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Critiques de Sophie Chauveau (353)
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La fabrique des pervers

Connaître l'histoire de sa famille, faire sa généalogie sont au coeur de nos repères identitaires. Mais il en est tout autrement dans ce roman. En 2014, sophie Chauveau reçoit, par son éditeur, la lettre d'une cousine oubliée. Les deux femmes se parlent et, rapidement, constatent qu'elles ont été toutes deux violées par leurs pères quand elles étaient enfants. Elles remontent alors l'arbre généalogique. L'impensable leur saute aux yeux : pendant plus d'un siècle, les pères, les oncles, les grands-parents de leur famille ont violenté ou torturé leurs enfants, sans jamais être inquiétés par la justice, avec la complicité ou le silence des femmes de la famille. Et ces enfants maltraités sont devenus, ensuite, des adultes maltraitants. On rentre alors dans un profond roman psychologique, qui analyse au plus profond les raisons de fabrication et transmission du "pervers". L'auteur nous montre aussi comment par l'ecriture, elle cherche à stopper la transmission.
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Le rêve Botticelli

Un roman biographique dense, long, très long, j’ai cru n’en pas voir la fin.

Mais quel plaisir j’y ai pris !

La vie de Botticelli sous le règne des Médicis, puis de Savonarol, est passée au scalpel et fourmille de renseignements sur cette époque où Florence était le lieu privilégié des grands peintres.

Botticelli était le plus reconnu de cette époque. Homosexuel, mélancolique, entouré de ses dizaines de chats, il voua pourtant un très grand amour à Sandra Lippi, la fille du maître qui l’initia à la peinture. Sandra fut le modèle de nombre de ses tableaux. Une grande et profonde amitié le liait à Léonard de Vinci.

J’ai l’impression de revenir de loin après cette plongée dans le quinzième siècle, et je ne manquerai pas de lire « La passion Lippi » et tant pis si ça se passait avant.

Sophie Chauveau a fourni un travail incroyable pour rendre aussi vivantes et vraisemblables l’ambiance de cette époque et la personnalité de Botticelli qu’elle rend très humain et attachant.

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La passion Lippi

La passion Lippi de Sophie Chauve est une biographie romancée d’un peintre du XVe siècle, Filippo Lippi. Une biographie trop romancée à mon goût, même s’il reste le plaisir d’en apprendre plus sur le Quattrocento.



Cosme de Médicis rencontre un jeune garçon, surdoué du dessin et de la peinture. Il le prend sous son aile. Filippo Lippi est confié aux Carmes et étudie avec Guido. Mais c’est un drôle d’enfant, pas vraiment fait pour être moine. Mais quand on est pauvre, que faire d’autre ?



Après avoir lu La passion Lippi, je me suis précipitée sur Wikipédia avec comme effet une forte envie de retourner à Florence et au musée des Offices. J’ai aussi eu les réponses à certaines questions. Le livre mêle fiction et réalité et parfois ça coince : manque de logique. J’ai toujours un peu de mal avec les biographies romancées.



Il m’a également manqué de la lumière dans ce livre, celle que les tableaux inspirent ; j’y ai trouvé surtout de la boue, celle qui colle aux pieds des personnages et à leurs esprits.


Lien : https://dequoilire.com/la-pa..
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Fragonard, l'invention du bonheur

Sophie Chauveau, toujours aussi pédagogue.

Après nous avoir emmené à Florence avec Lippi, Botticelli et Vinci, puis à Paris sur les pas de Diderot, Sophie Chauveau nous décrit de nouveau le monde de la peinture d'une façon claire et sensible. J'ai redécouvert toute une époque.

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Manet le secret

Très belle biographie romancée de Manet qui fut, malgré lui, reconnu comme le maître des Impressionnistes.

On y découvre son parcours, ses sources d'inspiration, et les relations qu'il entretient avec les arts, avec les artistes, puis vient Berthe Morisot.

Cette belle impression est malheureusement mitigée par la piètre qualité du livre lui-même. Truffé de fautes et de coquilles, le travail de l'éditeur n'a pas été fait, ou a été mal fait. Vraiment irritante, cette absence de relecture montre de la part de l'éditeur un réel mépris du lecteur qui vient amoindrir le fond.

Par ailleurs, des images des œuvres citées regroupées en un cahier central auraient été bienvenues.

Excellente auteure, médiocre édition...

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La passion Lippi

Vie édifiante que celle de Fra Filippo Lippi qui côtoya les filles de joie de Florence lorsqu'il apprenait le dessin, et qui enleva Lucrezia Butti, celle dont on retrouve le visage dans toute son œuvre.

Pour autant, ce roman, même s'il éclaire le lecteur sur la vie florentine de la Renaissance, comporte de nombreuses inexactitudes et approximations.

Certes, il s'agit d'une histoire romancée, mais celles-ci n'ont que plus de valeur lorsque la rigueur historique est au rendez-vous.

Une intrigue crédible parvient à se glisser naturellement dans les méandres de

L'Histoire. Une intrigue qui tord l'histoire pour se dérouler harmonieusement n'est pas satisfaisante.

Cette plongée dans le quattrocento est néanmoins un bon moment.
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La fabrique des pervers

En amateur d’histoire que je suis j’apprécie les œuvres de Sophie Chauveau tant du fait du formidable travail de documentation avec lesquelles elles sont construites que de la qualité d’écriture qui les met en pages. Je suis en train de lire Diderot, le génie débraillé de sa main. J’avoue rester ébahi de la précision avec laquelle elle peut y détailler la vie du père de l’Encyclopédie.



Mais las, depuis que j’ai lu celui pour lequel j’écris ces modestes lignes, La fabrique des pervers, je perçois les œuvres de Sophie Chauveau sous un autre angle. En effet, quand tant d’autres auraient pu sombrer à assumer un passé intime empoisonné, Sophie Chauveau s’est elle réfugiée dans le travail pour produire des œuvres de grande valeur historique et littéraire. Ce passé intime est celui de l’enfance pervertie par l’abus sexuel d’un parent.



Si les autres ouvrages peuvent être imaginés comme ceux de la fuite et de l’oubli par le travail, La fabrique des pervers serait donc pour son auteure celui de la thérapie. Enfin.



Mais aussi et peut-être surtout un livre en forme d’espoir pour les autres victimes de pareille souillure de la part de personnes supposées garantir à l’enfant la sérénité dont il a besoin pour s’épanouir. Des victimes qui n’ont pas encore pu se libérer par la parole. Un livre pour leur dire que l’on peut en revenir. A condition de bien parvenir à faire reporter la faute sur les vrais coupables : ceux qui commettent le crime d’inceste. Un livre pour ne pas assumer les torts de mauvaise action ou de passivité, fussent-ils ceux de parents.



Mais aussi encore un livre de mise en garde pour des victimes potentielles de ce crime, de leur entourage proche qui se rendrait tout autant condamnable en fermant les yeux. Le huis-clos familial est le contexte dans lequel une victime potentielle est la plus vulnérable. Ecartelée qu’elle est entre la part d’amour qu’elle éprouve à l’égard de ses parents et la part de rejet que lui inspire ce qu’elle ne comprend pas encore comme une agression mais bien comme une anormalité dans la relation filiale.



Il faut dire que Sophie Chauveau a de qui porter le poids de l’indignité s’agissant de la famille dont elle est issue, au sein de laquelle des relations coupables se sont entretenues durant des générations. Profitant d’époques où la voix de l’enfant était étouffée par des codes sociaux et moraux qui ne l’instituaient pas en tant que personne. Au grand avantage de pervers qui jouissaient quant à eux de leurs pulsions sans crainte ni retenue et donnaient de la personne une idée déshonorante.



Bravo à Sophie Chauveau pour cette libération et pour l’espoir qu’elle procure à qui n’est pas encore parvenu à émerger d’un passé gangrené par de tels comportements, faisant de l’enfant un objet d’assouvissement et non un adulte en devenir.

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Le rêve Botticelli

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Pourrais-je faire mieux comme analyse que l'excellente critique de Frédérique du Club du roman historique qui sait parfaitement de quoi elle parle dans ce genre de livre.



Tous les livres de Sophie Chauveau sur la peinture sont une magistrale démonstration biographique sur les grands peintres. La vie, l'époque et l'oeuvre des artistes sont décrits dans un foisonnement romantique qui fait souvent hésiter le lecteur entre la réalité et la fiction. On y rencontre les grands noms qui ont croisé les chemins du peintre : Laurent de Médicis, Filippo et Filippino Lippi, Léonard de Vinci, Savonarole.



Je pensais que certaines grandes oeuvres comme « La naissance de Vénus », entre autres, seraient montrées dans l'effervescence créatrice de l'artiste. Non ! Je n'ai trouvé que des scènes amoureuses : « Elle y sera absolument nue, comme on ne l'a encore jamais été sur un tableau. Seuls ses cheveux la voileront par endroits. Souvent Sandro vient à elle ajuster une mèche, rectifier le bras de son modèle, redonner à ses boucles leur mouvement. C'est là que le désir fou de Sandra reprend vie. Chaque fois que, pour des raisons techniques, Botticelli l'effleure, elle meurt d'envie de lui voler un baiser. »

Cette scène est jolie mais la peinture n'existe pas.

Par contre, le sexe est présent constamment, trop souvent, et très cru, pour pimenter les nombreuses rencontres de Botticelli que l'auteure se complet à décrire avec une grande précision.



Le style artistique est peu abordé comme souvent dans ce genre de roman où l'aventure historique représente l'essentiel du livre.



Vous aurez compris que je ne suis pas un fan de ces livres sur la peinture dont on ne parle pas, même si on ne s'ennuie pas une seconde.




Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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Le rêve Botticelli

Je ne sais,à la fin de ma lecture si ce roman est un hymme à l'amour,à la peinture ou à Florence.S.CHAUVEAU nous offre en tout cas un récit palpitant où l'émotion est maîtresse ce qui est en soi un hommage à Botticeli puisqu'il initie l'audace "d'exprimer les plus intimes sensations,les plus intenses boulversements...plus seulement le bon,le beau,le pédagogique, mais l'effroi,l'horreur,le pire,le plus grouillant des tréfonds de l'âme humaine..."

Cette palette d'émotions est immense dans la Florence de la Rennaissance:

Des beautés saisissantes qui naissent sous les doigts de Botticelli,Michel l'Ange, Léonardo,Pipo, des esprits raffinés et brillants de Policien,Pic de la Mirandolle,Lucrezia,Sandra...mais aussi les explosions de violence engendrées par le fanatisme de Savonarole, on côtoie aussi bien le merveilleux que l'horreur.Ce roman ne laisse aucune place à l'ennui et j'ai tourné la dernière page avec un peu de la mélancolie de Botticelli car je me suis attachée sans y prendre garde à ce monde de sensibilité exacerbée.Si j'ai été un peu contrariée à un moment de ma lecture par la place prépondérante que prenaient les intrigues amoureuses de Botticelli, Pipo et Lorenzo, l'effervescence de Florence et sa passion pour l'Art m'ont fait oublié cet instant d'insatisfaction...
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Mémoires d'Hélène

J'ai rapidement laissé tomber la lecture de ce roman. Je n'ai pas du tout accroché à l'angle choisi par l'auteure pour aborder la vie de cette figure incontournable de la mythologie grecque.



Nous sommes en 1988 et depuis les cieux (dans l'éternité les années s'effacent mais pas la mémoire), Hèlène nous raconte sa vie. Le ton est très familier et je ne suis pas parvenue à me sentir transportée dans l'époque.



Ursula Le Guin m'avait bluffée avec Lavinia mais ici je n'ai pas du tout accroché.



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La fabrique des pervers

La Feuille Volante n° 1143

LA FABRIQUE DES PERVERS – Sophie Chauveau – Gallimard.



Tout commence par le courrier d'une lectrice à destination de l'auteure à propos d'un de ses romans et il n'est, pour une fois, pas question du traditionnel débordement de mièvres flagorneries cependant fort appréciées des écrivains, mais au contraire révèle une parenté entre elles. Cette correspondance démasque également un tabou familial : l'inceste. Sophie Chauveau comprend alors que, dans cette famille, elle n'est pas le seule à avoir subi cette opprobre qui détruisit son enfance et son adolescence. Par une curiosité sûrement moins malsaine que les agissements hypocrites de cette parenté, elle entreprend d'en dresser l'arbre généalogique, de répertorier tous ceux qui, dans sa parentèle se sont rendus coupables de cette horreur. Ainsi, sur quatre générations, dresse-t-elle la liste de ces pervers qui s'attaquèrent aux enfants de leur propre famille pour assouvir leurs vices cachés, avec la complicité de leurs proches. Elle remonte jusqu’à 1870 quand les Parisiens furent contraints de manger les animaux du Jardin des Plantes, ce qui fit la fortune épicière d'Arthur. Avec son épouse Eugénie, ils seront les fondateurs de cette lignée qui comprendra vite que l'argent permet tout et que l'hypocrisie bourgeoise jette un voile pudique sur les moindres débordements familiaux. Puis la Grande Guerre, l'Occupation avec son inévitable marché noir et les trente glorieuses ne feront qu'enrichir les descendants. Elle n'en finit pas de faire l'inventaire des amants, des maîtresses, des enfants illégitimes ou adultérins, des coucheries à l'intérieur de la famille, de la pratique de l'échangisme, des attouchements et des caresses, des viols, de la pédophilie, de petits arrangements avec la morale et la loi pourvu que les apparences soient sauves et que l'oubli vienne recouvrir tout cela du moment que ça ne sort pas de la famille ! Et chaque génération reproduira le modèle, victime puis bourreau, héritière de cette « maudite molécule familiale ». La cécité, le silence, le déni seront la règle et tout cela restera tabou surtout si la religion, la maladie et la mort s'en mêlent. Le plus étonnant c'est que les conjoints, forcément au courant, n'ont rien dit, inconscience, complicité ou volonté de ne rien voir ? Dans l'exploration de cet arbre familial, l'auteur découvre que certains transhument et exportent même à l'extérieur leurs propres perversions. Que reste-t-il aux enfants ainsi abusés, sinon le divan du psy puisqu'il développent eux-mêmes de la culpabilité ? Dès lors, parler devient impossible et quand ils osent le faire la réparation judiciaire est impossible du fait de la prescription. D'ailleurs la famille est un tel symbole qu'il est parfois impossible de dénoncer l'inceste. Reste le pardon, mais c'est une autre histoire qu'on n'est pas obligé de trancher ;

Dans ce catalogue d'horreurs familiales, je m'attendais à ce qu'elle avoue faire partie de cette « fabrique de pervers ». Non seulement elle ne le fait pas, mais s'en exclut, se pose en réaction face à cette lignée malveillante. Si elle en avait fait partie, on aurait salué son courage d'avoir parlé, on l'aurait absout à cause de la génétique, de l'atavisme familial, du mauvais exemple que le destin vous pousse malgré vous à reproduire. Il n'en est rien et l'écriture est sans doute pour l'auteur une forme de catharsis. Elle se présente au contraire comme une mère aimante, soucieuse de ses enfants, c'est à dire l'exact contraire de ce lignage de tordus, en tout cas une femme qui, pour la première fois, a osé parler alors que la plupart ont observé un silence coupable. Elle soulève également des interrogations intimes : A-t-elle éprouvé du plaisir, de la jouissance à ces attouchements, pourquoi s'est-elle laissée faire, a-t-telle aimé cet homme qu'elle me parvient pas a appelé « papa », comme un père ou comme un bourreau, cela a-t-il impliqué chez elle une forme de frigidité et d'impossibilité de reconstituer à son tour une vraie famille sans rejeter, même inconsciemment, son mari , peut-elle pardonner… ?

A force de chercher des explications, d'analyser, d'excuser peut-être cette perversion familiale et surtout paternelle, l'auteure finit par ressentir une forme de culpabilisation. J'avoue, à titre personnel, que parmi toutes les épreuves que la vie envoie à chacun d'entre nous, ce vieux réflexe judéo-chrétien revient à chaque fois. Je me suis toujours attaché à le combattre parce qu'il ne correspond à rien d'autre qu'à une longue tradition de responsabilisation personnelle héritée de la religion chrétienne et qui ne repose sur rien d'autre que sur cette volonté, de la part de la religion ou du pouvoir politique, d'asservir l'autre pour mieux le manipuler. Elle a été simplement une victime comme c'est souvent le cas dans ce genre de famille où on a pris grand soin de faire prévaloir les apparences trompeuses et d'accuser à tort des innocents pour mieux s'innocenter soi-même.

Ce n'est pas le premier livre sur ce sujet mais l'auteure a le courage de secouer le cocotier et de révéler ces perversions familiales. Elle le fait avec un texte simplement et parfois crûment écrit, dénonçant un père exhibitionniste, brutal et pervers, une mère soumise, frustrée, irresponsable et hystérique puis un oncle et un parrain du même tonneau. Ce récit autobiographique fort dense pose beaucoup de questions. L'auteure a le courage de s'attaquer à la famille, cette institution qu'on a longtemps présentée comme un pilier de la société et qui, en tant que telle, ne pouvait qu'être que vertueuse et ne pouvait donc pas souffrir de critiques. L'inceste fait partie des tabous familiaux dont on ne parlait jamais surtout dans les couches aisées de la société. Elle remet en cause le sacro-saint amour parental comme s'il était une chose incontestable, à jamais gravée dans le marbre. Heureux ceux qui ont eu des parents « aimables » c'est à dire dignes d'être aimés, respectés, honorés.

Et l'inceste n'est malheureusement pas la seule déviance qu'on peut reprocher à la famille !



© Hervé GAUTIER – Juin 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Manet le secret

Me voici réconciliée avec Sophie Chauveau dont je n'avais pas vraiment apprécié la lecture de la Passion Lippi.

Au point d'ailleurs de ne plus choisir les livres de cette romancière.

Pour autant la thématique de l'artistique romanesque est un filon littéraire qui me plaît et je referme cette biographie de Manet avec regret, tant elle m'a passionnée.



Un livre comme un daguerréotype, où tous les talents du monde des Arts (artiste-peintres, écrivains, poètes, journalistes, musiciens, critiques) se pressent, côtoyant le Paris mondain et celui, plus populaire, des estaminets et grisettes.

Un homme dans son temps, un artiste dans son oeuvre, adulé pas ses pairs, vilipendé par la société, dans un décor social passant du spectaculaire Second Empire, traversant le siège de Paris et la Commune, poursuivant par la République encore corsetée. On y célèbre l'amour, l'amitié, l'entraide, le courage et la persévérance pour atteindre la renommée, la solidarité des artistes exclus.



J'ai aussi découvert une écriture élégante, aux fort jolies formulations, une fluidité narrative qui coule avec aisance, faisant presque oublier le gros travail de documentation. L'ensemble se lit donc comme un roman, alors que l'histoire du temps et des hommes est à chaque page.



Un bel hommage à un artiste, père de la peinture moderne, libre et visionnaire, historien de son époque par sa palette de couleurs et de noirs inimitables.



À lire bien sûr avec l'oeuvre de Manet sous le coude, chaque tableau ayant son anecdote.

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La passion Lippi

Sophie Chauveau est comme les sociétés d'exploitation de mines : quand elle trouve une veine (éditoriale), elle l'exploite à fond. Le peintre Lippi n'est qu'un prétexte pour faire un livre, encore un, où la vie de l'artiste compte plus que son œuvre.



Si l'écriture est plutôt vivante, c'est le contexte romancé de Lippi qui est mis en avant, avec un étalage de détails censé démontrer qu'on a travaillé le sujet, façon page culturelle dans France Dimanche (je passe sur les approximations historiques et les erreurs). Or il n'y a dans ce livre aucune analyse pertinente de sa peinture et de la place de l'œuvre de Lippi dans le mouvement intellectuel, historique et culturel des primitifs italiens, d'un autre côté Chauveau n'est pas une historienne de l'art de la Renaissance et ça se voit.

Quand on construit un livre en insistant sur le sensationnel de la vie d'un peintre, c'est en général pour dissimuler sa propre absence de maîtrise de l'œuvre de cet artiste et éluder l'indigence de ses connaissances en histoire de l'art.



Si on souhaite découvrir ou approfondir l'art de Lippi, il vaut mieux lire Filippo Lippi, la peinture pour vocation, essai très intelligent et accessible d'Anne-Sophie Molinié (brillante spécialiste de la peinture du 15ème au 17ème siècle et enseignante en histoire de l'art à la Sorbonne) qui elle connait son sujet. C'est d'un niveau intellectuellement très supérieur, parfaitement maîtrisé, très pédagogique et c'est passionnant.
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Le rêve Botticelli

Sophie Chauveau et son style excellent

nous conte la vie de Boticelli

un immense peintre adoré par les Florentins

au XVe siècle

ses amours avec des hommes comme c'était le

cas à cette époque en Italie

et peut-être un immense amour pour sa filleule ?

malgré les horreurs de cette période,

si vous le lisez vous allez passer ce moment très

spécial avec Boticelli
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La passion Lippi

C'est avec beaucoup de plaisir que je me suis immergée dans cette fresque florentine du 15ème siècle au côté de Filippo Lippi.Du petit souillon aux pieds cornus découvert par Come Medicis, au plus grand peintre de Toscane qu'il est devenu, Sophie Chauveau nous dépeint un personnage attachant par la pureté de ses sentiments, son espieglerie,ses réactions enfantines mais aussi sa profondeur et son humanité.D'un caractère bien trempé il ne se laissera jamais dompter même s'il accepte quelques concessions dans la mesure où elles lui permettent d'avancer vers la liberté sans renier ses valeurs.Il est le petit prince des prostituées auprès desquelles il puise la tendresse dont il a été privé sans oublier les plaisirs charnels dont il est avide, mais il devient aussi le prince des plus grands par son talent qui éblouit les plus fins connaisseurs dés son plus jeune âge.Ses amours sont toujours entières et passionnées et seuls son coeur et son pinceau guident sa vie,l'un et l'autre étant indissociables.

Non seulement ce roman donne envie de faire ses valises pour Florence mais il donne aussi des fourmis dans les doigts en titillant l'envie de manier le pinceau et jouer avec la lumière et les pigments de toutes couleurs!
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Le rêve Botticelli

Rare sont les peintres des siècles passés qui ont connu la notoriété de leur vivant. Botticelli est de ceux-là. Fallait-il que son génie fût évident pour que ses compatriotes expriment un tel engouement pour son art.



Avec cet ouvrage magnifique, Sophie Chauveau nous accompagne dans une découverte documentée et bienveillante de cet artiste exceptionnel, de son oeuvre et de son époque, sous le règne des Medicis dans la Florence du quattrocento. Elle nous fait aimer ses oeuvres en décrivant la ferveur qui entourent leur conception. On n'a de cesse de les découvrir en images et de confirmer l'admiration qu'elles suscitent à juste titre. Internet est pour cela un outil fabuleux. C'est l'apothéose du figuratif en ce sens qu'au-delà du talent de représentation y transparaissent les sentiments qui ont présidé à la naissance de chacune des oeuvres. Les états d'âme de leur créateur y sont décrits au point de nous faire palper son mal-être. Cet ouvrage nous fait percevoir une fois de plus la proximité du génie avec la névrose.



Comme beaucoup d'artiste de génie, Botticelli est un être torturé. La mélancolie est sa plus fidèle compagne. Il ne s'en cache pas. Il a cependant les pieds sur terre. Il analyse avec clairvoyance ce qui préside à son destin dans cette ville où la violence est souvent au rendez-vous, y compris envers lui. Ne terminera t'il pas sa vie infirme des suites d'une agression, sans toutefois ne jamais se lamenter de son sort.

C'est un homme d'une grande sensibilité que la férocité de son époque révulse. Il est au bord de la nausée lorsque lui est imposé le spectacle du supplice de Savonarole, fût-il appliqué à son ennemi. A la nature humaine, il préfère la nature animale moins soumise aux arrières pensées.



Il est intéressant, dans cet ouvrage, de voir l'homosexualité masculine dépeinte par une femme. Elle lui rend cette prévenance, ce sentimentalisme, que lui ont fait perdre la condamnation des autorités de conscience et les moqueries du viril.

Leonard de Vinci, Pic de la Mirandole, Laurent de Médicis, Savonarole, Vespucci et dans une moindre mesure le rébarbatif Michel-Ange, sont autant de grandes figures qui peuplent l'environnement de Sandro di Mariano Filipepi dit Botticelli. Ils lui témoignent admiration et estime, lui qui en a si peu pour sa propre personne. Une touche d'humanité est rendue à cet être complexe lorsque, sur le tard, il fait connaissance avec son fils déjà adolescent.



C'est un bel ouvrage que cette biographie qui ne porte pas son nom. La mort de l'artiste n'y est d'ailleurs pas évoquée. Comme pour illustrer l'immortalité de son oeuvre.





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Fragonard, l'invention du bonheur

Je gardais cet ouvrage pour la bonne bouche, me souvenant avec délices de « La Passion Lippi » du même auteur, publié en 2004. Je l’ai lu avec intérêt, certes, mais sans le plaisir attendu. Qu’y manque-t’il au juste ? En fait, il est trop : trop documenté, trop dense, trop romancé. On ne sait plus s’il s’agit d’un roman historique ou d’une biographie.



Et c’est vrai que la vie de Frago – ainsi signait Jean-Honoré Fragonard (1732 – 1806) – ressemble à un roman. Fils d’un ouvrier gantier un peu escroc, issu d’une famille tentaculaire d’origine italienne rassemblée à Grasse œuvrant dans la parfumerie et les gants, il « monte » à Paris dès l’âge de 6 ans et développe rapidement ses talents extraordinaires de dessinateur, puis de peintre. Il est reçu au Grand Prix de Rome avec un fantastique tableau de genre historique « Jéroboam sacrifiant aux idoles », fera le Grand Tour en Europe grâce à un mécène mal embouché et surtout rencontrera d’autres peintres qui seront ses indéfectibles amis, en particulier Hubert Robert et l’Abbé de Saint Non.



Le grand mérite du livre est de nous donner à voir le quotidien des artistes de ce siècle des Lumières qui se termine si dramatiquement dans les affres de la Révolution. Chardin, Boucher, Natoire, Greuze, Carle Vernet puis son fils Horace, Hubert Robert le bon géant, Gros, et surtout Jacques-Louis David, l’homme de pouvoir qui soutient Frago toute sa vie, Vien, Prud’hon … Nous les regardons dans le couloir des galeries du Louvre, où le Roi les héberge et d’où l’Empereur les délogera en 1805.



Frago est un homme de petite taille, à la tignasse rousse indomptée et aux yeux gris, tellement spirituel, modeste, gentil, souriant qu’il séduit tout le monde, et en particulier toutes les femmes. Sa peinture en atteste, avec des scènes friponnes qui font les délices des acheteurs. Jusqu’à ce qu’il épouse une de ses cousines, Marie-Anne Gérard, qui l’adore et lui fera une vie confortable en gérant ses commandes. Accessoirement, c’est aussi une miniaturiste de talent. Elle fait venir auprès d’elle sa très jeune et belle sœur, Marguerite. Le livre nous livre alors un secret : Alexandre-Evariste, le fils de Jean-Honoré né en 1780, est son enfant à elle, et non celui de Marie-Anne, qui n’a donné naissance qu’à la gracieuse Rosalie, née en 1769. Lorsque Rosalie meurt en 1788, son père est inconsolable et ne retrouvera jamais sa joie et de vivre et de peindre.



Fragonard est un maître absolu du mouvement et de la couleur, en particulier ce jaune de Naples qu’il applique partout. Il a pour seuls élèves sa jeune belle-sœur, qui aura son heure de gloire en fréquentant assidûment Joséphine de Beauharnais , puis son fils, avec lequel il entre très tôt en opposition, et qui deviendra un des chantres du style « Troubadour » très prisé au début du XIXème siècle. La Révolution passera en ruinant la famille, mais le peintre est déjà passé de mode pour être soupçonné d’avoir donné trop de gages aux anciens despotes…



En tous cas, la lecture de ce livre m’a furieusement donné envie d’aller au Louvre pour voir d’un œil nouveau les grands (et même les petits maîtres du XVIIIème siècle. Ce n’est pas le moindre de ses mérites, mais on aurait pu éviter certaines longueurs.



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La passion Lippi

Toscane, 1414.

Cosme de Médicis a vingt-cinq ans lorsqu'il revient chez lui à Florence pour se marier, après avoir passé deux années à entre Venise et Bruges. La vie de couple l'ennui. Il aime se promener, errer dans la ville, rencontrer du monde, voir ses amis. En arpentant les rues de Florence, il croise des funambules, des jongleurs, des magiciens, des acrobates, des artisans. Puis, un jour, il y a cet enfant hirsute, aux pieds couverts de corne, qui griffonne à même le sol, une fresque remarquable. Impressionné, Cosme lui propose de lui faire rencontrer un grand peintre. C'est son grand ami : Guido di Pietro. L'enfant s'appelle Filippo Lippi. Il est orphelin et deviendra un grand artiste de la Renaissance italienne.



Sophie Chauveau a écrit beaucoup de romans, notamment des romans historiques. "La passion Lippi" fait partie de la trilogie florentine et en est le premier tome. J'ai décidé de me plonger dans cette œuvre suite à mes vacances en Toscane, impressionnée par l'art que j'ai découvert à Florence. Si je connais plusieurs peintres et sculpteurs, Filippo Lippi reste pour moi un mystère. Ce roman est l'occasion de découvrir l'artiste et d'en savoir un peu plus.



Si son génie est découvert lorsqu'il est encore très jeune, Lippi devient successivement moine, libertin et rebelle. Pourtant, son œuvre est conséquente et les commandes ne cessent d'augmenter. Pour se donner du courage, il connaît la boisson, les maisons closes. Il est provocateur, exigeant. Il fréquente d'autres grands noms comme Donatello. Il est proche de la grande famille des Médicis et aura, plus tard, comme élève un autre grand artiste : Sandro Botticelli. Après sa période de formation, sa vie dépravée entre Florence et Padoue, il épouse Lucrezia qui lui donne un fils.



Avec cette biographie romancée et très documentée, l'auteure nous emmène à Florence au temps de la Renaissance. C'est une ville en pleine effervescence. Peintres, sculpteurs et autres artisans se diversifient. C'est la ville de l'art. C'est aussi le temps des grandes constructions. Des bâtiments grandioses et des quartiers entiers se construisent sous la demande de la famille Médicis qui veut faire de Florence le berceau de l'art.



On suit ainsi Lippi sur plusieurs décennies depuis sa vie d'orphelin à celle au sein de l'Eglise, également auprès de son enseignant en dessin. Puis, on l'accompagne au fil des années au cœur de son entourage proche, entre créations et addictions.



Lippi était un homme qui se voulait libre, et qui a révolutionné le monde de l'art en Italie puis dans le monde.



Malgré quelques longueurs, j'ai trouvé cette lecture vraiment enrichissante avec laquelle j'ai passé un très bon moment.

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La fabrique des pervers

Quel récit étrangement composé !

Le titre accrocheur et percutant m'a laissé suggérer qu'il s'agissait d'un témoignage sur l'inceste sous forme d'auto-fiction. J'ai pensé aussi que l'auteure s'attacherait à faire des liens avec la psychogénéalogie.

Et me voilà perplexe, déconcertée...



La première partie, bizarrement tirée en longueur, nous narre de manière romancée le comportement braconnier d'un aïeul durant la guerre à la fin du 19ème siècle...

Le chapitre suivant prend un ton factuel et nous amène à une cousine éloignée qui interpelle Sophie Chauveau sur l'inceste perpétré par son oncle et toutes deux observent les similitudes de leur vécu, puisque l'auteure, elle, a subi l'inceste infligé par son père...

Quelques chapitres nous décrivent toujours factuellement l'arbre généalogique et la longue série de membres de la famille incestueux. Leur "enquête" est une sorte de recensement, sans qu'une réflexion approfondie soit véritablement entreprise quant à ce troublant (et dérangeant !) phénomène de répétition.

Ensuite, l'auteure couche sur le papier comme couchée sur le divan d'un psychanalyste, les turpitudes de son père, le climat incestueux perpétuel, même aux yeux de tous, et loin de susciter la protection de sa mère, cette dernière banalisant au contraire ces attouchements inappropriés. Pis, elle se montre jalouse de sa fille pour laquelle son mari éprouve plus de désir...



Tout suinte l'infect, le sordide, l'impunité, la perversion. On ressent énormément à l'écrit que Sophie Chauveau a percolé chaque événement ou parole chez le psy. Tout est très analysé, intellectualisé, réfléchi, mis à distance. Pourtant c'est comme si tout n'avait pu filtrer et que des résidus toxiques demeuraient. Comme si l'auteure n'avait pu encore tout à fait métaboliser au-delà de la colère et que la plaie était finalement restée béante. Cela se conçoit évidemment, mais l'auteure achève son propos en se disant "guérie" de tout ça, qu'elle a pu pardonner, à elle-même surtout (car on le sait, les victimes portent la honte que devrait ressentir leur bourreau) et avoir pu se réinventer. Personnellement, j'ai des doutes, mais qui suis-je pour le dire.



Bref, cette lecture m'est apparue comme une sorte de règlement de compte familial et je me suis demandé si en l'état ce témoignage était arrivé à maturation et si en tant que lecteurs, nous ne nous trouvions pas mis à l'état de voyeurs. Quelque-chose m'a mise mal à l'aise, un peu comme si j'écoutais à la porte du cabinet du psychologue...



Je ressors en outre interloquée par la narration polymorphe et par ce qui se dégage à la fois de si intime et de si distancié, froid dans son expression.

Est-ce un récit qui manque de pudeur, à la manière de son père qui se promenait nu dans la maison avec ses mains baladeuses... Inconsciemment sans doute.
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Le rêve Botticelli

La periode pour lire cette biographie romancée n'était pas propice pour moi, j'en sors avec une sorte d'indigestion tellement ce roman regorge d'informations artistiques et historiques concernant Boticelli et ses acolytes au XVe siècle à Florence.

Certes, les émotions étaient exacerbées les intrigues amoureuses bien développées, les passions ont été retranscrites comme le moindre petit détail sur une toile de peinture mais j'ai trouvé ça long, très long à démarrer et cela m'a un peu freinée dans mon élan de curiosité face à cette lecture.

J'ai donc posé mon livre et à la reprise la petite étincelle ne s'est pas ravivée comme je l'aurais souhaité.

Je suis donc un peu mitigée face à ce flot d'éléments qui ont peut-être alourdi la teneur de ce livre et cela m'a plus fait songer à un documentaire qu'à une biographie romancée.
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