'histoire est néanmoins bien construite, la gestion de la pression qui monte, parfaite. Et je verrai bien cette histoire adaptée dans le genre de The Haunting of Blackwood mansion. Mais avec des fantômes. Oh allez!
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Hantise (La maison hantée)

Un roman déconcertant, nous plongeant dans l'atmosphère, plus pesante qu'angoissante, d'une maison étrangement inoccupée depuis des générations mais toujours maintenue en bon état par ses propriétaires, les Sanderson. Les quelques locataires qui s'y sont aventurés au fil du temps ne sont restés en général que quelques jours, sans jamais donner la raison de leur départ. Il n'en fallait pas plus pour que cette demeure aux allures victoriennes acquière une mauvaise, très mauvaise réputation auprès du voisinage, et génère des légendes plus maléfiques les unes que les autres. Le docteur Montague, anthropologue s'intéressant aux phénomènes paranormaux, a décidé d'en avoir le cœur net en s'y installant, accompagné de trois jeunes recrues, pour décrire fidèlement tout ce qui s'y passe et obtenir enfin la reconnaissance de ses pairs. Est-ce une histoire de fantômes, dans la lignée des romans gothiques qui ont fait la gloire de Mary Shelley, Ann Radcliffe et consorts ? Ou la description d'un cas clinique de délire paranoïaque ? La question reste posée une fois la dernière page tournée, cette fameuse dernière page où l'on espérait trouver enfin quelques éclaircissements. Hélas, l'auteure nous joue un tour à sa façon, en nous laissant le choix…
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Hangsaman

Je l'ai dit en d'autres lieux, je n'ai rien compris à l'histoire mais c'est un livre génial.

Génial, parce que l'héroïne elle-même ne comprend rien à ce qui lui arrive, et que Shirley Jackson nous fait partager cette confusion avec art.

Natalie Waite, puisqu'il s'agit d'elle, est une jeune fille qui s'ennuie dans une ambiance familiale pesante. Un père écrivain qui tient à lui voir prendre la relève et dissèque ses pensées les plus intimes. Une mère malheureuse dévouée à son mari, humiliée par lui, et qui regrette chaque instant de sa pauvre vie, surtout le week-end lorsque la maison accueille les "cocktails littéraires" imposés par le maître des lieux . Un frère qui vit là, sans qu'on sache vraiment quoi partager avec lui.

Natalie Waite, donc, s'évade par la pensée. Et dans la première partie du livre, on comprend peu de choses à ses réflexions, sinon qu'elle est prisonnière de ses propres fictions, qu'elle déteste sa vie et qu'un événement particulièrement choquant manque de la briser.

On la retrouve ensuite, partant pour l'Université. Loin des siens, au milieu de filles qui lui sont étrangères et dont le milieu social est bien au-dessus du sien, elle cherche sa place. Le désespoir qui l'assaille, comme tout ce qui lui arrive, est en quelque sorte prévu et même orchestré par son père, qui le lui écrit dans ses lettres. Pour endurcir sa fille sans doute, pour la pousser à tisser des relations utiles, c'est lui qui l'a inscrite dans cet univers féminin, exotique et cruel.

Un monde où la première main tendue semble une planche de salut. Ce sera la main de Tony, dans la troisième partie du livre. Mais certaines amitiés vous coupent de tout le reste, et Natalie s'éloigne de plus en plus de la réalité...

Une lecture vraiment captivante, que je me permets de vous recommander si vous n'avez pas tout occulté de votre propre adolescence. Une lecture qui fait mal, toutefois, tant l'autrice est habile à nous plonger dans son univers.
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Nous avons toujours vécu au château

Allez, depuis le temps, je découvre enfin Madame Shirley Jackson et wahou, il était temps !



Mary Katherine, 18 ans, vit quasi recluse dans la grande maison de famille des Blackwood en compagnie de sa grande sœur Constance et de leur vieil oncle malade, Julian. Le reste de leur famille est décédé, 6 ans plus tôt, dans des circonstances qui nous seront dévoilés au court du roman et qui ont marqué psychologiquement pour certain, physiquement pour d'autres.



Cloitré dans leur domaine, seul Merricat sort deux fois par semaine pour ramener les quelques courses nécessaires à leur subsistance, des sorties difficile tant les villageois semblent éprouver une profonde aversion pour les survivantes de la famille Blackwood.



* * *



Par les yeux de la jeune fille sauvage et perturbée qu'est Merricat, Shirley Jackson va nous faire découvrir le quotidien des recluses, une partie de leur vie, et les traumatismes et paranoïas qui les étreint dans ce domaine oppressant qui se fait tour à tour refuge et prison.



Mais il va être difficile de prendre au mot ceux de Merricat tant on découvre au fil des pages une narratrice peu fiable, qui voit le monde étrangement. Entre ses rituels quasi magique, ses souhaits morbide, ses interprétations fallacieuse de la réalité, tout concours à poser une atmosphère malsaine.



* * *



C'est le malaise dès le début, entre les non dits qui flottent dans l'air de la grande maison, les paroles pleines de sous entendu des villageois croisés, les souvenirs tordus d'oncle Julian sur "cette fameuse journée" la quasi passivité éthéré de Constance et tout va en empirant vers un final flamboyant ou le grotesque de la populace se révèle dans son horreur, de même que la vérité glaciale tout juste susurrée et l'étendu du profond traumatisme et de la folie.



Shirley Jackson livre un roman magistral rempli de souffrance et d'une horreur mondaine, presque banale elle emplit de malaise et et le fait du début à la fin avec style.
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Hangsaman

Dans la famille Waite, je demande le père Arnold Waite, écrivain d’un unique livre, imbu de sa personne, régnant en maître absolu sur son foyer. Il faut voir les lettres qu’il écrit à sa fille à l’université, c’est pompeux et autocentré. Je demande la mère Mrs Waite, créature soumise et geignarde surtout lorsqu’elle a un coup dans le nez. Je demande le frère, Bud sachant passer inaperçu et enfin je demande la fille Nathalie, dix-sept ans en plein questionnement sur ce qu’est la vie. L’entrée à l’université de Nathalie va être le lieu de rencontres, d’expériences qui vont générer une lente montée en tension de la situation de la jeune femme. On sent venir un dénouement qui ne peut être que mélodramatique.

L’auteure explore la difficulté qu’il y a de passer de l’adolescence à l’âge adulte, laisser derrière soi l’enfance pour découvrir les tourments de la féminité rien de moins pour cette jeune fille esseulée. On découvre une histoire étrange où l’on n’a pas l’impression d’avancer tout se délite. Le monde est-il si cauchemardesque qu’il semble impossible d’y survivre. Au final ce livre nous laisse avec nos questions sans réponses face aux épreuves qui s’abattent sur Nathalie. On n’en saura pas plus, c’est à nous de décider des réponses qu’on imagine et c’est plus que ce que je peux donner dans ma lecture avant de tomber dans l’agacement.

Il y a trois parties distinctes dans le récit, toutes apportent un éclairage et une émotion particulière, malheureusement on est soumis aux incessantes ruminations de Nathalie qui viennent brouiller intentionnellement le message. Nathalie ne sait absolument pas qui elle est, à ses côtés on est témoin de son esprit profondément dérangé lorsqu’une voix lui parle intérieurement. Seule la troisième partie m’a véritablement touchée mais en dire plus est impossible. Un livre trop dérangeant pour moi, je vous laisse vous faire votre propre opinion. Bonne lecture.


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Hantise (La maison hantée)

Ce livre est une référence dans le fantastique qui doit beaucoup à la plume de l’autrice.

Ce roman est un roman d’atmosphère. L’angoisse met du temps à s’installer. Il y a peu de moments horrifiques et peu de scènes d’actions, car le lecteur se trouve dans la tête des personnages et traverse avec eux ces moments oppressants. Shirley Jackson a le talent pour placer ses personnages dans une ambiance malsaine. On suit surtout Eleanor, qui accepte de faire partie d’une expérience. Le docteur Montague l’invite ainsi que deux autres personnes, Theodora et Luke, à venir habiter la maison de Hill House pendant un moment pour noter tous les événements étranges qui s’y produisent. Chacun des protagonistes a déjà vécu une expérience paranormale. Hill House est un personnage à part entière. C’est une bâtisse monumentale qui a une emprise sur ses résidents. Le récit est raconté du point de vue d’Éléanor et au fur et à mesure de la lecture on n’arrive plus à savoir si ce qu’elle vit est réel ou si c’est fantasmé.


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Hantise (La maison hantée)

Il n’y a rien d’académique dans le livre de Shirley Jackson. C’est le produit d’une romancière de talent, qui s’est visiblement interrogée sur ce que la forme littéraire pouvait apporter au genre, et qui a, en parallèle, utilisé certains des schémas classiques de ce type d’histoire pour servir son propos.



Le premier constat, c’est que « La maison hantée » est un livre très maîtrisé, à la structure construite de manière experte, au langage précis et efficace, et aux personnages merveilleusement construits. Honnêtement, on aurait déjà affaire à un roman de qualité, même si la maison n’était pas hantée.



Le personnage central d’Eleanor, dont le roman adopte, très étroitement, le point de vue, est un protagoniste littéraire dans toute sa splendeur. Ses espoirs et ses doutes deviennent ceux des lectrices et lecteurs, ses terreurs aussi, et on l’accompagne à travers ses erreurs de jugement, ses pensées le plus intimes, ainsi que dans son arc narratif qui mène du désespoir à l’espoir, pour en revenir à un désespoir bien plus sombre que le premier.



Eleanor, qui a mis sa vie entre parenthèses, espère que son séjour à Hill House va lui permettre d’ouvrir sa vie à d’autres perspectives, qu’il va représenter pour elle un tournant vers le meilleur, qu’elle s’y fera des amis, vivra une aventure grisante et y trouvera de nouvelles occasions de s’accomplir. Le roman dépeint son désenchantement, alors qu’elle réalise avec horreur qu’on ne lui accorde pas davantage d’importance dans ce nouvel environnement que dans son ancienne vie, que ses nouvelles connaissances ne voient pas grand intérêt à s’ouvrir sincèrement à elle, et que la vie est une chose sombre, vide et solitaire, quel que soit l’endroit ou la perspective.



Quant aux spectres qui hantent Hill House, ils confirment que l’horreur existentielle perçue par Eleanor s’étend à l’au-delà. Le monde est un lieu misérable, et il n’existe pas d’échappatoire. Nous sommes des âmes solitaires, dans notre vie comme dans notre mort.



Shirley Jackson s’y entend pour installer une ambiance de tension, mais les lecteurs qui s’attendent à trouver dans ce livre d’authentiques moments de terreur vont déchanter. Les scènes de ce genre sont rares et ne comptent pas parmi les plus convaincantes du récit. Par contre, ceux parmi les lecteurs qui trouveront en eux assez d’empathie pour entrer dans la tête d’une trentenaire désœuvrée qui fait le pari d’espérer, avant de voir cette espérance piétinée de toutes les manières possibles et imaginables, auront le bonheur de découvrir un livre précieux et riche, qui mérite d’être lu et relu pour en découvrir tous les aspects.
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Nous avons toujours vécu au château

Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec We Have Always Lived in the Castle ?

"J'ai entendu parler de Shirley Jackson a plusieurs reprises en cherchant des lectures d'Halloween. Ses livres sont disponibles en français d'ailleurs mais je ne tombais jamais dessus en librairie. Finalement, j'ai craqué pour cette édition anglaise à la couverture assez parlante."



Dites-nous en un peu plus sur son histoire...

"La famille Blackwood a toujours vécu là mais jamais elle ne s'est abaissée à fréquenter les gens du village. Aujourd'hui, plus de six ans après le drame, les seuls membres restants de la famille, sont plus isolés que jamais, reclus dans leur maison, cachés aux yeux de tous..."



Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?

"Dès les premières pages, cet ouvrage est extrêmement addictif. Impossible de le lâcher. Il y a d'abord toute cette haine ressentie autour des héroïnes qui nous semble si injuste, et tout ces secrets que l'on devine à demi mais que l'on attend de nous voir révélés. À chaque fois que l'on pense que le récit ralentit, un nouvel évènement survient. Il n'y a aucun temps mort dans ce roman par ailleurs assez court. On se prend au jeu, on sait que quelque chose cloche et pourtant on reste aux côtés de deux soeurs Blackwood. C'est d'ailleurs essentiellement la narratrice, la plus jeune des deux, qui installe ce climat dérangeant. Sans cesse, je dois essayer de me rappeler qu'elle a dix-huit ans alors qu'elle parle et qu'elle agit comme une enfant de douze ans, comme si elle était restée bloquée à l'âge du drame..."



Et comment cela s'est-il fini ?

"La révélation principale n'est absolument pas une surprise mais je ne suis pas sûre que l'auteur souhaitait qu'elle en soit une, tous les éléments étaient quand même assez clairement sous nos yeux. Après, je ne peux pas m'empêcher d'être un peu déçue par cette fin parce que je ne peux pas m'empêcher d'être une optimiste et d'espérer toujours mieux, toujours un peu plus."
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Hantise (La maison hantée)

Comme aborder le thème de la maison hantée de façon originale, après la longue période du roman gothique qui a produit des centaines, des milliers de récits de fantômes? Shirley Jackson y répond avec un personnage principal : Hillhouse. Une maison pas si ancienne, boursouflée, ratée et fondamentalement mauvaise. Les descriptions du point de vue du quatuor sont réussies. Les personnages ressentent la maison. Jackson se moque des artifices, ridiculise le spiritisme et les pseudos-scientifiques. L'horreur est subtile, à peine palpable, et avant-tout dans les esprits. le lecteur s'identifie tour à tour aux sceptiques, aux cyniques, avant de se laisser envoûter comme Nell, et de reconnaître le coup de maître.
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