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Critiques de Thomas H. Cook (544)
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Au lieu-dit Noir-Étang...

Chatham, petite ville côtière de Nouvelle-Angleterre balayée par le vent. Henry Griswald se souviendra à jamais du drame qui se joua en 1927...

A Chatham School, dirigée de main de maître par le père d'Henry, Arthur, la rentrée scolaire sera à jamais marquée par l'arrivée de Melle Channing, nouvelle et charmante professeur d'arts plastiques. Arrivée tout droit de l'Afrique, des souvenirs pleins la tête et des ouvrages de son papa défunt, grand écrivain et voyageur, dans ses bagages, elle fut très bien accueillie par les élèves, notamment Henry, adolescent solitaire qui rêve d'un ailleurs. La jeune femme l'impressionne et il voit en elle comme une bulle d'oxygène. Le jeune homme se rend souvent chez Melle Channing, au Milford Cottage, au lieu-dit Noir-Etang où s'est installée la jeune femme. Pour se rendre à la Chatham School, Leland Reed, professeur également, rescapé de la guerre, se propose de l'emmener et de la raccompagner, Mr Reed et sa famille habitant de l'autre côté de l'étang. Très vite, une étrange relation s'établit entre les deux enseignants. Henry sera témoin de ce rapprochement...



Des décennies plus tard, Henry se livre, à cœur ouvert, et raconte comment et pourquoi un tel drame a pu se jouer au Noir-Etang. Car, l'on sait, dès les premières pages, qu'il y a eu une tragédie, des morts, que la ville entière méprise au plus haut point cette jeune professeur venue perturber, bien malgré elle, la vie paisible et tranquille de Chatham. Un procès a eu lieu, des témoins sont venus à la barre, dont Henry et son papa, une femme a été montrée du doigt. L'intérêt principal vient du fait que le lecteur se place du côté d'Henry, l'on suit les événements selon ses ressentis, sa volonté farouche de quitter Chatham et sa famille dans laquelle il se sent prisonnier, l'espoir qu'il a placé en la personne de Melle Channing. L'auteur délivre par bribes les informations, nous entrainant dans une atmosphère saisissante et nous laissant imaginer le contenu de ce drame. Thomas H. Cook reprend ici les thèmes qui lui sont chers, à savoir la famille, les relations père-fils, les non-dits ou bien encore l'adolescence, période au cours de laquelle tous les rêves semblent encore possibles. Ce roman d'ambiance, à la fois dramatique et passionnel, où les descriptions sont d'un charme désuet et où l'on se prend d'affection pour ces héros au destin tragique est passionnant de bout en bout, avec un final époustouflant. L'écriture est subtile et profonde. Un roman noir parfaitement maîtrisé, tant sur le fond que sur la forme...



Rendez-vous Au lieu-dit Noir-Etang...
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Au lieu-dit Noir-Étang...

Une couverture aux allures de conte de Noël.

Les apparences sont souvent trompeuses...



Sentiment prédominant au sortir d'un tel récit, la maîtrise d'un auteur au sommet de son art.

Cook ou l'éloge de la patience.

Non content de vous plaquer une atmosphère poisseuse, de celles qui vous collent aux semelles autant que le fameux sparadrap aux doigts du capitaine Haddock, Cook parvient à maintenir le suspense jusqu'au bout du bout pour se lâcher dans un final mémorable.

Le tout sans jamais faire retomber le soufflé. Talent de conteur indéniable.



Si le sujet abordé ne brille pas de par son originalité, son évolution parfaitement domestiquée mériterait, elle, de se voir décerner le prix Edgar Allan Poe 1997 ! L'on m'apprend à l'instant que c'est désormais chose faite et amplement méritée !



Hallucinant de maîtrise, Cook plonge son lecteur dans un épais brouillard et le perd avec délectation. A petites doses homéopathiques, l'écrivain lève le voile de ce roman noir de chez noir au romantisme doux-amer pour lâcher les chevaux dans un ultime baroud d'honneur particulièrement éprouvant.

Une intensité rarement atteinte qui place ce petit joyau de noirceur tout en haut de l'oeuvre du maître.

Je savais qu'il excellait dans le domaine, mais de là à tutoyer la perfection...
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Au lieu-dit Noir-Étang...



"Alice Craddock

En loques dans le paddock

Où il est parti ton papa ?"



La rédaction de cette critique est particulièrement difficile et douloureuse.

Le mien, de papa, est parti il y a un an aujourd'hui. Un anniversaire que je n'ai aucune envie de célébrer, mais une date où je voulais lui rendre hommage. D'autant plus que c'est à lui que je dois mon goût pour les livres et la lecture.

La veille des funestes et imprévisibles évènements, il lisait tranquillement ce roman, Au lieu-dit Noir-Etang, confortablement installé dans son fauteuil. Il avait découvert Thomas H. Cook ( avec lequel il partageait l'année de naissance, 1947 ) quelques semaines auparavant et appréciait beaucoup cet auteur.

Je n'ai pas touché à son marque-page, qui est resté depuis figé à la page 244 des 355 que compte cette édition seuil policiers. Mais j'ai pris le temps cette semaine de lire intégralement ce prix Edgar Allan Poe Award 1997, tant pour sa valeur symbolique que parce que mon père avait exprimé le souhait nous le faire lire à ma mère et moi une fois sa lecture achevée.



Pour ma part je ne connaissais pas du tout cet écrivain. Il m'aura donc fallu une cinquantaine de pages pour me familiariser avec son style et avec cette narration très lente à laquelle je n'étais plus habitué. Je trouve aussi que le qualificatif de "policier" est trompeur. Il n'est ici que peu question de trouver le coupable et le mobile parmi une galerie de personnages. Une enquête a bien lieu mais n'est pas au coeur de l'intrigue. Et sans juger du genre policier que j'affectionne particulièrement, il s'agit ici de Littérature américaine avec un l'majuscule, d'un livre magnifiquement écrit, à la fois noir, subtil, intelligent et dont on ne ressort pas indemne.



A défaut d'intrigue policière proprement dite, le lecteur a bien un mystère à résoudre. Que s'est-il passé au Noir Etang exactement ce fameux jour qui deviendra le point culminant du roman ?



Dès le début du livre, le lecteur fait la connaissance du principal personnage, Mlle Channing. En août 1927, cette femme terriblement belle paraît hors du temps, comme née à une mauvaise époque. Thomas H. Cook lui donne d'ailleurs à plusieurs reprises un aspect fantomatique :

"cheveux emmêlés retombant en masse sur ses épaules dénudées, regard intense et interrogateur, lèvres charnues légèrement entrouvertes, tête inclinée mais regard droit devant, figure à la fois réelle et irréelle, éthérée mais engageante, représentée dans une attitude indéniablement séductrice."

"Je distingue une silhouette qui venait lentement dans notre direction, déchirant la grisaille à mesure de son approche, de sorte qu'elle semblait se lever tout doucement vers nous, tel un cadavre remontant à la surface d'une eau trouble."

Grande voyageuse ( Espagne, France, Italie, Afrique ), élevée par un père souhaitant qu'elle soit libre de ses choix, elle nous est présentée comme une femme avant-gardiste, en avance sur son époque. Artiste elle-même ( dessin, peinture, sculpture )( "l"art c'est comme l'amour, c'est tout ou rien" ), cultivée ( particulièrement en mythologie - elle sera d'ailleurs comparée aux héroïnes de tragédies grecques ), elle a été embauchée par le directeur de Chatham school pour enseigner aux garçons de l'école les arts plastiques.

Elle logera sur la côte, dans un cottage au Noir-Etang, un lieu qui lui rappellera les îles Los Màrtires ( pas besoin de dictionnaire je pense ) d'autant plus sinistre qu'il a déjà fait l'objet d'une première tragédie et qu'une seconde va y avoir lieu, dans un décor lugubre où le vent et l'océan mettent au supplice la haute falaise.

"La haute falaise s'effritait lentement et insidieusement comme notre corps s'effrite face au temps, nos rêves face à la réalité ou à la vie à laquelle on aspire face à celle qu'on mène."

Dès les tous premiers chapitres on sait que l'issue de son année d'enseignement sera dramatique ( "plus tard elle comparaîtrait en justice aux cris de la foule au-dehors : meurtrière ! meurtrière !" ) et qu'elle se retrouvera au tribunal pour répondre à des accusations de meurtre et d'adultère. Mais quels meurtres ? Dans quelles circonstances ? C'est ce qui nous est raconté au fur et à mesure dans une ambiance de plus en plus oppressante.



Concernant l'adultère en revanche, sans savoir s'il est réél, on devine très vite qu'il concerne monsieur Leland Reed. Ancien soldat ayant combattu en France - dont il n'est pas revenu indemne - il est marié à Abigail et père d'une petite Mary. Il est également professeur de littérature et voisin de Mlle Channing, de l'autre côté du Noir-Etang, sur lequel il se promène parfois en barque, à la lumière du phare.



C'est Henry Griswald, fils du directeur de Chatham school, qui nous relate cette histoire bien des années après le drame. La chronologie du récit est donc destructurée. Si la trame temporelle suit la majeure partie du temps sa scolarité en 1927-1928 et l'année de ses quinze ans, certains évènements ayant lieu après le drame interfèrent avec le récit. En particulier le procès de Mlle Channing dans lequel Henry sera témoin à charge et également d'autres faits bien ultérieurs comme la vente du cottage. Episodes passés ou futurs, tout ce qu'Henry nous raconte converge vers le drame qui lui ne nous sera relaté que dans les derniers chapitres. Evoquer un faisceau d'indices serait une formulation erronée, mais le lecteur peut cependant progressivement deviner une partie de ce qui va se jouer et quels personnages vont disparaître.

Si l'histoire nous est contée au travers des yeux d'Henry, c'est parce qu'il est connecté à l'ensemble des autres protagonistes. Il voit ses deux professeurs en dehors de l'école. Il construit un bateau avec M Reed, quant à Mlle Channing elle l'encourage à dessiner et apprend à lire à la domestique de la famille Griswald, Sarah, qu'il accompagne tous les dimanches.

Henry sera donc le témoin privilégié de la passion qui semble se nouer entre la sublime et indépendante Mlle Channing et son voisin marié, M Reed. Il surprend des regards, des gestes, les voit très souvent ensemble. Il voit cet amour comme un symbole de la liberté à laquelle il aspire plus que tout lui aussi ("je voulais être libre, n'avoir de comptes à rendre à personne, tendre vers quelque chose."). Loin de les condamner, il en oublie presque les victimes collatérales. Il s'oppose à son père dont il a une image conformiste, guindée et étriquée, au mode de vie trop provincial.



Parce qu'à Chatham, à cette époque qui plus est, une telle passion est inacceptable, interdite et assimilée à un délit. Cet amour brûlant et dévorant est comparé à l'éruption d'un volcan, mais sans qu'aucune plante ne puisse plus fleurir sur ses cendres.

"Un amour ne peut naître que d'un amour qui meure."

Sans jugement, Thomas H. Cook pose la question des limites de la liberté, au travers de ses différents protagonistes aux portraits soignés, à la psychologie finement analysée, représentant chacun à leur façon leur époque. Tant avec des yeux d'adultes qui la condamnent qu'avec ceux d'un adolescent qui en est épris. Avec également quelques personnages plus mesurés qui cherchent quelle place ils sont en droit de lui accorder ("essayant, du mieux que nous le pouvons, de trouver notre place entre la passion et l'ennui, l'extase et le désespoir, la vie à laquelle nous ne pouvons que rêver et celle qui nous est insupportable.").



Et puis, comme pour remuer le couteau dans la plaie, il est également beaucoup question de la paternité dans le roman, en particulier avec la relation parfois tendue entre Henry et son père, aux idéaux qui semblent s'opposer.

"M Reed était un vrai père pour moi, racontais-je à Me Parsons, avant de jeter un coup d'oeil en direction de mon propre père qui me fixait avec une triste question dans le regard : Et moi, qu'étais-je donc pour toi, mon fils ?"

"Je perçus l'amour qu'elle avait éprouvé pour lui et m'interrogeai sur ce que c'était que d'admirer son père."



A l'inverse, les liens entre Mlle Channing et son père étaient forts, incluant ces idéaux de liberté préalablement évoquée, l'éducation et les livres.

"Mon école, c'était mon père, répondit Mlle Channing. Il m'a tout appris."

Mon école a aussi été mon père, en CE2 et CM1 du moins. Il a été mon instituteur ces deux années là. Et en toute impartialité, il était très bon enseignant. Je savais déjà lire et écrire mais il a permis de m'améliorer en orthographe et grammaire. Sans oublier tout le reste : Mes premiers rudiments d'histoire de France, mes premières multiplications et divisions, quelques valeurs inculquées au détour de petites histoires matinales ou de fables de Jean de la Fontaine.

"Mon père aimait beaucoup lire Byron. Et Shelley. Et Keats."

Le mien lisait énormément, aussi bien les auteurs romantiques français du XIXème ( Chateaubriand surtout ) que Pierre Benoît, Dino Buzzati, Alexandre Dumas. Il appréciait également beaucoup les romans policiers plus anciens, avec une prédilection pour des écrivains comme Agatha Christie ou Patrick Quentin.

Tout petit j'avais droit avant de me coucher à mes 365 histoires d'animaux qu'il me contait soir après soir, premier pas probable du goût de la lecture qu'il m'a transmis. Encore tout jeune il m'a fait découvrir la comtesse de Ségur en plus des classiques de la bande dessinée comme Mickey ou Tintin. Au collège il m'a prêté ou offert Les trois mousquetaires ( et ses suites ), mes premiers Bob Morane puis ses intégrales d'Agatha Christie, de Charles Exbrayat ou se Sir Arthur Conan Doyle. le virus de la lecture a donc été héréditaire et ne m'a plus jamais quitté, même si par la suite chacun avait ses propres goûts et affinités littéraires, se rejoignant parfois puisque nous avons continué régulièrement à nous faire découvrir de nouveaux auteurs réciproquement.

"Quelque chose finalement lui redonna de l'impulsion. Peut-être la nécessité, le fait que la mort récente de son père ne lui laissait pas le choix."

Thomas H. Cook ne sera pas le dernier auteur que je découvrirai grâce à mon père. Etant donné l'immensité de sa bibliothèque, un large éventail de découvertes m'est encore offert.

Il était très habile en général pour résoudre les énigmes policières. Quand mon marque-page a rejoint le sien au chapitre 22, je n'ai pu m'empêcher de marquer une pause. A la fois mal à l'aise et essayant de deviner ce qu'il avait pu anticiper. J'aurais tellement aimé pouvoir partager mes impressions avec lui.



J'ai conscience de la longueur de mon texte mais j'avais beaucoup à exprimer, tant sur la lecture elle-même que sur les circonstances particulières entourant celle-ci. J'espère simplement ne pas avoir été maladroit dans mon témoignage, important à mes yeux.

J'achèverai mon discours avec une dernière citation de circonstance, bel exemple de la magnifique plume de l'auteur américain :

"Ce n'était rien qu'un minuscule point lumineux, cette vie que nous abritions, tout juste un fin rai de conscience, d'une fragilité inouïe, fugace et hasardeuse, qu'il s'agisse des vies les plus grandes comme des plus humbles, délicatement retenue par le plus léger des souffles."
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Sur les hauteurs du Mont Crève-Coeur

" Voici le récit le plus tragique qu'il m'est été donné d'entendre . Toute ma vie , je me suis évertué à le garder pour moi ."



C'est les deux premières phrases de ce roman qui n'est pas vraiment un roman policier mais plutôt le récit de cette tragédie , raconté par Ben avec des allers-retours dans le temps .

Ces allers-retours balaient trente ans de vie , trente ans d'amitié et trente ans de secrets, et de non-dits .



On est en 1962 , dans une petite ville du sud des USA , en Alabama , et le corps de la jeune Kelli a été retrouvé en très mauvais état sur les hauteurs du Mont Crève coeur . Que s'est-il passé cet après-midi ?

On est en 1961, et la rentrée au lycée voit tout un petit groupe de jeunes gens se lier d'amitié . Ben est nommé directeur du journal et se voit rejoint par Kelli (recommandée par une prof) . Entre ces deux -là nait une formidable complicité intellectuelle, qui du coté de Ben relève plus de l'amour avec un grand A , un premier amour dévorant et unilatéral ... Mais cette vénération l'empêche de faire le premier pas , et Kelli sort bientôt avec Todd , lequel était adulé par sa petite amie qui voit d'un très mauvais oeil , le rapprochement entre ces deux êtres charismatiques .

On est en 1961, et il fait bon vivre en Alabama . Enfin, tout dépend de sa couleur de peau ...

Les premières manifestations organisées par des Noirs ont lieu dans la ville voisine et Kelli, en vraie journaliste engagée , défendra cette cause dans le journal du lycée , quitte à se faire quelques ennemis dans la communauté conservatrice .

Trente ans plus tard, Ben est devenu médecin , aucun de ses amis ne s'est remis de ce qui est arrivé cet après midi sur les hauteurs du Mont Créve coeur ...

Fait-divers raciste, ex petite- amie plaquée, ou amoureux éconduit ? le meilleur ami de Ben , est persuadé qu'il en sait plus . Questions , souvenirs, nostalgie, flash-back, Ben nous entraine dans son obsession pour ce premier amour , lequel a déteint sur toute sa vie .

Des fois les tragédies surviennent de pas grand chose ...



Un suspens psychologique tout en pudeur et retenue , lancinant , dont je n'avais pas deviné la fin . Une fois refermé, ce livre résonne longtemps encore .

Oui , des fois les tragédies pourraient être évitées ... .
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Danser dans la poussière

Un roman incroyable qui nous conduit de New York jusque dans un état d'Afrique imaginaire mais tellement" vrai ", à vingt ans d'intervalle . Un roman incroyablement documenté tant sur les moeurs locales , la foi en une vie simple basée sur le troc et la simple nécessité de se suffire de peu , la tranquillité d'une vie qui se déroule d'un pas lent mais serein jusqu'à ce que la quiétude soit perturbée par l'avidité , la stupidité destructrice des hommes , destruction des cadres de vie , des ressources , des paysages , de la nature et des êtres eux - mêmes .....,.Exploitation , destruction , dictatures , c'est le lot de la plupart des états africains et Thomas Cook en parle avec compétence , passion et émotion . L'intrigue ,amenée de main de maître , passerait presque au second plan sans la maestria de l'auteur dont la plume est envoutante , mais ça , on le savait déjà et depuis longtemps .Les personnages ont une épaisseur qui s'intègre parfaitement dans le contexte , des personnages peu nombreux mais forts dans leurs convictions et particulièrement attachants en raison des valeurs fortes qui sont les leurs.Un roman surprenant par sa profondeur et la réflexion qu'il suscite .
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Sur les hauteurs du Mont Crève-Coeur

Choctaw, Alabama, 1961. Ben fait sa première année au lycée. Il se lie d'amitié très vite avec Luke, âgé d'un an de plus que lui. Un jour où ils jouent au tennis, ils remarquent une très belle jeune fille, assise sur un banc non loin d'eux. Ben tombe aussitôt sous le charme. Quelle n'est alors pas sa surprise de la voir déambuler dans les couloirs du lycée peu de temps après. Ben suit le même cours de littérature que Kelli Troy et tente de l'approcher, tant bien que mal. Devenu, en cette rentrée, rédacteur du journal du lycée, il est bientôt rejoint par l'adolescente. Un lien unique, impénétrable, va bientôt les unir... Malheureusement bien vite rompu suite au drame survenu sur les hauteurs du mont Crève-Coeur...

Trente ans plus tard, Ben se souvient du début des années 60. Des années qui marquèrent à jamais l'adolescent amoureux et l'adulte qu'il est devenu...



Qui donc Kelli Troy, jeune yankee fraichement débarquée de Baltimore, allait-elle rejoindre sur le mont Crève-Coeur ? Qui, empli de haine, a bien pu s'en prendre à cette jeune fille lumineuse et si gentille? Trente ans plus tard, Ben se le demande encore. Autant de questions qui le tourmentent et auxquelles il ne trouve pas de réponse. Il se remémore, bien des années plus tard, l'arrivée de Kelli à Choctaw, son amitié puis son amour pour elle, les personnes qui l'ont entourée. Marqué par ce drame, le médecin qu'il est devenu aujourd'hui tente de mettre des mots sur la tragédie. Voilà un magnifique roman que nous offre Thomas H. Cook. Il déroule, à l'aide d'incessants allers-retours entre le passé et le présent, les événements. Il nous plonge dans une ambiance étouffante, au cœur de la petite ville de Choctaw, où le calme semble régner mais où la lutte pour les droits civiques émerge. Il aborde avec finesse et virtuosité des sujets tels que l'amitié, l'amour inavouable, le racisme, les préjugés, les secrets, les jalousies... Tous les personnages, aussi bien Kelli, Ben que la galerie qui les entoure, sont parfaitement campés, approfondis et poignants. Un très beau roman sombre, habilement construit et mâtiné d'un suspense lancinant. Une plume admirable et remarquable. Un auteur au sommet de son art...



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Danser dans la poussière

À l'aéroport de Rupala, au Lubanda, Ray Campbell est accueilli chaleureusement. Passage diplomatique, Mercedes avec chauffeur et air conditionné, l'homme est le bienvenu, d'autant qu'il est attendu par le président en personne. Cela fait des années qu'il n'a pas remis les pieds dans ce pays d'Afrique orientale. Mais, le coup de fil de son ami Bill Hammond, responsable de la banque Mansfield Trust, trois mois plus tôt, l'aura fait quitté New-York, là où il est installé en tant que patron d'une société florissante de gestion des risques. Un appel lui annonçant le meurtre de Seso Alaya, son ancien boy et interprète lorsqu'il était en mission humanitaire, voilà déjà 20 ans. Qu'était donc venu faire Seso à New-York ? Quel document important détenait-il pour qu'on veuille l'assassiner ? Bien décidé à éclaircir cette sombre histoire, Ray n'aura d'autre choix que de retourner au Lubanda. Ce voyage sera l'occasion de se souvenir de son année passée au sein de l'ONG et surtout de sa rencontre avec Martine Aubert, une femme au destin tragique dont il était tombé amoureux...



Thomas H. Cook nous emmène dans ce pays imaginaire qu'est le Lubanda, pourtant représentatif de certains pays africains. Un pays sous-développé que les états riches tentent d'aider. Ayant souffert de nombreuses années d'une dictature sanguinaire, en la personne de Mafumi, le pays, aujourd'hui un nouveau président à sa tête, tente de se reconstruire. Ray Campbell, resté un an en mission pour une ONG, voue un sentiment particulièrement fort pour ce pays, d'autant qu'il s'est attaché à sa population, notamment Seso, et plus particulièrement Martine, une Lubandaise blanche de peau. Sur fond de géopolitique, d'aide humanitaire ô combien complexe, de politique dictatoriale, de colonialisme, de racisme ou encore de traditions, l'auteur nous offre un roman particulièrement étoffé et riche. Tout autant de sujets abordés avec intelligence, finesse et une profonde humanité. De l'Afrique à New-York, l'on navigue entre passé et présent, les souvenirs de Ray ponctuant ici et là un passé tragique. Un roman poignant d'une extrême sensibilité porté par une plume magnifique. Une véritable ode à l'Afrique...
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Les Leçons du mal

1954, Mississipi. Jack Branch, issu d'une famille aristocratique, à tout juste 24 ans, enseignait au lycée de Lakeland depuis déjà 3 ans. Tout comme le fit son père pendant près de 20 ans. Très appliqué et impliqué, il était reconnu comme un très bon professeur. Il avait adopté une méthode pédagogique qui consistait à ajouter des détails choquants voire sanglants à ses cours consacrés au Mal à travers l'histoire. Parmi ses élèves, il y avait Eddie Miller, du quartier des Ponts, enfant timide souvent mis à l'écart. Et pour cause, son père n'était autre que le Tueur de l'étudiante. Celui-ci assassina la jeune Linda Gracie, 19 ans, promue à un bel avenir, alors qu'Eddie n'avait que 5 ans. Arrêté puis ayant avoué son crime au shérif Drummond, il sera remis en cellule dans laquelle il sera lui-même assassiné par un co-détenu. Cette sombre affaire poursuit encore le jeune garçon. Aussi, lorsqu'une de ses camarades de classe, la belle Sheila Longstreet, disparaît mystérieusement, les soupçons se portent aussitôt sur Eddie. Jack Branch s'en veut d'avoir orienté le shérif vers le jeune homme. Alors, comme pour se faire pardonner, il le prend sous son aile. Lorsqu'il donne à ses élèves un devoir portant sur le Mal, il lui suggère d'écrire sur son propre père...



Dans ce roman noir, Thomas H. Cook installe progressivement le lecteur dans une ambiance plus que jamais sombre. L'on apprend dès le début qu'un drame s'est joué à Lakeland et qu'un procès s'y est tenu, sans en connaître la nature. L'auteur tisse des liens entre les différents protagonistes, s'attardant sur la relation que Jack entretient avec son père, personnage érudit, mais surtout sur celle entre Eddie et son professeur. Lui suggérant d'écrire un devoir sur son père assassin, il souhaite plus que tout déterrer son cadavre, faire taire les rumeurs et pourquoi pas, prouver que le Mal n'est pas forcément héréditaire. L'auteur réussit parfaitement à nous plonger dans cette société de l'Amérique des années 50, société marquée par la ségrégation raciale et sociale. Ces leçons sur le Mal mais aussi sur la filiation, les doutes, la culpabilité et les secrets se révèlent plus que jamais passionnantes. Porté par une écriture riche, l'auteur nous livre un roman intense construit intelligemment, les flashbacks étant subtilement distillés.



Ouvrez vos livres, chapitre: Les leçons du Mal...
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Interrogatoire

Automne 52. Jack Pierce reçoit un appel de son supérieur, le commandant Burke, en fin de journée, lui demandant de venir immédiatement, lui et son collègue, l'agent Norman Cohen, dans les locaux du commissariat. Que les deux agents se préparent pour la nuit qui risque d'être longue. En effet, le présumé coupable d'un meurtre d'une enfant de 8 ans, Cathy Lake, survenu 15 jours auparavant, se trouve toujours en garde à vue. Une garde à vue qui se termine le lendemain matin, à 6 heures. Les deux inspecteurs doivent interroger à nouveau Albert Jay Smalls. Niant en bloc toutes les accusations, ce vagabond d'une vingtaine d'années, a été interpellé près du terrain de jeu, là où le corps de la gamine a été retrouvé. Il reste 12 heures à la police pour prouver la culpabilité de Jay...



Un suspect idéal, vagabond errant près du lieu du meurtre, deux inspecteurs pour qui la culpabilité ne fait aucun doute. Comment mener à bien cet interrogatoire oppressant ? Comment faire flancher, peu importe de quel côté de la balance, ce jeune homme au profil idéal et au comportement étrange ? Pierce et Cohen n'ont d'autre choix que d'obtenir des aveux, et ce, avant 6h du matin, s'ils ne veulent pas voir ce Jay Smalls se balader de nouveau en liberté. Thomas H. Cook nous plonge dans un roman noir où le bien et le mal cohabitent et où les différents protagonistes ont tous une part d'ombre. Alternant l'interrogatoire dans une salle à l'ambiance étouffante et extrêmement tendue, l'inspection sur les lieux de l'enfance du suspect et quelques éléments du passé, l'auteur nous offre un récit saisissant à l'intrigue fort bien orchestrée et au cœur duquel le doute s'immisce. Un interrogatoire mené de main de maître....
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Le crime de Julian Wells

Julian Wells, écrivain-voyageur, s'est suicidé, seul dans une barque, au milieu de son étang, dans les Hamptons. En se taillant les veines. Pourquoi ce geste si brutal ? C'est ce que se demande aujourd'hui son meilleur ami, Philip Anders, critique littéraire new-yorkais. Aurait-il su trouver les mots pour l'empêcher de se donner la mort ? Avec Loretta, la sœur cadette de Julian, ils essaient de trouver un sens à tout cela. De nature plutôt sombre et réservée, Julian a beaucoup écrit sur les tueurs en série, tel que Andreï Tchikatilo, sur la cruelle comtesse Báthory, sur les tortures de Cuenca ou encore sur le drame d'Oradour-sur-Glane. Des sujets pour le moins tragiques qui auront, au fil des voyages et des écrits, fait sombrer l'écrivain. Mais, Philip se rappelle aujourd'hui que son meilleur ami a beaucoup changé depuis leur retour d'un voyage en Argentine, de nombreuses années auparavant. Un séjour au cours duquel les deux jeunes hommes firent la rencontre de Marisol, une guide...



De Paris à Iguaçu en passant par Oradour-sur-Glane, Londres, Rostov ou encore Buenos Aires, Philip Anders nous emmène sur les traces de son ami, Julian Wells, dans le seul but de comprendre le geste de son ami. Et tenter d'en dresser un portrait, aussi juste soit-il, grâce à ses propres souvenirs, aux romans de l'écrivain et à sa sœur, Loretta. Sur fond d'espionnage, de tragédies historiques et de références littéraires, Thomas H. Cook nous plonge dans un roman profondément noir. Comme dans la plupart de ses romans, il s'intéresse ici aux relations familiales mais aussi au Mal, à la duplicité, aux apparences, à la mémoire historique, à la vérité ou encore à l'amitié. Croyances, doutes et méprises jusqu'au twist final inattendu. Un roman psychologique érudit, surprenant et enrichissant malgré quelques longueurs. L'écriture, quant à elle, se révèle dense, riche et intelligente.
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Au lieu-dit Noir-Étang...

Première incursion dans l’univers de Thomas H. Cook, et surement pas la dernière tant ce drame s'avoue addictif et savamment mené.

Un roman noir, que Cook dévoile avec un sens narratif qui ne laisse pas indifférent. Il délivre les indices à petites doses, le découpage séquencé suscite intérêt et interrogation tout du long, Cook nous baladant avec malice et talent au cœur d’un drame que beaucoup pressentait s’en rien faire. Son style pour nous cueillir, avec une chute du meilleur effet à chaque chapitre, est remarquable. La complexité des sentiments à travers le regard du jeune narrateur, les non-dits, l’hypocrisie sont eux aussi brillamment distillés. « Au lieu-dit Noir-Étang… » est un livre que l’on quitte à regret avec un final absolument génial.

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Le dernier message de Sandrine Madison

Samuel et Sandrine se sont rencontrés au cours de leurs études. Ils ont des projets, elle d'ouvrir une école, lui, d'écrire un roman. Ils se sont mariés peu de temps après et ont eu une fille, Alexandria, aujourd'hui adulte. Ils se sont installés à Coburn, en Géorgie. Elle est professeur d'histoire, lui, de littérature américaine et anglaise. Aucun projet ne prend forme, le couple en pâtit. Vient le temps de la rancoeur, de la déception. Lorsque Samuel découvre le corps de sa femme sans vie, il ne semble guère affecté. Pour lui, cela ne fait aucun doute: elle s'est suicidée. Mais son comportement étrange, parfois cynique, interpelle les autorités locales qui pensent aussitôt à un meurtre, et ce, malgré l'absence véritable de preuves. Il est alors inculpé et jugé...



Le roman commence au premier jour du procès. Tel un spectateur, nous écoutons les témoins se succéder durant les 10 jours que durera le procès. Se dévoilent ainsi sous nos yeux les personnalités de Samuel et Sandrine, leurs sentiments et émotions, ainsi que ce qui se cachait dans leur couple. Personnages au fort caractère, sûrs d'eux, très cultivés, ils suscitaient aussi bien la jalousie que le mépris. Mais qu'a-t-il pu bien se passer entre eux pour que Sam en vienne à tuer sa femme, comme le pensent la plupart des habitants de Coburn? L'a-t-il vraiment tuée ou s'est-elle suicidée? Thomas H. Cook nous fait douter tout au long du roman et finit par une pirouette fine et inattendue. Il donne la parole à Samuel qui nous livre certains moments de sa vie avec Sandrine, se réfugiant ainsi dans son passé. Malheureusement, il devra faire face aux chefs d'accusation qui s'accumulent. Intelligent, rondement mené et servi par une écriture riche, ce roman captivant ne délivre ses ficelles qu'à la toute fin.
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Au lieu-dit Noir-Étang...

Couronné d'un Edgar Poe Award (équivalent américain de notre Grand prix de littérature policière) en 1996, le nouveau roman de Thomas H. Cook, Au lieu-dit Noir-Étang..., est une nouvelle preuve de son immense talent de conteur.



Cela ressemble à un tableau d'Edward Hopper : Nouvelle-Angleterre, août 1926, la petite ville de Chataham, son église, son petit port de pêche, son phare, son école de garçons qui comptera un nouveau professeur, la jeune et belle Elisabeth Channing, venue enseigner les arts plastiques. De nombreuses décennies plus tard, Henry Griswald, fils du fondateur et directeur de Chatham Scool, se souvient des événements qui ont transformé définitivement la quiétude et l'harmonie des lieux et des êtres



Comment la naissance d'un amour tragique entre la jeune femme et M. Reed, professeur de lettres et père de famille, va tout balayer, provoquant le doute, la suspicion et la mort. Car ce roman noir est une oeuvre romantique, au sens tragique du terme. Henry voit en ce couple maudit "des versions modernes de Catherine et Heathcliff " des Hauts de Hurlevent de Emily Brontë. Il a raison. Les passions sont multiples, contradictoires, elles se répondent, se télescopent. Henry égrène ses souvenirs, les tableaux défilent devant nos yeux. La couleur sépia d'une vieille carte postale s'assombrit peu à peu et se pare d'ombres, le noir commence à remplir les coeurs et les regards. L'étang n'a jamais aussi bien porté son nom. Noire est la couleur car tous seront victimes.



Thomas H. Cook sait comment nous accrocher, sa prose limpide nous entraîne à travers le temps ; les différentes pièces du puzzle se mettent en place, petit à petit. Le dénouement semble sans cesse nous échapper, nous fuir... Tel le ressac sur les rives de l'étang. Un doute plane sur le lecteur, que s'est-il réellement passé au lieu-dit Noir-Étang ? Et une phrase vient sans cesse nous perturber "la vie ne vaut d'être vécue qu'au bord de la folie." Alfred Hitchcock déclarait : "les femmes sont comme le suspense. Plus elles éveillent l'imagination, plus elles suscitent d'émotions." Cook l'a bien compris, pour notre plus grand bonheur de lecteurs.



Un Thomas Cook dans la grande tradition serais-je tenté de dire. Ce qui est un gage de qualité. C’est que l’on retrouve ici toutes ses thématiques : une société très hiérarchisée et traditionaliste, les relations père / fils, la force du doute et du soupçon, et le poids du passé. Mais, c’est aussi un superbe portrait de l’époque, celle des années vingt. Mais surtout, un grand livre sur la culpabilité et une réflexion autour de l’interprétation du mal. Un livre très profond et très bien écrit. Ne passez pas à côté de cet auteur et plus particulièrement de ce titre. C'est un régal de lecture !

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La fureur de la rue (Les rues de feu)

Birmingham, Alabama, mai 1963. Le corps d'un enfant a été retrouvé enterré dans le terrain de sport de la Vingt-troisième, au cœur du quartier pauvre et noir de la ville, Bearmatch. Bien que ce ne soit pas son secteur, Ben Wellman est appelé pour se rendre sur les lieux, ses collègues étant tous déjà très occupés avec les marches et manifestations qui secouent la ville. Le commissaire Luther Starnes arrive peu de temps après. Une fois le corps déterré, quelle n'est pas leur stupeur de découvrir une pauvre gamine, âgée d'environ 12 ans, exécutée d'une balle dans la nuque. Une fois l'autopsie réalisée par le médecin légiste, il s'avère qu'en plus, la jeune fille a été violée. Le Bureau des Personnes Disparues ne fait mention d'aucune disparition correspondant au signalement de la gamine. La ville étant sous tension, ses collègues visiblement très peu touchés par le meurtre d'une jeune Noire, Ben, en flic intègre, décide de mener seul son enquête, en plus de participer et de relever les discours de Martin Luther King...



Au cours du printemps 63, de nombreuses manifestations non-violentes, des prières collectives et des sit-in eurent lieu à Birmingham, ville bastion du ségrégationnisme. À leur tête, le pasteur Martin Luther King. Des manifestations qui bravèrent la colère des opposants blancs. C'est dans ce contexte historique marquant que Thomas H. Cook plante le décor de ce roman. Pour la plupart des policiers blancs, le meurtre d'une enfant Noire importe peu. Sauf pour Ben Wellman qui, touché par cet assassinat et l'indifférence de ses collègues, va tenter de résoudre cette affaire. Et c'est dans une ambiance on ne peut plus tendue et électrique qu'il va mener seul son enquête. Thomas H. Cook nous offre, avec Les rues de feu, un roman policier captivant, de par son contexte historique passionnant et parfaitement dépeint qui apporte souffle et densité, son enquête difficile aux multiples rebondissements, ses personnages parfaitement campés et son écriture immersive et léchée.

Un grand et fort roman...
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Au lieu-dit Noir-Étang...

"Que s'est-il réellement passé au Noir-Etang, ce jour-là ?"



Le narrateur Henry, éminence désormais bien grise relate les faits qui se sont passés il y a maintenant cinquante ans :

Dans les années 20, c'est un adolescent exalté de 15 ans qui méprise son père, directeur de l'école de Chatham, garant des idées conservatrices d'une Amérique puritaine repliée sur elle-même.

L'arrivée de la charmante Mlle Channing, nouvelle prof d'arts plastiques bercée de voyages exotiques élargit son univers étriqué de petit bourgeois et l'incite à vivre ses passions et ses désirs - au bord de la folie.

La liaison passionnelle qu'elle semble entretenir avec M. Reed, prof de Lettres marié, le fascine mais n'est pas du goût de Chatham, petite ville de carte postale de la nouvelle Angleterre qui va en perdre ses couleurs quand un drame va ternir sa renommée.

La coupable toute désignée...Une certaine Mlle Channing !



La plume et la voix envoûtée et manipulatrice de Thomas H. Cook et de son héros nous mènent tranquillement en barque sur l'étang jusqu'aux circonstances qui ont provoqué la tragédie.

Au delà de l'intrigue, l'auteur évoque des thèmes universels tels que le poids de la culpabilité, la relation père-fils, le passage à l'adolescence, l'adultère, la liberté, la vérité, les préjugés et les passions amoureuses qui exaltent la liberté



Au final

Un roman noir à l'atmosphère romantique, une plume classique, des personnages rétro à fleur de peau, une voix qui se livre à rebours au compte-goutte et la brume vaporeuse du Noir-étang qui se lève petit à petit, devant nos yeux, pour dévoiler... un rayon de vérité.



Un excellent cru noir !

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Dernière conversation avec Lola Faye

Même si, aujourd'hui, il a écrit plusieurs ouvrages qui rencontrent un succès certain, Luke Paige n'a jamais publié un livre qui soit à la hauteur de son ambition et de ses rêves. Il sillonne ici et là le pays à la rencontre de ses lecteurs, organise des séances de dédicace. C'est à Saint-Louis, où il devait assurer seul la promotion de son nouveau roman, qu'il la vit jaillir devant lui, tenant un de ses livres contre sa poitrine et lui demandant un autographe. Lola Faye Gilroy se tenait là, après toutes ces années. Elle, la maîtresse de son père. Elle, qui fut à l'origine de nombreux drames qui survinrent à Glenville alors qu'il n'était qu'un adolescent. Elle, qu'il tenait pour responsable du meurtre de son père et du chagrin de sa mère. Que venait-elle donc faire là, dans ce petit musée de Saint-Louis ? Qu'avait-elle donc à lui raconter pour susciter un ultime entretien ?



Luke a bien tenté d'oublier et d'effacer son passé douloureux, le meurtre de son père, la dépression de sa mère, un village qu'il voulait fuir pour ne pas finir comme son père. Malheureusement, lorsque Lola Faye Gilroy surgit devant lui, c'est tout son passé d'adolescent et de jeune homme qui refait surface. C'est au cours de cette ultime conversation entre cette femme surprenante et ce professeur et écrivain raté que Thomas H. Cook dévoile peu à peu ce passé ombrageux. De révélations surprenantes en secrets cachés, de certitudes bafouées en désillusions, Luke devra affronter la réalité, enterrer son passé pour aller de l'avant. Traitant avec finesse de l'enfance, des relations parents/enfant, des secrets de famille, de la réussite sociale mais aussi des (dés)illusions, l'auteur nous livre un roman subtil à la trame ciselée. Remarquablement scénarisé, ce face à face se révèle tout aussi captivant que surprenant.



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Mémoire assassine

Steve a, semble-t-il, tout pour être heureux. Un boulot d'architecte qu'il affectionne, une femme, Marie, et un fils, Peter, qu'il aime. Une vie somme toute bien remplie et équilibrée. Mais ça, c'était avant Rebecca... 

Il ne s'est jamais retourné sur son tragique passé. De ceux qui laissent des traces et des séquelles irréversibles. Il n'a pas essayé de comprendre le terrible geste de son père. Jusqu'à ce que Rebecca entre dans sa vie... Journaliste, elle écrit un livre sur les hommes qui ont massacré leur famille. Alors que Steve n'a que 9 ans, en rentrant de l'école, il apprend que son père a assassiné sa mère, sa soeur et son frère avant de se faire la belle. Un acte abominable pour tout gamin qui avait l'impression que sa famille était heureuse. Mais, Rebecca va l'aider à retourner dans son passé, à fouiller dans ses souvenirs et mettre des mots sur ses proches. Peu à peu, au fil de ses introspections, chacun se dévoile à ses yeux sous son vrai jour....



Thomas H. Cook nous replonge dans l'enfance de Steve. Construit à la 1ère personne, l'on partage les souvenirs de ce dernier, même les plus enfouis ou les plus refoulés. Peu à peu, la cicatrice s'ouvre de plus belle, les failles de chacun apparaissent comme une évidence. Evidemment, cela ne sera pas sans conséquence sur sa propre vie. L'auteur tient ici un sujet captivant. Que gardons-nous réellement de notre enfance? Quelle est la part d'imagination ou de subjectivité? Jusqu'à quel point déforme-t-on les souvenirs? Pas à pas, l'auteur dévoile l'enfance de Steve qui dresse un portrait de sa famille bien différent de ce qu'il pensait. Ce roman, sur l'enfance brisée et l'innocence perdue, est remarquablement construit et accrocheur. 



Fouillez dans cette Mémoire assassine... 
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Les ombres de la nuit

Port-Alma, Maine. Cal et Billy sont frères. Et malgré leurs cinq ans d'écart et leurs caractères différents, ils s'entendent parfaitement bien. Billy a hérité du caractère rêveur et romantique de sa mère ; Cal est plus pragmatique et plus sombre comme son père. Après des études de droit, ce dernier revient à Port-Alma et travaille pour le procureur du canton. Quant à Bill, il s'est vu confier le « Sentinel », journal local qui appartient à son père. Si l'aîné fréquente depuis des années la maison close de la ville voisine, Bill, lui, est persuadé qu'une femme est là, quelque part pour lui, et pense qu'on ne peut réellement aimer qu'une fois. Lorsque débarque, d'on ne sait où, la belle et envoûtante Dora March, en cet automne 1937, il voit en elle la femme idéale, celle qu'il pourrait aimer toute sa vie. N'en sachant que peu sur elle, il l'engage tout de même au journal et ne se doute pas, un seul instant, qu'elle le conduira à sa perte...



Son frère assassiné, une femme en fuite qui semble s'être volatilisée, Cal n'a qu'un seul but : la retrouver et comprendre ce qui s'est passé. Revisitant un passé lointain, s'attardant sur les quelques mois qui ont précédé le meurtre de Bill, Thomas H. Cook dessine peu à peu le mystère qui entoure Dora et nous plonge dans la quête de Cal. À travers cette sombre affaire de famille et ces amours contrariées, l'auteur dépeint avec finesse les personnages qui habitent ce roman. Des personnages torturés, mystérieux ou encore rêveurs. Si la trame se révèle impeccable et habile, l'écriture travaillée et tout en finesse, le dénouement est surprenant. Au cœur d'une ambiance tendue, Thomas H. Cook sait, une fois de plus, parfaitement dépeindre les tourments de l'âme humaine...
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Sur les hauteurs du Mont Crève-Coeur

Cook adore les titres bucoliques.

Celui-ci ne fait pas exception.

Tout comme il aime à puiser dans le passé pour raviver d'anciennes blessures refaisant immanquablement surface, perturbant à loisir le héros du jour tout en offrant au lecteur les joies ineffables de l'essuie-glace spacio-temporel.



Kelli n'est plus depuis cette funeste balade sur le Mont Crève-Coeur, il y a près de 30 ans.

Une fille épatante à l'ouverture d'esprit affirmée, ça peut contrarier une petite communauté aux préjugés fortement ancrés.



Ben était proche, il se souvient.

Se remémore cette fille lumineuse qui faisait palpiter son p'tit coeur plus que de raison.



Cook déçoit rarement.

Cet opus s'inscrit en droite ligne de ses meilleurs romans. Accroche immédiate, efficacité redoutable, ce diable d'homme parvient à intriguer sur un rythme à même de faire passer un train de sénateur pour un TGV, provoquant ainsi joie et félicité des petits et des grands peu adeptes du décrochage de mâchoire intempestif. Dr ès suspense, le brigand distillera un soupçon légitime sur moult candidats au meurtre sans qu'aucun ne soit ouvertement élu assassin en chef. Amis de la cogitation perpétuelle, bonsoir !



S'il est un domaine dans lequel Cook excelle itou, c'est bien celui de faire monter la sauce puis de vous la balancer frontalement dans les tout derniers feuillets.



D'une écriture toujours aussi travaillée, il dézingue les préjugés raciaux et la jalousie, véritables poisons du coeur, auteurs des plus basses vilenies.



Un très grand Cook !
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Les Leçons du mal

Thomas H. Cook , une excellente leçon de cuisine !



Je connaissais le verbe , les voyages , pas l'auteur du meme nom , c'est desormais chose faite et de quelle maniere !

Coben et Connelly ne tarissant pas d'eloges a son sujet , je me suis immediatement méfié car si les arguments sont evidemment tres vendeurs , ils sont , parfois , uniquement au service d'un bete plan marketing ! Dans le cas present , pas de tromperie sur la marchandise mais foin de compliments , entrons dans le vif du sujet ! Apres vous...



Jack Branch , blanc , 25 ans , issu d'un milieu favorisé , enseigne au lycée Lakeland. Tout comme le fit son pere . Sa matiere : le Mal a travers les ages . Il aime son metier et transmettre son savoir malgré l'assistance plutot hétéroclite et hermétique presente a ses cours . Parmi ses eleves , il y a Eddie Miller , issu , lui , des Ponts , le quartier le plus misereux du coin . Il a le triste privilege d'etre le rejeton de Luther Ray Miller , individu notoirement connu pour avoir massacré , à l'époque , sa petite amie alors desireuse de retrouver sa liberté . Arrété puis emprisonné , il y mourra sous les coups d'un co-détenu laissant précocement veuve et orphelin . Bon , on a tous été jeunes , on a tous fait des bétises...Eddie porte cela comme une tare familiale , un fardeau héréditaire dont il ne peut se défaire ce qui explique sa discretion et sa gene a l'ecole comme dans la vie en général..Ce qui va les reunir , pour le meilleur et pour le pire , c'est le personnage proposé par Jack à Eddie pour incarner un devoir portant sur le mal : le pere de ce dernier ! Se sentant l'ame d'un tuteur desireux de prendre sous son aile cet eleve discret mais dont il sent un potentiel certain , il l'accompagnera dans toutes ses démarches , ses investigations , allant jusqu'a se perdre lui-meme dans les meandres de cette histoire...



"Les leçons du Mal" n'est pas un policier comme on l'entend habituellement car ici , pas de meurtres en séries , pas d'enquete en cours mais uniquement des faits relatés melant passé et extraits de proces comme on le comprendra ultérieurement . L'auteur entremele habilement present et passé sans jamais en faire perdre le fil . Le récit est fluide et ultra accrocheur ! Tout comme Jack et Eddie , l'on decouvre méticuleusement des pans entiers de leurs histoires respectives , certains convenus , d'autres beaucoup plus surprenants ! Le rythme est plutot lent et en cela , il me fait penser aux recits de James Lee Burke . Pas de surenchere en hémoglobine , en description de cadavres mais malgré tout , on ne peut decrocher . L'auteur instaure avec brio un climat exsudant la noirceur , le drame que l'on sent poindre inexorablement . Cook , tel le petit Poucet , distille ses indices au compte goutte et les rebondissements , a defaut d'etre spectaculaires , rendent ce récit réellement addictif !

Les personnages principaux sont plutot attachants . Tous deux developperont une relation amoureuse qui , sans veritablement s'etendre plus que de raison au fil des pages, sont de veritables valeurs ajoutées au récit . Jack s'entichera de Nora , une collegue afro ayant a charge un frangin quelque peu demeuré mais tres attendrissant. , tout cela dans un contexte social ou les relations interethniques n'etaient pas tres bien vues , le KKK y ayant traçé son sillon nauseabond . Eddie , quand à lui , se rapprochera de Sheila , alors petite amie de Dirk ( je sais , ça ressemble aux feux de l'amour mais en beaucoup plus dense , je vous rassure !) , etre totalement associal vouant un veritable culte a la betise et la violence , et donc potentielle source d'emmerdes pour les deux tourtereaux .

Les personnages secondaires que sont le sherif Drummond , la mere d'Eddie , Wendell , l'inséparable acolyte de Dirk et , bien sur , le fantomatique facteur qui au final vous surprendra , viennent assurément enrichir cette tragédie.

En accompagnant Eddie , c'est egalement a sa propre histoire que Jack sera confronté , devoilant ainsi bon nombre de zones d'ombre qu'il aurait peut-etre fallu ne pas mettre en lumiere...Mais lui permettant , cependant , d'apprehender un peu mieux son pere , etre solitaire a tendance suicidaire avec qui il communique tant bien que mal (discussions axées essentiellement sur Lincoln , Lincoln ou encore..Lincoln ,au bout d'un moment , ça peut lasser...) et que les demonstrations de tendresse embarassent plus que tout..

Dernier point positif : la construction de ce roman . Tel un film , ce bouquin donne l'impression d'avoir été écrit comme un scenario revelant ses scenes les unes apres les autres , un excellent format pour le grand écran !

Un livre fort , intense , lu dans le cadre du jury du polar qui laisse presager encore de belles heures de lecture pour peu que les ecrits suivants soient du meme acabit !!



Les Leçons du Mal vous feront un bien fou !!!
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