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Citations de Tanguy Viel (595)


Erwan, en grandissant, il était du genre nerveux. À lu vous n'auriez pas enlevé les menottes. Il vous aurait déjà sauté au cou trois fois pour vous étrangler - comme quoi on n'est pas toujours les mêmes, les pères et les fils, et si j'ai compris quelque chose dans cette histoire, c'est bien qu'il y a un moment vos enfants, ils ne sont pas le prolongement de vous. Mais combien d'années il faut pour se rendre compte de ça, oh pas tant nous, mais eux, combien d'années il leur faut pour un jour comprendre qu'ils ne sont pas les bras armés de nos rêves et de tout ce que nous n'avons pas fait dans la vie, oui, qu'ils ne sont pas là pour rattraper nos conneries ?
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Et moi à l'intérieur de moi je me disais qu'il avait sûrement raison, et que c'était mon problème, de n'avoir jamais su avec qui être ami.
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C'est même en tant qu'ami qu'il a évoqué le Languedoc-Roussillon comme la région idéale pour l'exil et comme l'une des plus belles régions de France. Mais quelqu'un qui vous dit que le Languedoc-Roussillon est une des régions les plus belles de France, moi je n'appelle pas ça un ami.
Ma mère non plus ne l'appelle plus depuis longtemps son ami, comme longtemps elle le fit, comme longtemps elle employa l'expression "monsieur le procureur de la République", dès que l'occasion se présentait, dès qu'elle provoquait l'occasion pour le dire.
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(...) peut-être aussi [que] rien ne le remplissait plus que cette sensation de condescendre à la vie normale, si la vie normale à ses yeux c'était la masse indifférenciée des gens, c'est-à-dire ceux qu'il appelait lui-même "les gens", que depuis son élection c'était son rôle de connaître "les gens", de les aimer, de se faire croire qu'il les aimait, à moins que, oui, c'était possible aussi, il ne s'aimât lui-même en train de les aimer.
(p. 24)
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Tanguy Viel
J'aime bien ça :
"J'ai commencé à écrire il y a vingt ans dans un épais brouillard ... mon langage flottait ..et puis peu à peu, l'écriture a fini par faire ce que je lui demande depuis vingt ans : me déposer sur un sol, s'approcher des choses, les circonscrire dans le langage. Mais ce n'est pas un changement de vision, c'est seulement une confiance augmentée, travaillée au fil des temps, dans les liens du langage avec le monde. peu à peu je parviens à habiter une langue qui a ses connivences dans le réel, qui s'ouvre à sa propre confiance, presque transitive. Les mots et les choses se reconnectent et la vie circule des uns aux autres.
Diacritik, janvier 2017

Oui j'aime bien ça, son aptitude à voir les choses, à les exprimer, surtout les siennes, puis celles du monde, avec une aisance assez remarquable ici .. Peut-être s'agit-il du langage Viel , rêve de tout artiste d'être connecté véritablement dans sa singularité ..
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On doit vivre avec l'odeur de ses poubelles, l'odeur de chaque chose faite et digérée et jetée mais qui continue de pourrir à côté de soi jusqu'à l'aube - voilà le prix des mouettes dans la région.
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Et puis voilà, l’imbécile, mon fils, il a bien réfléchi, il a bien pesé chaque geste qu’il allait faire et puis il s’est penché sur le taquet fixé au ponton, il a pris l’aussière trempée de sel dans sa main, et il a commencé à desserrer le nœud, tranquillement, à faire glisser le bout dans sa propre boucle pour en défaire l’étreinte et lentement il a retiré la pointe qui empêchait le bateau de reculer. Il a dit : c’est la mer qui m’a demandé de le faire, toutes ces vagues qui s’abattaient sur nos côtes, toutes ces amarres qui maintenaient cet affreux Merry Fisher dans le trop dur clapot, c’était comme un cheval sauvage harnaché dans son box et qui ne demandait qu’à partir, je vous jure, madame la présidente, il hennissait sur l’eau à force de trop de mouvements, oui, franchement, madame la présidente, il fallait que je le fasse.
Et moi je l’entendais raconter ça, et je me disais, à chaque image si précise qui s’installait dans ma tête, je me disais, non, ce n’est pas possible, il n’a pas fait ça. Mais bien sûr que si. Il l’a fait. Il s’est avancé sur le ponton le long de la coque, il s’est approché des autres aussières qui continuaient de retenir le bateau, il s’est accroupi auprès de l’une puis de l’autre et il a desserré chaque nœud, défait un à un tous les bouts qui retenaient le bateau, oui, il les a détachés, détachés dans la tempête.
Et de fait, il fut libre, le Merry Fisher.
J’imagine, comment il a dû cogner comme un fou sur le bois des pontons, comment il a hésité peut-être entre avancer ou bondir ou reculer comme si seulement c’était lui, le bateau, qui décidait quoi que ce soit, comme s’il avait la moindre souveraineté à faire valoir mais en réalité, sur n’importe quelle mer un peu nerveuse, un bateau, qu’il appartienne à Lazenec ou au premier imbécile venu, ni la coque bien propre ni les quatre cent chevaux qui reposaient sous les deux moteurs aux hélices relevées, rien de décidait de quel côté il se ferait balancer, ni quel rocher ou digue ou coque il irait cogner en premier, maintenant qu’il était comme un jouet d’enfant dans une baignoire agitée par tous les dieux de la vengeance et de la justice réunis, bientôt déchiqueté sur la côte et se remplissant d’eau.
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Dans la vie si on regarde bien, tout converge en quelques points et puis le reste du temps, rien, ou plutôt si, le reste du temps, on paye les pots cassés.
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Pourtant, nous étions rodés, nous, les habitants, habitués à voir débarquer de temps à autre un hurluberlu qui nous prenait de haut, expliquant qu'on ne savait pas s'y prendre avec notre paysage, nos kilomètres de côtes sans un hotel-restaurant ni un parking digne de ce nom, sans une résidence un peu luxueuse pour profiter de la vue, avec cette lumière si belle qui traverse la roche en fin d'après-midi, le calme des fougères qui ont l'air d'absorber toute la douleur du vent - bien sûr, moi aussi je peux vous vanter les lieux, moi qui les aime plus que tous les margoulins de la terre. (..)
Mais ce n'est pas comme ça qu'on vit avec les choses, pas en les vantant à tue-tête dans les colonnes des journaux.
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Au moment où j'ai quitté les affaires publiques, elle a commencé à trouver que je passais trop de temps à la maison, comme quoi nous, les hommes, il vaut mieux qu'on soit occupés, sinon visiblement on devient insupportables, à se poser devant la cheminée pour fumer plutôt que, je ne sais pas, laver les vitres ou passer l'aspirateur, alors qu'on peut rentrer à minuit tous les jours d'une réunion municipale, elles trouvent ça normal.
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Pour vraiment savoir ce qu'il s'est passé à ce moment-là, c'est à une mouette qu'il faudrait le demander.
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Tanguy Viel
J’ai été confronté pour la première fois à son écriture à l’occasion d’une représentation de La Douleur, mise en scène par Patrice Chéreau, et je crois pouvoir dire que je n’en suis jamais revenu. J’ai lu frénétiquement Duras, tout ce que je pouvais lire, tout ce qu’il m’était possible de lire.
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Erwan, je m'en suis bien occupé. Toutes ces années ensemble, je ne l'ai jamais laissé trainer seul dans le bourg désert, je ne l'ai jamais planté à l'arrêt de bus avec les autres garçons de son âge, avec cette habitude qu'ils ont de venir s'ennuyer là, sous l'abri de béton les longs samedis après-midi
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«Article 353 du code de procédure pénale : la loi ne demande pas compte aux juges des moyens par lesquels ils se sont convaincus, elle ne leur prescrit pas de règles desquelles ils doivent faire particulièrement dépendre la plénitude et la suffisance d'une preuve ; elle leur prescrit de s'interroger eux-mêmes dans le silence et le recueillement et de chercher, dans la sincérité de leur conscience, quelle impression ont faite, sur leur raison, les preuves rapportées contre l'accusé, et les moyens de sa défense. La loi ne leur fait que cette seule question, qui renferme toute la mesure de leurs devoirs: Avez-vous une intime conviction ?»
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A force e coups reçus, c'est connu que ça les menace toujours, les boxeurs, de devenir hagards ou débiles, et alors en vieillissant, il y a comme une vitre opaque qui se forme entre le monde et eux, à travers laquelle saisir seulement les ombres, rien d'autre que des volumes et des masses comme on dit de certains animaux dans la nuit.
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Personne ne lui a demandé comment elle était habillée ce matin-là, mais elle a tenu à le préciser, qu’elle n’avait pas autre chose à se mettre que des baskets blanches, mais savoir quelle robe ou jean siérait à l’occasion, idem du rouge brillant qui couvrirait ses lèvres, elle y pensait depuis ce matin. 
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Mais ledit Spartacus ne les attendait pas,  et Max aux gants serrés est sorti de derrière les voitures,  d'où Franck le regardait encore et se doutant, à si bien le connaître,  qu'à cet instant il se concentrait fort, prêt à mener le trente-septième et dernier combat de sa longue carrière,  pour arbitres les mâts des bateaux qui se dressaient au-dessus du quai.
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Nous, en France, bien sûr que ça nous fait bizarre de mettre une équipe de hockey sur glace dans un livre, parce qu'alors on pense à Chambéry ou à Annecy, et qu'on n'imagine pas souvent raconter des histoires qui se passent dans ces villes-là, je veux dire, des villes où il est plausible qu'il y ait une équipe de hockey - quoique même à Brest, j'ai appris qu'il y avait une équipe de hockey sur glace, ce que je n'aurais jamais soupçonné, parce que c'est quand même un sport violent, un sport extrêmement sauvage qui va très bien avec une certaine idée de l'Amérique et à mon sens, beaucoup moins bien avec une certaine idée de la Bretagne (...).
(p. 45)
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C’est un fait établi qu’en matière de pouvoir, la panique s’accroît à mesure qu’on s’approche du sommet, à cause de cette propension des plus hauts dignitaires à croire que si quelque chose parvient à les effleurer, alors c’est qu’il en va du sort de l’humanité tout entière, à moins que rien ne les vexe plus que d’être rattrapé par la trivialité du monde dont un temps ils ont oublié qu’ils faisaient encore partie.
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Elle a senti sa respiration se couper, comme un clou qu'on aurait enfoncé dans une horloge pour en arrêter l'aiguille, et elle n'a plus bougé pendant de longues secondes, interdite en somme, le cerveau à l'arrêt...
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