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Citations de Sophie Pujas (76)


Pour certaines âmes sentimentales et vagabondes les villes sont hantées. Je ne peux marcher rue du Bac sans un coup de chapeau à Romain Gary, rue Campagne-Première sans voir courir Belmondo sous l'œil de Godard, rue des Vignes sans une pensée amicale pour la haute carcasse de Zoran Music. Je ne suis pas seule à me bercer à ces temps parallèles, invisibles à l'œil de qui ne sait pas rêver.

Rue de Verneuil
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Quand un étranger me demande quel est l’endroit de Paris que je préfère, parfois je décris l’Orangerie. Les paresseuses allées du jardin des Tuileries, nimbées dans leur ennui sableux, dissimulent en leur coeur cette splendeur.
Le lieu peut-être où j’ai découvert que l’art était une aventure risquée, intempestive, absolue.
Ces nymphéas qui m’ont bouleversée enfant et ne cessent de le faire, et peu importe les snobismes convenus.
Quand il s’empare de ces murs, deux pièces dont il abolit les limites comme il abolit les frontières entre les éléments, deux rotondes qui enserrent le spectateur de leur étreinte aquatique, aérienne, voluptueuse et terrible, Monet est au bout de sa vie. La lumière se dérobe à son regard. Aveugle, visionnaire. Jamais il n’a été aussi audacieux, aussi fou. [..]
Je ne peux entrer là sans sentir une âme immense palpiter entre deux algues, deux frémissements opaques de lumière et d'eau. L'endroit est désert souvent. C'est un tête-à-tête qui m'a consolée parfois.

Jardin des Tuileries
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Autrefois dans certaines contrées reculées, avant le mariage, une jeune fille devait se battre au couteau avec un ours. On la précipitait dans une fosse avec la bête, aux yeux de tous. Il est vrai qu'elle n'en réchappait pas toujours. Toute méthode pédagogique a ses limites. Mais si elle avait traversé l'épreuve, elle était parée pour affronter un homme. Elle avait fait la démonstration de sa puissance pour le reste de ses jours. Le mari devait y réfléchir à deux fois avant de la contrarier.
Pure légende ? peut-être. Mais elle me plaît.
Je n'ai pas tué assez d'ours, dans ma vie. (p. 88)
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Cet homme avait passé très vite dans ma vie mais le temps n'est pas à la mesure de nos cœurs, et de ce peu de jours blottis dans son ombre il m'était resté une entaille, du genre que l'on chérit et caresse les soirs de brume.
(...) Notre vie n'est que cela. Cette foi incessante en un miracle qui un instant semble à portée de cœur. Le temps d'y croire et l'on a compris son erreur. Mais il existe une seconde merveilleuse. Le bonheur se loge dans l'instant fugace de l'illusion bienheureuse.
C'était, je me souviens, place Clichy, un jour balayé de feuilles de fin d'automne, un jour lacéré de gris.
p 48-49
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Plus on croit au hasard, plus il est généreux.

Rue Brancion
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(18) Rue Muller

S'égarer est un art de vivre. Une question de principe. Il faut laisser défiler les rues comme on devrait accueillir les êtres: sans rien attendre d'eux, je veux dire rien que l'on ait espéré à l'avance, pour mieux se laisser déployer leurs merveilles propres, dont jamais nous ne pouvons présager. Toute surprise est une promesse. (p.129)
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(18) Rue Stephenson

Ce qui nous attache à un lieu est aussi obscur que ce qui nous pousse vers un être et c'est à cette obscurité qu'il faut se fier.
Peu importe vers quelles voies de traverse nous mènera une rencontre. L'important est qu'elle ait lieu, qu'elle se pare de cette évidence heureuse qui augmente le monde et en fait un endroit fréquentable en dépit de tout. (p.67)
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L'un de ses amis avait forgé pour lui le mot de hautesse. Certaines vertus n'existent pas tant que n'a pas surgi l'être capable de les incarner. Les mots attendent parfois ce qui leur donnera corps. Hautesse, tel était le nom de sa grandeur étrangère à toute arrogance, de sa noblesse tissée de bienveillance et d'écoute. p 86
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Tout pas est une prière, un appel à l'ange qui sommeille.
Mais le vrai vertige n'est pas là. Il survient quand cesse l'attente, à ce point d'épuisement où l'espoir se tait. (p. 15)
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Dans la courbe des murs, accueillante, toujours nouvelle, ouverte dans la douceur des pierres friables, là est enfin la vie, la vie vibrante, la vie telle qu'elle devrait être.
Les villes sont lentes quand la nuit les enveloppe. Elles ne respirent qu'à peine.
Leur domaine, c'est la nuit profonde, veloutée, qui n'est tout à fait ni la nuit insomniaque des fêtards ni le petit jour où se croisent des destins contraires.
La nuit soyeuse et calme.
(...) L'essentiel est la vitesse. Bomber comme on frappe, sans hésitation, sans regret. Créer comme on court.

(...) L'urgence de vivre et de créer comme seule morale.
Contrer la violence à venir, celle des forces qui effaceront, karchériseront, détruiront. La puissance du cri doit être à la hauteur de ce qui le menace . p 29
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J'aimerais que le passé soit une maison de campagne où s'enfuir pour quelques jours. J'aimerais que le passé soit une villégiature où faire les cent coups sans mettre en péril le bel aujourd'hui. (p. 151)
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La générosité n'est pas un sentiment sucré. Pour donner, et donner vraiment, il faut s'ouvrir le cœur et les tripes. Il faut devenir de verre et perméables à toutes les fissures de la vie. Il faut donner asile en soi à la folie hurlante et à la solitude sans retour.
La flèche est l'un de ses signes coutumiers. Ne pas croire qu'elle indique une trajectoire, plutôt la possibilité, l'impérieuse nécessité de toujours réinventé une direction. p 70
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Il aimerait que la vie puisse être menée ainsi, que chaque seconde compte, que la tension soit permanente, l'inspiration toujours vibrante. (p.25)
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(14) Rue d'Alésia

Les allées des pavillons psychiatriques de Sainte-Anne s'appellent Verlaine, Camille Claudel ou Van Gogh. Etrange logique. Veut-on offrir des modèles de fous qui ont réussi ? (p. 26)
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Nous n'aimons pas la perfection mais la fragilité, ce qu'il nous faut apprendre à protéger. Ce qui fait notre déroute en amour n'est pas l'idéal courbe d'un visage mais le trouble pailleté d'un regard. Ce sont les aspérités d'une âme qui nous laissent à merci. (p. 74)à
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Un jour, c'est là, j'ai besoin de m'enfuir. Cette soif parfois- impérieuse, vitale, catégorique- d'un avion, d'un train, d'un rivage ou d'une montagne à gagner. D'un ciel qui ne soit pas vidé de ses astres, d'heures de solitude loin des foules trop semblables. (p. 122)
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L'instant était parfait et n'avait pas besoin d'avenir.
Oui, comme il était étrange qu'en dépit de tout, il n'existe pas au monde beaucoup de magies plus puissantes que d'embrasser un être pour la première fois. (p.44)
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Il y a ces cafés où la vie se déroule à distance, comme dans un film de Claude Sautet. On ne sait pas bien pourquoi on n'entre pas dans cette chaleur où brille une femme, la seule vivante, la seule qui. Non. On reste à regarder en mendiant inquiet, on se demande quel est le timbre de sa voix et s'il y a sur son corps de ces grains de beauté qu'on aurait pu chérir.
Il faut partir, elle pourrait apercevoir ce fou avide de miettes d'elle.
De ce rêve volé on s'arrache un peu plus triste. L'espoir, parfois, appauvrit.

(7) Rue de la Comète
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(15) Rue Ernest-Hemingway

Si Paris est une ville où chacun se rêve écrivain, elle ne soigne pas toujours les écrivains à qui elle offre ses rues. (...)
Non contente de ressembler à une voie de garage sinistre, la rue Ernest-Hemingway ne compte pas un seul bar. Ce ne sont pas des façons de recevoir. (p. 113-114)
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(15) Rue Brancion

Plus on croit au hasard, plus il est généreux.
Chaque samedi, il arrive de bonne heure, pour voir les bouquinistes déballer leur stock. (...)
Il a pour les livres un instinct de chasseur amoureux. Sans les envois, les veaux estampés et les reliures anciennes, sa retraite serait morne. Grâce aux bouquins anciens, il est chercheur de trésor, un traqueur d'impossible . (p.59-60)
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