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Citations de Wislawa Szymborska (137)


D’un regard il me fit plus belle,
et je pris cette beauté sans remord.
Heureuse, j’avalai une étoile.
[…]
Quand il ne me regarde plus
En vain je cherche mon reflet
sur le mur. Et je vois
qu’un clou, nu, et sans tableau.
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Et le temps, l’immensité du monde que je rate par seconde… « Sous une petite étoile » (p. 143)
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Car enfin, quelle idée que tout ce qui existe
N’existe que d’une seule et unique façon ? « Interview avec l’enfant » (p. 129)
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CENT BLAGUES 1967



VIVANT

Nous l'enlaçons seulement.
Enlaçons le vivant.
Rien que d'un bond du cœur
pouvons-nous le saisir.

Scandalisant l'araignée
notre parente lointaine
nous ne le mangerons pas.

Nous permettons que sa tête,
graciée depuis des siècles,
repose sur notre épaule.

Pour mille raisons confuses
nous avions pris l'habitude
de l'écouter respirer.


p.84
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Une voix dans la discussion sur la pornographie


Extrait 2

En plein jour, ou alors sous le couvert de la nuit,
accouplements, triolismes, ou alors tous en rond.
Peu leur importe l’âge et le sexe des partenaires.
Leurs yeux brillent, leurs joues s’enflamment.
L’ami entraîne l’ami dans la déchéance.
Filles indignes pourrissent leur propre père.
La petite sœur jetée dans le stupre par son frère.

Ils affectionnent d’autres fruits
de l’arbre des connaissances interdites,
que les fesses roses qu’on voit dans les magazines,
toute cette pornographie simplette, en fin de compte.
Les livres qui les excitent ne sont guère illustrés,
et pour toute distraction n’arborent que ces phrases
très spéciales, marquées à l’ongle, ou au crayon.



//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Une voix dans la discussion sur la pornographie


Extrait 1

Il n’est pas de débauche pire que la pensée.
C’est une sale graine qui sème à tout vent,
sur nos plates-bandes faites pour des marguerites.

Il n’y a rien de sacré pour ces coquins qui pensent.
Désignations osées des choses par leur nom,
licencieuses analyses, grivoises synthèses,
chasse dévergondée aux faits tout nus,
tripatouillage obscène des sujets délicats,
le frai des opinions, voilà ce qui les allume.



//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Haine


Extrait 3

Douée, réceptive, extrêmement bosseuse.
Nul besoin d’aligner les chants qu’elle composa.
Toutes ces pages d’histoire numérotées par elle.
Tous les tapis humains qu’elle a su déployer
sur combien de places et de stades.

Inutile de se leurrer :
elle sait aussi faire du beau.
Splendide ses lueurs d’incendie dans la nuit noire.
Admirables les déflagrations au petit matin rose.
Ses ruines possèdent une majesté indéniable
et la colonne robuste qui s’y dresse
n’est pas dénuée d’un humour gaillard.


//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Haine


Extrait 2

Peu lui chaut, religion ou pas,
pourvu qu’on soit dans les starting blocks.
Peu lui chaut, patrie ou pas,
pourvu qu’on soit dans la course.
La justice n’est pas mal, au départ.
Ensuite, elle court toute seule.
La haine. La haine.
Le visage tordu
par l’amoureuse extase.

Pouah ! les autres sentiments
chétifs et avachis.
Depuis quand la fraternité
attire –t-elle les foules ?
A-t-on vu la miséricorde
arriver la première ?
Le scrupule soulève combien de prosélytes?
Elle seule sait soulever, on ne la lui fait pas.


//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Monologue pour Cassandre


Extrait 3

Dans la vie ils vivaient.
Portés par le grand vent.
Déterminés,
dès leur naissance dans ces grands corps migratoires.
Mais il y avait en eux comme un espoir humide,
Une flamme nourrie de son propre grésillement.
Ils savaient mieux que moi ce que c’est un instant,
un seul au moins, unique ; n’importe lequel – Avant –

J’avais raison.
Seulement voilà, il n’en résulte rien.
Et voici ma chemise barbouillée par le feu.
Et voici ma quincaillerie de prophétesse.
Et voici mon visage tordu.
Visage qui n’a pas su qu’il pouvait être beau.
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Monologue pour Cassandre


Extrait 2

Je me souviens maintenant, très distinctement
de ceux qui, devant moi, arrêtaient de parler.
Rires qui s’étouffaient.
Mains qui se dénouaient.
Enfants qui couraient vers leurs mères.
Je n’ai même pas connu leurs noms si périssables.
Et cette chanson sur la petite feuille verte,
Personne ne l’achevait quand j’étais là.

Je les aimais.
Mais les aimait de haut.
Bien plus haut que la vie.
De l’avenir. Où il fait toujours vide.
D’où rien n’est plus facile qu’apercevoir la mort.
Je regrette maintenant que ma voix fût si dure.
Regardez-vous vous -mêmes depuis les étoiles, disais-je.
Regardez-vous vous -mêmes depuis les étoiles.
Ils m’entendaient, et baissaient les yeux.
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Psaume


Extrait 3

Comment peut-on parler de l’ordre dans tout cela,
s’il n’est même pas possible d’écarter les étoiles
pour que l’on sache enfin laquelle brille pour qui ?

Et que dire de l’insubordination du brouillard !
Et des poussières des steppes sur toute leur étendue,
comme si l’on n’avait pas tracé une ligne en son milieu !
Et ces voix qui résonnent sur les ondes serviables :
pépiements séducteurs et allusifs glouglous !

Seul ce qui est humain peut nous être étranger
Le reste c’est forêts mixtes, travail de sape et vent.


//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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DISCOURS AU BUREAU DES OBJETS TROUVÉS


J’ai perdu quelques déesses entre le sud et le nord
ainsi que bon nombre de dieux entre l’est et l’ouest
Quelques étoiles s’éteignirent pour moi, le ciel m’est témoin.
Une de mes îles, puis une autre sombra dans les abysses.
Je ne me souviens plus où j’ai laissé mes griffes,
qui parade dans mes poils, qui occupe ma carapace.
Mes frères et sœurs sont morts avant d’atteindre la rive,
un seul petit os en moi fête cet anniversaire.
Je sortais de moi-même, dilapidais vertèbres,
perdais mes esprits un nombre incalculable de fois.
Depuis longtemps j’ai fermé mon troisième œil à ce propos,
haussé les branches et passé la nageoire.

Tout perdu, dispersé, semé aux quatre vents.
Je m’étonne moi-même du peu de moi qui reste :
seule et unique personne, provisoirement humaine,
qui cherche son parapluie perdu il y a une semaine.
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Wislawa Szymborska
Certains aiment la poésie

Certains,
Pas tout le monde,
Pas la majorité, mais une minorité.
Hormis les écoliers qui le doivent, et les poètes eux-mêmes.
Ca doit faire dans les deux sur mille.
Certains l'aiment.
Mais on aime aussi le potage aux vermicelles.
On aime les compliments et la couleur bleu clair.
On aime un vieux foulard.
On aime avoir raison.
On aime flatter un chien.
La poésie, mais qu'est-ce donc que la poésie ?
Plus d'une réponse brûlante a déjà été donnée.
Et moi je n'en sais rien.
Je n'en sais rien et je m'y accroche comme à une rampe de salut.
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Fin et début / B
  
  
  
  
Il faut des ponts encore
et des gares à nouveau.
Les manches seront en lambeaux
tant on les retroussera.

Quelqu’un, balai à la main,
se souvient comment c’était.
Quelqu’un d’autre écoute
Opinant du chef qu’il n’avait pas perdu.
Mais tout près de ces deux-là
tournent déjà quelques autres
que leurs histoires embêtent.

Parfois encore quelqu’un
déterre sous un buisson
de vieux arguments rouillés,
et les jette sur un tas d’ordures.

Ceux qui sont au courant
du pourquoi du comment
céderont bientôt la place
à ceux qui en savent peu.
Puis à ceux qui en savent prou.
Et enfin, rien du tout.

Dans l’herbe qui couvrira
les causes et les effets
il faudra que quelqu’un se couche
un épi entre les dents
à regarder les nuages.


// Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Oignon

L'oignon, ça s'applaudit :
Le plus beau ventre sur terre
S'enveloppant lui-même
D'auréoles altières.
En nous : nerfs, graisses et veines
Mucus et sécrétions.
On nous a refusé
La perfection tout con.
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Première photo

Mais qui c'est, ce bébé dans son petit maillot ?
C'est le petit Adolf, fils de Madame Hitler !
Peut-être sera-t-il plus tard docteur en droit ?
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Enterrement

"Si soudain, qui l'aurai cru"
"les nerfs, les cigarettes, je lui avais bien dit"
"pas mal merci"
"déballe les fleurs"
"son frère aussi est parti du coeur,
c'est de famille"
"barbu, je ne vous aurais jamais reconnu"
"que voulez-vous, toujours à se mêler de tout"
"le discours, c'est le nouveau, mais où est-il passé ?"
()
"toi au moins t'es futée, t'as pris ton parapluie"
"et qu'est ce que ça fiche si c'était le plus fort"
"deux pièces en enfilade, jamais elle ne voudra"
"oui, il avait raison, mais est-ce une raison ?"
"avec la peinture des portes, devine combien ?"
"deux jaunes, une cuillerée de sucre"
()
"non, je ne sais pas, de la famille peut-être"
"dis donc, le curé on dirait Belmondo"
"je n'ai jamais été dans cette partie du cimetière"
()
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On vient de découvrir une nouvelle étoile,
ce qui ne veut pas dire qu'il fait soudain plus clair,
ou que nous sommes plus riches d'un truc qui nous manquait.
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Quatre milliards d'hommes sur cette terre,
et mon imagination reste ce qu'elle était.
Elle se débrouille mal avec les grands nombres.
La particularité parvient toujours à l'émouvoir.
Elle vole dans l'obscurité comme une lampe de poche,
et ne fait ressortir que le premier visage qui passe
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[My memory] wants me to live only for her and with her.
Ideally in a dark, locked room,
but my plans still feature today's sun,
clouds in progress, ongoing roads.
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