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Critiques de William Boyd (786)
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Brazzaville Plage

Ce livre raconte les aventures professionnelles et sentimentales de Hope Clearwater. Trois épisodes de sa vie y sont abordées : Son mariage avec John, un mathématicien allumé, son expérience de primatologue à Grosso Arvore, sa vie à Brazzaville Plage. La narration est habilement construite sur des allers et retours entre les différentes périodes tantôt à la première, tantôt à la troisième personne. On apprend à la fin pourquoi Hope a quité l'Angleterre pour se retrouver au fin fond du Congo, et pourquoi elle a quitté Grosso Arvore pour se retrouver à Brazzaville Plage. Et la boucle est bouclée.

Mon petit reproche : j'ai trouvé que la culture africaine n'y était, pour ainsi dire, pas abordée, et les personnages africains y sont, pour la plupart, en arrière-plan...



la suite sur http://leslecturesdeclarinette.over-blog.com/article-4175474.html
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Brazzaville Plage

Une femme, Hope Clearwater, vit isolée sur une plage, en Afrique ; elle revient par écrit sur son passé et particulièrement sur deux périodes : son mariage avec John, un mathématicien et sa vie dans un centre d'observation et de recherche sur les chimpanzés...

Par ailleurs, non loin de là, la guerre civile gronde...

« Brazzaville plage » est un roman un peu déroutant. La conduite de plusieurs intrigues en parallèle nuit un peu au confort de lecture, d’autant que les changements de narrateur imposent des parties rédigées à la première personne, d’autres à la troisième ; mais passons sur ce détail stylistique…

Unanimement salué par la critique, « Brazzaville plage » ne m’a pas transporté en Afrique, comme un bon roman aurait dû le faire. L’héroïne ? Elle y est sans doute pour beaucoup. Son côté altruiste, voire dianefosseysquement caricatural est un peu pénible, voire très pénible.

Désolé, mais je suis passé à travers sans être touché...

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Brazzaville Plage

Brazzaville Beach est presque une œuvre de jeunesse de William Boyd (son cinquième roman, publié en 1990). Pourtant c’est un roman très achevé, où s’entrecroisent habilement deux histoires différentes.



Au centre, comme presque toujours chez l’auteur, un héros anglais, ici une héroïne, intelligente et sensible, qui va devoir faire preuve d’habileté (ingenuity), de courage et de cœur pour gérer des évènements lourdement contraires.



Elle s’appelle « Hope » (l’Espérance) et sa sœur ainée, qui est d’ailleurs une harpie, s’appelle « Faith » (la Foi) – une troisième sœur se fût-elle appelée « Charity » ? Hope fait sa thèse d’Ecologie, et devient une assistante de recherche, spécialiste en observation et numération des phénomènes naturels, pleine de bonne volonté et donc taillable et corvéable comme beaucoup de jeunes femmes dans ce métier. La Science, avec un grand S, va jouer un rôle destructeur dans sa vie, lui arrachant son mari, jeune mathématicien qui ne supportera pas de ne pas percer les mystères de la discontinuité.



Hope s’en voudra éternellement de n’avoir pu rien faire. Réfugiée en Afrique, pour participer à une grande campagne d’observation d’une population de chimpanzés, Hope sera mise à l’index par le Mandarin dirigeant le projet – il s’appelle Eugène Mallabar, ce qui rappelle combien les noms sont savoureux chez Boyd -.



Menaces, incendie volontaire, coups, tout sera bon pour essayer de la faire taire sur les scènes de cannibalisme et d’infanticide qu’elle a elle-même observées chez les chimpanzés, parce que les scientifiques et leur sponsors veulent « vendre » aux petits enfants du Monde entier des Primates « bons sauvages » à la Rousseau.



Ainsi l’évidence scientifique est bafouée pour des raisons d’intérêt : ce roman est bien utile au moment où l’on feint de découvrir que certains experts scientifiques des gouvernements sont attachés à l’industrie par des liens contractuels contraignants.



Et en tous cas, ce roman, superbement écrit avec ses deux histoires en parallèle, vous fera passer un bon moment.



A noter aussi le petit tour chez les psychiâtres, qui, de nos jours, utilisent encore les chocs électriques…
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Brazzaville Plage

C’est depuis sa cabane au bord de la plage qu’Hope Clearwater retrace pour nous le chemin qui l’a menée dans ce coin d’Afrique noire, dans un pays où la guerre civile piétine depuis des années. Jeune scientifique anglaise, Hope s’est réfugiée sous les tropiques après la fin brutale de son mariage avec John, brillant mathématicien tourmenté et dépressif. Hope a quitté la campagne anglaise pour aller étudier les chimpanzés en Afrique, dans un centre de recherche renommé. Ses observations du comportement des primates vont révolutionner les thèses du professeur Mallabar, directeur du centre et sommité mondiale en matière de primatologie. A tel point qu’un drame semble inévitable.



Après avoir lu « Orages ordinaires », j’étais curieuse de me replonger dans un autre ouvrage, plus ancien, de William Boyd. Je n’ai pas été déçue, bien que les histoires soient fort différentes.

La construction du récit n’est pas chronologique, l’auteur procède par longs flash-backs, en entrecroisant les deux fils d’événements qui ont marqué Hope. La transition entre chaque épisode est marquée par de courts passages faits de réflexions philosophiques ou scientifiques. La narration se déroule tantôt à la 1ère tantôt à la 3ème personne, ce qui peut perturber au début.

Le style est agréable, plutôt fluide, et je n’aurais jamais cru pouvoir m’intéresser au comportement des chimpanzés.

Malgré une tension palpable et un certain suspense, surtout dans la partie « africaine », j’ai trouvé ce roman un peu moins prenant qu’Orages ordinaires (qui fut un coup de cœur pour moi), mais néanmoins intéressant et captivant, et surtout empreint d’une classe « so British »…

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Brazzaville Plage

Singes, Afrique, éthologie, maris et amants, trafics, mercenaires et solitude construisent une philosophie de la vie, et un beau parcours de femme porté par une narration à la première personne, sous la forme d’un long flash-back.

Hope Clearwater, une jeune naturaliste anglaise, fuit un mariage raté avec un mathématicien maniaco-dépressif : appliqué à quelqu’un voulant percer les mystères insondables relatifs aux discontinuités des fonctions mathématiques, « mathématicien maniaco-dépressif » pourrait bien constituer un pléonasme… Elle se retrouve alors dans un pays d'Afrique de l’Ouest imaginaire pour étudier une colonie de chimpanzés. Elle devra composer avec le comportement inhabituel des primates (des cannibales !), avec le conservatisme de son chef de projet qui ne veut rien entendre des anomalies comportementales des singes, et enfin avec une guerre civile en gestation qui menace la bonne tenue de son projet scientifique.

Longtemps mon meilleur livre de William Boyd, avant la découverte des Nouvelles Confessions. On retrouve l’auteur en pleine possession de son art, mettant avec finesse et humour son style au service d’un récit où se côtoient petites tranches de vie et Grande Histoire. L’auteur sait mieux que quiconque plonger un personnage fictif dans le temps réel, et rendre flou la frontière entre réalité et fiction. Cerise sur le gâteau dans cet opus : la description acide du milieu intellectuel scientifique anglais. Un régal !
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Brazzaville Plage

Hope a quitté son mari, le Royaume-Uni et la botanique, pour... les chimpanzés, l'Afrique de l'Ouest et l'éthologie. Dans ce roman William Boyd tape joyeusement et férocement sur la recherche scientifique, monde de savants fous (l'ex-mari de Hope) et de mandarins (le chef de l'équipe à laquelle appartient Hope) qui n'hésitent pas à trafiquer des résultats afin de conserver leur pouvoir. L'auteur tape tout aussi férocement sur les mercenaires imbéciles, le lien entre tous ces cinglés étant... les singes (qu'étudie Hope), dont les comportements sont mis en relation avec ceux des hommes. Seul îlot de raison, Hope, solitaire dans sa maison sur la plage, en retraçant sa vie et ses questionnements, observe les singes et les hommes du même regard désabusé.

N'allez pas croire, je tiens en très haute estime la recherche scientifique (il n'est pas inutile de le préciser par les temps qui courent). Mais dans ce roman, c'est Hope seule qui incarne la rigueur nécessaire à un travail sérieux.

Christiane Besse, traductrice attitrée de William Boyd, fournit encore une fois un excellent travail.

LC thématique d'août 2021 : ''Un nom de ville dans le titre''
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Brazzaville Plage

Hope Clearwater travaille dans un centre de recherche sur les chimpanzés, au cœur du parc national de Grosso Arvore près de Brazzaville. L'esprit y est très colonial. On est au Congo, entre brousse, jungle et plages du littoral. Le pays, instable, connait la guérilla, avec violences de groupes armés.



C'est Hope, la narratrice. Elle livre ses réflexions introspectives sur son travail, ses rapports avec l'équipe du centre, son passé et sa relation avec John Clearwater. Pourquoi William Boyd a-t-il choisi de nommer son personnage Hope Clearwater ? Hope n'a rien d'une optimiste résolue et Troublewater conviendrait mieux à son caractère tourmenté. Mais j'ai moi-même une aïlleule qui, bien qu'obèse, s'appelait Lemaigre...



Hope consacre ses observations à un petit groupe de chimpanzés qui vit en marge de leurs comparses , qu'elle soupçonne de cannibalisme. Elle-même indépendante et solitaire, se tient en retrait de la communauté de chercheurs.



Le personnage de Hope est complexe. Je l'imagine un peu dans le genre d'une Mrs Robinson. Elle semble désabusée et cynique, même lorsqu'elle retrouve son amant, Usman Shoukry, pilote égyptien, en proie à un sentiment jalousie lorsqu'elle est confrontée au travail de son mari, mathématicien, qu'elle ne comprend pas et qu'elle supporte difficilement, mais se montre malgré tout possessive à son égard. Jalouse, elle l'est aussi de son amie Meredith, jolie fille qui soigne son apparence. Elle peut se montrer provocatrice parfois. Elle souffre d'alcoolisme, tentative illusoire d'échapper à son insatisfaction. Elle se révèlera toutefois étonnamment forte.



L'écriture de William Boyde rend bien compte du trouble de sa protagoniste. Il n'a pas découpé son texte en chapitres, mais le livre d'une traite, comme le flux de pensée débordant et ininterrompu de son personnage. Il imprime toutefois un rythme à son récit en y insérant régulièrement des passages en italique, titrés, qui ont un caractère scientifique, soit en rapport avec la recherche de Hope sur les chimpanzés, et ses observations, ou avec les mathématiques de John Clearwater. Souvent, les choses se superposent avec le vécu de Hope.



William Boyde ménage une sorte de suspense et de mystère autour du passé de Hope, et de sa découverte de cannibalisme chez les chimpanzés, contestée par ses supérieurs. On pressent un drame dans son mariage d'une part, et un autre qui menace Grosso Arvore, d'autre part.



Brazzaville Plage est un roman très dense, qui comprend plusieurs fils narratifs, et beaucoup d'éléments de mathématiques mis en rapport avec la vie de Hope, et plus largement la condition humaine. Le lecteur est invité à faire plusieurs lectures en parallèle. De prime abord désagréable, le personnage de Hope est plutôt sympathique et pathétique lorsqu'on referme le volume. A travers ses péripéties, elle a beaucoup évolué. Les 368 pages conduisent à une fin apaisée.
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Brazzaville Plage

Quel plaisir de lire William Boyd ! Je trouve souvent dans la littérature anglo-saxonne ce je rencontre de moins en moins dans la littérature hexagonale : le souffle, le goût des personnages, la peinture de caractères qui ne sont pas réduits à des ectoplasmes.

J’aime la construction de Brazzaville Plage dont les différents plans glissent sans effort comme des panneaux japonais manipulés avec douceur. Il y a Hope Clearwater dans son chalet de Brazzaville Plage, portée par la marée tel un bois flottant. Il y a encore Hope au centre de primatologie de Grosso Arvore, entourée de l’équipe d’Eugène Mallabar et de ses chimpanzés sécessionnistes du sud. Et, enfin, il y a Hope dans la campagne anglaise recensant les haies et les taillis dans le sud du Dorset. Il y a sa voix, tour à tour ingénue, tremblée, distante qui nous conte ses mésaventures en Afrique ou qui nous livre ses réflexions désabusées sur l’échec de son mariage avec le mathématicien John Clearwater. Mais il y aussi ce regard extérieur qui la suit et observe la lente désagrégation de son couple ou de son travail à Grosso Arvore.

Brazzaville Plage traite d'un sujet grave sous des angles divers, comme un kaléidoscope éclairerait de ses couleurs changeantes les multiples facettes d’une seule image. Boyd aborde dans son livre la question de la connaissance, mais aussi de sa manipulation quand des enjeux de pouvoir se manifestent, en adoptant souvent le ton de la farce, ce qui donne encore plus de force à son propos : le trait qu'il grossit à dessein souligne le propos et l'impasse où nous conduit le mensonge.

Hope est une jeune chercheuse qui a obtenu son doctorat d’éthologie après des études de botanique. Elle rencontre son futur mari, John, à son retour de Californie où il est allé explorer des pistes de recherche nouvelles sur la théorie des jeux. L’esprit brillant de John commence, quelque temps après leur mariage, à s’égarer sur des sujets de réflexion de plus en plus abscons. Il devient obsédé par la théorie de la turbulence et son esprit résiste mal à l’angoisse de ne rien trouver. À Grosso Arvore où Hope trouvera refuge après le suicide de John, Eugène Mallabar s’apprête à publier une somme sur les primates, l’ouvrage qui établira définitivement sa gloire dans le domaine de la primatologie et pérennisera son œuvre. Mais quand Hope commence à détecter des comportements déviants chez le groupe de chimpanzés qu’elle étudie, il n’est pas question pour Eugène de reconnaître des faits qui ne vont pas dans le sens de ses travaux sur les primates. Lors de ses échappées du centre, Hope retrouve à l’hôtel de l’aéroport de la capitale provinciale Usman Shoukry, un pilote égyptien formé en URSS, mercenaire au service du gouvernement aux prises avec deux mouvements de guérilla.

Boyd, au travers de quatre portraits, nous donne à voir les comportements de l'espèce humaine face au savoir : le chercheur fou (John), le chercheur sclérosé par sa recherche devenue une finalité et non un moyen de connaissance (Eugène Mallabar) et l’usurpateur (Usman a menti sur son expérience moscovite). Quant à Hope, elle incarne l’honnêteté qui a tant de mal à s’imposer dans un monde où la science a des enjeux qui dépassent ceux de la simple connaissance.

Il faudrait aussi parler de l’humour de Boyd qui confère un parfum d’absurdité et de fantaisie à une fable d’une rare qualité.

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Brazzaville Plage

Vous aimez les maths ? Moi, non plus. L'éthologie alors ?... Moi non plus, je ne savais pas que c'était avant d'avoir ouvert ce roman. Maths et éthologie, voilà un cocktail qui, à première vue, pourrait obtenir un agrément de la sécurité sociale au vu de ses supposées vertus soporifiques. Oui, mais c'est William Boyd. Son talent, son humour ne mériterait-il pas un peu plus de confiance ? Ne serait-ce que pour apprécier une nouvelle fois cette écriture si habile à décrire les paysages ou les pensées et sentiments de son héroïne.

Elle s'appelle Hope Clearwater, en français Espoir Eau Limpide. Que raconte-t-elle, Melle Eau Claire ? Elle nous parle de la science, la science avec un grand S, qui ambitionne de tout explorer, de tout expliquer, de tout savoir. Elle nous parle des scientifiques, son mari d'abord, mathématicien brillant courant après la gloire, brûlant de l'envie de planter son drapeau personnel au sommet de l'Everest des mathématiciens. Elle ne comprend que très peu de choses à ses travaux, le lecteur que je suis encore moins. Peu importe, elle constate peu à peu qu'à se creuser la cervelle à la recherche de son graal professionnel, il creuse la tombe de son mariage et de sa santé mentale. Il espère pouvoir démontrer un raisonnement aussi phénoménal que limpide (comme l'eau claire, bien sûr) et il s'y noie. Voilà pour les sciences exactes.

Et les sciences humaines ? Prenez l'éthologie (étude scientifique des comportements animaliers), parce que Hope est éthologue. Après le naufrage de son mariage, elle accepte un poste en Afrique pour étudier le comportement de grands singes, des chimpanzés plus exactement, dont l'espèce humaine partage 98% des gênes. Je vois bien que vous préférez les singes aux mathématiques. Les chimpanzés sont sympathiques, mignons, attendrissants… Hope va travailler pour Eugene Mallabar, une sommité (j'ai failli écrire « comme son nom l'indique ») dans le domaine. Il a tout créé, tout vu, tout appris, il sait tout des grands singes (on pense à l'icône Jane Goodall). La guerre civile qui a freiné l'élan du domaine où il les étudie depuis vingt-cinq ans va se terminer. le manuscrit du futur grand succès de librairie qu'il consacre régulièrement à ses protégés est presque terminé, les commentaires élogieux sont déjà prêts, les donateurs reviennent, les carnets de chèques réapparaissent. Un joli cours d'eau rempli de succès et d'argent va couler de nouveau pour couronner une carrière entièrement consacrée à nos gentils cousins les grands singes. Ce ne serait vraiment pas le moment d'aller prétendre qu'en guise d'animaux sympathiques et attendrissants, ils sont en fait très belliqueux, pratiquant l'assassinat de leurs congénères les plus faibles avec cruauté (oui, oui), et dévorant les enfants de leurs victimes. Comment réagirait le gourou, guide suprême et expert incontesté si une imp(r)udente venait à lui servir cette chanson ? Mal, sans doute, c'est tout son business qui pourrait s'effondrer.

Voilà, les scientifiques en prennent pour leur grade : le besoin de tout mettre en équation, de démontrer le théorème qui ferait passer son découvreur à la postérité ou la tentation de raconter de belles histoires au grand public pour récolter le maximum de gloire et d'argent. On s'interroge quant à la réelle utilité et au désintéressement des innombrables ONG qui consacrent une partie de plus en plus importante de leur temps et de leurs moyens à…récolter de l'argent plutôt qu'à agir. Le personnage de Mallabar, mi-gourou de secte, mi-dictateur est impressionnant de même que les arrangements et compromissions des autres membres de son équipe. le plaisir de lecture est au niveau des autres oeuvres du maître, en particulier quand, comme à l'accoutumé, il décrit un paysage (je me souviens d'une moto qui progresse solitaire au pied du Kilimandjaro dans l'excellent Comme Neige au Soleil) d'automne en forêt ou d'hiver en bord de mer. On se passionne pour le sort des primates les plus faibles et on admire le courage de Mademoiselle Eauclaire luttant, au péril de sa vie, pour que la vérité ne reste pas enfouie sous la canopée de la forêt équatoriale et la mauvaise-foi de son patron.

Encore un excellent William Boyd !

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Brazzaville Plage

J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les aventures de Clovis, Darius, Mr Jeb, Rita-Mae, Rita-Lu et bien d'autres... Quid de ces prénoms bizarres ? Ce sont ceux des chimpanzés dont Hope Clearwater s'est vu confier l'étude depuis qu'elle a accepté de travailler pour le parc national de Grosso Arvore, devenu réserve animale de pointe.

Dans ce roman : Brazaville plage, William Boyd se plaît à brouiller les cartes, à nous faire sourire ou rire, comme lorsqu'au début du récit, il plante le décor en créant dans ses descriptions de personnages, une amusante confusion entre comportement animal et humain, allant même jusqu'à pousser malicieusement le mimétisme entre l'exhibition des attributs virils chez Clovis, chef du clan des chimpanzés et Hauser, chef du laboratoire de Grosso Arvore et collaborateur de Hope.

Mais l'humour facétieux n'est pas toujours de mise et il laisse souvent place, au fil du récit, à une critique beaucoup plus acerbe lorsqu'il évoque le parallélisme qui s'installe entre la violence et la férocité de la guerre chez les chimpanzés et chez les hommes. Là encore, Boyd nous déstabilise et bouscule nos représentations du monde animal et de l'humain. Aux chimps, les stratégies guerrières sophistiquées, l'art du guet- apens et l'ultime férocité qui se traduit par des infanticides et des pratiques cannibales. Aux humains, la guerre d'opérette, dans un Etat africain imaginaire et dont les acteurs ne sont que des fantoches qui détalent à la moindre occasion ou meurent presque par accident, comme ce sera le cas pour Amilcar, le chef des rebelles dans une guerilla africaine complètement décontextualisée.

"Struggle for life" semble donc être le credo qui animent tous les combattants qu'ils soient animaux ou humains, avec pour ces derniers, en prime, un goût exacerbé pour la compétition et une mégalomanie sans frein...

Seuls remèdes face à cette noire conception de l'existence, une lucidité sans faille et un solide sens de l'autodérision. C'est en tout cas, les traits les plus marquants de Hope Clearwater, qui a élu domcile dans une maison au bord de la plage de Brazaville, après les désastres qui ont émaillé son existence à commencer son divorce avec John Clearwater, archétype du savant fou, perdu dans sa mono passion pour les mathématiques et son travail de chercheur. Tout aussi fou est Mallabar, le chef de mission de Grosso Arvore, éthologue de son état et qui va être pris d'un délire meurtrier lorsqu'il va constater que les observations de Hope contredisent ses propres travaux.

La recherche scientifique joue donc un rôle non négligeable dans le fil de l'intrigue, mais ce n'est, de mon point de vue en tout cas, qu'un prétexte pour démontrer que même dans un univers où l'on pourrait penser que rationalité et modestie sont de mise, on se trouve confronté à un monde impitoyable où tous les coups sont permis...

Noir de chez noir le roman de Boyd ? Pas vraiment si l'on en juge par la pirouette finale de l'épilogue qui vient à point pour "consoler" la lectrice ou le lecteur et lui souffler au creux de l'oreille : "Mais non, tout n'est pas aussi noir que tu le penses..."

Au final, un bon William Boyd si l'on accepte de suivre l'auteur dans cette histoire rocambolesque, tantôt féroce, tantôt joyeusement loufoque !
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Coffret : Les Nouvelles Confessions - La Ch..

un maitre en la matière
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Comme neige au soleil

Je n'ai pas trouvé, comme il est souvent dit, que les personnages sont si comiques que cela... Par contre, ce livre a le talent de mettre en avant l'absurdité absolue d'une guerre (en l'occurence la première guerre mondiale) quand elle rentre en raisonnance avec la subjectivité propre à chacun, ce qui effectivement provoque des situations à la fois grotesques et pathétiques, comiquement tristes et en cela le livre est très agréablement plein d'humour « British ». Le fait que les événements se déroulent en Afrique ou en Angleterre montre finalement que la distanciation géographique ne change rien au ressenti de l'étrangeté d'une guerre. Que l'on soit anglais, allemand, américain, que l'on vive dans la moiteur ou l'humidité, les mêmes questions se posent avec l'espoir commun que la fureur belliqueuse fonde comme neige au soleil.

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Comme neige au soleil

Ce qui me plait dans ce livre ce n'est pas tant l'arrière-plan événementiel que les personnages tels qu'ils se révèlent sous la plume de Boyd: petits au fond, humains - c'est certain - , lâches parfois et de toute façon désireux d'une certaine affection.

J'aime cette absence de volonté de l'écrivain de montrer à tout prix de bonnes et belles choses même quand les hommes ne font finalement que ce qu'ils peuvent. J'aime ce réalisme sans cynisme.
Lien : http://micheledassy.blogspot..
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Comme neige au soleil

[...]J’ai été jusqu’au bout, intéressée par une espèce d’histoire d’amour double et bizarre, mais elle a tourné en eau de boudin.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Comme neige au soleil

La lecture du dernier William Boyd (« L’attente de l’aube », 2012) m’a tellement touché que j’ai décidé de relire tout ce que j’ai de cet auteur. Après « Les nouvelles confessions » et « Stars and bars », j’ai repris le second opus de Boyd, écrit à 30 ans, et intitulé, en français, « Comme neige au soleil »



On trouve encore, dans les bonnes librairies du Net, des exemplaires de tous ces livres, qui ont rencontré un considérable succès. La liste complète se trouve dans l’article de Wikipedia consacré à l’auteur.



Ici, comme dans tous les romans de Boyd, une mécanique cruelle se met en marche pour broyer les jeunes héros, les frères Gabriel et Felix Cobb, et la douce Charis, l’épouse de Gabriel. Cette mécanique, c’est la pire de toutes, puisque c’est l’art anglais de la guerre (pour paraphraser un auteur français moderne).



Sur le théâtre d’opérations de l’Afrique orientale, l’armée britannique n’a pas son pareil pour se tromper de plage de débarquement, sous-estimer l’adversaire, dépenser sans compter ses effectifs dans la chaleur tropicale, les épidémies, les replis en pagaille. De leur côté, les Allemands mènent leur propre guerre, efficace à la prussienne, comme le font aussi les auxiliaires africains des deux camps, que personne ne contrôle quand les circonstances les conduisent aux rites d’exécration.



Nos trois héros ont un ennemi plus intime, qui est leur propre immaturité, fruit d’une éducation victorienne. Habilement, Boyd croise la grande histoire guerrière et la relation complexe entre ces trois personnages. Sans compter quelques portraits bien campés : Temple l’Américain, modèle d’esprit d’entreprise, Erich et Liesl von Bishop, allemands complexes, et le brave sergent écossais Gilzean.



Bref, un roman passionnant, que je vous recommande !

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Comme neige au soleil

De la stupidité de la guerre, de sa cruauté, de la faiblesse et de la vanité des hommes, du ridicule qui va jusqu'à tuer, de l'espoir et la désespérance. Il y a de tout cela dans ce bon roman de William Boyd, et un plus, ce parfum british mélangeant cynisme, flegme et honneur.
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Comme neige au soleil

La première guerre mondiale vue du Kenya et de la Tanzanie (frontière entre l’Afrique Orientale allemande et l’Afrique Orientale anglaise) par trois personnages principaux : les frères Gabriel et Felix Cobb, et Charis, l’épouse de Gabriel.

Le second ouvrage de Boyd, après « un anglais sous les tropiques », conserve l’Afrique comme toile de fond, avec quelques escapades du côté d’Oxford. Scindé en trois parties au titre plutôt banal (Avant la guerre, La guerre et Après la guerre), ce roman nous montre comment la guerre, concept abstrait déclaré loin de ces contrées africaines, va radicalement changer les relations humaines dans ce coin perdu. Une fois pris dans la tourmente, les personnages continueront de se battre et de se détester, même quelques semaines après l’armistice, car ils n’en auront pas reçu la nouvelle.

William Boyd dépeint avec verve, humour et ironie les déboires et l’amateurisme de l’armée anglaise en Afrique, face à la rigidité toute militaire des troupes allemandes. A cette « grande guerre », il accole les histoires de petites mesquineries bien humaines (Le tortueux couple d'allemands Erich et Liesl von Bishop vaut le détour). Ce livre très cynique et grinçant, au ton décalé, fait le bonheur des amateurs de Boyd, et m’a fait rentrer de plein pied et avec délectation dans son univers. Pour ma part, je le laisse, bien des années après, parmi les plus grands romans écrits par l’auteur.
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Comme neige au soleil

Les livres de William Boyd m'enchantent ,j'en ai pas mal dans ma bibliothèque.
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Comme neige au soleil

Encore une histoire captivante que William Boyd nous offre.

Pendant la première guerre mondiale, l'opposition Africaine des armées anglaises et allemandes....

L'important n'est pas là. Des hommes et des femmes vivent en Angleterre et en Afrique et l'auteur sait, à merveille, nous conter leur destinée.
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Comme neige au soleil

William Boyd, auteur prolifique, m'avait parfois déçu. Mais là, je suis réconciliée. J'ai été happée par l'histoire de ces familles, pendant la Grande guerre, qui se passe entre la Grande Bretagne et surtout l'Afrique, au pied du Kilimandjaro, dont je ne savais absolument pas qu'elle avait été le théâtre de combats aussi rudes.Bien écrit, avec ce qui faut d'humour british pour témoigner encore une fois de l'absurdité de cette guerre, de toutes les guerres.
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