Citations de Sophie Brocas (234)
Quand ta vie n'a de sens qu'avec l'autre, quand tu ne respires qu'à son contact, que tu ris quand il rit, que tu souffres lorsqu'il souffre, alors c'est que tu t'es perdue dans l'autre. Alors, tu renies ta propre existence. C'est le symptôme de la passion. Et, contrairement à ce qu'on serine aux petites filles dans les contes de fées, la passion n'est pas l'amour. La passion, c'est une faim sans limite, un excès sans fond, un besoin désespéré d'être aimé.
Les mots peuvent avoir le tranchant de la lame.
L'amour, ce n'est pas un gâteau qui diminue à mesure que tu distribues des parts. C'est même le contraire.
Il faut sans cesse leur tirer les vers du nez pour connaitre l'histoire de la famille. Comme si cela n'avait aucune importance de savoir d'où l'on vient. Comme s'il fallait laisser dormir le passé.
On croit les connaître. On les prend pour des ancres auxquelles on peut s'accrocher par gros temps. On leur fait confiance. Ils sont prévisibles. Ils rassurent. Et puis voilà que sans crier gare ils se mettent à dériver, emportés par d'invisibles courants sous-marins qu'ils cachaient au fond d'abysses noirs. Les voilà qui ne résistent plus à leurs fractures souterraines. Les voilà autres.
Qui a dit que l’amitié est la petite sœur de l’amour ? Pourquoi pas sa sœur aînée ?
Mais si tu veux encore de moi, si tu penses que la confiance peut revenir et que ton envie de vie à mes côtés est encore là, alors rejoins-moi dans le restaurant de nos vingt ans. Je sais que tu n'as pas oublié l'adresse.
Je t'aime.
Brancusi nous a raconté sa vie. J'écoutais sans dire un mot, bien heureuse que le Dr Bémard relance la confidence par une question, un commentaire, un souvenir commun. Dans sa simplicité, Brancusi me fait songer à nos moujiks et aussi à mon grand-oncle Tolstoï. Il parle lentement, sans chercher à briller , avec la langue simple des gens de souche paysanne. Cela me touche.
Aussi Camille s'était-elle mise à tricoter et à offrir des écharpes , bonnets et couvertures aux errants de son quartier. Chaque dimanche, vers 18 heures, elle partait au hasard des rues, sa cargaison laineuse dans un sac à dos....Elle adorait surtout les gamins de la famille rom, assis sur le trottoir au 32 de la rue Custine. Pour la petite, celle à la bouille ronde et à la frange sur ses grands yeux étonnés, elle tricotait des bonnets surmontés par des oreilles de chats ou ...
Lorsque je suis née en 1887, mon grand-oncle Lex Nicolaïevitch Tolstoï avait déjà choisi de vivre en ermite.
Je n'ai pas connu l'écrivain respecté de tous, encensé, jouisseur de la vie...
Il a été balayé par le déshonneur de l'excommunication...après qu'il eut dilapidé ses biens en libéralités insensées auprès des paysans.
Alors quoi ? Ne serais-je donc que sa muse irréelle, comme l’a dit Marthe un jour ? Une muse, ça n’a pas un gros ventre dans lequel pousse un enfant. Une muse, ça n’accouche pas dans le sang et les humeurs. Une muse, ça ne se met pas au ban de la société. Une muse ne respire pas, ne souffre pas, ne pleure pas. Une muse, elle inspire et c’est tout.
Le désir est un instituteur zélé qui vous apprend vite, et avec quelle ardeur, le chemin de vous même.
Ce n’est pas le mariage qui est le souci, c’est nous . C’est d’abord dans nos propres esprits qu’il faut faire le ménage. Arrêtons de croire qu’être une femme aimée, c’est être une domestique.On peut être heureux sans faire un mioche une fois l’an tout de même. Usons du divorce plutôt que de casser la vaisselle.
Pour elle, l’utérus n’est pas un organe privé appartenant à chaque femme, mais un espace public que se disputent tous les pouvoirs en concurrence pour sa maîtrise : l’Eglise, les gouvernements, les hôpitaux, les patrons d’usine et même les maris. Pourquoi ? Parce que cette cavité est une fabrique à reproduire. C’est dire si la femme est un enjeu politique. Non pour son être mais pour son sexe.
Est-on obligé de faire les choses seulement lorsqu'elles sont utiles? Après tout, ne peuvent-elles pas se contenter d'être belles, ou justes, ou plaisantes?
C'est difficile de dire non. Ça exige des arguments, ça se conquiert, ça s'affirme. Un oui, ça coule tout seul, ça se passe d'explications, ça ne résiste pas.
Mais la colère ne reflue pas comme ça, une fois qu'elle est montée à la tête des hommes.
Ce n'est pas parce qu'on est rugueux dehors qu'on n'est pas tendre à l'intérieur.
L'impression d'être éternelle? Quelle connerie! Moi qui ne pensais jamais à ma mort, la voilà qui me fichait son énorme coup de poing dans la gueule.
LEUCEMIE. C'est un mot cru, tout nu, obscène, un mot terroriste, tu ne trouves pas? Il t'oblige à voir. Il te force à comprendre. Il sème la terreur. Ce n'est pas comme néoplasie, oncologie, ou d'autres mots compliqués qui ne se laissent pas aisément attraper par le commun des gens. Non, leucémie, c'est la mort qui s'invite avec sa morgue dans ta maison.