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Critiques de Victor Guilbert (323)
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Brouillards

Bonjour amis lecteurs,

Aujourd’hui je vous propose le nouveau livre de Victor Guilbert: « Brouillards ». Nous retrouvons Hugo Boloren, ex policier amateur de bières et de chocolat, à New York dans cette troisième enquête indépendante des précédentes ( Douve et Terra Nullius). Hugo est chargé de retrouver un objet caché dans un vieux théâtre par un espion qui vient d’être assassiné. L’ enquête se déroule dans la brume new-yorkaise en compagnie de personnages déjantés et excentriques dans une série de rebondissements inattendus. Espionnage, meurtre, suspense sont au rendez-vous. L’auteur s’est muni d’une plume percutante et non dénuée d’humour. Un polar qui ne m’a pas transportée mais qui ravira les amateurs du genre !
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Douve

J'ai trouvé le prologue de Douve extrêmement efficace. Enfant, Hugo Boloren surprend une dispute entre ses parents : « Le gamin a Douve dans les veines » crie son père, et le petit garçon s'en trouve bouleversé, épouvanté même. Il finira par découvrir en interrogeant la bibliothécaire* qu'il s'agit d'un village. Oui, elle a un livre qui parle de Douve, mais non, elle ne veut pas le lui prêter parce qu'il raconte un fait divers sanglant. Quand elle lui dit le nom de l'auteur, Hugo qui s'en doutait déjà comprend que c'est sa mère, journaliste, qui l'a écrit. L'enfant le cherchera en vain dans toute la maison et ne le trouvera jamais. Son père, policier, a mené l'enquête. le chapitre 1 nous présente Hugo Boloren, inspecteur à la Brigade criminelle, qui demande des vacances à son supérieur. Il part où, d'après vous ? À Douve, bien sûr. Il vient de trouver devant chez lui un journal dans lequel il lit un fait divers : à Douve, un vieil homme, l'ancien maire, a été tué à coups de marteau…

***

J'ai rencontré Hugo Boloren dans Terra nullius, sa deuxième enquête, et j'avais très envie de connaître certains des éléments qui me manquaient et que je savais trouver dans Douve, la première enquête. Douve n'est pas un village comme les autres, c'est un personnage à part entière. D'ailleurs, dans un recueil de poèmes d'Yves Bonnefoy : du mouvement et de l'immobilité de Douve (1953), Douve est bien un personnage. Victor Guilbert en a tiré deux vers qu'il a mis en exergue de ce roman. Une des (nombreuses) particularités de ce village, c'est d'être un cul de sac. On ne passe pas par Douve ; il faut y aller et, pour quitter le village, il faut faire demi-tour. L'atmosphère y est pesante et il y pleut beaucoup, à tel point que la forêt qui l'entoure n'est pas exploitable. Une ambiance dans laquelle ce flic parisien évoluera avec curiosité et prudence face à l'hostilité de certains et à la fausse chaleur humaine de certains autres. J'ai retrouvé Hugo Boloren avec plaisir. J'aime bien ce flic incapable de mentir et qui a du mal à cacher ce qu'il pense. Son enquête au présent va se dérouler en parallèle de celle qu'ont menée ses parents, le flic et la journaliste, quarante ans plus tôt. le père d'Hugo, mort récemment, et sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, ne peuvent pas l'aider. Cependant, le livre écrit à l'époque par sa mère (les passages en italique dans le texte) va lui fournir des clés. Comme dans Terra nullius, plus que l'enquête, c'est le ton et le style de Victor Guilbert qui m'ont séduite. J'apprécie son humour, sa causticité, le ton à la fois moqueur et bienveillant. Dans Terra nullius, l'écriture et l'enquête se révèlent plus maîtrisées, il me semble. Mais je suis contente : j'ai mieux compris comment marche la bille qu'Hugo a dans la tête, je sais pourquoi un plomb de chevrotine s'est logé dans sa main et j'ai les réponse aux questions que je me posais sur sa copine ! J'espère qu'il y aura une troisième enquête d'Hugo Boloren !



*Chez la plupart des auteurs, les bibliothécaires sont toujours des femmes, moches, désagréables et souvent incompétentes. En plus, celle-ci est grosse avec des lunettes sales. On dirait qu'ils ont des comptes à régler avec la profession !

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Storia 2022



Paru le même jour que le dernier 13 à table, ce recueil de nouvelles n'inclue que des auteurs de la grande famille du noir et du polar. Il s'agit du troisième dont les droits seront reversés à l'association ELA ( Association Européenne contre les Leucodystrophies ) après Phobia paru chez J'ai lu en mars 2018 et Storia 2021 paru aux éditions Hugo poche il y a un an. Une façon de faire une bonne action, de sensibiliser les lecteurs à ces maladies infantiles ( elle se déclinent sous de multiples formes ) et de se faire plaisir puisque des recueils de cette qualité, même si vous boudez les nouvelles en règle générale, je n'en n'ai pas lus souvent.

Mais avant de passer au contenu je vais peut-être parler de cette maladie, même si des familles le font beaucoup mieux que moi au travers de leur vécu, sous forme écrite ou de vidéo accessible par un flashcode en fin d'ouvrage. Confirmant que les aides de l'association parrainée par Zinedine Zidane va certes en grande partie à la recherche mais également aux familles : le budget requis en matériel médical adapté est en effet extrêmement onéreux.



Le témoignage ému d'une mère s'interrogeait sur la faculté du gouvernement à dégager des fonds abyssaux lorsqu'il a fallu s'adapter au covid 19, rechercher un vaccin, aider les entreprises. Et à ne rien faire pour elle ou son fils de dix ans hospitalisé à domicile, ayant perdu toutes ses facultés motrices, devenu aveugle, mettant des couches. Il entend encore, mais c'est provisoire. Et pourquoi est-il dans cet état presque végétatif, aux portes de la mort, alors que tout allait bien à la naissance ? Parce qu'il a hérité de mauvais gènes.

Moins d'un enfant par jour naît en France avec cette pathologie qui ne sera détectée au plus tôt qu'au bout de quelques mois, souvent après plusieurs années. Cette maladie neurodégénérative, on peut désormais en ralentir les effets destructeurs via des effets cliniques, des structures adaptées. Quelques années de gagnées avec la chair de votre chair que vous n'aimez que davantage pour son courage. Mais au final ses premiers pas seront du passé quand ramper deviendra son unique moyen de déplacement, ses premiers mots ne seront plus que des borborygmes, et une paralysie totale finira par vous l'ôter avant l'arrivée de la grande faucheuse.

Votre vie sociale en souffrira, le regard d'inconnus sera souvent gêné, parfois déplacé. Pour se faire des amis il faut taire son quotidien et simuler une joie de vivre sans trop mentionner les visites aux hôpitaux et les batteries d'examens qui rythment votre quotidien. Parce qu'il ne faut surtout pas mettre mal à l'aise nos interlocuteurs.



Il est devenu coutumier de donner une thématique désormais aux recueils de nouvelles. Je ne sais pas qui a instauré cette mode. Des textes courts sont commandés pour figurer dans une anthologie particulière. Les noms des auteurs sont probablement plus vendeurs que la qualité des textes. Cela dit, ça n'est pas non plus inintéressant de voir comment peut se décliner un même sujet, certains écrivains en profitent pour sortir de leur zone de confort et surprendre leurs lecteurs. Mais la qualité est rarement régulière. On lit frénétiquement un petit bijou d'inventivité et après on se fait chier comme un rat mort. C'est peut-être pour ça que les nouvelles n'ont pas toujours l'accueil qu'elles mériteraient.

C'est à nouveau Damien Eleonori, auteur de la mort n'existe pas, qui réunit de nombreux auteurs pour faire parler de cette association ELA. le premiers des thèmes proposé était la phobie, les contes de fée dans une version détournée et plus moderne l'année dernière, et j'ai beaucoup aimé celui-ci : Les auteurs doivent se mettre en scène dans une anecdote, un fantasme, un cauchemar. Quasiment tous les narrateurs et narratrises seront donc les écrivains eux mêmes qui vont entraîner le lecteur dans d'insoupçonnés délires.

Parce qu'il est bien connu que les auteurs de romans noirs ne sont pas bien dans leur tête.

Et c'est ainsi que nous retrouvons quelques uns de nos auteurs préférés, et quelques inconnus également, dans des mises en abîmes où ils incarnent un jumeau virtuel, lui même écrivain, racontant ses déboires avec son éditeur, mettant un point final à son roman, en plein salon du livre avec ses lecteurs. Certains prennent plaisir à jouer les monstres, d'autres préfèrent parler de leurs proches ou encore de leurs souvenirs.

Certains par contre n'ont pas vraiment joué le jeu, incarnant juste n'importe quel personnage lambda, se contentant de lui donner leur prénom ou de parler de lui à la première personne du singulier. Ce qui ne veut pas dire pour autant que sa nouvelle était ennuyeuse.



L'une de mes préférées a été celle du Québecois Hervé Gagnon. Son alter ego, un auteur répondant au nom d'Edgard Wagner, est abasourdi en entendant aux informations que Blanche Neige et les sept nains allait être interdit sous toutes ses formes, le film portant préjudice aux personnes de petite taille. Alors Edgard se met à rédiger un long pamphlet libérateur en se posant des questions humoristiques sur ce qu'ont devrait interdire par mesure de tolérance, pour ne heurter personne. Retirer Obélix et le père noël qui pourraient offusquer les obèses ? Ne plus vendre les chaussures par paire par respect pour les unijambistes ? Si le bikini est aujourd'hui considéré comme sexiste alors la burka peut-elle être le symbole de la libération de la femme ?

"On réécrit Barbe bleue pour cause de violence conjugale ?"

Et son discours n'en finit pas de parler de toutes les minorités, de tous les courants sexuels si nombreux qu'il n'y comprend plus rien, et ce qui en ressort avec un humour acide c'est que la tolérance ne se demande pas pour tout et à n'importe quel prix, et qu'il ne faut pas rendre l'homme blanc hétérosexuel responsable de tous les maux.

Je l'ignore mais j'emets l'hypothèse qu'Hervé Gagnon a été probablement énervé après les accusations de racisme à l'encontre d'Annie Cordy, d'Hergé, ou d'Agatha Christie qui s'était appuyée sans aucune arrière-pensée sur une vieille comptine de 1869 quand elle rédigea les dix petits nègres. Ou encore des accusations de pédopornographie complètement infondées auprès d'un de ses confrères écrivain, Yvan Godbout, dont le livre Hansel et Gretel avait été interdit provisoirement.



Ils sont deux à rêver du prix Goncourt dans ce recueil.

D'abord il y a Victor Guilbert, persuadé qu'Urinoirs pour dames fera un très bon titre pour le prochain prix et qui, sous l'effet de psychotropes, écrira frénétiquement l'histoire de Solange, dame-pipi à l'aéroport de Roissy, pleinement épanouie par son métier, sa vocation. Il apprendra parallèlement que son richissime voisin n'est autre que Guillaume Musso, et se mettra en tête de lui voler son manuscrit. Quiproquos et sourires garantis !

Si vous l'ignoriez, Fred Mars, auteur de la lame mais aussi de nombreux manuels de sexologie, et Mö Malö, auteur bien français de polars nordiques, ne font qu'un. Mais ils se dissocieront dans "Le point G" et accueilleront à leur table Emma, romancière de livres érotiques, afin de réunir leurs talents respectifs pour régiger le futur Goncourt à six mains. Ce qui est bien sûr formellement interdit. Arriveront-ils à écrire le texte parfait sous une seule identité ?

Là encore, un texte qui détend, à lire avec beaucoup de second degré. Mais on y apprend aussi plein de petites choses sur le Goncourt.



Autre auteur aux multiples identités, avec lesquelles il va d'ailleurs jouer tout en s'amusant avec le lecteur, Ian Manook et Roy Braverman, son alter ego qui écrit désormais des thrillers à l'américaine. Lui va voir son appartement se remplir peu à peu des personnages issus de son imaginaire alors qu'il est en pleine crise de la page blanche. Et ses personnages ont des exigeances. Blanche par exemple en a assez de se faire défoncer le cul dans une scène mièvre que l'auteur n'a de cesse de réécrire. Son amant se rebelle également et exige un twist dans lequel il tomberait amoureux d'un homme d'église, même s'il n'y en n'a pas le moindre dans le livre en cours.

Paradoxalement, l'auteur se défend ainsi : "C'est moi qui décide de qui vit et qui meurt dans mes romans", autrement dit il est le seul maître à bord.

Mais il explique aussi en conférence de presse que "Ce sont mes personnages qui décident de mes romans." Encore une nouvelle totalement barrée d'un auteur qui s'en donne à coeur joie en donnant vie à ses personnages.

Marlène Charine choisira une formule approchante puisqu'un soir trois de ses personnages récurrents ( Tombent les anges et Inconditionnelles sont publiés chez Calmann Levy ) prendront corps sur la banquette arrière de son véhicule et auront eux aussi des exigences, notamment de faire partie de son quotidien comme des personnes à part entière. Mais comment les présenter à sa famille ?



Quelques uns ne s'éloigneront pas de leur terrain de jeu favori et resteront dans le polar, au sens large du mot.

C'est le cas de Damien Eleonori qui va mettre en scène un double interrogatoire, celui du couple Barent interrogé par un commandant suite à la disparition d'une jeune femme à proximité de leur domicile, peu après y avoir été invitée. Mais où est donc l'auteure dans tout ça ?

Même question dans la nouvelle "dernière limite" de Ludovic Lancien, où il est question d'un cauchemar onirique dans lequel Lucie croise le jeune Adam dans un état de putréfaction avancé, qui la maudit avant de s'enflammer sous ses yeux. Elle se verra également dans un cimetière s'arracher les ongles pour creuser dans la terre sous laquelle repose le corps de sa mère. Et ainsi se succèdent les épisodes anxiogènes de Lucie, enfermée dans son imaginaire infernal.

Et Angelina Delcroix, qui a été criminologue et psychothérapeute, reprend le temps de son histoire sa casquette de psy. Parmi ses patients, Maxine, seule au monde et qui manque cruellement de confiance en elle. Alors que la déontologie l'interdit, Angelina va nouer un lien très fort, presque amical, avec cette femme. Elle se sent également responsable parce qu''il semblerait qu'un autre de ses patients, peu avenant, peut-être psychopathe, les ai pris pour cibles Maxine et elle.



Les salons littéraires et les fans perturbés serviront de terrain de jeu à Barbara Abel, Amélie Antoine et Salvatore Minni.

Sous forme d'anecdotes, les trois auteur(e)s se souviennent de rencontres un peu particulière.

-"Comment une si charmante personne peut-elle imaginer des trucs pareils ?" Nous rigolons souvent, mon amie et consoeur Karine Giebel et moi, de cette phrase récurrente qui semble nous définir comme deux monstres déguisés en romancières cordiales et sympathiques - écrit Barbara Abel, souvent en compagnie de la Varoise et du farceur François-Xavier Dillard dans les salons. Un jour elle fera la rencontre plus originale d'une lectrice prénommée Bérénice et de fil en aiguille, les deux femmes se rendront compte que l'imagination littéraire de l'une coïncide avec la vie bien réelle de l'autre. Leurs prénoms, celui de leurs conjoints, leurs professions et bien d'autres détails encore. Et connaissant Barbara Abel, pas toujours tendre avec ses personnages, la lectrice veut s'assurer qu'il ne va rien lui arriver de grave. Comme si sa vie était dictée par la Belge. Alors ? Simple coïncidence ? Piège ? Et dans le cas contraire quelles concessions faire sans dénaturer son style ? Un petit bijou !

Amélie Antoine nous relate quant à elle son quotidien avec son conjoint et leurs enfants, ainsi que ses angoisses qui perturbent son comportement et la rendent agressive, invivable.

Elle a en effet reçu l'inquiétant message "Souviens-toi l'été dernier" dans sa boîte aux lettres. Ou plus précisément "Je sais ce que tu as fait. Il est temps de payer." Même chose sur messenger. Un véritable harcèlement. Et ça n'est pas le premier puisqu'un fan obsessionnel ( je précise ici quand même que ça n'était pas moi ) se rendait à chaque salon pour la rencontrer et passer du temps avec elle où que ce soit, imprimait chacune de ses photos disponibles sur internet ou ailleurs après l'avoir fait agrandir. D'abord flattée, elle a ensuite appréhendé chacune de ces rencontres. Est-ce qu'il serait de retour ? Quel secret cache Amélie ? En dépit d'une fin un peu convenue encore une réussite que cette nouvelle où la Lilloise nous confie un peu de son quotidien, tout en nous livrant une autre facette d'elle-même.

Monsieur Concerto. C'était le nom d'un des principaux personnages du roman Claustrations de Salvatore Minni. Qui vient de finir de rédiger son troisième "one-shoot". Ses romans ne sont pas destinés à avoir de suite ou d'enquêteurs récurrents. Lui aussi reçoit d'inquiétants courriers. "Tu sais ce que j'attends de toi."

Jennifer est une fan, et quand il la rencontre à un salon du livre elle est particulièrement insistante : Elle veut retrouver ce fameux Concerto dans un prochain livre. Et l'auteur a beau lui expliquer que ça ne sera pas le cas elle continue à insister lourdement. Victime de vandalisme, Salvatore Minni se demande forcément si tout ne serait pas lié.



Passé, présent et futur : Trois choix pour des auteurs qui incarnent leur propre personnage dans des versions légèrement différentes.

Ainsi Vincent Radureau, entré au service des sports de Canal + en 1992, se souvient d'un des premiers matchs qu'il a commenté. Lady Diana était encore en vie, le tunnel sous la Manche toujours en cours. Et ce jour-là à Manchester s'affrontaient les deux équipes de la ville ( City et Chelsea ). Y jouait alors un petit français du nom d'Eric Cantona. Et le journaliste également auteur de deux romans noirs raconte dans une version peut être un peu exagérée comment il a failli arriver en retard en négligeant le décalage horaire ... et en étant poursuivi par des hooligans dont il avait percuté la voiture en oubliant un instant de quel côté on roulait en Angleterre. Pas alléchant dit comme ça mais au final on a un véritable petit thriller.

Petite scène de famille au présent pour Nicolas Druart ( L'enclave, Nuit blanche, Jeu de dames ). Il incarne son propre rôle de papa d'une adorable fillette de trois ans à qui il va acheter un tipi à la brocante, elle qui adore jouer aux indiens. Et ce malgré les avertissements du vendeur qui ne voulait pas mettre l'objet réputé maléfique en vente. Pas la nouvelle majeure du recueil.

Guillaume Ramezi se projette quant à lui en 2049 où il sera en mission spatiale, et bientôt le premier homme à mettre le pied sur mars. Si du moins tout se passe comme prévu.



Les deux dernières nouvelles, signées Mathieu Parcaroli et Ophélie Cohen, ont trait à la violence conjugale. Et on peut vraiment les rapprocher à plus d'un titre.

L'un commence par un meurtre, le second par un enterrement dans le jardin.

Tous les deux racontent l'escalade dans l'horreur.

"Pour tout et surtout pour rien, il me frappait, m'injuriait, me rabaissait." ( Parcaroli )

"Où que 'aille, il allait. J'étouffais mais je ne pouvais pas le quitter." ( Cohen )

Dans les deux on retrouve le cheminement habituel du pervers narcissique qui prive sa victime de liens extérieurs. Les amis disparaissent.

Les auteurs ne sont pas vraiment présents. L'auteur de "Le cri des corbeaux" a été témoin au mariage qui s'annonçait pourtant heureux. Quant à Ophélie Cohen, elle raconte une histoire à la première personne du singulier mais cette nouvelle ayant remporté un prix et clôturant le recueil, j'imagine qu'il faut la voir comme un cadeau aux lecteurs.

Et dans les deux cas, il ne s'agit pourtant pas de la violence domestique au sens où on l'entend habituellement. En particulier le couple dans "Lui et moi" signé par l'auteure d'Héloïse. Encore deux écrits de qualité.



Et c'est d'ailleurs le cas, honnêtement, des trois quart de ce recueil, il n'y a que quatre ou cinq textes qui n'ont pas remporté ma totale adhésion mais ils ne m'ont pas non plus ennuyé pour autant. Et c'est vraiment très rare une telle homogénéité sur cinq cent pages et dix-sept nouvelles. Il n'y a pas beaucoup d'auteurs connus mais il ne suffit pas de commander des histoires aux dix écrivains les plus vendus pour assurer la valeur d'une anthologie. Bien au contraire.

Si vous êtes convaincu de ne pas aimer les histoires courtes, trop souvent déçu, accordez leur une dernière chance avec Storia 2022. Au pire des cas vous aurez fait une bonne action.

Son seul défaut au final c'est que si vous avez déjà comme moi un an de lecture devant vous, vous allez avoir envie de découvrir encore d'autres auteurs.

Avouez qu'il y a pire comme reproche.



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Douve

Douve de Victor Guibert publié chez Hugo Publishing.

Quel roman! Tout démarre ma foi assez classiquement. L'inspecteur Hugo Boloren tombe sur un entrefilet dans un journal en sortant de chez lui. Un meurtre été commis à Douve. de Douve en Douve, la phrase lancée un soir par son père " le gamin a Douve dans les veines" lui revient comme un boomerang, son père est mort et sa mère s'enfonce petit à petit dans la maladie d'Azheimer. Tel un morceau de métal attiré par un aimant, le voilà posant une semaine de congés direction Douve bien décidé à élucider enfin le mystère!

Dire qu'il est accueilli à bras ouverts serait mentir, dire que Douve est le lieu idéal pour passer une semaine de congés serait encore pire, dire que l'envie de prendre ses jambes à son cou et de partir vite et très loin ne lui passe pas par la tête est une évidence mais voilà quand Hugo Boloren a décidé une chose difficile de lui faire changer d'avis ...

Un début classique disais-je mais une fin qui m'a laissée en apnée. Tout est là. Suspense, angoisse, incompréhension et dénouement inattendu. Bravo!

Merci aux éditions Hugo pour ce partage. Un roman à découvrir toutes affaires cessantes , avis aux amateurs.

#Douve #NetGalleyFrance
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Brouillards

Roman policier plutôt thriller articulé autour d'un dialogue entre Sacha Guitry et Claude Monet, tiré du recueil de souvenirs de Sacha Guitry "Théâtre, je t’adore", paru en 1958. Ludovic Halévy, auteur de la pièce de théâtre servant de clé de compréhension à ce roman, a apparemment commandé à quatre artistes, alors inconnus, une grande quantité de tableaux pour représenter l’atelier d’un peintre, Ce décor n’a jamais été retrouvé...

L'idée de base est donc intéressante mais tout m'a paru tourner un peu trop méthodiquement autour de ce fait divers afin de nous amener à une résolution en feu d'artifice qui n'a pas lieu.

Beaucoup d’invraisemblances dans ce presque huis-clos New-yorkais, où le métaphorique brouillard, indispensable au scénario, devient également pénible à la lecture.

Un bon thriller trop maîtrisé.
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Terra Nullius

Le témoin nous attend, adossé contre un mur face à l'entrée du campement, une cigarette roulée à la bouche. Il a une tête de hippie repenti, le visage gris et ridé sur lequel on lit les abus arrêtés sur le tard, des yeux de sage enfoncés dans des orbites qui s'affaissent. Ses longs cheveux gris filasses tombent sur ses épaules chétives. Il a l'air d'avoir cinquante ans, il pourrait en avoir dix de plus ou de moins. Les sages calcinent plus qu'ils ne vieillissent, »



« Boloren, j'ai l'impression que dès que je vous laisse tout seul quelques jours, on vous cabosse.»



Le décor, une immense décharge à ciel ouvert près de la frontière belge. Tout un monde interlope qui vit sur une déchetterie, un no man's land où même la police a du mal à si retrouver.



L'inspecteur Hugo Boloren qui doit gérer quelques problèmes personnels se retrouve en partance pour Lille, l'agression d'un enfant trouvé sur une terre sans maître dans les Hauts-de-France attise sa curiosité.



Qui était vraiment Jim, mascotte joyeuse et solaire de la terra nullius, pour susciter l'intérêt d'un chef étoilé et très médiatique ?



Hugo, je l'appelle désormais par son prénom comme je le fais pour Jean-Baptiste, Erlandur ou Hieronimus, Hugo donc, inspecteur charismatique et obstiné, se plonge dans une affaire très tordue et très malsaine contre l'avis de sa hiérarchie



Un sens indéniable de la narration dans le romanesque, de la profondeur et de l'humour dans le tragique, bienvenue à Victor Guilbert et à Hugo Boloren son inspecteur mélancolique et solitaire dans le monde foisonnant du roman policier
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Terra Nullius

• « Terra Nullius » de Victor Guilbert, publié par la maison d'édition Hugo et compagnie.



• Ce roman m'a été offert à l'occasion d'un programme Masse Critique 2022 privilégié. Je profite donc de l'occasion pour remercier encore une fois Babelio pour ce programme, mais également les éditions Hugo et compagnie pour le don, en échange d'une critique, de ce roman.



• Petite précision, je n'ai pas lu le premier tome des aventures de l'inspecteur Hugo Boloren, héro de ce roman. Comme vous pourrez le constatez lors de la lecture de cet avis, cela n'a en rien gêné ma découverte !



• le roman policier de Victor Guilbert tombait à pic ! J'en parlais très récemment, j'ai retrouvé l'envie de me plonger dans des romans policiers, style que j'avais découvert à l'aube de l'adolescence après une longue pause dans ma passion, et qui m'avait offert de très bons moments. Cherchant à découvrir d'autres horizons littéraire, je m'étais peu à peu éloigné de ce registre que j'affectionnais mais qui parfois peinait à me surprendre tant certains auteurs produisent de l'alimentaire à la chaine.. Aujourd'hui, avec ce nouveau roman français, on peut dire que je repart avec de bonnes bases !



• L'intrigue est originale, on se retrouve dans un décor des plus insolites, propices aux situations les plus incongrues et surprenantes. La Terra Nullius est un endroit fascinant où se déroulent de multiples actes répréhensibles et secrets.. le terrain parfait pour une intrigue policière qui tient la route ! La Belgique est également un bon territoire d'exploration, dépaysant tant elle est moins présente dans la littérature que d'autres plus souvent mises en avant.



• Les personnages sont très nombreux dans ce tableau délabré, tous faisant parti de cette énorme histoire terrible. Terrible aux yeux de la situation ayant pousser une personne à frapper à mort un jeune enfant sans parents et sans une once de vilénie.. Un déchirement pour le coeur tant la description du jeune Jimcale est charismatique et rayonnant. L'inspecteur Hugo (comme l'éditeur, c'est assez drôle d'ailleurs) Boloren est lui aussi un personnage accrocheur, avec ses aspects d'inspecteur à l'ancienne qui enquête à l'instinct et on verra la suite, est prenant dans sa façon d'être des plus naturelle. D'autres personnages tireront leur épingle du jeu, comme les deux inspecteurs lillois qui apporteront leur soutien à notre français atypique, ou encore Mani la nantis qui semble mener d'une main de fer ce camp sans propriétaire.



• Les multiples puzzles sont ce qui apportent tout l'intérêt de cette histoire, et ceux-ci vont poussés le lecteur à aller plus loin dans l'attente de la libératrice vérité. Pour le coup, j'étais légèrement déçu par cette révélation, qui met justement à jours ces trop nombreux puzzles pour finir par nous donner une réponse claire mais trop abracadabrantesque.. Si on peut être déçu d'une chose concernant cette intrigue, c'est bien dans sa finalité qui nous dévoile une explication incroyable, dans le sens où justement elle semble irréelle. Trop de coïncidences faciles et d'éléments improbables ternissent, très subtilement toutefois, ce bel écrin.



• de nombreux sujets durs et d'actualités sont parties intégrantes de cette histoire : "les territoires sans maître" ou Terra Nullius qui sont des terres intrigantes et ou l'on laisse la population y vivant sans s'en occuper, le silence dangereux que porte certaine personne devant des situations intolérables et où une réaction se devrait d'être pointée, la situation des réfugiés, la maladie mentale et le classique trafic de drogue et de papiers d'identités cher au genre policier.. Ils sont nombreux et élégamment traités et apportent un véritable cachet à l'oeuvre.



• Un très bon roman selon mon ressenti, j'ai vraiment passer un bon moment devant cette aventure aux cotés de Boloren et ses "amis", sans jamais en ressentir une longueur. Il m'aura marquer pour son ambiance unique et sa narration tranquille et entrainante à la fois, mais pas pour sa fin moins lumineuse que je l'aurait cru. Je vais reprendre un carré de chocolat, le laisser fondre en dessous de ma langue et me remémoré une dernière fois ce somptueux voyage en terre inconnue.

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Terra Nullius

Deuxième épisode des aventures de Hugo Boloren. Un flic pas tout à fait comme les autres dont l’instinct se matérialise par une bille qui circule dans ses synapses mais qui n’apparaît que rarement et dont le «ding» est annonciateur d’une information capitale permettant de faire avancer une enquête. Mais là c’est le drame : Hugo à perdu sa bille et cela le déstabilise au plus haut point dans sa manière d’être comme dans sa manière de penser. D’autant plus que sa mère n’est pas au mieux , atteinte d’Alzheimer, et qu’il doit l’emmener dans la région lilloise se faire soigner auprès d’un spécialiste. Une information à la radio concernant l’agression mortelle d’un enfant dans une décharge à ciel ouvert à la frontière franco-belge attire son attention. Avec l’aide de son patron , il va pouvoir s’immiscer à l’enquête en cours saisissant l’opportunité de son déplacement à caractère médical dans la région. Ce fait divers dramatique semble en effet l’attirer comme un aimant , comme si sa bille intérieure le guidait imperceptiblement vers cet endroit. Peut-être y retrouvera-t-il un peu de sérénité , en attendant il peut compter sur ses carrés de chocolat, toujours à portée de main, pour calmer son humeur instable.



La prose singulière de Victor Guilbert nous conte cette histoire incroyable qui nous transporte dans cette Terra Nullius, ce territoire oublié du monde , bidonville coincé entre deux frontières côtoyant une montagne de détritus. A travers le prisme de notre héros Hugo Boloren, on découvre un monde à part, régi par des règles non écrites, qui cache de lourds secrets.

Deux enfants en ont subi les conséquences récemment : Jimcaale sauvagement attaqué alors qu’il jouait, attifé de son costume de super-héros et son ami Gao Cheng frappé par surprise par un CRS dépêché sur place. Deux victimes innocentes, dont l’un n’a aucune chance d’en réchapper. Outre ces deux enfants aux destins tragiques on découvre une faune incroyable gravitant autour et dans ce bidonville, tous suspects les uns autant que les autres.

Hugo, aidé de sa fameuse bille, va emmagasiner tout un lot d’informations, fournies pour partie par ses collègues locaux , informations qui vont peu à peu nourrir sa réflexion et le rapprocher de la vérité, si cruelle soit-elle.

L’auteur a pour moi monté d’un cran depuis son dernier roman, tant dans son écriture, teinté d’un humour espiègle, que dans la description de cet univers impitoyable où cette décharge joue les premiers rôles avec Hugo. Un cadre incroyable, un écosystème vivant, craquant,vibrant, lieu de tous les émerveillements pour certains mais aussi de grands dangers. Les personnages ne sont pas en reste : de la cheffe de la Terra Nullius escorté de son chambellan, aux flics lillois quasi-caricaturaux en passant par un photographe voyeuriste, Papa et Maman Germain ou Lulu la stagiaire et son trimoin, il y a de quoi se régaler sans oublier la Snick, une bière lambic pas authentique, élément essentiel d’une enquête dans le Nord. En guise de bouquet final, l'auteur nous offre un hommage à Agatha Christie où tous les suspects sont regroupés et où le coupable est désigné.

Un roman savoureux. Une belle réussite.





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Terra Nullius

Un meurtre d'enfant dans une terre de bidonvilles qui n'appartient à personne entre France et Belgique, avec un inspecteur un peu bizarre à la manoeuvre, pour naviguer dans cette décharge de détritus à ciel ouvert.



Une enquête en puzzle qui balade le lecteur entre un camp de réfugiés, une clinique gériatrique, et un commissariat féru de gastronomie, le tout accompagné de bière, de fricadelle… et de chocolat.

Un brin abscons, n'est-ce pas?



Une bien agréable lecture « polar » qui, si elle ne renouvelle pas radicalement le genre, offre une touche d'originalité par son humour, ses bonnes formulations et ses personnages bien croqués.



Une découverte réussie (remerciements à masse critique Babelio), qui va m'inciter à prendre à rebours la bibliographie de Victor Guilbert et la «bille» dans la tête de son inspecteur récurrent.

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Storia 2020

J’ai une affection particulière pour les nouvelles. Alors quand un aussi joli plateau d’écrivain du thriller et du roman noir est réuni, ça ne peut que donner envie !



Les voilà rassemblés autour de la thématique de la réécriture de contes.



Et les droits sont reversés à l’association ELA qui lutte pour les enfants atteints de leucodystrophies.



Allez, je vous donne mon top 3, sans hésiter : Mo Malo pour son histoire originale et profonde / Ian Manook aka Roy Braverman pour son récit touchant, à l’image de sa très belle fin / Nicolas Beuglet pour m’avoir fait rire comme rarement dans mes lectures.



Et vous ?


Lien : https://gruznamur.com/2020/1..
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Terra Nullius

Ou Mad va prendre tout son sens ....



2ème tome de la trilogie Boloren, j'ai bien aimé " Douve " avec certaines réserves.



5 étoiles pour le titre que je trouve magnifique , en effet ne sommes-nous pas tous issus de la " Terra Nullius ", n'ayant choisi ni notre sexe ,ni notre terre d'origine, ni notre couleur de peau .



5 étoiles pour Hugo qui devient de plus en plus attachant au fil des romans .



5 étoiles pour les chocolats , qu'il mange toutes les 2 pages ( oui c'est orienté, j'adore le chocolat.



4 étoiles pour le côté addictif du livre .



4 étoiles pour le dénouement, qui m'a ramené au temps de Maigret et de Raymond Souplex ( pour les plus jeunes il va falloir chercher un peu -:) )



Je pose 2 je retiens 1 , cela nous fera 23 étoiles comme disait la marchande de 4 saisons .



Ce n'est plus une notation ,c'est une constellation.



Si Hugo a perdu la bille , Mad a du perdre la boule .



Nous allons donc essayés de les retrouver dans les " Brouillards" qui constitueront le dernier volume de cette trilogie.
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Brouillards

C’est avec curiosité que je me suis plongé dans ce troisième roman policier de Victor Guilbert, une des plumes montantes du polar français actuel.

J’avais adoré découvrir son flic atypique dans Douve, j’avais aimé le retrouver un peu déboussolé dans Terra Nullius. Cette fois j’avais hâte de partir avec lui dans la ville qui ne dort jamais.

Mais alors que nous raconte ces « Brouillards »

Marcel Marchand dit Mama, espion pour le compte de la DGSE, est assassiné par des agents de la CIA dans le Edmond Theater de New-York, célèbre théâtre français de Brodway. Mama venait juste d’y cacher un objet que les deux agences d’espionnage aimeraient bien récupérer. Et il ne l’a pas laissé n’importe où ce truc tant convoité, il l’a déposé dans l’imposante réserve d’accessoire du fameux théâtre. En plus d’avoir planqué ce trésor, Mama a laissé un dernier message tout aussi mystérieux, « Boloren ». Enfin mystérieux pas pour tout le monde. Et non, l’un de ponte des services secret français n’est autre que le colonel Grosset, un parent du commissaire Grosset, l’ex patron d’Hugo Boloren, policier à la semi-retraite. Notre flic parait l’homme idéal, puisqu’inconnu des services secrets, pour infiltrer le Théâtre … Voici donc notre héros missionné par la DGSE pour retrouver l’objet tant brigué. Mais, notre homme est obstiné, c’est une de ses qualités, et puis sa bille, celle qui se promène dans sa tête lui souffle qu’il y a ici anguille sous roche et qu’il lui faut faire toute la lumière sur cette affaire quitte a se mettre en péril.

Dans ce troisième opus on retrouve tout le style de l’auteur qui fait le charme de ses livres. Une narration un poil cynique qui lui donne du corps et bien sur cette pointe d’humour subtil qui pimente notre lecture. Mais il y a aussi ces atmosphères si particulières que nous concocte notre auteur. Ici il nous plonge dans une ville totalement plongée dans le brouillard. Un brouillard lourd, pesant, inquiétant. La Grosse Pomme prend des airs de London. La brume épaisse qui la recouvre, elle aussi est bien mystérieuse.

Et puis il y a aussi tous ses personnages comme les aime visiblement Victor Guilbert. Des personnages haut en couleurs, certains, peut-être, diront caricaturaux, mais n’oublions pas que tout ici se joue dans théâtre, un vieux théâtre.

Il y a donc là, outre Hugo, Félix, le gardien trisomique de la réserve d’accessoires qui veille sur elle tel un chevalier templier sur le saint Graal. Mais aussi ici une régisseuse qui ressemble à Mary Poppins, un éclairagiste aveugle, pas banale pour quelqu’un qui met les autres en lumière, Un directeur exhibitionniste. Et puis un perroquet mutique et alcoolique, le fantôme d’une vieille actrice qui a perdu la tête et quelques autres drôles d’oiseaux… On y retrouve aussi Mathilde donc Hugo est toujours amoureux, Mathilde qui rajoute un peu plus de brouillard encore dans la tête de notre enquêteur, qui finira par faire émerger de toute cette mélasse la vérité, tel un Hercule Poirot triomphant.

Une nouvelle fois c’est bien mené, c’est intelligent. J’ai aimé les petites références théâtrales parsemées çà et là dans ce maelström. J’ai dû en louper certaine c’est sûr, n’ayant peut-être pas les références.

Car il est vrai que notre auteur nous propose là un véritable huis-clos qui, c’est certain, rend hommage au romans policier classique que sont les Whodunit.
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Terra Nullius

Il faut lui construire de sacrées épaules au personnage porteur du monde fictionnel d’un auteur. Non pas qu’il soit seul au monde, loin s’en faut, mais Hugo Boloren est tellement hors des normes que beaucoup repose bel et bien sur lui.



Il faut dire qu’il a la bille. Sorte de don de déduction, qui bosse en arrière-plan sans que l’inspecteur ne semble maîtriser grand-chose du processus.



Enfin, pour être précis, il ne l’a plus, la bille… Elle s’est égarée quelque part dans sa tête suite à sa précédente enquête (voir Douve).



Tous les auteurs de polar cherchent à créer un personnage principal qui attire l’attention. Dans la foultitude de romans du genre, il faut un vrai caractère pour qu’il reste en mémoire du lecteur. Visiblement, Hugo Boloren coche toutes les cases.



Malgré son tempérament un brin neurasthénique et ses méthodes qui semblent échapper à tous y compris à lui-même, voilà bien un flic de papier qui marque les esprits. D’autant plus qu’il est soutenu par une plume pleine d’humour et d’humanité.



Victor Guilbert a su créer des particularités qui le singularisent réellement. Dans sa manière de mener ses enquêtes, appelons ça l’intuition (même si certains penchent plutôt vers des pathologies plus psychiatriques). Par ses valeurs et ses comportements incontrôlables, entre cette incapacité totale à mentir et la propension à être totalement accro au contenu de son étui à cigarettes. Ledit étui rempli de carrés de chocolat noir grand cru, ce qui en dit long sur son excentricité (non recherchée) autant que sur sa nature propre.



Un roman noir sans histoire ne tient pas la distance. Mais sans vrais bons personnages, une bonne histoire ne sert à rien. Avec Terra Nullius, le lecteur est servi en matière de protagonistes attachants, et pas seulement l’inspecteur en chef (même si sans lui le livre n’existerait pas).



La bonne idée est d’avoir placé l’affaire criminelle dans une décharge, où vivent des femmes et des hommes en marge. Bien à l’image de notre société actuelle où on relègue l’indigence loin des regards. Sauf qu’à force de la voir s’accumuler, il devient impossible de ne plus la voir, même de loin.



L’intrigue policière sert donc un propos plus sociétal, tout en profitant de cet environnement atypique pour y placer des personnages qui le sont tout autant. Chez Guilbert, rien n’est trop banal, plutôt insolite, sans qu’il ne tombe dans l’excès.



Pour la conclusion de l’affaire, l’écrivain ne réinvente pas le processus, échafaudant ses conclusions dans le plus pur style d’un Hercule Poirot. En version névrosé et bien ancré dans son temps et ses problématiques.



Terra Nullius est un polar avant tout attachant, qui sort de la routine par la grâce de celles de son inspecteur, qui est à classer dans les originaux.



Victor Guilbert a trouvé sa voix, empreinte de mélancolie, au plus près de l’humain.



Le roman s’est vu décerner le prix « Le Point » du Polar européen lors de l’édition 2022 des Quais du polar. Ce qui n’est pas rien, c’est une distinction qui compte dans le monde du Noir.
Lien : https://gruznamur.com/2022/0..
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Douve

Hugo Boloren est policier, il vit à Paris.

Sa mère est journaliste mais atteinte de la maladie d'Alzheimer, elle perd de plus en plus pied avec la réalité. Hugo s'est toujours interrogé sur sa naissance qui serait liée au petit village de Douve. En effet, il y a une quarantaine d'années, un fait divers effroyable a défrayé la chronique. Ses parents sont allés enquêter sur place à l'époque.

Comme un autre meurtre a eu lieu récemment, Hugo décide de passer une semaine de vacances à Douve.

Une ambiance très glauque, un petit village où il pleut tout le temps et cerné par une forêt menaçante, des habitants taiseux et méfiants.

Hugo n'est pas le bienvenu mais il ira tout de même au bout de son enquête.

Un roman où le plus important est l'atmosphère. Pas désagréable, se lit bien mais sans plus pour moi.
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Terra Nullius

On connaissait l'inspecteur Kojak et ses sucettes, l'inspecteur Columbo et son éternel imperméable, le commissaire Maigret et sa pipe, on a maintenant l'inspecteur Hugo Boloren et son étui à chocolat.



C'est le 2ème opus avec ce personnage. Je n'ai pas lu le premier et ça ne m'a pas du tout gêné.



Un bidonville entre la Belgique et la France avec sa décharge à côté, bienvenus, si on peut dire, à Terra Nullius. C'est ici que Jimcaale, un jeune garçon entre 10 et 12 ans, qui se prend pour un super héros qui va sauver tout le monde, va être victime d'une attaque qui le laisse entre la vie et la mort.

De son côté, notre inspecteur Hugo Boloren a perdu sa bille. En lisant le livre vous comprendrez ce que cela signifie. Il est donc à côté de ses pompes. Devant amener sa mère qui souffre d'Alzheimer passer des examens dans un centre renommé à Lille, et ayant entendu parler de cet infanticide dans un bidonville de la région, il va en profiter pour faire du tourisme policier. Très bien accueilli par Raphaël et Come de la PJ de Lille, ensemble, ils vont unir leurs efforts pour faire la lumière sur cette affaire.



Très vite, le ton, l'histoire, les personnages m'ont fait penser à l'oeuvre de Fred Vargas avec son personnage d'Adamsberg. Le personnage d'Hugo Boloren est atypique, un brin décalé, légèrement étrange, lunaire, un anti-héros. Les autres personnages ne sont pas mal non plus dans le style loufoque, farfelu, haut en couleur. Il y a entre autre Lulu la stagiaire, le trimoin (et oui, on invente aussi des mots), et les personnes du no man's land qui sont assez gratinées également. Le ton est léger, malicieux, même les assassinats sont feutrés. On se rend à peine compte que l'individu est passé de vie à trépas. Sous la plume de l'auteur, le bidonville et sa décharge ne sont pas si sordides que ça. La triste réalité se pare d'un voile lumineux. C'est burlesque. Guilbert a le sens de la formule : "les piliers bancals de mon bien-être approximatif" ou "la pudeur linguistique, c'est le déni de la pensée", une dernière "je suis un accélérateur du ralentissement de la progression de la maladie". Même si j'ai mis un peu de temps à entrer dans cette histoire et à me familiariser avec tous ses personnages, une fois apprivoisé tout cela, j'ai pris plaisir à cette lecture.

Je remercie Babelio et les Editions Hugo Thriller pour cette découverte.
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Brouillards

Marcel Marchand, excentrique espion des services secrets français, est assassiné par des agents de la CIA dans l’immense réserve d’accessoires d’un célèbre théâtre de New York : le Edmond Theater.



Avant de mourir, il a eu le temps de dissimuler, dans le fatras de décors et accessoires de scène, un mystérieux objet que la CIA comme la DGSE veulent récupérer.



Suspectant que l’identité de nombre de leurs agents est tombée entre les mains des renseignements américains à cause de cet espion décédé soupçonné de trahison, les services secrets français veulent envoyer un inconnu hors du circuit pour récupérer l’objet caché.



Or, Marchand a eu le temps de griffonner un nom avant de pousser son dernier soupir : « Boloren ». Comme le nom de cet ancien flic, Hugo Boloren, qui s’ennuie dans sa formation de zythologue (« c’est comme œnologue mais pour la bière ») dans un petit village de montagne.



Le colonel Grosset, haut gradé de la DGSE et cousin de l’ancien commissaire d’Hugo Boloren, va donc le convaincre de partir à New York, de s’infiltrer dans le Edmond Theater, d’identifier et de récupérer l’objet caché.



Un perroquet muet, une éclairagiste aveugle, un accessoiriste trisomique dans un théâtre qui porte chance... Pour notre plus grand plaisir, Hugo Boloren va se perdre dans le brouillard New Yorkais. Hugo, inspecteur charismatique et obstiné, se plonge dans une affaire très tordue et très malsaine contre l'avis de sa hiérarchie



Dans BROUILLARDS, Victor Guilbert installe une enquête dans le milieu du théâtre français à New York où se mêlent histoire culturelle, enjeux entre les services secrets et français, et personnages excentriques. On aime toujours autant le personnage de Boloren et ceux qui l'entourent.



L'humour second degré est toujours présent Un sens indéniable de la narration dans le romanesque, de la profondeur et de l'humour dans le tragique, on aime toujours autant Victor Guilbert et son cher Hugo Boloren!



En 2022, V. Guilbert avait reçu le prix le Point du Polar européen.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Terra Nullius

Voilà un petit polar sympathique pas inoubliable mais qui se lit bien .



Un flic parisien traverse une période creuse et pense avoir perdu sa bille celle qui lui donne l'inspiration, le mental dans les chaussettes il doit gérer sa mère qui elle perd la boule avec les premiers signes d'alzheimer. Profitant qu'il emmène celle-ci à Lille voir un spécialiste son chef le confie à une brigade de Lille. Brigade qui est confrontée au meurtre d'un enfant dans un zone spéciale, une sorte décharge à ciel ouvert entre France et Belgique où vit en dehors de toute légalité et dans une très grande indifférence tout un panel d'humains aux destins contrariés.



Le roman offre une belle diversité de personnages qui étoffe bien le récit et l'enquête et ses rebondissements son bien dosés. Pour ma part je préfère les romans plus noirs et celui-ci garde malgré tout un côté optimiste qui fait d'ailleurs son charme.Une lecture sympathique, parfaite pour les premiers jours de soleil ou de plage, qui néanmoins ne sera pas au top de mes polars préférés.



Je remercie les éditions Hugo et masse critique pour l'envoi de ce roman.


Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Terra Nullius

Alors là, c'est le roman qui m'a fait sortir de ma panne de lecture due à toutes les choses qui occupent ma vie en ce moment.





Hugo Boloren a perdu sa bille, celle qui le titille pour lui dire qu'il est sur la bonne voie lors d'une enquête policière. Sans cette bille, ses idées ne sont plus ordonnées et il ressent une incapacité à exercer son métier correctement. Mais elle va revenir, croyez-moi !





C'est à Terra nullius, ce bidonville mi-français / mi-belge, dont aucun des deux pays ne veux accepter le fait qu'elle soit sur son territoire que l'impensable arrive : un enfant est laissé pour mort dans la décharge servant de bidonville. En même temps, son ami est blessé par un CRS sur place. Est-ce prémédité ? Est-ce un accident ? Et qui est ce fantôme noir qui hante ce lieu ?





Autour de cette agitation, gravite des personnages haut en couleur : Mani la chef du bidonville, Lulu la stagiaire du commissariat, Raphaël l'inspecteur Lillois, Sara la "maman" de Jimcaale dans le coma, Magnétophone le chien de la décharge, la mère d'Hugo atteinte d'Alzeimer... Et tellement d'autres.





On rentre dans l'intimité des habitants de ce bidonville, nous connaissons leurs peurs et leurs joies. Mais surtout nous apprenons comment ils sont arrivés là et pourquoi certains ne partent pas. L'espoir est présent partout, mais le désespoir gravillonne autour de chacun. 





Un coup de cœur qui n'est pas du SFFF ! J'aime beaucoup la plume et comment le texte évolue, c'est fluide et intéressant



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Douve

J'ai aimé dans ce roman de facture plutôt classique le fait que la ville de Douve devienne vraiment un personnage à part entière de ce récit.



Un inspecteur revient mené l'enquête sur un ancien crime mené dans cette ville qui est celle de son enfance, ses parents à l'époque ont également mené l'enquête sur celui-ci.



J'ai aimé l'ambiance si particulière de cette ville, ses habitants, l'auberge ou notre inspecteur séjourne, les petits choses qui se déplacent mystérieusement, on trouve un aspect très nébuleux de cette ville et l'addiction surtout de Hugo notre inspecteur nous allons d'ailleurs bientôt arrivé à Pâques qui dit être sa saison préférée avec Noël j'imagine.



J'ai cependant été déçue un chouilla par la fin de cette histoire mais celle-ci se dévore d'une traite et il est à noté qu'il s'agit d'un premier roman également.



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Douve

Dans le Tote bag polar de Sylviane

Douve est un village perdu dans un marais, au bout d’un chemin, dans un cul de sac. Au bout de la rue principale, une barrière, après la barrière, la forêt, après une forêt de très grands sapins, on se perd

Le village est décrit comme une aigrette de pissenlit. Joli mot poétique qui évoque la légèreté lorsque l’on souffle sur cette couronne et qu’elle s’envole…et bien, non, ici,

C’est humide, il pleut sans cesse…c ‘est poisseux, lourd. On devine qu’il n ‘est pas bon de vouloir s’obstiner à découvrir les secrets et les mystères des habitants. Sur le qui vive, ils montent férocement la garde entre eux pour que rien ne s’échappe de cet endroit inquiétant.

L’inspecteur Hugo Boloren trouve un journal sur le trottoir devant son immeuble relatant le meurtre de l’ancien maire de Douve. Cela lui remémore une phrase souvent répétée par son père. » tu as Douve dans le sang «.

Intrigué, il décide d’y partir autant pour suivre l’enquête de ce meurtre que pour comprendre son histoire personnelle avec ce village.

Quarante ans auparavant, son père, policier, sa mère, journalise étaient présents à Douve pour élucider une autre affaire. Celle d’un médecin et botaniste accusé de meurtre et pourchassé après son évasion de la gendarmerie.

Deux meurtres mais aussi deux récits, celui de Hugo au présent et celui raconté par le roman de sa mère qui relate les évènements survenus il y a quarante ans.

Hugo vit un chassé-croisé entre les deux époques. Petit à petit sa bille en acier chope des détails, retrace le déroulé de l ‘histoire des villageois et celle de ses parents, Cela ne m’a pas déplu de suivre Hugo dans cette enquête. Il le fait sans en avoir l’air, entre une chope de bière et un carreau de chocolat noir millésimé.

La confrontation dans la forêt entre Hugo et les villageois est utile pour comprendre et faire un point sur les deux enquêtes. Mais fallait-il …Peu à peu, même ce qui peut semblait anodin, depuis la première page avec quelques pirouettes reconstruit le puzzle.

Avec des sapins, pour paysage, je pensais que l’histoire allait prendre place dans les Vosges ou dans le Morvan. Mais un indice est donné dans le livre écrit par la mère de Hugo qui relate l’enquête de son mari. Le médecin et botaniste islandais s’installe à Douve avec sa famille en bordure du parc régional du Pilat.

Ce parc est situé dans le sud du département de la Loire, au sud de Saint-Etienne.

Je ne le connaissais pas alors qu’il s’agit du 2ème parc de la région Rhône-Alpes et un des premiers a avoir été établi en France.

En fin de livre Victor Guilbert remercie son éditeur en lui disant que sans lui Douve n’aurait pas existé sur une carte de France.

Je vous laisse découvrir le parc et ses autres villages et chemins de randonnée, plus accueillants.

https://massifdupilat.com/parc-naturel-regional-du-pilat/

J’ai appris aussi qu’une douve est une planche longue et courbée, assemblée à d’autres, entourées d’un cerceau pour former un tonneau ou un fut…de bière par exemple.

Pour les amateurs de bières et de chocolat, voici les liens de deux brasseries locales et celui d’un fabricant de chocolat situés dans le parc du Pilat.

https://latitmousse.fr/



https://www.bonbons-julien.fr/



https://www.brasseriedupilat.com




Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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