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Citations de Valerio Varesi (362)


Moi, j’appartiens à ces forêts, et eux, ils considèrent que la forêt leur appartient. Toute la différence est là, dit l’homme en souriant tristement.
Ils sont stupides parce que le développement, comme ils l’appellent, eux et les politiciens, c’est leur condamnation.
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l tira plusieurs fois sur son cigare, planté au milieu de la nuit chargée d’incertitude. Dix minutes s’écoulèrent avant qu’il ne décide de rentrer au village pour demander une chambre à Egisto. Quand il reprit le volant, un nouvel écho retentit dans l’air au-dessus de Malora, un son grave qui vibra longuement dans le noir. Il retourna dans la vallée en conduisant d’un air pensif et s’épuisa en conjectures qui s’arrêtaient à mi-chemin comme un pont qui se casse en deux. Il ne comprenait rien à cette affaire. Tout avait l’air fortuit, méli-mélo d’objets jetés dans un tiroir. Il se gara une nouvelle fois et regagna la place. Dans ce décor figé de carte postale, on entendait seulement ses pas qui résonnaient sur le granit. Mais quand il fut à quelques mètres du bar d’Egisto, il devina le grondement d’un gros diesel qui démarrait et, peu après, une jeep munie d’une longue antenne passa près de lui à vive allure. Il reconnut Rasmi à bord. L’homme lança un coup d’oeil furtif, comme s’il prenait la fuite. Puis la jeep sortit du village, tourna et prit la route du col de Brattello.
Soneri resta immobile, appuyé contre le muret qui délimitait la place du côté opposé au bar. Il ne parvenait pas à interpréter ce qu’il voyait. On aurait dit que tout le village vivait de sous-entendus, de regards tacites et de petits signes, dans un alphabet que lui ne connaissait pas. Et quand, en se tournant, il s’aperçut qu’Egisto le fixait derrière sa vitrine, cette sensation s’accentua au point de devenir insupportable. Alors, dans l’un de ses élans, il retourna à sa voiture et partit lui aussi en direction du col.
Il ne s’expliquait pas pourquoi il avait pris cette décision. En l’absence de raisonnement, il suivait son instinct. Et son instinct lui suggérait de se soustraire à ce jeu d’ombres tourbillonnantes. Ou peut-être voulait-il éprouver l’illusion de l’action ? Il s’en remettait une fois encore au conseil d’Angela : agir pour se débarrasser de nos mauvaises pensées. Il conduisait sur la petite route taillée dans l’âpreté du grès, éclairant des crêtes rocheuses et des bords enneigés, la douceur des pinèdes, les hêtres squelettiques. Et puis le vide obscur du précipice, quand l’étendue de la nuit noire surgissait sous ses phares et que son moteur vrombissait en s’engageant dans les tournants. Il comptait rattraper Rasmi, mais l’homme avait beaucoup d’avance. Ou peut-être suivait-il une de ces ombres qui l’avaient effleuré avec plus d’insistance ? Si c’était le cas, s’il ne rencontrait rien par-delà ses soupçons, il descendrait directement pour retourner en ville sans repasser par Monteripa. Tout était suspendu au dénouement de ce voyage nocturne.
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La route était un cimetière d’ornières qui se déroulait patiemment en direction du ciel entre éboulis, hêtraies et pinèdes de reboisement. Le vent secouait les arbres comme s’il voulait les arracher en brisant leurs racines. La pluie apportée par le sirocco débordait de la terre trempée. C’était bientôt le soir, et depuis plus de quatre heures, Soneri remontait la vallée tel un berger qui s’en irait passer l’hiver de l’autre côté de la montagne où donne la tiédeur de la mer.
Son téléphone sonna tandis qu’il découvrait le panneau de Monteripa.
– Ton Ducato est en règle, annonça Nanetti. On n’a trouvé que dalle, à part la puanteur.
– Si ça pue, ce n’est pas en règle, répliqua Soneri.
– Qu’est-ce que t’as ? C’est l’air de la montagne qui te rend spirituel ? Y a pourtant pas de quoi rire : je n’arrive à aucune conclusion. On ne trouve pas le moindre indice. Quoi qu’il en soit, c’est ton problème.
– Je ne plaisante pas, se froissa le commissaire, si tu dis que ça pue, ça doit bien venir de quelque part, non ? Ça pue quoi ?
– Je ne sais pas. Ce genre de vieille odeur stagnante qu’on sent dans les cars, ou dans les caves. Une crasse lyophilisée, réduite en poussière, absorbée. Impossible à éliminer, comme les rats. Et à l’arrière des sièges, on a trouvé une couche de crasse bien dégueulasse avec des cheveux. Maintenant te dire depuis quand ils y sont… On a prélevé des échantillons, au moins, si on doit faire des comparaisons, on sera sûrs du résultat… précisa Nanetti.
– Rien d’autre ?
– Je te l’ai dit : ils n’ont rien laissé, rien sur quoi s’appuyer.
Soneri raccrocha, indécis et confus. Loin de la Questure, perdu dans ces montagnes, il se sentait déboussolé et ne savait même plus où il voulait en venir. Monteripa donnait l’impression d’un village où les gens restaient faute de mieux. Qui sait pour quelle raison les Breviglieri s’étaient enthousiasmés pour cet endroit.
Ils habitaient un peu en dehors du village, sur la seule route qui conduisait au col du Brattello avant de continuer son ascension vers un paysage lunaire de pierres et de sommets corrodés par le gel. Ils avaient raccommodé leur logement du mieux qu’ils le pouvaient en faisant de menus travaux. Ce devait être une ancienne maison de cantonnier abandonnée et cédée à bas prix. Derrière, Soneri remarqua le potager dont avait parlé Coruzzi.
Une femme encore jeune, quoique déjà un peu fanée, vint l’accueillir.
– Je suis Elena, se présenta-t-elle avec un grand sourire solaire.
Derrière elle, deux bambins intrigués par le nouveau venu apparurent en silence.
– Commissaire Soneri, de la PJ de Parme, dit-il. Votre mari est là ?
La femme perdit aussitôt son sourire et regarda tout autour d’elle en pâlissant. Elle portait un survêtement qui lui donnait l’air négligé de ceux qui se fichent de leur apparence.
– Il va bientôt arriver. En attendant, je peux vous offrir quelque chose ?
Soneri fit signe que non.
– Pourquoi vous cherchez Giancarlo ? demanda-t-elle avec une certaine appréhension.
– Nous avons retrouvé son véhicule sur la grève du torrent… expliqua le commissaire en laissant volontairement sa phrase en suspens.
Elle le fixa encore avec appréhension.
– La camionnette ? chuchota-t-elle.
Soneri acquiesça.
– On lui a tiré dessus. Cinq coups de fusil.
La femme eut un sursaut et resta silencieuse. Puis elle détourna son regard et s’occupa de ses enfants. Le commissaire aussi passa à autre chose, peu convaincu que cette famille ait quelque chose à voir avec l’enquête. Les coups de fusil ne devaient être qu’une bravade de chasseurs qui s’étaient amusés comme on s’amuse à tirer sur des panneaux de signalisation.
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Sur la table, il y avait un paquet, et sous le ruban, une carte de visite qui indiquait : Pour le commissaire Soneri. Aucune signature, pas un mot de salutation. On avait dû le déposer tôt le matin, car lorsque Juvara était arrivé au bureau, le paquet était déjà là.
– Si j’étais vous, je ne l’ouvrirais pas, ajouta-t-il. On ne vous a pas transmis la circulaire du questeur au sujet des colis et du courrier ?
Soneri haussa les épaules et joignit le planton :
– Tu sais qui a déposé un paquet pour moi, ce matin ?
Mais le planton non plus n’était pas au courant.
– Dottore, reprit Juvara, d’après moi, quelqu’un a prétexté un truc pour venir le déposer ici. Si j’étais vous, je ne l’ouvrirais pas, insista-t-il encore. Personne ne vous a dit pour le collègue, en Toscane ? Il a eu le visage brûlé.
Le commissaire haussa de nouveau les épaules, détacha la carte de visite et soupesa le paquet.
– Je me fous des circulaires du questeur, affirma-t-il en arrachant le papier.
D’instinct, Juvara se recroquevilla derrière l’écran de son ordinateur, mais rien ne se passa. Soneri en tira un petit assortiment de pâtisseries surmonté de deux scarpette, deux biscuits en forme de chaussure. C’est alors que le commissaire se souvint que l’on était le 13 janvier, le jour où l’on fêtait le protecteur de Parme. – On a peur de nos souvenirs, dit-il dans un sourire amer.
Et devant l’expression quelque peu interdite de l’inspecteur, qui ne saisissait pas, il expliqua :
– Aujourd’hui, c’est la Saint-Hilaire, la fête de notre saint patron. Un voyageur parti de Poitiers. En voyant ses souliers troués, un cordonnier d’ici les lui a ressemelés : tu comprends pourquoi les biscuits ont cette forme ?
Juvara s’étonna tout en hochant la tête. – De toute façon, ajouta le commissaire, ce n’est pas ton genre de saint, il faisait trop de sport.
L’autre marmonna quelques mots tandis que Soneri rêvait déjà devant les deux biscuits glacés parsemés d’éclats de sucre jaune et bleu aux couleurs de la ville. Sa mémoire divagua jusqu’à ce qu’elle se transforme en images oniriques, puis une mauvaise pensée assaillit son esprit : à son âge, il s’était déjà englouti la moitié des scarpette auxquelles il avait droit.
Sous l’œil perplexe de Juvara, le commissaire se saisit de son portable comme s’il voulait demander de l’aide. L’inspecteur l’entendit murmurer d’une voix de somnambule et devina qu’il s’adressait à sa compagne.
– Mais qu’est-ce que tu racontes ? s’esclaffa cette dernière.
– Je t’assure, répéta Soneri, j’ai mangé la moitié des scarpette auxquelles j’ai droit : c’est une question de statistique.
Le pire fut qu’Angela resta sans voix.
– Pas seulement les scarpette, poursuivit-il, les anolini, les tortelli, les tripes…
– Visiblement, de tout ce que tu regrettes, il n’y a que la bouffe qui compte, constata-t-elle.
– Les scarpette, on n’en mange qu’une fois l’an, pas tous les jours. C’est limité, répliqua-t-il.
– Comme pour tout…
– Ce n’est pas vrai. Je pourrais décider de t’embrasser toute une journée et te donner plus de baisers qu’en une année.
– Quelques heures te suffiraient… le moqua Angela.
– Je veux simplement dire que l’irréparable est entré dans nos vies.
Elle eut un petit rire nerveux, et Soneri se reconnut dans son malaise.
– Tu as de ces conversations…
Angela essaya de changer de sujet, mais échoua lamentablement.
– Bon Dieu, réattaqua Soneri, pourquoi chaque fois qu’on passe du temps ensemble, on y pense avec regret ? Pourquoi on a cette impression d’être volé à chaque jour qui passe ?
Le commissaire parlait à jet continu, et Juvara, qui continuait de l’écouter en silence, un peu gêné, songea soudain aux assassins repentis, aux malheureux dont il avait rédigé les aveux sur des procès-verbaux.
– Tu sais très bien pourquoi, s’agaça Angela tout en reprenant son sérieux, et tu sais qu’il n’y a pas de solution. La seule issue, c’est de ne pas trop y donner d’importance, de se croire invulnérable et d’avancer sans trop se poser de questions. Ou tu crois que tu es un dieu, ou tu crois en Dieu, conclut-elle. Barguigne tout ce que tu veux, tu n’y échapperas pas.
À la manière dont le commissaire raccrocha, Juvara sut que la journée serait mauvaise.
– Bon, ben, heureusement, il ne s’est rien passé, dit-il pour essayer de dédramatiser en visant le paquet.
Soneri lui jeta un regard noir.
– J’aurais préféré qu’il explose, ça aurait fait moins de dégâts, siffla-t-il en sortant.
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Il fallait vivre le moment présent, le décharner jusqu'à la moelle sans chercher à savoir de quoi demain serait fait.
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Même si elles nous jettent sur le pavé, les passions font aller de l'avant. C'est pour elles qu'on se donne du mal. Elles font bouger les choses; elles ont beau transformer le monde en foutoir, quelquefois répugnant, on trouve toujours dans ce marasme l'élan vital pour nous frotter à un avenir dont on ne sait rien. La sagesse, ajouta Sbarazza en approchant son visage de celui du commissaire, n'est qu'un fourbi de vieillards. Ne croyez pas à la conquête du temps, il ne s'agit que de décrépitude.
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"Ne vous inquiétez pas, commissaire, le rassura Sbarazza, l'important est d'être sûr de soi et de faire preuve de désinvolture. De cette façon, même le geste le plus grossier ne suscite aucune objection. Au reste, pour réagir, il faut un minimum d'estomac. Et ici, ajouta-t-il en balayant la salle du regard, qui en a, d'après vous ?"
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Regarde ce qu'est devenue la politique : des partouzes un peu partout, droite et gauche main dans la main, ou presque. Pensée unique et conformiste, interdit de ne pas être d'accord, et cette masse d'abrutis complètement gagas dès qu'ils pensent au week-end.
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Il était décousu par endroits, ses anses étaient rapiécées. On aurait dit une photographie de la pauvreté, et Soneri y reconnut la dignité des gens de peu côtoyés dans son enfance.
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L'inspecteur avait l'air hypnotisé. Il les observa jusqu'à ce que le taureau abandonne la croupe de la vache et se secoue en baissant la tête, le pénis flasque et pendouillant au-dessus de l'asphalte.
"C'est le même que tout à l'heure ? balbutia Juvara en reprenant ses esprits.
- Bien sûr. T'as pas reconnu ses couilles ?
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Le bateau tanguait en descendant le courant et s’approchait régulièrement des berges dans l’espoir de tomber sur celui de Biancani.
– S’ils sont malins, ils sont allés côté lombard, raisonna Nocio. Foutre le fleuve au milieu est toujours un avantage.
– Pas dit, rétorqua le commissaire. Si tu sais où tu vas, tu ne fais pas ce genre de calculs.
– Tu penses qu’ils le savaient ?
– J’en ai bien peur.
En pénétrant la vaste anse de Casalmaggiore, le canot tapotait légèrement sur les rides de l’eau. Dorénavant, plus un seul village ne s’offrirait aux berges avant le bourg de Viadana.
– On ne pourra pas aller plus loin que Boretto, signala Nocio en regardant le ciel où la lumière du jour baissait à toute allure, recouverte par des bancs de brouillard. Ça devient sombre, c’est dangereux, y a trop de traffic, conclut-il en jetant un œil à ce qui était entraîné vers l’aval.
Ils croisèrent peu après une grosse embarcation, et Nocio ralentit afin de se décaler d’une dizaine de mètres. L’autre bateau les salua d’un coup de corne et, quelques secondes plus tard, une grosse vague les remua et fit dévier le canot.
– Pourquoi que t’as atterri ici, commissaire ? demanda brusquement Nocio.
– On m’a chargé d’une enquête. Tu es au courant de ces étrangers qui pêchent le silure ?
L’ami haussa les épaules.
– Je me disais aussi. Personne ne vient jamais là par hasard. Ceux qui y sont nés, oui… mais les autres ont toujours une bonne raison.
– Je n’en ai pas toujours eu, protesta Soneri.
– Tu venais pour manger. Chez Bruno, au Stendhal.
– Il y en a qui viennent manger et qui ne vont même pas sur la digue…
– C’est vrai. Ce n’était pas ton cas… Disons que tu es un demi-amant.
La lumière continuait de baisser, et Soneri se sentait de plus en plus mal à l’aise dans cet endroit qui paraissait en dehors de tout recensement.
– On est où ? questionna-t-il.
– Entre Viadana et Boretto, répondit Nocio. En face de Brescello.
– Laissons tomber, marmonna le commissaire. Ils nous ont semés.
– Ils avaient de l’avance, reconnut son ami. De toute façon, faut pas tarder, il va bientôt faire noir, on ne pourra plus naviguer. Je sens que Biancani va devoir aller chercher son bateau en Polésine.
– Tu crois qu’ils sont allés si loin ?
– Non, mais ils vont le laisser où ils peuvent, et avec la crue, le courant l’entraînera là-bas.
Nocio commença sa manœuvre pour faire demi-tour en amorçant un grand virage afin de couper à travers le courant. Il s’approcha de la berge lombarde et vira aussitôt vers le mitan du fleuve. Dès qu’ils furent à plat, il monta le régime moteur et le bateau se cabra légèrement, mais il fallut virer encore pour éviter un tronc. À présent, les épaves voyageaient deux fois plus vite que tout à l’heure et déboulaient comme des silures. On se serait cru sur l’autoroute à contresens. L’obscurité croissante, le danger qui venait à leur rencontre ainsi que le sentiment de solitude dans l’extraterritorialité du fleuve rendaient le commissaire nerveux.
– J’ai peur qu’on ait fait une connerie, siffla-t-il en s’adressant plus à lui-même qu’à son ami.
Il s’attendait à ce que Nocio le démentisse, mais celui-ci scrutait le courant sans prononcer un mot. Au bout d’un petit moment, il finit par lâcher :
– Si on en a fait une, va falloir s’en tirer.
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Sans trop savoir pourquoi, il se dirigea vers Sissa. Tout s’était métamorphosé : le jour avait baissé, le Pô, disparu dans les brumes, mais surtout, et comme toujours lors d’une nouvelle affaire, une agitation insidieuse avait assailli son humeur telle une petite fièvre tenace. Il appuya sur l’accélérateur en oubliant le fortana, mais le cliquetis des bouteilles le rappela à l’ordre, et il laissa progressivement ralentir le moteur par respect pour son vin. Soudain, un automobiliste qui arrivait en sens contraire l’obligea à tourner brusquement le volant. Ses roues mordirent le bas-côté herbeux qui longeait un canal, et ses bouteilles attaquèrent une ouverture au xylophone qui ne prit fin qu’au retour de l’Alfa sur l’asphalte, non sans avoir culbuté deux balises en plastique. Pendant une fraction de seconde, le commissaire eut sous les yeux le faisceau menaçant d’un pleins-phares surgissant du brouillard. Et le visage du conducteur. Aussi tendu et dramatique que les visages des toxicos qu’on embarquait parfois à la Questure après un vol à l’arraché. Un réflexe professionnel lui dicta de faire demi-tour et de se lancer à sa poursuite. Les bouteilles se remirent à danser la samba, mais cela lui était égal. Si le fortana était nerveux, lui l’était davantage. Il prit de la vitesse en coupant les virages, en freinant au dernier moment, dans une lutte au corps à corps avec son volant. Il n’y avait devant lui que le gris de l’asphalte mêlé continûment à celui du brouillard. Un doute lui effleura l’esprit : et s’il poursuivait un fantôme ? Le paysage était tellement évocateur, et tout compte fait, il n’écoutait que son instinct. Cette sorte de connaissance humaine privée de science et de méthode que l’on acquiert avec le temps, parce qu’un visage est un alphabet difficile. Tout comme il était difficile de l’expliquer aux magistrats quand ces derniers voulaient connaître les raisons de vos choix. À l’ère de la police savante, il s’en fallait de peu de passer pour un fou.
Et voilà qu’à présent il risquait l’accident à cause d’une intuition, une histoire à bien faire ricaner ses collègues. Dix minutes s’écoulèrent avant qu’il ne distingue l’arrière d’un véhicule : le même qu’il avait failli percuter. On y apercevait trois têtes à l’intérieur et, sur la plage arrière, un chapeau à large bord de forme vieillotte qui glissait d’un côté à l’autre à chacun des virages.
Soneri attrapa son portable.
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En ce début d’après-midi, dans la lumière citrine d’une bassa hésitant entre brume et soleil, le commissaire Soneri eut l’honnêteté de reconnaître qu’il n’était qu’un planqué. On l’avait chargé d’aller fouiller les chemins de halage le long du Pô sur ordre d’un substitut du procureur, convaincu que des armes circulaient parmi des groupes de pêcheurs de silure, des anciens militaires slovaques et hongrois. Le commissaire avait obéi sans enthousiasme, mais une fois sur place, l’envie lui était venue de claquer la porte et de tout envoyer au diable. L’indolence du fleuve, ses lits d’inondation gorgés d’humidité ainsi que le ciel translucide offraient de parfaites conditions. Il se prit donc une vacance inattendue, s’arrêtant même au Cantinone de Viarolo pour se payer deux caisses de fortana de la dernière vendange. D’un calme étonnamment serein, il répondit par un sourire quand on lui conseilla de ne pas rouler vite pour respecter ce vin nerveux. Le commissaire n’avait pas l’intention de se presser : il avait devant lui l’après-midi de libre.
Il s’était ensuite promené sur la digue, accompagné par les envols paresseux des corneilles et par le lourd débit du fleuve, grossi par une semaine de pluie. Il n’y avait surpris qu’un lièvre et un faisan, aussi deux ragondins. Ce fut alors que Manotti lui était revenu à l’esprit. Le commandant Libero Manotti, un ancien partisan devenu garde-chasse, un homme qui avait fait le choix d’ennemis plus grands que lui : la misère, les Allemands et le courant du Pô, la débâcle du monde. Il aurait aimé le revoir, sans toutefois savoir s’il vivait encore. Son téléphone sonna juste à ce moment-là.
– Commissaire, annonça Juvara, ils ont fait une nouvelle attaque.
– De qui tu parles ? demanda Soneri, ramené brutalement à son quotidien.
– De la bande des distributeurs.
– En plein jour ?
– Dottore, ils ont agi dans une agence de la périphérie, à l’heure du déjeuner. Sur une route secondaire, aux heures creuses…
– On est sûr que c’est les mêmes ?
– Même technique : gaz insufflé à l’intérieur, et boum. Comme un bouchon qui pète.
Le commissaire pensa aux bouteilles dans son coffre.
– Qu’est-ce que tu veux que j’y fasse ? s’agaça-t-il en voyant s’évanouir les promesses de l’après-midi.
– Dottore, ce n’est pas de ma faute. Ils ont pris la fuite en direction de l’Asolana, le questeur sait que vous êtes dans le coin… s’excusa Juvara.
– Ça fait quinze ans qu’il vit à Parme, il n’a pas compris que la bassa était grande ? grinça Soneri. C’est bon, si je tombe dessus, je vous tiens au courant, abrégea-t-il.
– Dottore, ils ont pris la fuite dans une Punto grise, signala l’inspecteur avant de raccrocher.
Soneri redescendit au bourg tandis qu’on entendait un moteur tourner à vide depuis le port de Sacca, à la manière d’une voiture qui s’enlise. Sur la place, son Alfa reflétait les faibles rayons du soleil qui transperçaient la brume avant que le ciel ne se referme tout à fait. Il reprit le volant et décida de faire un détour par les villages que traversait l’Asolana. Pendant ce temps-là, il essayerait de se souvenir de l’adresse de Manotti : il y mettait un point d’honneur. Il vagua près d’une demi-heure en direction de Trecasali, dans un ballet de clairs-obscurs. Ensuite, tout se passa en quelques secondes : l’obscurité soudaine d’un tunnel de brouillard, des warnings de voitures, à l’arrêt, les gesticulations de vigiles improvisés, enfin, une auto renversée sur le flanc qui découvrait un ventre gris de tubes et de boue. Soneri s’arrêta pour y voir de plus près : il s’agissait de la Punto. Il était tombé dessus.
Il eut besoin de dix minutes pour expliquer sa position au commandement : le personnel qui répondait au téléphone changeait quotidiennement.
– Tu vois la route pour San Polo ? À un moment, tu arrives au carrefour en direction de Trecasali, Sissa… Tu vois la sucrerie ?
Il était l’un des rares à connaître Parme et ses environs, et d’y songer ne le réjouissait guère, il sentait qu’il prenait de l’âge. On ne connaît un territoire qu’à force d’en avoir fait le tour. Et lui le fréquentait depuis bien trop longtemps.
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Même les enquêtes ont du mal à reconstruire la mécanique des faits. Qui n'est pas grand chose, en réalité. Découvrir celui qui a empoigné le couteau pour le planter dans le coeur de Ghitta, la nature de la blessure, sa profondeur et le genre d'hemorragie, ça n'est jamais que decrire la surface d'un fait. Mais le noyau des motivations, la valse des fantômes qui a généré la colère, on ne les connaitra jamais. On a beau en avoir l'intuition, ça reste une entreprise désespérée. On ne peut pas dominer la réalité dans la mesure où chaque résultat est incomplet.
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– C’est qui, ce type qui s’attable pour manger les restes ? » demanda Soneri à brûle-pourpoint.
Alceste fit une moue et baissa le regard.
« Je sais, bredouilla-t-il, je devrais le mettre à la porte, mais il me fait de la peine.
– Arrête, le coupa aussitôt le commissaire, je me fous complètement de l’étiquette, c’est le personnage qui m’intéresse.
– C’est un vieux marquis déchu, un type né dans la soie et qui s’est tout mangé. Il était propriétaire de trois immeubles dans le centre-ville, précisa-t-il, et il s’est fait avoir, il a été négligent. »
Nanetti écarta les bras pour dire que c’était souvent le cas.
« Tout le monde le surnomme Sbarazza, « Ramasse-Miettes », les informa Alceste. Il fait le tour des restaurants, mais il paraît qu’ici c’est meilleur qu’ailleurs. Je lui ai souvent proposé de venir manger en cuisine, mais il refuse de recevoir l’aumône. Il est comme ça. Il veut encore donner le change, être acteur de sa vie, de son univers. On est très peu à le savoir, qu’il mange les restes. Vous avez vu la classe qu’il a ? Il s’assoit à une table, et c’est comme s’il avait toujours été là. Il termine les assiettes des autres, ou plutôt, celles des femmes. Avant, il les observe, et ensuite, il choisit sa place. Moi, ça ne me gêne pas, mais certains collègues ne supportent pas son comportement. Ils ne tolèrent pas qu’un type mange ce que les autres ont payé. Ils préfèrent tout jeter, alors qu’on pourrait nourrir la moitié de la ville, avec les restes. Mais personne ne veut le faire, même pas pour les chiens. »
Soneri et Nanetti avaient écouté assez stupéfaits les propos d’Alceste. En sortant du restaurant, ils gardèrent le silence et ne firent aucun commentaire. Une espèce de douleur lancinante les tourmentait sans qu’ils parviennent à l’identifier.
« Quelle histoire ! finit par s’exclamer Nanetti. C’est incroyable !
– Pas tant que ça, dit le commissaire en secouant la tête. La misère fait scandale et préfère se cacher. »
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Angela et le commissaire se réveillèrent aux aurores, quand l’aube avait encore la couleur de la nuit. Soneri se plaisait à imaginer le brouillard toujours en place, et l’idée qu’au-dehors tout soit trempé lui faisait d’autant plus apprécier son petit nid sec et douillet. Angela allongea son bras et l’enfila sous son pyjama. La chaleur de son corps et sa caresse rassurante lui rappelèrent des voluptés d’enfant. Un agréable malaise l’envahit au contact de sa main. Il avait presque honte de s’abandonner à cette passivité, tellement à l’opposé de son rôle habituel, mais il se laissa aller et régressa vers des sensations enfouies loin d’être assoupies. À l’instant où elle le chercha avec plus d’insistance et où elle rapprocha son corps du sien, le commissaire réalisa à quel point les hommes retrouvaient leur mère perdue dans la figure d’une femme. De façon certes différente mais parfaitement reconnaissable. Il sut alors que l’âge adulte, sous ses airs assassins, ne portait jamais le coup de grâce.
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Parme était sous un brouillard ouaté. On ne distinguait même plus la géométrie des tours des Paolotti, ni celle des campaniles de San Giovanni et du duomo. Une soirée d’autres temps, d’avant que les saisons ne se ressemblent toutes. Lorsque la ville s’enveloppe d’une coquille de vapeur et retrouve soudainement toute son intimité. Que son excitation, ses grondements, sa frénésie s’apaisent. Sous son épais brouillard, Parme arrêtait de crier. Elle susurrait comme les vieilles à l’église.
En marchant dans les rues, Soneri sentit monter une nostalgie réconfortante. Son pas battait au rythme du refrain des souvenirs : l’université, son impatience de retourner via Saffi, Ada, perdue trop tôt… Il s’arrêta piazzale della Pace, sans toujours entrevoir l’austère silhouette de la Pilotta, ni les immeubles de la via Garibaldi. On ne voyait que du brouillard. Au-dessus, et tout autour. Rien qu’un bout de pavé sur lequel avancer, c’était pour le moment, son unique certitude. Ensuite, son téléphone sonna. La vie, tangible et illusoire, le rappelait à elle.
« Dottore, je vous dérange ? amorça Javara avec précaution.
– Au contraire. Dis-toi que tu m’as empêché de tomber dans un puits en m’attrapant par les cheveux », répondit le commissaire.
Une phrase tellement indéchiffrable que l’autre en resta muet.
« Et alors ? l’exhorta-t-il.
– C’est le bordel sur l’autoroute, une espèce de catastrophe…
– Les catastrophes ne se limitent pas aux autoroutes. Après, une espèce de catastrophe…
– Un accident, en fait. Un gros. Plus d’une centaine de voitures, des camions, des incendies…
– D’accord. Appelle la police de la route, non ?
– Non, non… Ils y sont déjà…
– Ah bon. Alors tout va bien.
– Ben, en fait… bredouilla l’inspecteur.
– Quoi ?
– Le questeur demande d’y faire un saut parce qu’on a signalé des Tsiganes qui rôdent près des voitures, dit enfin Juvara d’une seule traite.
– Qu’on envoie des patrouilles ! s’agaça Soneri tout en sentant qu’il pourrait fuir sa solitude et se tirer du piège que lui tendait la nostalgie.
– On en a envoyé, poursuivit l’inspecteur, mais le brouillard est tellement dense… ils n’arrivent pas à trouver. Aucun agent de permanence ne connaît la bassa. »
Soneri comprit immédiatement la menace qui lui planait au-dessus de la tête, tel un ressort sur le point de se détendre. Il préféra l’anticiper et prit la place en diagonale en direction de la Steccata.
« C’est où exactement ? demanda-t-il.
– À côté de la station-service de Cortile San Martino. Vous avez une route qui longe tout un tronçon de l’autoroute du Soleil.
– Je vois. Et les patrouilles ?
– Elles tournent en rond. Le questeur a dit que vous étiez le seul à connaître ces routes… Le seul de Parme…
– Prends la voiture, je t’attends devant la Steccata dans cinq minutes », abrégea Soneri.
Juvara eut du mal à le trouver. Le commissaire fut obligé de gesticuler et de sauter par-dessus les chaînes accrochées entre les bornes de pierre pour se faire remarquer. « Je prends le volant, trancha-t-il au moment où l’inspecteur baissait la vitre. Avec toi, au mieux, on finit dans le fossé. »
Juvara obtempéra avec soulagement.
« Déjà que j’ai galéré pour passer le porche de la Questure, avoua-t-il en lui laissant sa place.
– C’est pour ça que tu ne trouves pas d’amoureuse : tu es trop empoté. »
L’autre garda le silence, mais la petite tape affectueuse que lui donna Soneri en s’installant sur le siège lui rendit son sourire.
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Lorsqu’il fut en bas, la via Cavour s’apprêtait à changer de peau. Les boutiques et les bureaux fermaient, et les premières troupes de noctambules, qui piétinaient le tapis blanc de tracts abandonnés par les ouvriers de la Forneria Duomo, remplaçaient peu à peu les vendeuses et les employés. L’asphalte était bouillant, bien décidé à maintenir la ville dans sa cocotte en fonte pour réchauffer la nuit. L’obscurité n’apporterait aucune fraîcheur, seulement de l’insomnie et des bouffées de sueur. Soneri s’aperçut avec un certain étonnement qu’il n’avait pas allumé son cigare depuis plusieurs heures parce que la flamme lui était devenue insupportable. Il fit tourner son mégot entre ses lèvres, aussi trempé que son corps en nage. Son portable se remit à sonner.
« La souscription a déjà atteint la somme qu’on s’était fixée, l’informa Angela. Pas mal de magistrats ont voulu y participer et si le revendeur nous fait un prix…
– Je pense que vous faites une erreur, murmura-t-il.
– Tu crois toujours que tout le monde est comme toi, avec ses petites habitudes. Il aura un instrument plus moderne, il sera très content.
– On ne fait rien avec les choses sans passé, décréta Soneri avec amertume avant de lui parler brièvement de Galluzzo, un type apparemment sans histoire, parachuté dans la ville.
– Commissaire, je sens tous tes rouages en action, c’est bon signe.
– Cet homme ressemble à l’accordéon que vous voulez offrir à Gondo », lui dit finalement Soneri en ramassant un tract par terre.
Il lut la phrase imprimée par-dessus le dessin d’une semelle : « La ville piétine sa tradition ouvrière et se convertit à la rente immobilière », et constata une nouvelle trahison de l’histoire.
« Tôt ou tard, on finira tous comme lui, observa Angela. Plus personne n’a de patrie et tout le monde va et vient, nous sommes tous des migrants déracinés.
– Moi, heureusement, je suis une vieille plante, il faut me tailler au pied. Impossible de me déraciner, déclara Soneri.
– Tu ne voudrais pas au moins venir un petit peu chez moi, ce soir ? Tu sais que j’ai un climatiseur…
– Loin de moi, alors. Le froid artificiel, rien de pire pour les os. »
Il s’achemina vers la Questure, touché par les derniers rayons du soleil oblique qui filtraient entre les immeubles. Une bulle de vapeur stagnait au-dessus de la ville, prête à cacher les étoiles. Il aurait tant voulu se retrouver sur ses collines, là où les prés rafraîchissent l’air et où la brise, fille de l’ombre, surgit des bois.
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Ce jour-là aussi, la ville attendit vainement la pluie. Quelques nuages prometteurs avaient pourtant fait leur entrée vers dix heures du matin en direction du duomo, mais bien vite ils s’étaient dissipés sous la chape de plomb. Le soleil avait alors recommencé à chauffer les immeubles comme un feu doux sous un bouilli, et Soneri s’était remis patiemment à transpirer dans sa chemise de lin. Juvara souffrait davantage et s’était fait toiser quand il avait tenté de rallumer le climatiseur en panne : après la pluie manquée, plus d’illusions possibles, la canicule tendrait son piège et la chaussée collerait sous les gaz d’échappement des automobilistes et les voitures brûlantes. Le commissaire ouvrit la fenêtre et reçut au visage un souffle de vache. Au même moment, une patrouille démarra en trombe et d’autres agents s’agitèrent au milieu des vrombissements et des crissements de pneus. L’orage tant attendu n’éclatait pas au ciel, et Soneri trouva que la couleur des uniformes ne différait pas tant de la couleur du temps.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-il.
Sans lui répondre, Juvara monta le son de la radio, et la voix excitée de Pasquariello, le commandant du 17, fit irruption dans les bureaux de la Police judiciaire.
« Un braquage, traduisit-il. Quatre individus ont attaqué la Caisse d’Épargne à la seringue. »
Le compte-rendu des faits, transmis par les voix essoufflées des agents, retint toute leur attention. Ils demandaient du renfort pour bloquer les issues. Deux braqueurs avaient pris la fuite à moto et deux autres avaient couru chacun de leur côté. On aurait du mal à les pister en roulant dans les rues de la vieille ville. Dans la cour, deux patrouilles revenues pour des contrôles redémarrèrent : la tempête n’avait pas l’air de vouloir se calmer, et l’on risquerait le tonnerre et des éclairs si les revolvers prenaient la parole.
« Rixe via Trento 13, devant le bar, annonça cette fois Pasquariello. Ça se bat à coups de bouteille, ils sont une quinzaine ! » hurla-t-il aux voitures de la zone.
« On demande du renfort aux pandores ? » intervint alors la voix rauque du vice-questeur. Sa question fut couverte par le halètement d’un agent occupé à poursuivre les braqueurs, qui avait du mal à parler: « On vient d’en repérer un… il se barre en direction de la barrière Repubblica… il est à pied. » Après avoir pris une longue pause pour reprendre son souffle, il tenta de décrire le fuyard : « Il a un tee-shirt bleu ciel avec un jean… des baskets blanches. » On l’entendait perdre le type au piétinement de ses semelles réglementaires, et Soneri imagina avec un certain malaise sa course-poursuite en pleine canicule, ébloui par la réverbération des trottoirs où les crachats s’évaporaient au soleil et où les crottes de chiens se desséchaient sans engraisser la terre.
La ville donnait l’impression d’être soudainement secouée par un tremblement de terre. Via Langhirano, un fou menaçait les passants d’un couteau.
« L’été, la ménagerie est ouverte », ronchonna Soneri en faisant allusion aux déséquilibrés qui sillonnaient la ville désertée au mois d’août.
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Parme était sous un brouillard ouaté. On ne distinguait même plus la géométrie des tours des Paolotti, ni celle des campaniles de San Giovanni et du duomo. Une soirée d'autres temps, d'avant que les saisons ne se ressemblent toutes. lorsque la ville s'enveloppe d'une coquille de vapeur et retrouve soudainement toute son intimité. que son excitation, ses grondements, sa frénésie s'apaisent. Sous son épais brouillard, Parme arrêtait de crier. Elle susurrait comme les vieilles à l'église.
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