Stephen King

Norman qui regardait passer les voitures sur fond sonore des Bee Gees chantant " You Should Be Dancing ", au fond du Finnegan's Pub, dont la porte était grande ouverte et où l'on avait poussé à fond la sono.

Le flic émit un grognement inarticulé, le genre de grognement qu'on ne devrait entendre que lors de la visite d'un zoo, et donna un tour de vis de plus aux couilles de Ramon.

L'auteur du livre était David Goodis et son titre Dark Passage. En passant par la page des copyrights, Rosie comprit qu'il n'était pas surprenant qu'elle n'eût jamais entendu parler de lui (même si le titre lui disait vaguement quelque chose) : Dark Passage avait été publié en 1946, dix-sept ans avant sa naissance.

PROLOGUE

John Smith avait grandi. Il était devenu étudiant et n'avait plus aucun souvenir de la mauvaise chute qu'il avait faite un jour de janvier 1953. Dès le lycée, il avait eu du mal à se la rappeler. Quant à ses parents, ils n'en avaient jamais rien su.
C'était un jour de l'hiver 1953, on patinait sur l'étang de Durham. Les grands jouaient au hockey en s'aidant de bâtons et en utilisant deux paniers de pommes de terre en guise de buts. Les petits jouaient la mouche du coche, s'amusant comme ils savent le faire en se tordant les chevilles, en s'essoufflant, en se tenant mal et de façon comique sur leurs patins. Dans un coin, des pneus brûlaient en laissant échapper une fumée âcre et noire. Les parents, assis non loin de là, surveillaient leur progéniture. Les scooters de neige étaient encore inconnus et l'hiver, pour tout divertissement, on devait se contenter des exercices corporels.
Johnny, ses patins pendus au cou, était venu lui aussi jusqu'à l'étang. À six ans, il était déjà bon patineur.
Pas assez sans doute pour se joindre aux joueurs de hockey, mais suffisamment pour rivaliser avec ceux qui faisaient tournoyer leurs bras telles des ailes de moulin afin de conserver leur équilibre.

Ses traits étaient grossiers, comme façonnés par un sculpteur aveugle. Et il avait des pailles à la place des yeux.

Cette fois-ci, Élise fut incapable de crier; ses cordes vocales étaient trop endommagées pour cela. Ça ne dura pas très longtemps pour les Graham (...) mais, jusqu'au dernier moment, John cria tout à fait convenablement pour deux.
(La saison des pluies)

Au point où elle en était, elle avait autant besoin d'une liaison amoureuse que d'un cancer de la lèvre.

Bref, un bon samaritain grand teint format fouille-merde, toujours à courir ici ou là et trop occupé à sauver le monde pour penser à changer de sous-vêtements.

Il y a du réconfort que tu n'as même pas besoin d'allumer.

Vous avez entendu dire "ses entrailles se sont liquéfiées" ? Je sais ce que cette phrase veut dire - exactement ce qu'elle veut dire. C'est peut-être le cliché le plus vrai jamais inventé. J'ai eu peur depuis cette époque, très peur, mais jamais autant qu'à cet instant [...]. Il m'a semblé que pour un moment tous les organes de mon corps se sont ramollis, comme évanouis. Un mince filet d'urine a coulé sur l'intérieur de ma cuisse. Ma bouche s'est ouverte. Je ne l'ai pas ouverte, elle l'a fait d'elle-même, la mâchoire est tombée comme une trappe dont on a soudain enlevé les gonds. Ma langue s'est plaquée contre le palais, risquant de m'étouffer. Et tous mes muscles se sont bloqués. C'était le pire. Mes entrailles étaient flasques mais mes membres étaient bloqués dans une étreinte terrible et je ne pouvais plus bouger du tout. Cela n'a duré qu'un instant, mais subjectivement ce fut un instant d'éternité.

En rentrant à Midwood, Billy trouve un mot punaisé sur sa porte. Une invitation à manger des travers de porc, du coleslaw et une tarte aux cerises chez les Ragland...

Elle était terrible à voir...terrible ! Elle avait une espèce de robe de bal, enfin, ce qu'il en restait et elle était inondée par l'eau de la borne et couverte de sang avec ça. On aurait dit qu'elle sortait de dessous la carcasse d'une voiture après un accident. Mais elle souriait.

Il n'y a rien qu'une atmosphère blême mais sans cesse agitée courant sur les guérets, au-dessous d'un ciel blanc dans lequel des formations d'oiseaux en V tirent de l'aile vers le sud.
(Ça vous pousse dessus)

Au moment où vous croyez avoir vu ce que l’être humain a de pire à offrir, vous découvrez que vous aviez tort. Le mal ne connaît pas de limites.

["La rédemption de Shawshank", durant le procès d'Andy Dufresne]

- Seriez-vous trop contrarié, monsieur Dufresne, si je vous disais que vous ne me paraissez pas du genre suicidaire ?

- Non, dit Andy, mais vous ne me paraissez pas terriblement sensible vous-même, et je doute grandement, si je pensais au suicide, que j'irais vous soumettre mon problème.

Au moment où vous croyez avoir vu ce que l'être humain a de pire à offrir, vous découvrez que vous aviez tort.Le mal ne connaît pas de limites.

Qu'avait-il fait du cube de métal concassé qu'avait un jour été Christine ?

Pour bien écrire, il faut maîtriser le langage obscène et savoir regarder la saleté en face, l'exalter parfois.

Quand on aime , les cicatrices ont la beauté des fossettes .

« The pituitary gland […] is, speaking in terms of evolution, the oldest endocrine gland in the human body. During early adolescence it dumps many times its own weight in glandular secretions into the bloodstream. It's a terribly important gland, a terribly mysterious gland. If I believed in the human soul, Captain Hollister, I would say it resides within the pituitary gland. »