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Critiques de William Gay (76)
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La mort au crépuscule

« Un monde de ténèbres absolues et du plus profond des silences ».

Une invitation à découvrir et explorer l'univers de William Gay (1941-2012) avec son troisième roman, La mort au crépuscule publié en 2006 et traduit par Jean-Paul Gratias en 2010.



Le hasard fait bien les choses, chiné à Emaüs, en collection Folio policier, tout neuf, tout propre,ce roman noir est une surprise totale, ahurissante et harrikinante... et me tendait les bras bien que j'ai failli les tomber! Rassurez -vous je me suis vite ressaisie!



Années 50, dans un bourg du Tennessee (région native de l'auteur), par une nuit glaciale d'hiver, deux jeunes gens, frère et soeur, Kenneth et Corrie Tyler, profanent des tombes dans un cimetière.

Expérience morbide de jeunesse, curiosité malsaine? Que nenni!

Si Kenneth et Corrie se glacent les os sous une pluie battante c'est parce qu'ils ont de sérieuses présomptions sur le célèbre et richissime maitre des Pompes funèbres du coin, Fenton Breece.

Mais ce qu'il découvre cette nuit-là est au dessus de l'entendement: Fenton Breece est non seulement un croque-mort vertueux mais il est aussi pervers et vicieux, c'est un nécrophile!

Pour ces orphelins, ayant peu de temps auparavant fait inhumé leur père par ses services, cette découverte est le début, disons-le, des emmerdements.

En effet, les adolescents décident de faire chanter le croque-mort car ils ont en leur possession un jeu de photos compromettantes.

Mais Fenton Breece n'a pas l'intention de gâcher son plaisir et lâcher sa passion à cause de ces deux jeunots. Il contacte très vite, le plus grand barjot et salopard des alentours, Grandville Sutter, et lui confie alors la lourde tâche de récupérer les photos en éliminant les maître-chanteurs.



Les rapports de force sont pipés dès le début, deux tendres agneaux contre un fou et un criminel!

La seule issue: prendre la fuite, s'enfoncer dans une région isolée, accessible mais délestée de ses activités minières d'antan, la forêt de Harrikan, un espace lugubre, pavé de maisons hantées, peuplé de fous, d'illuminés, d'esprits et de fantômes, prisé de tous ceux qui veulent se faire oublier et où rodent encore d'ignobles bêtes sauvages.

Une géographie oubliée des dieux où Kenneth va être mis à rude épreuve.

Pour ne pas tomber dans les griffes de Granville Sutter (dont il a de plus en plus mal à détecter la présence), Kenneth doit être excessivement vigilent et se dépasser malgré l'épuisement et la peur.

La région du Harrikan sauvage et hostile, havre de paix pour celui qui la connaît et en détient les clés peut se changer en un inextricable labyrinthe végétal et minéral, une arène à ciel ouvert où les forces du bien et du mal s'affrontent et se déchainent.



Encore espantée par cette lecture: j'ai cru tomber dans un livre glauque et je me suis vite détrompée après avoir lu les premiers chapitres. Car là, le charme a opéré ou plutôt les charmes. William Gay, en vraie conteur, m'a envoutée. Avec beaucoup d'adresse, il fait glisser le lecteur page après page d'une ambiance de roman noir rural avec son concentré de bouseux, d'alcooliques, de flics véreux vers celle d'un conte fantastique et gothique, baigné de ténèbres, de monstres et de sorcières.

William Gay effectue cela avec finesse, préparant progressivement le lecteur à ce glissement, en s'appuyant sur une écriture poétique, onirique, et en introduisant très tôt dans le récit un champ lexical surnaturel et fantastique.

Kenneth, le jeune héros de ce livre après cette épopée hallucinée, violente et sauvage sortira grandi: après le temps de la survie viendra peut-être le temps d'apprécier les saisons d'une vie.

Un récit initiatique hors du commun.



Une lecture surprenante que j'ai beaucoup apprécié grâce au talent de William Gay et de son écriture

Sa force de manipulation est si grande que le Harrikan, immense antre ténébreuse, semble être une région bien réelle du Tennessee. Pareil pour un des deux dingos, j'ai vraiment cru que Fenton Breece, ce psychopathe, avait vraiment existé!

Amateurs d'ambiance déjantée vous allez vous régaler!

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Stoneburner

Sandy Thibodeaux et John Stoneburner dans les années soixante-dix, deux pauvres types qu'une guerre du Vietnam a déglingué un peu leurs ambitions et flingué leur avenir. Du genre, c'était par leurs guerres, pourtant ils y sont allés, y ont survécu, et se retrouvent maintenant au retour de carnages perdus dans cette Amérique-là. Thibodeaux traîne ses guêtres parmi les décharges du Tennessee, Stoneburner est dans le genre détective privé, sans secrétaire bien roulée. Ils se sont perdus de vue, l'un a sauvé l'autre au Vietnam, à moins que ça soit l'inverse. Ils vont se retrouver dans une affaire de magot, de fuite et de drogue, l'un ayant été engagé par Cap Holder pour retrouver l'autre.



Une Cadillac noire, parait-il qu'elle aurait appartenu à Elvis, Thibodeaux sème ses dollars entre les envolées de poussière. A son bord, Cathy Meecham, si célèbre qu'elle a son nom gravé sur les toilettes des hommes du tribunal. CATHY MEECHAM A UNE CHATTE SUCCULENTE est gravé pour l'éternité à la vue du comté. Je ne demande qu'à goûter, Stoneburner aussi. Comme Thibodeaux. Mais c'est la poule de Cap... Gare à tes couilles, l'ami. La femme de l'autre est sacrée dans cette contrée, même dans les bars où elle affiche le haut de ses cuisses bronzées sur ces hauts tabourets, pendant que quelques barbus louchent en maniant la queue du billard.



Je recherche l'Eldorado noire au fond d'un parking, comme d'autres cherchent des amphores au fond des criques. Une bourrasque de vent fait s'envoler mon stetson, dans un tourbillon de poussière. Je pénètre l'antre de la taverne, odeur de musc et de sueur. Le temps que mes yeux s'acclimatent à la violence des néons, je la sens, cette femme pas si fatale, qui fait tant tourner la tête des hommes gravitant autour de son bronzage intégrale. Je m'accoude au comptoir, m'accorde une bière, un rye. La serveuse doit préserver son sourire pour d'autres clients, plus acceptables qu'un vieux bison triste. Verres vides, allégorie d'une vie vide, je remonte dans ce pick-up qui me sert d'autoradio ambulant, un air de Chris Stapleton sur les ondes. Fondre dans le Tennessee, refaire surface dans le Texas, suivre le Mississippi... peu importe la route, la poussière, je poursuis juste ma voie de loser, avec ce polar d'ambiance signé William Gay. Une atmosphère toute en poussière, où il est question de musique country à faire pleurer, tristesse des vies et des histoires d'amour qui finissent toujours mal, Tennessee Whiskey.



J'entends cette guitare, un harmonica, le vent ce cri de jouissance et celui du désespoir après l'éjaculation lorsque tu découvres qu'en plus la bouteille de Tennessee whiskey est vide, une dernière goutte, la meilleure la plus goûtue, celle qui concentre toute son essence. Comme un roman noir, la Cadillac noire s'enfuit dans son road trip semé de poussière et de violence, j'ai tout simplement adoré cette ballade à travers le Tennessee et le Whiskey.
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La demeure éternelle

Après La Mort au crépuscule, la publication du deuxième roman de William Gay (en réalité son premier) prend une résonance toute particulière. La Demeure éternelle… pour un auteur qui nous a quittés en février dernier.



Nous sommes en 1933 dans le Tennessee. Thomas Hovington, cloué au lit par la maladie, ne peut empêcher Dallas Hardin, un homme sorti de nulle part, de s’installer chez lui, de prendre sa femme et son commerce d’alcool de contrebande et d’exercer sa domination sur sa fille Amber Rose. Nathan Winer, un voisin, tente de s’interposer et de mettre fin au séjour de ce parasite, mais il est tué lors de l’altercation et son cadavre précipité dans un gouffre. Ni vu, ni connu. Tous ceux qui se dressent sur le chemin de Hardin meurent en général très rapidement. Dix ans passent. Âgé de 17 ans, le fils de Winer, prénommé Nathan, est à la recherche d’un emploi. Sa route croise celle de Grande-Gueule Hodges, de Hardin et de Guillaume Tell Oliver, un vieil homme sage au passé trouble qui le met en garde contre celui qui apporte le malheur. Mais il va tomber amoureux d’Amber Rose… et osera affronter le démon.



William Gay raconte cette histoire avec la voix traînante du Sud. On pense au Ron Rash d’Un pied au paradis, et l’accent se pare d’une violence soudaine. Beaucoup de sang répandu sur une terre avide de le boire. Et cette brume de violence et de mal qui s’évapore dans l’atmosphère, contaminant les personnages et leur vie. Le style de William Gay, c’est une beauté sévère, une lande de terre aride parsemée d’arbres moribonds.



La Demeure éternelle est un voyage dans une Amérique rurale en crise, pauvre et ignorante, le récit de la lutte éternelle du bien contre le mal, une Bible dans une main, un fusil dans l’autre. C’est surtout une écriture précise, poétique. Un bon roman, à conseiller plutôt aux amateurs d’ambiances qu’aux fans de thrillers.

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Petite soeur la mort

Pas facile d'être un écrivain, surtout si l'on a connu une fois le succès et que l'on est en manque d'inspiration ! Sur les conseils de son éditeur, David Binder s'est décidé à écrire un roman de terreur, histoire de relancer la machine à écrire des histoires. Pour se mettre dans l'ambiance, il décide de s'installer, avec sa femme enceinte et sa petite fille, dans une propriété qui a très mauvaise réputation. Elle aurait été le théâtre de meurtres et de démence, et l'habitat d'esprit frappeurs et farceurs, à l'humour très noir.



Petite sœur la mort est un roman agréable à lire mais difficile à classer : il oscille entre plusieurs plusieurs registres, une pour chaque période de l'histoire (il y en a trois), du roman d'horreur a proprement parler au roman de maisons hantées comportant son lot de poltergeists et autres fantômes venus réclamer la santé mentale des hôtes de la-dite maison, et le fantastique "plus classique", pour la partie moderne. Bien entendu, la découverte et la compréhension par le lecteur des évènements passés créent une tension non négligeable, et font anticiper le pire pour les personnages de la période moderne, dont l'étonnant David Binder. Il est étonnant, ce garçon, d'abord parce qu'il n'est pas vraiment sympathique ; pour un écrivain, il manque sérieusement d'empathie, et puis sa fascination pour le passé et le mystère du domaine Beale, qui lui importe bien plus que sa femme ou ses enfants, frôle la manie furieuse.

Personnellement, j'ai trouvé qu'il y avait un peu trop de mélange de genres, du coup, ce livre a un peu de mal à se positionner franchement sur un registre principal ; les attentes du lecteur sont malmenées et souvent déçues : l'histoire manque souvent d'un peu de tension ou d'horreur. On est bien loin du Shining de S. King, même si le sujet aurait pu y faire penser ! J'ai trouvé en revanche quelques rapprochement avec l'univers d'H.P. Lovecraft, dont William Gay, nous dit l'excellente et alléchante préface de Tom Franklin (il faut lire Le retour de Silas Jones si vous en avez l'occasion !) était fan, avec une ambiance assez gothique et l'absence de sens des puissances obscures hantent des lieux sans objectif ni finalité. D'ailleurs, en lisant la dernière ligne de ce livre, on ne connaitra pas pour autant le dernier mot de cette histoire !

Ceci dit, reste la très belle écriture de W. Gay, assez atypique pour ce type d'ouvrage, et que je rapprocherais de celle de ses amis et pairs : Ron Rash, Tom Franklin, etc. Petite sœur la mort est une belle découverte qui me donne l'envie de découvrir d'autres livres de cet auteur et pour laquelle je remercie Babelio et les éditions du Seuil.
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La mort au crépuscule

Nous sommes dans un coin reculé du Wisconsin, "ce pays de salopettes et de chapeaux de feutre", au début des années 50. Kenneth et Corrie Tyler ont la certitude que leur père décédé récemment n'a pas été inhumé selon leur volonté. Ils soupçonnent Fenton Breece, le croque-mort à l'oeil pervers, de pratiquer de douteuses mises en scène avec les corps des défunts. Après une vérification méthodique de plusieurs tombes, ils en ont la confirmation : l'horreur de ce qu'ils découvrent dépasse tout ce qu'ils auraient pu imaginer. Kenneth parvient à voler à Breece des photos de ces mises en scène et les deux adolescents décident de le faire chanter pour lui soutirer de l'argent. Mais Breece n'entend pas se laisser intimider. Il fait appel à Granville Sutter, un criminel qui a vendu son âme au Diable, pour récupérer son bien et faire disparaître les deux témoins de ses agissements. Celui-ci va donc se lancer à la poursuite des deux jeunes gens. Au cours de la traque, Corrie, la sœur de Kenneth, va se tuer dans un accident de voiture. Commence alors une traque à travers les forêts sombres de la région, le Harrikin, où kanneth tentent de se cacher. Mais combien de temps tiendra-t il dans cet endroit hostile, peuplé de personnages terrifiés et terrifiants, entre sorcellerie et fermes abandonnées ?



Quant au lecteur, pris dans ce tourbillon maléfique, il ne restera pas de marbre face à ce roman noir , conte gothique et initiatique écrit dans un style tranchant et magnifique. C’est bien la grande qualité de l'écriture qui m’a séduite, le clair obscur que dispense le récit. Ne vous fiez pas aux comparaisons élogieuses qui ont été faites avec Faulkner et McCarthy. Elle ont du sens mais il ne faut pas exagérer ! La mort au crépuscule montre certes de réelles qualités, mais manque un peu de souffle. Pour la "course poursuite hallucinante, véritable épreuve des nerfs" promise par l'éditeur sur la 4ème de couverture, on reste un peu sur sa faim. L'intérêt est ailleurs, dans la description de la forêt la nuit, les rencontres faites par le jeune Tyler, les ambiances. C'est déjà pas mal du tout, et suffisant pour passer un bon moment avec ce roman, à l'atmosphère poisseuse et envoûtante.







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La mort au crépuscule

"Mère-Grand et lui s'enfonçaient dans un bois de conte de fées, mais ils avaient dû prendre le mauvais embranchement quelque part car rien ne semblait avoir de sens dans tout ceci. La lumière elle-même s'était altérée, obscurcie comme pour un crépuscule précoce de décembre."



William Gay, dans la seconde partie de ce roman horrifique, met en exergue deux citations, l'une de "La nuit du chasseur" de David Grubb et l'autre de "Suttree" de Cormac McCarthy", influences on ne peut plus révélatrices du style de son roman. Pour avoir lu quelques nécrologies de Cormac McCarthy il y a quelques jours, j'ai appris qu'une partie de son oeuvre relevait directement de ce que l'on appelle Southern Gothic.



Ce roman, je suppose, offre un exemple frappant de ce courant littéraire particulier. Deux adolescents trop curieux des agissements d'un croque-mort nécrophile, au sens de l'humour bien particulier, et un psychopathe terriblement dangereux à leurs trousses en sont les personnages principaux. Il y aura une longue course-poursuite et beaucoup de sang et de souffrances... Le tout dans une atmosphère hallucinée et macabre.



Tout ne m'a pas convaincu pour autant : le mélange de terreur est habile mais les clichés du genre nombreux. Et surtout le style, quoi que d'un bon niveau, n'a rien de transcendant. Je ne lis pas beaucoup de thrillers, mais celui-ci vaut tout de même largement d'être lu.





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Petite soeur la mort

Et une autre histoire de maison hantée qui ne pouvait pas m'échapper. Je ne connaissais pas du tout l'auteur et ai pris le livre sans a priori.

David Binder, romancier en perte de vitesse après avoir connu un certain succès, tente de relancer la machine en écrivant un livre d'épouvante, sur les conseils de son éditeur. Pour ce faire, il va s'installer avec femme et progéniture dans la demeure d'anciens planteurs du Tennessee, la maison Beale, sur laquelle circulent certaines légendes, dans l'espoir d'y trouver l'inspiration.

L'histoire nous entraîne dans trois époques différentes, 1933, 1785, 1985, années marquées par les événements s'étant déroulés dans ladite maison et les récits du passé nous font redouter le pire pour ses occupants actuels.

J'ai été un peu déstabilisée par les différences entre les époques différentes, le registre changeant drastiquement, vu qu'on passe d'une narration vraiment horrifique et sanglante, éprouvante pour le lecteur, pour finir sur du sensationnel presque gentillet. Entre les deux, en 1975; une simple histoire de fantômes.

Je dois reconnaître que la plume est fluide et que les pages se tournent facilement, mais j'ai trouvé dommage que la tension redescende. En général, je préfère l'inverse. De plus, on ne sait pas pourquoi la maison est hantée alors je suis un peu restée sur ma faim.

Pour résumer, je ne regrette pas d'avoir choisi ce bouquin parce qu'il est plutôt bien écrit et j'ai bien frissonné pendant la première partie. Par contre, déception sur les deux parties suivantes et la fin. Mais je suis persuadée que d'autres lecteurs pourront apprécier la décélération de l'angoisse pour faire moins de cauchemars.
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La demeure éternelle

De William Gay, j'avais énormément aimé "La mort au crépuscule" et son ambiance "southern gothic", semblable à celle de "La nuit du chasseur".

"La demeure éternelle" est son premier roman, et on y retrouve déjà cette dualité du Bien et du Mal, la noirceur de l'âme dans toute sa profondeur, et la beauté de la Nature dans toute sa splendeur.

L'action se passe en 1943, dans un coin perdu du Tennessee, où un sale type tyrannise toute une ville. Il est question de bagarres, de vols de chevaux, de whiskey frelaté, d'incendies criminels... tout cela est violent et un peu désespérant, et une tension angoissante perdure tout au long de la lecture. Car il faudra bien qu'il y ait une fin à tout cela, mais laquelle ?

Heureusement, toute cette noirceur est contrebalancée par l'exaltation de la Nature, et la douce tranquillité de quelques personnages nimbés de pureté.

Néanmoins, ce roman m'a semblé partir un peu dans tous les sens, comme si l'auteur se mettait en situation d'observateur, sans vraiment oser accompagner ses personnages principaux, appuyé en cela par un style un peu aride mais imprégnant, avec quelque chose de pudique, de "taiseux" en lui (paradoxal, pour un roman !). Comme si William Gay était intimidé par l'acte d'écriture. Et j'ai trouvé cela touchant.



Attention : ne pas se fier à la 4ème de couverture, dont le résumé parait avoir été écrit par quelqu'un n'ayant pas lu le livre.
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Petite soeur la mort

C'est avec beaucoup d'espoirs que j'ai reçu ce roman de William Gay : Petite Soeur La Mort.

L'histoire est celle d'un écrivain en mal d'inspiration, qui pour se renflouer, décide d'écrire un roman d'épouvante. Désireux de coller au mieux à son histoire, si j'ose dire, il va s'installer avec toute sa famille dans un coin perdu du Tennessee et loger dans une maison hantée. Cette dernière a plutôt mauvaise réputation. Depuis la fin du XVIIIème siècle, des actes horribles s'y sont passés.

Le début est d'ailleurs très explicite, on est rapidement glacé d'effroi par les scènes décrites.

Malgré cela, les promesses entrevues ne sont que partiellement tenues, je me suis rapidement ennuyé ne sachant trop quelle attitude prendre face à cette lecture. je m'attendais à voir décoller cette histoire, plonger dans l'inimaginable, mais rien n'est venu.

Une déception donc. Peut être attendais je trop de ce roman ou de cet auteur : la lecture de la préface me laissait espérer tout autre chose.

En dépit de toutes ces réserves, je tiens à remercier Babélio pour cette découverte.











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Petite soeur la mort

J'avais lu et adoré La Mort au crépuscule et La Demeure éternelle, j'avais donc hâte de dévorer ce nouveau livre !



Ce roman est assez différent des deux autres, si les précédents sont dans la veine du roman noir, ici il s'agit plus d'une histoire gothique, d'un roman d'horreur. Ne soyez pas effrayé : William Gay maîtrise parfaitement ce style et réussit même à nous surprendre avec ce récit. J'ai été captivée dès les premières lignes et ce notamment parce que l'auteur décide de remonter dans le temps et de nous raconter un événement qui se déroule au XVIIIème siècle pour progresser vers la fin du XXème. Le lecteur se demande dès lors : quel est le lien entre ces différents moments ? Le suspens est déjà là : le lecteur est pris au piège.



David Binder est un jeune auteur qui n'a plus l'inspiration et décide dès lors d'écrire un roman fantastique sur l'histoire vraie d'un fantôme... C'est un récit noir, qui doit se lire absolument la nuit pour s'imprégner de l'atmosphère, des odeurs, des lieux, des phénomènes surnaturels. Il y a du Stephen King et du Henry James dans ce roman. Tout est parfaitement en place pour vous faire sursauter au moindre bruit.



Tout en dépeignant une histoire sombre, l'auteur réussit aussi à y apporter cette étincelle propre aux grands classiques. Un style épuré, accrocheur où les dialogues sont intégrés aux descriptions sans aucune séparation. C'est un livre qui se lit d'une seule traite !



En définitive, Cadre Noir frappe fort avec ce livre !
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La mort au crépuscule

« Il regarda sa montre. C’était l’heure de sa pause café du matin. Il se dit qu’aujourd’hui il irait le boire au Richepanse, et ce fut dans cette direction qu’il partit sans se presser. Les gens qu’il rencontrait le saluaient avec cérémonie. Parfois s’il s’agissait de femmes qui lui plaisaient pour une raison ou une autre et dont il attendait le décès avec délectation, il portait la main à son Stetson et observait leurs yeux qui le fuyaient pour regarder ailleurs alors qu’elles pressaient le pas ».



Ce « il », c’est Fenton Breece, croque-mort d’une bourgade du Tennessee dans l’immédiat après-guerre. Or Fenton Breece aime un peu trop les morts, en particulier les mortes, et passe un peu trop de temps à s’amuser avec. Si tout le monde s’en doute, ce sont Kenneth et Corrie Tyler, deux orphelins au sortir de l’adolescence qui en découvrent la preuve. En voulant le faire chanter, ils poussent Breece à lancer à leurs trousses Granville Sutter, l’autre malade mental du patelin, un tueur psychopathe que rien ne semble pouvoir arrêter, et surtout pas la justice dans ce monde renfermé sur lui-même où tout se règle entre soi.

C’est donc une véritable chasse qui s’ouvre dans ce petit coin isolé du Tennessee, au cœur de la région tourmentée du Harrikin retournée à l’état sauvage depuis le passage d’un cyclone quelques décennies auparavant. Et c’est là que nous plonge William Gay, aux côtés d’un Kenneth qui s’enfonce dans cette forêt de conte médiéval où il croisera ermites, sorcières et fous de Dieu en tentant d’échapper à un Sutter, véritable incarnation du démon, monstre omnipotent qui le regarde s’égarer en attendant le moment propice pour fondre sur sa proie.



La réussite et peut-être, dans une certaine mesure, la limite de ce roman tient à la manière dont William Gay assume le fait de vouloir mener très clairement le lecteur aux frontières du conte fantastique. Tous les symboles sont là : un méchant particulièrement odieux mais faible (Fenton Breece) prêt à passer un pacte avec le Diable (Granville Sutter) pour se débarrasser de deux orphelins (presque) innocents, une forêt qui est autant un sanctuaire protecteur qu’un piège et qui se trouve littéralement hors du temps (il n’y a plus ici d’éléments matériels permettant de dater l’histoire et l’on peine à savoir combien de temps peut durer la fuite de Kenneth), des personnages secondaires destinées à subir les foudres du démon pour avoir aidé les fugitifs… Ce faisant, Gay crée une atmosphère paradoxalement pesante et légère. Car si la tension de la poursuite est bien présente, le lecteur sait toujours qu’il se situe dans un conte doublé d’un roman d’initiation et que, finalement, le héros ne peut que s’en sortir.

Si ce livre tire de son ambiance baroque et sombre une grande part de sa force, les personnages ne sont pas en reste, notamment, bien entendu, les méchants particulièrement bien campés dans une outrance là aussi assumée, et les habitants du Harrikin comme façonnés par le milieu dans lequel ils vivent. On regrettera toutefois que, en contrepoint, Kenneth paraisse si banal et transparent et que l’on peine tant à éprouver une véritable empathie à son égard.



En fin de compte, La mort au crépuscule, qui se situe quelque part entre Délivrance, La nuit du chasseur, Le Petit Chaperon Rouge et Massacre à la tronçonneuse, se révèle être un livre prenant, propre à captiver le lecteur qui recherche à la fois une belle écriture, des frissons, mais aussi à être rassuré. Cela entendu, sachant que l’ordre ne peut qu’être rétabli et que, à ce titre, Gay ne joue pas dans la même cours qu’un Joe Lansdale qui propose avec Les marécages une thématique proche au traitement plus fin et à la morale plus ambigüe, on passe un moment bien agréable sans se poser plus de questions que ça. Finalement, lorsque c’est aussi bien fait que là, on n’en demande pas plus.


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La mort au crépuscule

Rare sont les romans noirs qui trouvent grâce à mes yeux et celui-ci n'a à mon plus grand regret pas failli a cette règle .





Pourtant la quatrième de couverture était plutôt alléchante promettant une course poursuite entre Kenneth jeune adolescent et Fenton tueur a gage venant de la région qui doit récupérer des photos appartenant au croque-mort du village et que Kenneth possède .





Alors pour la course poursuite dans l'Amérique profonde il en est bien question mais celle-ci est-elle nécessaire durant tout le roman? Cela a considérablement alourdi le récit à mes yeux et cela fait qu'au bout d'un moment on ne croit tout simplement plus ce qui est écrit par l'auteur…





Dans ce genre de récit ou l'on rentre dans l'ambiance ou l'on reste hermétique et ce fût mon cas, c'est pourtant dommage car j'ai plutot aimé la première partie du recit entre le croque- mort et Fenton.





Le procédé d'écriture de l'auteur est également particulier, le récit n'est pas aéré , il y a tres peu de dialogue et lorsque les personnages dialoguent il n'y a aucun tiret comme dans les autres récits .





Une perte de temps de mon côté pour ce récit pourtant primé .

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La demeure éternelle

Dans les années 1940, dans une région reculée du Tennessee, Dallas Hardin règne par la terreur sur Mormon Springs. Après avoir fait son nid dans la demeure de Thomas Hovington, s’arrogeant son commerce d’alcool clandestin et sa femme, Hardin apparaît comme intouchable, multipliant menaces, vengeances et meurtres en toute impunité. Jusqu’à ce que le jeune Nathan Winer croise sa route et celle d’Amber, la fille de Hovington. C’est que si Nathan n’a jamais su ce qu’était devenu son père, disparu dix ans plus tôt, Hardin, lui, le sait bien, puisqu’il l’a tué de ses propres mains.



Dans ce premier roman (deuxième publié en France) William Gay joue la partition classique de la lutte du Bien contre le Mal. Sous le regard de William Tell Oliver, vieux voisin qui l’a pris sous son aile et cache bien mal ses blessures et son remord de n’avoir jamais affronté Hardin, Nathan, malgré son apparente innocence, va peu à peu prendre conscience de l’inéluctabilité du combat qui l’opposera à celui qui règne sans partage sur ce bout de Tennessee abandonné par la loi des hommes et où seule la volonté de Dieu, du diable ou de quelques forces ambivalentes de la nature (le gouffre, symbole central, qui apparaît sur le terrain de Hovington en ouverture du livre sert autant à dissimuler les méfaits qu’à les faire ressurgir) peut instaurer un certain ordre.

Une grande partie du roman, peu ou prou les deux tiers, est l’occasion pour Gay de nous montrer cet ordre des choses et de présenter une communauté profondément divisée par de vieilles rancœurs, des peurs immémoriales et, surtout, l’absence d’hommes véritables. Partis à la guerre, partis là où il y a du travail, les hommes sont absents. Ceux qui restent sont vieux, ou bien jeunes et poussant sans une réelle autorité paternelle, prêts à dévier, fascinés, à l’image de Bille-de-Pied Chessor ou de Grande-Gueule Hodges, par la violence, mal dégrossis et tournant comme des bêtes en cage dans une communauté qui, malgré la nature immense et sauvage, a l’allure d’une prison dont il est impossible de s’extraire. Quant à ceux qui sont dans la force de l’âge et sont restés, ils rivalisent de lâcheté ou se trouvent impuissants face au lourd couvercle de silence et de peur maintenu sur les lieux par Hardin :



« Et comment pourriez-vous l’empêcher d’entrer chez vous ? À moins de le tuer, comment pourriez-vous assurer l’inviolabilité de votre logis, l’intégrité de votre famille ? Les portes brûlent, les vitres fondent et s’écoulent, visqueuses et en flammes, par-dessus les rebords de fenêtres, les serrures noircissent et gisent, inidentifiables, parmi les cendres. Si vous attendez sa venue, vous pouvez vous préparer, mais il est rusé. Quand viendra-t-il ? À quelle heure du jour ou de la nuit ? Il a tout son temps, il peut se permettre de choisir son moment, et vous, le seul temps dont vous disposez, c’est l’instant de son arrivée. C’est un rancunier, la moindre contrariété le met dans des états qu’un homme ordinaire n’a jamais connu ailleurs que dans les livres. »



De cette première partie, lente, plutôt lyrique et contemplative, émerge donc le portrait peu flatteur d’une communauté en butte à la crise, à l’individualisme, à la bêtise, et animée d’une peur quasi superstitieuse profondément ancrée en elle. Nathan s’en détache à cause de sa force de caractère, de l’opiniâtreté dont il fait preuve dans son désir de pouvoir vivre tranquille et honnêtement, mais aussi par la fascination réciproque qui s’exerce entre lui et Hardin.

Aiguillonnée par l’amour que Nathan va porter à Amber après que Hardin l’a embauché chez lui, le faisant entrer dans sa vie comme pour s’assurer qu’il peut aussi mettre sous sa coupe ce jeune esprit indépendant, l’histoire s’accélère dans le dernier tiers du roman qui voit les deux hommes s’affronter enfin.



C’est finalement une histoire d’une triste banalité que conte William Gay. Mais le lyrisme, l’empathie de l’auteur pour ses personnages dont il explore toute les facettes et dont il fait ressortir toute la complexité, le voile quasi mystique dont il pare les événements, font de La demeure éternelle un roman particulièrement fascinant et attachant. Une belle réussite.




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La mort au crépuscule

L’écrivain américain William Gay né en 1943 dans le Tennessee est décédé cette année. William Gay fut charpentier et peintre en bâtiment avant de faire la guerre du Vietnam. De retour, il attendit l'âge de 55 ans pour publier ses premières nouvelles, La mort au crépuscule, son troisième roman est paru en 2006.

Dans une petite ville du Tennessee, deux jeunes gens - Kenneth et sa sœur Corrie - mis au ban de la société en raison de leur filiation avec l’alcoolique et bootlegger du village Mose Tyler, découvrent le secret de Fenton Breece le fossoyeur. Pervers et nécrophile, il met en scène les cadavres qu’il enterre dans des positions indécentes, se livre à diverses activités obscènes et conserve des photos de ses exploits. Ces preuves formelles des activités répugnantes de Fenton Breece, les deux adolescents vont tenter de les monnayer en faisant chanter le pervers. Mal leur en prend, car l’homme des pompes funèbres va engager Granville Sutter, un fou furieux, pour régler son problème. Dès lors, une course-poursuite va s’engager entre Sutter et Kenneth, ponctuée de cadavres qui vont venir joncher ce chemin de croix où Corrie en sera la première victime.

Voilà le résumé du roman, tel qu’il est à peu près rédigé par tous ceux qui l’ont lu. C’est aussi ce qui m’a légèrement dérouté quand je me suis plongé dans la lecture du roman, car le terme « course-poursuite » induisait dans mon esprit, une idée de vitesse et de chasse à l’homme échevelée. Or, ce n’est pas le cas. Les premières pages évoquent plutôt le fameux film avec Robert Mitchum, La Nuit du chasseur. La personnification du Mal poursuivant deux enfants, non pas dans une course folle, mais au contraire dans une poursuite méthodique, inéluctable, dont on imagine mal qu’elle ne puisse aboutir, ce qui la rend angoissante.

Comme dans le film, tout est sombre dans ce roman, le noir et blanc est la couleur dominante où seul le rouge du sang en enrichit la palette chromatique. De la petite ville sans attrait particulier, la cavale s’engage dans une sorte de no man’s land fait de forêt et de zones désertiques inhospitalières, villes fantômes abandonnées, terre de désolation, royaume des enfers. Perdu, affamé, Kenneth croisera le destin de personnages secondaires comme une vieille sorcière dans sa cabane, une famille de paysans évangélistes, un vieil homme solitaire, misérables épaves humaines et indépendantes typiques d’une Amérique des profondeurs, devenues victimes collatérales d’un drame auquel ils étaient étrangers. Ces rencontres cassent le rythme de la soit disant course-poursuite, mais elles apportent de l’épaisseur au roman.

Tout est horrible dans cette histoire, Fenton Breece est un pervers ignoble, Granville Sutter un tueur fou qui terrorise les habitants de la petite ville, lesquels colportent les rumeurs sur le fossoyeur depuis de longues années sans que quiconque n’intervienne et d’ailleurs comment le pourraient-ils, le shérif local étant corrompu. Corrie et Kenneth ne sont pas des anges non plus, puisqu’ils se lancent dans une opération de chantage… encore que le frère ne le fasse que poussé par sa sœur.

William Gay nous fait plonger dans la folie de Fenton Breece et Granville Sutter qui sont passés du mauvais côté du miroir, par des flash-back reproduisant leurs pensées. Comme une mise en abîme pour le lecteur qui se retrouve placé dans un monde onirique qui de leurs rêveries révélant l’origine de leur folie, font pour lui un cauchemar.

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La mort au crépuscule

Il y a un peu de: "No country for old man", de Cormac McCarthy, dans ce roman..D'après G. Pelecanos, je cite: "Une aventure mythique dans les forêts profondes(..)servie par une langue stupéfiante"...Remarquablement ecrit ..Beaucoup de descriptions "lyriques", sur la nature sauvage, très bien traduit..Course-poursuite hallucinante, semée de morts innocents par un tueur fou..dans le "Harrikin", contrée sauvage du Tennessee..Petit chef-d'oeuvre.



http://www.lexpress.fr/culture/livre/la-mort-au-crepuscule_854856.html
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La demeure éternelle

Si vous attendez la lecture d’un bon vieux polar vous pouvez passer votre chemin. La publication dans la collection Policiers du Seuil et le bandeau accrocheur « par le lauréat du grand prix de la littérature policière » induit largement en erreur.

Dans les années trente au cœur du Tennessee profond on assiste à l’assassinat de Winer, charpentier et agriculteur par Dallas Harding, son voisin avide et dénué de tout scrupule.

10 ans plus tard Harding va employer le courageux fils de Winer, ignorant des faits mais à la recherche de la vérité. La confrontation des 2 hommes est le fil conducteur du récit. Pas beaucoup de suspens mais plutôt la description d’un quotidien noir. Les habitants sont frustes et pauvres. Dans cette campagne recluse le bien et le mal vont s’affronter. Chacun va choisir son camp.

Pourquoi ai-je mis tant de temps à m’intéresser à cette histoire sans jamais y adhérer totalement ? Il est manifestement plus facile de dire pourquoi on a aimé un texte que le contraire. Le texte, qui n’est pas vraiment mauvais, est contemplatif, descriptif, parfois lyrique. Il ne retient pas l’attention. Il faut sans cesse faire un effort pour revenir à l’intrigue. Alors définitivement ce type d’écriture n‘est pas fait pour moi.

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Petite soeur la mort

Merci à Babelio et au seuil pour m'avoir fait découvrir un roman de sa nouvelle collection : le cadre noir.



Un bien étrange roman qui m’a happé dès les premières pages, l’histoire fait appel à de vieux fantômes qui sévissent dans un endroit tout à fait particulier, mais assez propice à ce genre d'évènements, imaginez une ferme perdue et abandonnée dans le fin fond du Tennessee, des écarts de températures important, on brule l'été et on gèle l'hiver, une végétation sèche avec quelques îlots de verdure où les crotales et les vipères pullulent ... et des grands chiens noirs qui apparaissent au détour des chemins pour disparaitre l'instant suivant... Bref de quoi vous faire frissonner !



Mais revenons au début de l'histoire ...



David Binder, jeune écrivain, se voit obligé d'écrire un roman « alimentaire » pour flirter avec le top des ventes, le roman Noir semble être dans l’air du temps ; David trouve enfin une idée en exploitant le filon de la maison maléfique, il se persuade qu' habiter une vieille demeure au passé mouvementé, lui fera venir l’inspiration et l'aidera à écrire plus vite ... prétexte un peu tiré par les cheveux pour sa famille, mais c'est aussi l'occasion de tenter un nouveau départ, d'autant que Binder va être papa pour la deuxième fois. Malgré les mises en garde de quelques personnes qui pensent le coin vraiment hanté, il décide quand même de louer cette vieille ferme abandonnée au passé sombre et violent. L'écriture est longue à venir et finalement, l'écrivain va passer plus de temps à chercher des récits et des témoignages sur les occupants précédents. On va donc remonter à trois époques et sur plusieurs générations, en 1785, 1930 et en 1980, ces trois périodes se dévoilent sous forme de récits anecdotiques et vont éclairer le lecteur sur l'évolution de la malédiction subit par la famille Bell et Swan.



On comprend tout de suite que le personnage principal est cette demeure et ses alentours, ils dégagent des ondes malsaines et provoquent de véritables malaises. Notre jeune auteur est de plus en plus décontenancé par les lieux, en cherchant à en apprendre davantage, il dérive peu à peu dans un état dépressif, à la fois avec une certaine nonchalance et une violence cachée, ses proches s'inquiètent…

On ne peut s’empêcher de penser à Shining de Stanley Kubrick, le suspens et la peur sont là grâce à un cocktail de figures fantomatiques et d'apparitions animales. Et même si certains doutent de la véracité des événements, le surnaturel a sa place et les mécanismes d'écriture bien rôdés de l'auteur (du vrai) nous tiennent en haleine..



La densité de ce court roman revient surtout à l’atmosphère qui s’en dégage, elle est pesante et s’intensifie tout au long du roman. Le style est simple, on notera d’ailleurs que Mr Gay a souhaité que les dialogues soient sans aucune ponctuation et fassent partie intégrante de la prose. Cela ne facilite pas toujours la lecture, mais apporte une originalité au texte. Son choix est expliqué dans un avant propos intéressant, vous trouverez aussi une préface de l’écrivain Tom Franklin qui nous éclaire et nous donne quelques clefs pour la lecture de ce roman. Il nous prépare l'ambiance.



Une ambiance franchement bien rendue par un tas d’apparitions fantomatiques, mais le thème reste somme toute assez banal et le sujet éculé, en effet, la possession ou les histoires d'esprits vengeurs dans une maison hantée, nous ramènent à bon nombre d’histoires déjà lues et vues, il est bien traité ici, mais le petit bémol est que nous restions avec beaucoup d'interrogations, il nous manque des précisions sur ce qui déchaînent encore ces fameux esprits, et leur persistance a revenir perturber les nouveaux propriétaires, on reste trop dans l’observation, sans vraiment comprendre ce qu'ils attendent, enfin je dois bien reconnaitre que ça donne aussi un côté très crédible à l'histoire.



Je vous invite donc à vous faire votre opinion en découvrant ce petit coin de l'enfer où les forces en présence se moquent bien de nos frayeurs, et nous plongent, pour peu qu'on s'intéresse à leurs histoires, dans un perpétuel cauchemar !
Lien : http://fanfanlatulipe85.blog..
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La mort au crépuscule

Un roman que j'ai trouvé déjanté. Oui je sais ce n'est pas le mot qu'on en lit dans la plupart des critiques, mais c'est ce qu'il m'en reste.

Ils sont tous fous dans ce bouquin !



Déjà dès le premier chapitre, je me suis dit "j'ai jamais lu rien de similaire nulle part ailleurs". Une idée complètement tordue est venue à un auteur qui paraît, vu de l'extérieur, aussi fou que ses personnages.

Le style d'écriture (ou de la traduction mais je pense que ça ne fait que suivre le style de l'auteur) est original. Rien ne sépare les dialogues de la narration, ce qui oblige à lire avec une attention particulière, et donne un résultat qui appuie sur la "dinguerie" de l'ensemble. C'est un peu difficile de s'y faire au début.



Une fois qu'on est rôdé, c'est bon. Il faut s'y faire, parce que l'action démarre de suite, en fait.

C'est à la fois poétique et glauquissime, parce que les personnages sont vraiment tarés, pardonnez-moi le mot mais il n'y en a pas d'autre, il me semble. Que ce soit Breece, Sutter, ou même les Tyler, ou aussi pas mal des personnages secondaires, tous ont un grain.

On retrouve ici un peu l'atmosphère du film "Délivrance", l'amérique profonde et consanguine que personne n'a vraiment envie de connaître.

C'est lourd et on finit à peu près aussi éreinté que Kenneth.

C'est un bon bouquin, mais comme l'impression qu'il m'a laissée est vraiment étouffante, j'oscille entre la fascination et la répulsion.

En tous les cas, ça remue.



Le gros moins : une scène ahurissante de "déguisement", vers la fin, en plus, qui paraît sortie tout droit d'une parodie de film d'horreur. un peu "trop" pour moi, j'ai pas réussi à y adhérer complètement, du coup ça m'a sorti de l'ambiance direct.



Ma note : Euh, je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. Balancier entre 2 étoiles et 5... Bizarre...
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Stoneburner

Trois hommes et une femme dans le Tennessee dans les années 70. Plus tordu que le traditionnel triangle amoureux et très éloigné du carré d’as : Stoneburner et Thibodeaux sont rentrés du Vietnam fracassés, comme les autres. Stoneburner, détective privé qui rêve de se la couler douce au bord du fleuve, accepte cependant de récupérer pour le compte de Cap Holder, ex-shérif et vieux débauché cynique, l’argent d’un deal de coke qui a mal tourné. Et si pour le même prix Stoneburner pouvait aussi récupérer Cathy, ravissante blonde à la séduction ravageuse… Seulement voilà, Thibodeaux qui passait par là a repéré la blonde, ainsi que la valise pleine de billets verts qui attendait dans une voiture, la nuit, près d’une piste d’atterrissage désaffectée. La cavale de la blonde et du camé à bord d’une Cadillac noire est à la hauteur des meilleurs films du genre. Étourdis par tant d’argent, ils ne cherchent même pas à brouiller leur piste, entre Tennessee, Mississippi et Arkansas. S’y engouffrent, l’un après l’autre, Stoneburner puis un baron de la drogue local, fort mécontent d’avoir été roulé. L’humour féroce et la noirceur poétique de William Gay sont inégalables.

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Stoneburner

Ça aurait pu s’appeler le bon, la belle et le magot. Dans le roman de William Gay, il y a d’abord le gars Thibodeaux, ce mec un peu paumé, rentré depuis peu du Vietnam et qui sur un coup de tête va embarquer et la valise de dollars tombée d’on ne sait trop où par une nuit sans lune, et Cathy Meecham, la plus belle fille du pays, dans la Cadillac noire d’Elvis. Mais elle c’est la poule de Cap Holder et ce dernier n’est pas content du tout ! Et puis il y a Stoneburner, le détective que Cap Holder va lancer sur la trace bien trop visibles des deux fuyards.

Comme dans un bon vieux film américain des années 50, William Gay nous trimbale à travers Tennessee, Texas, Mississippi, à la poursuite de ces deux abimés de la vie et de son détective. Et l’on y retrouve tous les standards du genre, les motels, la boisson, la belle et le junky. Dans cette atmosphère de western des temps modernes, le lecteur embarque, parfois un peu laborieusement du fait de l’écriture si singulière de l’auteur, mais avec bonheur, dans la cavale pas du tout discrète de ces deux paumés...

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