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Citations de T. C. Boyle (160)


Mais en fin de compte, sa mère promit de lui envoyer de l’argent, qu’à son tour, elle promit de rembourser. Elle était une ratée, toutes deux le savaient, une paumée qui avait perdu un enfant et son mari, qui travaillait à mi-temps comme serveuse, un boulot tellement indigne d’elle ; tous les jours, elle perdait des neurones à la pelle et s’accrochait à la maison comme si cela pouvait la racheter de toutes les forces liguées contre elle, à commencer par la montée des eaux et les termites qui avaient migré depuis la lointaine Asie pour saper le peu qui restait.
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Allez, un petit whisky?
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Je crois que nous ressentions tous la même chose, nous le ressentions en tant qu'équipe, nous devinions que l'atmosphère changeait, littéralement. Sous serre, l'air dense, vif et vert, était très différent de l'air raréfié du désert qui nous entourait. Dès l'instant où nous y avons pénétré, il emplit nos narines. Il sentait la moisissure, les spores, la terre humide, la photosynthèse, les fourmis, les termites et les microbes dans le sol tout à leur œuvre destructrice sous les bananiers et les palmiers qui s'élançaient vers notre ciel restreint fait de milliers de panneaux de verre scellés, accablés de soleil. Cet air, on en avait le goût sur la langue. Il entrait et sortait de vos pores comme si votre corps n'avait été qu'un gros poumon. Et, en fond sonore, toujours, le redoutable grondement des ventilateurs et des souffleries de la technosphère qui rendaient tout cela possible, notre respirateur artificiel aux inspirations aussi brusques que ses expirations étaient lisses, jour et nuit, régulier comme un cœur. Voilà comment c'était à l'intérieur, voilà ce qui vous frappait – qui m'a frappée, en tout cas, moi – au cours de ces premiers instants de la mise en étanchéité. (p. 128)
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Le lendemain ou, peut-être, un autre jour, peut-être le surlendemain, Brenda est venue au mobil-home, raide et froide. Elle ne l’a pas salué, elle ne lui a pas caressé les oreilles ou offert une gâterie. Aimee lui a servi du thé, comme quand Sans-Jambes venait. Il n’a pas eu le droit à s’asseoir à table avec elles mais sur le canapé, à regarder les magazines, Playboy surtout, son préféré et il n’y avait que des femelles qui, parfois, ressemblaient à Aimee.
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Si Sam possédait un quelconque savoir, il restait muet. De ce point de vue, un jour, l’homme à la robe noire avait été la raison pour laquelle il avait eu droit à un gâteau au chocolat, une raison qui lui semblait suffisante pour lui prêter attention. Ils buvaient du thé à la table de la cuisine, mangeaient les biscuits aux flocons d’avoine que le Père ne manquait jamais d’apporter. Un après-midi, après un échange sur le temps, les lézards, les plaques de roches sur le plateau, les épines de cactus et autres preuves du monde matériel, le Père Curran demanda « Qui est Dieu ? » et Sam signa « Dieu ». Aimee trouva la réponse plutôt intéressante puisque Dieu était ineffable. Le Père Curran tenta à nouveau sa chance : « Où est Dieu ? » Sam, après voir adressé à Aimee un regard complice, pointa son long index vers le ciel.
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Dieu était là-haut dans le ciel. Dieu était bon. Dieu aimait tout le monde. Sans-Jambes était l’ami spécial et le messager de Dieu, il apportait des biscuits quand il venait lui rendre visite, et tel était le goût de Dieu ou, plutôt, c’est ce qu’on pouvait en déduire. Sans-Jambes était inoffensif, il était faible, il ne représentait aucune menace pour Aimee, lui-même ou qui que ce soit. Sans-Jambes apprenait à faire des mots avec les mains pour qu’ils puissent parler de ce qui était visible et de ce que ni l’était pas ; parfois, Sam comprenait ce que cet homme voulait dire, en partie du moins, parce que, lorsqu’il fermait les yeux, il voyait encore des choses et dans ses rêves aussi il les voyait. Et DIEU avait un PENIS comme lui. Dieu durcissait-il comme il le faisait lui-même parfois ? Dieu connaissait-il Aimee ? Dieu descendait-il parfois du ciel ? Dieu était-il un oiseau ?
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Comme tout être vivant, il savait ce qu’était le temps : l’aube, le crépuscule, la lente dérive cyclique des saisons, il connaissait le temps qu’indiquaient le four et le tableau de bord de la VOITURE de Guy, il connaissait l’HEURE DU PETIT DEJEUNER, L’HEURE DU GINTONIC, L’HEURE DE RACONTER UNE HISTOIRE, L’HEURE DE SE COUCHER, mais il ne connaissait pas le temps d’ici. Ici, le temps était un néant abruptement déchiré par les cris et la violence, par le GEANT et son bâton piqueur, mais d’une façon stupéfiante et inexplicable, soudain c’était l’heure pour elle d’être ici, dans cet endroit avec les BESTIOLES NOIRES aux mêmes pieds que lui – ici avec lui et pas eux, jamais eux. Et puis, soudain, alors que sa vie reprenait, voilà que Guy, lui aussi, était de retour.
Sam entendit un très léger filet de voix provenant du dehors, du dehors glacial, la voix de Guy, et il bondit comme s’il avait été propulsé, hululant tant que les autres l’imitèrent, que la grande devint un tohubohu de hurlements et de hululements, et voici qu’à la porte apparurent les visages de Guy et d’Aimee à son côté.
Alors Sam signa si vite qu’il savait à peine ce qu’il disait, VIENS CALIN, TEMPS DE PARTIR, TOI MOI ELLE DEHORS
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Aimée est une étudiante timide et solitaire. Lorsque l'occasion se présente de travailler auprès de Guy Schermerhorn, professeur médiatisé de son université, elle se porte candidate, intéressée par son sujet de recherche : l'enseignant apprend le langage des signes à Sam, un jeune chimpanzé. Le courant passe aussitôt entre Aimée et Sam, et Aimée devient une assistante parfaite pour Guy. Le programme de recherche est double : il s'agit d'apprendre le langage à des chimpanzés, enlevés très jeunes à leur mère et de les élever comme des humains. La chute est donc d'autant plus rude à l'arrêt du programme, lorsque Sam se retrouve dans une cage glaciale, lui qui a toujours dormi dans un lit tout confort qu'il partageait avec Aimée...
Comme toujours chez T.C. Boyle, le ton est caustique, et les personnages jusqu'au-boutistes. Leurs points de vue alternent au fil des chapitres, y compris celui de Sam : arraché à son foyer douillet Sam souffre physiquement et psychologiquement de sa captivité. L'injustice de sa situation, sa conscience et son intelligence suscitent une forte empathie chez le lecteur.
Le roman illustre très bien l'éthique des rapports homme/animal. Si Sam était resté dans sa forêt natale sa vie aurait été autre.
J'avoue être ressortie bouleversée par cette lecture captivante ; T.C. Boyle emporte systématiquement mon adhésion dans ses romans !
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Il était tellement humain, mais en même temps il ne l’était pas, comme si sa mission en ce monde était d’ébranler l’espèce humaine. Toute sa vie, elle s’était retrouvée à reculer mentalement aux moments les plus surprenants, elle voyait les gens dans un éclair comme de gros animaux déguisés, les vieux, surtout, avec leurs oreilles allongées, leurs narines grêlées et leur peau fripée comme celle d’un lézard. Or voici que la réalité venait à elle.
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Il n’y avait pas d’issue mais ça n’importait guère. Tu devais simplement être dur, fabriquer ta propre légende et advienne que pourra.

(Grasset, p.424)
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Nous voulons vivre par procuration à travers nos héros et nos saints mais pas échanger notre place avec eux.
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Les gens disent qu'ils n'aiment pas aller à l'hôpital ou chez le dentiste, comme si cela leur permettait de se distinguer de l'immense majorité qui adore les brancards et les fauteuils dentaires.
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Pourquoi donc ce qu'on plante ne veut-il jamais pousser alors que ce dont on ne veut pas prolifère quand bien même on le coupe, le maltraite et le déracine ?
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Nous suivions un régime riche en fibres, très nutritif mais pauvre en sucre, graisses et protéines : à savoir les choses qui font que la vie vaut la peine d'être vécue.
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« Les vagues se brisaient sur la grève, refluait puis venaient à nouveau éclater là: force antédiluvienne dont les assauts sur le rivage réduisaient à rien jusqu’au pierres les plus dures, les muants en des grains qui n’étaient qu’une fraction de la taille d’une fourmi, tous inertes sur les fonds marins qui s’étendaient, immaculés et austères, jusqu’à l’infini. » -La fourmi Argentine
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La bibliothèque est l’un de mes bâtiments préférés en ville, un monument en grès élevé à la gloire du savoir et de la culture à une époque où les gens s’en souciaient encore. Bien sûr, de nos jours, c’est surtout un réceptacle de fesses, d’hommes pour la plupart, qui encombrent les fauteuils et les grandes tables en chêne, avec leurs sacs débordant de leurs piètres possessions pour passer leur temps à regarder des sites porno sur les écrans des ordinateurs, gribouillant dans un carnet ou faisant un somme, tête rejetée en arrière, bouche grande ouverte. Cela dit, je ne me plains pas. Ils ont le droit de vivre.
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Recette du Chameau farci de TC Boyle (water music):

POUR 400 PERSONNES –

Ingrédients : 500 dattes
200 œufs de pluvier
20 carpes de 20 livres
4 outardes, plumées et vidées
2 moutons
1 gros chameau
Condiments divers

Préparation :

Creuser une tranchée. Faire un feu d’enfer pour obtenir de la braise sur un mètre de profondeur. Faire durcir les œufs à part. Écailler les carpes et les farcir avec les dattes et les œufs durs épluchés. Assaisonner les outardes et les farcir avec les carpes farcies. Farcir les moutons avec les outardes farcies, puis farcir le chameau avec les moutons farcis. Flamber le chameau. L’envelopper de feuilles de palmiers doums et l’enterrer dans la fosse. Laisser cuire pendant deux jours.
Servir avec du riz.
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Oui, Amsterdam, voilà à quoi il pense. Amsterdam, ses canaux, ses tulipes et ses fräulein au bout du rouleau. Amsterdam et son genièvre. Hans Brinker. Paris est hors de question. Avec cette guillotine qui n'arrête pas! Les jacobins, la Terreur!... Non, la terreur, il a déjà donné, ici même, à Londres. Non, Paris est hors de question. Ses putes célèbres et ses vins qui ont de la cuisse (à moins que ce ne soit le contraire), on va laisser tout ça vieillir tranquille... jusqu'à nouvel ordre.
P. 248 (éditions Libretto)
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En ce temps-là, les rues de Londres étaient aussi souillées, limoneuses et infectées que mille tas de fumier mis bout à bout. Elles étaient en outre dix fois plus dangereuses qu'un champ de bataille et aussi rarement nettoyées que les culs-de-basse-fosse des asiles de fous.
P. 170 (éditions Libretto)
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Qu'importe. À sept ans, le ventre creux et le visage crasseux, vacillant comme une cigogne saoule, il alla rôder dans Russell Square, Drury Lane, à Covent Garden... La mendicité étant une profession alors fort en vogue, il fallait en plus affronter la concurrence. Épaule contre épaule, c'était toute une armée d'amputés, de lépreux, de crétins, de paralytiques, d'aphasiques bougonnants, de bavouilleux de la gueule et de gémissants qui campait sur les trottoirs. Il y avait là un cul-de-jatte, planté dans un pot de chambre, qui sautillait comme un singe en s'appuyant sur ses phalanges, une femme-tronc qui vous cirait les chaussures avec sa langue, un homme-chien à la queue rachitique et aux crochets jaunis qui lui pendaient sur la lèvre. Ned n'avait aucune chance de réussir.
P. 83 (Éditions Libretto)
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