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Citations de Violette Leduc (500)


L'admirable Tchékhov est une absence totale de littérature. C'est la continuité dans le dépouillement, l'extraordinaire pauvreté. Je me sens un écrivaillon si je pense à l'humilité de son art. Genet disait que j'étais vaniteuse dans le choix des mots, des images. C'est juste. J'écris ainsi, c'est triste et je dois en prendre mon parti.
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Je montai dans le train. Mon premier grand voyage toute seule. J’étais libre, libre avec des naseaux de cavale. Tout se présentait, tout se proposait, j’allais au-devant de tout, je l’atteignais, je le laissais à la vitre du train. Hermine m’écrira-t-elle encore ? Ma mère m’attendra-t-elle à la gare ? Oui puisque la directrice lui a télégraphié l’heure de mon arrivée. Y aura-t-il un nouveau drame ? Mon cœur… un métal qui vibre.
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Nous avons effleuré et survolé nos épaules avec les doigts fauves de l'automne. Nous avons lancé à grands traits la lumière dans les nids, nous avons éventé les caresses, nous avons créé des motifs avec de la brise marine, nous avons enveloppé de zéphyrs nos jambes, nous avons eu des rumeurs de taffetas au creux des mains.
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L'enfant retient sans comprendre : un océan de bonne volonté recevant un océan de paroles.
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La cour fut à nous. Nous courions en nous tenant par la taille, nous déchirions avec notre front cette dentelle dans l'air, nous entendions le clapotis de notre cœur dans la poussière. Des petits chevaux blancs chevauchaient dans nos seins.
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Mon visage est impardonnable. Ma laideur m'isolera jusqu'à ma mort. Je recommencerai seule les journées. Ne pas faiblir. Je me détourne vite de la laideur d'un autre parce que la fraternité est trop cuisante. Quand un être au visage ingrat s'assied à côté de moi dans le métro, je suis dans les noces de sang. Alors je change de place. J'ai adopté le comportement indifférent pour la laideur des autres. La preuve de mon respect le plus profond.
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On le regardait, on le regardait encore.
À force de se glisser sous l’eau avec ses « pouches » de tabac son corps avait la nonchalance d’un roseau. Si grande était sa souplesse qu’on l’eût cru vêtu de l’onde, sa complice. Entre les cils, s’écoulait un regard indifférent. Ses lèvres minces devaient plaire à ceux qui s’acharnent aux êtres de fuite. Il avait de belles mains.
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La caresse est au frisson ce que le crépuscule est à l'éclair.
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J'ai su que j'avais été privée d'elle avant de la rencontrer.
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Prends des forces, dors où tu pourras, fortifie-toi pour la nuit prochaine, pense à notre avenir de ce soir.
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J’entends son rire. J’entends le rire d’un disparu. Je ne peux pas avaler ce caillot de tendresse. J’entends encore pendant que je me promène sur une corde raide avec mon chagrin.
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Il y a deux privilégiés et un malheureux quand on est trois.
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Ma mère ne m'a jamais donné la main... Elle m'aidait à monter, descendre les trottoirs en pinçant mon vêtement à l'endroit où l'emmanchure est facilement saisissable. Cela m'humiliait. Je me croyais dans la carcasse d'un vieux cheval qu'un charretier tirerait par l'oreille...
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Mon baiser est intègre lorsque j'embrasse indirectement la peau. La bouche s'épuise, la faim persiste.
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La Bâtarde sort en livre de poche. La couverture est immonde. Je t'embrasse fort. Vite des nouvelles. Embrasse Michel, René, Marcelle.

Violette Leduc
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J'enfournai ma personne dans un wagon du métro, je lus, hébétée, les manchettes des journaux par-dessus l'épaule des voyageurs. Des hommes et des femmes s'étaient entre-tués la nuit, pendant que le taxi nous avait emmenés.
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Lettre à Simone de Beauvoir
[Paris.] Mardi [automne 1950]
Chère Simone de Beauvoir,
Comme vous étiez belle, comme vous êtes belle lorsque vous apparaissez avec votre manteau noir, votre manteau de fourrure et lorsque vous apparaissez sur la banquette des restaurants avec votre tailleur, votre jersey blanc, votre velours rouge, vos bijoux. Comme vous êtes mince, élégante, altière. Quelle affirmation lorsque vous entrez dans le café. Comme votre arrivée hier a été amicale. Je m’interdisais de vous écrire que je vous aime depuis que je suis revenue de Montjean. Aujourd’hui je ne peux pas me taire. Notre soirée s’est prolongée jusqu’au matin, se prolongera jusqu’au soir. Je n’ai pas dormi et j’ai réfléchi. J’ai compris pendant cette longue insomnie efficace que je vous offense lorsque je vous dis que je ne crois plus à mon livre [Ravages]. Vous, vous y croyez, vous consacrez des heures, des soirées à mon travail et puisque j’ai confiance en vous je dois travailler avec simplicité, sincérité, avec modestie surtout. Écrire est devenu mon métier grâce à vous. Il faut que j’exerce ce métier avec honnêteté, fermeté, conviction. Pendant que j’écrirai des livres mon sentiment pour vous, mon amour ne sera pas stérile. Il est stupide de vous raconter mes études pianistiques dans le passé. Vous savez mieux que moi tout ce que j’ai raté. La nuit dernière j’ai pris l’engagement de continuer d’écrire dans le cas où ce troisième livre ne réussirait pas mieux que les précédents. J’ai un lecteur pour chaque livre qui vaut dix mille, cent mille lecteurs, c’est vous. Je ne veux plus de ce mauvais déclic, toujours le même vers minuit, que j’ai eu au « Harry’s Bar ». C’est de la mauvaise féminité, de l’infantilisme, une contorsion, une grimace comme vous dites. Je sais depuis la nuit dernière que cette petite crise est un refoulement sexuel, mon découragement littéraire, un prétexte. Ne parvenant plus à me dominer en vous voyant, en vous désirant, je me veux triste pour me sauver, pour attirer votre attention. Je lutterai de toutes mes forces au « Harry’s Bar ». Apprendre à renoncer, à mériter votre amitié, les soirées que vous me donnez. Vous m’avez demandé plusieurs fois si j’avais revu l’amie avec qui j’ai vécu neuf ans. Non. Je vous l’écris avec simplicité, dans l’équilibre, sans complexe de culpabilité : je suis un tel monstre de méchanceté, d’égoïsme, de bassesse, de cupidité, une telle hystérique que Denise, le mari, ont fui. Je leur ai laissé de très mauvais souvenirs. J’ai été basse. Il y a eu aussi des petites saletés morales avec le couple de Rennes dont vous m’avez parlé hier. Je vous aime, j’ai donc peur souvent de vous perdre ou bien de perdre un peu ce que j’ai de vous. Enfin je n’ai que vous sur tous les plans. Vous êtes ma famille, mon travail, mon indépendance. C’est pour vous que je tends vers certaines perfections mais je flanche aussi. Quand je ne vous dis pas franchement mes bassesses, j’ai peur, je vous crains. Mais je ne vous cache rien chère Simone de Beauvoir.
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Assise à ma table, j'essaie d'écrire. Pendant que j'essaie, je me délivre laborieusement et innocemment de mon incapacité d'écrire bien. Ma plume grince. Je gémis avec elle. Nous gémissons pour rien. Nous formons ensemble des mots inutiles. J'ai honte d'infliger ce travail à ce petit objet capable. Pendant que je m'efforce, je trace la voie à mes impossibilités et je les oublie.
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Je voulais tout dire et j'ai tout dit. C'est seulement en cela que je n'ai pas échoué. Mon texte est plein d'images. C'est dommage. Mes roses, mes nuages, ma pieuvre, mes feuilles de lilas, ma monture, mon paradis du pourrissement, je ne les renie pas. Je visais à plus de précisions, j'espérais des mots suggestifs et non des comparaisons approximatives. Il y avait autre chose à dire, je n'ai pas su. J'ai échoué, je ne doute pas de mon échec.
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Combien dans une demi-livre de café ? Les grains qu’elle prenait par poignées, dans le paquet, tombaient un à un dans le saladier. Elle comptait, sa main tremblait à cause de son souci d’économie. Elle frissonna, ses jambes se dérobèrent. Trop d’efforts pour une sous-alimentée. Périr après avoir dépéri. Elle se nourrissait de sa salive, elle domptait sa faim, sa tête s’étalait sur son épaule, ses pieds étaient des crachats. Ses yeux se fermaient entre les battements des tempes, les pulsations dans ses oreilles l’exténuaient, elle se rendait. Non. La nuit en elle la reposait, c’était un pardon qu’elle n’avait pas demandé.
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