Voilà un bon roman d’anticipation sur notre société ! Après avoir revisité des contes classiques et proposé une saga sur Mars addictive, Victor Dixen s’est penché sur les dangers de la technologie, de la robotisation et des IA vers lesquels on se dirige progressivement. Bien que les sujets ne soient pas vraiment novateurs, j’ai apprécié l’idée de s’implanter de la technologie directement dans la tête afin d’acquérir de nouveaux savoirs… C’est un peu comme dans Matrix lorsque Néo apprend les techniques de combat ou à piloter un hélicoptère ! On est sur la même idée, car ici, Damien Prinz et son entreprise injectent des neurobots dans le cerveau afin d’apprendre des choses incroyables le temps d’une nuit ! Imaginez : vous vous endormez paisiblement et, le lendemain, vous voilà bilingue ! On est réellement dans un monde où la technologie de pointe est poussée à l’extrême, si bien que tout, même les animaux, est robotisé. Bien sûr, toute la populace ne partage pas ce monde futuriste : il existe de nombreux manifestants ainsi que la « Zone Franche », une région française où vivent des technophobes avec un système qui leur est propre. L’auteur n’hésite pas à présenter tous les cas de figure ainsi que les façons de penser de chacun, ce qui est très intéressant ! Le lecteur va nécessairement avoir plusieurs réflexions sur cet univers assez effrayant où l’Homme perd peu à peu son emploi, sa place et son humanité… Ainsi, bien que l’on ne réinvente pas le genre, j’ai apprécié toutes les idées et problématiques soulevées par ce contexte futuriste.
Lorsque les trois boursiers sont arrivés sur l’île pour le stage Science Infuse, j’avoue avoir été assez déstabilisée par le soudain surnombre de personnages secondaires. J’avais du mal à cerner qui était qui, et j’espérais que quelques têtes se mettent vite un peu plus en avant que d’autres afin de ne plus être trop perdue. Finalement, au bout de plusieurs chapitres, j’ai fini par m’y retrouver et à estimer les protagonistes nombreux, différents et nuancés. J’ai été assez touchée par le passé de Faune, tandis que l’héroïne a su me captiver… Toutefois, je ne vous cacherais pas le fait que j’ai ressenti énormément de similitudes avec Léonor de Phobos ! Les deux jeunes femmes ont en commun un défaut physique, un caractère bien trempé, des idées bien à elles, du courage et des valeurs qui feront d’elles des meneuses. Roxane, alias Rox, est une demoiselle aussi torturée que la belle rousse : très introvertie, marginale, cynique, pleine de hargne et rebelle, elle semble vouloir crier sa haine à ceux qui ont ruiné sa vie et sa famille… Pour se préserver et aller de l’avant, elle a décidé de s’inscrire à ce stage en espérant un futur plus certain… C’est également une narratrice assez complexe qui semble avoir atteint un point de non-retour : avec son père, il est impossible de communiquer ou d’avancer, ses études virent au drame et elle n’arrive pas à remonter la pente. Ce programme va lui permettre de réaliser qu’elle est réellement bloquée entre plusieurs univers et qu’elle devra enfin agir en s’écoutant… Son évolution tout au long de l’ouvrage est pertinente.
Pour ma part, j’ai trouvé le rythme relativement correct néanmoins, je crains que certains lecteurs ressentent des longueurs, car les choses ont besoin de temps avant de se mettre en place. Bien évidemment, on se doute que ce stage n’est pas sans danger : les personnages reconnaissent eux-mêmes que leur situation est étrange… L’endroit est trop idyllique pour sonner vrai, on est sur des premiers tests qui se déroulent hors-autorité sur une île déserte, tandis que l’implantation de neurobots est d’ores-et-déjà controversée ! De plus, certains protagonistes comme Sinbad ne cessent d’avertir les autres des risques avec Intelligences Artificielles. Ce dernier est un cinéphile averti : il va régulièrement faire des références à plusieurs œuvres de SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique), notamment celles avec les IA… Or, le moment où tout va basculer est assez long à venir, ce qui peut déranger quelques lecteurs… Toutefois, que ces derniers se rassurent : les cent dernières pages sont bien rythmées, haletantes et pleines de rebondissements ! J’ai dévoré ce one-shot le temps d’un week-end tellement j’étais prise dans l’histoire.
La plume de l’auteur est toujours plaisante, simple et efficace. Une fois encore, il utilise des mails, des illustrations, des schémas et des pages noires, ce qui apporte un plus à la narration. On notera également une pluie de références en tous genres (films, penseurs, scientifiques, etc.), ainsi qu’un auto-clin d’œil aux premiers colons sur Mars. Même si l’on ne sort pas des sentiers battus, le scénario est bien construit, cohérent et prenant. Un roman d’anticipation et de science-fiction comme je les aime ! Enfin, mention spéciale à la couverture vraiment jolie avec ses teintes cuivrées !
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