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Critiques de Timothée Demeillers (84)
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Demain la brume

« Demain la brume » Timithée Demeillers



Ils sont cinq, jeunes et beaux, deux filles et trois garçons. Ils vivent, pour deux d’entre eux, en France, à Nevers, et les autres à Vukovar en Yougoslavie. Nous sommes en 1990 et nous allons suivre leurs vies qui vont se croiser durant quelques mois, presque une année.

A peine sortis de l’adolescence, ils désirent tous commencer rapidement leur vie d’adulte, ils ont des rêves, des idéaux et beaucoup d’espoir. C’est compter sans la guerre entre les croates et les serbes qui va tous lourdement les impacter, les malmener. Un roman sur la façon dont l’histoire, récente dans sa violence et sa radicalité, va changer et bouleverser le destin de cinq jeunes personnes.

Un récit intense, à la beauté sombre et des héros attachants.

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Demain la brume

De l’harmonie multiculturelle à la guerre civile ? Comment du jour au lendemain des frères, sœurs, cousins, voisins, s’entretuent alors qu’ils fréquentaient, quelques mois auparavant seulement, les mêmes écoles, bars et cafés, vibraient sur les mêmes groupes de rock, buvaient le même alcool ? Cette harmonie n'était elle alors que chimère ? Comme un voile blanc posé sur la réalité pour masquer la saleté ? Fantaisie inventée ? Ou réalité masquée ?



Demain la brume restitue bien le déchirement de la société croate à la fin des années 80. Tout y est. La construction de la haine de l’autre par des personnes qui se gardent bien de s’approcher du front. La déception et le désarroi des Yougoslaves convaincus. Les nationalistes de part et d’autres accusant ceux de l’autre camp d’être pire que le diable. Dans toute cette merde, un Français paumé est venu prêter main forte aux Croates à Vukovar, faisant de cette guerre la sienne. Pierre-Yves dans le roman, Jean-Michel dans la réalité. Pourquoi avoir décidé de romancer seulement une partie de la vie du jeune Nicollier ? Pourquoi lui inventer une copine, une mère défunte alors que dans la réalité cette dernière revient régulièrement en Slavonie à la quête de bribes de souvenir de son fils perdu. Mais alors pourquoi n’avoir pas été au bout de la démarche ? Avoir donné son vrai nom, écrire que sa mère était bien vivante, lever tout soupçon sur son appartenance à l’extrême droite ?



Un bon roman pour comprendre la dureté de la guerre d’indépendance de la Croatie, malheureusement, trop réaliste.
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Demain la brume

Début années 90, ICI , à Nevers, il y a Katia et Pierre-Yves, LÀ-BAS, à Zagreb et Vukovar, il y a Damir, Jimmy, Sonja et Nada. Des jeunes, dans le bonheur d'un âge où tout semble possible, pour le meilleur ou le pire. Des jeunes qui veulent s'émanciper, faire l'amour, de la musique, tout en étant préoccupés par la peur de l'avenir . 1990, c'est l'année où l'Irak envahit le Koweït, en Yougoslavie, Tito est mort, les courants nationalistes sont en train de monter, Damir d'un père serbe et d'une mère croate , vivant à Zagreb commence à en faire lourdement les frais, mais le pire est encore à venir….

Entre France et Yougoslavie, le passage à l'âge adulte de jeunes en rêves de liberté, à la poursuite d'idéaux , accéléré par la marche du monde. L'âge de rébellion innocente où l'on pense « la vie sans rien, mais la vie libre parce que les poches vides, on peut plus facilement s'accrocher à un train de marchandises pour tenter sa chance ailleurs », cette soif de liberté qui tournera vite à l'insensé. Alors que la Yougoslavie sombre dans le chaos, où la norme est devenue la folie, la paix en suspend n'attend qu'une étincelle pour s'embraser, « il faut choisir son camp ». Les amis et les amoureux d'hier deviennent les ennemis d'aujourd'hui . ICI et LÀ-BAS vont se croiser alors que LA BÊTISE HUMAINE sans rationalité, ni nationalité éclatera dans toute son ampleur. Et le Monde suivra le spectacle comme au cinéma …..”oh tu sais le Cambodge c'était quand même autre chose que cette dispute de cambroussards….vers Ilok ça barde là-bas, t'as des bonnes images à faire…Ilok j'en reviens maintenant, mais plus proche et plus spectaculaire t'as Gospic…. “





Qu'il écrit bien Thimotée Demeillers !

Une prose magnifique, où il alterne les styles narratifs avec aisance. Chaque style narratif reflétant la personnalité du personnage auquel il correspond, « Toi, Jimmy, qu'avais jamais tenu un fusil, tu t'es retrouvé sniper. C'était pas vraiment différent de la musique….. D'ailleurs, tout te semblait comme sur scène ici, les cris des collègues comme les hurlements de la foule, le barouf des obus comme la saturation de la guitare de Tiho, l'adrénaline, la putain d'adrénaline. de la précision. de la rigueur. Comme sur scène. Ça te changeait pas tant que ça. »

Partant d'une histoire réelle celle du « Français de Vukovar », un superbe roman choral intense parfaitement orchestré. Un livre qui dévoile « Le pire de l'âme humaine. L'homme réduit à l'animal. Un animal qui s'acharne sur un animal qui essaie de survivre animalement ».Deuxième livre lu de Demeillers, excellent auteur aux sujets et questions intéressantes .







« la houle a atteint les arbres des forêts,

a obscurci les sentiers de montagne,

laissant des villes brûlées,

du gros sel et les cris du silence,

demain la brume, demain la brume, »
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Demain la brume

Demain la Brume, y a-t-il vraiment un demain?

‘Demain la Brume’ est un roman écrit par Timothée Demeillers en 2019 sur l’époque de la guerre de Yougoslavie. Demeillers, né à Angers, s’est inspiré pour écrire ce roman primé d’une mission en Croatie et Serbie, où il a été témoin de l’état d’après-guerre dévastateur de ces pays.

Alors qu’en Yougoslavie, dans les années 90, le nationalisme enflamme tout et écrase les différences, en particulier ceux comme Damir qui vient d’une famille mixte (de père serbe et d'une mère croate), les tensions politiques demandent de choisir son camp ethnique. Les amis, membres de la même famille, les amoureux, tous sont forcés de choisir leur camp et se confronter entre eux. Les tensions ethniques sont hors de contrôle et la paix laisse place au chaos et bientôt une guerre fratricide sur le continent Européen qui verra les pires atrocités depuis la seconde guerre mondiale.

C’est dans ce contexte que des adolescents en France et en Yougoslavie doivent vivre leur passage à l'âge adulte, une guerre qui non seulement écrase les rêves de liberté et la poursuite d'idéaux mais qui les accélère aussi. Ce roman d’apprentissage est donc basé sur un parallèle créé entre la Yougoslavie et la France à la même époque à travers trois personnages principaux: Katia de Nevers, et Nada et Damir de Vukovar et Zagreb, respectivement. Le livre aborde évidemment des thèmes comme la guerre, mais aussi l’anticonformisme, l’anarchie, la rébellion, l’amour, et tout simplement la vie d’adolescent dans les années 1990.

Ce roman est sans aucun doute un livre qui doit occuper une place de choix dans une bibliothèque. L'auteur présente un conflit horrible dans le passé avec de vastes images, et le fait en racontant l'histoire de personnages du même âge dans un petit village français. L'histoire en général est vraiment touchante, ce qui peut tenir n’importe qui absolument en haleine. En outre, les personnages de l'histoire sont décrits de manière assez réaliste, ce que peu d'écrivains adultes arrivent à réaliser. Enfin, l'auteur utilise une symbolique forte dans le roman pour nous montrer comment chaque adolescent n'importe où dans le monde est le même, en fait, quel que soit l’état politique de son pays, ce qu'il fait en reliant les trois personnages à un point commun : le rock. Si vous aimez les romans historiques réalistes et captivants, vous devriez absolument jeter un œil à ce livre!

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Demain la brume

"Demain la brume" nous emmène au début des années 1990, entre "ici" et "là-bas".



Ici, c'est le centre de la France, où l'on rencontre Katia, jeune punk de 19 ans, qui s'éprend de Pierre-Yves, indépendant et anti-conformiste, qui est prêt à lui faire quitter Nevers, où elle tourne en rond, pour parcourir le monde et apprécier la liberté.



Là-bas, c'est la Yougoslavie, entre Vukovar et Zagreb, où nous faisons la connaissance d'un trio: Nada, une adolescente serbe, Damir, son cousin serbo-croate, et Jimmy, jeune Croate et grand ami des deux cousins. Les garçons se lancent dans la musique et créent le groupe de rock "Les Bâtards Célestes", qui se fait connaître du public avec sa chanson "Fuck you Yu", composée à la plage. Sauf que cette chanson sert d'hymne aux indépendantistes, ce qui n'était pas du tout prévu...



L'ambiance entre Serbes et Croates se détériore et la guerre éclate. Ici et là-bas, les événements s'enchevêtrent, les relations évoluent.

~

Ce roman historique est bouleversant. D'une part, la guerre en ex-Yougoslavie, qui a marqué nombre d'entre nous: nous assistons à la montée de la haine, à l'exacerbation des personalités, à l'absurdité ou l'ambiguïté de certains comportements, à la recherche d'identité et aux combats féroces. En cela, c'est une lecture difficile, qui rappelle des images et autres témoignages marquants. D'autre part, nous entrons dans le monde de jeunes en décalage avec leur vie, en rébellion pour bâtir un univers différent. Dans cette lutte, le racisme et la recherche d'un modèle idéologique sont au cœur de l'intrigue. La poésie également, adoucissant l'aigreur des personnages. Les protagonistes évoluent au cours du roman: les jeunes deviennent adultes en deux ans, avec tout ce que cela engendre. Les histoires croisées et le fil conducteur constitué d'extraits d'un journal intime sont très bien (a)menés et à aucun moment je n'ai été perdue, ni dans le temps, ni dans les péripéties. Le seul regret que j'ai, c'est que la plume ne soit pas plus littéraire, notamment dans les incises.
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Demain la brume

« Il n’y aura jamais la guerre ici, j’ai déclaré, péremptoire »



A l’été 1989, Damir, Jimmy et Nada écrivent des chansons sous le soleil yougoslave.

Deux ans plus tard, la Yougoslavie n’existe plus réellement.

Timothée Demeillers, dans ce récit choral, voyageant entre la France et la Yougoslavie, revient sur une guerre ayant ébranlé la fin du XXème siècle. Il expose les points de vue nationalistes croates et serbes de Jimmy et Nada, mais également celui de Pierre-Yves, cherchant à décortiquer la volonté des français partant se battre pour un pays qui n’existe pas encore et pour un peuple qui n’est pas le leur.



Je me suis beaucoup attaché au personnage de Damir, un jeune homme serbo-croate, passionné de musique et fervent pacifique. Un amoureux d’un pays qui n’existe plus. Grâce à lui, j’ai découvert, à travers les yeux d’un pacifique, une guerre qui plus que déchirer une patrie, a amoché une part de l’humanité.
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Demain la brume

Un roman d'apprentissage intranquille entre France et Croatie, au moment où la Yougoslavie se disloque, en 1990-1991.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Demain la brume

Début des années 90 à Nevers, Katia Koné redouble sa terminale, écrit de la poésie, et s’ennuie ferme. Sa rencontre avec Jean-Luc, jeune homme atypique va illuminer son quotidien et marquer le début d’une histoire d’amour mouvementée. Sur l’île yougoslave de Hvar c’est l’été, Damir, son ami Jimmy et sa cousine Nada vivent leurs derniers moments d’innocence et composent « Fuck you Yu » qui deviendra le premier tube des « Bâtards célestes », duo punk-rock formé par les deux compères.



« Demain la brume » s’articule autour de deux arcs narratifs, l’un situé dans une France provinciale un peu endormie et l’autre dans une Yougoslavie qui, à peine sortie du communisme, est déjà sur le point de sombrer dans la guerre civile.



L’auteur décline un récit à plusieurs voix, celle de Katia qui découvre une forme de liberté, celle d’Amir, musicien poète qui refuse la guerre civile sur le point de naître, celle de Jimmy, rockeur au succès éphémère enrôlé dans une milice croate qui tente de défendre Vukovar et celle de la belle Nada engagée dans un commando serbe qui s’efforce de reprendre sa ville natale.



Alternant les points de vue et les ressentis de chacun, le roman ressemble à un tableau impressionniste et nous décrit par petites touches le début du conflit qui va déchirer ce qui s’appelle encore la Yougoslavie. La légèreté, l’insouciance et les rêves des jeunes protagonistes vont progressivement laisser place au déferlement de la haine séculaire qui oppose Serbes et Croates puis à l’horreur absolue de la guerre fratricide qui éclate au coeur de Vukovar.



L’engagement de l’insaisissable Jean-Luc auprès de la milice croate qui défend Vukovar est la touche finale qui rassemble l’ensemble des protagonistes du roman devenu un tableau apocalyptique qui fait songer à Guernica. La ville natale d’Amir et de Nada va se transformer en ville martyre prise en étau entre Serbes et Croates et devenir l’épicentre du drame qui se joue entre les personnages.



Dans un style toujours fluide et souvent empreint de poésie, Timothée Demeillers nous propose un ouvrage protéiforme, mêlant ombre et lumières, explorant les rêves et les désillusions d’une génération, qui permet d’appréhender un conflit à la fois si proche et si lointain. L’innocence et la joyeuse légèreté du début du récit ne sont qu’une parenthèse éphémère d’un roman consacré au désenchantement d’une jeunesse sacrifiée qui va prendre part à un affrontement d’une indicible sauvagerie. « Demain la brume » est un livre sombre comme une nuit sans lune, qui ressuscite avec maestria les tourments mélancoliques de l’âme slave et nous plonge aux cœur des ténèbres de la guerre des Balkans dont la violence explose telle une grenade au visage sidéré de son lecteur.





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Demain la brume

Quel pays illustre mieux que l'ex Yougoslavie les ruptures fratricides et meurtrières d'un équilibre politique qui se rompt ?



Ivan, dit Jimmy, est croate , Nada serbe et Damir son cousin aussi. Ils ont vingt ans, aiment le rock, se retrouvent tous les étés à Vukovar pour rire, bronzer, écrire ou faire de la musique en rêvant de la gloire que leur apportera leur dernier tube dont le titre provocateur leur donne des airs de Sex Pistols yougoslaves, "Fuck you Yu"...



Yu, pour Yougoslavie, leur pays à tous les trois, qu'ils malmènent affectueusement en paroles pour accélérer sa modernisation, son évolution protégée du grand frère russe par la houlette de Tito.



Mais Tito, justement, meurt. Et soudain Nada se sent serbe, Jimmy par opportunisme rallie la scène croate qui a besoin d'un chantre national et Damir fuit à l'étranger ne reconnaissant plus son pays.



Les voici devenus frères ennemis.



Brothers in arms, chante Dire Straits.



Le récit épouse et confronte tous ces points de vue. Sans choisir. Il jette aussi dans la mêlée un quatrième personnage, Pierre Yves, un rebel without a cause, qui va s'en trouver une: mourir pour Vukovar comme d'autres l'ont fait en leur temps pour Madrid.



La Croatie, il ne sait même pas où c'est sur une carte. Il n'a jamais parlé la langue. Ses compagnons d'armes le trouvent louche, ce Français qui n'a même pas l'air d' avoir peur alors qu'il est juste sans repère.



La guerre radicalise les positions, les propos, tend et fait éclater les relations les plus fortes, dissipe les illusions, ventile les a priori.



Façon puzzle.



Elle fait littéralement table rase.



. Dans ce champ de ruines, qui reconnaîtra la Yougoslavie ? Fuck you, Yu... Même la chanson est prise à contre sens...



Un beau récit polyphonique assorti d'une bande son très rock qui l'habille comme un perfecto clouté. Et troué de balles.

.

Through these fields of destruction

Baptisms of fire

I've witnessed your suffering

As the battle raged high...





Merci encore une fois à Idil qui a déniché cette pépite ! Il va sans dire que j'ai adoré.
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Demain la brume

«Ce cataclysme qui nous écrasés»



À travers les portraits de jeunes qui ont envie de mordre la vie à pleines dents, Timothée Demeillers raconte comment en 1990 la Guerre s’est invitée en Europe. Et a balayé leurs rêves, de Nevers à Vukovar.



Dans ce beau roman choral, Timothée Demeillers présente successivement les personnages qui vont nous accompagner au fil des chapitres et qui finiront par se croiser bien plus tard. On commence par Katia Koné, une jeune fille de dix-neuf ans qui a soif de vie. Elle s'ennuie à Nevers où il ne se passe rien en ce début d'années 90. Le seul petit titre de gloire des habitants aura été nomination de Pierre Bérégovoy au gouvernement.

Après le lycée, il lui reste la musique – sa chambre est tapissée de posters des Clash – et l’envie de prendre le large. L'occasion va s'offrir à elle lorsqu'elle rencontre Pierre-Yves, musicien punk. Lors d'une soirée chez une copine, il va lui propose non pas de la ramener chez elle, mais d’aller jusqu’à Paris. Un voyage qui va changer sa vie.

Changement d'univers dans le second chapitre. Nous sommes cette fois dans l'ex-Yougoslavie, au moment où Tito meurt et où les pays de l'est vont basculer les uns après les autres. C'est là que nous faisons la connaissance de Damir Mihailović qui, avec Nada et Jimmy, ont formé un groupe de rock contestataire baptisé les Bâtards Célestes. Lors d'un concert, il se font remarquer en interprétant Fuck you Yu qui ne va pas tarder à devenir l'hymne de tous ceux qui aspirent à davantage de liberté et d'indépendance dans cette Yougoslavie qui a rendu l’âme, même s'ils n'entendent pas pour autant être récupéré par les nationalistes Croates qui poussent les feux. Peur eux, il n’est pas question d'être inféodé à un quelconque pouvoir.

Nada, quant à elle, se retrouve aussi désœuvrée que son père, licencié après vingt-cinq ans à l'usine de Vuteks. Une décision que Milan, son ami d'enfance, explique comme un choix politique: il faut éloigner tous les Serbes. Nada n'y croit pas trop. Mais en cet été 1990, elle décide de «faire attention».

Des extraits du journal intime de Sonja Kojčinović viennent s'intercaler au fil d'un récit qui se tend de plus alors qu’en France ce qui se trame à quelques centaines de kilomètres est vécu dans une indifférence quasi-totale.

On sent combien Timothée Demeillers s’est documenté et combien il essaie, en détaillant les exactions commises, d’éviter tout manichéisme. Cette saloperie de guerre ne peut être propre, obligeant bien malgré eux les gens à prendre parti. Pierre-Yves pourra témoigner de cette horreur, lui qui rêvait d’aventure va se retrouver en première ligne là où «la civilisation est réduite à un panorama jaune, brûlé, constellé d’impacts, de jardins labourés, de bicoques éventrées, de débris de désolation». Roman puissant qui peut aussi se lire comme une piqûre de rappel face à la montée des nationalismes, aux solutions populistes, mais aussi au déni de réalité, à cette furieuse envie de tourner la tête pour ne rien voir. Alors s’élèveront les paroles de «Le vent froid a gommé les frontières», une chanson composée alors, la houle a atteint les arbres des forêts, a obscurci les sentiers de montagne, laissant des villes brûlées, du gros sel et les cris du silence, demain la brume, demain la brume.




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Demain la brume

Entre Nevers et Paris, entre Vukovar et Zagreb, cinq jeunes figures pour saisir la forme mouvante d’une pathologie nationaliste et identitaire européenne, à l’orée des années 1990.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/09/16/note-de-lecture-demain-la-brume-timothee-demeillers/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Demain la brume

Très bien écrit.

Un voyage dans le temps, l’après Tito en une Yougoslavie qui se déchire.

La désunion, la cassure des liens d’amitiés, d’amours, le désenchantement, l’horreur.

Un livre qui exprime avec justesse comment nos mondes peuvent vaciller, comment des politiques peuvent nous entraîner vers le pire …

Une belle justesse dans la description des personnages, de leurs pensées, de leurs silences, de leurs non dits.

Je recommande si vous êtes en paix avec vous même pour affronter un monde dur.
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Demain la brume

Demain la brume, et 4 destins emmêlés dans la haine. Là où résonnent les bombes sonnent aussi l’espoir, les convictions, la musique et les cris. Demain la brume nous emmène au cœur de la guerre, au sein d’une Yougoslavie déchirée entre Serbes et Croates, où l’on ne distingue plus vraiment l’ami de l’ennemi.

Un roman choral puissant qui expose la guerre et son rayonnement. La guerre qui touche tout et tout le monde. Cruelle, mais parfois revigorante, vivifiante. Parce que les frontières se brouillent entre le mal et le bien, entre le juste et l’injuste, et au milieu de tout cela, les âmes errent et s’enhardissent.



Dans ce roman d’apprentissage qui lui a valu le prix Hors Concours 2021, Timothée Demeillers tire les ficelles d’une Histoire où se mêlent les histoires. Demain la brume, c’est Katia, lycéenne rebelle avide de changement. C’est Damir et Jimmy, bercés par leurs envies de carrière musicale. Et c’est aussi Nada, innocente et belle.

Mais c’est surtout des frontières qui s’érigent peu à peu entre serbes et croates. C’est le fusil qui vient se placer dans les mains, le treillis qui remplace le 501.

Mais alors, dans une Yougoslavie en proie au déchirement, que subsistera-t-il ?

L’individuel nourrit le collectif, et le collectif nourrit l’individuel, dans un roman qui expose les failles, les non-dits et ce qui est clamé tout haut. Un roman qui dépeint la peur, la haine, la hargne, et la fatalité.



Demain la brume, ce n’est pas innocent et c’est neutre à la fois. Demain la brume, ça n’a jamais aussi bien porté son nom : entrez dans ce roman en délaissant les convictions politiques, ne cherchez pas la frontière entre ennemis et amis, ne tracez pas de limites : tout est sans cesse effacé puis réécrit, au rythme des récits.

Demain la brume, ça expose tout : l’endoctrinement, la propagande, l’allégresse et la détresse. On va d’un camp à un autre, d’une opinion à une autre, et dans le capharnaüm de la guerre, difficile d’entendre qui a raison.



Ainsi Demain la brume fut pour moi une expérience unique, politique et sociale. Ce fut la découverte, par une plume qui s’évertue à construire une ambiance, d’un territoire inconnu. Ce fut la découverte d’une jeunesse, d’un peuple et de convictions. Ce fut des couleurs, des odeurs et des sons qui se mélangent, au même titre que les destins. Demain la brume, ça m’a montré comment le singulier influe sur le pluriel, et comment le pluriel peut faire basculer le singulier.



Demain la brume, ça m’a aussi montré ce que c’est d’être. Ça m’a montré l’effet, et l’importance peut-être, de nos opinions. Ça m’a montré que rien n’est tout blanc ou noir, qu’au contraire il faut parfois mieux tout brouiller, unir, joindre ou brasser. Parce que le flou est parfois préférable au manichéen. Parce que la brume s’est posée sur le tout et le rien.



En définitive Timothée Demeillers nous offre un roman qui expose des enjeux idéologiques forts. Par un style nous plongeant au cœur du tableau, il nous laisse être d’accord ou non, pleurer, rire, et surtout ressentir. Parce que Demain la brume c’est l’éclat d’une voix trop enhardie, c’est le temps en suspend quand on a le doigt sur la gâchette, c’est l’expression encore candide des espoirs et la perte des illusions.



C’est pourquoi je recommande Demain la brume : c’est une vraie expérience historique; une vraie immersion, qui permet de découvrir le conflit qui a déchiré la Yougoslavie par le prisme de destins jeunes et parfois moins, via la flamme ardente qui les caractérise mais qui pourrait bien les consumer.
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Demain la brume

« Que s’est il passé pour qu’on en arrive là »



Eté 89, en France la jeunesse s’emmerde, écoute du punk et lit Kerouac en rêvant à une vie moins étriquée que celle de leur parent. Katia et Pierre Yves se découvrent, ce sont leurs premiers emois amoureux, pleins de rêves en tête avec un absolu de liberté, peut etre trop absolu pour Pierre Yves. Pendant ce temps là, en Yougoslavie, sur l’ile de Hvar, Damir et Jimmy montent un groupe de rock les Bâtards Celestes sous les beaux yeux de leur cousine Nada. Débute une carrière prometteuse pour le groupe avec signature sur label, sortie de disques, tournées.. mais tapi derrière cette jeunesse en pleine effervescence quelquechose d’insidieux se trame et bientôt, parmi ses voisins, ses amis, sa famille, il va falloir choisir un camp.



En s’appuyant sur la guerre d’indépendance de la Croatie, Thimothée Desmeilleurs dénonce le mécanisme insidieux de la montée du nationalisme, de la haine qu’on cultive à coup de propagande, l’escalade de revendication identitaire jusqu’au conflit ultime et ici le drame de Vukovar, violent, très violent.



« Demain la brume » laisse songeur, on a besoin d’un temps à la fermeture du livre pour encaisser. Tout est allé vite, tout le monde s'est emballé trop vite, que s'est il passé pour qu'on en arrive là...? Pour prolonger et s’imprégner de cette epoque l’auteur fournit à la fin du livre une playlist et une liste de film documentaire pour revenir sur cet episode de l’histoire, pas si lointain finalement.

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Demain la brume

Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman - ni que je l'ai détesté. Je me suis fait violence pour aller jusqu'au bout. Les deux premiers tiers ont été "laborieux" pour moi. Ensuite mieux. Je suis partagée. Une histoire d'amitié entre quelques jeunes qui deviennent ensuite des ennemis : la guerre est passée par là avec ses incohérences. Sûrement qu'au fond j'avais envie que l'amitié soit plus forte que l'absurdité (?). L'auteur a le mérite d'avoir traité un sujet rarement abordé quant à la guerre entre la Croatie et la Serbie. Il a fait un gros travail de recherche aussi. Mais je reste toujours sur cette sensation "mitigée"...

C'est (encore) un livre qu'on m'a prêté (je n'aime pas trop qu'on me prête des livres, ni qu'on m'en offre-sauf si on connait bien mes goûts). Je me fais toujours une obligation de les lire... Mais ils peuvent aussi offrir de belles découvertes alors, pas de regret non plus pour cette fois-ci..
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Demain la brume

La guerre en Yougoslavie au début des années 90 est au cœur de ce roman très noir de l’angevin Timothée Demeillers dans lequel il croise les destins de cinq personnages. En France d’abord, à Nevers, où Katia, petite lycéenne punkette black tombe sous le charme de Pierre-Yves, un vrai baroudeur qui rêve d’aventures à la Che Guevara. En Yougoslavie, on découvre un trio des plus attachants avec Damir et Jimmy, jeunes rockers aux textes engagés et au succès croissant. Leur plus fidèle groupie est Nada, la cousine de Damir. Puis insensiblement, l’ambiance change car les Serbes et les Croates qui vivaient pourtant ensemble et en bonne harmonie, ont des velléités d’indépendance qui se traduisent d’abord par des invectives, des menaces, puis des faits de violence avant de dégénérer en guerre civile ou chacun doit choisir son camp. L’éclatement de la Yougoslavie signe la fin du groupe d’amis tandis qu’à Nevers, Pierre-Yves décide de rallier la cause des croates et part à la guerre. Thimothée Demeillers a particulièrement bien campé ses personnages et les a dotés d’une réelle épaisseur. Tous aspirent à une vie plus belle. Tous rêvent de s’accomplir vraiment. Tous (ou presque) finiront par renier leur idéal. Inspiré de la triste réalité d’une guerre fratricide, ce roman est d’une densité exceptionnelle qui force l’admiration et l’écriture soignée et compacte de Thimothée Demeillers en rehausse encore l’intérêt
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Demain la brume

1990, la Yougoslavie est de brume et de détresse. Les enfants perdus dans le dédale des incompréhensions et de l'impondérable. Hier, et si près encore. « Demain la brume » est plus qu'un récit mais une mise en abîme époustouflante. Aucun parti pris, aucun jugement, plus que les faits, les actes accompagnés des mouvances d'une déchirure irréversible. L'écho d'une guerre fratricide. Les pages sanglotent et murmurent cette vérité, ce qui s'est réellement passé. Thimothée Demeillers est un passeur. Il délivre la mémoire d'un pays qui ne sera plus jamais comme avant. Les hôtes des pages sont authentiques, vivants. Nos contemporains, frères et soeurs, voisins de palier, musiciens « Les Bâtards Célestes » et leur duo « Fuck you Yu » qui sera la banderole d'une jeunesse fracassée. le symbole de l'arrachement, le point d'appui des frontières en advenir. Ce livre tremble sous la pluie, les bombes, les douleurs intestines. Dans les torpeurs agonisantes, l'ami d'hier est le serbe à tuer, le frère et la soeur croate sont l'identité révélée qu'il faut immanquablement détruire et vice versa. « Demain la brume » est dans une polyphonie des intériorités à l'instar d'une frontière qui était prédestinée. « Demain la brume » est un cri dans la nuit. Les cruautés assoiffées, les horreurs commises au nom d'une idéologie, d'une culture, d'une religion, d'une appartenance muselière.

« Dans ma Yougoslavie

Demain la brume

Demain la brume

Dans ma Yougoslavie. »

« Demain la brume » est une référence historique. La contemporanéité fait froid dans le dos, tant elle sonne juste. On ressent plus qu'une écriture urgente des dires mais un chuchotement, un calme maîtrisé à l'extrême. Comme si Timothée Demeillers écrivait la nuit dans un couvre-feu. Il est au coeur du livre l'essence même des respirations d'un pays à feu et à sang. Les résistants affrontant la paix en comptant les leurs tombés à terre. Ce livre est d'utilité publique. Il entonne l'avertissement de la méfiance. Faut-il craindre la paix comme si elle était éphémère ? Faut-il prendre peur d'un regard trop vif ? Comment oeuvrer au vivre-ensemble lorsque l'on pense l'autre en étrange (er). Timothée Demeillers délivre l'idiosyncrasie d'un bouleversement irrévocable. le summum est de loin l'alliage des pensées contraires qui en deviennent un symbole. Chacun, ici présent est un morceau du pays arraché à coup de dents. le livre n'est pas. Il s'échappe et cède sa place à Timothée Demeillers. Fracture abyssale, gouffre sans fond, larmes des mères et la tasse de café qui tombe sur le sol, brisée en mille morceaux. Parabole d'un homme abattu par une balle en plein front. On ressent l'amplitude d'un déchirement. Vol d'un oiseau de nuit, « Demain la brume » est un témoignage crucial.

A noter que pour la préparation de cet ouvrage Timothée Demeillers a bénéficié d'une mission Hors les Murs Stendhal en Croatie et Serbie grâce à l'Institut français. « Demain la brume » est indispensable à la belle humanité. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes 2021. Publié par la majeures Éditions Asphalte.

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Demain la brume

ujourd’hui, je vous parle de ma deuxième lecture dans le cadre du Prix des lecteurs Privat 2021.



Couverture du livre « Demain la brume » de Timothee Demeillers aux éditions Asphalte

Des années, les années 90. Des lieux, ici et là bas.



Ici, c’est la France, Nevers plus exactement. C’est Katia, une jeune femme de 18 ans, punkette pour faire oublier son métissage dans cette ville où elle est une des rares personnes noires. Ici, c’est la rencontre entre Katia et Pierre-Yves, un jeune homme ombrageux, aux idéaux politiques affirmés. Ici, c’est le début d’une histoire sentimentale avec ses hauts et ses bas. Ici, c’est la jeunesse tranquille française…



Là-bas, c’est le monde de Jimmy et Damir, les amis musiciens, les Bâtards Célestes et de Nada, la cousine de Damir. C’est le monde où un morceau de musique, un tube est détourné pour servir des enjeux géopolitiques. Là-bas, c’est le début d’une rupture, celle d’une amitié, celle d’un pays, déchiré entre Serbes et Croates. Là bas, c’est un monde qui disparait et n’existe déjà plus sous les obus et la violence.



Demain la brume est un roman où les destins se brisent, se rencontrent, où des vies disparaissent, des mondes s’effondrent pour mieux renaître. Son auteur, Timothée Demeillers, au fil des pages nous emporte dans ces vies, celles de Katia, de Nada, du Français, de Jimmy, de Milan, dans ce pays qui n’en est plus un et qui vole en éclats au nom du sang, des origines, de l’identité.



Dans ce roman, pas de jugement ni de parti pris, dans ce récit, les destins sont en marche, se rencontrent et se séparent. Demain la brume, c’est le panorama d’une jeunesse européenne en quête d’identité entre Ici et Là-bas. Le récit est sombre, le sujet est grave et pesant, du sang coule, des vies disparaissent, la violence éclate, les liens se brisent mais l’écriture de Timothée Demeillers rend attachants ces héros ordinaires emportés par une Histoire qui les dépasse.



En résumé : DEMAIN LA BRUME, c’est l’histoire d’une jeunesse qu’on découvre et qu’on a du mal à abandonner.
Lien : https://dubonheurdelire.word..
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Demain la brume

Demain la brume: rébellion et clichés

Très peu de livres réussissent à donner un portrait réaliste de l'adolescence et,

malheureusement, ce n'est pas l'un d'entre eux. Les premières cinquante pages de ce

roman écrit par Timothée Demeillers sont divisées en deux parties; la première raconte

l'histoire de Katia, une adolescente punk qui tombe amoureuse d'un homme en une nuit

et s'enfuit avec lui la nuit d'après à l'improviste, et la seconde partie, narrée par Damir, un

adolescent vivant en Yougoslavie en pleine guerre qui écrit une chanson de protestation

avec ses amis.

Dans la première partie, l'auteur n'emploie que des clichés pour construire des

personnages, et il est vraiment évident que ce roman a été écrit par un homme qui avait

juste 6 ans dans l'année où se déroule l'histoire et qui a totalement oublié comment se

passe l'adolescence; les personnages (surtout Katia) sont superficiels et peu réalistes, il est

vraiment difficile de comprendre les motivations derrière leurs actes et tout semble trop

romanesque et faux. Il n'y a rien de nouveau dans l'histoire de Katia, qui semble

insupportable, irrationnelle: on ne peut s'identifier à elle. Toutefois, dans la seconde partie

Demeillers réussit à capter l'attention avec des personnages plus frais dans une situation

qui n'a pas été trop traitée par les médias et il est facile de comprendre leur rébellion et

d'avoir de l'empathie pour eux.

Maribel Sánchez Sáez
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Jusqu'à la bête

Ce second roman coup de poing, qui nous plonge au cœur d'un abattoir d'Angers, est tout en gris, en rouge et en noir.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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