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Critiques de Vincent Bailly (179)
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Un sac de billes - Intégrale (BD)

Découvrir un classique en bande dessinée ou en manga me plaît toujours autant, surtout lorsque l’ouvrage d’origine est bien respecté ! « Un sac de billes » fait partie de ces BD réussies que l’on prend plaisir à (re)découvrir. L’histoire est la même que celle de l’auto-biographie : on suit Maurice et Joseph dès 1941. Sous leur regard d’enfants, on va découvrir la montée du nazisme : les étoiles jaunes, les interdictions (cinéma, train, etc.), les réactions des gens (peurs, brimades, insultes, dénonciations, haine, etc.) et les horreurs (rafles, camps, points de contrôles). Comme je compte aborder cette BD avec des classes, j’avais peur que le contenu soit trop dur, sombre, violent ou sanglant. Ces éléments sont souvent présents même si l’on est dans de la littérature jeunesse/ados… Or, ce n’est pas le cas ici : c’est fortement suggéré et la crainte finit par faire un nœud dans le ventre du lecteur mais, heureusement, on ne va pas avoir affaire à des passages où la mort et la violence sont visibles. On peut donc présenter ce livre, mêmes aux âmes sensibles…



Le périple des deux frères est toujours aussi incroyable et tendu. C’est un exil en quête de la zone libre est bouleversant, plein de rencontres et de retournements de situation… Même si l’on a déjà lu le roman (pour ma part, cela remonte à mes années de collège), on est pris par le récit. Ces deux enfants sont vraiment débrouillards, courageux, vifs et chanceux ! J’ai beaucoup aimé la façon dont l’illustrateur Vincent Bailly les a représentés. Il a un style vraiment chouette : toutes les planches sont faites à la main ! On distingue ses coups de crayon, on perçoit les lignes de son encrage, tandis que les couleurs sont faites à l’aquarelle. Cela change des dessins réalisés ou retravaillés à l’ordinateur. J’ai vraiment été très admirative de ces illustrations, en particulier au niveau des décors hyper détaillés. Tout est très réaliste. On notera également des affiches d’époque ou de la propagande visibles tout au long de la BD.



L’adaptation est vraiment très réussie que ce soit au niveau du texte, des émotions ou des dessins. Si vous voulez replonger dans cette histoire sous un autre format que le livre ou le film, je vous recommande cet album. Pour ceux n’ayant pas lu l’œuvre d’origine, je pense que c’est un très bon moyen pour pallier à cela. En effet, la BD est claire, fidèle et facile à lire malgré le contexte historique très fort. Par contre, j’aurais souhaité que les dialogues en allemand soient traduits en bas de page car, ne pratiquant pas cette langue, j’ai dû interrompre ma lecture à plusieurs reprises afin d’utiliser un traducteur…
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Lorraine Coeur d'Acier

Lorraine Cœur d’Acier raconte l’histoire bouleversante d’une radio libre et populaire, et je referme cet album les larmes aux yeux sur ces mots:

« Tout ça finissait mal. Mais on avait essayé.... Et comme disait Marcel « C’est pas parce qu’on a perdu qu’on avait tort ! » »

Lorraine Cœur d’Acier, c’est l’histoire d’une région sacrifiée et du combat de ses habitants pour qu’elle continue à vivre, combat qui est malheureusement toujours d’actualité car les trahisons et les mauvais choix des gouvernements de tous bords se sont succédés.



Les auteurs ont fait le choix de raconter cette histoire à travers l’exemple de la famille Lipowski, mais j’y ai retrouvé des tranches de vie de mon enfance : la dureté mais aussi la fierté du travail à l’usine, les jardins cultivés avec soin et amour sur fond de hauts fourneaux, le premier de la famille qui passe le bac, etc.

Je ressors donc de cette lecture profondément émue (notamment par le passage sur la maternité de Mont St Martin) et je ne peux que vous conseiller la découverte de cet album qui raconte un épisode de l’histoire de notre pays qui vous fera passer en quelques pages de l’espoir à la tristesse.
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Mon père était boxeur

Un récit personnel qui m’a touchée, sans vraiment pouvoir expliquer le pourquoi ! Peut-être dans le fait que les enfants se font une certaine idée de leurs parents ! Une femme qui écrit sur son père boxeur comme le titre l’indique, mais ce dont elle se souvient le plus c’est sa violence à la maison. C’est tout en pudeur, amour non formulé, gêne, ressenti. Le DVD, qui complète le récit, est émouvant. Il se passe dans la salle de boxe où son père est devenu entraîneur quand il n’est pas en psychiatrie. Les silences sont les plus forts et ce sont eux qui en disent le plus long. Cette bd m’a mise KO et va me laisser un moment sur le ring.
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Mon père était boxeur

Après avoir lu « Un sac de billes » illustré par Vincent Bailly, je me suis tournée vers une autre biographie : celle de Barbara Pellerin. Celle-ci va brosser le portrait de son père au fil des années : sa naissance, son enfance et ce moment où tout a basculé alors qu’elle était une fillette… Elle donne ainsi ses ressentis du moment et les oppose à sa vision d’adulte. Bons et mauvais moments défilent au rythme des pages. On découvre alors cette figure paternelle effrayante, violente, mais aussi aimante. Une fois adulte, Barbara décide de réaliser un film documentaire qui va lui permettre de réellement échanger avec son géniteur. Tous deux vont pouvoir prendre du recul… Ce père, qui ne s’est jamais livré autrement qu’avec ses poings ou des injures, va montrer à quel point c’était un homme blessé… Il aimait sa fille. Il ne savait simplement pas comment s’y prendre… J’ai été très touchée par cette relation difficile entre le père et sa fille. Que ce soit le texte, les illustrations ou la colorisation, beaucoup d’émotions se dégagent des pages. Par exemple, j’ai été très émue par la scène nocturne dans la chambre de Barbara où s’est réfugiée la mère qui s’est fait battre… J’ai également été retournée par les dernières pages…



Je reconnais que, durant ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de juger cet homme dont je ne savais rien hormis ce que je lisais… Sa violence envers sa compagne ne me laissait pas de marbre. Même si cet album est comme un hommage ou une déclaration d’amour à retardement et, même si ce boxeur n’a jamais brutalisé sa fille et qu’il a tout fait pour rendre heureuse cette dernière, je n’ai pas pu changer mon jugement… D’ailleurs, cela va sans doute paraître curieux, mais j’ai eu du mal à regarder le DVD qui accompagnait la BD. Il s’agit d’un reportage retraçant l’histoire de l’album avec des conversations, des questions au père de Barbara et des séances de boxe. On reconnaît les décors dessinés par Vincent Baily. Film et BD. Les deux éléments sont complémentaires… Je trouve que c’est une bonne idée de proposer les deux néanmoins, je dois avouer avoir été déstabilisée par le court-métrage. En effet, j’avais l’impression d’être une voyeuse et me sentais peu à l’aise… J’étais comme en train d’espionner leur relation, chose que je n’avais pas ressentie en lisant la BD. De ce fait, je n’ai pas pu aller jusqu’au bout du visionnage. Je ne vous parlerais donc pas davantage de cet élément annexe.



Le coup de crayon est plaisant toutefois, je l’ai trouvé un peu plus brouillon qu’ « Un sac de billes », car les traits sont encore plus visibles. On a l’impression de voir plein d’esquisses mises en bulle. Cela a son charme, mais cela peut également déplaire à certains… Par contre, la mise en couleur est souvent judicieuse et permet de faire ressortir beaucoup d’émotions dans les planches. Ce fut une bande dessinée pleine de subtilité, de réalisme et de sensibilité. Elle ne laissera sans doute pas les lecteurs insensibles !
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Congo 1905, Le Rapport Brazza : Le premier ..

Dernière lecture de Vincent Bailly avant sa rencontre… Mais, bon sang, ce fut vraiment terrible ! Le résumé à lui seul vous permet de comprendre l’ambiance sombre et violente qui hantent ces pages… Une fois encore, l’illustrateur s’attaque à un sujet réaliste et historique. Il semble vraiment être un auteur engagé qui ose travailler sur des thématiques difficiles. Or, il y parvient de nouveau avec brio ! Cette bande dessinée se fonde sur un rapport jamais publié (ou du moins, tardivement) montrant la situation coloniale au Congo français au début des années 1900. Ces documents ont été volontairement mis sous silence et on comprend volontiers cette censure étant donné l’horreur qui a été dissimulée ! Les faits sont tout simplement honteux et inhumains ! L’Homme est vraiment capable des pires atrocités… Même si les deux auteurs ont romancé cette BD, ces faits monstrueux ont réellement eu lieu…



J’ai été écœurée par cette situation abominable. Certes, on se sait que la colonisation a fait des ravages, mais on n’imagine pas à quel point… À travers ses planches semblables à des aquarelles, Vincent Bailly plonge le lecteur au cœur du Congo. Les couleurs sont très bien choisies ! On se croit dans ces forêts tropicales luxuriantes et on imagine à merveille la ville lorsque la narration a lieu à Paris. Les personnages sont très expressifs. Leurs traits ne séduiront peut-être pas tout le monde, car on voit les coups de crayon ou les traits à l’encre de Chine cependant, cela m’a personnellement bien plu. Après avoir lu plusieurs œuvres de Vincent Bailly, j’ai fini par me faire à son style parfois un peu brouillon que je trouve à présent très intéressant. Bien que le contexte est loin d’être paradisiaque, on a l’impression de découvrir des carnets de voyage ou de magnifiques esquisses… J’admire surtout sa gestion des teintes qui sont judicieusement choisies selon la scène ou l’ambiance du récit. Une double planche vermeil représentant le massacre et le viol de tout un village m’a terriblement marquée…



Il faut avoir le cœur bien accroché avec « Le Rapport Brazza », car les auteurs ne nous épargnent rien. L’abomination humaine est présente tout au long des passages se déroulant au Congo : esclavage, racisme, maltraitance, violence, pillage des ressources, abus de pouvoir, viol, exécutions barbares, … Sans oublier une scène montrant que les colons aimaient faire sauter les esclaves à coup de dynamite ! On a là une sombre partie de l’Histoire ! Que ce soit au Congo ou lors des échanges entre les têtes pensantes et les politiques à Paris, j’ai été très touchée par ce que j’ai vu et lu… Il y a de quoi vous dégoûter du genre humain… Je ne recommanderais pas cet ouvrage à tout le monde, car il y a de quoi ressortir déprimé de cette lecture… Cela dit, la thématique est très importante et mérite d’être mise en lumière ! Enfin, on notera plusieurs pages annexes permettant de comprendre le dossier. Cartes, photographies, pages de journaux, le contenu est riche et permettra au lecteur d’en savoir plus sur ce passage historique méconnu…
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Mon père était boxeur

Le père de Babara Pellerin était un boxeur. Elle ne l'a jamais vu combattre sur un ring, mais elle a vu en lui de la violence. Alors qu'on le porte en terre, elle se souvient de ces moments difficiles entre sa mère et son père. mais elle se souvient aussi des bons moments et que sur la fin elle avait essayé de renouer avec lui. La boxe les avait séparé, la boxe devait les réunir. Elle s'était lancé dans un reportage sur le club de boxe de son père. Prétexte pour se remémorer un passé compliqué et tisser des liens qui s'étaient défait.



Barbara Pellerin témoigne de son histoire personnelle et se livre à travers cette bande dessinée de Kris et Bailly. A l'origine il y a son reportage vidéo et ses souvenirs d'enfance sur lesquels elle a mis une voix off racontant leur histoire. Kris avec son aide en fera un découpage et inventera des dialogues afin que Bailly puisse mettre en image cette histoire de famille. Un récit très intime.

Au premier abord cela peut paraitre une histoire banale, comme en on rencontre tous les jours. Un ancien champion de boxe qui a laissé sa rancoeur, sa violence et l'alcool détruire sa famille. Celle des souvenirs d'une petite fille qui espère retrouver un père qui n'a jamais cessé de l'aimer. Mais au final c'est touchant et plein d'émotion. La fin est un peu frustrante, cette réconciliation qui n'aura jamais vraiment lieu. Mais c'est ça la vraie vie.



Le dessin de Bailly est assez particulier. Un crayonné qui ne s'embarrasse pas du détail. Il donne un coté esquisse, inachevé. Mais le tout est rehaussé par de jolies couleurs aquarelles qui donne un peu de relief à l'ensemble.
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Congo 1905, Le Rapport Brazza : Le premier ..

Alors que l’exécution barbare (à la dynamite !) d’un indigène défraye la chronique, le gouvernement confie à Pierre Savorgnan de Brazza, découvreur du Congo, la mission d’enquêter et de démontrer que cet incident condamnable est isolé et nullement assimilable à un système organisé.

(...)



Cette adaptation sera sans aucun doute plus accessible que le rapport lui-même (nous essaierons toutefois d’en rendre compte prochainement). On perçoit chez les auteurs le même honnête soucis que chez Brazza de rendre compte avec justesse des crimes de la colonisation maquillés en bienfaits.



Article complet en suivant le lien.
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Coupures irlandaises

En 2018, les petits français ne partent plus en voyage scolaire à Londres à cause du risque d'attentat. En 1987, deux ados partaient en voyage linguistique pendant un mois en Irlande du nord, plus précisement à Belfast.

Les "Troubles", je les ai étudiés en cours d'anglais au lycée.D'ailleurs je dois en savoir plus sur ce sujet que sur les "évènements" dAlgérie (Ah, ces noms bizarres pour ne pas dire guerre civile). J'ai aussi lu quelques romans dont le contexte était les affrontements entre religions. Mais, ici le récit illustré amène une dimension visuelle que je n'avais pas jusqu'alors. Et en plus le narrateur a un point de vue externe : il n'est pas Irlandais, mais en plus à l'époque il état ado, et se prenait donc en pleine figure une réalité qui lui étaient totalement étrangère quelques jours avant.

Et le Top du Top, cette histoire est complété par un dossier, qui éclaire un peu sur la réalité de ce qui a été vécu par ces deux ados ; et qui évidemment fait un rappel de ce qu'était ce conflit.
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Lorraine Coeur d'Acier

De battre son cœur s’est arrêté. Après avoir rythmé celui des Longoviciens et prêté sa voix pendant presque deux ans à tous – aux sidérurgistes en lutte bien sûr, mais aussi à toute la population de Longwy – à la fin des années soixante-dix, Lorraine Cœur d’Acier, « radio pirate, libre et populaire » s’est tue. C’est l’histoire de cette radio mythique silencieuse depuis maintenant 40 ans mais encore bien présente dans le cœur et les esprits des habitants du Pays-Haut que nous content Le Messin d’origine Tristan Thil et le Longovicien Vincent Bailly dans l’album Lorraine cœur d’acier qui vient de paraître aux Éditions Futuropolis.



Longwy, mardi 20 mars 1979, 3 jours avant la grande manif à Paris

D’une vue de la ville de nuit jouxtant le crassier surmonté d’un SOS au pied duquel les hauts fourneaux crachent leur feu en continu, on passe dans une ruelle de maisons ouvrières adossées à l’usine. Dans cette ruelle, une fenêtre éclairée nous fait pénétrer dans une cuisine où nous assistons à une belle engueulade entre Camille et son père Eugène. La dispute tourne court après une gifle et Camille s’en va retrouver son pote Ismaël au café du coin avant que celui-ci n’aille pointer à l’usine. Sur le chemin du retour, Camille allume l’autoradio : « Lorraine Cœur d’acier, bonsoir… Je vous rappelle que vous êtes sur 100 MHz de modulation de fréquence et que notre numéro de téléphone est le 223 22 35 »...



Bienvenue chez les Lipowski

Le choix de nous faire découvrir l’histoire de la radio par le biais d’une famille fictive représentative d’une famille ouvrière lorraine permet aux auteurs d’éviter le piège d’un ouvrage didactique et également d’aborder de façon vivante et naturelle des sujets familiaux et sociétaux tels que les conflits intergénérationnels, le sentiment de trahison que peuvent ressentir les jeunes à quitter cette région qui n’a d’horizon que ses usines et leur fermeture à venir.

Dans la famille Lipowski, il y a le père Eugène, sidérurgiste cégétiste sectaire, il y a la mère que son mari aime bien voir à sa place dans sa cuisine, il y a la fille et il y a le fils Camille, élève de terminale. Cet ado, passionné de photo, ne se voit pas passer sa vie à l’usine et, contrairement à son père qui va tout d’abord refuser d’y mettre les pieds, va s’investir dans la radio d’autant plus qu’il n’est pas insensible à la voix de la belle Mathilde qui officie sur les ondes. Et c’est à travers le prisme de Camille et des membres de cette famille que nos bédéistes vont montrer à quel point cette expérience de radio a, en libérant la parole, fait évoluer les mentalités et changer les protagonistes : émancipation pour la mère, ouverture d’esprit et tolérance pour le père, projets d’avenir pour le fils. Pour bien comprendre les choses, comme Camille nous invite à le faire dans la séquence introductive de l’album, revenons en arrière.



Sur le plan Davignon, chronique d’une mort annoncée

12 décembre 1978, annonce de la restructuration de la sidérurgie européenne par la mise en place du plan Davignon : suppression de 22 000 emplois dont plus de 6 000 sur le bassin de Longwy. Il n’en fallait pas plus pour allumer le feu et un SOS lumineux au sommet du crassier de Longwy, signal rassembleur d’un combat pour l’emploi tandis que dans les usines se multiplient les actions (grèves, manifestations, occupations) parfois musclées ou spectaculaires. C’est dans ce contexte que Lorraine Cœur d’Acier va voir le jour.



LCA, what else ?

Si l’histoire de la famille Lipowski est une fiction, celle de la radio, créée par la CGT n’en est pas une et est retracée très fidèlement depuis son cadre avec l’implantation du studio dans l’ancien Hôtel de ville de Longwy-Haut et son antenne sur le clocher de l’église mitoyenne, en passant par les acteurs de l’époque autrement dit les journalistes professionnels Marcel Trillat et Jacques Dupont, le secrétaire CGT de la section de Longwy Michel Olmi jusqu’à la reconstitution de différentes émissions allant jusqu’à reprendre les discours prononcés par les différents interlocuteurs auxquels les auteurs ont eu accès en piochant dans les archives sonores de la radio, nous livrant ainsi de grands moments d’émotions.

Dans la France giscardienne de l’époque les radios libres étaient interdites et rapidement démantelées. Alors, comment « la seule radio libre tolérée par le pouvoir » selon Guy Bedos lors de son passage dans les locaux de LCA a-t-elle pu résister si longtemps ? C’est ce que nous apprend ou nous rappelle l’album de façon très dynamique.



Sur les ondes de LCA, j’écris ton nom …

« On ne peut pas brandir ses idées en faisant taire les autres », dixit Marcel Trillat.

La liberté, la liberté de parole, un des sine qua non de LCA. On leur a donné la parole et ils l’ont prise : les sidérurgistes en lutte, les femmes venant parler accouchement, contraception, avortement, les émigrés à travers « La parole aux émigrés », une série d’émissions en langue française et arabe ... De radio conçue au départ pour la mobilisation en vue de la manifestation à Paris du 23 mars, elle s’est mise sous la protection de la population et est devenue cet espace de liberté au studio et au micro ouverts à tous et à toutes où débats, témoignages, invités se sont succédé avec priorité au direct pour les différentes actions de la lutte et les appels téléphoniques nullement filtrés. Magnifique aventure pour ceux qui l’ont vécue !





Quand deux Lorrains se rencontrent et racontent …

Sensibles tous deux aux problèmes sociaux et sociétaux, les deux Lorrains avaient déjà coopéré lors de l’écriture de Congo 1905, le rapport Brazza qui levait le voile sur un côté sombre de l’Histoire coloniale française, ouvrage paru en 2018 chez Futuropolis également. Pour la réalisation de ce nouvel album, ils sont allés faire un tour du côté de l’AMICAL (Association pour la mémoire industrielle de la communauté d’agglomération de Longwy), ont recueilli divers témoignages des acteurs de l’époque et consulté les archives sonores.

Tristan Thil, le scénariste, réalisateur de plusieurs documentaires notamment sur la fin de la sidérurgie en Lorraine dont « Florange dernier carré » en 2012 a également signé le scénario de l’album « Florange, une lutte d’aujourd’hui » paru en 2014 chez Dargaud, la réalisation graphique ayant été confiée à Zoé Thouron. Autant dire que l’histoire de la sidérurgie lorraine, il la connaît bien.

Natif de Nancy, installé à Longwy depuis une dizaine d’années, Vincent Bailly, bien qu’étant sur place a dû malgré tout se plonger dans la documentation et notamment les photos de l’époque pour recréer ce paysage hérissé des hauts fourneaux et du crassier aujourd’hui disparus. Les magnifiques planches en couleurs directes mettent parfaitement en valeur la beauté paradoxale de la ville éclairée de ces feux continus qui ont fait vivre la région tout en consumant par leur nocivité ceux qui les alimentaient. C’est une bande dessinée haute en couleurs dont le choix judicieux des tons employés sert à merveille les différentes atmosphères. Avec ce trait très reconnaissable qui n’appartient qu’à lui le dessinateur rend parfaitement compte de la violence de la situation et en donnant à ses personnages une très grande expressivité, nous fait bien ressentir les différentes émotions qui les traversent.

A la fin de l’album, avant qu’une chronologie ne retrace conjointement la lutte des sidérurgistes et l’histoire de LCA. un troisième Lorrain est venu apporter sa modeste contribution dans une postface de 3 pages. Il s’agit de celui « qui dessine si bien les hauts fourneaux », autrement dit Baru.



Cet album passionnant nous dresse le portrait d’une radio pas comme les autres avec en creux la fin d’un monde, l’agonie de Longwy Texas, cette région qui était passée en un siècle de l’état de pâturage à celui d’eldorado industriel avant de retourner en friche. Elle fut le théâtre du baroud d’honneur des derniers sidérurgistes, le témoin d’un bel élan de solidarité dans l’adversité et un bel exemple de libération de la parole populaire. Pour conclure, laissons, comme dans l’album, le mot de la fin à Marcel Trillat qui aurait dû signer la préface s’il n’était malheureusement décédé en septembre 2020 :

« Ce n’est pas parce qu’on a perdu qu’on avait tort !»




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Un sac de billes, tome 2 (BD)

Un récit de Kris d'après le best-seller de Joseph Joffo. Dessin et couleur de Vincent Bailly.



J'avais offert le livre à mes garçons lorsqu'ils étaient beaucoup plus jeunes, et je me rappelle leur enthousiasme lorsqu'ils l'avaient lu.

Je trouve que cette adaptation de 2011 en BD, du roman de Joseph Josso est excellente. Les dessins sont beaux et l'histoire très bien adaptée avec beaucoup de détails. J'ai pris plaisir à suivre les tribulations des deux jeunes frères qui à travers cette époque de la seconde guerre mondiale, vont vite trouver le chemin de l'âge adulte. Ils vont malheureusement perdre leur naïveté d'enfant et vite comprendre que le monde n'était plus celui de leur enfance protégée et qu'ils étaient devenus des proies pour des rapaces....

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Un sac de billes, tome 1 (BD)

N'ayant pas lu le roman adapté en BD par Kris, j'ai lu un récit poignant, humain, à hauteur d'enfant, naïf et candide, mais aussi le genre de récit qui fait grandir un enfant sans qu'il ait vraiment le choix.



Les loups sont entrés dans Paris, comme chante Reggiani. Chez les Joffo, on voit les chose venir de loin. Le passé familial est teinté de fuite... celle des Russes à travers l'Europe vers la terre promise, la France. Le paternel décide d'exiler ses deux fils, Maurice et Joseph. Direction Menton en zone libre, pour y retrouver deux autres fils.



C'est cette fuite, de trains en villages, de contrôles en mensonges, que raconte ce tome. Une longue escapade où chaque geste peut révéler leur statut. Un long périple placé sous le règne de la débrouille.



Le tout est mis en couleur par Vincent Bailly, dont j'avais apprécié le travail sur Mon père était boxeur. Il arrive à donner un cachet particulier au récit. Quelque chose de beau dans un océan de misère et de haine. Il se dégage quelque chose de fascinant, de prenant, dans le récit qui se lit d'une traite.
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Congo 1905, Le Rapport Brazza : Le premier ..

Suite à un scandale dans la presse française, une mission est dépêchée au Congo par le ministère pour enquêter sur les agissements des compagnies et des fonctionnaires français envers la population locale. On y envoie un homme qui a fait ses preuves en matière de respect du modèle républicain et de l'idéologie coloniale première, évidemment spécialiste du lieu puisque à l'origine des relations et de l'installation de la France au Congo, Pierre Brazza.



La BD met en scène parallèlement la situation sur place et à Paris, et le moment de l'enquête de Brazza et certains événements passés. Cela se chevauche parfois et peut créer un petit temps de confusion mais on s'y retrouve.



Ce qui est évidemment le plus important dans ce récit, c'est le scandale absolu des agissements des compagnies et des fonctionnaires, ayant créé un système d'interdépendance à leur profit au détriment des populations en faisant preuve de la plus pure cruauté (la pensée dominante était au racisme et à la suprématie blanche, certes, mais tout de même !) : travail forcé, enlèvement, séquestration, brimades et coups à échelle industrielle.



Brazza et ses compagnons mènent leur enquête tant bien que mal, constamment ralentis si ce n'est empêchés par des officiels locaux qui s'estiment dans leur bon droit.

Il en sera de même pour les résultats de cette commission, le rapport de Brazza de 1905 ne sera édité dans son intégralité qu'en... 2014... S'il était besoin de dire la volonté d'étouffer les abjections commises pour laisser fleurir les intérêts de l'économie et du pouvoir. De fait, ce rapport était considéré comme perdu, grâce soit donc rendue au travail extraordinaire de l'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch et de l'éditeur Dominique Bellec.



Le dessin très crayonné et la peinture multipliant les touches d'ombre rendent les cases très fournies. Cela donne lieu par endroit à une certaine confusion, ne sachant pas où poser le regard, mais d'autres fois à de vrais tableaux nous plongeant dans le décor. De façon générale, j'ai tout de même beaucoup apprécié le dessin, la palette de couleurs et le coup de pinceau.



Pour résumer, les quelques maladresses de scénario sont vite oubliées face à l'horreur des réalités décrites. Une lecture forte et nécessaire, servie par un trait et des couleurs bien engageants.
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Mon père était boxeur

Dans ce magnifique album édité chez Futuropolis, Barbara Pellerin raconte comment elle a redécouvert son père, un ancien boxeur, à la fin de sa vie. Cette histoire simple écrite avec sensibilité m'a beaucoup touchée, notamment la superbe planche finale.

Le scénario de Kris est admirablement servi par les dessins de Vincent Bailly. Certes, le trait énergique et crayonné est un peu particulier, mais je l'ai trouvé parfaitement adapté au thème de cet album.
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Congo 1905, Le Rapport Brazza : Le premier ..

1905, après le scandale sur les conditions de la colonisation Belge au Congo, et suite à une affaire de cruauté révélée concernant le Congo français (qui à l’époque, incluait le Gabon et la Centrafrique), on renvoie Pierre Savorgnan de Brazza enquêter sur les conditions de cette colonisation. C’est lui qui en avait ouvert la voie, en idéaliste, rêvant d’apporter les bienfaits de la civilisation, quelques années auparavant. Le constat est accablant, ses successeurs ont ouvert la voie à l’exploitation des ressources par des compagnies privée et sont même complices des exactions les plus terribles : exploitation, esclavage, répression violente…

À l’époque, le rapport indigné de Brazza était passé aux oubliettes, l’affaire est restée secrète pendant une soixantaine d'années, et exhumée par hasard. Cette bande dessinée reprend les faits avec exactitude, s'attachant au voyage de Brazza ainsi qu'aux méandres politiques qui l’entourent. Tristan Thil est un auteur engagé, il a scénarisé cette histoire sans grandiloquence ni exagération, la seule exagération du récit émane du discours de l’avocat des tortionnaires, odieusement raciste (les témoignages des noirs ne valent rien !). Le ton est juste, servi par un dessin brut et vivant, parfois simplement esquissé, les dessins du jugement au tribunal ressemblent à ce qui se fait toujours dans les tribunaux ou les photos sont interdites, les décors de la jungle s’imposent par leur simplicité et contrastent avec ceux de Paris, la couleur est posée en aquarelle, rapide et juste, presque du carnet de voyage malgré une mise en page de bande dessinée classique.

Cette lecture est édifiante et glaçante, bien qu’aujourd’hui on ne soit plus dupe sur les méthodes et les finalités de la colonisation, et elle laisse un constat amer sur l’Afrique d’aujourd’hui.

À lire pour découvrir la “belle” histoire de la colonisation, ou plutôt sa vraie et répugnante histoire et l’ignominie et l’hypocrisie de la raison d’État et de l’organisation capitaliste du monde.
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Un sac de billes, tome 2 (BD)

La très bonne impression suite au premier tome se confirme. Les tribulations des Joffo à travers la France occupée continuent afin d'échapper à la police de Pétain, puis aux Allemands qui prennent le relais des Italiens. Menton, Aix, Nice... tous les endroits recèlent leur lot de dangers, de trahison, de rafle...



Maurice et Joseph, leurs frères aussi, vont vivre sur le fil du rasoir, façon débrouille. Les premières pages où Maurice explique le schéma pour convertir des tomates en riz, en savon à barbe, etc. c'est édifiant. Plein d'autres petits détails viennent nourrir le récit, comme le fait de gratter le numéro des tickets de rationnement pour passer d'un 4 à un 1... pour convertir les féculents en sucre...



Le tout est mené avec tact, humanité, tendresse, humour et sobriété. Pas de pathos inutile. Les faits se suffisent à eux-mêmes.



Vincent Bailly fait un travail graphique tout à fait remarquable. Le jeu des couleurs ou du soleil, les teintes automnales... tout cela donne du corps au récit.
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Un sac de billes - Intégrale (BD)

Il m'a manqué de l'émotion dans cet album. Je m'attendais à vibrer au gré des péripéties rencontrées par les enfants Joffo et je suis un peu déçue. De plus, le graphisme me semble trop brouillon, pas assez détaillé. Cependant, je trouve la colorisation superbe et l'histoire très prenante, cela m'a donné envie de découvrir le roman "Un sac de bille".
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Lorraine Coeur d'Acier

Moins de deux années, de mars 1979 à janvier 1981... c'est la durée de vie de Lorraine Coeur d'Acier (LCA), radio libre émettant dans le bassin de Longwy. Une radio où tout le monde peut prendre la parole, pour défendre l'emploi dans ce bassin sidérurgique meurtri, ou le droit à l'avortement.



Cet album retrace la courte mais intense existence de LCA, sur fond de lutte ouvrière. Cette histoire m'a touché car elle évoque, à travers un épisode dont j'ignorais tout, le passé récent de la Région qui est devenue la mienne, la Lorraine. Ce récit constitue ainsi un superbe hommage à celles et ceux ayant permis de faire vivre cette tribune...
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Lorraine Coeur d'Acier

Lorraine Cœur d'Acier (2021) est un roman graphique de Tristan Thil (scénario) et Vincent Bailly (dessin). 1979. Le plan Davignon menace de liquider la sidérurgie dans le bassin lorrain. A l'instigation de la CGT, deux journalistes créent une radio libre pirate et donc illégale. Malgré les tentatives de brouillages des autorités et les inquiétudes de la CGT sur la liberté des invités, Lorraine Cœur d'Acier tient le cap pendant plus de deux ans. Une bande dessinée réussie et instructive au cœur de plusieurs luttes.
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Un sac de billes - Intégrale (BD)

Adapter un classique en BD n'est pas chose aisée.

Ici, l'histoire de Joseph Joffo, que j'avais dévorée à l'époque, tombe un peu à plat sans la dimension psychologique et les états d'âme du jeune narrateur.

Cette histoire incroyable, celle d'un petit garçon et son frère traversant seuls la France occupée par les nazis lors de la seconde guerre mondiale, reste à découvrir, et mieux vaut en bande-dessinée que pas du tout.

Mais je conseille avant tout la lecture du roman.
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Un sac de billes, tome 1 (BD)

Un sac de billes, c’est d’abord un récit autobiographique qui a connu un vif succès en librairie à travers le monde. C’est également l’histoire de deux frères d’origine juive qui doivent fuir à travers la France de 1941 alors occupée par l’armée allemande. Kris et Bailly après leur « coupure irlandaise » réussissent parfaitement leur adaptation du roman de Joseph Joffo en donnant un équilibre à une série qui oscille entre plaisir, émotion et réflexion.



Le port obligatoire de l’étoile jaune sera le déclencheur de cette fuite car les parents des deux garçons craignent le pire. L’Histoire leur donnera malheureusement raison. L’Etat du Maréchal Pétain a depuis longtemps bafoué les trois principes de la République : liberté, égalité, fraternité.



On va suivre dans cette première partie le périple de ces deux gamins qui ne peuvent plus aller à l’Ecole. Il faut fuir pour ne pas tomber entre les mains de la Gestapo. Ils vont franchir la ligne de démarcation sans papier pour se mettre à l’abri.



Les dialogues sont authentiques et pour cette raison aussi intéressants. Il y a un véritable plaisir de lecture lié à cette addition entre sensibilité et humour subtil dans le récit. En effet, malgré l’extrême dureté du propos, on ressent également une sorte de légèreté sous-jacente, presque une bonne humeur. Ce n’est pas déroutant. C’est juste touchant !



Il est clair qu’une telle œuvre ne peut qu’interpeller le lecteur. Comment la haine peut-elle amener à discréditer une catégorie de population en y incluant également des enfants ? On pourrait penser que l’on a appris de l’histoire mais celle-ci recommence invariablement. Les informations politiques actuelles ne semblent pas donner bon espoir.



Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4/5 - Note Globale: 4/5
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