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Citations de Simon Sebag Montefiore (40)


[...] ... Au début, les livres n'étaient pas vraiment des brûlots de la conspiration marxiste mais le genre de textes inoffensifs qu'interdisait le séminaire. Les garçons participaient à un club d'ouvrages mis à l'index, "la Bibliothèque Bon Marché" et commencèrent à récupérer d'autres livres d'une librairie tenue par un ancien narodnik (= disciple d'Alexandre Herzen et adepte d'un socialisme "à la russe). "Rappelle-toi la petite librairie et son propriétaire", écrivit plus tard Iremachvili (= ami d'enfance de Staline mais d'obédience menchevik) au grand Staline. "Comment nous réfléchissions et parlions là à voix basse à propos de grandes questions sans réponse !" Staline découvrit les romans de Victor Hugo, en particulier "Quatre-vingt-treize", dont le héros, Cimourdain, prêtre et révolutionnaire, deviendrait un de ses prototypes. (1) Mais Hugo était strictement interdit par les religieux.

La nuit, Tache Noire (= un prêtre spécialement haï par les élèves et qui devait son surnom au jeune Djougachvili) patrouillait dans les couloirs, vérifiant sans cesse si les lumières étaient éteintes, si les garçons n'étaient pas occupés à lire ou à se livrer à d'autres vices plaisants. Dès qu'il s'éloignait, ils rallumaient les bougies et se remettaient à lire. Sosso (= diminutif géorgien pour Josef) bien entendu "exagérait et dormait à peine ; les yeux larmoyants, il paraissait malade. Lorsqu'il commença à tousser plusieurs nuits de suite," Iremachvili "lui retira le livre des mains et souffla la chandelle." ...

(1) : Hugo décrit ainsi ce personnage : "Personne ne l'avait vu pleurer. Vertu inaccessible et glaciale. Il était l'effrayant homme juste. Pas de milieu pour un prêtre dans la Révolution. (...) Il fallait qu'il fût infâme ou qu'il fût sublime. Cimourdain était sublime ; mais sublime dans l'isolement, dans l'escarpement, dans la lividité inhospitalière ; sublime dans un entourage de précipices. Les hautes montagnes ont cette virginité sinistre." Victor Hugo - "Quatre-vingt-treize" - Paris - Classiques Garnier - 1963 - Page 140 ... [...]
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Les sentiments de Staline pour sa mère avaient dû être mitigés à cause des corrections qu'elle lui infligeait et de ses prétendues liaisons avec ses employeurs. La clé de cette énigme de la mère sainte et de la putain se trouve peut-être dans la bibliothèque de Staline. En effet, il a souligné un passage de Résurrection de Tolstoï, qui parle d'une mère à la fois bonne et méchante. Mais elle avait tendance à lâcher des commentaires peu délicats, bien que plein d'humour caustique.
Un jour, Staline, assis à ses côtés et tous sourires, lui posa une question révélatrice:
"Pourquoi me battais-tu si fort?"
"C'est pour ça que tu as bien tourné" répondit-elle avant de demander:
"Iossif, qui es-tu maintenant au juste?"
"Eh bien, tu te souviens du tsar? Je suis un peu un tsar."
"Tu aurais mieux fait de devenir prêtre" lui répondit-elle, remarque qui enchanta Staline.
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« Papa Ratzi adorerait que la Grande-Bretagne soit furieuse contre les Russes. S’il y a quelque chose qu’il déteste, c’est la paix. » (p. 110)
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Sérafima regarde les corps de ses camarades d’école. Quelques instants seulement après les coups de feu, leurs chairs déchiquetées sont déjà recouverte d’une blancheur duveteuse. On dirait un manteau de neige, sauf que c’est l’été, et Sérafima comprend qu’il s’agit de pollen. Les graines de peuplier flottent et bondissent dans l’air comme de minuscules petites danseuses. Les Moscovites appellent ça la « neige d’été ». En cette soirée chaude et humide, Sérafima lutte pour respirer, pour voir.

Plus tard, lorsqu’elle témoignera, elle souhaitera en avoir moins vu, en avoir moins su. « Ce ne sont pas n’importe quels enfants morts », bredouille l’un des policiers éméchés détachés sur les lieux. A la lecture de l’identité des victimes et de celle de leurs amis, les policiers se mettent à cligner nerveusement des yeux, ils essaient d’analyser le danger ; puis ils transmettent l’affaire le plus vite possible. Ce ne sera pas la police qui enquêtera, mais les « Organes », la police secrète. Ceux-ci poseront la question : « S’agit-il de meurtre, de suicide ou de complot ?"
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Ma parole, est-ce qu'on imprime des journaux spéciaux pour toi?
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Le gourdin s'abattit si fort sur son visage qu'Andreï n'éprouva aucune douleur. Il ne sentit qu'une impression d'obscurité, ne perçut que les battements de son coeur qui pompait le sang et transformait la lumière en un ciel nocturne où des étincelles remplaçaient les étoiles. (...)
Andreï sentit son visage pulser comme une créature dotée d'une vie propre. Il tenta d'essuyer le sang. Reste calme, se dit-il, retrouve ta mère, protège ceux que tu aimes. Par-dessus tout, tu dois survivre pour te reconstruire. Joue aux échecs avec ces brutes, même si tu as du sang plein les yeux.
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Un antisemitisme maitrise etait un moyen de canaliser les grognes populaires et une banniere sous laquelle rallier les masses.
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Les courtisans se déployèrent dans le royaume pour sélectionner des vierges adolescentes, principalement issues de familles de la petite noblesse, qui étaient ensuite envoyées à Moscou pour y vivre avec des membres de leur famille ou dans un manoir aménagé à cet effet. Au terme d’un long processus qui pouvait impliquer jusqu’à cinq cents candidates, six filles pomponnées et apprêtées par leurs familles étaient retenues.
Toutes les concurrentes paraissaient d’abord devant un jury de courtisans et de médecins qui éliminaient les plus faibles. L’on faisait ensuite parvenir au tsar et à ses conseillers des descriptions détaillant la beauté et la santé mais surtout les liens éventuels avec les clans du Kremlin. Pendant qu’elles attendaient nerveusement, leurs arbres généalogiques étaient abondamment épluchés.
Cette ancienne tradition suscitait la fascination des visiteurs étrangers, pour lesquels il s’agissait de la coutume moscovite la plus exotique. Expression d’une majesté mystérieuse, elle était en réalité surtout la réponse pratique à la difficulté que rencontraient les tsars pour attirer des femmes d’autres pays dans leur cour isolée et lointaine.
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Pratiquement tous ceux qui l’[Potemkine]ont rencontré ont utilisé les mots « extraordinaire », « étonnant », « colosse », « original » et « génie » - mais même ceux qui le connaissaient bien peinaient à le décrire. Il était et est toujours impossible d’étiqueter Potemkine, sinon comme l’un des originaux les plus passionnants de l’Histoire. C’était après tout ainsi que Catherine le voyait. Pourtant, les meilleurs observateurs convenaient qu’il était simplement « remarquable » - simplement un phénomène de la nature.
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Je sais que vous voulez rentrer chez vous. Nous voulons tous en finir avec cette guerre. La manière la plus rapide d’en finir est d’éliminer les salauds qui l’ont commencée. Plus vite ils seront battus, plus vite nous pourrons rentrer à la maison. Le plus court chemin est de passer pars Berlin et Tokyo. Et lorsque nous serons à Berlin, j’abattrai moi-même ce fils de pute, ce pourri d’Hitler. Je le tuerai comme je tuerais un serpent !
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En général, les favoris précipitaient leur propre déchéance.
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Si l'un des camps cesse de se plaindre, vous êtes viré!
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« Sosso fut dès le départ un conspirateur philosophe. Nous apprîmes de lui l’art du complot, dit Vardoïan. J’étais subjugué par sa manière de parler et de rire, ses manières. Je me pris à l’imiter malgré moi et mes amis m’appelèrent alors ‘’le gramophone de Sosso’’. »

Cependant jamais Sosso ne fut un de ces Géorgiens ouverts et insouciants. Même à cette époque, « c’était un homme très insolite et mystérieux », explique David Saguirachvili, un jeune socialiste qui le rencontra alors et le remarqua « qui marchait dans les rues de Tiflis, mince, marqué de variole et vêtu sans recherche, chargé d’une grosse pile de livres ».

Staline assista à une soirée débridée donnée par Aliocha Svanidze. Les fêtards burent des cocktails de jus de melon et de cognac et s’enivrèrent magistralement. Et pendant ce temps Sosso, étendu sur un sofa de la véranda, lisait et prenait des notes en silence. Ils se lancèrent à sa recherche : « Où est-il ? – Sosso est en train de lire, répondit Aliocha Svanidze. – Et que lis-tu ? demandèrent ses amis d’un ton moqueur. – Les Mémoires de Napoléon, répliqua Sosso. C’est étonnant les erreurs qu’il a commises. Je les relève ! ». (pp. 174-175)
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Cette noble Jérusalem a été l'objet du désir de toutes les nations, surtout des chrétiens qui, depuis que Jésus naquit dans la ville, menèrent toutes leurs guerres pour Jérusalem. […] Jérusalem était le lieu de prière des tribus de djinn […]. Elle contient les sanctuaires de cent vingt-quatre mille prophètes.
Evliyâ Tchélébi, Le Livre des voyages
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Quatre amants
Une enchanteresse aimante
M'a donné son talisman
Elle m'a dit avec tendresse :
Tu ne dois pas la perdre.
Son pouvoir est infaillible,
Il t'a été donné par l'Amour.
Alexandre Pouchkine, Le Talisman
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Ne vous laissez pas aller à une atteinte à l’ordre public une fois que nous aurons tous été arrêtés. Nous avons décidé d’utiliser toutes nos ressources dans la poursuite d’un combat prônant la non-violence. Ne laissez personne commettre l’irréparable sous l’emprise de la colère. Tel est mon espoir, telle est ma prière. Je veux que ces mots soient entendus dans les coins les plus reculés de notre territoire.
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L’adieu à la Vieille Garde de Napoléon Bonaparte n’est ni plus ni moins qu’un ramassis d’hypocrisies prononcé par un homme qui n’a jamais fait passer son pays avant sa propre personne et dont les ambitions ont jonché le sol européen des corps de jeunes innocents. En septembre 1917, contrairement à ce qu’il dit dans « Le pouvoir aux Soviets », Lénine n’a aucunement l’intention de donner le pouvoir aux Soviets, aux paysans et aux travailleurs. Cet homme dédaigneux et cynique n’a qu’un désir : garder le pouvoir pour lui et les quelques oligarques de son parti. Adolf Hitler s’avère être un agitateur politique hors pair. Il écrit et interprète ses discours avec le talent d’un acteur cynique et menteur dont le ton surfait frôle parfois le ridicule. Joseph Staline est sans pitié. Ce « fils de cordonnier » ne mâche pas ses mots pour exprimer ses intentions face au Reich et au bloc capitaliste anglo-français.
Certains orateurs prennent des airs affectés et se bercent d’illusions alors que d’autres sont réellement bien intentionnés.
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Et toi? Tu n'as jamais signé aucune liste de condamnés à mort?
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L’ancien Dieu conserva une place dans sa conscience athée. Lors de l’une de leurs réunions au cours de la Seconde Guerre mondiale, il pardonna l’antibolchevisme de Winston Churchill en disant : « Tout cela est du passé et le passé appartient à Dieu. » Des amis comme Kapanadze devinrent prêtres, mais Staline resta en contact avec eux et se montra généreux. Ses dignitaires et lui-même entonnaient des hymnes religieux au cours de leurs dîners bolcheviques fort arrosés. Il mélangeait orthodoxie et marxisme en plaisantant à demi : « Seuls les saints sont infaillibles. Le Seigneur Dieu peut être accusé d’avoir créé les pauvres. » Mais au pouvoir, ses acteurs parlent mieux que lui : ainsi il interdit impitoyablement l’Église et élimina ou déporta les prêtres – jusqu’en 1943, lorsqu’il rétablit le Patriarcat orthodoxe, geste simplement destiné, en ce temps de guerre, à exploiter le vieux patriotisme russe.

Peut-être révéla-t-il sa véritable vision de Dieu lorsqu’il envoya à son protégé Alexeï Kossyguine (futur chef du gouvernement sous Brejnev) quelques poissons en cadeau après la Seconde Guerre mondiale, avec ces mots : « Camarade Kossyguine, voici pour toi quelques dons de Dieu ! J’exécute Sa volonté ! J. Staline. » D’une certaine manière, en tant que maître suprême de la science de l’Histoire, le séminariste de Tiflis se considérait vraiment comme l’exécuteur de la volonté de Dieu.

« Supposez-vous, s’interrogea Roosevelt à plusieurs reprises, que cela ait fait quelque différence en lui ? Cela n’explique-t-il pas en partie cette qualité de compréhension dans sa nature que nous ressentons tous ? » Peut-être fut-ce la « prêtrise » qui enseigna à Staline « la manière dont un gentleman chrétien doit se comporter ». (pp. 164-165)
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Elle vit trop tard, que dans ce monde, le moindre mot, la moindre respiration avait des conséquences.
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