Citations de Sophie Adriansen (351)
Pourquoi la joie ne peut-elle jamais être seulement la joie ? Pourquoi faut-il que toujours s'y mêle de l'inquiétude et de la peur ?
Chaque année, lorsque le soleil réapparaît après sa longue hibernation, les oiseaux regagnent leurs nids comme s'ils ne l'avaient jamais quitté. Ils ont passé l'hiver en Afrique. Voilà bien des vertébrés qui ont confiance en eux. Partir si loin de chez soi sans craindre de ne pas trouver le chemin pour revenir... Les choses doivent être différentes lorsqu'elles sont vues d'en haut.
Porter un jean qui vous va à merveille, ça change votre vision du monde. Depuis que j'ai quitté la maison, je me sens d'humeur à mordre la vie à pleine dents. A conquérir le monde. A relever des défis. A regarder Grégory dans les yeux, peut-être même.
De l’automne au printemps, ils se sont approchés de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel politique, du rose au bleu en passant par le vert et le rouge et le blanc. Manquait à leur palette cette teinte tellement extrême qu’elle en devient brune, presque noire - car là où elle jaillit il n’y a plus de couleurs, plus de contraste, juste une saturation maximale de l’obscurité.
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Ariane et Nicolas prennent bien soin de rester au cœur du mouvement, de ne pas se laisser déporter, de ne pas se rendre accessibles aux caméras et aux micros qui traînent là, avides de mots gais, d’expressions réjouies, de visages où se reflètent la confiance, la fierté, avides d’enthousiasme et de partage d’espoirs.
Il est parfois nécessaire de ressembler à la personne que l'on veut devenir pour devenir la personne à qui l'on veut ressembler. Tout comme le pouvoir, le succès est une attitude.
Écrire sur Grace Kelly, c'est aborder par sa partie émergée une figure publique qui s'est tant de fois exprimée, a enregistré tant d'interviews, posé pour tant de photos qu'on croit en connaître le moindre secret. Mais les images ne disent pas tout. Elles témoignent du fantasme plus que de la réalité.
- Olivia, j’ai pris une grande décision. J’en ai parlé à maman, à présent je t’en parle à toi. Je vais arrêter. Je ne vais pas attendre de n’avoir plus que les yeux en état de marche. Même parler commence à devenir difficile. Je n’apprécie plus rien, et on a beau augmenter les doses de mes médicaments, la douleur me rattrape toujours. Tartiflette est une têtue, je te l’avais dit. Eh bien elle a gagné. Je dois le reconnaître.
Mon cœur s’arrête de battre, là, sur ce bord de lit d’hôpital. Je ne comprends pas, ce que papa est en train de m’annoncer. Il va arrêter … quoi ? De vivre ? Mais comment ? Il ne me laisse pas le temps de lui poser la question.
- Lundi prochain, à la place de mon traitement habituel, on va me donner, un décontractant. Ça va me détendre et … m’en dormir.
- Pour toujours ? demande-je sans y croire, tandis que mes yeux s’embuent de larmes.
Les histoires d'amitié sont comme les histoires d'amour, elles peuvent parfois s'arrêter de façon aussi évidente qu'elles ont commencé.
Ensuite, "délit de solidarité".
Cette fois, j'ai un doute. La solidarité, pour moi, c'est le fait de partager, de s'entraider. Mais je me trompe certainement de signification, on ne peut pas être convoqué au commissariat de police parce qu'on a fait preuve de solidarité si ça veut dire qu'on s'est simplement montré généreux et qu'on a aidé quelqu'un.
Écrire sur Grace Kelly, c'est s'attaquer à un Iceberg.
Pour la glace, bien sur, cette froideur, cette distance pudique qui ont fait son succès à Hollywood puis son mystère à Monaco. Pour sa superbe étincelante, son apparente dureté toute germanique, son énigmatique beauté et son puritanisme de façade. Mais surtout pour son caractère inattingible, abrupt, vertigineux.
La liberté est le bien le plus précieux parmi tout ce qu'il est possible de posséder
C'est le problème du mensonge : on croit qu'il libère, alors qu'il enferme dans une cage dont le verrou n'a pas de clé.
Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’ai peur. Parce que papa, maman et Hélène ont peur eux aussi. Je le sens. Et quand les grands ont peur, c’est comme une couverture toute râpée par laquelle passe le jour ; ça ne protège plus rien.
On s'entasse. Je n'ai plus revu Daniel. Je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai peur. Parce que papa, maman et Hélène ont peur eux aussi. Je le sens. Et quand les grands ont peur, c'est comme une couverture toute râpée par laquelle passe le jour : ça ne protège plus de rien.
- Tu es le meilleur élève de la classe. L'étoile n'y change rien. Regarde, tu n'es pas le seul à en porter une. La classe est une constellation, chacun brille à sa façon.
Tu imagines ? Les femmes ont eu des rasoirs avant d'avoir des chéquiers et le droit de vote!
En approchant de l'appartement, je repense à ce qu'avait dit papa, bien avant tout ça, quand Capucine a commencé à s'intéresser aux olives : on ne peut pas accueillir toute la misère du monde chez nous. "Pas toute la misère du monde, avait répliqué ma soeur, jute cette maman-là, avec ses enfants." Cette maman et ses files, on a découvert leur histoire. Je n'ai plus pensé qu'elles faisaient partie de "toute la misère du monde" à partir du moment où j'ai su qu'elles s'appelaient Magda, Sorina et Nicky. Est-ce que tous les gens qui sont sur le trottoir n'ont pas eux aussi une histoire ?
J'y suis. Je n'ai plus de souffle. Mes tempes tambourinent, des étoiles dansent devant mes yeux. Je n'ai plus la force de lutter. Si je vois danser les étoiles, est-ce que je suis encore vivant ?
Pourquoi ? Ce n'est pas pour, c'est contre. Contre nous. On ne veut pas des Africains en Europe. Pas de Noirs sur la terre promise. L'Afrique est une cage. Une gigantesque cage dans laquelle on nous maintient enfermés.
La vie sait se montrer savoureuse avec ceux qui osent la laisser venir à eux.