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Critiques de Simonetta Greggio (358)
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L'ourse qui danse

🐻‍❄️Chronique🐻‍❄️



L’ourse qui danse

Simonetta Greggio





J’intercède. J’intercède pour l’ourse qui danse. Je lui cède la joie, la beauté, les confins. J’intercède pour la nature, l’ourse, la vie. J’interagis avec leurs légendes, leurs survies, leurs droits. J’intercède pour cette ourse polaire, et j’ai l’espoir que cette prière venue du fond des âges du futur ou passés, viendra vous toucher aujourd’hui. Il y a urgence. Il y aura urgence. Il y avait urgence. Il y avait urgence même, mais l’homme blanc, dévoreur de territoires, a volé ceux des Inuits. Il y avait urgence, mais du fin fond du froid, personne n’a vu le carnage. L’effet miroir est trop aveuglant. Mais maintenant, il y a urgence. Il y aura urgence. Urgence climatique. Urgence de réparation. Urgence de préservation. La banquise se meurt, et son système écolo-politiquo-sociologique est à l’agonie. La biodiversité est en voie de disparition. Et les ursus maritimus se raréfient dans le paysage. La mort arrive. Les virus aussi. La perte du tout est imminente.

Si le savoir ancestral se perd, la langue aussi. Pourtant, leurs mots sont si beaux, si poétiques. A force d’arrachements, le peuple inuit perd son lien avec les esprits, la nature, la vie. Alors qu’il aurait tant à nous apprendre. Mais encore faut-il regarder dans le miroir…Encore faut-il le courage de comprendre que les tuer, eux, c’est nous tuer, nous. Un reflet que nous ne sommes pas prêts à réfléchir.

Et pourtant, grâce à cette histoire de renaissance, Simonetta Greggio, renoue un lien. Le lien ténu entre homme-nature, le lien entre homme-fauve, le lien homme et grands espaces. Une invitation au chamanisme, mais pas seulement: une redécouverte avec le Vivant. Une quête initiatique qui fleure bon l’aurore boréale et la tanière de l’ourse. En effet, l’Inuit, scindé en deux par l’Histoire, en rencontrant l’ourse, va réapprendre la nécessité de l’humilité, de la réconciliation, de la bienveillance. Il va ré-mesurer l’état de vulnérabilité, de maîtrise, de l’implacable. Et trouver la voie d’un porte-parole de sa communauté de par le monde…

Entre le conte et le récit engagé, le sauvage délivre ses problématiques et c’est bouleversant. Le cri est puissant. Le requiem harmonieux et déchirant. L’ourse et l’Inuit ont une peine que j’ai décidé de serrer dans mon cœur. Comme la terre, moi aussi, j’ai pleuré tout ce que j’avais. Noire est la nuit qu’il m’est restée. Mais les étoiles de la Grande et Petite Ourse continuent de briller, dans mon ciel. Et j’intercède pour elles. Elles, qui dansent dans mes yeux, pour ne plus jamais s’en revenir, éteintes. Je veux les voir libres, entre nos deux mondes…Et si je vous dis, que j’ai lu et adoré L’ourse qui danse, est-ce que vous intercéderez aussi en sa faveur?
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Mes nuits sans Bardot

Mes nuits sans Bardot de Simonetta Greggio

Albin Michel



D’abord son insolente beauté, peut-être est-ce réducteur de commencer par cela ? Et pourtant, Bardot a crevé les écrans...

Ensuite, au-delà de tout ce qui a été dit, il y a sa pertinence, sa répartie et surtout cette farouche liberté au nom de laquelle, elle n’a jamais plié.

Et puis Simonetta Greggio. Je voulais savoir comment la plus française des auteures italiennes s’était emparée du sujet. J’avais aimé ses lignes pour Elsa Morante, Aimerai-je Bardot ?

Parce que de Bardot, tout a été dit, presse, films, téléfilms, livres, confessions et même les mémoires de l’intéressée en personne.



La narratrice se rapproche de la Madrague, chaque nuit, elle dépose une lettre sous le caillou devant sa porte. Elle voudrait s’assurer que BB est toujours là, en vie, derrière sa porte, avec ses chiens et ses souvenirs. Elle voudrait une réponse, un mot, un signe.

Bardot a deviné la présence, recueille les lettres, les lit et revisite sa vie.

Dans sa maison au bord de la plage, les murs sont très hauts et le froid plombe les nuits. C’est auprès des chiens que Brigitte trouve la chaleur, le réconfort et l’amour. Les souvenirs s’invitent : les hommes, l’amour, la fidélité, la maternité, le cinéma, l’oubli, le droit à l’oubli.

- J’ai été touché par la rencontre de BB et Marylin et des propos rapportés au sujet du film des Désaxés, pont avec le livre de Tatiana de Rosnay.

- J’ai aimé les retrouvailles Bardot-Gainsbourg à la Madrague, tant d’années après leur romance, ils ont plus de 50 ans et le temps qui a passé se fait plus pesant que jamais.

- J’ai aimé l’aveu de Marguerite Yourcenar à l’encontre de la star.

- J’ai aimé.



Dans cette longue introspection à deux entrées, deux femmes se confient à la nuit, ouvrent leur cœur, à tour de rôle.

Pas de scoops véritables mais une solide documentation pour un portrait de femme attachant, une femme libre avant l’heure, une vie de désillusions et le chemin sans détour vers la cause animale, déçue par les hommes, elle se consacrera aux bêtes.

Une biographie déguisée, qui ne manque ni d’humour ni d’émotion.

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Mes nuits sans Bardot

Dans cette fausse biographie mais vraie radiographie amoureuse, Simonetta Greggio nous embarque dans un vagabondage romancé qui est aussi une ode à une femme libre piégée dans les phares aveuglants du septième art. Drôle et émouvant.
Lien : https://www.lesechos.fr/week..
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Mes nuits sans Bardot

Dans un roman épistolaire à sens unique, l'auteure raconte la vie de l?actrice et un peu de la sienne aussi. Un voyage qui passe du noir et blanc au cinémascope.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
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Dolce Vita: 1959-1979

J'ai entamé ce livre en ne connaissant rien à l'histoire italienne. Alors parfois, les noms et les références, je ne les avais pas. Est-ce que cela m'a gêné dans ma lecture ? Absolument pas. Simonetta Greggio sait transmettre l'ambiance, les éléments importants de l'histoire italienne. Alors même si je n'ai pas retenu tous les noms, que j'ai compris certains éléments sur le tard, j'ai véritablement voyager dans le temps et dans l'espace. On s'imagine tellement les personnages, les lieux, le moments... les odeurs parfois, les sentiments beaucoup... la colère aussi. Qui sont les gentils ? Qui sont les méchants ? Nous sommes tous gris. Certains gris foncés. Que se cache derrière le masque de la Dolce Vita ? Cette période porte-elle bien son nom ?

Ce livre m'a fait beaucoup réfléchir. Ma  grand-mère est italienne, j'y vais tous les ans, je connais l'Italie... du moins c'est ce que je croyais. Ce livre m'a également permis d'ouvrir le dialogue avec ma famille, sur un passé dont j'ignorais l'existence. Et l'autrice... la question qui me reste en suspend est : qu'elle relation entretient-elle avec son pays d'origine ?

Bref, je n'irait pas plus loin, je laisse découvrir. Mais pour une fois, je mentionnerai que c'est un livre lourd à porter, parfois compliqué, qui demande de la concentration et qui parle beaucoup de politique et faits divers. Alors il n'est peut être pas adapté à tous les lecteurs
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Bellissima

Le titre est trompeur, car l'histoire qui est racontée, celle de l'autrice est noir. La face obscure de ce charmant pays. La mère que sa mère abandonne à 5 ans à bord d'un train pour la sauver des chasseurs de juifs, est recueillie par un couple aimant qui la dorloteront. Lui est fasciste parce que c'est plus facile, c'est un père et un grand-père tendre, jardinier et rêveur. L'enfant devient une beauté, une reine de beauté. Elle épouse un homme faible et violent à la fois qui passe sa rage sur sa fille, Simonetta, sans que jamais elle n'en sache la raison. Toute jeune femme, elle quitte les lieux qu'elle aime, le pays qu'elle aime, pour fuir les monstres enragés que sont devenus son père et son pays. Le sang coule à nouveau dans les rues, il n'y a plus de fascistes, les raisons ne sont plus les mêmes, mais la violence est identique.
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L'ourse qui danse

Comme beaucoup d'amérindiens, cet inuit a été éloigné des siens pour être "occidentalisé" dans un pensionnat où on fait tout pour faire disparaître la langue et les traditions autochotones. Partiellement intégré, il est devenu prof mais il éprouve le besoin de retourner au pays natal où vivent ses deux soeurs; il rtrouve la chasse rituelle mais maladroit, en visant l'Ourse, il tue son petit.La mère cherche à tuer le tueur: grigges, crocs contre coups de couteau.

L'Ourse perd le combat mais entraîne le blessé dans sa grotte. Elle va le soigner! Une union sacrée entre l'homme et l'animal.

Des années ont passé, l'inuit a retrouvé ses soeurs et celle qu'il aimait; il est devenu le porte-parole de sa communauté. Faire reconnaître leur existence face aux prédateurs blancs.

Il se marie et adopte l'enfant né du viol de sa compagne. Un jour poussée par la faim l'ourse réapparaît. Tendres retrouvailles interrompues brusquement!

"La terre toute entière a pleuré

une lecture agréable et très émouvante.
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Elsa mon amour

C'est parce que je suis tentée par la lecture d'un roman d'Elsa Morante que j'ai ouvert "Elsa mon amour", la biographie romancée de l'autrice italienne écrite par Simonetta Greggio. Je voulais un peu mieux la connaître puisque je ne l'ai jamais lue et que "L'île d'Arturo" est un cadeau qui trône dans ma PAL.

Alors que son titre fait penser à une grande amoureuse "Elsa mon amour" m'a déçue sur la forme et sur le fond même si Elsa Morante est une grande écrivaine du 20ème siècle (il me reste à la lire pour en être certaine).



Simonetta Greggio se met dans la peau d'une femme admirée dont la vie littéraire est riche et croise sa vie amoureuse.

Petite, elle passe beaucoup de temps chez sa marraine qui aimait les femmes et c'est comme si l'autrice voulait montrer qu'Elsa était toujours entourée d'homosexuels, son père d'abord qui n'est pas son père biologique, Visconti qu'elle aimait, ses grands amis Pier Paolo Pasolini ou Bill Morrow, mais on ne sait pas dans quelle mesure cela influence ou pas son oeuvre ou sa personnalité.

Il y a surtout sa vie amoureuse et houleuse passée avec son mari Alberto Moravia entre Rome et Capri. Il la trompe ouvertement et elle est très malheureuse, jalouse de cet homme qui a reçu le prix Nobel de littérature alors qu'elle "a l'intime conviction d'être aussi bon écrivain que lui - meilleure que lui en vérité -" (c'est écrit comme ça). C'est une femme de caractère qui souffre par amour décrite dans ce roman et qui se réfugie dans l'écriture.



Malheureusement je trouve que ce sujet n'est pas suffisamment développé. La narratrice parle plus du Mépris de Moravia que de ses propres romans sur lesquels je n'ai donc rien appris et s'éternise sur ses chats en plaçant toujours les animaux au-dessus des êtres humains, comme elle le dit honnêtement.

Entre les chapitres, il y a de brefs extraits biographiques qui donnent un côté formel au roman et des textes en italiques sans référence dont on apprend à la fin que ce sont des citations (on s'en doute mais j'aurais aimé connaître la source).

Tout cela ne m'a pas profondément passionnée alors que j'attendais un émerveillement adorant la littérature du 20ème siècle, les femmes de caractère et l'Italie. Il faut absolument que je lise Elsa Morante pour ne pas rester sur cette légère déception.





Challenge Entre-deux 2024

Challenge Coeur d'artichaut 2024

Challenge Plumes féminines 2024

Challenge Multi-défis 2024

Challenge Gourmand 2023-2024

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Bellissima

Je n'ai rien compris à l'histoire ! On dirait que l'auteure a ecrit un livre dont il ressort certains passages tres bien ecrit, decrit au niveau paysages..d'une belle poesie mais qui au final a mélanger toutes les pages !

Ca fait l'effet d'une histoire toute decousue ! C est dommage.

Je suis fan de l Italie mais entre elle et P Cognetto je viens d'etre bien decue !
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L'ourse qui danse

Certains petits livres laissent une grande impression. Ce fut le cas avec L'ourse qui danse dès la première phrase :

"Je suis un Homme. Tel est le nom que nous nous donnons les uns les autres.

Pour vous, je suis un Inuit".



A travers la quête d'un homme, c'est un peuple que nous découvrons avec ses renoncements et ses failles. Entre passé et présent, rites de passages et réalités contemporaines, nous plongeons dans le froid arctique, nous marchons sur la banquise, et surtout, nous allons à la rencontre de l'ourse.



J'ai été touchée par cette histoire, par cette relation entre l'homme et l'animal, par cette connexion avec la nature et son côté bestial. Je suis ressortie de cette lecture la larme à l'oeil et le sourire aux lèvres.







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L'ourse qui danse

J'ai tout de suite été séduite par ce petit livre au format carré avec son titre si poétique, l'infinie douceur de la couverture tirée d'une photographie en noir et blanc d'une ourse polaire endormie. J'ai eu envie de partir à la rencontre d'un peuple qui m'a toujours fascinée par sa mythologie, ses croyances et ses rituels chamaniques.



L'ourse qui danse, c'est tout d'abord un hommage à Davie Atchealak, un des plus grands artistes inuit du XXème siècle. Si l'autrice témoigne d'une identité culturelle sacrifiée, en choisissant pour titre le nom d'une de ses sculptures, elle illumine ce récit d'un des animaux les plus emblématiques et symboliques du milieu polaire, l'ours blanc. Elle en fait même le personnage central.



*

Imaginez une immensité immaculée et sans frontière jusqu'à ce que les hommes blancs arrivent avec leurs rêves de richesse et de grandeur, leur dogmatisme religieux, méprisant toute vie humaine, piétinant le mode de vie et la culture des communautés autochtones.



L'homme qui se présente à nous est un Inuit d'une quarantaine d'années. Enfant, comme beaucoup d'autres, il a été enlevé de force à sa famille par les services sociaux pour être placé dans un pensionnat, scolarisé, évangélisé et assimilé à la population blanche.

Mais, même coupé de ses racines, il ne s'est pas intégré complètement : il est un homme scindé en deux, un homme de nulle part, un étranger.



Pour renouer avec ses origines, retrouver son identité culturelle et se reconnecter avec le monde des esprits, il entreprend de marcher sur les pas de ses ancêtres en partant sur la banquise avec pour seuls compagnons de voyage, un équipage de chiens de traîneau.



« C'est au cours de ce voyage que j'ai rencontré ma destinée. Destruction. Renaissance. »



Très vite, les gestes oubliées reviennent, et avec eux, les souvenirs. C'est un récit riche d'Histoire et de liens très forts avec la nature et les animaux.

Les Inuits croient aux esprits qui habitent tout être, qu'il soit animal ou végétal. Et si la chasse, la pêche font partie de leur mode de vie et sont indispensables à leur survie, ils ont développé une relation intime et respectueuse avec la nature et la vie animale.



« Les animaux que nous mangeons et dont nous nous habillons, que nous exploitons, que nous spolions, sont nos semblables. Nous savons que nous tuons nos frères et soeurs ; et que nous survivons grâce à leur sacrifice. »



J'ai aimé suivre cet homme fragilisé qui redécouvre son monde et ses lois, qui retrouve son passé. Il est comme un enfant qui fait ses premiers pas seul, se libérant d'un carcan social, culturel, politique et économique imposé.

Mais ce qui rend ce roman émouvant, c'est la sincérité de cette quête qui prend toute sa mesure avec sa rencontre avec l'ourse : quête de soi, quête de sens, quête spirituelle, elle sculpte ce long monologue intérieur en digressions et circonvolutions pour nous ouvrir les yeux sur un monde qui vole en éclats.



« Dans la féminité de l'ourse, l'homme et l'enfant en moi se réconciliaient. »



*

J'ai aimé ce roman qui nous entrouvre la porte d'un univers onirique, mystérieux et envoûtant. Simonetta Greggio dessine des paysages d'une beauté sauvage, réussissant magistralement à nous plonger corps et âme dans cet environnement hostile.



« L'aurore boréale, l'arsanek, virevoltait comme une femme aimée qui danse dans ses voiles. Ou comme ces milliers d'oiseaux qui se déploient dans les airs à l'automne, formant les dessins les plus séduisants, les plus changeants et les plus fous. »



En effet, l'autrice a une écriture poétique et profondément bouleversante pour capturer la beauté sauvage de ce monde en souffrance, l'essence de cette ourse majestueuse et puissante, souveraine de la banquise, contrainte à fouiller les poubelles.



*

Entre rêve et réalité, « L'ourse qui danse » est un roman riche en symbolisme et en émotions. Cela aurait pu être un récit âpre, plein de rancoeur et de colère, je l'ai trouvé plutôt sincère, davantage tourné vers le futur que vers le passé, avec de forts messages sur les réalités du changement climatique et la nécessité de modifier nos modes de vie et de consommation.

Coiffée de sa longue traîne de dentelle blanche, on pourrait penser que la banquise est préservée des nuisances de l'homme. Mais il n'en est rien, les Inuits sont aux premières loges pour constater les transformations de leur environnement naturel causé par le réchauffement climatique.



*

Pour conclure, « L'ourse qui danse » est un conte engagé totalement ancré dans les problématiques sociales et environnementales que vivent les Inuits aujourd'hui. Mais c'est aussi un récit tout en nuances, immersif, sombre et délicat, brutal mais beau, captivant et terriblement émouvant, âpre mais poétique. La plume de l'autrice est magnifique et émouvante, envoûtante, mais jamais larmoyante. Autant de qualificatifs pour dépeindre mes émotions à la fin de ma lecture car je dois vous avouer que mes yeux se sont parfois embués de larmes, en particulier à la lecture des dernières lignes qui laissent des pensées tristes et amères.

Pourtant, j'ai envie de garder en mémoire la magie de cette rencontre entre cet homme et cette ourse au regard si noir et pénétrant.
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L'ourse qui danse

La collection musée des Confluences a pour objectif de raconter l’histoire de l’humanité en invitant un auteur à se saisir d’un thème et à l’exploiter. Dans L’ourse qui danse, Simonetta GREGGIO choisi de nous parler d’un peuple dont la culture est méconnue, les Inuits.



Installez vous en tailleur caché sous des épaisseurs de vêtements à l’abri dans un igloo et venez écouter ce conte chamanique à la fois vieux comme le monde et terriblement d’actualité. Nous sommes en train de tuer notre mère la terre, et les Inuits sont en première ligne. Ce peuple n’a toujours fait qu’un avec la nature qui les entoure à l’image des amérindiens. Ils se sont adaptés à une terre de glace, hostile et pourtant aimée. Ils ont survécu à l’invasion de l’homme blanc qui a débarqué avec son éducation, ses maladies mortelles, ses pensionnat, ses règles, son dieu et sa volonté de soumettre nos frères les animaux et la terre qui nous porte.



L’ourse qui danse c’est l’histoire de la quête de soi, de son identité profonde d’être humain, De sa vérité. Celle de cet homme qui arraché à sa culture, n’est plus tout à fait Inuit et pas tout à fait « intégré » comme ils disent.



Pour se trouver il va marcher dans les pas de son père, dans ceux de ses ancêtres. Une quête sur fond de banquise avec pour seule compagnie les chiens, pas ses chiens, son équipe, ses égaux. Ils forment un tout ; un seul meurt et tous risquent la mort. Son rôle d’humain est de chasser pour nourrir le groupe. Nous arrivons là au sujet qui fâche. Les Inuits se nourrissent principalement de viande : phoque, morse, baleine, ours, … et pour cause, vu les conditions de vie impossible de faire son jardin. Certains s’insurgeront mais avant il faut au moins savoir, ne pas juger du haut de notre société « civilisée ». Chaque animal tué l’est à l’issue d’un combat ou parfois l’homme perd jusqu’à la vie, il est utilisé dans son intégralité, remercié pour son sacrifice. Il a vécu en liberté et n’a pas dans le seul dessin de nourrir les hommes. Il n’y a pas de surproduction ou de surconsommation sur la banquise. Les Inuits considèrent chaque animal comme leur frère et ils estiment qu’en tant qu’homme ils font partie de la chaîne alimentaire et sont des proies potentielles. Pas de fusil car les balles sont en plomb et donnent le saturnisme aux enfants. Les Inuits n’ont pas les moyens d’avoir des balles en acier. Ils utilisent leur arc, leur couteau et ont du sang sur les mains. Ils ne délèguent pas : s’ils veulent survivre il faut manger, s’ils veulent manger il faut tuer. Juste ce qui est nécessaire.



L’autrice ne s’étale pas mais pour l’amoureuse des animaux que je suis j’avoue avoir eu la gorge serrée (Petit message personnel:Nico tu ne peux pas lire ce livre). Pourtant j’ai trouvé ce peuple bien moins hypocrite que les occidentaux dans leurs relations à la nature et aux animaux. Il y a un respect de la nature et des êtres vivants et une proximité qui est viscérale.



« Entre vous et nous, il y a une distinction fondamentale. Mon peuple ne s’est jamais mépris sur la malédiction. Les animaux que nous mangeons et dont nous nous habillons, que nous exploitons, que nous spolions, sont nos semblables. Nous savons que nous tuons nos frères et sœurs ; et que nous survivons grâce à leur sacrifice. »



Cette quête dans cette blancheur immaculée prendra un tournant décisif quand il rencontrera l’ourse. Car comme tous les récits initiatiques notre héros rencontrera bien des épreuves avant de se trouver.



Un récit porté par une plume à la poésie envoûtante et d’une vérité déconcertante. La sincérité de ces mots touche au plus profond de l’âme. Ce livre offre une vision honnête de ce peuple et nous renvoie à l’absurdité de notre mode de vie qui nous mène à la catastrophe : « Vous n’avez pas conscience vous-même de la vie de la mort ! Que vous nous imposez.

Que vous vous imposez.

Ou si vous préférez, que vous laissez vos hommes politiques et vos multinationales vous imposer. Il m’aura fallu une vie entière pour comprendre ce que je savais depuis le début : que nous mourrons tous ensemble, vous et nous. Si, ensemble, nous ne trouvons pas le moyen de nous sauver.

Cette histoire est la vôtre, aussi.

Comme dans un miroir.

Reflétée.
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Bellissima

TW : violences conjugales et familiales, violences s3xu€ll3s



🇮🇹 Ce roman est le dernier d’une série de trois ouvrage retraçant l’Histoire de l’Italie et l’histoire de la famille de l’autrice. Commencer par le troisième volet ne m’a pas dérangée dans ma lecture, en revanche, je ne m’attendais pas à un tel récit ni à un tel choc !



Nous sommes juste après la Seconde Guerre Mondiale : Mussolini est mort, mais le spectre du fascisme flotte toujours sur l’Italie. La mère de l’autrice, Amanda, juive, a d’ailleurs été adoptée par Ida et Gino, sympathisants du régime mussolinien. L’Italie se relève, mais les Années de plomb approchent et avec elles, les attentats, enlèvements de personnalités politiques et l’interventionnisme discret des services secrets américains. La corruption fait rage. C’est dans ce contexte très lourd que naît Simonetta. Aînée d’une famille de quatre, elle est la seule fille. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la relation avec son père sera difficile…Violent, la privant régulièrement de sa liberté de mouvement, Nazzareno n’est pas un ange. Simonetta n’aura d’autre choix que de fuir l’Italie, laissant derrière elle son plus jeune frère, son plus grand regret, mais aussi sa mère, « Bellissima ».



Le récit, à la première personne, jongle entre faits historiques, récit familial et temps présent. Se dessine une critique acerbe de la société patriarcale et violente, mais aussi une volonté, parfois gênante d’un point de vue extérieur, de montrer des parts plus « admirables » de la figure paternelle, pourtant inexcusable dans ses comportements. Beaucoup de souffrance se dégage du récit, mais aussi une grande force : celle d’avoir réussi à reprendre sa liberté, malgré le prix lourd à payer. Car comme l’affirme la Simonetta adolescente : IO SONO MIA, je suis (à) moi.


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Bellissima

J’ai ressenti combien l’autrice a usé de courage pour confier ce témoignage en écrivant ses confidences.

« Autobiographie de l’Italie » j’ignorais, commençant ma lecture qu’il s’agissait d’un troisième volet (après « Dolce Vita » et « Les Nouveaux Monstres »).



« Nous connaissons si peu ceux que nous aimons.

Nous connaissons si peu notre propre cœur.

Savons-nous de quoi nous sommes réellement capables, en bien comme en mal ? »



Bellissima m’a semblé le roman de deux violences qui cheminent en parallèle, car les violences familiales racontées sont intimement liées à la violence qui imprègne ce pays qu’est l’Italie durant la période racontée ici.



Portrait autobiographique, c’est une histoire personnelle et intime pleine de secrets lourds et tragiques, mêlée à l’histoire politique et sociale d’un pays durant les années de plomb et de la stratégie de la tension.

Sa ville, Padoue, comme son pays, coupée en deux. Rouge et noir.



Par fragments de souvenirs, l’autrice confie ce qui l’a amené à s’éloigner de ses proches et de son pays natal.

Elle raconte la violence à laquelle elle a été confrontée, celle d’un pays, et celle, familiale. J’ai trouvé très intime ces révélations sur sa souffrance personnelle, que j’ai sentie vécue avec une certaine fatalité, et sans jamais se plaindre.

Politique, mafia, fascisme, pouvoir occulte, sur fond de secrets de famille et secrets d’état.

L’ambiance est à la fois sombre, marquée par le sang, et c’est aussi un hymne à la vie, au courage.



« Je suis née de la fureur d’un garçon timide et du rire d’une princesse au petit pois. Ç’aurait pu être pire. Est-ce que ç’aurait pu être mieux ? »



C’est un récit plein d’intensité et d’abnégation, fulgurant de noirceur.

Mais j’ai ressenti l’évocation par bribes assez surprenante, me laissant un sentiment de décousu ; et j’ai perçu les liens de l’autrice avec ses parents, chargés de complexité et d’antagonisme.



« Les destinées humaines sont des écheveaux emmêlés. Parfois, on tire sur un fil qui se brise net, et c’est fini.

Parfois, patiemment, le fil se déroule, et l’écheveau se débobine, se lisse, s’allonge.

Se déploie. S’amplifie ».

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Bellissima

Simonetta Greggio ne se contente pas de retracer les points forts de son enfance. Elle les confronte à l'Histoire de son pays, l'Italie. Et elle remonte même jusqu'à l'enfance de ses grands parents adoptifs et à l'histoire de ses parents biologiques, au début du siècle. Mais très vite, on sent bien que c'est l'association de la période fasciste avec la violence de son père qu'elle veut mettre en évidence. Mais pas seulement non plus. Car dès l'après-guerre, les deux grands partis de l'époque, la démocratie chrétienne et le parti communiste se rendront coupables de méfaits, de meurtres, de tueries par Brigades rouges interposées. Les groupuscules d'extrême gauche et d'extrême droite se livreront une guerre sans merci mettant à mal la démocratie, et ce dès les années 60. Les années de plomb, la stratégie, de la tension peuvent commencer. Mais là où l'auteure excelle, c'est de connecter cette histoire à la sienne, surtout à travers la maltraitance du père. Son père, pour qui elle éprouve des sentiments très ambivalents d'amour/haine. Les malversations paternelles, en lien avec la grande histoire, au cours des années 70, précipiteront la famille dans l'abîme. C'est quelques années après, en 81, qu'elle choisira de s'exiler en France. Pour autant, elle ne cessera de revenir en Italie dans de multiples aller-retours. Ce pays qu'elle ne cessera d'aimer malgré son impossibilité d'y vivre au vu des malversations politiques en lien avec les accointances mafieuses. Mais elle y reviendra aussi pour ne pas rompre le lien familial malgré tout. Son père, sa mère qu'elle accompagnera jusqu'à leur mort.

Son style est assez journalistique avec des phrases parfois très courtes, qui rendent d'autant plus abrupts ses propos.

L'Italie est un de ces pays qui ne peuvent laisser indifférents. Un pays d'une richesse culturelle incommensurable, mais aux prises avec une démocratie parfois à la limite du totalitarisme. C'est un pays qui, au fil de son histoire, à su faire preuve de résilience à plusieurs reprises, comme le phénix, se relevant à chaque fois de ses cendres. C'est cette histoire là que, à travers son histoire personnelle, nous conte avec brio et tendresse, mais sans concession, Simonetta Greggio.
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La Douceur des hommes

Aimons. C'est ce que ce livre m'auras appris. Aimons, aimons-nous, aimons-les ! Je lis beaucoup de romans féministes ces temps, et je pense que celui-ci m'a ramené un peu de ce pays. Non, les hommes ne sont pas parfaits, parfois, on les déteste... mais on les aime aussi ! Que soit un amant, un mari, un père, un fils... nous aimons nos hommes. Alors certes, dans le livre, il est sujet d'amour romantique, érotique. Mais que la femme parfaite en ce qui concerne ce mot si mystérieux me jette la première pierre ! Simonetta Greggio m'a conquise par sa plume et par le portrait qu'elle dresse des relations de sa protagoniste. Je n'ai qu'un mot à propos de ce livre : aimons l'imperfection, vivons et pardonnons !

C'est un grand OUI pour cette autrice que je découvre maintenant, et que je vais probablement continuer à lire.

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Elsa mon amour

Simonetta Greggio réussit la prouesse de s’immerger et de nous immerger dans le flux de pensée d’Elsa Morante, à partir de ses écrits et de sa correspondance. L’on suit son existence entière, d’abord l’enfance misérable entre une mère omnipotente qui repère très vite son talent et tente d’en tirer profit, et deux figures paternelles qui n’en sont pas. Sa marraine, richissime, lui offre l’occasion de briller en société dès son plus jeune âge, mais très tôt, Elsa démasque les faux-semblants.

De son couple amoureux, amical et intellectuel avec Moravia, de ses aventures et ses amitiés, rien n’est laissé dans l’ombre, pourtant sans vulgarité aucune. Une franchise reflétant l’avance de la grande écrivaine sur son temps. Un chat est un chat, mais l’écriture sensorielle de Simonetta Greggio nous en fait vivre la douleur comme la jouissance.

Une excellente introduction à l’œuvre de la première femme lauréate du prix Strega, et à la vie politique et culturelle italienne du vingtième siècle, grâce aux passages concernant Natalia Ginzburg, Pasolini, Visconti, Léonor Fini, la famille Agnelli, Malaparte, Anna Magnani, et bien sûr Moravia, qui, dit-elle dans une lettre, ne lui a jamais pardonné d’être un génie.
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Nina

J’ai trouvé ce livre très touchant. Au début, j’ai moyennement accroché car on voit qu’Adrien veut mourir et en parallèle on est également triste quand il raconte son enfance en Italie et tout ce qu’il a fait avec Nina sans qu’aucun des deux ne prennent les devants pour s’avouer leur amour mutuel. Très vite, Il va prendre ses médicaments et être dans le coma. Alors le livre prend une autre tournure un peu plus joyeuse avec Emily qui va vouloir aider Adrien pour qui elle a été touchée par son histoire. Les différents personnages interagissent chacun l’un après l’autre et j’ai trouvé ceci très intéressant. On a aussi le point de vue de Nina qui décrit son désespoir et sa soumission à Enzo une fois Adrien parti. A la fin tout fini bien et on imagine que les deux amoureux auront tout à continuer ou recommencer.
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Nina

Une très belle histoire d’amour, mais aussi d’amitiés, de drames et de jalousies. Ce livre démontre que l’on oublie jamais son premier amour, mais il ne tombe pas dans les clichés et dans la niaiserie.



Le début est un peu long, malgré la beauté de lettre d’amour d’Adrien qui permet de prendre connaissance de son enfance, de son adolescence et de sa rencontre avec Nina. À partir du moment où Adrien passe à l’acte, tout s’accélère et on en apprend davantage sur Nina, sur ce qu’elle a vécu et vit. D’autant que le frère d’Adrien et son meilleur ami viennent pimenter l’histoire.



Quelques points du livre sont un peu survolés et peu probables. Mais ça ne gâche en rien la lecture et la passion de ce livre. C’est un joli roman d’amour, bien écrit et avec une belle ambiance.
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Dolce Vita: 1959-1979

Cela doit faire 10 fois que j'essaie d'écrire toute l'admiration que je porte à ce livre (lu il y a déjà quelques temps ) et à son auteur mais je me heurte à un mur. Par quel bout le prendre, le raconter? Allez, zou, tentons le spontané, je me lance.



Il est vrai que ce "roman" est difficile à résumer. Seul point un peu négatif, le prétexte fictionnel nous faisant suivre les derniers instants du prince Malo se confiant au jeune prêtre Saverio, procédé légèrement arbitraire voire maladroit pour dresser un portrait de l'Italie de la fin des années 50 jusqu'à la lisière des années 80 et de l'ascension de Berlusconi.

C'est là le vrai cœur du livre et sa terrible beauté, en faire le roman noir de l'Italie de ces années-là, entre corruption à tous les étages de la politique, éminences grises mafieuses ou vaticanes œuvrant dans l'ombre, Brigades Rouges installant une peur durable à coups d'enlèvements, assassinats et attentats...



Mon tropisme italien me fait dévorer ces pages qui virent à la litanie sanglante dans un chaos géré de main de maître par l'auteur avec une clarté didactique et extrêmement documentée, où l'enchaînement des mauvaises décisions et des drames dessine le portrait d'un pays au bord de l'effondrement moral et politique, débordé par ses paradoxes, jusqu'à l'enlisement des sinistres années de plomb.

Tout ceci pourrait sembler rébarbatif comme un essai politique et pourtant, Simonetta Greggio finit d'emporter le morceau car nous sommes loin d'un article journalistique, avec un style implacable et parfois poétique, et une structure jouant sur les temporalités.



Le cauchemar de ces années est atroce mais passionnant, voire fascinant. Avec, en figures sacrifiées, en plus des anonymes, quelques artistes n'ayant pas voulu se taire (Pasolini, Franca Rame).

Je le redis, la plume de l'auteur est d'un didactisme éclairant, replaçant cette période dans l'histoire du pays, enfantée du fascisme et ouvrant la voie à l'Italie d'aujourd'hui. Un instant chaotique de plus dans les équilibres precaires et contradictoires de ce pays.



A noter, une suite qui s'attache aux années Berlusconi, du même auteur et tout aussi édifiante: Les Nouveaux Monstres. Ainsi qu'un roman, toujours de Greggio, inspiré du Monstre de Florence, fait divers mentionné dans Dolce Vita : Black Messie.



Et pour en finir sur ce thème, si comme moi cette période tourmentée vous passionne,

un film: Buongiorno Notte

et une série: Esterno Notte

tous deux de l'excellent Marco Bellocchio sur l'enlèvement et le meurtre d'Aldo Moro, tragédie symptomatique de cette époque.



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