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Critiques de Simon Roussin (62)
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Les aventuriers

Voilà un livre qui intrigue beaucoup les enfants et que je trouve tellement intéressant qu'il mérite certainement que je m'y arrête quelques minutes. D'ailleurs pour vous en bien parler, une fois n'est pas coutume, je vais vous le raconter entièrement sans quoi l'on ne comprend pas tout ce qui en fait le sel.



Nous voici donc avec quatre enfants, ou disons, quatre jeunes ados : Joseph, Daniel, Jeanne et Arsène. Les héros se rendent furtivement, à la nuit tombée, dans une sorte de terrain vague, loin des regards indiscrets, où l'on découvre un genre de sanisette ou de feu cabine téléphonique d'avant l'ère téléphone portable, affublée d'un casque à pointe à la mode Bismarck.



La sanisette Bismarck s'avèrent être en fait une machine à voyager dans le temps. Ni une ni deux, les quatre amis sautent dedans et actionnent les leviers si bien qu'ils se retrouvent entre Crétacé et Jurassique à coudoyer des flopées de dinosaures en pleine jungle sub-tropicale.



Les choses tournent court lorsqu'un vol de ptérodactyles s'en prend à eux kidnappant au passage l'infortuné Joseph. Arsène, le meneur de la troupe, se lance aussitôt à sa poursuite, mais les deux autres, Daniel et Jeanne, tout tremblants de peur se réfugient dans la cabine téléphonique de la Wilhelm II Deutsche Telekom et s'en retournent dans le calme et le confort de leur époque native.



Arsène se retrouve donc seul au milieu des brontosaures et autres vélociraptors à rechercher son ami qu'il finit tout de même par retrouver après un long périple au sommet d'une aire de ptérodactyles. Ils parviennent même à prendre la poudre d'escampette.



Mais que faire dans cet environnement ? Que vont-ils devenir ? Quand soudain, Arsène et Joseph voient arriver deux manières de cosmonautes adultes qui ont bien l'air d'appartenir à l'espèce humaine. Lorsque les deux adultes retirent leur masque de scaphandre, il s'agit de Daniel et Jeanne, devenus des grandes personnes d'âge mûr trente ans plus vieilles que les deux ados.



Daniel et Jeanne expliquent qu'ils ont été pris de remords à leur retour mais qu'ils ont mis trente ans à retrouver la piste de leur deux anciens amis. Donc tout se finit bien mais l'on retrouve nos quatre amis qui ont alors furieusement l'air d'être un couple avec deux enfants et c'est cela qui intrigue beaucoup les enfants lecteurs.



Disons-le tout de suite, cet album ne convient pas à des enfants trop jeunes. Je pense que huit ans est un âge acceptable pour commencer à le découvrir. Vous avez compris qu'il y est question de l'essence même du temps et que l'auteur, Simon Roussin, réinterprète le paradoxe des jumeaux de Langevin, question scientifique débattue il y a un siècle environ et dont Albert Einstein avait révélé le mystère logique.



Le scientifique français Paul Langevin avait proposé le cas de deux jumeaux qui voyageraient dans le temps à des vitesses différentes pour expliciter la théorie de la relativité restreinte d'Einstein. Dans ce cas, si l'un des jumeaux reste sur la Terre, qui a sa vitesse de déplacement propre que nous connaissons, et que l'autre fait un voyage dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière, alors après un certain temps, on constatera qu'ils n'ont pas vieilli à la même vitesse. Vingt ans pour l'un ne sont pas vingt ans pour l'autre et réciproquement.



Bref, captivante question qui interroge beaucoup les enfants. Ceux-ci demandent pourquoi les deux anciens amis sont devenus leur parents (car quand on les voit tous réunis, la confusion est possible), pourquoi deux seulement ont changé et pas les deux autres, etc., etc. C'est assez déstabilisant pour eux mais je crois que cela pose les base d'une réelle réflexion scientifique très intéressante.



Il me faut encore dire deux mots des choix picturaux audacieux de l'auteur qui prend 1) le risque d'un dessin non cerné ce qui n'est pas la norme dans l'illustration pour enfants et 2) le risque d'à-plats de couleurs hyper flashy car il utilise la magie de la trichromie (cyan, magenta, jaune) et de leurs seuls recouvrements pour réaliser des planches très colorées avec des rendus étonnants.



Bref, chapeau Simon Roussin pour cet album osé et qui sort vraiment des sentiers battus, dans tous les sens du terme. Mais ce n'est bien évidemment que mon avis dont le relativité est restreinte, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Xibalba

J’ai emprunté cette B.D par hasard à la bibliothèque, j’ai été attirée par la couverture, superbe, et par ce titre très énigmatique. Ce qui est amusant, c’est que par la suite, j’ai réalisé que « Les ailes brisées » dormait dans ma PAL depuis des lustres, or il s’agit d’une autre B.D de l’auteur Simon Roussin, B.D qui est d’ailleurs évoquée dans « Xibalba » puisque apparemment cette dernière fait référence à des événements racontés dans « les ailes brisées ». Ceci dit, ne pas avoir lu « les ailes brisées » n’empêche en rien de lire et apprécier pleinement « Xibalba », œuvre très aboutie qui se suffit à elle-même. « Xibalba » est vraiment une très belle réussite.



Visuellement, c’est très particulier et très beau. Je pense que ce type d’illustrations ne plait pas à tout le monde. Moi j’ai trouvé ça splendide. C’est épuré, parfois à l’extrême, ne laissant sur certaines cases que des tâches de couleur. L’épure est un art très délicat qui demande une grande maîtrise technique et une certaine sensibilité. Roussin a incontestablement les deux. Cette simplicité du trait et l’originalité de la colorisation sont alliées à une mise en page remarquable qui donne un rythme poétique et étrange au récit. On a droit à des planches pleines pages de toute beauté qui réalisent l’exploit d’être à la fois contemplatives et dynamiques.



Mais, il n’y a pas qu’esthétiquement que « Xibalba » est bluffant. Le scénario est lui aussi superbe. Le récit démarre un peu comme un film noir puis va peu à peu prendre une direction inattendue qui va s’avérer assez bouleversante. Je ne veux pas trop en dire pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte, je vais simplement préciser que le récit est parfaitement construit et mené et parvient à toucher profondément le lecteur.



« Xibalba » est vraiment une très belle surprise. Il faut absolument que je remette la main sur « les ailes brisées » qui doit se cacher au fond d’un carton…

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Des vivants

Des vivants raconte l’histoire d’un des premier réseau de résistance en France au début de la guerre, le “réseau du Musée de l'Homme.



Le traitement graphique est audacieux, cet album est conçu et imprimé en quatre couleurs non primaires, un violet, un vert, un jaune et un noir. le trait est simple, presque shématique, avec un style rétro que la gamme de couleur met en avant. La lumière circule, le graphisme, malgré sa simplicité, met en avant les bâtiments, les décors citadins, les salles du musée.



Le récit s’en tient au faits, assez simple, pour bien relater les évènements tels qu’ils ont eu lieu. On découvre les premiers héros de la résistance, des personnages ordinaires, motivés par leurs convictions humanistes, anti-racistes.



J’ai aimé la simplicité du récit, du graphisme, qui nous met face aux évènements sans emphase ou grandiloquence. Ces gens, plus cultivés que la moyenne de se présentent pas en donneurs de leçons, ils agissent, c’est ce qui les rend encore plus grands. Il nous raconte un moment de notre histoire qu’il est important de connaître.



À lire…
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Des vivants

Voici encore une découverte possible grâce à ma médiathèque. On y suit le personnel du musée de l'homme à Paris peu avant l'occupation allemande de la capitale et après lorsqu'ils décident de résister à l'ennemi en créant leur propre cellule. Ils s'organisent et tentent d'être discrets au possible afin de ne pas tomber aux mains de l'ennemi. Les personnes représentées ayant réellement existées sont touchantes et on ressent très vite beaucoup d'empathie pour elles, quelle force, quelle courage et quelle détermination !



Le choix des couleurs m'a beaucoup plu, cela est très original. Toutefois je n'ai pas trouvé cette bd facile à lire dans le sens où certains personnages se ressemblent et je n'ai pu les différencier. De plus les événements s'enchaînent très vite et je crains d'être passée à côté d'une meilleure compréhension de la situation et des faits de cette cellule de résistants. Ma lecture m'a parue brouillon.



Cette bd m'aura tout de même permis d'en apprendre plus sur ces résistants du musée de l'homme !
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Des vivants

Des Vivants est une "collaboration" (si le terme convient étant donné le sujet) entre Simon Roussin pour le dessin et Raphaël Metz et Louise Moaty pour le scénario aux éditions 2024.



Dans Des Vivants, le trio raconte une histoire quelque peu oubliée - celle d'un des premiers mouvements de Résistance* connu sous le nom de Réseau du Musée de l'Homme - tout en renouvelant le genre de la bande dessinée historique. Pour raconter l'histoire de ce réseau constitué entres autres autour de Boris Vildé, d'Anatole Lewitsky, d'Yvonne Oddon, Raphaël Metz et Louise Moaty se sont servis des véritables mots des différents protagonistes qu'ils ont montés et adaptés sans rien inventer - "Nous avons répété ce que nous avons entendu. L'histoire est finie" comme cela est souligné à la fin de l'histoire.



Acheté en partie parce que conseillé par mon libraire (label de qualité) et parce qu'aux éditions 2024 (label de qualité), je n'avais pas fait attention que d'une part j'avais déjà lu un roman graphique de Simon Roussin et que d'autre part le sujet m'était déjà en partie connu.



De Simon Roussin, j'avais déjà lu Xibalba (également chez 2024), long récit d'aventure centré sur deux pilotes de la déclinante Aéropostale en Amérique du Sud. Cette fois-ci, Simon Roussin ne s'occupe pas du scénario mais uniquement du graphisme.



Du Réseau du Musée de l'homme, j'avais déjà connaissance via le poignant Journal et lettres de prison, 1941-1942 de Boris Vildé, un des principaux animateurs de ce premier mouvement de résistance qui sera fusillé au fort du Mont Valérien le 23 février 1942 en même temps que six autres membres du Réseau du Musée de l'homme.



Tant sur plan graphique que sur le plan narratif (le procédé d'écriture est expliqué en fin d'ouvrage et les références bibliographiques utilisées présentées sur une vingtaine de pages), Des Vivants s'impose comme une oeuvre unique et magnifique sur des femmes et hommes qui prirent le parti de résister au péril de leur vie.



Que cette histoire de la vie et de la mort d'un réseau de résistance soit connue ou qu'il s'agisse d'une découverte, Des Vivants est à lire - le Journal et lettres de prison, 1941-1942 de Boris Vildé également.



* https://www.slate.fr/story/101973/musee-homme-resistance
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Les ailes brisées

J'ai lu Xibalba avant ce tome ci et c'est un peu dommage...je connaissais déjà la fin.

Toutefois, je me suis laissée prendre à ce froid polaire et à cette quête éperdue. Que ne ferait-on pas par amour?

Je suis assez impressionnée par l'énorme contraste qui existe entre ces deux histoires. Autant Xibalba est une lecture dense, de longue haleine et pleine de rebondissements, autant Prisonnier des glaces est bref, linéaire et est presque un huis-clos dans l'immensité du Pôle Nord.

De même, le dessin est très différent, moins nerveux, plus lisse, et avec beaucoup de couleurs.

L'histoire se compose d'une longue lettre, pleine de regrets et de messages de profonde amitié d'un homme, Ferdinand, à un autre, André, et est agrémentée de dessins qui racontent, la plupart du temps, une autre histoire : la quête de Ferdinand dans les glaces du Pôle à la recherche du mari de la femme qu'il aime.

Une histoire amère et tragique.
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Xibalba

J'ai adoré.

Le trait est simple, le graphisme paraît assez rudimentaire, “paraît” seulement car le traitement en trichromie, un noir et deux orange est une véritable prouesse technique et stylistique. Certaines illustrations pleine page viennent poser des instants de réflexions, les coups de pinceau, le jeux de lumière avec le noir et les deux oranges se savourent, d’une grande subtilité, d'une belle intensité.

Ce choix de couleurs assez crues et agressives contraste avec le propos.

L’histoire est divisée en deux parties. On démarre dans une atmosphère exotique, un peu à la manière des vieux films à l’ambiance torride et chaude, chargé de sueur, d’alcools forts, de jeux de hasard, “Le salaire de la peur”, “Les orgueilleux”, “L’homme de la Jamaïque” et surtout “Le Port de l'angoisse”... On est ici au Venezuela, André et Eddie travaillent pour l’aéropostale. La compagnie va mal, la crise de 29 est passée par là. S’ils se retrouvent perdus dans cette région du monde, c’est qu’ils traînent un lourd passé avec eux. Ambiance intimiste, les personnages se dévoilent doucement, mais on pénètre lentement dans leur intimité. Puis changement brusque de rythme et de ton, un moment d’aventure pure au milieu de l’histoire, de mystère policier, lorsqu'apparaît une étrange photo, pour revenir ensuite sur un moment lourd et intense, perdus dans la jungle entre le Guatemala et le Mexique, où on se retrouve emporté dans une dérive fantastique. J’ai été très surpris par ces évolutions. C’est une bande dessinée atypique, une surprise comme j’aime en recevoir, qui fait réfléchir, qui bouscule, qui parle de la relation au passé, au poids des regrets, aux erreurs que l’on traîne derrière soi. Le récit nous amène là où on ne l’attend pas, j’ai été scotché par l’émotion et la force qui s’en dégage. Au moment de refermer ce livre, j’ai laisser le temps s’écouler, pour continuer à vivre cette histoire encore un peu, c’était un moment de lecture intense.
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Des vivants

A travers cette bande-dessinée aux graphismes pleins de vivacité, et aux couleurs assez vives, elles aussi, dans des tons principalement bleus, violets, verts et orangés, qui contrastent fortement avec la gravité du sujet, c'est la formation, en 1940, du premier réseau de résistance française qui nous est contée, celui du Musée de l'Homme, jusqu'à son démantèlement causé par la dénonciation, l'arrestation, et la mort de la majorité de ses principaux membres.



Pour ce faire, Raphaël Meltz et Louise Moaty ont choisi de présenter les évènements au plus près de leur réalité historique, des paroles prononcées telles quelles par les protagonistes, aux extraits de lettres, tracts... conservés, en suivant, semaine par semaine, mois par mois, la constitution du réseau, les stratégies mises en place pour le faire grandir, pour échapper à la répression nazie, pour sauver des familles, des résistants, en les envoyant clandestinement en zone libre... Et l'on comprend mieux, alors, le choix des couleurs et graphismes de Simon Roussin, qui montrent à quel point le choix de la résistance a été, pour celles et ceux qui l'ont fait, malgré les risques, le choix des vivants.



Une lecture passionnante, émouvante, qui rend un très bel hommage au réseau du Musée de l'Homme.
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Xibalba

Je devrai sans doute être plus enthousiaste au sortir de cette lecture mais le cœur n'y est pas vraiment. Je me suis un peu ennuyé par rapport à ce récit des premiers aviateurs qui parcouraient le continent sud-américain avant la faillite de la société gérant l'aéropostale.

Il est clair que l'espérance de vie de ces pilotes étaient assez limitée à cause de la dangerosité de ce métier d'explorateur.



Le graphisme renvoie directement à la ligne claire façon album de Tintin (je pense à l'oreille cassée). Il est vrai que certaines planches sont assez bien détaillés pour nous offrir la richesse de ces paysages de ruines mayas au milieu de la jungle. Pour autant, la bichromie limite singulièrement la palette de couleurs. Je reproche également un petit côté figé qui colle bien avec une multitudes de vignettes contemplatives.



Je n'ai pas été touché plus que cela par ce récit de fantômes sur fond de croyances ancestrales émanant des indiens. Beaucoup de lecteurs crient au chef d’œuvre et je me démarque un peu par rapport à ce légitime consensus. Je n'ai pas ressenti toute cette intensité mais je reconnais que cela peut plaire si on aime ce style de dessin et de scénario à l'ancienne. L'ambiance exotique est en tous les cas assez bien retranscrite.
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Xibalba

Quel voyage, bon sang, quel voyage.

Je ne pense pas que j'aurais lu cette BD si je n'avais pas lu la critique de jamiK (que je remercie au passage).

J'ai tout aimé dans cette BD. Le graphisme, le jeu des couleurs, l'histoire dépaysante à souhait et dont les détours nous mènent vraiment là où on ne les attend pas.

On fait la connaissance avec André et Eddie, deux pilotes en Amérique Latine pendant les derniers jours de l'aéropostale. On découvre leur quotidien et un peu de leur passé. Puis, l'histoire s'emballe, les concours de circonstances nous mènent alors dans une histoire mêlant passé mystérieux, fantastique, amour avec ce qu'il faut d'archéologie, de psychologie et même d'anthropologie.

Les personnages sont tous très attachants et très réussis.

J'ai trouvé que c'était une excellente histoire.

Côté dessin, le trait semble simple mais ne l'est pas autant qu'on pourrait le croire. Le choix, osé, des couleurs et parfait et les grandes planches sont magnifiques.

J'ai également emprunté le tome précédent : prisonnier des glaces. Je vais sans doute en apprendre un peu plus sur le destin de Ferdinand Pépin.

Une très très belle découverte.
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Heartbreak valley

Le style graphique est simple et sobre : un trait régulier et assez figé, un dessin cerné, des aplats de gris, dans toutes les nuances, une ambiance sombre. La narration est étrange, on démarre sur une histoire de détective privé à la recherche d'une femme, il y a un site avec un point de vue sur l'éclipse qui va avoir lieu, au fil de se recherche, la voix off se décale par rapport au dessin et aux dialogues, comme deux histoires différentes en parallèle, l'enquête se transforme en récit post-apocalyptique, à moitié fantastique, a moitié road movie, dans une torpeur nocturne, mais où l'obsession pour la femme recherchée prédomine toujours. Les contours nets des illustrations contrastent avec le trouble du récit. La quête du héros se transforme en quête amoureuse, en fuite en avant, en véritable malaise, qu'est-ce qui est le plus inquiétant dans cette histoire, la situation fantastique avec cette éclipse étrange et irréelle, ou l'obsession du personnage pour cette femme inconnue… C'est une lecture perturbante, troublante et d'une poésie morbide, parfois malsaine, une lecture qui ne laisse pas indifférent.
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Des vivants

J’ai découvert la bande dessinée « Des vivants » à La Grande Librairie (que je ne regarde pourtant jamais). Francois Busnel y était dithyrambique sur cet album de Simon Roussin, qui raconte la génèse et la fin d’un des premiers réseaux de résistance français, celui dit du musée de l’Homme. Ou comment des scientifiques, hommes et femmes, n’ont pu se résoudre à la victoire de l’Allemagne nazie et ont œuvré en silence pour résister. Tout intelligents qu’ils étaient, ils n’ont malheureusement pas réussi à suffisamment se cacher, et la plupart ont connu une fin tragique…

C’est peu de dire que le sujet prend aux tripes. Les scénaristes Raphaël Meltz et Louise Moaty ont réussi la prouesse de ne donner comme paroles aux personnages que des faits réels (lettres, articles, enregistrements), afin de dénaturer le moins possible le récit. Malheureusement, pour ma part, ça ne prend pas : on a beaucoup de mal à rentrer dans l’histoire et à reconnaitre les personnages, et il y a pas mal de planches sans dialogues qui tirent en longueur. De plus je n’ai pas été fan des couleurs choisies par l’illustrateur, trop vives et tranchées à mon goût. Par contre la lecture des notes à la fin du livre m’a beaucoup émue, les faits devenant plus clairs et concrets : respect messieurs et mesdames…

Bref, déçue.
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Des vivants

Ce gros et beau pavé relate l'histoire d'un réseau de Résistance, le Groupe du Musée de l'Homme, depuis l'inauguration du musée, jusqu'à l'exécution des femmes et hommes qui le constituaient.

Les auteurs ont fait le choix de retracer leur histoire en utilisant uniquement leurs écrits, témoignages, lettres, journaux intimes... "Tous les mots qu'ils prononcent sont les leurs." L'effet obtenu est terriblement émouvant.

On commence par découvrir ce petit monde d'ethnologues, d'anthropologues, qui mènent une réflexion approfondie et progressiste sur le colonialisme, le pillage de l'art étranger, sur toutes les formes de racisme. Progressisme qui s'applique aussi au sens même de musée : c'est un "Musée de l'Homme pour l'homme", qui reste ouvert tard tous les soirs pour être accessible aux travailleurs... (Aujourd'hui, on a une "Nuit des musées" par an.)

Puis arrive la drôle de guerre, on organise la mise à l'abri des précieuses collections, mais les Nazis se rapprochent et c'est l'exode : saisissantes images d'un Paris qui se vide de sa population (Tous les dessins de lieux sont très beaux).

Premier acte de ce qu'on n'appelle pas encore Résistance : le musée ouvre, comme un défi, "à l"heure habituelle le jour de l'arrivée des Allemands. C'est traiter l'invasion par le mépris."

Ce sont ensuite les tracts laissés discrètement dans les cabines téléphoniques, les "Vive de Gaulle" tapés à la machine sur les billets de banque avec lesquels on paie candidement ses légumes... puis enfin (entre autres fabrications de faux papiers et organisations d'évasions) le bulletin "Résistance" imprimé et diffusé en cachette.

Les années d'existence du réseau sont décrites avec en toile de fond les momies, statuettes et masques, qui mettent en lumière la passion et les valeurs qui animaient ce groupe. Puis les arrestations et la prison font l'objet de toutes petites cases sur fond sombre faisant puissamment sentir l'enfermement et la solitude.

Quel bel hommage que ce livre, pour ce réseau qui a payé cher son engagement, et dont Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, rescapées de Ravensbrück, ont été les mémoires.
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Barthélémy, l'enfant sans âge

Cela me rappelle étrangement le film Benjamin Button qui rajeunissait au fur et à mesure que la vie avançait. Il y a bien entendu cette part de fantastique et d'inexplicable dans la situation de ce Barthélemy.



Le dessin est très naïf tout comme l'oeuvre même si parfois on peut penser que c'est faussement candide. En effet, alors qu'on rêverait tous de rajeunir, Barthélemy rêve de finir sa vie en beauté une fois pour toute. Rien de tel que de pratiquer alors le saut de l'ange. Je parle des chutes au Vénezuela.



Il est clair que l'immortalité n'a pas que du bon. Bon, c'est un point de vue de l'auteur qu'on peut ne pas partager.
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Xibalba

Très belle BD qui démarre comme une aventure de l'aéropostale finissant avec 2 pilotes qui partagent des soirées animées. André apprend que la ligne va être fermée et que bientôt ils seront tous deux au chômage, malgré cela ils poursuivent la livraison du courrier et les fiestas dans des coins paumés d'Amérique du Sud. Et puis brutal changement de rythme, André doit partir avec des jumeaux quasi muets, une archéologue et Paloma, la fiancée de son ami pour un dernier vol. Suite à un atterrissage d'urgence, ils s'enfoncent dans la jungle et découvre un endroit fantastique...

De l'aventure, on passe à l'émotion.

C'est un dessin simple en bichromie, cela soutend le coté un peu surnaturel que prend l'histoire.

A lire.
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Des vivants

Des vivants est roman graphique de Louise Moaty et Raphaël Meltz (scénario) et Simon Roussin (dessin) publié en 2021. 1940, la France est occupée par l'Allemagne nazie et au cœur du Musée de l'homme, un groupe de Résistants s'organise. Le sujet est important mais le résultat n'est pas tout à fait convaincant. L'intrigue est confuse (même si les partis pris des auteurs sont compréhensibles) et les dessins n'aident pas à l'identification des nombreux protagonistes.
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Des vivants

J'étais si impatient de lire cet album récompensé du prix Goscinny – jeune scénariste et en rupture de stock depuis plusieurs semaines !



Et comme ce prix est mérité. Les auteurs R. Meltz et L. Moaty ont en effet construit une trame narrative à partir de paroles dites, de mots écrits, de témoignages s'approchant au mieux de la réalité historique pour raconter la naissance de la résistance au Musée de l'Homme à Paris de 1938 à 1942.



Une prouesse et surtout un choix qui donne une puissance et un réalisme passionnant et glaçant. Passé les moments de surprise de début de lecture, le temps de bien saisir que certaines cases ne servent qu'à illustrer et incarner les propos, on est emporté par le souffle de ces premiers résistants.



Du refus de l'armistice en juin 40 impulsé par Paul Rivet, fondateur du Musée de l'Homme, aux condamnations du 17 février 1942, on suit donc pas à pas les prémices d'une résistance improvisée, la structuration des réseaux, les actions, l'importance de faire circuler des messages, les craintes et les trahisons…



Le dessin de Simon Roussin vient adoucir le contexte. Des couleurs pastels, violet, orange, vert, des personnages semi-réalistes et des cases épurées nous éloignent d'une dérive didactique du propos.



Au final, un grand livre tout simplement, un travail historique énorme, étayé par 20 pages de notes, traité brillamment de façon romanesque. A lire absolument !

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Des vivants

Beaucoup a été écrit sur l’engagement admirable des femmes et des hommes du Réseau de du musée de l’homme. Comment ces ethnologues, intellectuels ont cachés, protégés, publiés clandestinement et inlassablement au nom d’un humanisme inaltérable. Comment beaucoup d’entre eux ont été dénoncés puis assassinés.

Raphaël Meltz, Louise Moaty et Simon Roussin se sont plongés dans une solide documentation pour remettre en lumière ces quasi inconnus qui sont pourtant l’honneur d’un pays. La profondeur et la rigueur des dialogues et du scénario prennent une dimension encore plus forte avec le choix esthétique radical de Simon Roussin. Son dessin élégant aux tonalités lilas, vert amande ou orange douce s’éloigne de toutes velléités de reconstitution historique pour mieux toucher à l’intemporel.

Absolument indispensable tant sur le fond que sur la forme.

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Le bandit au colt d'or

A priori, ce livre n'avait pas grand chose pour me plaire : des dessins aux feutres (??), des personnages pas vraiment sympathique, un univers qui ne me parle pas (western!!), une fin tragique sans trace d'espoir.

Et pourtant...il fait mouche! C'est surprenant, je ne saurais pas dire vraiment pourquoi mais j'aime ce livre. Oui il est totalement inattendu, surprenant, en décalage avec la production traditionnelle pour la jeunesse. c'est peut-être cela justement, qui le rend si spécial. Un texte long, des pages plus brèves, certaines sans texte, de l'amour filial, fraternel, de la violence, de la solidarité, de la trahison, la nécessité de survivre, les grands espaces, la nature hostile, la vengeance, l'altruisme... Voilà, c'est tout ça.
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Xibalba

« Es imposible ».

La longue marche de survie d’Henri Guillaumet, pilote légendaire de l’Aéropostale, en 1930, dans la Cordillère, après un crash dû aux intempéries, est résumé par les habitants des vallées andines par un laconique : « Es imposible ». Pour survivre, l’aviateur avait accompli « ce qu’aucune bête n’aurait fait ». Portés par un idéal humaniste, des pilotes pionniers tels Guillaumet, Mermoz ou Saint-Exupéry ont forgé le mythe de l’Aéropostale. Ce riche substrat historique et documenté est nimbé de mystère, d’émotion et de magie. Jeune illustrateur et auteur de bandes dessinées, Simon Roussin puise dans ce terreau nourricier pour en extraire une histoire émouvante et forte, un conte incantatoire et mélancolique sur la perte et le deuil.

A Maracay, au Venezuela, en 1931, André retrouve Eddie à l’escale. Ils partent écumer les rades, boire, chanter, aimer jusqu’à ce qu’une ethnologue et deux hommes, jumeaux énigmatiques, viennent les solliciter pour un dernier vol qui les emmènera malgré eux dans les profondeurs de la jungle, à Xibalba, lieu magique dans la culture maya où le souvenir des morts ressuscitent les fantômes.

Dans la première partie de ce bel album en lévitation, la ligne claire de l’auteur est portée par un lavis orangé évoquant la terre nue, les lumières mordorées du couchant et les photographies sépia d’antan. Si cette virée à Maracay est suggestive et réussie, l’histoire décolle vraiment quand les personnages atteignent Xibalba. Le trait de Simon Roussin se délie pour restituer l’exubérance des frondaisons, le lavis se décompose en taches léopard pour fragmenter la lumière.

Le lecteur peut appliquer la règle de l’Aéropostale : « Toujours aller voir ». En découvrant la bédé, il sera saisi et transporté dans des régions inconnues et transcendantes, dans une histoire intime et universelle, pudique et empathique.
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