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Critiques de Simonetta Greggio (361)
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Elsa mon amour

« Le monde se divise en deux : ceux qui idolâtrent Elsa Morante, et ceux qui ne la connaissent pas » c'est un peu ce que semble vouloir nous dire Simonetta Greggio. Pour nous en convaincre elle a sorti sa plus belle plume bien loin de toutes mièvreries sirupeuses et des biographies linéaire, c'est un brûlot à l'écriture tendue et au rythme nerveux qui se lit avec avidité. J'avoue avoir découvert cette auteur et cette femme et avoir été séduite par le personnage irascible et sans concession ! Pour lui rendre un hommage digne de ce nom il fallait une autre femme à la forte personnalité ce qui donne parfois un effet miroir qui se lit entre les lignes. Cette femme « aux humeurs d'équinoxe » était aussi une amoureuse passionnée et un être complexe et magnétique qui a occupé l'adolescente Simonetta. Elle confesse volontiers « Ces mois, ces années … Elsa mon amour » à la femme autant qu'à l'auteur . Loin d'être un livre anecdotique c'est l'histoire d'une Italie sortie de la guerre meurtrie et d'une jeunesse qui veut vivre sans entrave. C'est l'histoire d'une petite souillon qui va se battre pour avoir sa place dans un monde littéraire masculin et c'est surtout l'histoire d'une femme mal aimante, libre, possessive qui semble ne vouloir que l'impossible. On croise des monstres d'égoïsme comme Visconti, des génies comme Pasolini et toujours cette Italie faite de violence et de fierté qui déteint sur ses femmes en lutte permanente. Elsa retrouve vie et nulle autre que Simonetta n'aurait su lui rendre la grâce sensuelle qui l'accompagnait. Une fois le livre fermé il faut immédiatement lire, relire et se délecter de cette poétesse que nul n'a encore dépassé surtout dans le cœur de Simonetta qui comme elle n'a jamais pratiqué la langue de bois.
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Elsa mon amour

Pour m’être délectée de ses histoires un tantinet sulfureuses (dans les années 60 en tout cas), Alberto Moravia a été un auteur incontournable de mon adolescence.

Je garde un souvenir vivace de quelques-uns de ses romans, notamment « Le mépris » magnifié sous la caméra de Jean-Luc Godard par Brigitte Bardot au summum de sa beauté.

D’Elsa Morante, j’avoue ne connaître que le nom de son plus célèbre roman « La Storia ».

Simonetta Greggio, je la lis régulièrement avec énormément de plaisir, aussi,

lorsque Babelio m’a proposé « Elsa mon amour », son dernier opus, je me suis empressée d’accepter tant j’étais curieuse de lire sous la plume de l’auteure l’histoire de deux géants de la littérature.



Dès les premières pages, l’écriture est superbe : « Il pleut, les orangers et les citronniers sont en boutons, blanches dragées de mariée. »

J’aime cette poésie qui enveloppe l’histoire.



En se glissant dans la tête de la romancière, c’est un morceau de l’histoire italienne que Simonette Greggio nous donne à lire. Au fil des lignes nous découvrons des grands noms de la littérature et du cinéma italien qui furent ses amis : Pasolini, Fellini et Anna Magnani.



Mais le compagnon est bien sûr Moravia dont elle accepte les infidélités, il est et restera son mari, et tant pis pour sa rivale qu’elle qualifie de serpent à sonnette qui a du poil au menton.

« Sa robe de mariée, elle peut toujours l’attendre, celle-là.

La fureur d’une femme trahie ne se brise que sur la dalle du cimetière ».



A travers ce roman parfaitement documenté, Simonetta Greggio nous offre un vibrant et bel hommage à Elsa Morante.

Il ne me reste plus qu’à découvrir « La Storia ».



Un grand merci à Babelio et aux Editions Flammarion.

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Elsa mon amour

Simonetta Greggio réussit la prouesse de s’immerger et de nous immerger dans le flux de pensée d’Elsa Morante, à partir de ses écrits et de sa correspondance. L’on suit son existence entière, d’abord l’enfance misérable entre une mère omnipotente qui repère très vite son talent et tente d’en tirer profit, et deux figures paternelles qui n’en sont pas. Sa marraine, richissime, lui offre l’occasion de briller en société dès son plus jeune âge, mais très tôt, Elsa démasque les faux-semblants.

De son couple amoureux, amical et intellectuel avec Moravia, de ses aventures et ses amitiés, rien n’est laissé dans l’ombre, pourtant sans vulgarité aucune. Une franchise reflétant l’avance de la grande écrivaine sur son temps. Un chat est un chat, mais l’écriture sensorielle de Simonetta Greggio nous en fait vivre la douleur comme la jouissance.

Une excellente introduction à l’œuvre de la première femme lauréate du prix Strega, et à la vie politique et culturelle italienne du vingtième siècle, grâce aux passages concernant Natalia Ginzburg, Pasolini, Visconti, Léonor Fini, la famille Agnelli, Malaparte, Anna Magnani, et bien sûr Moravia, qui, dit-elle dans une lettre, ne lui a jamais pardonné d’être un génie.
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Elsa mon amour

Simonetta Greggio m'a fait connaître et aimer Elsa Morrante une femme si belle et si libre. Je n'ai plus qu'une envie, découvrir son oeuvre, dès ma chronique finie je vais donc me rendre chez ma libraire préférée pour commander « La Storia ».



L'auteur laisse la parole à Elsa Morrante. Elle va nous raconter sa vie, ses rencontres, ses amours. Des rencontres qui donnent lieu à des portraits sans concession Visconti, Fellini, Rossellini, mais aussi des moments de tendresse infinie quand elle évoque Pasolini poète, écrivain et réalisateur maudit et Bill Morrow peintre, tous deux homosexuels, ses deux petits-frères de coeur.



Le style m'a tout de suite plu, et le fait qu'Elsa s'adresse directement au lecteur donne un ton intime et sensuel à ce récit. L'auteur nous dresse le portrait d'une fillette douce, sauvage, arrogante, menteuse, effrontée mais sensible. À six ans, les premiers romans lus en cachette, chipés dans la bibliothèque, la découverte de Zola.

« J'écris depuis que j'existe. Avant de savoir écrire, j'écrivais déjà. J'étais écrivain dans le ventre de ma mère. Avant de naître, j'étais écrivain. »



L'auteur sait parfaitement décrire les tourments de cette fillette, une mère et son amant, son vrai père et puis le mari de sa mère, son faux père. Les disputes à la maison, une mère qui hurle, un père qui se défile, une mère maquerelle qui va essayer de vendre les premières nouvelles écrites par sa fille de onze ans, une petite fille qui rêve de caresses de cette mère tyrannique. Comme souvent les débuts sont difficiles, elle met sa machine à écrire au clou tellement elle a faim.

« Me réveiller la nuit, la bouche aigre, dans un lit inconnu. Cela ne s'appelle pas de la prostitution. Cela s'appelle misère. »



Elsa est une femme atypique, prête à tout pour être publiée et lue. Elle veut vivre de son écriture, apprendre à voler de ses propres ailes.

« J'aurais pu tuer pour être reconnue à ce que j'estimais être ma valeur. »

Et puis voilà la rencontre avec Moravia, la situation financière s'améliore, l'auteur nous entraîne à la suite de ce couple où les séparations brutales alternent avec les retrouvailles passionnées, les amis qui apprennent à se faufiler entre leurs disputes. Cela n'est pas sans rappeler le couple Liz Taylor et Richard Burton.

« À la fin de la soirée, Moravia m'a serré la main pour prendre congé. J'en ai profité pour lui glisser la clef de mon studio. Nous avons cela en commun, Moravia et moi. Nous ne lambinons pas avec le désir. »



À chaque début de chapitre l'auteur a la bonne idée de replacer le parcours du couple dans l'Histoire mouvementée de l'Italie et de l'Europe, la guerre qui les rattrape, juifs à moitié ils doivent déguerpir, cachés par des amis, jusqu'à la fin du conflit. Ils rentrent à Rome, la vie reprend, Moravia continue de la tromper.

Et puis tout au long du récit il y a le souvenir obsessionnel de la mort de son ami et la hantise de la vieillesse. Par son écriture, faite de fines touches posées régulièrement, Simonetta Greggio nous fait bien percevoir les angoisses d'Elsa.

L'auteur tient à nous préciser qu'il s'agit bien d'une oeuvre de fiction, les fragments de journaux, de poèmes, de lettres d'Elsa qui illustrent le récit rendent ce portrait encore plus vrai. Je crois bien que je suis tombé amoureux d'Elsa, une femme si forte et si fragile à la fois, qui souhaite être protégée tout en étant voulant être indépendante.





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Elsa mon amour

Les lieux se mélangent, les dates varient. D’un souffle, Elsa se livre. Femme abîmée, belle insolente, petite fille, amante, magnifique, pauvre, riche, à Rome, ailleurs, ici. Une plume, un soupir. Les ans s’égrènent sur ses rencontres, ses amours, ses passions. Elle s’abandonne.



Elle croise Rossellini, Magnani, Pasolini et Fellini, s’amourache de Visconti, aime Bill Morrow, souffre, se perd en Moravia, sa passion, son naufrage. Elle aime. Entière, passionnée, écrit comme elle vit, comme elle respire. Elle sait que le succès est à sa porte, qu’elle est meilleure que lui, son mari écrivain, que les autres et sera récompensée.



L’Italie se traverse à son bras, sourire aux lèvres - heures flamboyantes ou disette - noyé parfois de larmes sous la plume poétique de Simonetta Greggio. Les pages se tournent et se savourent, se relisent. C’est doux tel un murmure. Une confidence que l’on reçoit, privilégié, avide d’en connaitre davantage. Encore un peu. Qui était-elle ?



Elsa Morante, j’ai entendu tes mots, j’ai respiré ton souffle, il ne me reste plus qu’à te lire.



Un écrit passionnant.
















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Elsa mon amour

Je ne sais pas qui est Simonetta Greggio, ce que je sais de cette jeune auteur(e), c'est qu'elle a un joli brin de plume et

sans doute une admiration peu commune pour Elsa Morante. Admiration qu'elle arrive à nous faire partager, l'épouse de Moravia- aussi auteur(e) de La Strada- n'étant pas un personnage qui peut laisser indifférent.

Une belle écriture, poétique et sensible, au service d'une Dame qui a été la contemporaine des Fellini, Pasolini, Visconti , la Callas....

Je regarderai plus attentivement les écrits de Simonetta Greggio, à l'écriture si délicate...
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Elsa mon amour

« Un vrai roman est toujours réaliste, fût-ce le plus fabuleux ! Et tant pis pour les médiocres qui ne savent pas reconnaître sa réalité. » Elsa Morante



Elsa mon amour pour un amour de livre. Comme une sensation de remonter le temps, celui que l’on connait que par la littérature et le cinéma. Quand ces deux formes d’art se rencontrent, s’unissent, c’est comme Elsa Morante : prodigieux.



Romancière, poète, traductrice, Elsa Morante a été éclipsée par son époux Alberto Moravia. Un mépris peut-être… Pourtant, sa trace est indélébile, tant pour sa « Storia » que pour son tempérament et caractère de feu ; l’Italie et ses belles lettres, l’Italie et ses amours tumultueuses, l’Italie dans toute sa grandeur mais pas que celle de la « dolce vita ».



Simonetta Greggio relate avec dextérité ce personnage hors-norme, le roman d’une vie mais avec la réalité d’un destin. Elsa Morante c’est déjà une naissance mystérieuse, différente. Un père géniteur qui lui donnera des frères et sœurs mais qui ne les reconnaîtra jamais, un autre homme le fera à sa place. Avec sa mère, c’est un peu « je t’aime moi non plus » comme ce le sera avec ses amours successives : son mari, Alberto Moravia, et ses amants, Luchino Visconti et Bill Morrow, entre autres. Le seul amour qui restera unique et sans faille sera celui pour les animaux : « nos animaux familiers sont des anges déguisés venus sur terre pour nous apprendre la douceur. »



Elsa, c’est aussi un portrait de femme, de femme libre qui veut vivre comme elle l’entend et quelle que soit sa situation financière ; de pauvre elle deviendra riche avant de terminer dans la déchéance. Elle aura connu les privations, l’exil, le luxe, le désespoir d’une fin de vie. Mais jamais elle reniera ses convictions.

A travers cette figure de la littérature, c’est l’histoire d’un pays que l’on feuillette, entre son foisonnement artistique et sa misère politique. Et soudain penser que le passé est terriblement d’actualité… En rien un mensonge, ni un sortilège…



Pour paraphraser son auteure, je dirai qu’Elsa mon amour et une stellaire lecture qui nous fait dieux… comme l’écoute d’un concerto de Mozart.


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Elsa mon amour

Un très bon livre, très bien écrit.
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Elsa mon amour

Elsa Morante est née à Rome en 1912. Elle est reconnue par le mari de sa mère, mais son vrai père est l’amant de celle-ci. Très jeune, Elsa Morante écrit des nouvelles et des fables, et elle vivra dans le dénuement, se privant souvent de repas, jusqu’à son mariage en 1941 avec le déjà célèbre Alberto Moravia.



Elsa évoque ses amours, ses amitiés, mais aussi, son ressenti sur la nature, les animaux -elle adore les chats et les considère comme nos anges gardiens-, la mer et le soleil sur sa peau… elle s’attarde longuement sur ces impressions. Elle nous livre également des souvenirs plus intimes. Elsa raconte ainsi comment elle a choisi -ou plutôt elle n’a pas choisi mais a attendu qu’il soit trop tard- de ne pas avoir d’enfant, à cause, dit-elle, « d’un âpre besoin de solitude ». Et puis, son long mariage avec Moravia, avec qui elle ne fut jamais heureuse. Et enfin, l’écriture, centrale dans sa vie.



Toutes sortes de personnages mythiques de la littérature, de la peinture et du cinéma italiens traversent ces pages : Anna Magnani, Malaparte, Pasolini, Leonor Fini, Visconti et bien sûr Moravia. Et c’est sans doute ces évocations qui m’ont le plus intéressées dans le roman.



Il y a certes de très belles pages dans cette autobiographie romancée, mais l’ensemble m’a paru un peu confus. Des chapitres très courts qui se succèdent et sont entrecoupés d’informations, de lettres dont on ne sait pas de qui elles émanent : ainsi « RTM » dont on apprend dans les notes finales qu’il s’agit d’un amant non-identifié d’Elsa. A la lecture, J’ai sans doute perdu de vue le fait qu’il s’agit d’un roman et non d’une biographie, et que par conséquent, les éléments biographiques servent seulement de fil conducteur. J’aurais aimé disposer de davantage d’informations, de faits peut-être, pour comprendre Elsa Morante, personnage certes complexe, mais que je ne suis pas parvenue à cerner et pour laquelle je n’ai éprouvé aucune empathie.



Ce qui m’a également gênée est l’emploi de la première personne, et c’est peut-être, à la réflexion, ce qui m’a empêchée d’entrer dans le roman. Je n’ai jamais « cru » que c’était Elsa qui parlait. De fait, certaines allusions, particulièrement au début du roman, m’ont paru hermétiques et j’ai gardé par la suite une distance avec « Elsa mon amour ».



On ressent pourtant très nettement la passion que Simonetta Greggio éprouve pour Elsa Morante, mais celle-ci n’a pas été communicative en ce qui me concerne. Les critiques sur « Elsa mon amour » sont dans l’ensemble très positives, donc je vous conseille de vous faire votre avis en lisant notamment les billets des autres participants à cette lecture commune. A cet égard, Martine est particulièrement enthousiaste pour ce roman qu’elle a beaucoup aimé.



J’avais quant à moi beaucoup apprécié les deux longs romans d’Elsa Morante,« La storia » et « Mensonges et sortilèges », lus en français, lorsque j’ai commencé à apprendre l’italien et à me passionner pour la littérature italienne. La lecture de « Elsa mon amour » n’est pas une rencontre tout à fait ratée puisqu’elle m’aura vraiment donné envie de relire ces œuvres.
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Elsa mon amour



La Feuille Volante n° 1290

Elsa mon amour – Simonetta Greggio – Flammarion.



Elsa Morante (1912-1985), écrivain (et non pas écrivaine) de grand talent, de nos jours injustement oubliée, a été l'épouse, à partir de 1941 et durant toute sa vie d'Alberto Moravia (1907-1990) également écrivain et ce malgré leur séparation et ses nombreuses maîtresses. Elle l'a suivi dans son exil provoqué en 1943 et 1944 par le fascisme. Ce roman est l'histoire de la vie d'Elsa, mais pas vraiment une biographie au sens habituel malgré les nombreux biographèmes égrenés dans ce livre, mais plutôt un récit où le rêve, l'illusion prennent un peu, l'espace d'un instant, la place du réel, en modifie les apparences. Cela donne un récit acerbe et un peu désabusé et Simonetta Greggio précise elle-même qu'il s'agit d'une fiction où elle se glisse dans la peau d'une Elsa qui prend la parole en refaisant le chemin à l'envers. Elle n'échappe pas à la règle commune à chacun d'entre nous qui, parce que notre vie ne ressemble pas à ce dont nous avions rêvé, à ce que nous avons cru qu'elle nous réservait au point de l'ériger en promesses, se laisse aller à son désarroi et la repeint en couleurs vives, mais ce badigeon s'écaille au fils du temps. Nous avons beau rejouer cette comédie en faisant semblant d'y croire, de nous réfugier dans la beauté, la perfection ou l'imaginaire, nous dire que tout peut arriver, au bout du compte il nous reste les regrets, les remords, la culpabilité peut-être de n'avoir pas fait ce qu'il fallait ou nous incriminons la malchance... Ainsi, sous la plume de l'auteure de « La douceur des hommes », Elsa Morante fait, dans un texte rédigé à la première personne, directement au lecteur la confidence de sa vie, de son parcours, jusqu'aux détails les plus intimes. Avant de rencontrer Moravia, elle avait connu des ruptures avec sa famille, des années de galère financière, n'était qu'un écrivain en devenir, avec pour soutien des amours de passage et surtout cette envie d'écrire qui sera sa passion toute sa vie, qui sera sans doute comme un exorcisme à ses illusions, à ses peines, à son absence de bonheur et d'amour. Quand elle croise Moravia, ils sont à peu près du même âge et lui est déjà couronné par la succès de ses romans. En outre ce qui les rapproche est sans doute leur demi-judéité commune et sûrement aussi le désir (« Nous avons cela en commun, Moravia et moi. Nous ne lambinons pas avec le désir ». Ce fut peut-être de sa part à elle, un amour sincère mais elle nos confie qu'Alberto était à la fois « passionnel et infidèle, indéchiffrable » à la fois amoureux fou de ses conquêtes de passage et homosexuel non assumé. Elle qui n'avait pas connu le bonheur avec ses parents n'aura pas non plus un mariage heureux mais, malgré leur séparation, refusera le divorce, par principe (elle était l'épouse d'Alberto Moravia et le restera) ou pour des raisons religieuses. Ainsi l'histoire de cette longue liaison (49 ans), consacrée par le mariage ne fut pas un long chemin tranquille avec au début la fuite à cause des rafles de juifs, la peur d'être dénoncé et d'être déporté et plus tard, la paix revenue, un quotidien houleux où elle a été malheureuse de trop vouloir être aimée et d'avoir gauchement tout fait pour être détestée. La symbolique de la pluie, l'univers énigmatique des chats accompagnent cette ambiance un peu délétère tissée par l'indifférence de son mari devenu aussi un rival, l'abandon, la fuite ou la mort de ses amants successifs.

Nous ne sommes qu’usufruitiers de cette vie qui nous est confiée avec la mission non écrite et quelque peu hasardeuse d'en faire quelque chose. La sienne Elsa l'a dédiée à l'écriture, à l'amour par passion, à la patience, à la souffrance aussi, sans pour autant l'avoir voulue,mais qui est, elle aussi, un élan vers les mots. C'est avec ces mêmes mots qu'elle parle des maîtresses de son mari, de son inconstance mais aussi de la période noire de Mussolini qui endeuilla l'Italie. Elle ne résiste pas non plus à nous confier des anecdotes sur ses contemporains plus ou moins liés au fascisme, à la mafia, à la culture, peut-être pour tromper son ennui et surtout sa solitude. Elle les meublera en tombant à son tour amoureuse d'autres hommes, parfois des homosexuels mais reviendra toujours vers Moravia et surtout vers l'écriture. Elle devint un écrivain majeur de la littérature italienne..

Il y a des détails biographiques très précis, des citations qui témoignent d'un travail de documentation très poussé, des envolées poétiques émouvantes et même envoûtantes, le tout ressemblant à un tableau composé par petites touches d'où la personnalité et la sensibilité de Simonetta Greggio ne sont sans doute pas absentes. Parfois j'ai même eu l'impression que, derrière Elsa qui est censée s'exprimer à la première personne, c'est carrément elle qui parle au cours de ce bel hommage.



J'apprécie depuis longtemps l'écriture de Simonetta Greggio, sa sensibilité littéraire, ses choix et la qualité de ses romans, mais aussi sans doute parce que elle, Italienne, choisit d'écrire directement en français, ce que je prends comme un hommage à notre si belle langue.

© Hervé Gautier – Novembre 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Elsa mon amour

En écoutant le Concerto n°24 de Mozart...



Simonetta Greggio nous dévoile la vie d'Elsa Morante comme un tableau impressionniste : par autant de petites touches que de chapitres. Tantôt, poétiques, images de la nature et de la relation d'Elsa avec les animaux et les plantes qui l'entourent donc pleines de douceur et de couleurs et de sensations, tantôt terriblement humaines dans les relations que cette même femme choisit de nouer ou de dénouer avec ceux qu'elle croise au cours de sa vie.



Ce qui est frappant, cependant, c'est sa solitude - elle avoue elle-même parfois la provoquer - et le manque d'Amour vrai qui caractérise son existence. Peut-être Bill, cependant...





J'ai aimé retrouver l'écriture de Simonetta Greggio , dans cette biographie qui m'a menée vers d'autres envies de découvertes "livresques" et autres - le roman est riche de références culturelles et historiques de toutes sortes à propos d'une époque - un peu, comme j'avais été entraînée vers d'autres "Italie " à la lecture de son roman Dolce vita. J'ai d'ailleurs déjà deux livres d'Elsa Morante qui m'attendent ! Et je souhaite vivement être aussi emportée par leurs lectures et aussi passionnée que ne l'est Simonetta Greggio quand elle évoque cette femme entière qu'a été Elsa Morante.



Merci à Babélio et aux éditions Gallimard pour cette belle découverte...et merci tout particulièrement à Simonetta Greggio dont l'écriture est toujours, pour moi, synonyme d'un très beau moment de lecture.

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Elsa mon amour

Un excellent roman d’une réussite éclatante. Elsa Morante est une femme qui a atteint la plénitude de ses talents et qui en a fait profiter les femmes de sa génération, nous sommes dans les années 40. Elle a vécu dans un milieu acculturé et a réussi à tirer des avantages de cette situation grâce à sa marraine . Ce monde n’était pas fait pour elle car elle était trop moderne pour l’époque, elle s’est battue, elle a renoncé à des choses pour pouvoir être elle- même, elle aurait pu se sacrifier et aurait été douée pour tout donner aux hommes qu’elle a aimés mais elle a fait un autre choix, elle a choisi d’ être elle-même.

C’est une femme réaliste, bouillonnante, efficace dans ses pensées et lutteuse, car Elsa Morante, je pense, mais ce n’est que mon avis a fait un acte d’exorcisme en écrivant pour tuer les souvenirs damnés de son enfance. Elsa Morante a pu le faire parce qu’elle a été extrêmement douée et très intelligente pour tout.

Elle était une femme dans son cœur et dans son âme. Elle n’appartenait pas à un milieu dans lequel les jeunes filles étaient élevées comme des princesses. Elle a assumé son éducation grâce à sa marraine qui l’a trouvait déjà très intelligente et très mûre pour son âge.

C’est une lecture extraordinaire car on sent qu’Elsa est allée jusqu’au bout de ses élans et de ses rêves.

Simonetta Greggio pour moi est une grande romancière elle est un peu Elsa Morante car elle la décrit avec toute son âme et avec tout son coeur avec une grande authenticité et une belle sincérité de plus il y a une grande justesse de ton dans ce qu’elle dit et d’une belle acuité. Son écriture est harmonieuse et pleine de clarté que nous en redemandons. En lisant ces pages sur cette femme qui est extrêmement intelligente on se rend compte combien au fil du temps les critères qui servent de base pour juger une femme ont changé.

Bref, né d’un assemblage ou d’une conjonction la plus courte, Simonetta arrive à la conclusion qu’Elsa a réussi une victoire sur l’homme en général qui lui avait déclaré la guerre, une guerre littéraire bien sûr. On lui dira encore « madame » mais sur le ton de « monsieur ».

C’est un roman violent qui fait éclater les vitres mais ce que j’ai le plus aimé dans ce livre c’est l’écriture poétique de Simonetta. Une écriture éblouissante très bien menée avec une justesse de ton. Je déteste la pluie, mais avec l’auteure ses mots me font aimer cette pluie qui est omniprésente sans oublier les chats qui eux aussi nous accompagnent en tout lieu. Ils sont partout.

Simonetta est trop subtile pour nous embrigader dans un roman déluré, c’est vrai qu’Elsa sait braver tous les interdits et paradoxalement elle peut très aisément transgresser les mœurs de son époque. Elle fréquente le monde des lettres et les artistes. Elle s’amuse, elle séduit mais elle reste prisonnière de l’homme qu’elle aime à la folie Alberto Moravia.

Merci à Simonetta Greggio pour ce très beau livre que je n’ai pas fait dédicacer par elle lorsque je l’ai rencontrée à Aix en provence. Peut-être un jour la reverrai-je ?


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Elsa mon amour

L'évidence qui vient à la lecture de cette biographie romancée, c'est la passion qui rejaillit du texte de Simonetta Greggio pour Elsa Morante. Par de petits chapitres, elle s'introduit dans la vie de la romancière, lui redonne parole, pour mettre en lumière par des instantanés empreints de poésie ce que fut la vie de sa compatriote.

Morante, femme de caractère, entière, figure importante de la littérature transalpine, épouse d'un autre "monstre" de la littérature italienne (Alberto Moravia), malmenée parfois (comme toute vie), amante passionnée, le portrait est finalement assez complet et donne envie d'aller chercher nous même certaines précisions . C'est joliment écrit, l'émotion est souvent présente, et force est de reconnaitre que l'envie de découvrir l'univers d'Elsa Morante est l'un des points forts évidents du roman de Greggio.

Je tiens à remercier Babelio et les Éditions Flammarion de m'avoir permis de découvrir ce très beau roman de la rentrée 2018.
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Elsa mon amour

Pas facile de se glisser dans la peau de son idole. C’est pourtant l’audacieux pari tenté par Simonetta Greggio dans "Elsa mon amour". Elle y prend le parti d’écrire une biographie romancée d’Elsa Morante à la première personne du singulier, comme si Simonetta était Elsa, comme si Elsa était vivante. Arrivée à la fin de sa vie, Elsa se souvient par bribes des moments clés de son histoire et écrit son propre roman intime. Incarnation d’une Italie d’après-guerre étincelante de création, d’art, de beauté et de contradictions, Elsa Morante est elle-même un paradoxe, à la fois idolâtrée et méconnue. Sa vie étonnante navigue entre fiction et réalité, entre rêves et désillusions, entre chagrins et amours et l’écriture de Simonetta Greggio, pourtant fluide et délicate, manque de souffle pour épouser cette fantaisie tragique. Je suis sorti de ce voyage avec une impression de survol, une sensation d'effleurement de la vie de ce génie littéraire oublié même si "Elsa mon amour" rend un bel hommage à la Morante.
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Elsa mon amour

Merci à Masse critique et aux éditions Flammarion pour la découverte de ce livre et de cette auteure.

J’ai accepté de critiquer ce livre après avoir lu La Storia d’Elsa Morante, une lecture forte, marquante, qui m’invitais à connaître davantage l’auteure. Mais jusqu’alors je n’avais lu aucun autre de ses ouvrages et ne connaissais sa vie que de façon très sommaire.

Pourtant, lire ce livre de Simonetta Greggio, que je ne connaissais pas, me demandait de surmonter quelques réticences. C’est que je ne suis pas porté sur les romans qui s’emparent de la vie d’autrui. Déjà, l’autofiction m’apparaît narcissique. Alors s’accaparer par la fiction la vie d’un/d’une autre… Je préfère de loin les auteurs qui s’effacent derrière leurs écrits et dont l’inventivité et la création littéraire sont les premières qualités (je suis fan de Thomas Pynchon).

Et puis je me suis dis : ‘Après tout, un écrivain a une liberté absolue dans le choix de ses sujets. Voyons ce que cela donne.’ Et je ne me suis pas ennuyé. Ce petit livre se lit facilement et agréablement et offre de beaux moments de réflexion et de méditation.

Nous sommes emportés dans un monologue intérieur, dans le flux de conscience d’Elsa. Elle récapitule divers épisodes de sa vie, on sent qu’elle est à la fin. Et on est bien tenté de se laisser aller à croire que c’est en effet Elsa qui parle. De temps à autre, le flux est interrompu par des mises en contexte ou des fragments de journaux, poèmes ou lettres d’Elsa, en italiques.

Pourtant, ce n’est pas Elsa qui parle, c’est Simonetta. Elle l’a rencontrée, l’a aimée et a voulu témoigner de cette rencontre dans ce livre. Il faut dire que c’est assez réussi, même si toutes mes réticences n’ont pas été levées et que je me suis interdit de prendre le livre de Simonetta pour des paroles d’Elsa.

Et puis il y a des affirmations péremptoires qui me sont apparues sonner faux et tomber à plat, comme ‘Je suis tout le monde. Le monde c’est moi.’ (p. 27) Un peu prétentieux  non ?  de mettre cela dans la bouche d’autrui. Et les passages à propos de Malaparte et de la famille Agnelli, quoique informatifs, brisent l’unité de l’ensemble. Les passages de rêverie d’Elsa me paraissent les plus réussis, surtout ceux où il est question de Bill, qui sont poignants.

Au final, un livre somme toute plutôt léger, mais méditatif, et qui laisse sa marque. L’on en retire le grand bénéfice collatéral de vouloir en savoir plus sur cette formidable conteuse qu’est Elsa Morante (signalons la toute récente biographie de René de Ceccatty chez Tallandier) et de lire tous ses livres (je me suis mis à Mensonge et sortilège). Rien que pour cela le livre de Simonetta Greggio vaudrait le peine.

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Elsa mon amour

Magnifique hommage à Elsa Morante que l'on connait peu dans l'intimité. Beau texte, la dolce vita dans la souffrance et la poésie. A LIRE ABSOLUMENT
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Elsa mon amour

Méditation sur la vieillesse et sur la mort : au soir d'une carrière exceptionnelle dans les Lettres, Elsa laisse la lumière du couchant caresser ses souvenirs, ses échecs, ses morsures. Il s'ensuit une élégie diaphane, intelligente et sensible.

Un écrivain peut en cacher un autre : Simonetta Greggio écrit, fantasme ou rêve Elsa Morante. Comme le confirme le beau bandeau amarante de rentrée littéraire, orné d'un tableau de Valloton, il s'agit bien de l'histoire de la vie de Morante. Réelle et inventée. « Notre vie réelle est plus qu'aux trois quarts composée d'imagination et de fiction. » le roman – c'est pour tel qu'il se donne en couverture de l'édition Flammarion – appartient au genre, très en vogue, des « biofictions ».

Pour un amoureux des « Anni cinquanta », ce tour d'horizon des lettres italiennes est un bonheur. On y croise Italo Calvino, Pavese, Benedetto Croce ; les poètes Sandro Penna et Umberto Saba ; Rossellini ; Fellini, au détour d'un capuccino Via Veneto, et la Callas, avec qui Elsa Morante partage (ce serait peu que de dire : à son corps défendant) quelques amants célèbres. Elle partage aussi son mari, Alberto Moravia, de gré ou de force, avec une jeune artiste suisse. Curzio Malaparte prête au couple sa villa de Capri. Leonor Fini habite un monastère corse. Comme des spectres dans le tunnel d'un train fantôme, Pier Paolo Pasolini, l'ami torturé, Luchino Visconti, l'amant cruel, Bill Morrow, peintre américain disparu à vingt-trois ans, hantent ce voyage dans le passé. Ils sont tous beaux, géniaux, tourmentés, incapables d'aimer. Il faut dire que la romancière de L'île d'Arturo (prix Strega 1957) ne leur facilite pas la tâche : ses « humeurs d'équinoxe », selon l'élégante formule de la biographe, étaient légendaires, et vivre auprès d'elle sans nul doute un défi redoutable.

« Je suis tissée de secrets auxquels je n'ai pas accès. » De l'énigme Elsa Morante, le livre traite ainsi qu'il convient: en lui laissant son noir mystère. Simonetta Greggio le garde intact, sans interprétation ni dévoilements abusifs. Bien que la narratrice avoue l'étrange charme qui la lie à son sujet (« Elsa, c'est moi»), elle a le tact de ne point prétendre se confondre avec lui. Chemins de mélancolie parallèles.

L'ambition, l'envie intimement mêlées à l'amour. Funeste erreur, fatum de tragédie antique. Ambiguïté, contradictions : maîtres mots du caractère d'Elsa, sur fond de violence incoercible. La noirceur, l'idéal et la méchanceté ; déréliction illuminée par le désir – ainsi de ces rues au sud de l'Italie, calcinées avec la beauté de leurs pierres, de leurs colonnes, pavés et arcades aveuglés par le soleil. Quel salut espère-t-elle de l'écriture, la vipère qui se connaît telle, avec sa langue d'encre ? Échapper à son enfance ? « Que reste-t-il de l'enfance, si ce n'est une passerelle magique jetée entre les deux rivages d'une vie… » Fascinations de femmes : celle de Greggio pour Morante, celle de Morante pour sa mère. Fascination pour soi-même, en somme, dont on essaie de sortir par l'écriture. « Mais toutes mes clés sont dans mes romans. Que celui ou celle qui tentera de raconter mon histoire le sache : hors de mes pages, mon existence entière n'est que commérage. »

Une auréole trouble évolue autour de ce livre, toujours à tremper dans le péché : soumise, prostituée, rebelle – conforme aux modèles que sa mère lui présente et qu'elle déteste. Une scène d'avortement floutée, où se tarit la maternité : tout désormais pour Elsa, sera rejeté dans les romans. « Et pourquoi croit-on que les écrivains écrivent, si ce n'est pour prêter leur voix à ceux qui n'en ont pas – qui n'en ont plus ? »

La narration tissue de mensonge à demi-avoué, plus vraie que nature, où Elsa perd sa virginité sur une plage avec un écrivain connu ( Moravia, qui n'est pas nommé ? ) ouvertement associé à son père. Une différence d'âge de quarante ans (les notices d'internet n'en donnent que cinq entre les deux époux)… Tout se mélange dans sa tête qui vieillit, et, comme les couleurs sur la toile, n'acquiert sa vérité que dans la composition.

Alternant avec de courts chapitres à la première personne, quelques pages intercalaires résument la vie et l'oeuvre de Morante, fournissant d'utiles repères entre les passages narratifs ou oniriques. Peut-être, ayant une fois douté de la méthode qui consiste à s'identifier à l'objet de son étude, le public le comprendra-t-il au terme de l'ouvrage : Elsa mon amour est plus et autre chose qu'une biographie. C'est un portrait.



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Elsa mon amour

Je me suis procurée récemment La storia, le roman d'Elsa Morante suite à des chroniques lues ici ou là et avant de le découvrir je voulais en savoir un peu plus sur cette auteure italienne alors quoi de mieux qu'une biographie romancée d'une auteure italienne Simonetta Greggio que j'avais découvert avec Les mains nues il y a deux ans.



D'Elsa Morante je ne connaissais rien, ni de sa vie, ni de son œuvre et j'ai découvert une femme dont la vie fut à elle-même un roman, une italienne telle qu'on peut se la représenter, fougueuse, aux milles vies, à la personnalité à la fois forte et fragile avec des moments de débordements, de cris et de larmes.



C'est au soir de sa vie qu'elle se confie, dans une sorte de journal-testament où elle revient très rapidement sur son enfance, sur ce père qui n'était pas le sien, sur l'autre qui ne le fut pas non plus, sur sa mère juive, avec laquelle elle s'affrontait pour finir par quitter très jeune le toit familial et se lancer dans la vie.



Elle évoque son grand amour, Alberto Moravia, avec lequel elle restera uniejusqu'à sa mort en 1985 même si leur mariage était fait d'écarts de part et d'autre, mais aussi ses ami(e)s  : Malaparte, Pasolini, Anna Magnani, son amant Visconti, sa jeunesse où elle a connu la faim, les rencontres de passage, et puis très vite la reconnaissance de son travail d'écriture.



Simonetta Greggio laisse transpirer toute l'admiration qu'elle a pour la femme et pour l'écrivaine au caractère bien trempé, elle entrecoupe cette biographie romancée de courts chapitres qui permettent de resituer les événements et leurs contextes.



Il y a à la fois toute la splendeur de cette femme dont la vie fut une aventure continuelle mais qui sombre dans la vieillesse et l'isolement après plusieurs chutes en constatant que beaucoup de ceux qu'elle a aimés sont définitivement partis de leur plein gré ou non, elle-même ayant tenté de le faire sans succès.



Je dois avouer que le personnage m'a séduit, je l'ai lu en une journée car ne connaissant rien d'elle j'ai été totalement subjugué par son parcours, sa modernité, son amour inconditionnel pour Moravia jusqu'à son dernier jour, malgré les scènes et les trahisons, ses passions pour les artistes, écrivains, poètes, cinématographes croisés, les petites anecdotes et son amour pour sa ville Rome. C'est un voyage dans l'Italie d'après-guerre dans ce qu'elle comportait d'artistes et d'écrivains.



C'est un récit tout en nuances, en couleurs, en forme, en mille petits détails de sa vie mais on ressent tout au long une sorte de mélancolie, de tristesse dans le regard porté par cette femme sur ses belles années, pas toujours heureuses et sur sa fin de vie, immobilisée et ne trouvant du réconfort que dans ses souvenirs. Quel contraste entre ce qu'elle fut et l'amertume de ce qu'elle est désormais.



Rien de trop, juste l'essentiel mais qui dresse le portrait d'une femme de caractère au cœur sensible, ayant la certitude qu'être "écrivain" (et non écrivaine comme elle le dit) était sa seule destinée, Simonetta Greggio s'efface totalement derrière Elsa en lui laissant la parole et qui peut mieux qu'elle pour parler d'elle !



Je ne sais pas quand je vais lire La storia mais je dois avouer que j'ai une certaine impatience pour découvrir la plume de cette femme et voir si je retrouve son énergie, sa volonté, son œil sur son pays et ses contemporains.



"J'étais jeune longtemps. J'étais belle, du moins le disait-on. Je suis devenue un écrivain, un grand. Puis je suis tombée. J'ai désiré les hommes, je les ai aimés et attachés avec les yeux de mon vrai père. Et je suis connue sous le nom de mon faux père. Il en aurait fallu moins pour être celle que je suis. (p11)"
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Elsa mon amour

Il y a Elsa Morante, Moravia, Pavese, Visconti, Pasolini.

Il y a l’Italie, la littérature, le cinéma.

Il y a l’amour, la passion, la destruction.

Il y a l’écriture superbe de Simonetta Greggio.

Mais il n’y aura pas eu de rencontre entre ce livre et moi.

Difficile de vous expliquer pourquoi. Je pense ne pas le savoir moi même. Peut-être trop intime, trop saccadé. Peut-être que la construction en courts chapitres sans chronologie m’a perdu. Peut-être n’était-ce pas le bon moment tout simplement.

En tout cas et à mon grand regret, je suis passée à côté.
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Elsa mon amour

C'est parce que je suis tentée par la lecture d'un roman d'Elsa Morante que j'ai ouvert "Elsa mon amour", la biographie romancée de l'autrice italienne écrite par Simonetta Greggio. Je voulais un peu mieux la connaître puisque je ne l'ai jamais lue et que "L'île d'Arturo" est un cadeau qui trône dans ma PAL.

Alors que son titre fait penser à une grande amoureuse "Elsa mon amour" m'a déçue sur la forme et sur le fond même si Elsa Morante est une grande écrivaine du 20ème siècle (il me reste à la lire pour en être certaine).



Simonetta Greggio se met dans la peau d'une femme admirée dont la vie littéraire est riche et croise sa vie amoureuse.

Petite, elle passe beaucoup de temps chez sa marraine qui aimait les femmes et c'est comme si l'autrice voulait montrer qu'Elsa était toujours entourée d'homosexuels, son père d'abord qui n'est pas son père biologique, Visconti qu'elle aimait, ses grands amis Pier Paolo Pasolini ou Bill Morrow, mais on ne sait pas dans quelle mesure cela influence ou pas son oeuvre ou sa personnalité.

Il y a surtout sa vie amoureuse et houleuse passée avec son mari Alberto Moravia entre Rome et Capri. Il la trompe ouvertement et elle est très malheureuse, jalouse de cet homme qui a reçu le prix Nobel de littérature alors qu'elle "a l'intime conviction d'être aussi bon écrivain que lui - meilleure que lui en vérité -" (c'est écrit comme ça). C'est une femme de caractère qui souffre par amour décrite dans ce roman et qui se réfugie dans l'écriture.



Malheureusement je trouve que ce sujet n'est pas suffisamment développé. La narratrice parle plus du Mépris de Moravia que de ses propres romans sur lesquels je n'ai donc rien appris et s'éternise sur ses chats en plaçant toujours les animaux au-dessus des êtres humains, comme elle le dit honnêtement.

Entre les chapitres, il y a de brefs extraits biographiques qui donnent un côté formel au roman et des textes en italiques sans référence dont on apprend à la fin que ce sont des citations (on s'en doute mais j'aurais aimé connaître la source).

Tout cela ne m'a pas profondément passionnée alors que j'attendais un émerveillement adorant la littérature du 20ème siècle, les femmes de caractère et l'Italie. Il faut absolument que je lise Elsa Morante pour ne pas rester sur cette légère déception.





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