Citations de Thomas H. Cook (526)
Étions-nous tous condamnés à vivre la même chose ? À accumuler fautes et erreurs de jugement au point de finalement sombrer dans un fleuve de regrets ? N'y avait-il aucune question que nous puissions poser au début du voyage qui nous sauve de la noyade à la fin ?
Alors voilà où l'on en arrive, finalement, songea Cohen en regardant Smalls respirer... Brusquement, on ne sait pourquoi, on se met à croire un homme qu'on s'est évertué à mettre en doute. On le croit, non parce qu'on a trouvé un élément qui le disculpe, ni parce qu'un autre a confessé le crime, mais parce qu'il manifeste tout à coup cet indescriptible épuisement que seuls connaissent les innocents.
- Avant, j'étais comme vous. Agité.
Pierce sourit.
- Eh bien, vous êtes plutôt calme maintenant. Quel est votre secret ?
- Il n'y a pas de secret. On vieillit et on apprend qu'on n'est pas aussi intelligent qu'on le croit... et qu'on ne l'a jamais été.
Elle l'avait conduit à la kermesse du comté et observé avec lui les autres enfants qui s'aventuraient sans peur dans la Maison hantée ou sur les manèges. Ils prenaient des risques devant lesquels Graves se dérobait, ils voulaient connaître la peur parce qu'ils n'avaient jamais connu la terreur.
- J'avoue m'être renseignée sur vous, monsieur Graves. Je sais que vous avez quarante-cinq ans. Comme Slovak. Vous n'êtes pas marié, vous n'avez pas d'enfants.
Graves se dit qu'il n'en aurait jamais. Vivre seul, cela signifiait n'avoir personne à protéger, ne pas risquer de faillir à cette mission impossible.
Les Graves se rendaient en ville presque tous les samedis, entassés à quatre dans la veille Ford 59 toute cabossée, couleur eau de vaisselle, ornée de trois enjoliveurs et d'une antenne de radio mutilée, que son père surnommait affectueusement "ma vieille jument grise".
- On n'a qu'une vie , Henry, murmura-t-il, regardant par la fenêtre du hangar, les yeux rivés sur la baie et, au-delà, sur l'immensité de l'océan. Qu'une vie, et pas de seconde chance.
(...)
- C'est exactement ce que dit le père de mademoiselle Channing. Dans son livre. Il écrit que si on se retourne sur son passé en se demandant "Qu'est-ce que j'ai fait ?" alors ça veut dire qu'on n'a rien fait du tout.
La vie joue sans dévoiler ses cartes.
Dans ses yeux brillants, je vis le soleil de sa vie se coucher.
La plupart des hommes font les choix essentiels de leur vie très rapidement, et ceux qui prennent le temps de réfléchir n'en font guère de meilleurs.
La violence s'insinue partout. Certes, on peut laver du sang, mais on n'en efface ni le souvenir, ni le souvenir de celui qui a versé ce sang, ni la façon dont il a été versé. L'innocence est fragile, et la violence en vient systématiquement à bout.
L'art, c'est comme l'amour. C'est tout ou rien.
Ce que tu possèdes, ç'a aucune importance si tu le partages pas avec quelqu'un.
Il n'y a plus vieille histoire que celle du retour aux sources.
Ne jamais gagner l'admiration ni l'estime de son père est la chose la plus terrible qu'un fils puisse connaître.
Ce n'est pas sans risque que nous éludons certaines questions que l'on traîne ensuite toute sa vie comme un boulet. Ainsi les enfants adoptés quittent souvent ceux qui les ont recueillis pour partir à la recherche de ceux qui les ont abandonnés. Il est facile de vivre sans connaître l'histoire de l'univers, mais très difficile de vivre sans connaître sa propre histoire.
Rien ne s’achève du jour au lendemain, lâcha Danforth d’un air de ne pas y toucher. Et certaines choses, jamais. Elles font des ricochets à l’infini.
Certains mots de cette langue me viennent souvent à l’esprit. Rache, par exemple. Un mot rude, vous ne trouvez pas ? Une sorte de grognement. Il sonne comme ce qu’il veut dire, « vengeance ». Mais d’autres, pas du tout, bien sûr. Verrat, par exemple, ne sonne absolument pas comme ce qu’il veut dire.
– Que veut dire Verrat ?
– « Trahison ».
La haine est un sentiment parfaitement légitime, reprit-il. Croyez-moi, je l’ai bien connue, et c’est sûr qu’en ce moment nous avons bien le droit d’en éprouver.
Point de vue changeant agréablement des justifications dévalorisantes pour nous qui montaient ces derniers temps de différents milieux.
Notre réaction doit jaillir aussi bien de la passion que de la politique et doit porter en elle un soupçon de paranoïa. »