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Citations de Witold Gombrowicz (343)


Où est-il le bon vieux temps où Rabelais écrivait comme un marmot fait ses besoins contre un arbre, pour se soulager !
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A côté d’une certaine authenticité, quelle ambiance irrespirable, mensongère et grotesque se détache de cette crise [de rébellion de la jeunesse] ! Et pourquoi ? parce que cette révolte des jeunes est en vérité l’œuvre des adultes. Voilà : quelques centaines de jeunes commencent une bagarre pour des raisons quelconques […] et ils défoulent à l’occasion leur rancune contre la société. […] Mais alors la presse, la radio, s’emparent d’un thème excitant, bon à commenter, savoureux, et les feuilletonistes, les sociologues, les philosophes, les politiciens noircissent des tonnes de papier. […] Le monstre de la jeunesse, tel qu’il nous apparaît maintenant, est de notre propre (et adulte) fabrication.
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Faut connaître la vieille p… Vous savez à qui je pense ? La Nature. Quand elle fait diversion ainsi sur un flanc par quelque chose d’inattendu, faut pas protester, faut pas opposer de la résistance, mais au contraire s’y plier, faire bonne mine… mais intérieurement ne pas lâcher, surtout ne pas perdre des yeux notre but, de façon à ce qu’elle sache bien que nous poursuivons le nôtre propre.
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Frédéric dis-je, voûté, chétif, incurvé, en binocles, la bouche nerveuse agitée de tics, les mains dans les poches –le type même de l’intellectuel à la campagne… Cependant, dans ce contraste, le paysage n’était plus victorieux, les arbres perdaient de leur assurance, le ciel semblait mitigé, la vache n’offrait plus la résistance prévue, la toute-éternité de la campagne semblait maintenant troublée, incertaine, entamée… et Frédéric, oui, Frédéric, paraissait maintenant plus réel que l’herbe. Plus réel ? Pensée fatigante, inquiétante, sale pour tout dire, un peu hystérique aussi, et même provocante, envahissante, destructrice… et je me demandais d’où elle me venait, cette pensée, de Frédéric, ou bien de la guerre, de la révolution, de l’occupation… ou de l’un et de l’autre, des deux ?
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L'homme dépend de l'image de lui-même qui se forme dans l'âme d'autrui, même si c'est l'âme d'un crétin.
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L’être humain ne s’exprime pas de façon directe et conforme à sa nature, il passe toujours à travers une forme définie. Cette forme, ce style, cette manière d’être ne viennent pas seulement de lui-même, mais lui sont aussi imposés de l’extérieur — et voilà pourquoi le même individu peut s’extérioriser sagement ou au contraire sottement, sanguinairement ou angéliquement, avec ou sans maturité, en fonction du style qui lui échoit et de sa dépendance à l’égard d’autrui. Si les vers et les insectes sont toute la journée à la recherche de nourriture, nous passons notre temps, nous, à la poursuite de la forme, nous nous battons avec d’autres hommes pour un style et un genre de vie.
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Car enfin seul un fou peut exiger qu'un homme ne se passionne pas pour sa personne, bref, qu'il ne se considère pas comme un être en soi. Cette femme exige que j'oublie que moi je suis moi, mais elle sait fort bien que si j'ai une attaque d'appendicite, c'est bien moi qui vais gueuler, et non pas elle.
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Quand, arrivé sur le perron, je vis le prêtre faire quelque chose d’étrange avec sa bouche, je fus sidéré. Quoi ? Quoi ? Je n’aurais pas été moins sidéré si l’écorce terrestre avait craqué et si les larves souterraines avaient émergé. Réellement ! Moi seul connaissais le secret des bouches. Nul autre que moi n’était introduit dans l’aventure secrète de la bouche de Léna. Il n’avait pas le droit, lui, d’être au courant ! C’était à moi !
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Visiblement, ils venaient à peine de se marier, il posait sa main sur la sienne, il la regardait dans les yeux. Comment était-il ? Assez grand, plutôt bien bâti, un peu alourdi, assez intelligent, architecte, chargé de la construction d’un hôtel. Il parlait peu, il prenait un radis – mais comment était-il ? Et comment étaient-ils ensemble, tout seuls, que faisait-il avec elle, elle avec lui, l’un avec l’autre ? … Pouah, trouver ainsi un homme aux côtés de la femme qui vous intéresse, cela n’a rien de plaisant… mais c’est pis encore lorsqu’un tel homme, avec qui vous n’avez rien de commun, devient aussitôt l’objet de votre curiosité (forcée) et que vous devez deviner ses tendances et ses goûts les plus secrets ; il vous faut, malgré votre répugnance, le sentir à travers cette femme.
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Je reconnais un sens à toutes les formes de la foi, même les plus fanatiques [...] Notre aventure terrestre est quelque chose de tellement fantastique que toutes les solutions sont possibles et seules les personnes totalement dénuées d'imagination et d'intelligence peuvent se contenter des raisonnements.
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De nos jours des peuples entiers savent, au même titre que les individus, fort bien organiser leur vie psychique et ils sont très capables de créer des styles, croyances, principes, idéaux, sentiments selon leur désir et en fonction de leur intérêt immédiat ; mais ils ne peuvent vivre sans style ; et nous ne savons pas encore comment défendre notre fraîcheur intime contre le démon de l'ordre. Il faudra de grandes inventions, des coups puissants assenés sur la cuirasse de la Forme par des mains nues, il faudra une ruse inouïe et une réelle honnêteté de pensée, et un extrême affinement de l'intelligence, pour que l'homme, débarrassé de sa raideur, puisse concilier en lui la forme et l'absence de forme, la loi et l'anarchie, la maturité et la sainte immaturité.

(P. 125)
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Galkiewicz : Ça ne bouleverse personne. Ça n'intéresse personne, ça ennuie tout le monde. Personne ne peut en lire plus de deux ou trois strophes. Oh, mon Dieu ! Je ne peux pas...

Le professeur : Galkiewicz, c'est inadmissible. La grande poésie, étant grande et étant poésie, ne peut pas ne pas vous enthousiasmer, donc, elle vous enthousiasme.
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L'éternelle tristesse du voyage en train, cette tristesse par coeur apprise, la ligne montante ou descendante des fils électriques ou du fossé, le surgissement subit à la fenêtre d'un arbre, d'un poteau télégraphique, d'une cabane, le glissement rapide du paysage en arrière, sa reculante incessante... alors qu'à l'horizon apparaissent une cheminée, une colline... avant de sombrer dans le néant, d'un long mouvement tournant.
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Je pressens (...) que bientôt viendra le moment du Grand Tournant. Le fils de la terre comprendra qu'il ne s'exprime pas en accord avec sa nature profonde, mais dans une forme artificielle qui lui est douloureusement imposée du dehors, soit par les hommes, soit par les circonstances. Il en viendra donc à avoir peur et honte de sa forme, alors que jadis il la révérait et s'en glorifiait. Nous nous mettrons bientôt à redouter notre personne et notre personnalité en discernant qu'elles ne sont pas pleinement nôtres. Et au lieu de meugler : "Voilà ce que je crois, voilà ce que je sens, voilà ce que je suis, voilà ce que je soutiens", nous dirons avec humilité : "Quelque chose en moi a parlé, agi, pensé..."
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Car on n’est jamais dégoûté de soi, car il suffit d’être soi-même pour ne plus être dégoûté !
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Inconcevable : cette peur qu’il affichait, pâle, tremblant, tout en sueur, n’était qu’un cheval sur lequel il galopait… vers ces jeunes genoux… ces jeunes mains !... Il se servait de son épouvante dans un but érotique. Le comble de l’imposture, une abjection ! Inouï, intolérable ! Il se traitait lui-même comme un cheval !
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Oui ! Je le savais ! Assez de cette jeunesse docile et tout bonnement gentille ! il s’agissait d’en fabriquer une autre tragiquement liée à nous, les adultes.
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Le Roi :
Tu en as marre de tes études, Philippe ? Ton option "Construction de hauts chaudrons" à l'Ecole polytechnique ? Tu veux arrêter ton action idéologique dans le secteur civico-social ?
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Chacun porte son bonheur en soi.
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[…] nous terminâmes les pâtés, la compote parut et, après la compote, Catherette mit près de Léna un cendrier couvert d’un treillis de fils de fer, comme un rappel, un faible rappel de cet autre treillis (du lit), sur lequel une jambe, quand j’étais entré dans la pièce, le pied, un peu de mollet, sur le treillis métallique, etc., etc. La lèvre glissante de Catherette se trouva tout près de la bouche de Léna.
J’étais suspendu à cela, moi qui avais quitté les choses de là-bas, de Varsovie, et voilà que je tombais dans les choses d’ici, pour recommencer. J’étais suspendu à cet unique instant, mais Catherette s’éloigna, Léna poussa le cendrier vers le milieu de la table… et j’allumai une cigarette… on mit la radio […].
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