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Critiques de William Blanc (63)
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Les historiens de garde

Le très médiatique Lorànt Deutsch et le plus secret Patrick Buisson contribuent à une instrumentalisation du passé, au service de la fabrication politique et idéologique d’un roman national, support d’un patriotisme identitaire et rétrograde. Les historiens William Blanc, Aurore Chéry et Christophe Naudin, en démontrent, par un travail critique méthodique, l’imposture et les approximations délibérées. Ils mettent en lumière ce que cache cette réécriture de l’histoire : apologie de la monarchie, nostalgie d’un passé fantasmé, révolutions réduites à des instants de terrorisme sanglant, etc.

(...)

Fort utile mise au point pour déjouer les sirènes médiatiques.



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Charles Martel et la bataille de Poitiers :..

MAIS OÙ EST CHARL(I)ES...?



«En 732, Charles Martel arrête les arabes à Poitiers.»



Quel élève un peu attentif des programmes de cours élémentaire n'a gardé en mémoire cette phrase, aussi lapidaire que, à bien y regarder, sibylline ? Pourquoi sibylline ? Parce que tellement rarement contextualisée qu'on peut y mettre un peu tout ce que l'on y veut, selon sa sensibilité politique, selon ses connivences, selon ses engagements, ses convictions ou sa retenue (comme si l'histoire devait inévitablement en passer par tout cela...). Alors, reprenons :

- 732 ? Oui, sans doute. Quoi que ! Selon les sources, il pourrait tout aussi bien s'agir de 733 (l'autre année la plus plausible) mais aussi 731 ou 734 !

- Charles Martel : C'est probablement la seule certitude, le "Maire du Palais", fils de Pépin de Herstal, père de Pépin le bref (fondateur de la dynastie des Pippinides et grand père d'un autre Charles bien plus célèbre, à savoir Charlemagne - NB : Carolus Magnus -) fut bel et bien aux commandes de cette bataille mais, a contrario de ce que laisse supposer son "wikipedia" (au passage totalement invraisemblable d'inexactitudes, d'à-peu près historiques et de subjectivité mémorielle. Les "historiens de garde" de l'extrême-droite veillent au grain sur ces pages...), son surnom de "Martel" n'a possiblement pas grand chose à voir avec son arme de prédilection au moment des faits ni sa supposée vivacité à écraser le chef des malheureux Sarrasins qu'il eût à occire alors, mais plus probablement bien plus avec son caractère, y compris belliqueux, prompt qu'il était à briser toute forme de résistance à son pouvoir. Sans omettre de préciser qu'il fallait aussi un moyen de ne pas le confondre avec les autres Charles qui lui succédèrent ("Le Grand", "Le Pieux"). Quoi qu'il en soit ce pseudonyme ne sera généralisé qu'à partir du XIIIème siècle... Ceci n'est qu'un détail mais montre à quel point l'histoire de Charles Martel et de sa victoire sur les Sarrasins est, pour une large part, une construction ultérieure à sa réalité historique, laquelle demeure, toutefois, factuellement incontestable.

- Les "arabes" : Quels ? Ceux qui prirent La Mecque en compagnie de Mohammed un siècle auparavant ? Les conquérants de El-Andalus ? Des berbères, des Maures, des sarrasins ? Des guerriers avec toutes leurs familles, ainsi que certaines sources l'affirment, ou seulement des militaires aguerris sous commandement de l'émir et général omeyyade Abd el-Rahman - qui y perdra d'ailleurs la vie - en quête de razzias, de pillages tels que notoirement pratiqués alors, ainsi qu'il est par ailleurs avéré et certainement bien plus probable que cette idée d'une invasion prévue de longue date de la Gaule sous domination franque ? Sous cette dénomination - "les Arabes" - tellement générale il y a tellement le risque de mettre toute la complexité du monde arabo-musulman de l'époque dans un même fourre-tout tellement aisément réutilisable, sans aucune prévention ni sérieux plus d'un millénaire plus tard, que d'aucuns ne se sont d'ailleurs pas gênés pour le faire, depuis Chateaubriand en passant par l'abject Drumont (même si leurs thèses ne se chevauchent pas forcément exactement) et autre contempteur du fameux, fumeux, "choc des civilisations" théorisé et promu par l'universitaire américain Samuel Huntington, jusqu'aux discours extrême-droitisant de l'influent groupuscule "génération identitaire" de triste réputation, repris plus ou moins en cœur par certains membres du Front National ou du MNR de Bruno Megret. Voire par des "historiens" médiatiques bien en place tel que Dimitri Casali qui intenta un procès en sorcellerie - sans étude solide à l'appui autre que son propre sentiment - à l'encontre des auteurs d'ouvrages pédagogiques ou des concepteurs des programmes scolaires accusés de supprimer toute référence à Charles Martel à des fins strictement idéologiques. L'essai de William Blanc et de Christophe Naudin démontre, entre autre, à quel point ce genre d'assertion ne tient pas au regard de l'historiographie de notre "héros" du moment.

- Poitiers : c'est jusqu'au lieu précis de cette bataille qui s'est perdu dans les abîmes du temps. Le site de Moussais-la-Bataille (commune de Vouneuil-sur-Vienne au sud de Châtellerault) est aujourd'hui généralement retenu mais, à être honnête, rien ne permet d’accréditer irréversiblement ce site plus qu'un autre, entre Poitiers et Tours, les sources écrites étant, là encore, bien trop précaires et postérieures aux faits pour permettre la moindre affirmation sérieuse et surtout définitive.

Quant au nombre de victimes et au déroulé de cette bataille - dont tout laisse à penser que les témoins de l'époque ne les retinrent pas comme suffisamment essentiels pour en tenir chronique ou édification par un chant, un lai, etc -, tout laisse ainsi à penser que nous ne connaîtrons jamais ces "détails" et que le chiffre parfois avancé de 375 000 victimes du côté Sarrasin contre seulement 1 500 du côté des francs (rejoignant à la rescousse les aquitains de Eudes d'Aquitaine... qui aurait -rien n'est moins sûr- d'abord conclu des alliances avec ces mêmes Sarrasins), il y a tout lieu de croire que le chroniqueur médiéval, en l'occurrence Paul Diacre, les a confondus avec les pertes subies durant une autre bataille d'importance au moins équivalente bien qu'oubliée aujourd'hui, à savoir la bataille de Toulouse en... 721 (On sait par ailleurs que le chiffre avancé des victimes de ce conflit est déjà très fortement exagéré).



Pourquoi une telle mise en train ? Afin de garder en mémoire que tous les vendeurs de certitudes faciles, de vérités supposément éternelles, que les contempteurs de discours clé en main, les concepteurs de romans nationaux lénifiant ou arrogant usent et abusent de leur subjectivité souvent immédiatement assujettie à leur volonté d'instrumentaliser l'histoire, d'en faire un moyen de propagande dans le but de justifier des thèses éventuellement malsaines - pour ne pas dire mortifères - ou, à tout le moins, sans grand rapport avec une étude sérieuse, passionnante mais dépassionnée de cette matière Ô! combien fragile dès lors qu'il s'agit de remonter le temps long et tout particulièrement en ces époques que les britanniques qualifient "d'âges sombres" ("dark ages"), où les sources olographes sont relativement minces et très souvent sujettes à caution. Certes, cette instrumentalisation de l'histoire n'est en rien nouvelle - c'est par ailleurs ce que nos deux auteurs expliquent avec brio - mais elle n'a peut-être jamais atteint une telle force de frappe, une telle capacité de pénétration des esprits qu'aujourd'hui, entre réseaux sociaux, médias "mainstream" et éditions papier à fort tirages.



Il va sans dire que la recherche scientifique mise en oeuvre ici quant à l'Histoire de cette fameuse bataille et de ses diverses interprétations au fil des siècles répond exactement à ce besoin - urgent, impérieux - de tordre le cou aux idées reçues et de se retourner vers les sources, toutes les sources, du moins celles qui auront échappé au ravages du temps.

Ainsi en apprend-on, dans ce considérable ouvrage, non seulement beaucoup plus sur Charles Martel et sur ce combat lointain entre la cavalerie légère sarrasines et la lourde infanterie franque (la puissante chevalerie franque, trop souvent avancée comme explication de cette victoire, n'apparut véritablement qu'à partir de Charlemagne), mais aussi sur la conquête des arabes après la disparition du "Prophète", sur les rapports internes entre conquérants (Omeyyades, Abbassides, Arabes, Berbères, etc), sur ceux entretenus entre l'Islam et la Chrétienté d'alors, sur la politique menée par l'antique Maire du Palais (bien plus soucieuse d'assurer son pouvoir face aux germains et aux saxons, à l'est, qu'aux arabes au sud-ouest), nul doute que le pépinide eût lui-même considéré cette grosse échauffourée comme un moment parmi bien d'autres de ses innombrables coups de force, etc. Mais les deux auteurs, William Blanc et Christophe Naudin vont beaucoup plus loin. Afin d'expliquer comment, quelque mille trois cents années plus tard, une frange, certes minoritaire mais influente, du spectre politique français (pour aller vite : l'extrême-droite ainsi qu'une frange "dure" de la droite conservatrice) ont pu faire de Charles Martel le héraut de leurs luttes contre les migrations et l'Islam, nos deux historiens montre quelle fut l'influence de l'image du francs à travers l'histoire. Le moins qu'on puisse en dire, c'est qu'avant le dix-neuvième, il ne laissa qu'un souvenir modeste, diffus, très souvent ambigu, n'étant guère plus apprécié de la plupart des rois de France (ne fut-il pas, en quelque sorte, un usurpateur ? Or, comment une monarchie encourageant la stabilité, l'ordre, le droit divin auraient-ils pu glorifier telle attitude chez un prédécesseur, lui préférent, par exemple, l'image beaucoup rassurante et positive de son petit-fils, Charlemagne ?) que de l'église, celle-ci ne lui ayant jamais pardonné sa confiscation de biens séculiers à fin de récompenser ses hommes (pratique qui se faisait pourtant régulièrement en ces temps lointains). Par ailleurs, jamais en ces temps longs de la France monarchique il n'est question de Charles Martel comme du défenseur de la chrétienté contre l'islam conquérant ni de l'affrontement entre deux civilisations que tout aurait opposé. C'est dire si l’interprétation donnée aujourd'hui par d'aucuns est presque strictement contemporaine et répond bien plus à des angoisses politiques, des thématiques culturelles et sociétales, des idéologies actuelles qu'à une quelconque réalité tant historique que mythographique.



Et puis, il y eut le XIXème siècle au cours duquel s'inventa la Nation française puis, après la défaite de Sedan et la montée en puissance de la IIIème République, l'émergence du "sentiment national" ; une période durant laquelle, «alors que se crée dans les années 1880 un nouveau «nous» - le corps civique - s'affirme en parallèle un nouveau «eux», une figure inédite de l'étranger que le personnage du Juif va incarner» nous expliquent les deux historiens. Ainsi, ce siècle débute-t-il avec la remise au goût du jour de Charles Martel par François-René de Chateaubriand dans son célèbre essai "Le Génie du Christianisme" où l'auteur de René «craint une idée, le despotisme, ici incarné par l'Islam et l'Orient» tandis que le second, une cinquantaine d'années plus tard, «Drumont, lui, place le propos sur le terrain racial», et là est la grande "nouveauté" de la fin de ce XIXème siècle, s'agissant, toujours selon William Blanc et Christophe Naudin, de la figure de Charles Martel dans les mémoires et dans les intentions propagandistes. Malgré tout, et a bien regarder l'état de l'édition, tant littéraire que pédagogique de cette période moderne jusqu'à notre contemporanéité, on peut affirmer sans malice que le fameux Charles ne martèle guère son ouvrage auprès des consciences ni des "chères têtes blondes" et demeure un personnage certes important mais toutefois secondaire, Jeanne d'Arc (plus qu'aucun autre personnage du Moyen-Âge), Louis XI, St Louis, les invasions vikings et autre Charlemagne lui damant le pion sans aucun conteste possible, recherches documentaires à l'appui.



Il aura cependant fallu l'émergence de ces "historiens de garde" - dénoncés ailleurs dans un excellent essai polémique, lui aussi publié par les excellentes éditions Libertalia par nos deux auteurs, en compagnie d'Aurore Chéry - concomitamment à la montée en puissance de groupuscules d'extrême-droite ("Génération Identitaire") ainsi qu'une espèce de course à l'échalote entre anciens amis politiques (MNR de Bruno Megret et FN du consortium Le Pen), les uns et les autres appuyés par les démonstrations sans fondements historiques critiques sérieux de l'américain Samuel Huntington pour que la vision la plus rance qui soit de notre - malheureux - Charles Martel reprenne du poil de la bête, jusqu'à cet insupportable et nauséeux "Charlie Martel" affiché crânement par quelques poignées d'imbéciles dangereux et haineux aux frontispices de leurs réseaux sociaux, après le massacre que l'on sait dans les locaux de l'hebdomadaire satirique. Fort heureusement, des contre-feux se mettent en place, avec patience, avec sapience et très largement au-delà des polémiques stériles mais à force de documentation, de retour aux sources, d'hypothèses souvent prudentes mais aussi très décapantes. Là réside sans aucun doute l'intérêt second (juste après le simple bonheur d'apprendre, de découvrir, d'approfondir ses propres connaissances) de ce volume foisonnant, riche de documents annexes, de notules bibliographiques, d'illustrations soigneusement sélectionnées et d'un index permettant à tout instant toutes les vérifications possibles et, pour les plus passionnés des lecteurs, d'aller y voir d'encore plus près.



Ainsi est-on en droit d'affirmer que nos deux historiens mettent en pratique ce qu'ils appelaient de leur vœux dans leurs conclusions de "Les historiens de garde", à savoir de se réapproprier l'histoire, à partir d'une méthode scientifique éprouvée, continuer à en faire un objet d'étude et de critique permanent mais devant absolument se faire accessible au plus grand nombre, à mille lieues de cet objet figé, plus passionnel et putassier que passionnant, que d'aucuns voudraient nous vendre (on en a encore un exemple d'actualité que nous ne citerons pas plus précisément, de crainte de faire une réclame que cet ouvrage récent ne mérite pas), ayant pour seule finalité de nous gaver d'une conscience historique utilitaire, nauséabonde et dévoyée.

Objectif rempli haut la main tout au long de cet indispensable "Charles Martel et la bataille de Poitiers : de l'histoire au mythe identitaire" se lit (presque) comme un roman et s'il nécessite un rien d'attention, sa lecture en est toujours passionnante, enrichissante, éclairante et, mieux que tout sans aucun doute, questionnante ! Que demander de plus ?
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Les Pirates

TONNERRE DE BREST !



«Des hommes qu traversent les sept mers sur d'immenses vaisseaux à voile arborant le pavillon noir. Des combats au canon, des abordages, des coffres remplis de pièces d'or cachés sur des îles oubliées et dans des cavernes secrètes. C'est souvent l'image que l'on a des pirates. Et pourtant, ils ont été bien plus encore, des hommes et des femmes venus de tous les horizons...»



Ainsi William Blanc entame-t-il ce documentaire jeunesse consacré aux légendaires écumeurs des mers qui va se décliner en dix-huit points thématiques embrassant tout ce que des enfants de 8 à 10 ans peuvent se poser comme questions à leur propos.



Rappelant que l'âge d'or de la piraterie date du début du XVIIIème siècle et qu'il fut, en réalité, assez bref (de 1716 à 1726 pour être plus précis), l'auteur passe en revue tous les aspects de l'existence des "fils de la côte" : leurs navires, la vie des marins, leur "recrutement", le fonctionnement emprunt de liberté et d'une certaine forme d'égalité à bord des bâtiments ayant rejoint le fameux "Jolly Roger" (le pavillon noir), les combats bien entendu mais qui sont remis dans un contexte plus crédible et historiquement avéré que ce qu'une certaine imagerie souvent hollywoodienne a pu propager, à la suite de tous ces écrivains les ayant généralement dépeint sous les traits de forbans malfaisants, sans foi ni loi, presque invariablement violents et même sanguinaires.



William Blanc rappelle par ailleurs fort justement que les équipages étaient constitués de marins originaires de très nombreux pays non seulement européens mais aussi d’Afrique, nombre d'anciens esclaves libérés en mer par les flibustiers - nous sommes en plein développement du sinistre commerce triangulaire - préféraient rejoindre leurs rangs plutôt que de prendre le risque d'être rattrapés par les esclavagistes. Ainsi, sait-on que l'équipage du pirate probablement le plus connu de l'histoire, le mythique Barbe-Noire, était pour moitié composé de "nègres marrons" (c'est à dire d'esclaves en fuite).

Les femmes, en revanche, sont assez peu représentées mais il n'en demeure pas moins que certains noms ont franchi les remous de l'histoire : Ann Bonny et son amie Mary Read sont de celles-ci.

L'auteur passe ainsi en revue quelques unes des personnalités les plus étonnantes de cette incroyable confrérie. Nous avons déjà cité Edward Teach alias Barbe-Noire mais il ne faudrait pas oublier Bartholomew Roberts dont les exploits furent si considérable que plusieurs marines de guerre partirent à sa recherche. Il est vrai qu'en deux années seulement, on lui compte près de 400 prises, dont un navire de guerre de 50 canons portant pavillon du Roi de France ! Il y eut aussi le français (certains le pensent originaire des colonies caribéennes) Olivier Levasseur qui sévira surtout dans l'océan Indien et qui parviendra à prendre par la ruse l'un des fleurons de la marine portugaise, un vaisseau portant 72 canons et nantis d'un véritable trésor, «La Vierge du Cap». Les nombreux exploits de ce capitaine génial seront l'une des sources d'inspirations du très populaire manga One Piece d'Eiichiro Oda.



Avant d'en terminer avec cette histoire aussi brève qu'elle fut riche d'aventures, d'exploits et de légendes, William Blanc évoque l'étonnante Libertalia, probable fruit de l'imagination de marins rêvant de liberté dans un monde où leur condition, sur les navires marchands, ressemblent bien plus à de la servilité volontaire qu'à une promesse de grandeur (quand ce n'est pas simplement la mort due aux privations et aux mauvais traitements) qui les attend, et que Daniel Defoe reprit dans son texte qui participera à forger la légende en marche : "l'Histoire générale des plus fameux pyrates". Libertalia constituera ainsi «une vraie République sous les tropiques, alors qu'en Europe, tous les pays sont gouvernés par des rois», nous rappelle l'auteur.



Avec cet album au format plutôt pratique (couverture dure mais facilement transportable et consultable), William Blanc, accompagné de son compère Thierry Guitard aux illustrations pleines de vitalité et non dénuées d'humour, nous livre un excellent documentaire sur ce monde porteur de tant de mythes, d'histoires, de fantasmes pas toujours exacts et redonne tout à la fois vie et, dans une certaine mesure, dignité et honneur à ces hommes et ces femmes avant tout épris de liberté dans un monde et en des temps où celle-ci n'est l'apanage que de quelques très rares personnes, "bien nées" et de préférences fortunées.



Un ouvrage très complet, donc, et qui en apprendra sans doute autant aux adultes qu'aux plus jeunes auquel il est d'abord destiné !
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Super-héros une histoire politique

Depuis l’apparition de Superman en juin 1938, les super-héros ont envahi la culture populaire planétaire et constituent « une mythologie largement diffusée dans l’industrie des loisirs en ce début de XXIe siècle ». L’historien William Blanc montre comment, imaginés d’emblée comme des « outils politiques » par leurs créateurs issus de milieux modestes, ils ne peuvent être réduits à de simples produits de divertissement : Captain America devait corriger Hitler et Wonder Woman promouvoir l’émancipation des femmes.

(...)

Personnellement peu familier de cet univers, mais toujours curieux de comprendre ce que véhiculent les différentes cultures populaires, cet ouvrage nous aura, sinon réconcilié avec le genre, tout du moins profondément captivé. Loin d’être de simples divertissements, les aventures des super-héros sont indissociables de l’histoire américaine contemporaine, et bien plus subversives qu’elles n’y paraissent au prime abord.



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Charles Martel et la bataille de Poitiers :..

Les historiens William Blanc et Christophe Naudin reviennent sur l’histoire de la bataille de Poitiers, qui opposa en 732 les troupes arabo-berbères du gouverneur d’Al-Andalus Abd-al-Rahmân aux Francs de Charles Martel, puis analysent les souvenirs qu’elle a laissé du Moyen-Âge jusqu’à nos jours, avant d’être très récemment instrumentalisée par l’extrême droite occidentale.

(...)

Avec cette étude, William Blanc et Christophe Naudin montrent que Charles Martel n’a jamais réellement compté dans le « roman national » et que sa toute récente entrée dans la mythologie des tenants de l’islamophobie en fait plus un sujet de polémique qu’un événement central de l’histoire nationale.



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Les historiens de garde

GARE AUX GORILLES...!



S'inscrivant ouvertement dans la veine du célèbre pamphlet philosophique de Paul Nizan - Les Chiens de garde - mais, plus encore sans doute, dans la lignée de son successeur contemporain, succès de librairie absolument inattendu car répondant vraisemblablement à un besoin de compréhension du monde médiatique, généralement nié par ceux qui le domine quotidiennement, que fut la publication de l'opus de Serge Halimi "Les nouveaux chiens de garde", ce Les historiens de garde est une réponse contradictoire à la fois détaillée, précise, complète et engagée à l'encontre de cet engouement, de cette surexposition de ces intervenants médiatiques (écrits ou audiovisuels, lorsque ce n'est pas sur l'ensemble de ces moyens communicationnels qu'on les retrouve) aussi omniprésents qu'ils s'avèrent, bien plus que des historiens sérieux et solides, de véritables machines à populariser des thèses a minima farfelues mais généralement ouvertement réactionnaires, rétrogrades et, pour tout dire, politiquement très orientées.



Ces personnalités plus ou moins connues du grand public sont généralement reçue avec complaisance par la presse, les radios, la TV mais aussi nombre d'institutions politiques peu regardante sur la qualité pour peu qu'on lui serve un discours prémâché facile à vendre (cf Nicolas Sarkozy et la réflexion nationale tronquée et nauséeuse lancée par lui sur les conseils de Patrick Buisson, un ancien du journal d'extrême-droite "Minute" sur l' "identité nationale"). Une complaisance aussi coupable qu'intéressée parce que ces pseudo-historiens-là proposent une histoire clé en main agréable, faites de grands hommes et de belle continuité chronologique et géographique presque sans faille (hormis un cas d'espèce : les phénomènes révolutionnaires, systématiquement dévalorisés, à commencer par notre Révolution Française, assez systématiquement ramenée à deux faits, pour schématiser : la tête de Louis XVI et la terreur. Une complaisance liée aussi au fait que cette interprétation détournée de l'histoire est très aisément "bankable", pour peu qu'on ait la bonne têt de gondole (le "cas" Lorànt Deutsch est à ce niveau exemplaire) et le "storytelling" impeccablement ciselé, malgré des ficelles énormes. L'ensemble va généralement dans le sens du poil d'une bonne partie du public, avide de récits plus sirupeux et immédiatement accessibles que véritablement sérieux et risquant de remettre bien souvent en question des certitudes acquises dans les années d'apprentissage ou... dispensées à longueur d'antenne ou de papiers par ceux-là même qui font profession de vulgarisation de cette vision tronquée, strictement idéalisée et totalement idéologique de notre histoire pourtant incroyablement chaotique où il est pourtant vain de chercher une continuité qui ne vaut que pour ces adeptes du fameux - et dangereux - "Roman National" dans la continuité de prédécesseur lointains mais encore influent que furent des Ernest Lavisse au XIXème et début XXème ou du royaliste Jacques Bainville dont l'oeuvre et la pensée influent encore sur quelques esprits contre-révolutionnaire à travers un "Cercle Jacques Bainville".



Mais qu'on ne s'y trompe pas : ce ne sont pas les thèses elles-même qui sont la cible première de ces trois historiens en colère contre ceux qu'ils nomment donc "Les Historiens de garde" dans cet ouvrage (même si, bien évidemment, ils en critiquent les bien fondés pour des motifs si nombreux qu'il y aurait fallu plusieurs autres volumes). C'est avant tout la méthode de ces historiens auto-désignés qu'ils remettent, avec intelligence, perspicacité et force exemples, en doute. Car si l'histoire n'est pas, comme les mathématiques, une science "exacte" ou "dure", elle n'en figure pas moins à sa juste place au sein des sciences dites "sociales" (s'appuyant d'ailleurs de plus en plus sur la transversalité avec toutes ces matières connexes) et s'appuient sur des méthodes communes à toutes les études scientifiques : étude approfondie des textes, des sources, des archives, apport de l'archéologie et éventuellement de l'archéologie expérimentale, reconstitutions, etc, sont croisés, recoupés, expertisés afin d'en dégager les lignes de force ou de fracture, d'approcher au plus près (sans se faire non plus d'illusion sur le fait que le moindre moment historique ne peut intégralement être recomposé, d'autant plus si le domaine d'étude est chronologiquement, socialement, culturellement très éloigné du notre), mais de le faire en ayant toujours l'humilité de qui ne détiendra jamais nulle vérité définitive, que le doute scientifique doit encore et toujours être le moteur premier en ce domaine d'étude si complexe. Or, nos "Historiens de garde" n'ont que faire de cette approche de l'histoire. Pire : au lieu de prendre les différentes source et leurs éventuelles analyses comme point de départ à leurs théories, ils renversent en grande partie la démarche. Dès lors, seuls les faits, les moments d'histoires qui abondent dans le sens de leur thèse - cet inévitable "Roman National" - ont droit de cité. De là, leur critique pour ne pas dire leur rejet presque systématique de l'histoire vue par les universitaires mais aussi, à l'autre bout de l'enseignement, celui proposé par l'éducation nationale toujours soupçonné de vouloir mettre à bas les certitudes et autres grands hommes (les femmes n'ont évidemment qu'une place dérisoire dans cette fable nationale), de Clovis à Charles Martel, de Charlemagne à Henri IV, de Louis XIV à Napoléon, supposés révéler une sorte de spécificité immémoriale française, sous entendant que ces personnages éminemment historiques ont toujours eu en visu "une certaine idée de la France" quand bien même celle-ci n'existait pas plus sur la carte que sur le territoire. Ce fatras intellectuel n'a pourtant, à y réfléchir quelques instant, pas grand sens si ce n'est une totale et définitive incongruité conceptuelle ou la volonté de faire passer des messages idéologiques précis, renfermés sur eux-mêmes, empestant le nationalisme - malgré les apparences d'un certain patriotisme "bon teint" -, un certain négationnisme (du fait colonial et de sa cohorte d'erreurs et d'horreurs, en particulier). Quant à ce cher Loràant Deutsch, c'est un pur cas d'école car, non content d'adopter cette non-méthode de recherche, il n'hésite pas à trafiquer et même inventer des faits qui n'ont pas la moindre réalité dans l'histoire qu'il prétend vulgariser ! Un comble puisque son fameux Métronome fut un temps âprement conseillé par la ville de Paris auprès des écoles et des institutions.



Une ultime précision : à aucun moment nos trois historiens polémistes ne réclament que l'étude de l'Histoire soit la seule exclusive des "spécialistes de la spécialité" (chartistes, normaliens, universitaires, etc). Bien au contraire ! Sans même devoir rappeler que l'un d'eux au moins (William Blanc) n'est ni enseignant ni universitaire si ce n'est de formation, les trois auteurs en appellent à l'émergence d'une étude plus citoyenne de notre histoire, entremêlant chercheurs "professionnels" et passionnés amateurs mais qui auraient eux-même intégré cette méthodologie absolument essentielle propre à cette matière. Ils rappellent aussi qu'il est plus que jamais temps que ces doctes enseignants descendent de leurs piédestaux, qu'ils fassent oeuvre de vulgarisation intelligente et abordable au risque de se voir toujours un peu plus confisquer leur domaine d'étude par des marchands de rêves plus que douteux.



Quoi que le lecteur pourra penser à la découverte de cet essai polémique, cette ultime recommandation est parfaitement remplie par nos trois libellistes car ce petit ouvrage, dont la première édition date de 2013 aux éditions Inculte, repris et complété d'une longue et explicite postface dans une édition datant de 2016 en format poche et aux éditions Libertalia, se lit comme une véritable enquête historiographique, très aisément et fort agréablement car d'une verve jamais pompeuse ni présomptueuse de style comme de forme ni de fonds. Un texte revigorant pour tous ceux ayant estime et passion pour ce domaine délicat et jamais définitivement fixé des sciences sociales et qui fait définitivement sien cet utile plagiat du titre du passionnant film documentaire de Pierre Carles : L’histoire est un sport de combat !



Ci après, et en complément de cette humble chronique, la retranscription d'un long entretien aussi passionnant que définitivement éclairant sur les intentions de nos trois jeunes historiens :



Les Historiens de garde : De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national. Dans cet essai d’historiographie et d’histoire critique, les auteurs s’inquiètent du réveil d’une histoire nationaliste dont Lorànt Deutsch est le poste avancé et où l’histoire n’est envisagée que comme support d’un patriotisme rétrograde.



Questions de classe(s) : Pouvez-vous nous expliquer la genèse de ce livre ? Le fait de travailler à trois historiens répond-il seulement à une question de spécialisation ? Avez-vous une "histoire" commune ?



Les auteurs : Nous sommes trois à avoir écrit ce livre. Nous avons certes nos différences, mais une chose nous rassemble, c’est la méthode historique. Pour nous, l’Histoire n’est pas un grand mythe qui sert à fédérer une population autour d’une patrie (le "roman national") ou d’un parti, mais bien une pratique d’interrogation critique du passé qui consiste à trouver des sources, à les interroger, à les comparer.

Nous sommes tributaires des réflexions déjà engagées il y a plus de trente-cinq ans par Suzanne Citron (voir son livre essentiel : Le mythe national : l’histoire de France en question, première parution en 1987) dont il faut saluer le travail ici, et qui ont été reprises par des collectifs comme Aggiornamento Hist-Géo ou le CVUH (Comité de Vigilance face aux Usages publics de l’Histoire) notamment lors du quinquennat Sarkozy qui a constitué le moment du retour en force du roman national.



QdC : Pouvez-vous définir la notion de "roman national" ?



Les auteurs : Il s’agit d’une version mythifiée de l’histoire nationale, qui induit de l’unité et de la continuité là où il y a eu au contraire des ruptures constantes. Beaucoup d’historiens de garde insistent sur le fait que la France a toujours été "déjà là" pour reprendre l’expression de Suzanne Citron. Pour Max Gallo par exemple, dans son livre L’âme de la France (paru peu avant les élections de 2007 et qui est, plus on y pense, le véritable opus programmatique des historiens de garde), c’est le territoire, le terroir même, qui a sans cesse assimilé les hommes qui s’y sont installés pour les changer en des Français qui ont eu, de tout temps, les mêmes caractéristiques culturelles ou mentales.



Cette continuité souffre, pour tous les historiens de garde, d’une rupture récente qui menacerait selon eux l’identité nationale. Stéphane Bern va même jusqu’à parler de "crise identitaire". Pour les plus radicaux, comme Deutsch, cette brisure s’incarnerait dans la Révolution française qui aurait "coupé la tête à nos racines" [sic]. D’autres mettent ça sur le compte de "la pensée 68", notamment ceux qui, comme Dimitri Casali, se sont investis dans la polémique sur les programmes scolaires.



C’est justement cette polémique qui renseigne le plus sur ce que Nicolas Offenstadt (auteur de la préface du livre) a appelé le néo-roman national. En effet, depuis la fin de la décennie 2000, les programmes se sont ouverts (timidement) sur une histoire plus globale, en proposant d’étudier des civilisations extra européennes, comme la Chine des Han ou les empires africains [empires africains dont l’étude a disparu des programmes 2016]. Certains historiens de garde y ont vu une menace identitaire. Pour eux, l’histoire ne doit pas servir à éveiller une curiosité, à interroger des différences pour mieux se forger une opinion, mais bien à créer un sentiment d’adhésion patriotique basé sur une vision glorieuse de la France.



QdC : Votre livre consacre presque la moitié de la pagination au cas Lorànt Deutsch. Pouvez-vous parler de votre travail de critique sur le livre et les émissions de L. Deutsch, ses méthodes, son idéologie, sa vision de l’histoire ?



Les auteurs : Lorànt Deutsch est un cas d’école. En guise de méthode, il n’hésite pas à inventer des faits afin d’embellir son roman national rétrograde tout en prétendant agir comme un historien et ne rapporter que des événements authentiques. Cela n’aurait pu avoir l’écho qu’on lui connaît si l’acteur et son éditeur avait usé des méthodes les plus agressives du marketing : packaging attrayant (la figure de l’acteur lui-même, qui est l’argument de vente principal) et un storytelling grossier mais efficace. Les résultats sont là : Métronome s’est vendu à plus de 2 millions d’exemplaires, une adaptation télévisuelle a été produite sur une chaîne du service public (qui a coûté un million d’euros), et l’acteur a été invité dans des classes d’établissement publics afin de faire la promotion de son livre.



QdC : L. Deutsch sert de façade sympathique à un courant d’extrême droite incarné par Patrick Buisson et d’autres intellectuels. Pouvez-vous nous brosser le paysage passé et présent de ce courant réactionnaire ?



Les auteurs : Précisons que L. Deutsch a été soutenu par le Bloc Identitaire. Quant à Patrick Buisson, il s’inspire largement de l’Action française qui fit de l’Histoire, au début du XXe siècle, un de ses chevaux de bataille. Il s’agissait à l’époque pour les monarchistes de remettre en cause l’histoire universitaire majoritairement républicaine en réinventant un récit glorieux célébrant l’action positive des monarques tout en fustigeant les mouvements populaires. Cela va passer par la création d’une véritable contre-université (l’Institut d’Action française), mais aussi par la rédaction de nombreux livres de vulgarisation. Parmi ces auteurs, le plus prolifique d’entre eux était certainement Jacques Bainville (1879-1936), dont les œuvres, - ce n’est pas un hasard -, connaissent depuis une dizaine d’années une nouvelle jeunesse.

Cette radicalité réactionnaire traverse le courant des historiens de garde. Évidemment, la plupart n’assument pas cette filiation. Elle est pourtant bien présente. Jean Sévillia est par exemple un proche des cercles monarchistes du Renouveau français. Dimitri Casali participe au site Boulevard Voltaire et n’hésite pas à en appeler au recours d’un "homme providentiel" à la tête de l’État.



QdC : Vous faites également référence au roman national "de gauche". Quelle analyse en faites-vous ?



Les auteurs : Le roman national, dans sa forme originelle, est une création d’historiens républicains où domine notamment la figure d’Ernest Lavisse (1842-1922). Il s’agissait pour eux de faire de la Troisième République l’aboutissement logique de l’Histoire de France, qui finissait par se résumer à la longue marche d’un peuple pour son émancipation (avec, en point d’orgue, la Révolution française).



D’aucuns tentent aujourd’hui de ressusciter ce type de récit, comme Jean-François Kahn qui nous explique sans rire dans son dernier livre que les droits de l’homme ont été inventés par les Gaulois au Ier siècle de notre ère (voir cette analyse sur le site du livre)...



QdC : Dans le dernier chapitre, "L’histoire est un sport de combat", vous voulez répondre "au double phénomène qui relève à la fois d’un repli sur le roman national à des fins identitaires et par des stratégies marketing dont le but n’est ni plus ni moins que de transformer des citoyens libres en consommateurs d’image d’Épinal." Quelles sont vos propositions ?



Les auteurs : Tout d’abord, réagir et sensibiliser le public. Ensuite, proposer une vulgarisation historique de qualité, qui sorte du carcan de l’histoire nationale. Cela passe par l’écriture de livre grand public, mais aussi par le développement de médias alternatifs, comme la radio.



[La deuxième partie de cet entretien a été réalisée en octobre 2016] Plus de trois ans après cette interview, la situation a-t-elle évolué ?



Les auteurs : Oui, et dans le mauvais sens d’abord. Cette rentrée 2016 a été le théâtre d’une vaste offensive des tenants d’un récit identitaire et nationaliste du passé, comme Dimitri Casali. Pareillement, nombre de politiques, à droite notamment, affirment ouvertement vouloir promouvoir le retour du roman national à l’école, comme François Fillon ou Nicolas Sarkozy, mais aussi Emmanuel Macron. Mais, d’un autre côté, nous remarquons que de plus en plus d’historien-ne-s se préoccupent maintenant de proposer de la vulgarisation de qualité en passant par des médias populaires, comme la télévision, la radio ou la bande dessinée. Il faut que ces interventions se multiplient.



QdC : Votre livre a-t-il ouvert le débat dans les milieux enseignants ? Quelle a été la réception du livre ?



Les auteurs : Difficile de répondre précisément pour les enseignants. Le livre a permis d’ouvrir un débat plus large sur les usages publics de l’histoire et on sait qu’il a pas mal circulé. Nicolas Offenstadt, dans L’Histoire un combat au présent (Textuel, 2014), écrit que notre travail a poussé les journalistes à questionner Lorànt Deutsch sur son rapport à l’histoire, et que l’ouvrage s’est « diffusé par capillarité », notamment dans des émissions comme les Guignols de l’Info et Groland, où le comédien a été moqué. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Cela a conduit entre autres Lorànt Deutsch à affirmer plus frontalement ses idées politiques, notamment son adhésion à la théorie du choc des civilisations, dans son livre Hexagone , publié fin 2013.



QdC : Vous avez actualisé votre travail dans une postface qui fait un bilan de l’influence des Historiens de garde, mais surtout propose une réflexion et des idées précises sur le rôle de l’historien dans l’espace public....



Les auteurs : Depuis la sortie du livre, les historiens de garde ont toujours une certaine influence. La polémique autour de Métronome a confirmé ce que nous écrivions sur la connivence entre historiens de garde et chiens de garde de certains médias de masse, comme Canal Plus et, malheureusement, France Télévisions. Malgré la disparition de l’émission de Ferrand, "L’ombre d’un doute", le constat n’est pas très optimiste, surtout dans un contexte qui favorise encore plus les usages publics de l’Histoire, comme on l’a vu récemment avec le "Nos ancêtres les Gaulois" de Sarkozy. Mais, d’un point de vue plus positif, de plus en plus d’historiennes et d’historiens refusent cet état de fait et agissent, notamment sur les réseaux sociaux, comme on l’a vu sur la sortie de Sarkozy, mais aussi celle de Valls à propos de Marianne. Dans cette postface, nous avons justement voulu réfléchir, aussi, aux réponses qu’il faudrait apporter aux historiens de garde, et plus largement au rôle de l’historien dans l’espace public, notamment en interrogeant le fonctionnement de l’Université et son rapport à la vulgarisation."



Propos recueillis en juin 2013 puis en octobre 2016 par François Spinner pour le compte du site Question de Classe(s), ici : https://www.questionsdeclasses.org/?Histoire-critique-Entretien-sur-Les-Historiens-de-garde-avec-les-auteur-e-s
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Winter is coming : Une brève histoire politiq..

Après l'hiver, le printemps ?



William Blanc, historien geek, choisit bien naturellement, dans ce petit ouvrage, de prendre la fantasy comme objet d'étude, dans une perspective historique.



Son hypothèse est la suivante : la fantasy, à l'inverse de la SF, est le reflet de l'angoisse suscitée par la marche en avant du "progrès" (notamment l'urbanisation et l'industrialisation des sociétés occidentales), à partir de 1850.



De même que les J-H Rosny aîné et autre Jules Vernes peuvent être considérés comme les pionniers de la SF, pour l'auteur, la fantasy naît du mouvement préraphaélite, et notamment de l'œuvre de l'écrivain William Morris. Celui-ci fut très lié au socialisme révolutionnaire. Il voyait dans ses récits, mettant en scène un moyen-âge fantasmé, une critique de la société capitaliste naissante. Il fut d'ailleurs une des sources d'inspiration de Tolkien.



Je découvre avec étonnement que les précurseurs de la fantasy étaient en partie liés au communisme révolutionnaire et à l'anarchie, ce qui constitue une belle ironie, quand on sait que le genre fut accusé par certains d'être réactionnaire.

Passée cette savoureuse introduction, William Blanc s'appuie principalement sur l'œuvre de Tolkien et de G.R.R. Martin pour développer son argumentaire.



Si l'hypothèse est intéressante, la brièveté de l'ouvrage et le fait de se cantonner essentiellement à l'œuvre de deux auteurs limitent quelque peu le propos. Comment passe-t-on de la fantasy révolutionnaire de Morris au conservatisme catholique de Tolkien ? Est-ce bien de la même fantasy dont on parle ? Ce n'est guère explicité par l'auteur. Et pourquoi limiter l'analyse de l'œuvre de Robert E Howard à un court bonus, en fin d'ouvrage ? Bonus intéressant, au demeurant, tant il met en avant une conception encore différente de la fantasy.



Finalement, la conclusion logique de cet essai ne serait-elle pas que le rôle politique de la fantasy est de servir de réceptacle à tous ceux qui ne trouvent pas leur compte dans le progrès scientiste capitaliste, qui bâtit notre monde actuel, sans qu'il n'y ait nécessairement une filiation autre qu'esthétique entre eux ?



En tout cas, on ne peut que reconnaitre que cet ouvrage de William Blanc donne bien envie de creuser le sujet.



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Super-héros une histoire politique

Historien qui a choisi de s'intéresser au rôle des super-héros dans la société états-unienne, William Blanc nous présente dans cet ouvrage, riche et accessible, tant en termes d'analyse qu'en termes d'iconographie, comment certains de ces personnages, qui ont commencé à apparaître dans les comics dans les années 1930, ont été utilisés politiquement par leurs auteurs, pour décrire des faits de société, en dénoncer...



Ainsi, nous sont proposées, dans de courts chapitres, des mises en perspective politique de super-héros, comme Superman, Batman, Wonder-Woman, The Punisher... selon leur moment de création, et au fil de leur évolution, graphique et cinématographique, depuis cette création.



Une découverte intéressante : même si je n'ai pas finalement appris grand chose, j'ai au moins découvert des personnages qui m'étaient totalement inconnus, comme Howard The Duck !
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Le roi Arthur, un mythe contemporain

Allez, assumez ! Vous aussi, quand vous étiez petit, vous avez enquiquiné votre maman pour qu'elle vous taille une armure de chevalier en carton. Vous aussi, vous avez rêvé de combattre de terribles dragons, de trouver de fabuleux trésors et de tuer de cruels félons. Vous sortiez à peine de vos couches culottes et l'arthuromania vous avez déjà contaminé… Dans certains cas, la chose est allée en s'aggravant : vous avez béé d'admiration devant « Escalibur » de Boorman, dévoré « L'Enchanteur » de Barjavel, rigolé comme des baleines devant la série télévisée « Kaamelot » et poussé parfois le vice jusqu'à relire des classiques comme le « Perceval » de Chrétien de Troyes. Avec tout ça, vous pensiez avoir fait le tour de la légende ? Quels naïfs vous faîtes ! Avec son essai « le Roi Arthur, un mythe contemporain », William Blanc s'empressera de vous détromper.



Certes, son travail n'est pas complètement exhaustif – le sujet est beaucoup trop riche pour être disséqué en quelques centaines de pages seulement – mais William Blanc nous offre tout de même un très large aperçu des expressions de la légende arthurienne. Si une première partie d'une cinquantaine de pages est consacrée aux prémices du mythe, la majorité de son ouvrage se concentre sur ses adaptations contemporaines : romans, bandes dessinées, films, séries télévisées, chansons, jeux vidéo, jeux de société… le spectre de médiums est large, comme vous pouvez le constater.



Et encore plus large est celui des interprétations. A chaque époque ou courant politique, son mythe arthurien ! Dans les années 60, les admirateurs de Kennedy idéalisent la figure du monarque charismatique et bienveillant, chargé de conduire son peuple vers un avenir radieux. Au XIXe siècle, on préférait en revanche celles des chevaliers, les comparant aux hardis colonisateurs amenant la bonne parole au sein des terres barbares. Même les personnages plus secondaires du mythe, comme Merlin ou Morgane, seront récupérés et mis en avant par des mouvements idéologiques, l'un devenant un des figures de proue des écologistes, tandis que l'autre est magnifiée par les féministes.



Mais l'ouvrage de William Blanc n'a pas seulement vocation à étudier l'historiographie du mythe – étude déjà passionnante en soi. Comme il le démontre avec talent, l'engouement pour la légende arthurienne répond à un sentiment intemporel : le besoin de merveilleux et de réenchantement. Dans un monde moderne décevant et effrayant, il est naturel de rechercher dans le conte à la fois un refuge et l'espoir de meilleurs lendemains. A la fin de la comédie musicale « Camelot » qui connut un succès écrasant dans les années 60, le roi Arthur agonisant confiait un flambeau à un jeune page avec ces derniers mots : « Faites que personne n'oublie que, pendant un moment bref et éclatant, il y a eu Camelot. » Ces temps bénis reviendront-ils un jour ?



Tout ça pour dire que, on a beau jouer les durs et les cyniques, aux heures sombres, l'enfant qui est en nous ne désespère pas de voir un jour revenir Arthur d'Avalon pour guider l'humanité et lui faire « toucher les étoiles ». Gageons donc que le mythe arthurien a encore de beaux jours devant lui…



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Winter is coming : Une brève histoire politiq..

« Winter is coming », expression empruntée à l’œuvre iconique de G. R. R Martin « Game of thrones », est le titre d’un essai au sous-titre plus évocateur : « Une brève histoire politique de la fantasy ». L’historien William Blanc y revient sur la dimension politique de ce sous-genre de l’imaginaire généralement cantonné à de la littérature d’évasion, mais aussi sur les liens étroits que la fantasy entretient avec le Moyen Age et surtout une certaine critique de la modernité. Très accessible et instructif, l’ouvrage se compose de trois grands chapitres, chacun consacré à une œuvre en particulier qui permet d’illustrer le propos de l’auteur : « The House of the Wolfings » de William Morris ; « Le seigneur des anneaux » de J. R. R. Tolkien et « Game of thrones » de G. R. R. Martin. Suivent ensuite plusieurs petits articles consacrés à des personnages ou des thématiques récurrentes dans ces œuvres pour lesquels l’auteur propose une grille de lecture. On en apprend ainsi un peu plus sur l’évolution de la figure du dragon en fantasy qui devient de moins en moins négative à mesure que se développe la sensibilité écologique des lecteurs pour qui ces derniers incarnent désormais le merveilleux. L’auteur y aborde aussi l’omniprésence dans les œuvres de fantasy (et encore plus dans « Game of thrones ») de la métaphore saisonnière qui induit là encore une critique de la modernité et se révèle être un motif médiéval récurant. L’ouvrage revient aussi sur l’essor des pratiques ludiques en lien avec la fantasy à partir des années 1960, un processus de « démocratisation de l’imaginaire », ou encore sur l’existence du courant de « christianisme musculaire » dans lequel s’inscrit pleinement le héros Conan de Robert Howard. Enfin, l’exemplaire dont je dispose étant une réédition récente de l’ouvrage paru initialement en 2019, la nouvelle version s’accompagne d’une sorte de postface dédiée aux usages politiques de la fantasy ces quatre dernières années. L’essai comporte aussi une section « iconographie », avec des illustrations de couvertures ou d’affiches commentées, ainsi qu’une bibliographie thématique.



William Blanc consacre son premier chapitre à un auteur sans doute moins connu du grand public que Tolkien ou Martin mais dont de nombreuses œuvres s’inscrivent dans ce courant littéraire qui n’en est qu’à ses balbutiements à la fin du XIXe. L’auteur revient ici sur l’empreinte laissée par l’imaginaire médiéval qui, loin de ne séduire que les conservateurs, est aussi réutilisé par les artistes romantiques qui critiquent la révolution industrielle. C’est le cas du mouvement préraphaélite fondé au milieu du XIXe et qui parvient à attirer de grandes figures de l’imaginaire. C’est le cas de Lewis Caroll mais aussi de William Morris, auteur qui rejette les formes d’arts élitistes, propose de rendre accessible à tous des légendes médiévales qu’il réécrit et publie, tout cela dans une volonté de « démocratisation de l’accès à la beauté ». En 1889, il écrit « The House of the Wolfings » qui « constitue dans doute l’une des premières œuvres annonçant la fantasy moderne » et s’inscrit dans son engagement très marqué à gauche. Le roman relate le conflit opposant l’empire romain à des tribus germaniques, ce qui n’a rien d’un hasard puisque, comme l’auteur le rappelle, de nombreux auteurs socialistes ou anarchistes du XIXe voient dans les sociétés « barbares » « des modèles de communisme primitif ». Des représentations idylliques et non pas historiques, mais qui inspirent Morris et font de ses héros « de quasi-socialistes avant l’heure ». Là encore pour des raisons idéologiques, l’auteur accorde une grande importance à l’architecture. Le « hall » ou le « toit » communautaire, notamment, occupe une place centrale et sert de « métaphore à l’utopie ». Les bâtiments qu’il imagine sont beaux, éloignés des standards utilitaristes du capitalisme, et proches de la nature. Il s’inscrit en cela dans un courant de la gauche révolutionnaire de l’époque qui dénonce la ville industrielle. Pour l’historien, écrire de la fantasy comme le fait à l’époque Morris « c’est donc déjà préparer les masses à l’avenir. »



Dans sa deuxième partie, William Blanc s’intéresse à l’œuvre de Tolkien, toujours du point de vue d’une dénonciation de la modernité. Il rappelle que Tolkien va dans un premier temps mobiliser l’imaginaire pour dénoncer la guerre puisqu’il écrit « La chute de Gondolin » après être revenu du front de la Somme. Il y dépeint la chute d’une ville conquise par un esprit du mal, et le contraste est marquant entre un « ost féerique médiéval défendant une cité, et des escadrons équipés d’armes industrielles détruisant tout sur leur passage. » William Blanc souligne qu’il n’est pas le seul artiste à avoir tenté d’exorciser ses souvenirs de la Grande Guerre par le biais de l’art ou de l’abstrait. Il s’agit ici de « faire semblant d’échapper à la réalité pour mieux en parler ». Vingt ans plus tard, il rencontre le succès avec Le Hobbit (1937) puis le Seigneur des Anneaux, une œuvre qu’il ne considère pas comme une « allégorie de la lutte contre le nazisme », mais dans laquelle on retrouve néanmoins la même inquiétude concernant la course aux armements et la déshumanisation qui attend les combattants. Ces deux œuvres dépeignent elles aussi une sortie d’utopie, celle de la Comté, dont les habitants vivent en harmonie avec la nature et sans aucune volonté de dominer ni leur environnement de leur prochain. Ainsi, Tolkien porte lui aussi par le biais de l’imaginaire une critique de la modernité et des villes industrielles. Le discours écologiste continue ensuite d’influer sur les auteurs d’imaginaire dans les années 1960, les mouvements contestataires de l’époque se réappropriant alors massivement l’œuvre de Tolkien. Cet aspect va être renforcé par l’arrivée de la fantasy au cinéma, avec de grands succès comme « Avatar », « La guerre des étoiles », « Harry Potter » et bien sûr « Le seigneur des anneaux », autant de films mettant en scène des personnages oppressés par la ville ou la technologie et trouvant refuge dans de grands espaces, des planètes sauvages ou des forêts qui permettent un réenchantement du réel.



Dans son dernier chapitre, l’historien revient sur l’œuvre de G. R. R. Martin, auteur qui revendique ouvertement considérer la fantasy comme un outil permettant de « s’opposer au monde industriel et marchandisé », bref, pour lui, « la fantasy est par essence politique. » On retrouve dans son œuvre la même critique de la société industrielle et la même fascination pour le MA et son esthétique. Son propos politique réside toutefois plutôt dans l’idée qu’il n’y a pas de camp du bien ou du mal « mais des actions que les gouvernants doivent assumer » L’auteur rapproche l’œuvre de Martin d’un mélange entre la fantasy et Machiavel : il est bel et bien question de politique, mais sans idéalisme. La dimension écologique du texte est maintenant clairement établie, les divisions des royaumes du Sud ne permettant pas de lutter efficacement contre la menace venue du nord contre laquelle l’humanité doit pourtant être totalement unie si elle veut espérer la vaincre. Des responsables politiques ou des militants se mettent alors à utiliser le parallèle avec l’oeuvre de fantasy pour parler du réchauffement climatique comme c’est le cas de Pablo Iglesias (l’un des responsables de Podemos), de Greenpeace (« Winter is not coming »), ou même des acteurs de la série. Cette allégorie qui fait consensus aujourd’hui n’a pourtant pas toujours été revendiquée comme telle par l’auteur, ce qui laisse à penser qu’il ne s’agissait pas d’une volonté consciente de sa part. L’auteur admet aujourd’hui que cette interprétation est cependant valide, la signification de l’oeuvre ayant donc été transformée par une appropriation collective de celle-ci par ses lecteurs. Pour l’auteur, on retrouve ici le même processus utilisé par Tolkien pour évoquer la Première Guerre mondiale : « Cent ans plus tard, les téléspectateurs du début du XXIe siècle doivent eux aussi passer par l’échappatoire de la fantasy pour formuler leurs craintes face à l’importance dramatique des bouleversements qui s’apprêtent à frapper notre planète. »



Si les courts chapitres consacrés aux dragons, aux saisons ou au jeu de rôle sont intéressants, c’est la postface intitulée « Faire face aux orcs ! » qui se révèle la plus marquante dans la mesure où elle se penche sur des réappropriations très récentes d’œuvres de fantasy dans un cadre politique. L’auteur revient à ce propos sur le final de la série Game of thrones, remarquant que les militants écologistes continuent d’utiliser l’oeuvre pour sensibiliser à la question du réchauffement climatique et à l’urgence qu’il représente. Il revient aussi sur la réappropriation par les Ukrainiens du vocabulaire de Tolkien, les Russes étant qualifiés d’ « ocs », y compris par Zelensky lui-même. La grille de lecture consistant à considérer la fantasy comme une mise en scène d’héroïques résistants face à une puissance totalitaire n’est pas nouvelle et perdure encore aujourd’hui (l’auteur rappelle que, bien que Tolkien s’en défende, la trilogie du Seigneur des anneaux a longtemps été perçue par l’URSS comme une critique du stalinisme). William Blanc explique toutefois que d’autres aspects de l’oeuvre sont aussi utilisés par les Russes, rapportant notamment une anecdote étonnante qui m’avait échappée concernant la distribution par Vladimir Poutine à huit présidents d’anciennes Républiques soviétiques de huit anneaux, le neuvième lui étant réservé. Ambiance… L’auteur voit dans ces réappropriations récentes une confirmation que l’essor de la fantasy est lié à une évolution de notre façon de voir le monde. On est désormais loin de l’âge d’or de la SF dont les ouvrages proposaient une vision optimiste du futur et positive de la technologie. « Alors que la fantasy monte désormais au front, jamais nos ailleurs médiévalistes, ces là-bas forgés autour de jadis fantasmés, n’ont été tant d’actualité ici et maintenant. »



Avec « Winter is coming », l’historien William Blanc tente d’analyser la fantasy selon un prisme politique. D’abord par le biais de l’étude de trois œuvres majeures qui partagent une même fascination pour l’imaginaire médiéval et une même volonté de dénoncer la modernité et les effets délétères de l’industrialisation. Ensuite en étudiant comment ces œuvres de fantasy sont aujourd’hui réutilisées pour aborder des actualités aussi brûlantes que la guerre ou le réchauffement climatique. Un ouvrage accessible et instructif, donc, qui montre bien que « les dragons et les Hobbits ont donc toujours été des animaux politiques. »
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Les historiens de garde

Oh le joli pamphlet que voilà ! Comme on les aime : court, vif, efficace, documenté, avec ce qu’il faut de mauvaise foi et d’acidité, mais au service d’une vraie thèse, et qui la défend brillamment.

Au départ, on sent bien qu’ils ont été plus qu’énervés par le succès de librairie et médiatique de Lorant Deutsch et de son « Métronome ». Tellement énervés qu’ils consacrent 4 chapitres (sur les 6 de l’ouvrage) à démonter son argumentaire, son dispositif scientifique, ses présupposés idéologiques, ses liens politiques, ses connections médiatiques…Rien ne trouve grâce à leurs yeux et, il faut bien le dire, ils font souvent mouche. On s’étonne d’ailleurs qu’il ait fallu attendre ce livre pour trouver une vraie charge contre l’acteur « historien », tellement il semble prêter facilement le flanc à la critique.

Echauffés par ces banderilles, les 3 auteurs élargissent leur propos, de manière assez élégante et convaincainte, aux tenants du « roman national » d’une part, y compris Bainville, Jean Sévillia, Sacha Guitry, le Castelot/Decaux de la Caméra explore le temps, ou le Puy du Fou, et d’autre part à la nouvelle garde des historiens médiatiques, à la Franck Ferrand et Stéphane Bern, ou encore Eric Zemmour et Dimitri Casali.

Ils prônent dans une conclusion judicieuse et sensée une histoire qui sache éviter la tentation du « roman national », de droite comme de gauche, voire du « roman européen », mais qui au contraire réhabilité l’histoire comme discipine de savoir, ouverte sur le monde, ouverte à la critique, sans doute plus ouverte à la société, ayant moins peur du débat, de la vulgarisation mais aussi de la pédagogie sur ses méthodes et ses principes. On ne saurait dire mieux.

Cerise sur le gâteau, quelques conseils de lectures dans la bibliographie dont on n’a qu’une hâte : démarrer la lecture.


Lien : http://lespicilege.wordpress..
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Winter is coming : Une brève histoire politiq..

William Blanc est un historien, et plus particulièrement un médiéviste, dont j’apprécie les travaux, qui portent souvent sur des thèmes qui m’intéressent beaucoup. J’avais notamment beaucoup aimé ses deux livres Le roi Arthur, un mythe contemporain et Super-héros, une histoire politique qui sur deux sujets différents abordaient pourtant une thématique commune : les rapports entre culture populaire, histoire et politique.



Le programme est semble-t-il le même avec son nouvel ouvrage paru au mois de mai dernier, et dont le titre a le mérite d’être clair sur le thème abordé et son ambition : Winter is coming : une brève histoire politique de la fantasy. Le thème est clair : il s’agit d’étudier la fantasy comme genre à travers le prisme de la politique. L’ambition l’est également : cette histoire sera brève, il ne s’agit pas d’une encyclopédie complète sur le sujet. Le résumé proposé par l’éditeur en dit un peu plus :



« Les dragons et les Hobbits ont toujours été des animaux politiques. Voyager avec eux, c’est prendre des détours pour mieux parler de l’indicible, c’est s’aventurer sur des chemins de traverse vers d’autres futurs. »



Grande fresque épique de fantasy inspirée des romans de G. R. R. Martin, Game of Thrones est désormais la série la plus célèbre au monde. Cette fascination pour un univers médiéval, dont les protagonistes craignent la venue d’un long hiver apocalyptique, fait écho aux angoisses contemporaines concernant le dérèglement climatique causé par l’activité humaine.



G. R. R. Martin n’a pas été le premier auteur à utiliser la fantasy pour parler des dérives du monde moderne et d’écologie. À bien y regarder, le genre du merveilleux contemporain développé à la fin du XIXe siècle en Grande-Bretagne a constamment servi d’outil pour critiquer la société industrielle.



De William Morris à J. R. R. Tolkien en passant par Ursula Le Guin, Robert E. Howard ou Hayao Miyazaki, ce petit ouvrage invite à questionner la généalogie politique de la fantasy.



Contrairement aux ouvrages de William Blanc que j’avais lus précédemment, qui pour l’un dépassait allègrement les 350 pages quand l’autre approchait carrément les 600 pages, celui-ci est plus court : 128 pages au format poche. Cela se lit donc très vite.



Le coeur du texte se compose de trois parties :



La première partie présente les précurseurs de la fantasy, notamment William Morris que l’auteur m’a donné envie de découvrir. Ses oeuvres imaginent des mondes fantastiques et merveilleux et mettent en scène des civilisations anciennes qui vivent en communautés quasi-utopiques, confrontées à des envahisseurs belliqueux et impérialistes. Il est aisé d’y voir une métaphore d’une réaction, d’une résistance, face à lune certaine modernité apportée par la révolution industrielle, pressentie comme dangereuse pour l’humanité et son environnement



La deuxième partie aborde évidemment le “père” de la fantasy moderne : Tolkien, et son oeuvre magistrale marquée par les deux conflits mondiaux et la transformation de la société au XX° siècle. Rien de forcément nouveau dans cette partie, mais des rappels toujours utiles, même quand on connait déjà bien l’oeuvre de Tolkien



La troisième partie s’intéresse à la saga du Trône de Fer de George R.R. Martin et son adaptation pour la télévision Game of Thrones, interprétée après coup comme une analogie de la lutte – inefficace – contre la réchauffement climatique.



L’ouvrage s’achève par une série de “bonus”, des textes courts de l’auteur sur des thématiques complémentaires (les dragons, les saisons, etc.) ainsi qu’une bibliographie commentée dont j’ai eu très vite envie de piocher quelques références pour une lecture future.



Le livre est court et passionnant du début à la fin. A vrai dire, il est tellement court que je suis resté sur ma faim. J’aurais aimé que William Blanc développe certaines thématiques, qu’il donne d’autres exemples, qu’il creuse certains aspects. J’espère qu’il aura l’occasion de le faire dans un futur ouvrage, que je lirai alors avec plaisir.



Dans tous les cas, ce court livre m’a beaucoup plu, et je le conseille à tous ceux qui aiment la fantasy et veulent lui rendre ses lettres de noblesse, loin de l’image d’un genre uniquement d’évasion et de divertissement, alors que ses thématiques sont à la fois profondes et très actuelles.
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Les historiens de garde

Vous adorez les émissions de Stéphane Bern et vous êtes un fan du Métronome de Loran Deutsch ?

Alors ce livre est pour vous ! ;)

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Les historiens de garde

J'ai lu ce livre en réaction de son contraire , de l'acteur Laurent Deutsch : "Métronome " et " Hexagone " et aussi à cet autre ouvrage " le Paris de Céline" qui aurait été écrit conjointement par le mauvais génie de Sarkozy et monsieur Deutsch , ce que nie ce dernier , affirmant qu'il ne serait que présentateur du livre .

C'est peut-être subjectif , mais " les historiens de garde " m'est bien plus sympathique . Toute idéologie mise à part il faut dire qu'il ne saurait exister différentes versions de l'Histoire , qu'il y ait des interprétations différentes , je le constate mais , seuls les faits bruts m'intéressent , pas les interprétations , toujours sujettes à caution en fonction de la doxa de l'auteur .

Kennedy a été assassiné , c'est bien , c'est mal .... il a été assassiné , point barre ! Son assassin était commandité par la mafia , par ses opposants politiques , c'était un assassin , point barre ! les digressions permettent de trafiquer L Histoire à la sauce que l'on veut , chacun ses opinions . Hélas les livres d'Histoire sont bien trop souvent mensongers , tout autant que les discours des médias cherchant à fabriquer l'opinion au profit du clan au pouvoir .

LE LIVRE : Je n'en donnerai pas de critique personnelle , mon appartenance au courant de pensée opposé à celui de Deutsch et Buisson me faisant peut-être mauvais juge . Voici cependant quelques extraits de critiques parus dans la presse :

--Dans la revue" Lectures " : En 2013 , le médiéviste William Blanc épaulé par Aurore Chéry et Christophe Naudin réagissaient avec " Les historiens de garde " aux ouvrages de Laurent Deutsch .....La présente réédition intervient à un moment où l'acteur est mis en cause par les journalistes de " Buzfeed " pour dénoncer des propos injurieux et menaçants tenus par l'acteur sur les réseaux sociaux à l'égard des critiques négatives concernant ses ouvrages .

Les trois auteurs entendent démontrer que les écrits de Deutsch seraient de piètre qualité mais aussi politiquement tendancieux ..... la force des auteurs est de pointer les erreurs factuelles d'interprétation de faits historiques sujets à caution qui sont induits par l'idéologie de Deutsch qui affirme ce qui l'arrange sans en être bien certain et va jusqu'à dire le contraire de ses sources ....Les soutiens de l'acteur confirment son analyse idéologique de l'histoire : Dimitri Casali , Jean Sévilla , Eric Zemmour qui tous reprennent comme références historiques les écrits de Jacques Bainville , historien et journaliste de " L'action française " .....

Critique signée Vincent Bollenot .

--Dans " le combat syndicaliste " de décembre 2016 : Valls , Sarko , Fillon récemment , rameutant Marianne sans voile , les ancêtres les gaulois , le " récit national " dans les programmes scolaires : le mythe du roman national est de retour en force . Le comédien monarchiste Deutsch est un des fers de lance du moment ...... Une soupe trafiquée d'histoire patriotique qui tend à faire croire que la nation est le fil conducteur , héritée de l'épopée des rois qu'il faut présenter comme un temps d'harmonie sociale , en gommant soigneusement l'oppression .......Les identitaires , les " villiéristes " ( De Villiers ) en font leur miel ..... Ce baratin brandi par des politiciens de droites diverses .... où figure Patrick Buisson ; Ce dernier et Deutsch ont collaboré à la publication du " Paris de Céline " en gommant l'antisémitisme de l'auteur de " Bagatelle pour un massacre " .Le paysage n'oublie pas les tsars de la tchatche télévisuelle : Zemmour , Onfray etc... ni les films de Sacha Guitry......

Le bouquin retient aussi d'autres tripatouilleurs de mémoire Jacques Bainville , Alain Decaux etc .........

Critique signée Nicolas Interco Nantes .



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Charles Martel et la bataille de Poitiers :..

Un livre très intéressant dans la démarche avec la volonté de distinguer histoire et mémoire. Les auteurs appliquent également la méthode de Georges Duby pour l'analyse de l'événement, qui est une référence dans l'étude historique.

Enfin, cet ouvrage à le mérite de poser la question sur le contenu des programmes d'histoire : doit on rester sur l'exposition d'événements dans l'optique de perpétuer un roman national (dont les enjeux sont donc mémoriels et non plus historiques) ou doit on utiliser des périodes sans distinctions géographiques ou culturelles comme support pour l'application de méthodes historiques ?

Plus généralement, il confronte différentes visions de l'histoire, notamment celle qui se base sur une opposition continue entre blocs civilisationnels et une autre bien plus nuancée, prenant en compte la complexité des événements et les replaçant dans leur dimension réelle.



Le livre est un bon outil avec des documents visuels reproduits, des références et des cartes. le propos est bien illustré et donc plus vivant.



Ce livre reflète bien les différents questionnements que se posent les historiens dans le domaine universitaire mais fait également la connexion avec l'histoire telle que se la représente le grand publique. Se lit très facilement quel que soit le niveau dans la discipline. Accessible à toutes les personnes intéressées par le sujet.



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Super-héros une histoire politique

Super-héros, une histoire politique est un ouvrage publié en octobre 2018 chez Libertalia, un éditeur que j’ai découvert à cette occasion. Son auteur, William Blanc, est un historien médiévaliste, spécialiste des cultures populaires, qui s’était notamment fait connaître en co-signant en 2013 avec Aurore Chéry et Christophe Naudin Les Historiens de garde , un livre qui s’attaquait à la façon dont des personnalités comme Lorànt Deutsch ou Patrick Buisson racontaient l’Histoire comme un roman national à des fins idéologiques.



Le propos est tout autre ici, avec le livre consacré aux comics, aux super-héros, et à la façon dont ces oeuvres populaires ont aussi été tout au long de leur histoire des outils politiques et idéologiques.



" Cinéma, séries télévisées, romans, jeux… les super-héros, nés il y a quatre-vingts ans avec l’apparition de Superman, ont envahi la culture populaire planétaire.



Loin d’être un simple produit de divertissement, le genre super-héroïque a été pensé dès son origine comme un outil politique par des auteurs issus de milieux modestes. Captain America a ainsi été créé par deux auteurs juifs pour corriger Hitler dans des comics avant même que les Etats-Unis n’entrent en guerre, alors que Wonder Woman a été pensée pour promouvoir l’émancipation des femmes.



D’autres super-héros ont rapidement eu pour fonction de faire croire à l’existence d’un futur radieux à portée de main dans lequel le modèle démocratique se répandrait sur l’ensemble du globe pour triompher des tyrannies » féodales » totalitaires. Plus tard, de nouveaux personnages plus troubles ont symbolisé une Amérique en plein doute, frappée de plein fouet par la crise pétrolière et la défaite au Vietnam, puis le 11 septembre 2001.



Evoquant tour à tour Superman, Batman, WonderWoman, Captain America, Namor, l’Escadron suprême, Black Panther, Luke Cage, Green Arrow, Red Sonja, Howard the Duck, Punisher, Iron Man, les super LGBT et Wolverine, cet ouvrage se propose d’explorer les discours politiques qui se cachent derrière le masque des surhumains. "



Après une très bonne préface signée Xavier Fournier, l’un des plus grands spécialistes français des comics, et une brève introduction par l’auteur, le corps du livre se compose de 28 chapitres, chacun étant consacré à un super-héros ou un phénomène particulier, l’ordre étant principalement chronologique.



Après un premier chapitre sur la naissance des super-héros et notamment la symbolique des châteaux médiévaux par opposition au futur, on commence par le premier super-héros, Superman, symbole du futur et d’une Amérique en pleine ascension. Suit Batman, plus sombre et qui interroge sur les crises urbaines. L’auteur montre bien l’opposition entre les deux héros et notamment leurs villes respectives : Métropolis et Gotham City étant les deux faces d’une même pièce : la ville américaine, tour à tour stimulante et angoissante.



Wonder Woman apparait ensuite comme un symbole de libération pour les femmes, quand Captain America réunit toute l’Amérique contre un ennemi commun : le fascisme. Dans les années 1960 et 1970, d’autres super-héros vont faire leur apparition et coller à l’actualité et aux préoccupations des américains et du monde en général : Namor pour la décolonisation en l’Afrique, Black Panther pour la lutte pour les droits civiques, Green Arrow pour la question sociale, etc.



L’auteur évoque également des super-héros que je ne connaissais pas ou très peu, comme Red Sonja, une barbare alliée de Conan, devenue égérie du féminisme, Howard the Duck, candidat à l’élection présidentielle de 1976 face à Ford et Carter.



Sont également évoqués le Punisher, pendant violent de Captain America, lui aussi ancien combattant d’une guerre (d’abord le Vietnam puis l’Afghanistan) et qui prend les armes pour se venger des criminels qui ont massacré sa famille, Iron Man, un chevalier qui fait s’interroger sur l’industrie de l’armement et le rôle des Etats-Unis à l’international, ou Wolverine, anti-héros ou « dernier » super-héros, symbole d’un pessimisme ambiant sur l’avenir de notre monde.



Plusieurs chapitres disséminés au fil du livre, mais toujours de façon logique, abordent des sujets transversaux : la réutilisation d’anciennes images pour les comics (la figure de Jeanne d’Arc ou le mythe arthurien), les rapports entre super-héros et baseball, et les questions LGBTQ dans un chapitre passionnant.



Ce livre fait plus de 350 pages mais je l’ai lu en moins de trois jours. D’abord car il m’a passionné : j’ai dévoré chaque chapitre en étant impatient de lire le suivant. Ensuite car l’ouvrage est truffé d’illustrations : chaque chapitre s’achève avec en moyenne une dizaine d’images référencées dans le texte, et il y a également un cahier couleur de 32 pages au milieu du livre. Enfin, car l’auteur mêle parfaitement culture populaire et histoire sociale et politique, ce qui était semble-t-il son objectif : il est largement atteint avec cet ouvrage captivant !
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Le roi Arthur, un mythe contemporain

De son propre aveu, William Blanc n'a pas pu traiter l'ensemble des expressions de la légende arthurienne. Et pourtant, quelle richesse dans cet ouvrage que l'on dévore du début à la fin.



Si le travail n'est pas exhaustif, le message d'une légende aux mille visages est bien passé. Comme le rappelle l'auteur, l'histoire d'Arthur et de ses chevaliers n'existe sous aucune forme canonique ni version d'origine pure. C'est une constante appropriation dont la richesse ne cesse de croître. le mythe d'Arthur, par la multitude de productions le concernant ces derniers temps, n'a jamais été aussi contemporain.



Ces multiples versions ont servi un nombre tout aussi divers de causes et d'idéologies. de la guerre froide à l'écologie, l'arthuriana a été mobilisée et interprétée, à travers ses personnages tels qu'Arthur, Merlin ou Guenièvre, pour servir les intérêts de visions diverses du monde. Mais William Blanc les étudie sous la lumière de l'histoire. C'est ainsi l'occasion de se familiariser avec le concept de médiévalisme (ensemble des représentations que les sociétés se font du Moyen Âge), un outil très intéressant et totalement adapté au sujet.



N'hésitez absolument pas à plonger dans cet ouvrage magnifique, bien pensé, illustré, fonctionnel et bien écrit. C'est un réel plaisir en plus d'être une source abondante de savoir. Un livre d'histoire comme on aimerait en trouver plus souvent.
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Winter is coming : Une brève histoire politiq..

Une brève histoire politique de la fantasy donc. On était prévenu, mais j'en veux plus !!! J'ai découvert William Blanc comme médiévaliste à travers ses travaux pour les vidéos pour Nota Bene (ce dernier lui a consacré une interview d'ailleurs qui était fort intéressante). Je me suis donc procurer le plus petit de ses livres pour voir ce que ça donne.

Ici on s'attarde sur trois figures de la fantasy. Tout d'abord, les sources de ce genre à travers le préraphaelite William Morris. Puis vient la figure de Tolkien, "l'auteur du 20e siècle" (comme dirai le titre d'un autre livre) et sa réaction face à l'industrialisation et à la guerre. Enfin George R.R. Martin et les idées écologiques inconscientes (qui deviennent consciente) dans sa saga phare.

Ces 3 parties sont particulièrement inspirantes, bien expliqué et analysé juste comme il faut. Un super travail !

En bonus, nous avons le droit à 4 petites parties : l'image du dragon, l'hiver dans la fantasy, Donjons & Dragons et Conan le barbare de Howard. Là aussi, même si c'est extrêmement court, on a un début de pistes pour toute personne qui serai intéressé par la fantasy.

Puis vient la partie où l'on nous indique des titres à aller consulter. Partie tant redouté pour moi (et par mon banquier)... J'ai envie de tout acheter !!

Ce livre est donc une très bonne introduction à certaines idées qui entoure le genre de la fantasy. Je conseille vivement cette lecture et personnellement je vais me procurer tous les livres de William Blanc.
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Winter is coming : Une brève histoire politiq..





Trop court !







Bon, c’est normal pour une brève histoire. Cependant, l’ouvrage n’en reste pas moins pas intéressant. En plus, il se lit très bien !







L’auteur se concentre sur trois figures de la fantasy. Williams Moris, peu connu par chez nous ; J. R. R. Tolkien, lui aussi un presque inconnu (kof) et G. R. R. Martin, lui aussi ayant sa réputation à faire (je fais de l’humour, vous avez vu !).



Trois auteurs, trois visions politiques, mais toujours liées à la Nature. Morris, en critique du monde industriel qui déforme la nature – celle réelle ou fantasmée du moyen-âge – évoque aussi la place de l’homme dans ce nouvel environnement.



Tolkien, reste sur une certaine même ligne. Mais là où Morris était socialiste (oui, quand cela voulait encore dire quelque chose), le maître de l’année se dirige plus vers une vie simple à l’image de celle des Hobbits.



Pour le dernier, la nature est présentée sous le prisme du changement climatique. Après, dans le cas de Martin, c’est un peu compliqué, car, il le dit lui-même, ce n’était pas un sujet qu’il souhaitait (consciemment) traiter dans cette série.







Trois auteurs, des œuvres différentes, mais toujours un certain engagement politique. Cela permet de mettre en valeur les qualités de ce type d’œuvre trop souvent dénigré. De plus, l’ensemble est aussi remis en contexte avec son époque et les problèmes qui touchaient la société.



Mais comme je l’ai dit, c’est bien trop court ! Bien que l’auteur dresse un beau panel, on a quand même une sensation de réduction énorme. Ce qui est normal.







Un livre à découvrir sans modération ! En espérant avoir un ouvrage plus complet un jour !


Lien : http://xianmoriarty.info/201..
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Super-héros une histoire politique

Essai acquis suite à la conférence de William Blanc au Salon Fantastique de Paris 2018, Super-héros : une histoire politique analyse l’évolution des États-Unis au fil de la naissance d’icônes comme Batman, Superman, Iron Man ou Wonder Woman. Loin de se résumer à des amas de clichés exaltant de manière manichéenne la toute-puissance américaine, les super-héros, souvent créés par des personnes issues de communautés juives ou noires, incarnent le rêve mais aussi les contradictions et les faiblesses d’un pays qui s’est voulu maître du monde durant le XXème siècle. Découvertes et réflexions sont au rendez-vous dans ce texte passionnant, amplement illustré, qui démontre avec brio la profondeur des surhumains costumés.



Combat de l’avenir contre le passé, de la liberté contre le totalitarisme, pour les droits des femmes, des noirs et des homosexuels, le genre super-héroïque rejoint en maintes occasions le camp des contestataires, que combattent avec ferveur les puritains blancs. Super-héros : une histoire politique nous apprend ainsi que les antagonistes des comics ont longtemps vécu dans des châteaux médiévaux et souligne le parallèle entre l’habillement des religieux fanatiques au temps de l’Inquisition et celui des membres du Ku Klux Klan. Batman lui-même, derrière ses armes de haute technologie, se comporte en tout point comme les chevaliers du passé. À l’inverse, le caractère extra-terrestre ou divin de personnages comme Superman ou Wonder Woman nous rappelle que la perfection ne peut être qu’inhumaine.



Les personnages analysés dans les pages de Super-héros : une histoire politique dressent en creux l’histoire des États-Unis. Créé en 1941, Captain America, drapé dans les oripeaux du drapeau américain, a pour vocation de combattre l’Allemagne nazie, avec l’aide d’une armée vue comme bénéfique. Quelques décennies plus tard, en 1974, le Punisher dresse le portrait d’un soldat à la gâchette facile, traumatisé par la guerre du Vietnam. Hulk rappelle l’horreur et la violence massive de la bombe atomique. Wolverine a été torturé par l’armée pour devenir une machine à tuer. Le pays qui se rêvait en puissance mondiale et rêve d’avenir à travers Superman a connu de nombreux échecs qui lui ont fait perdre ses illusions, et pousse même certains héros à émigrer, loin d’une terre qui, en dépit de ses promesses, a trop souvent cédé aux trompettes de l’impérialisme et du racisme.



J’ai trouvé les parallèles dressés entre le Moyen-Âge et les super-héros très pertinents : j’aurais aimé que le texte analyse davantage de personnages.



Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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