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Citations de Vincent Borel (101)


Mariette savait le faire jouir comme aucune n'y réussissait. Elle pratiquait cet art délicatement honteux de la fellation que les femmes de condition ne connaissaient pas ou refusaient... Toutes ses amours avaient été des Astarté, des Séraphina, des Vénus, des Isis ; Mariette avait été sa Fellatrix.
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Les artistes connaissent des fulgurations, des anticipations d'événements. Peut-être est-ce dû à une sensibilité exacerbée, au travail incessant d'un esprit qui aiguise ses capteurs comme l'insecte caresse ses antennes, les lubrifie et les électrise.
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-L'oeuvre d'art est un acte de vie... L'homme ne peut vouloir que l'universel, le vrai, l'absolu, sa propre absorption, non dans l'amour de tel ou tel objet, mais dans l'amour en général. Ainsi l'égoïste devient communiste, l'Un devient Tout. L'homme devient Dieu et l'artifice l'Art.
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La déchirure se propage comme une vibration profuse. Il se revoit adossé contre l'orgue antique, l'un de ces monuments que Johann Sebastien Bach, expert en facture instrumentale, venait réparer et accorder. Les poumons de la machine ronflent, les tuyaux de montre et leurs flûtes titanesques jubilent, les flots métalliques de chaque jeu résonnent à travers le bois jusque dans sa chair. Richard est incrusté contre l'instrument-monde comme le coquillage à la quille du navire. Et il fend les flots sonores.
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C'est une règle de l'Ancien Régime que de voir les artistes ne pas survivre au mépris de leurs maîtres.
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Barcelone arrache les pages des siècles pour apprêter les langes d'un monde sans visage, au futur incertain et aux gestes impardonnables, qui a pour nom Révolution. A minuit, il n'y a plus aucune lumière dans la ville pour en montrer la gésine, sauf les torchères des dizaines de bâtiments incendiés qui éclairent d'un jour fuligineux les terrasses où courent les assassins solitaires.
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- Ce que j'aime le plus chez les riches, se dit Shaw en observant les visages qui se sont soudain figés autour de lui, c'est leur argent. Il leur donne un esprit dont ils ne se doutent même pas.
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Les gens de bien n'ont pas eu à descendre vers les Ramblas, ils n'ont eu qu'à faire sortir la voiture par le chauffeur et franchir les grilles de leurs villas de Sarria et de Pedralbes, ces quartiers où l'on n'entend que les perruches, cris de paon et bonnes d'enfants.
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Il n'y a jamais eu de chambres à gaz à Mauthausen.
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Jadis, dans les jardins du Palais-Royal, nous avions bien ri [Lully et Louis XIV]. À présent nous dansions. Quoi de plus naturel ? Je me mis peu à peu à lui créer sa musique, adaptant mes notes à ses pas. Je l’anticipais, je le devinais, je jouais avec lui. Cela le dégourdissait, lui donnait de la confiance et affermissait son jeune corps. Il devenait un adolescent joliment charpenté et je me prenais à jouir de sa beauté, tenue par le seul mouvement de ma pochette.
Je le regardais, je le dirigeais par mon jeu et mes notes. Je lançais sa jambe, je bombais son torse, j’abaissais son postérieur. Par tous ces petits services, comme pour le plaisir que nous trouvions à danser ensemble, nous nous prîmes d’une affection de plus en plus prononcée.
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C'est donc toi ce superbe concert d'opacités et de transparences floues où des ectoplasmes dans toutes les nuances de gris évoluent autour des vertèbres ardoise, s'alanguissent, frémissants et sombres, dans le panier ouvert du bassin. L'articulation des fémurs couleur perle semble de guingois, bien malhabile pour la triomphante locomotion de nous autres, les êtres debout. Entre tes côtes les poumons pommelés sont ailes de papillon mou au centre desquelles s'estompe un soleil laiteux. De côté te voilà cage thoracique, de face grillage anthracite avec le solide pointillé de la claire colonne vertébrale et le plomb diffus des chairs adjacentes. Tu oublies que c'est de toi qu'il s'agit, toi l'être devenu gris argent, produit opacifiant oblige, et qui ressort, illuminé comme un néon, de la salle radioactive. Avec ta peau couleur métal tu fais peur et comme tu es venu habillé en vert, cela te donne une teinte encore plus extraterrestre.
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Il perçoit des rires quand les lumières décroissent. Tout à son trac, Anton ne s'est guère inquiété de son accoutrement. « Ses chaussures! » entend-il murmurer depuis les premiers rangs de la salle. Anton baisse les yeux. Il en a mis une marron et l'autre noire ! « Quel clown ! » grince le second violon, qui pousse du coude le troisième, lequel fait de même à son voisin.
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La survie impose de se renier, Garatafas. Sans cela, serais-tu encore de ce monde ? Se renier, ce n’est point mourir à soi-même, c’est mourir aux autres pour revivre, pleinement et librement.
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Vincent Borel
Au coeur du Ballet d'Alcidiane je plaçai un ballet en abyme. C'était le roi donnant sa symphonie - c'est-à-dire la mienne - à la cour d'Alcydiane, cette reine idéale du pays de Cathay, et qui n'était autre que la précieuse Marie. Métamorphosé, il n'était plus ce petit jeune homme timide qui dansotait du popotin en pinçant une timide guitare. Il était devenu un astre dominant les étoiles. J'avais passé toutes les musiques de mon temps au soleil de mes passions et voilà que le corps du plus éclatant des rois était sublimé par l'oeuvre de Baptiste. Mais lequel au juste sublimait l'autre ?
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Vincent Borel
Passant sans cesse de l'exaltation à l'énervement, de l'anxiété à l'enthousiasme, j'inventai ce qui est resté ma signature dans l'histoire de la musique : la très fameuse ouverture à la française. Ce truc jaillit de mon sac à malices deux heures avant la première représentation. Insatisfait de tout, je ne savais comment lancer l'énorme machine du ballet. Ayant encore sur les lèvres l'âcre senteur des baisers de Louis et les trépidations de nos étreintes, je griffonnai sur le papier de puissants accords que l'orchestre devrait entonner le plus fortement possible.
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Vincent Borel
Ces portefaix demi-nus, ces servantes aux mollets galbés, à la poitrine où perle la sueur, ces hardis seigneurs aux jambes moulés dans la soie chatoyante, ces artisans battant d'un bras musculeux le fer ou la pâte à pain, tout invite à de païennes extases sous l'argent d'un soleil qui transfigure. Les stucs subtils de ces corps hissés au-dessus d'eux-mêmes par la lumière toscane m'apprirent l'émotion physique, ils suscitèrent en moi le violent désir de leurs bombements, de leur épaisseur, de leurs déliements. Comme si le Créateur avait ici placé l'harmonie ; comme si, à Florence, Il avait soudé l'endroit et l'envers de l'humain en un parfait équilibre.
Ici, la beauté coule en farandoles, elle s'enfle de carnavals. Une aptitude innée à la joie à partir d'un rien : une épaule tendue, une veine courant sous le cuir rude, l'indéracinable et naïve convoitise qui guide chacun vers l'autre, tout paraît vouloir attiser d'insatiables ardeurs. Le désir à chaque rue sait nous surprendre. Pourquoi s'en défendre ? Ghiberti, Cellini, Donatello, Buanorroti lui-même, eussent-ils pu cueillir ailleurs l'humaine beauté autrement qu'en la cité de mon enfance ?
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[p.123.] C'est aussi cela que je nomme liberté : ôter de son corps toute entrave, le laisser jouir de cette nature dont il est une émanation sublime. L'amour devrait être ainsi, Richard. Pour moi, le mariage est une autre forme de sujétion. Il lie des patrimoines et des héritages. Où sont la sincérité, le don et la naïveté? Qu'entendons-nous par mariage? Ne serait-ce pas plutôt une obligation, le refuge des pusillanimes, le cocon des geignards?
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Créer représente bien plus qu'un divertissement. Richard sait cet acte être son unique destinée. Ce n'est pas un vain mot, romantique et grandiloquent. Son être n'a simplement aucune autre issue. Retourner dans ses mondes intérieurs lui évite de vouloir trancher le fil de ses jours, une tentation qui, toujours, rôde. Oeuvrer le rend maître de son destin. Est-il plus grand don offert par le Créateur à sa créature que de l'instaurer, à son tour, démiurge ? Sans cela, le monde serait un néant dans lequel on peut refuser d'errer.
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Richard ne pouvait dormir. Il sortit nu dans la nuit couvert d'un drap blanc. Qui l'aurait croisé l'aurait pris pour un fantôme. Il courait à travers bois. La lune pleine montait et l'herne carressait ses mollets d'une tiédeur troublante. Cela le prenait, l'enveloppait. Des ardeurs inconnues l'échine et les cuisses. Son désir s'affirmait, total et lunaire. Il n'y eut poourtant rien d'onaniste en cette nuit d'éros primitif ; aucune semence wagnérienne ne fut répandue dans l'herbe pour y nourrir la mandragore et affoler la sorcière. C'eût été gaspiller imprudemment une énergie sacrée, alors que son corps, libre, chantait dans l'espace. Derrière son front, les sons explosaient en éclairs de couleur.
Il voyait comment accorder les flûtes et l'aigu des cordes ; le frémissement des branches argentées tintait comme des crécelles et des cistres. Sous la lune, ce soleil blême, les fûts prenaient allure de silène et de faunes, les rochers de plus en plus dénudés vers le sommet de la Wostrai bondissaient en croupes dodues et en tétons d'albâtre. La nature entière, sous cette pénombre païenne, chantait le bonheur sans contrainte. Richard, nu, était en accord avec le cosmos. Cette sensualité, la joie qu'elle lui procurait, le bien qu'elle ordonnait, tout cela serait le sens de son art à venir. Après Rienzi le politique, Tannhäuser le poète libérerait le corps des contraintes de l'esprit bourgeois. Il les enjôlerait par la grâce d'une musique encore inouïe, il les emporterait en une transe nouvelle.
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Bakounine parlait aux ouvriers ; Richard écoutait la symphonie de leurs corps en action. Un orchestre nouveau naissait sous ses yeux. Il était organique, généreux et naturel. C'était celui de la découverte du feu et de la naissance de l'outillage. Il avait vu le jour dans les ateliers des tailleurs de silex et de haches. Les hommes premiers avaient vu luire, dans les entrailles de la terre, des roches aux éclats de lumière, parfois striées d'un vert jaunâtre ou d'un roux surprenant. Le rythme du travail avait dompté ces mystères. Les couleurs tirées des plantes et de la terre avaient animé les représentations animales sur les parois de leurs antres secrets.
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