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EAN : 9782070114658
168 pages
Gallimard (08/10/2015)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Maraudes explore la capitale à travers les silhouettes qui la traversent, toutes porteuses d'histoires, comme autant de micro-fictions. Un sans-abri rue de l'Odéon, une jeune mère au parc Monceau, un chauffeur de bus rue Oberkampf, un bibliophile rue Brancion, un street artist rue de l'Equerre... Leurs états d'âme composent un paysage mouvant. Les lieux ont aussi leur mémoire : artistes potaches de la place du Tertre à l'aube du vingtième siècle, aviateurs tombés Po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Dans la rue, je ne suis plus qu'un oeil. Je guette la beauté blessée de cette ville violente, je m'abreuve de son fleuve, de ses néons, de l'éclat syncopé de ses femmes. Ses hommes - aussi.
Je chaloupe de drame en épiphanie. Paris souffre et flamboie, et je ne peux en détacher les yeux."

J'ouvre, je ferme, j'ouvre "Maraudes" et je pars, je suis partie, revenue, repartie.
Mon regard s'étend sur cette vaste et sensible fresque d'êtres anonymes, tous liés à des noms de rues, à cette belle envolée scopique rythmée de récits courts, attentifs, poignants où les yeux se perdent avec la lumière : flux visuel et flux lumineux, couleur, reflet, ruissellement, brillance, éclat des âmes des "petites gens", des "jetés-pour-compte".

Lectrice en errance dans les rues de Paris, je suis voyant - comme l'auteure - sans être vue, voyant dans la visibilité du voyant qui trouve l'énergie de l'autre, une errance dans cette même pulsion scopique. Je déambule dans le désir de savoir, dans cette dérivation du désir de voir.
Départ rue de l'Odéon, je fais le tour de la place Saint Pierre, bifurque vers le parc Monceau, puis la rue Jonas, le square du Temple, j'emprunte la rue Eugène-Poubelle, remonte la rue d'Alesia en passant par la place de l'Opéra et le square Saint Éloi. Je saute rue Oberkampf, plonge dans les jardins du Luxembourg, longe la rue des Ursulines, Galerie Vivienne, passe le Pont Mirabeau. Pause inutile, le récit est trop beau, les mots gambadent, les mots gesticulent et je grimpe rue de Paradis…. l'imaginaire est piéton sur les trottoirs du réel.
Je suis à la recherche des plaques du temps. Je continue, j'aime cette promenade sans but et dans le silence. Je m'isole dans une galerie qui brille dans le cristal de la langue ; jubilation picturale, admirable collection de plaques de rues, comme des miroirs, reflets de portraits, de passions, de souffrances, de bonheur. Je suis dans l'antichambre du dehors, sur le pavé des saisons.

À toutes ces vies si brillantes ou si ternes comme l'asphalte, si capricieuses, si variées, à ces innombrables battements de cils comme des coups de pinceau assurément passionnés, vibrants, Sophie Pujas nous entraîne intensément dans de touchantes évasions rêvées.
Ses yeux sont partout où l'on pleure, où l'on crie, où l'on chante, où l'on pense, où l'on aime, où l'on calomnie, où l'on s'aime où l'on souffre, où l'on travaille, en se pressant de vivre pour mourir ou de mourir pour vivre. À chaque pas, en effet, au détour de chaque rue, les yeux
fixés sur l'écriteau qui porte son nom, il vous sera facile de
déchiffrer, le livre à la main, une page d'histoire poétique et troublante souvent joliment sensuelle, tourmentée, drôle dans le surgissement d'une place ou d'une rue Parisienne.
La ville mémoire en main, est le théâtre radieux d'un des plus beaux spectacles intimes.
Lisez "Maraudes" au hasard, en marchant, en courant, à vol d'oiseau...

"Maraudes" est un livre sobre et sensuel. "Maraudes" est un livre lumineux, un livre avec des yeux qui marchent.

Là où le monde réel se transforme en images, les images deviennent plus réelles pour la jouissance du lecteur.
L'imaginaire par sa face silencieuse me fait aimer la rue Truffaut (17), pour le seul délice de cette phrase : "À quoi peut ressembler une lurette et qu'est-ce qui la rend si jolie ?"

Anne Bolenne
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Attention.... gros coup de cœur...incroyable ... pour le sujet attractif, le style fort poétique , empreint d'une hyper-sensibilité... Une très, très belle découverte faite par hasard, en fouinant en librairie !

Je débute cette chronique par cet extrait qui exprime très justement les déambulations, promenades, flâneries rêveuses , nostalgiques ou fantaisistes de notre auteure...

"Pour certaines âmes sentimentales et vagabondes les villes sont hantées. Je ne peux marcher rue du Bac sans un coup de chapeau à Romain Gary, rue Campagne- Première sans voir courir Belmondo sous l'œil de Godard, rue des Vignes sans une pensée amicale pour la haute carcasse de Zoran Music. Je ne suis pas seule à me bercer à ces
temps parallèles, invisibles à l'œil de qui ne sait pas rêver" (p. 144)

Des flâneries urbaines inhabituelles... Sophie Pujas quadrille les rues de la "Ville- Lumière", évoque poétiquement les silhouettes les plus différentes, les plus éclectiques...
Mélanges de rêveries éveillées, ensommeillées, d'observations... de déambulations multiples, où des destins anonymes se croisent, se chevauchent...

Des micro-fictions, comme des esquisses , des ébauches de tableaux que chaque lecteur peut à loisir , prolonger à sa manière.
Ces très courtes histoires sont réparties et réunies selon les 4 saisons, et ensuite, à chaque saison, introduites par l'arrondissement et le nom de la rue...

Tout à fait euphorique de découvrir que Sophie Pujas a publié en 2015 un ouvrage sur 25 artistes du Street- Art, sur lequel je vais me précipiter au plus vite... passionnée
par l'art urbain depuis de longues années...

Dans "Maraudes", Sophie Pujas exprime au plus près les contrastes de Paris, mais aussi de toutes les capitales... tant les lumières que les ombres. Fantômes d'écrivains, d'artistes succèdent aux vivants, rencontrés au quotidien...Comme tout paysage urbain, la richesse côtoie les laissés pour comptes, ainsi que les misères extrêmes...
Ce livre très exceptionnel... offre un regard aussi incisif que rempli de poésie, de fantaisie...
Un ouvrage que j'ai lu lentement volontairement tellement il est exceptionnel en qualité de style , poésie et humanité rayonnante.


N.B. J'aurais voulu aussi attirer votre attention sur la subtilité du terme choisi comme "titre": " Maraudes"- Divers sens-: Ronde, tournée, visite de voisinage. Terme ancien remis au goût du jour avec un autre sens, notamment pour la prévention des problèmes sociaux]
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critiques presse (1)
LeFigaro
19 novembre 2015
Un récit intime et original sur Paris, fait de flâneries, de souvenirs et de fines observations.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Quand un étranger me demande quel est l’endroit de Paris que je préfère, parfois je décris l’Orangerie. Les paresseuses allées du jardin des Tuileries, nimbées dans leur ennui sableux, dissimulent en leur coeur cette splendeur.
Le lieu peut-être où j’ai découvert que l’art était une aventure risquée, intempestive, absolue.
Ces nymphéas qui m’ont bouleversée enfant et ne cessent de le faire, et peu importe les snobismes convenus.
Quand il s’empare de ces murs, deux pièces dont il abolit les limites comme il abolit les frontières entre les éléments, deux rotondes qui enserrent le spectateur de leur étreinte aquatique, aérienne, voluptueuse et terrible, Monet est au bout de sa vie. La lumière se dérobe à son regard. Aveugle, visionnaire. Jamais il n’a été aussi audacieux, aussi fou. [..]
Je ne peux entrer là sans sentir une âme immense palpiter entre deux algues, deux frémissements opaques de lumière et d'eau. L'endroit est désert souvent. C'est un tête-à-tête qui m'a consolée parfois.

Jardin des Tuileries
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Autrefois dans certaines contrées reculées, avant le mariage, une jeune fille devait se battre au couteau avec un ours. On la précipitait dans une fosse avec la bête, aux yeux de tous. Il est vrai qu'elle n'en réchappait pas toujours. Toute méthode pédagogique a ses limites. Mais si elle avait traversé l'épreuve, elle était parée pour affronter un homme. Elle avait fait la démonstration de sa puissance pour le reste de ses jours. Le mari devait y réfléchir à deux fois avant de la contrarier.
Pure légende ? peut-être. Mais elle me plaît.
Je n'ai pas tué assez d'ours, dans ma vie. (p. 88)
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Cet homme avait passé très vite dans ma vie mais le temps n'est pas à la mesure de nos cœurs, et de ce peu de jours blottis dans son ombre il m'était resté une entaille, du genre que l'on chérit et caresse les soirs de brume.
(...) Notre vie n'est que cela. Cette foi incessante en un miracle qui un instant semble à portée de cœur. Le temps d'y croire et l'on a compris son erreur. Mais il existe une seconde merveilleuse. Le bonheur se loge dans l'instant fugace de l'illusion bienheureuse.
C'était, je me souviens, place Clichy, un jour balayé de feuilles de fin d'automne, un jour lacéré de gris.
p 48-49
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Pour certaines âmes sentimentales et vagabondes les villes sont hantées. Je ne peux marcher rue du Bac sans un coup de chapeau à Romain Gary, rue Campagne-Première sans voir courir Belmondo sous l'œil de Godard, rue des Vignes sans une pensée amicale pour la haute carcasse de Zoran Music. Je ne suis pas seule à me bercer à ces temps parallèles, invisibles à l'œil de qui ne sait pas rêver.

Rue de Verneuil
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(18) Rue Stephenson

Ce qui nous attache à un lieu est aussi obscur que ce qui nous pousse vers un être et c'est à cette obscurité qu'il faut se fier.
Peu importe vers quelles voies de traverse nous mènera une rencontre. L'important est qu'elle ait lieu, qu'elle se pare de cette évidence heureuse qui augmente le monde et en fait un endroit fréquentable en dépit de tout. (p.67)
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