AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Bernard Turle (Traducteur)
EAN : 9782246835158
528 pages
Grasset (07/02/2024)
3.61/5   9 notes
Résumé :
Cat vient de s’installer en Floride avec son fiancé dans une magnifique maison sur la plage. Pourtant, elle s’ennuie. Un jour, sur un coup de tête, elle achète un des serpents les plus dangereux au monde, un python birman. De l’autre côté du pays, en Californie, c’est un tout autre achat qu’effectue sa mère Ottilie : de plus en plus sensible à son empreinte écologique, elle franchit un pas supplémentaire vers l’autonomie alimentaire et le recyclage des déchets en ... >Voir plus
Que lire après Un ciel si bleuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Pour sa trente et unième oeuvre de fiction, T. C. Boyle enclenche un terrifiant compte à rebours avant l'apocalypse: la Californie s'enflamme, les inondations menacent la Floride. Autour d'une famille aisée et instruite, il observe les conséquences du réchauffement climatique sur le fonctionnement de ses membres et multiplie les catastrophes avec cet humour noir qui le définit si bien.

  "La planète se meurt, ne le vois-tu pas, M'man ?" accuse Cooper.
Cooper est le fils de Frank, médecin respecté, et Ottili son assistante à la retraite, et il vit sur la côte californienne, près de ses parents. Il est entomologiste et écologiste alarmiste, au point de convaincre sa mère d'adopter un mode de vie moins énergivore et de produire elle-même son alimentation en protéines " parce que son fils était entomologiste, parce qu'elle l'aimait et parce que c'était la chose à faire, Ottilie décida d'ajouter les insectes à son régime alimentaire." 
Convertie sans difficulté,  parce que "c'était excitant, comme tout nouveau projet, surtout quand il était aussi écologique et auto-redempteur", la mère de famille est pleine de bonnes intentions mais ne se remet pas profondément en question.

Ainsi vont les personnages de T. C Boyle : soumis à des tensions extrêmes, ils cherchent davantage à s'adapter qu'à corriger leurs erreurs ou à évaluer leurs schémas de pensée.
Mais si l'auteur pointe les défauts de ses personnages rivés à leur zone de confort, il parvient néanmoins à leur accorder cette touche d'humanité qui finit par les rendre sympathiques aux lecteurs.

Avec une touche d'ironie, il nous présente les efforts d'Ottilie pour préserver son image de mère nourricière et d'hôtesse exemplaire et nous régale de recettes de tacos aux larves de mezcal, de sauterelles frites et de beignets de grillons. Lors d'un repas entre amis, elle se réjouit qu'un seul convive ait été malade puisque c'est la satisfaction de sa famille qui lui importe plus que tout. On la voit ainsi dans de nombreuses circonstances tragiques agir en mère courageuse pour venir en aide à ses enfants.

Elle aura fort à faire avec sa fille Cat qui est présentée dès le début du roman comme une jeune femme écervelée et superficielle, prête à tout pour devenir influenceuse. Elle a déménagé en Floride, où elle vit avec son fiancé, Todd, ambassadeur du rhum Bacardi, dans une maison sur la plage héritée de la mère de Todd. le comportement de Cat est typique de celui de ces jeunes femmes égocentriques et obsédées par leur apparence. A la mort de sa belle mère, elle regrette égoïstement de devoir reporter son mariage mais se réjouit de la situation de la maison.

Par désoeuvrement, elle entre un jour dans une animalerie et achète un python en pensant qu'il lui servirait de faire-valoir pour sa carrière sur les réseaux sociaux. Satire malicieuse du consumérisme à tout prix, la description de l'achat interroge également sur les rapports de l'homme avec le vivant. "Elle opina du chef, alors qu'elle ne comprenait absolument rien à ce qu'il racontait. Il essayait de lui vendre un produit et elle allait l'acheter. Ils en étaient aux préliminaires."
Le choix d'un python comme animal de compagnie repose essentiellement sur sa fonction décorative, au même titre qu'un accessoire de mode.
" Celui-ci est joli, déclara-t-elle, désignant un autre serpent, fond sang séché et motif noir imbriqué comme un T-shirt de chez Anthropologie. Et celui-là aussi. Mais celui qui m'a vraiment tapé dans l'oeil, c'est celui de la vitrine. Il est trop grand, je le sais, mais en auriez-vous un pareil... Avec le même motif je veux dire... Mais de la taille de cet autre là... "
Avec un humour glaçant, l'auteur fera payer très cher à Cat son insouciance et son indifférence aux besoins d'un être vivant (âmes sensibles s'abstenir).

L'achat de ce serpent déclenchera également l'hostilité de son frère, Cooper toujours obsessionnel lorsqu'il s'agit de l'environnement. Lorsqu'il déclare que ces reptiles ont détruit la chaîne alimentaire des Everglades, anéantissant de nombreuses espèces de mammifères et mettant même les alligators en danger, Cat s'inquiète du nombre de likes qu'elle pourra récolter en publiant des selfies où elle apparaît drapée dans son magnifique python.

Contrairement à sa soeur, Cooper souffre d'éco-anxiété et se montre parfois arrogant lorsqu'il se pose comme défenseur de la planète et donne aux autres des leçons de vie. Ou qu'il impose à sa mère une ferme de vers à farine, un générateur à grillons ou une quantité de ruches.
Par ailleurs, en tant que scientifique, il est davantage dans une logique comptable que dans l'empathie jusqu'à la formidable scène finale où il emmène sa mère pour l'aider à recenser les papillons.
Sa proximité avec les insectes va cependant avoir de sinistres conséquences mais là encore, l'auteur choisit l'ironie en faisant dire à Mari, sa petite amie spécialiste des tiques, que "Cooper sort avec une acarologue et se retrouve à servir d'espèce hôtesse pour une tique."
De fait, la morsure de tique va s'infecter et conduire à l'amputation de son bras droit. Ce qui n'empêchera pas Cooper de recencer systématiquement tous les insectes présents dans le moindre buisson de manière obsessionnelle.

Alors que les personnages affrontent une succession d'épreuves individuelles, les effets du dérèglement climatique ont des répercussions collectives. Des vagues de chaleur insupportable et des incendies de forêt font rage en Californie tandis que des pluies persistantes font monter l'océan contre les pilotis de la maison de Cat en Floride et inondent les rues de la ville.

L'auteur nous offre ainsi ( terrifiant cadeau ) une succession de scènes hallucinantes et cauchemardesques, à peine tempérées par l'humour noir dont il fait preuve dans ses descriptions.
Pour l'exemple, le mariage de Cat avec Todd chez ses parents est perturbé par des vents violents qui font s'envoler les tentes de réception et toute la vaisselle. Réfugiés dans la maison, où l'électricité est coupée, les invités se retrouvent entassés dans le salon avec des assiettes en carton et un traiteur qui déclare forfait. Alors que la famille suppose que les choses ne peuvent pas empirer, un incendie se déclare sur la crête derrière la maison et tout le monde évacue en urgence.

Neuf mois plus tard, c'est en Floride qu'Ottilie devra affronter un ouragan et des routes inondées recouvertes de milliers de poissons-chats naufragés, les écrasant sous ses roues alors qu'elle vole au secours de sa fille qui va accoucher seule parce que l'ambulance est bloquée par les inondations.

T. C. Boyle est un prodigieux raconteur d'histoires muni d'une plume caustique qui met en lumière les failles et les contradictions de chacun d'entre nous confronté au défi du réchauffement climatique.
En choisissant le registre du thriller écologique plus que de la dystopie, il livre une satire tragi-comique et un roman que l'on devine terriblement prémonitoire tant les premiers signes sont déjà présents. Mais s'il fait la caricature d'une société américaine bien trop matérialiste et nous expose sa vision de l'avenir de notre planète, il salue malgré tout le pragmatisme de ceux qui, comme Ottilie, ont " foi en l'avenir".
Commenter  J’apprécie          202
T.C. Boyle (Tom Coraghessan Boyle) est un écrivain et romancier américain né en 1948 dans l'Etat de New York. Depuis 1978, il anime des ateliers d'écriture à l'Université de Californie du Sud et vit près de Santa Barbara, dans une maison dessinée par l'architecte Frank Lloyd Wright. Un Ciel si bleu, son nouveau roman, vient de paraître.
Le roman se déroule entre la Floride et la Californie et court sur plusieurs années. Sur la côte Ouest, dans leur belle maison, Ottilie la mère de famille, élève des grillons destinés à remplacer la viande pour les repas sur les conseils de son fils Cooper, écologiste convaincu et étudiant en entomologie, tandis que Frank, le père, médecin, approche de la retraite. A l'autre bout du pays, en Floride, Cat leur fille, s'est installée avec Todd dans une maison en bord de plage ; lui, est ambassadeur pour les alcools Bacardi et mène grand train, elle, se rêve influenceuse sur internet !
Ainsi planté, c'est un peu comme un conte pour bobos sous le ciel bleu, verres de vin (car oui, ça picole beaucoup) et piscine… sauf que de nos jours, il n'y a plus de saisons ni même de climat. En Californie, c'est la fournaise, en Floride il pleut sans arrêt, les grandes marées submergent les routes et la mer gagne continuellement du terrain sur la plage et s'attaque aux maisons.
Conséquence, à l'Ouest du nouveau, un beau jour les insectes meurent tous et Cooper veut savoir pourquoi exactement, pas de pot avec ceux qui ne meurent pas, comme une tique qui va le piquer, l'infecter grave et obliger la médecine à l'amputer d'un bras. A l'Est ce n'est guère mieux avec les bestioles, Cat pour faire « mode » s'offre un python avec lequel elle parade sur les réseaux sociaux et dans les bars, le reptile autour du cou, le bestiau va grossir, s'échapper malencontreusement et provoquer un drame terrible. La pauvre Ottilie, faisant la navette entre Californie et Floride pour combler les manques.
Il se passe évidemment beaucoup d'autres choses dans ce roman dont vous comprenez que les effets du réchauffement climatique sont au coeur du sujet : pour les uns chaleur, sécheresse (« « Buvez beaucoup », dit-elle, ce qui équivalait désormais au « Bonne journée » de naguère. »), pluies, ouragans, crues et grandes marées pour les autres. Les gens s'adaptent comme ils peuvent, avec ce pragmatisme américain dans « cette société dingue qu'était l'Amérique contemporaine ».
Comme toujours chez l'écrivain, le texte est dense, très précis et détaillé, les évènements s'enchainent avec facilité et rythme. Boyle montre sans prendre parti. le monde est mal barré ? Pourtant le roman s'achève sur une scène d'une grande beauté dont les papillons monarques font le décor… espoir ?
Excellent roman.

Commenter  J’apprécie          10
Le roman suit une dizaine d'années d'une famille Californienne, du point de vue de trois personnages principaux. Ottilie, la mère, attend que son mari Franck cesse son activité de médecin pour la rejoindre à la retraite. C'est une mère aimante, qui veut bien faire, au point d'installer dans sa cuisine un incubateur à grillons pour faire plaisir à son fils Cooper. Ce dernier est entomologiste, écolo alarmiste et convaincu que les insectes sont l'avenir de nos assiettes. La famille devient donc entomophage : "Parce que son fils était entomologiste, parce qu'elle l'aimait et parce que c'était la chose à faire, Ottilie décida d'ajouter les insectes à son régime alimentaire. Au début elle avait renâclé mais Cooper l'avait eue à l'usure".Ottilie et Franck ont aussi une fille Cat, une beauté un peu écervelée partie vivre en bord de mer en Floride pour les beaux yeux de son copain Todd. Sur un coup de tête  elle achète un python Birman, animal pourtant réputé pour avoir fait des ravages sur la faune de Floride...Malgré tous les gestes écolo de la famille, le dérèglement climatique s'emballe : aussi bien en Californie où la sécheresse s'installe, les températures grimpent et les incendies fleurissent, qu'en Floride où la montée des eaux, ajoutée à des pluies incessantes devient très préoccupante.Dans son précédent roman qui m'avait bouleversée, Parle-moi, T.C. Boyle montrait la puissance de l'homme sur l'animal, en l'occurrence sur des singes destinés à tout type d'expériences. Ici la nature reprend ses droits, qu'il s'agisse des éléments ou des animaux, de la tique aux gros prédateurs.Dans le style caustique qui le caractérise, T.C. Boyle donne sa vision de ce qui nous attend côté réchauffement climatique : c'est brillant, terrible, merveilleusement construit, totalement addictif. Un roman qui fait écho à Après le carnage, un de mes préférés de l'auteur, dans lequel les hommes arrivaient à peu près à faire ce qu'ils voulaient avec la nature (sauf à la fin !). Mais dans Un ciel si bleu, il y a vraiment urgence ...climatique. 
Commenter  J’apprécie          30
Encore une fois un livre qui se dévore à toute vitesse. Reprenant ses thèmes favoris, TC Boyle nous entraîne dans une histoire de famille entre les parents subissant la sécheresse de la Californie et la fille subissant les inondations en floride. Un livre entre réalité et fiction, qui vous laisse avec des frissons et une impression de réalité déconcertante.
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (2)
LeFigaro
07 mars 2024
Un roman catastrophe sur les problèmes climatiques traités avec un humour diabolique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
22 février 2024
Malgré un rythme un peu languissant, cette satire réussit à divertir avec intelligence, et à mettre le doigt sur certaines des contradictions majeures de l’époque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais en fin de compte, sa mère promit de lui envoyer de l’argent, qu’à son tour, elle promit de rembourser. Elle était une ratée, toutes deux le savaient, une paumée qui avait perdu un enfant et son mari, qui travaillait à mi-temps comme serveuse, un boulot tellement indigne d’elle ; tous les jours, elle perdait des neurones à la pelle et s’accrochait à la maison comme si cela pouvait la racheter de toutes les forces liguées contre elle, à commencer par la montée des eaux et les termites qui avaient migré depuis la lointaine Asie pour saper le peu qui restait.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de T. C. Boyle (84) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de T. C. Boyle
Bande annonce du film "Aux bons soins du docteur Kellogg"
autres livres classés : InondationsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (69) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
254 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..