Citations de William S. Burroughs (278)
To all the scribes and artists and practitioners of magic through whom these spirits have been manifested...
NOTHING IS TRUE. EVERYTHING IS PERMITTED.
À tous les scribes et artistes et pratiquants de la magie par qui ces esprits se sont manifestés....
RIEN N'EST VRAI. TOUT EST PERMIS.
(traduit de l'américain par Philippe Mikriamos,
coll. 1018, Christian Bourgois Éditeur)
Un savant russe aurait dit: " Nous voyagerons non seulement dans l'espace mais aussi dans le temps" - Je reviens justement d'un voyage de mille-ans-dans-le-temps et je suis ici pour vous décrire ce que j'ai vu -
La presse underground représente la seule opposition efficace à une puissance grandissante et aux techniques plus sophistiquées utilisées par les mass media de l'establishment pour falsifier, dénaturer, citer à faux, écarter comme ridicule a priori, ou simplement ignorer et effacer pour toujours : des données, des livres, des découvertes qu'ils jugent nuisibles aux intérêts de l'establishment. (p. 11)
J’ai planté le Glaiseux à un coin de rue (ciel bouché par des immeubles de briques crasseuses, pluie de suie à perpétuité).
« Je connais un toubib par ici, je vais le torpiller et je reviens tout de suite. Avec de la bonne morphine fraîche de pharmacie... Non, attends-moi ici, je tiens pas à ce qu’il te repère. » Ne bouge plus de ce coin de trottoir, le Glaiseux, et attends-moi, attends-moi jusqu’à la fin des siècles. Salut Glaiseux, salut petit gars... Où vont-ils donc quand ils se décident enfin à partir et abandonner leur corps derrière eux ?
Et pourquoi la perte d’un chat ne serait-elle pas aussi poignante et déchirante que n’importe quelle disparition? Les petites morts sont les plus tristes, tristes comme la mort des singes.
Withey alliait la sensiblerie d'un névrosé à la violence d'un psychopathe. Il était convaincu que personne ne l'aimait, et cela paraissait le perturber terriblement.
Extrait de l’ introduction:
Je me suis éveillé de la Maladie, à l'âge de quarante-cinq ans, sain d'esprit et relativement de corps, si j'excepte un foie affaibli et ce masque de chair d'emprunt que portent tous ceux qui ont survécu au Mal... La plupart des survivants ne se souviennent pas du délire dans tous ses détails. Il semble que j'aie enregistré mes impressions sur ce mal et son délire, mais je n'ai guère souvenir d’ avoir rédigé les notes que l'on a publiées en langue anglaise sous le litre « Naked lunch » (Le festin nu). C'est Jack Kerouac qui m'a suggéré ce titre, et je n'en ai compris la signification que très récemment, après ma guérison. Il a exactement le sens de ses termes : le Festin Nu cet instant pétrifié et glacé où chacun peut voir ce qui est piqué au bout de chaque fourchette.
Alors je rameute mes vieux potes et on passe de chouettes soirées à écouter la machine à laver nous seriner Sweet and Low et Lessiveuses's Boogie ; et la sinistre écrémeuse, vivant fossile, aussi aigrie que du beurre de yak rance, cavale après l'aspi; feulant tel en léopard. La banlieue renferme assez d'horreurs pour rassasier un millier de castrats.
En général, plus un écrivain est observateur, plus il trouve des sujets sur lesquels écrire. Je recommande un exercice que j'ai pratiqué pendant des années: quand vous marchez dans la rue, essayez de voir tous ceux qui sont dans la rue avant qu'ils ne vous voient. Vous vous rendez compte que si vous voyez les autres en premier ils ne vous verront pas, et vous comprendrez que cela vous laisse le temps d'observer et d'enregistrer pour un usage futur. Cet exercice m'a été enseigné par un vieux Don de la Mafia à Columbus, Ohio. Si un écrivain est vu le premier, il ne sera pas nécessairement descendu, mais il peut manquer une scène ou un personnage.
Certains n’ont même pas besoin d’être forcés. De la came et de l’argent représentent tout ce qu’ils veulent et ils se foutent bien de la manière de l’obtenir.
L'homme moderne a perdu l'option du silence.
Le ticket qui explosa, p. 235.
- Il se trouvait dans un jardin en ruine sous deux lunes - l'une rouge l'autre vert pâle très claire - Il pouvait voir des fruits noirs palpitants enfermés dans des bocaux de cristal - Devant lui un jeune homme moulé en bronze noir et poli rayures de patine verte sur leurs hautes pommettes - Des lèvres entrouvertes révélant un sourire cruel et rêveur, une vague odeur de décomposition flottait comme s'il pourrissait à l'intérieur du moule en bronze - Avec un geste lent il mena Bradly sur un chemin pavé de dalles craquelées - Bradly remarqua que ses pieds étaient palmés et laissaient des empreintes de bave argentée luisant au clair de lune - Ils arrivèrent sous une tonnelle circulaire recouverte de vigne-vierge d'où pendaient des fruits noirs enfermés dans des bocaux de cristal - La tonnelle doublée d'une matière noire lumineuse traçant une écriture phosphorescente sur le métal bleu qui envahissait l'intérieur comme un crépuscule bleu palpitant - Le guide concentra ses pupilles-projecteurs et des explosions de couleur sur un autre être et Bradly sentit une réponse mouvante dans le milieu liquide de son corps - La douleur explosa dans son corps gazouillements et gloussements qui se déplaçaient en pulsations lentes et viscérales - Parlant toujours à celui qui était à l'intérieur, le garçon en bronze posa ses mains froides sur les épaules de Bradly -
Bill Gains était "de bonne famille" - si mes souvenirs sont exacts, son père était banquier dans le Maryland - et il avait de la classe. Son activité habituelle consistait à voler des manteaux dans les restaurants et il était parfaitement adapté à ce travail. Le bourgeois américain n'a pas de signes particuliers. Il se définit par ce qu'il n'est pas. Gains allait plus loin. Non seulement il ne possédait pas de signe particulier, mais il était positivement invisible : une vague présence respectable. Il existe certains fantômes qui ne peuvent se matérialiser qu'avec un drap ou un bout d'étoffe quelconque. Gains était ainsi. Il se matérialisait avec le manteau d'un autre.
p. 92
Le langage est un virus venu de l'espace.
Nova Express
Une grêle de crânes cristallins s’abattent sur la serre, les vitres volent en éclats sous la lune de l’hiver…
Evidemment, les savants occidentaux n'ont vu dans le panthéon égyptien qu'une ménagerie, reflétant les fantasmes de primitifs arriérés n'ayant point bénéficié des merveilleux acquis de la révolution industrielle; révolution limitée, pour les êtres humains produits en série, à se laisser supplanter par de simples machines (tellement plus efficaces).
Pourtant, tout fantasme se fonde sur une réalité. Je me risquerais à suggérer qu'en des temps et des lieux lointains, les dieux à tête de bête existèrent réellement et que c'est leur existence même qui inspira ces croyances. C'est alors que la notion monolithique de Dieu Unique vint écraser la révolution biologique qui aurait pu pulvériser les frontières établies entre les espèces, déclenchant ainsi un invraisemblable chaos ... horreur, jouissance et terreur, angoisses et extases inouïes, délirants vertiges d'expériences limites, gain et pertes incommensurables, monstrueuses impasses ...
Ceux-là qui en naissant n'ont point flairé de telle braise, qu'ont-ils à faire parmi nous ?
p. 170
Telle ceux qui n'arrivent pas à vomir malgré des nausées épouvantables, elle gisait là, incapable de mourir, résistant à la mort comme elle avait résisté à la vie, figée dans son amer refus du devenir et du changement.
Le chien du commissaire, dyspepsique, porte des lunettes à monture d'acier, il est assis à côté des inspecteurs, son bloc-notes sur les genoux, il tripote son stylo.
Le Chef du Parti : On ferait bien de brancher la tête chercheuse sur Benway. Il ne m’inspire aucune confiance, il est capable de tout ou presque... Il serait fichu de transformer une tuerie en partouse...
Le 1er Lieutenant : Ou en canular.
Le Chef du Parti : Exactement. C’est un intellectuel... pas de principes...
Nos dirigeants s'efforcent désespérément de produire un individu moyen et malléable.