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Citations de Vassili Grossman (526)


Mostovskoï sentait que le gardien ne pensait qu’à une chose : surveiller son détenu. Il était comme un gardien de zoo expérimenté qui surveille dans un silence tendu la caisse qu’il est chargé de convoyer et où s’agite un fauve.

PREMIERE PARTIE, Chapitre 3.
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Je ne sais pas ce que vous réserve la vie, mais je suis persuadé d’une chose : vous avez agi selon votre conscience. Tout notre drame vient de ce que nous refusons ce que nous dicte notre conscience. Nous ne disons pas ce que nous pensons. Nous sentons les choses d’une façon mais nous agissons d’une autre. Rappelez-vous ce que Tolstoï disait, à propos des exécutions : « Je ne peux pas me taire ! » Mais nous nous sommes tus, quand, en 37, on a exécuté des milliers d’innocents. Et encore, ce sont les meilleurs d’entre nous qui se sont tus ! Mais il s’en est trouvé pour applaudir bruyamment. Nous nous sommes tus au moment des horreurs de la collectivisation. Nous avons trop vite clamé que le socialisme était arrivé.

TROISIEME PARTIE, Chapitre 25
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Vivre sans liberté ! C’était une maladie. Perdre la liberté revient à perdre la santé.

TROISIEME PARTIE, Chapitre 6
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A l’intérieur, cette isba possédait une qualité étonnante, propre aux isbas russes : elle était à la fois étriquée et spacieuse. Elle avait pris de la patine, réchauffée par le souffle de ses maîtres, et de leurs parents, imprégnée de leur présence au-delà de toute mesure, semblait-il, et en même temps, on aurait dit que les gens n’avaient pas l’intention d’y vivre longtemps, qu’ils y étaient venus pour déposer leurs affaires et que d’un instant à l’autre, ils allaient se lever pour repartir, laissant les portes ouvertes…

Première partie, Chapitre 4
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Est-il vraiment possible que la vie soit le mal?
Le bien n'est pas dans la nature, il n'est pas non plus dans les prédications des prophètes, les grandes doctrines sociales, l'éthique des philosophes... Mais les simples gens portent en leur cœur l'amour pour tout ce qui est vivant, ils aiment naturellement la vie, ils protègent la vie; après une journée de travail, ils se réjouissent de la chaleur du foyer et ils ne vont pas sur les places allumer des brasiers et des incendies.
C'est ainsi qu'il existe, à côté de ce grand bien si terrible, la bonté humaine dans la vie de tous les jours.
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L'innocence personnelle est un vestige du Moyen Age. c'est de l'Alchimie! Tostoï a dit qu'il n'y avait pas, sur terre d'hommes coupables.Nous autres, tchékistes, avons mis au point une thèse supérieure; il n'y a pas, sur terre, de gens innocents.
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Le monde entier, toute l'immensité de l'Univers, c'est l'esclavage résigné de la matière inanimée, seule la vie est le miracle de la liberté.
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Comment faire pour rendre ce qui se passe chez un homme qui desserre la main de sa femme, qui jette un dernier, un rapide regard sur le visage aimé. Comment faire pour vivre quand une mémoire impitoyable te rappelle qu'à l'instant des adieux silencieux tes yeux se sont, pendant une fraction de seconde, détournés pour dissimuler la joie grossière d'avoir sauvé ton existence ?
Comment noyer le souvenir de la femme tendant à son mari un petit sac avec l'alliance, un morceau de pain et quelques morceaux de sucre? Peut-on continuer à vivre quand on a vu la lueur rouge flamboyer avec une force nouvelle ? Dans les fours brûlent les mains qu'il a embrassées, les yeux qui s'éclairaient à sa venue, les cheveux dont il reconnaissait l'odeur dans le noir, ce sont ses enfants, sa femme, sa mère. Peut- on demander dans le block une place auprès du poêle, peut-on mettre sa gamelle sous la louche qui verse un litre d'un liquide grisâtre, peut-on rafistoler la semelle de chaussure qui se décolle ? Peut-on manier la barre à mine, respirer, boire ? Dans les oreilles résonnent les cris des enfants, le hurlement de la mère.
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Une lueur parcourut les nuages sombres, puis le brouillard, de gris qu’il était, devint pourpre et soudain le tonnerre s’empara de la terre et du ciel…
Les canons lointains et les canons proches unirent leur voix, et l’écho renforçait leur lien, élargissait l’entremêlement des sons qui emplissait tout le volume de l’énorme espace de la bataille.
Les maisons de pisé tremblaient, des morceaux d’argile se détachaient des murs, les portes des maisons s’ouvraient et se fermaient d’elles-mêmes, la glace encore fine sur les lacs craquait.
Balançant sa queue lourde de poils soyeux, le renard prit la fuite, et le lièvre ne le fuyait pas mais courait à sa suite ; oiseaux de nuit et oiseaux de jour, réunis pour la première fois, montèrent dans le ciel… Des mulots mal réveillés surgissaient de leurs trous comme des grands-pères ébouriffés sortant d’une isba en feu.

TROISIEME PARTIE, Chapitre 9
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Les hommes, ça ne manque pas chez nous, ce qui manque, c’est le matériel. […] Si tu as pitié des hommes, ne te mêle pas de commander !

DEUXIEME PARTIE, Chapitre 34
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Vassili Grossman
P232
Abartchouk soupira :
- Tu sais, il faudrait écrire une étude sur le désespoir dans les camps. Il y a le désespoir qui t'écrase, il y a celui qui se jette sur toi à une l'improviste, il y a celui qui t'éttoufe, qui ne te permet plus de respirer. Et puis il y a celui qui ne t'écrase pas et ne t'étouffe pas ; c'est celui qui déchire l'homme de l'intérieur, comme les monstres des profondeurs qu'on remonte à la surface de l'océan.
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Lioudmila Nikolaïevna crut que maintenant elle se sentirait mieux, entourée de gens unis dans le même malheur, le même travail, le même destin.
Mais elle se trompait.
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Il n'avait pas tué d'enfants, il n'avait jamais arrêté personne.
Mais il avait brisé la digue fragile qui séparait la pureté de son âme des ténèbres qui bouillonnaient tout autour de lui. Alors, le sang des camps et des ghettos avait déferlé sur lui, lieutenant allemand,l'avait saisi, emporté, avait effacé ce qui le séparait des ténèbres auxquelles il appartenait désormais lui même.
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Elle apprit que l'homme venait d'être libéré après sept années de camp.

Il était correcteur de son métier et avait été arrêté parce qu'il avait laissé passer une coquille dans l'éditorial du journal :

Les typos avaient interverti deux lettres dans Staline.
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En mille ans, l'homme russe a vu de tout, la grandeur et la super-grandeur, mais il n'a jamais vu une chose : la démocratie.
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Dans cette steppe kalmouke qui s'étend vers l'est jusqu'à l'estuaire de la Volga et les bords de la mer Caspienne, où elle se transforme en désert, la terre et le ciel se sont reflétés l'un dans l'autre depuis si longtemps qu'ils se ressemblent, comme se ressemblent mari et femme quand ils ont vécu toute leur vie ensemble. Et il est impossible de savoir si c'est le gris de l'herbe qui pousse sur le bleu incertain et délavé du ciel ou la steppe qui s'est imprégné du bleu du ciel, et il devient impossible de distinguer le ciel de la terre, ils se fondent dans une même poussière sans âge. Quand on regarde l'eau épaisse et lourde des lacs Datsa et Barmantsak, on croit voir de plaques de sel à la surface de la terre ; les plaques de sel, elles, elles imitent à s'y méprendre l'eau des lacs.

Peut-être est-ce pour cette raison qu'il y a tant de mirages ? Les frontières entre l'air et la terre, entre l'eau et le sel n'existent plus. Un élan de la pensée, une impulsion du cerveau d'un voyageur assoiffé se transforme en d'élégants édifices de pierre bleutée, et la terre se met à ruisseler, et les palmeraies s'étendent jusqu'à l'horizon, et les rayons du soleil terrible et dévastateur, traversant des nuages de poussière, se métamorphosent en des coupoles dorées de palais…

L'homme, en une minute d'épuisement, crée lui-même, à partir de ce ciel et de cette terre, le monde de ses désirs.

Et soudain le désert de la steppe se montre sous un tout autre jour.

La steppe ! Une nature sans la moindre couleur criarde, sans la moindre aspérité dans le relief ; la sobre mélancolie des nuances grises et bleues peut surpasser en richesse le flot coloré de la forêt russe en automne ; les lignes douces, à peine arrondies, des collines s'emparent de l'âme plus sûrement que les pics du Caucase ; les lacs avares, remplis d'une eau vieille comme le monde, disent ce qu'est l'eau mieux que toutes les mers et tous les océans.

Tout passe, mais ce soleil, ce soleil énorme et lourd, ce soleil de fonte dans les fumées du soir, mais ce vent, ce vent âcre, gorgé d'absinthe, jamais on ne peut les oublier… Riche est la steppe…

La voilà au printemps, jeune, couverte de tulipes, océan de couleurs… L'herbe à chameaux est verte et ses piquants sont encore tendres et doux.

Mais toujours – au matin, en été ou en hiver, par de sombres nuits de pluie ou par clair de lune – toujours et avant toute chose, la steppe parle à l'homme de la liberté… Elle la rappelle à ceux qui l'ont perdue.
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Le chien de sa logeuse, qui semblaient fait de deux morceaux distincts – un derrière roux tout hérissé de poils, et une gueule noir et blanc, toute en longueur – fut très heureux de le revoir. Ses deux parties manifestaient leur joie : son arrière-train roux, au crin embroussaillé, frétillait, tandis que sa gueule noir et blanc venait s’enfouir dans les mains de Krymov, et que ses bons yeux bruns le regardaient avec tendresse.

DEUXIEME PARTIE, Chapitre 36
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Il y avait une chanson que les jeunes filles chantaient à mi-voix :
Et puis, par une belle nuit d’automne,
Le commandant la choya en personne.
Jusqu’à l’aube, elle fut sa colombe,
Après quoi elle fut à tout le monde…

DEUXIEME PARTIE, Chapitre 16
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L’angoisse de l’âme humaine est terrible, inextinguible, on ne peut la calmer, on ne peut la fuir ; devant elle sont impuissants même les paisibles couchers de soleil champêtres, même le clapotis de la mer éternelle
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Une petite surprise attendait l’Obersturmbannführer et Liss pour leur visite nocturne de la chambre à gaz. Les ingénieurs avaient installé au milieu de la chambre une petite table avec du vin et des hors-d’œuvre et Reineke convia Eichmann et Liss à prendre un verre. Eichmann rit de cette charmante idée et dit :
- C’est avec grand plaisir que je mangerais un morceau.

DEUXIEME PARTIE, Chapitre 30
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