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Critiques de Simonetta Greggio (359)
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Elsa mon amour

Pas facile de se glisser dans la peau de son idole. C’est pourtant l’audacieux pari tenté par Simonetta Greggio dans "Elsa mon amour". Elle y prend le parti d’écrire une biographie romancée d’Elsa Morante à la première personne du singulier, comme si Simonetta était Elsa, comme si Elsa était vivante. Arrivée à la fin de sa vie, Elsa se souvient par bribes des moments clés de son histoire et écrit son propre roman intime. Incarnation d’une Italie d’après-guerre étincelante de création, d’art, de beauté et de contradictions, Elsa Morante est elle-même un paradoxe, à la fois idolâtrée et méconnue. Sa vie étonnante navigue entre fiction et réalité, entre rêves et désillusions, entre chagrins et amours et l’écriture de Simonetta Greggio, pourtant fluide et délicate, manque de souffle pour épouser cette fantaisie tragique. Je suis sorti de ce voyage avec une impression de survol, une sensation d'effleurement de la vie de ce génie littéraire oublié même si "Elsa mon amour" rend un bel hommage à la Morante.
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Elsa mon amour

Merci à Masse critique et aux éditions Flammarion pour la découverte de ce livre et de cette auteure.

J’ai accepté de critiquer ce livre après avoir lu La Storia d’Elsa Morante, une lecture forte, marquante, qui m’invitais à connaître davantage l’auteure. Mais jusqu’alors je n’avais lu aucun autre de ses ouvrages et ne connaissais sa vie que de façon très sommaire.

Pourtant, lire ce livre de Simonetta Greggio, que je ne connaissais pas, me demandait de surmonter quelques réticences. C’est que je ne suis pas porté sur les romans qui s’emparent de la vie d’autrui. Déjà, l’autofiction m’apparaît narcissique. Alors s’accaparer par la fiction la vie d’un/d’une autre… Je préfère de loin les auteurs qui s’effacent derrière leurs écrits et dont l’inventivité et la création littéraire sont les premières qualités (je suis fan de Thomas Pynchon).

Et puis je me suis dis : ‘Après tout, un écrivain a une liberté absolue dans le choix de ses sujets. Voyons ce que cela donne.’ Et je ne me suis pas ennuyé. Ce petit livre se lit facilement et agréablement et offre de beaux moments de réflexion et de méditation.

Nous sommes emportés dans un monologue intérieur, dans le flux de conscience d’Elsa. Elle récapitule divers épisodes de sa vie, on sent qu’elle est à la fin. Et on est bien tenté de se laisser aller à croire que c’est en effet Elsa qui parle. De temps à autre, le flux est interrompu par des mises en contexte ou des fragments de journaux, poèmes ou lettres d’Elsa, en italiques.

Pourtant, ce n’est pas Elsa qui parle, c’est Simonetta. Elle l’a rencontrée, l’a aimée et a voulu témoigner de cette rencontre dans ce livre. Il faut dire que c’est assez réussi, même si toutes mes réticences n’ont pas été levées et que je me suis interdit de prendre le livre de Simonetta pour des paroles d’Elsa.

Et puis il y a des affirmations péremptoires qui me sont apparues sonner faux et tomber à plat, comme ‘Je suis tout le monde. Le monde c’est moi.’ (p. 27) Un peu prétentieux  non ?  de mettre cela dans la bouche d’autrui. Et les passages à propos de Malaparte et de la famille Agnelli, quoique informatifs, brisent l’unité de l’ensemble. Les passages de rêverie d’Elsa me paraissent les plus réussis, surtout ceux où il est question de Bill, qui sont poignants.

Au final, un livre somme toute plutôt léger, mais méditatif, et qui laisse sa marque. L’on en retire le grand bénéfice collatéral de vouloir en savoir plus sur cette formidable conteuse qu’est Elsa Morante (signalons la toute récente biographie de René de Ceccatty chez Tallandier) et de lire tous ses livres (je me suis mis à Mensonge et sortilège). Rien que pour cela le livre de Simonetta Greggio vaudrait le peine.

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Elsa mon amour

Il pleut.



Pourtant j’ai lu ce livre en plein soleil. Soleil de plomb.



La littérature est un art et cet ouvrage en est la preuve.



Ce livre est de la musique. Un rythme, une mélopée qui m’ont emportés loin. Chaque mot à sa place et n’importe où en même temps.



Ce livre fait du bruit. Un pacte que le lecteur passe avec son auteur dès les premières lignes. Simonetta Greggio semble nous inviter à ce voyage vers Elsa Morante, sans trompette ni tambour, non, mais avec perte et fracas. Une lecture que l’on prend comme un chemin vers la lumière. Un chemin escarpé, exigeant mais terriblement prenant.



Ce livre n’est pas une biographie d’Elsa Morante. Ce livre est Elsa Morante.

Par petites touches, par grands traits de mots tous plus beaux les uns que les autres. Oui, ce livre est un tableau. Une fresque où chaque ligne vit, vibre, emporte.



Ce livre est une chanson. Un air que l’on garde en tête, sans rimes ni raison. Comme un vieux tube, entendu à la radio, et qui s’incruste dans la mémoire. Pour longtemps.



Ce livre n’est pas un livre. Il va bien au-delà.



Lisez-le comme une rencontre. Comme quelque chose de beau même si on n’en possède pas toutes les clefs. Ce qui le rend encore plus fort. Encore plus tentant.



Lisez-le comme on ne lit plus.

En fermant les yeux.
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Elsa mon amour

Il y a Elsa Morante, Moravia, Pavese, Visconti, Pasolini.

Il y a l’Italie, la littérature, le cinéma.

Il y a l’amour, la passion, la destruction.

Il y a l’écriture superbe de Simonetta Greggio.

Mais il n’y aura pas eu de rencontre entre ce livre et moi.

Difficile de vous expliquer pourquoi. Je pense ne pas le savoir moi même. Peut-être trop intime, trop saccadé. Peut-être que la construction en courts chapitres sans chronologie m’a perdu. Peut-être n’était-ce pas le bon moment tout simplement.

En tout cas et à mon grand regret, je suis passée à côté.
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Elsa mon amour

C'est parce que je suis tentée par la lecture d'un roman d'Elsa Morante que j'ai ouvert "Elsa mon amour", la biographie romancée de l'autrice italienne écrite par Simonetta Greggio. Je voulais un peu mieux la connaître puisque je ne l'ai jamais lue et que "L'île d'Arturo" est un cadeau qui trône dans ma PAL.

Alors que son titre fait penser à une grande amoureuse "Elsa mon amour" m'a déçue sur la forme et sur le fond même si Elsa Morante est une grande écrivaine du 20ème siècle (il me reste à la lire pour en être certaine).



Simonetta Greggio se met dans la peau d'une femme admirée dont la vie littéraire est riche et croise sa vie amoureuse.

Petite, elle passe beaucoup de temps chez sa marraine qui aimait les femmes et c'est comme si l'autrice voulait montrer qu'Elsa était toujours entourée d'homosexuels, son père d'abord qui n'est pas son père biologique, Visconti qu'elle aimait, ses grands amis Pier Paolo Pasolini ou Bill Morrow, mais on ne sait pas dans quelle mesure cela influence ou pas son oeuvre ou sa personnalité.

Il y a surtout sa vie amoureuse et houleuse passée avec son mari Alberto Moravia entre Rome et Capri. Il la trompe ouvertement et elle est très malheureuse, jalouse de cet homme qui a reçu le prix Nobel de littérature alors qu'elle "a l'intime conviction d'être aussi bon écrivain que lui - meilleure que lui en vérité -" (c'est écrit comme ça). C'est une femme de caractère qui souffre par amour décrite dans ce roman et qui se réfugie dans l'écriture.



Malheureusement je trouve que ce sujet n'est pas suffisamment développé. La narratrice parle plus du Mépris de Moravia que de ses propres romans sur lesquels je n'ai donc rien appris et s'éternise sur ses chats en plaçant toujours les animaux au-dessus des êtres humains, comme elle le dit honnêtement.

Entre les chapitres, il y a de brefs extraits biographiques qui donnent un côté formel au roman et des textes en italiques sans référence dont on apprend à la fin que ce sont des citations (on s'en doute mais j'aurais aimé connaître la source).

Tout cela ne m'a pas profondément passionnée alors que j'attendais un émerveillement adorant la littérature du 20ème siècle, les femmes de caractère et l'Italie. Il faut absolument que je lise Elsa Morante pour ne pas rester sur cette légère déception.





Challenge Entre-deux 2024

Challenge Coeur d'artichaut 2024

Challenge Plumes féminines 2024

Challenge Multi-défis 2024

Challenge Gourmand 2023-2024

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Elsa mon amour

Dans ce court roman, Simonetta Greggio donne la parole à Elsa Morante qui fut l’épouse de Moravia (l’auteur du mépris, qui pour moi est davantage synonyme d’une très belle musique de film et d'une ou deux répliques cultes, que d’un livre).



Sur la forme, Simonetta Greggio combine à la fois, Elsa qui se raconte sur le mode du "JE", et en italique quelque lignes pour relater un épisode de la vie du personnage.



J’ai assez peu apprécié ce roman ; si je lui reproche, entre autres choses d’être trop court pour de la biographie, je lui suis pourtant gré d’être court et donc vite lu !!!



Je n’ai pas non plus aimé la construction. En outre, j’ai trouvé l’ouvrage trop succinct, trop survolé (pour qui aurait pu être passionné par Elsa Morante).



Mais ce qui m’a le plus "rebuté" c’est le personnage central du roman ; personnage que je ne connaissais pas, mais qui ne m’a pas vraiment intéressé.

Enfin, pour étant étiqueté comme roman, j’ai trouvé que tout cela manquait cruellement de souffle romanesque, et d’ambition.
Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Elsa mon amour

C'est un roman qui mêle la fiction et les extraits des journaux, poèmes, lettres d'Elsa Morante !

Elsa mon amour, est écrit par Simonetta Greggio, passionnée de Morante dans un style flamboyant, lyrique, sensuel, intime et vibrant à tel point que par moment on ne sait plus si c'est elle ou Elsa qui vibre ( d'ou ma remarque préliminaire ! ).

Elsa la "douce et sauvage, l'arrogante, la menteuse et effrontée, la dédaigneuse et charmante, la suffisante, intelligente, sensible et géniale" !

Une femme née en 1912 à Rome, qui a vécu dans le quartier pauvre du Testaccio, qui a pris le nom de son beau père Augusto Morante, une gamine qui a été remarquée à 6 ans par sa marraine et qui a commencé à écrire, qui s'est même prostituée pour vivre, faire des études..

En 1941, elle a épousé Alberto Moravia : auteur célèbre plus âgé qu'elle et avec qui, elle restera mariée jusqu'à la fin de sa vie ! Elle le suivra en exil car il est juif par son père et il est listé par les fascistes..

Elle voyagera en Espagne, en URSS, en Chine et même aux US ou elle aura une aventure amoureuse avec Bill Morrow qui se jettera d'un gratte ciel New-yorkais !

Avec Elsa, les rencontres de célébrités intellectuelles et artistiques sont multiples et on découvre toute une génération de "monstres sacrés" comme Visconti, Pasolini, Penna, Saba, Magnani, Rossellini, Eléonor Fini, Malaparte et Giovanni Agnelli et sa famille...

Elle aimait les chats, les "abimés"de la vie, la liberté et l'amour !

Une écrivaine, essayiste, poètesse qui a marqué

son siècle en étant la première femme a obtenir le Premio Strega en 1957 et, qui a eu un succès international avec son livre " La " Storia " ( 1982 ) !

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Elsa mon amour

J’avais entendu parler d’Elsa Morante avant de découvrir ce roman biographique de Simonetta Greggio et effectivement, plus que l’œuvre littéraire, c’était la figure exceptionnelle de cette femme qui m’avait incité à m’intéresser à elle. J’avais alors acheté à ce moment là une biographie dont je vous parlerai plus tard (quand je l’aurais terminé !) mais comme j’ai découvert ce livre avec la rentrée littéraire, j’ai finalement opté pour la lecture de celui-ci en premier lieu, par fainéantise : il était beaucoup plus rapide à lire !



Mais je n’ai aucun regret, ce roman m’a enchanté ! Il fait d’ailleurs partie de mes coups de cœur de la rentrée littéraire. C’est vrai que les premiers chapitres m’ont un peu décontenancé car j’avais un peu du mal à suivre les pensées d’Elsa, d’autant plus que je ne connaissais rien de son histoire. Mais très rapidement? on reprend pied et la suivre devient addictif.



Car rien n’est commun dans la vie de cette femme, ni sa naissance (d’un père qui n’ait pas celui qui l’élève et dont elle ne porte pas le nom), ses relations compliquées et passionnelles avec sa mère, sa sauvagerie, sa précocité et son exceptionnel esprit d’indépendance, sa foi en son destin d’auteur et cette nécessité de s’accomplir malgré les difficultés. Tout comme ses amitiés et ses amours, son engagement populaire et sa philosophie de l’Histoire, son amour des animaux qu’elle préfère aux hommes, cette maternité inassouvie, en font une femme attachante malgré sa dureté. Mais pouvait-il en être autrement à cette époque lorsqu’on était une femme qui voulait exister ? Et de surcroît dans une société aussi patriarcale que celle où elle est née ? Car l’histoire d’Elsa Morante, c’est aussi celle d’une certaine Italie, celle de la seconde guerre mondiale, du fascisme, des années Fellinienne, des années d’or de la famille Agnelli (Fiat) et de la Cosa Nostra, on y croise Pasolini, Visconti, la Callas… mais on y meurt aussi facilement et tragiquement.

Simonetta Greggio nous livre un beau roman à la fois vibrant, passionnant, touchant, visuel et très poétique qui n’est pas une biographie mais une porte d’entrée sur la véritable intimité d’Elsa Morante, lui redonnant voix pour éviter qu’elle ne tombe dans l’oubli. Car Elsa Morante n’est pas seulement l’un des plus grands écrivains du monde mais c’est aussi une femme exceptionnelle, une femme qui n’a jamais renoncé et qui a vécu intensément toute sa vie.

La suite à lire sur mon blog LIVRESALIRE.COM
Lien : http://livresalire.com/elsa-..
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Elsa mon amour

Un amour éternel



Elsa Morante, la prodigieuse est le sous-titre révélateur du dernier roman de Simonetta Greggio, consacré à cet écrivain, comme toutes les deux aiment être définit et non des écrivaines. Cette adoration pour cette femme à la vie sulfureuse dans une Italie de la dolce Vita accouche d’un roman témoignage Elsa mon amour, ce petit bébé au frontière imaginaire, au cœur biographique à l’âme sensuelle.

Petite présentation de Simonetta Greggio, née le 21 avril 1961 à Padoue en Italie, est une romancière française, débutant comme journaliste dans des revues françaises puis son premier roman édité en 2005 sous le tire de La Douceur des hommes, paru chez Stock, puis d’autre romans parurent comme Dolce Vita 1959-1979, éditions Stock. Finaliste du prix Renaudot et du prix Interallié, en 2010, au total plus de 12 romans.

Elsa mon amour ressemble à une porte ouverte vers Elsa Morante à différents moment de sa vie, comme si nous étions invités à vivre ses émois avec elle, spectateur de ses états d’âmes et de sa vie qui de scènes en scènes, devient le théâtre de sa propre existence. Un de mes libraires lors de ma rencontre avec ce roman biographique, me disait que c’était une biographie à l’américaine, prendre un événement pour l’approfondir, comme si nous étions ce décors pour la vivre encore et encore, nous devenions en quelque sorte le regard du passé pour ce présent de lecture.

De prime à bord je ne connaissais pas du tout cet écrivain Elsa Morante, juste son époux Alberto Moravia, puis aussi Malaparte, mais depuis je suis parti chez mon libraire favori pour acheter La Storia pour me plonger dans cette œuvre majeur de Morante.

Il y a toujours une fascination lorsque l’auteur d’une biographie prend la voix de l’artiste qu’il met en scène, il y a toujours une double voix qui résonne dans ma tête comme un schizophrène, celle de l’auteur entremêlé avec le héros, un duo d’un son unique, celui de la prose du roman, ce refrain fredonné par l’auteur de la biographie. Elsa Morante se matérialise soudain comme une héroïne vivante du roman, elle nait devant nous, pour nous faire revivre sa vie.

Cette mélancolie de la pluie berce beaucoup cette biographie, comme les larmes de notre héroïne. Sa jeune vie embrasse celui de sa marraine la prenant sous son aile, avec un papa évaporant et son don incroyable pour l’écriture, de son plus jeune âge.

Chaque petit chapitre sème une petite graine de la vie de cette femme, avec un titre simple, J’étais jeune, Il pleut, L’enfant, J’étais une fois, Histoire d’une poupée, Printemps 1918, Visage d’ombre, La ragazza, Mes seins, Ma virginité, Ma marraine, Elsa debout, J’aimais jouer, Il pleut, Un lac, kintsugi- L’art de réparer, R.T.M, Il pleut, Moriavia, Il pleut, Karma, Malaparte, But i loved you, damned !, Un ange veille sur ma nuit, Via dell’Angelo, Le jour de mon mariage, Amour conjugal, La guerre, Le Mal, Tout devint calme, vide et paix, Mensonge et sortilège, Il pleut, Pasalini, 12 février 1945, Malghe Topli Uork, Il pleut, Leonor Fini, J’ai rêvé, Visconti, Il pleut, Quelqu’un m’a dit, L’Île d’Arturo, Bonjour et adieu, Le Mépris, Moon river, Main tenant, Il ne pleut pas, et son dernier paragraphe au titre révélateur Elle est moi Mais je ne suis pas elle Et elle n’est pas moi, conclut à merveille ce roman. Tous ces titres sont comme une petite chanson intime du cœur d’Elsa, avec cette pluie qui sans cesse tournoie son âme, sa vie ses amours.

Elsa Morante flotte comme un soupir dans ces mots empruntés par Simonetta Greggio, avec sa prose la vie d’Elsa étincelle de son esprit de son âme. Ce style direct du je, fait revivre cette grande dame de la littérature dans une roman plus personnel avec en substance ces avis sur le monde qui l’entoure, de ces amours, de ses amis, de ses émotions. Quel plaisir de pouvoir découvrir des personnes sous l’œil acides et critiques d’Elsa sous la plume de Simonetta Greggio, comme Malaparte, Pasolini, son mari Alberto Moravia, Visconti. Je lis avec beaucoup de plaisir les anecdotes choisies par Simonetta Greggio comme des petits tableaux de vie s’animant devant moi, certaines huiles peintes de mots d’Elsa elle-même, glanés ci et là par notre écrivain tinte en moi comme le son d’une cloche au début d’une messe, ce bruit reste en moi, ce son pénètre ma personne, je les ressent au fond de ma chair pour les savourer et me fondre dans cette époque et ce milieu inconnu. Voici quelques-unes pêle-mêle de ses anecdotes.

J’aime la dualité de cette femme, s’inventant sa première fois avec homme mature pour enjoliver son fantasme de jeune fille, un mensonge croustillant et le jouet qu’elle deviendra sous les mains de Visconti, cet homme homosexuel, de cette liaison pervers, la vie près de cet homme était pour elle, « andonte allegro », lui offrant son chat Arturo.

« Tomber amoureuse d’un homosexuel permet beaucoup de choses. DE rêver. D’implorer, de souffrir-et de ne pas tromper son conjoint. »



Son premier roman Mensonge et sortilège est le fruit des ténèbres, elle voulait une épopée, une tragédie, c’est en fait pour elle un opéra. Elle parlera de son bacille des ruines 20 ans plus tard dans son roman éponyme La Storia.

De Naples, Elsa Morante dira « Il faut avoir lu La Peau de Malaparte pour comprendre ce que c’était la ville. » De cet homme Malaparte aura une complicité trouble avec son mari, la complexité est diffuse dans cet être, comme ses écrits, j’ai à ma grande surprise acheté des romans de cet auteur et lu Le soleil est aveugle pour continuer l’histoire de ce roman, découvrir cette prose baroque surtout et nourrir mon appétit de lecture croissante, une véracité de plaisir.

Je finirais par le passage du film Le mépris avec Brigitte Bardot, Michel Piccoli, mise en scène de Jean-Luc Godard, d’après le roman d’Alberto Moravia, une petite éclaircit de l’éclat de ce film « ennuyeux et admirable » où Elsa reconnait dans ces mots les disputes passées avec son mari, comme écho profond et lourd traversant le temps pour perdurer l’amour maladroit entre ces deux amants mariés, puis séparé sans divorcer.

C’est un roman initiatique personnellement, il m’ouvre un univers peu connu celui de la littérature italienne de cette époque, de cette vie italienne, avec ce septième art comme refuge, pouvoir apprendre et aimer un monde nouveau, c’est de ce roman cette force, cet atout, la découverte. Simonetta Greggio s’identifie parfaitement à cette femme qu’elle encense depuis son enfance, c’est sa muse, son idéale, un miroir d’identité, ce roman est une déclaration d’amour pour cette grande dame de la littérature Italienne et je terminerai par cette phrase de Simone Weil.

« Notre vie réelle est plus qu’aux trois quarts composée d’imagination et de fiction ».

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Elsa mon amour

Je n’avais jamais lu Elsa Morante. Je ne connaissais rien d’elle. Seulement qu’elle avait écrit La Storia. Après avoir refermé le livre de Simonetta Greggio, j’ai l’impression d’avoir vu Elsa Morante se métamorphoser en deux jours – le temps qu’il m’a fallu pour lire Elsa mon amour. Tout prend vie au travers des yeux d’Elsa, comme une sorte de récit en calque: chaque crainte avouée, chaque souvenir remémoré, chaque silence muré dit d’Elsa plus que n’importe quelles autres paroles rapportées. C’est une intimité en mouvement que s’attache à créer Simonetta Greggio. Un portrait dans toute son inconstance et ses failles. Une fulgurance d’une rare beauté.



« Que reste-t-il de l’enfance si ce n’est des instants figés comme des photos dans la mémoire. Le moment où l’on a cueilli une primevère, un printemps perdu d’il y a soixante ans, la curiosité répétée pour ce nid de roitelets qui obligea la mère oiseau à fuir, laissant mourir ses petits – et quelle honte en avait-on éprouvée –, la fois où, bras et jambes en croix, étendus sous cet arbre en fleur, on s’était dit : Je me souviendrai toujours de cet instant. Que reste-t-il de l’enfance, si ce n’est une passerelle magique jetée entre les deux rivages d’une vie, pour peu qu’on ait le courage d’imaginer qui on est, qui on veut être. Qui on a été.

L’enfance du début. L’enfance de la fin. »



Elsa Morante a vécu un parcours atypique fait de renoncements et de coups d’éclat. Elle avorte, fuit la guerre, veut bouleverser la société et surtout la littérature. On entre dans ses pensées de femme libre, cherchant à vivre de sa plume, à imposer son talent, on entre dans sa carrière, dans son Italie familière, mais on entre surtout dans son regard, celui qui nous raconte la vie tout simplement.



Simonetta Greggio prend la parole pour redonner voix à Elsa Morante. Et quelle voix ! D’un souffle ténu, elle époussette les contours de la vie de la romancière italienne pour la faire apparaître là, fragile, plus vivante que jamais. Un portrait d’une sensibilité folle, qui se construit par bribes. Elsa Morante se dévoile à nous en pudeur ; puis elle se fait plus furieuse et se sculpte dans toute sa provocation. C’est une véritable prouesse que nous livre ici Greggio : dès les premières pages du récit, sans même de préambule, on sent le texte tout entier se gonfler de la présence d’Elsa et chaque pensée, chaque ressenti, trahit sa présence. Dès le début c’est sa voix que l’on entend et qui ne nous quittera plus. C’est Elsa qui se raconte, Greggio disparaît. Elle ne refait surface que brièvement, avant certains chapitres, pour apporter une hauteur de vue sur la vie d’Elsa Morante. Pour replacer l’individu au centre de son époque, de son temps, elle qui avait toujours tendance à se désaxer pour fuir la vie et ses impératifs. On ne sait plus si on est face à l’écriture de Simonetta Greggio ou la voix d’Elsa Morante. Elsa mon amour est un portrait sculpté dans l’immédiateté des émotions, un portrait saisi là où la vie se fait volcan en fusion, impétueuse et changeante. La voix d’Elsa qui traverse tout le texte porte les stigmates des regrets et des désirs inavoués, des joies éphémères et celles qui semblent éternelles. Elle porte et transporte. Ce n’est pas de l’intimisme pour de l’intimisme, chaque ressenti personnel a vocation à être universel. A nous toucher dans ce que nous avons de plus dissemblable. Chaque paysage observé par Elsa est fait sien, chaque visage est refaçonné selon elle, chaque odeur, chaque rire, chaque frémissement du quotidien raisonne en elle puis en nous. Un effleurement du monde comme une caresse. L’écriture de Greggio est un frisson de joie qui parcourt le lecteur. Un frisson qui empoigne. Elle a su capter toute la fulgurance et le tumulte qu’une vie peut comporter. Elsa mon amour est une pulsation constante. Qui emporte les amitiés, l’amour et les pays dans son sillage. Une pulsation qui tranche, qui fait vibrer, qui raccommode. C’est peut-être la vie ou même la mort que l’on sent bruire derrière chacun des mots.



« Il fait un temps de chien cette année-là, avant même le début de l’hiver, un temps à dissuader de sortir. Dans les rues de plus en plus sombres du centre-ville, une forêt de parapluies se lève et s’épanouit au rythme des averses qui durent parfois tout le jour. La pluie tombe droit. Elle ruisselle sur les façades noircies des immeubles sans les laver. Au contraire il semble qu’elle les barbouille davantage, mêlant sa grisaille à la suie. Elle crépite sur les trottoirs. Au-dessus des avenues, le ciel n’est plus le ciel. Il paraît couler lui aussi comme un fleuve à l’envers, par-dessus les toits, un fleuve gris de nuages uniformes et tumultueux, roulant les uns sur les autres et tonnant parfois comme s’ils s’entrechoquaient. »



D’une élégance folle et farouche, Elsa mon amour s’affirme comme le roman d’une vie. Celle que Simonetta Greggio a su insuffler pour qu’Elsa Morante se détache du papier. Celle qu’elle a su capter dans l’essence de tous les instants. La justesse de ton de Greggio permet toutes les nuances ; elle peut draper les existences de toisons fragiles comme elle peut trancher à vif dans la chair. Elsa mon amour est tumultueux comme une passion. Délicat comme une floraison. Merveilleux comme seuls peuvent l’être les romans qui ont su capter l’essentiel et se délester du reste.
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Elsa mon amour

Le 20ème siècle semble avoir étant le siècle des femmes d'écrivain injustement connue et reconnue. Elsa Morante joue l'épouse bafouée de Moravia pendant plusieurs décennies, enfouissant son talent sous l'aura de son mari. Dommage pour la littérature européenne.
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Elsa mon amour

Dans "Elsa mon amour", Simonetta Greggio nous fait vivre les moments forts de la vie d’Elsa jusqu’à sa mort en 1985. C'est toute la magie de son roman qui nous révèle au creux de l’oreille l’enfance, les souvenirs, la vie d’Elsa Morante. Cette vie qui aura toujours comme fil rouge l’écriture, oxygène indispensable à sa survie.

Elsa la brune à la chevelure indomptée est née pauvre en 1912 à Rome, ville où elle habitera jusqu’à sa mort. Adoptée comme ses frères par son beau-père, elle devient alors Morante. Toute petite déjà, elle écrit des nouvelles que sa mère va vendre dans les rédactions.

Nous la suivons de son enfance pas toujours facile à sa vie de femme. Vers 1930, elle abandonne ses études, vivotant en écrivant et en donnant des cours. Puis elle épouse Alberto Moravia en 1941. Elsa aura vécu cinquante ans mariée à Moravia, 23 ans ensemble puis 27 ans séparés mais toujours mariés. Moravia jaloux ? Sans doute pas, mais résigné. Moravia a toujours su qu’il était un écrivain mais que sa femme avait beaucoup plus de talent et de génie que lui.



L'auteur nous entraine avec bonheur et nostalgie dans la vie d'Elsa...



Lire la suite de la chronique sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/28/elsa-mon-amour-simonetta-greggio/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Elsa mon amour

Voici la biographie romancée d'Elsa Morante, écrivain, poète et traductrice née le 18 août 1912.

Elle épouse Alberto-Moravia en 1936, mariage qui durera jusqu'à sa mort le 25 novembre 1985.





Lors de courts chapitres qui commencent souvent par: Il pleut .......Simonetta Greggio redonne voix à Elsa .

Cet ouvrage est l'histoire de sa vie .



Les chapitres denses, à l'écriture poétique et imagée sont ponctués de fragments de journaux, de poèmes et de lettres .

D'autres évoquent avec une tendresse non dissimulée, une passion et une précision étonnantes, les réflexions intimes du personnage .

Un chapitre est consacré à l'adaptation- traduction de l'auteur de lettres envoyées à un amant non identifié d'Elsa . .......



Simonetta Greggio décrit l'enfance d'Elsa qui habite dans un quartier populaire du Testaccio à Rome.

La famille déménage en 1922.

Lorsqu'elle a six ans Maria Guerrieri Gonzaga Maraini , sa marraine " tombe amoureuse " de la petite fìlle " aux yeux cernés " et l'emmène quelque temps " vivre dans son jardin" .



Elle commence à cet âge à écrire déjà de brèves nouvelles et des fables pour enfants .

"Qui était cette enfant qui dormait avec les chats errants , qui réinventait sans cesse les vêtements et les objets, la laideur m'a toujours mise de mauvaise humeur ......cette fillette qui ne jouait avec les autres enfants que lorsqu'elle pouvait les mettre en rang et leur faire la classe "......



Entre 1928 et 1930 Elsa termine ses études.

Elle désirait vivre à tout prix de son écriture et apprendre à voler de ses propres ailes, ce qui à l'époque était peu commun pour une femme........

Elle se revendique " écrivain" et non pas " écrivaine ".

Le lecteur découvre sa rencontre avec Alberto Moravia, déjà célèbre, leurs rapports pour le moins tumultueux , tout au long de leur histoire vive ------vingt - six ans ------et tout au long de leur histoire" morte-"---- vingt - trois ans supplémentaires ...



Il était inconstant, passionnel, vite lassé, infidèle, indéchiffrable .



Elle préfére de beaucoup les chats et les animaux en général aux humains .



Où l'on croise Paolo-Pasolini, assassiné en 1975, Visconti, Bill, le jeune amant, Anna Magnani, Maria Callas , Calvino et Pavese , Malaparte et Curzio , Rilke et bien d'autres talents, le pan entier d'une époque ....



C'est un ouvrage pétri d'humanité , à la fois intime et joyeux , lumineux , mélancolique et profond, un récit intense , minutieux un témoignage au plus près où l'on sent à chaque détour de page l'admiration , voire la fascination de Simonetta pour Elsa, sensuel, touchant et audacieux totalement voué à la compréhension de Morante.



Elle était énigmatique et sensuelle , tactile et coléreuse, entière et boudeuse, à l'existence tournée exclusivement vers la magie et le travail de l'écriture .

Elle désirait être heureuse et être aimée.

Elsa " la mordorée" , après des mois , des années de travail acharnés possédait un talent et une force de vie prodigieuse.

Elle voulait changer le monde, à la quête d'elle - même lors de la création littéraire.

Écrire jusqu'au bout . .....

Je remercie Masse Critique et Babelio pour l'envoi de ce livre de la rentrée et les éditions Flammarion.

J'ai hésité longtemps entre quatre * , trois * et demi !

Il ne faut pas en tenir compte .....

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Elsa mon amour

Si je connais de nom Elsa Morante, je n'ai rien lu d'elle. Cette biographie me sert donc d'introduction et je me promets de lire au moins la Storia très prochainement. Cette biographie est-elle désinvolte, amicale ou commérage?



De nombreux personnages, écrivains ou cinéastes,  apparaissent dans ce roman. Parfois furtivement, parfois ils ont droit à tout un chapitre et même plusieurs. Moravia, son mari est plutôt décrit comme compagnon d'écriture et de travail que comme amant ou mari. A la fin :  longue citation du Mépris, tel que Godard l'a filmé. Portrait vachard comme celui de Malaparte sous un jour peu flatteur.  Personnages mondains comme les  Agnelli, Virginia et Eduardo du temps du fascisme - personnages influents dans l'Italie d'alors. Avec beaucoup plus de tendresse : Anna Magnani,  Pasolini qui traverse le roman à nombreuses reprises. Très belle évocation de Leonor Fini. Plus équivoque, le personnage de Visconti avec qui Elsa a entretenu une relation plutôt univoque. Fellini, Pavese...combien d'autres? Toute une période de la vie intellectuelle italienne. Un peu "people" quand même. L'auteure a-t-elle évité l'écueil du commérage?



Histoire d'amour avec sa ville de Rome  où j'ai eu plaisir à y retourner :



On peut aussi faire une lecture historique, s'intéresser au rapport entre les intellectuels et les puissants au fascisme, s'intéresser à la façon dont deux écrivains juifs (à moitié mais les Allemands ne faisaient pas dans la nuance) ont traversé la période de la guerre.



Bizarre! je me suis plus attachée aux comparses qu'à Elsa elle-même. Peut être parce que ces amis faisaient partie de sa personnalité?



elle écrit aussi



"Pourquoi croit-on que les écrivains écrivent, si ce n'est pour prêter leur voix à ceux qui n'en ont pas - qui n'en n'ont plus?"



Comme si l'évocation de ses amis étaient l'essentiel de sa vie? Il faut vraiment que je lise dans le texte!








Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Elsa mon amour

Suspense...suspense. Retrouvez ma critique le 15 août !





Ajout du 15 août (comme promis et afin surtout de respecter la volonté de l'éditeur car cet ouvrage est annoncé pour la rentrée littéraire) :



Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio ainsi que les éditions Flammarion pour l'envoi de cet ouvrage que j'ai eu la chance de lire en avant-première même si celui-ci ne sortira qu'à l'occasion de la rentrée littéraire.

« Il pleut », voilà l'amorce qui revient régulièrement dans de nombreux chapitres, comme une ritournelle mais qui n'annonce souvent rien de bon, ou alors des soucis en prévisions. Ici, Simonette Greggio nous invite à découvrir la vie, romancée bien sûr, donc si vous préférez une biographie fictive (bien que les dates soient scrupuleusement respectées), d'Elsa Morante. J'avoue à ma grande honte que je connaissais certes cette grande dame de la littérature mais uniquement de nom, tout comme j'ignorais qu'elle avait partagé sa vie avec un autre grand nom de la littérature italienne que fut Alberto Moravia. Mariage sans amour, celui auquel elle s'attacha le plus, fut Billy Morrow, un peintre sans talent à l'époque avec lequel elle ne partagea qu'une relation platonique étant donné que ce dernier était homosexuel. Elle ne cesse, enfin la vois de Simonetta Greggio, à travers laquelle c'est celle d'Elsa qui parle, ne cesse de déplorer son cher Billy, qu'elle a perdu trop tôt, tout comme nombre de ses amis d'ailleurs, Cependant, c'est le tragique accident (une période de troubles plane cependant sur cet accident tel qu'il est narré ici) qui coûta la vie à « son cher Billy » qui la traumatisa le plus. Elle eut également d'autres relations, extraconjugales cette fois-ci avec Luchino Visconti, ce dont Moravia n'ignorait pas, et je crois à la manière dont cela est raconté, que c'est elle qui en souffrir le plus ; Moravia ne s'étant jamais écarté d'elle ou ne lui ayant jamais fait le moindre reproche.

Un roman biographique plus qu'une biographie au sens propre du terme ; toujours est-il que le lecteur a l'impression de lire les mémoires d'Elsa Morante en personne tant l'auteure s'efface derrière elle pour lui céder entièrement la parole. Ce qui est sûr et certain (à mon humble avis), c'est que « Elsa mon amour » va longuement faire grand bruit (et en bien) lors de cette rentrée littéraire 2018 !
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Elsa mon amour





Je commence par remercier Masse critique et les éditions Flammarion pour ce cadeau

L’italien étant ma première langue, je m’intéresse à son Histoire et à sa littérature.

J’avais lu « La storia » et « L’île d’Arturo ». C’est un bonheur de retrouver leur auteur. Deuxième bonheur important : Simonetta Greggio, beaucoup lue et toujours appréciée.

Me voici en territoire familier.

Le je narrateur n’est pas Elsa, mais Simonetta qui parle pour elle et prend soin de préciser qu’il s’agit ainsi d’une œuvre de fiction. Les personnages et les faits connus sont réels.

Car seule Elsa connaît la vraie Elsa.



L’enfant Morante était précoce et savait lire à quatre ans avec l’aide de sa mère institutrice. Elle a écrit des histoires dès son plus jeune âge et avait la conviction d’être née pour cela.

Si j’avais lu l’écrivain, je ne savais rien de la femme. Celle que présente Simonetta Greggio a « un sale caractère » , « le verbe haut, l’imagination rapide » .Comme sa mère.

Elle vit pleinement ses colères, ses ivresses, ses passions. « La vie est une folie sinon elle ne sert à rien ». et aussi « Risquer ma vie à chaque amour ».

La nostalgie est la dernière compagne d’Elsa, dans sa « cabane enchantée au milieu du jardin », avec ses chats et sa chienne Neve.

C’est rempli d’émotions une fin de vie.

« Appréhender la lenteur, pour moi qui ai vécu le souffle court, c’est le dernier défi ». « M’appartenir, c’est les admettre (les vieilles blessures), les revivre, les nettoyer »

Ses amis disparus l’accompagnent : « Je vous vois mes jeunes et beaux amis, jeunes et beaux pour toujours ». « Je n’ai pas besoin de vos photos, vos visages défilent devant moi un par un « .



Elsa plus vivante que de son vivant grâce à l’écriture de Simonetta Greggio, son lyrisme, son amour enthousiaste qu’elle nous transmet si bien et qui m’émeut profondément.

La qualité du livre est due à son talent. Merci encore.

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Elsa mon amour

Elsa Morante est une autrice des années 50, connue pour avoir écrit L'île d'Arturo, pour lequel elle est la première femme à remporter le Prix Strega et est l'épouse d'Alberto Moravia, auteur du fameux Mépris, adapté au cinéma.



Femme de caractère et d'une grande sensibilité, elle dut affronter une enfance marquée par son passage chez sa tante qui l'utilisait comme petite-fille modèle lors de ses réceptions. Une enfant hantée par des cauchemars et surtout l'absence de son père biologique. Reconnue par un autre homme qui ne lui apporta pas un exemple de figure paternelle, elle eu des rapports compliqués dans ses relations amoureuses.



Simonetta Greggio lui redonne une voix. Elle nous entraîne dans les pas de cette femme, dans ses pensées et dans son art. Nous sommes Elsa, penchée sur son bureau, devant la feuille blanche, entourée de ses chats. Nous sommes cette adulte qui se souvient de ses cauchemars d'enfant. Nous sommes cette femme amoureuse, en colère contre son compagnon. Nous sommes ses cris de joie et de détresse.



A travers une narration descriptive, l'autrice nous conte la biographie de cette femme émancipée mais prise dans l'étau trop serré de son temps pour les femmes. Une volonté de se montrer forte, de prouver au monde qu'une femme peut écrire. Mais il y a toujours l'ombre de Moravia, qu'il ne faut pas blesser. On lui laisse la première place. Considérée à tords, seulement comme la femme de, Simonetta Greggio nous fait découvrir son talent.



Le portrait d'une femme artiste qui mérite d'être lu !
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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Elsa mon amour

Avec souffle et audace, Simonetta Greggio se glisse dans la peau de l'auteure de «La Storia», Elsa Morante (1912-1985), épouse d'Alberto Moravia, amie de Visconti et Pasolini. Ce récit très personnel nous projette dans les textes, les rêveries et les grands tourments d'une femme fascinante.
Lien : http://bibliobs.nouvelobs.co..
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Elsa mon amour

Lu dans le cadre du prix des lecteurs du salon littéraire La grande évasion de Pessac 2019.

Ce roman brillant dresse le portrait de la flamboyante Elsa Morante. Son enfance entre dénuement et faste, entre sa mère qui adule le talent de sa fille-écrivain et sa marraine qui lui fait côtoyer la richesse.

Une écriture très poétique qui donne envie de découvrir l'oeuvre d'Elsa Morante que je ne connais pas. Certains passages digressifs font cependant perdre de la force à ce récit.
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Elsa mon amour

Avoir la possibilité de lire le roman de Simonetta Greggio avant sa sortie, c'est un magnifique cadeau ! J'en remercie infiniment Masse Critique de Babelio et les éditions Flammarion.

"Le monde se divise en deux : ceux qui idolâtrent Elsa Morante, et ceux qui ne la connaissent pas."(p.232). Je fais partie de ceux qui connaissent le nom d'Elsa Morante mais qui ne l'ont jamais lue. L'approcher par le roman que Simonetta Greggio lui consacre est, je crois, une chance inestimable car le récit distille toute les facettes de l'amour signifié par le titre : l'amour d'Elsa et les amours d'Elsa.

L'auteur imagine Elsa Morante à la fin de sa vie, alors que, malade, celle-ci ne sort plus de chez elle mais continue d'écrire une forme de journal, comme l'on range sa maison avant de partir pour toujours. Passé et présent s'emboîtent dans un flux qui fait alterner les souvenirs et la description du quotidien. le récit de ces moments vécus dessine le portrait d'une femme exceptionnelle, d'une femme en quelque sorte vouée à l'écriture depuis sa naissance. Les éléments biographiques tracent les contours d'une existence imprégnée d'amour donné et reçu, dans un jeu d'ombre et de lumière. Lumière de l'amour vécu avec Alberto Moravia, des séjours à Capri, des amitiés fiévreuses pour Pasolini et pour Bill Morrow. Ombres laissées par leur mort, par les trahisons de Moravia, par la maladie, par la fuite de la jeunesse et de la beauté.

A la tonalité élégiaque du récit au présent répond l'acuité de la pensée et la fougue intacte qui transparaissent dans l'évocation du passé. La subtilité de ce tissage laisse entrevoir la complexité d'une personnalité inclassable, riche de toutes ses contradictions, affranchie des conventions, et pourtant profondément cohérente. Au moment où Simonetta Greggio écrit ce roman, Elsa Morante est morte depuis plus de 30 ans et l'on ressent à chaque page cette imminence de la disparition, de l'effacement inexorable et la puissance des regrets qui s'invitent dans les ultimes instants. Pourtant, la vie s'inscrit dans chaque page, à la fois par la poésie des images et par la vivacité de l'écriture.

Dès la première page, ce roman m'a envoûtée et le sortilège continue son effet. Plutôt que d'en parler indéfiniment, j'ai simplement l'envie de dire qu'il est beau. Autant par ce qu'il dit que par ce qu'il tait. Autant par son sujet que par la manière dont celui-ci est traité. Autant par l'atmosphère que par l'histoire. Autant par sa puissance que par sa retenue. Parfaitement beau.

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