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Citations de Yanick Lahens (186)


"C'est bien sûr en voyant se métamorphoser Eddy que j'ai appris l'existence des menteurs de haute voltige. Des gens qui ne mettent pas le nez dehors, mais font des phrases sublimes sur les arbres, les fleuves et les couchers de soleil. Des gens qui pourraient vous dépecer sur place et alignent des vers magnifiques sur la bonté humaine. Eddy est un de ces menteurs-là. Mais c'est fou ce que les gens aiment les mensonges ! C'est fou ce qu'ils adulent les menteurs !"
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De toute façon, il y avait longtemps qu'elle avait renconcé à rêver d'éternité, quand les hommes, eux, ne promettaient l'avenir que pour avoir le présent.
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Brune est une fille des commotions, de la colère et du sang, des vertiges, de l’âpre beauté de cette ville. Brune ne connait que ce concentré de force aveugle, torrentielle, qui fait frémir sa mère chaque fois qu’elle saute à l’arrière de la moto de Mackenson. Brune ne connait rien d’autre. Mère se souvient d’une ville plus tranquille.
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Elle s'attarda désespérément devant le miroir pour scruter à nouveau son visage et le relier au nom qui était le sien, à la vie qui avait été la sienne. Quelques secondes s'étaient à peine écoulées que William lui demanda si tout allait bien. Elle répondit un oui à peine perceptible à travers la porte. Assise au bord de la baignoire, elle pensa aux rues nauséabondes, à Wilfrid, aux murs lambrissés, aux privations, puis à une maison entourée d'un jardin, aux enfants aux cheveux et à la peau aux couleurs des vainqueurs que William lui ferait peut-être dans l'Ohio ou dans le Wisconsin. Elle ravala sa légère nausée tout au fond de la gorge. Quand elle quitta les toilettes, Mirna souriait et portait déjà ce masque qui devait remplacer son visage le reste de sa vie.
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Quelquefois les mots de trop rendent les fardeaux encore plus lourds à porter.
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J'aime particulièrement le ciel des tropiques en cette saison. Étoiles à profusion. Beauté donnée, offerte, sans effort. Sans rien en retour que ce pur plaisir. Le ciel semble descendre, se pencher dans sa bienveillance pour nous faire toucher les étoiles.
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Port-au-Prince a planté des graines empoisonnées en moi et l’arbre mortifère ne cesse de grandir, grandir. Port-au-Prince nous a échappé comme l’eau qui coule entre les doigts. Le désordre a grignoté chaque parcelle de cette terre et c’est aujourd’hui un désordre de l’âme. Nous ne pouvons pas guérir. Peut-être ne le voulons-nous pas ? Dans les quartiers de la périphérie, à douze ans, un jeune garçon est un vieillard : il a déjà expédié deux ou trois chrétiens vivants dans le précipice de l’éternité et a le cervelle brûlée par l’éther. Il a trop vu, trop entendu, trop accompli ; une gamine de treize ans est une femme avertie qui a à son actif deux ou trois amants et a déjà aidé les garçons à remplir le gouffre de la mort. Et si le malheur frappe un jour à votre porte, ne vous mettez pas en tête d’aller porter plainte. Ceux préposés à la défense des victimes s’arrangent pour poursuivre l’œuvre de dépouillement et les dépècent jusqu’à l’os.
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Il ne me reste plus que des mots de survie qui se cassent à mes dents et ce jour qui se déshabille avec des gestes d'arbre blessé. En approchant de la maison, je n'ai ni nom, ni visage. L'après-midi s'est brisée en moi en des milliers d'éclats de verre. Eclats lumineux de couleurs mauve et rose et jaune qui virevoltent, tourbillonnent et manquent de me suffoquer.
Une nuée d'oiseaux zèbre le ciel.
Je descends du tap tap et je regarde au loin l'après-midi saigner dans le bleu de l'horizon.
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(...) quand tu commences avec la lâcheté, tu ne sais pas où tu t'arrêteras.
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Avant de rencontrer John je ne savais pas qu'on pouvait gagner sa vie à aimer les pauvres. Qu'aimer les pauvres était un métier.
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Elle susurra à Olmène que l'on ne devait pas tout dire. Surtout pas aux hommes. "Même s'il t'offre un toit et prend soin de tes enfants. " Que le silence est l'ami le plus sûr. Le seul qui ne trahit jamais. "Jamais tu m'entends", insista t elle.
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Il y a quelque chose d'exotique à glorifier la résilience des Haïtiens. Nous autres, Haïtiens intellectuels et/ou privilégiés, nous y laissons prendre nous aussi. Quant à l'étranger, il en a fait un tel leitmotiv que c'est devenu un cliché. Vivre et non survivre nous rendra certes moins exotiques mais juste banalement vivants.
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"Ce premier jour de classe, la plus jeune des demoiselles Védin s'était approchée de nous, une grande tige de bois à la main.Elle avait un visage de malfini, d'oiseau de proie. De sa voix aigüe et cassée, elle nous cria : "Mesdemoiselles, en rang, deux par deux.Vous êtes ici à ce qu'il y a de meilleur dans la civilisation."J'entendais distinctement le bruit de chaque syllabe.Les mots sifflaient entre ses dents. Cette phrase inaugurée, à elle seule, le long travail auquel ces vieilles filles s'étaient astreintes depuis des années : faire de ces jeunes négresses que nous étions des filles colorées de la France, métropole ancienne et lointaine. Mais les mots étaient déjà pour moi sans patrie et sans drapeaux.
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La pêche du jour avait été moins bonne que celle de la veille, à cause des nasses qui ne tenaient plus la route. Orvil était parti dès le lever du jour avec ses fils, Léosthène et Fénélon, et ils avaient dû se battre deux heures durant avec une bonite qu’ils n’avaient finalement pas réussi à prendre, laissant tout autour d’eux une mer rouge de sang. Le bois-fouillé* avait pris l’eau et ils avaient bien cru qu’il se retournerait avec eux et les quelques poissons qu’ils avaient pu attraper plus tôt. De retour à Anse Bleue, Léosthène et Fénélon grattèrent les écailles et firent sauter les entrailles avec leur coutelas, puis mirent les poissons à sécher dans du sel.
Mais, après cette pêche difficile au petit jour, Orvil était épuisé. » Vivre et souffrir sont une même chose ». Il l’avait toujours su. « Avec nos vies tout entières à traverser nos souffrances, talons fichés en terre pour ne pas vaciller. Et quand nous voulons lui lancer de féroces obscénités, à la vie, nous appelons les Mystères et les Invisibles, et nous la caressons, la vie, comme on dompte un cheval qui se cabre. »
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Sa face émaciée, pas lavée, disait ce que sa langue taisait : « Je n’ai pas mangé depuis deux ou trois jours. J’ai peur. » Nous, nous connaissions ce langage mieux que quiconque, mais, ceux qui n’ont jamais eu faim ne peuvent pas le connaître. Nous avions cette longueur d’avance sur l’étranger. Qui ne soupçonnait pas à quel point il était étranger. P 146
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Un monde livré à nous-mêmes, des hommes et des femmes qui en savent assez sur l'humaine condition pour parler seuls aux Esprits, aux Mystères et aux Invisibles.
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Je m'en rends compte après coup. jamais je n'ai regardé le ciel ce soir du 12 janvier, contrairement à mes habitudes. Il m'aurait paru tellement déplacé, faux et arrogant au-dessus du malheur. Un ciel comme une robe de mauvais goût. Au clinquant trompeur.
Nous dormons tous dans les voitures. sauf P. Il refuse et me dit que s'il n'est pas mort cet après-midi-là, il ne mourra pas de sitôt.
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Autant dire que nous sommes devenus à la longue des camés, dépendants d'une cocaïne, d'un crack qui s'appelle l'aide internationale. La reconstruction, la vraie, supposerait un accompagnement de qualité venu d'ailleurs (car nous avons besoin d'aide) mais précisément pour une cure de désintoxication qui passerait par les affres du sevrage avant le long chemin vers la dignité.
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Nous somme devenus à la longue des camés, dépendants d'une cocaïne, d'un crack qui s'appelle l'aide internationale. La reconstruction, la vraie, supposerait un accompagnement de qualité venu d'ailleurs (car nous avons besoin d'aide) mais précisément par une cure de désintoxication qui passerait par les affres du sevrage avant le long chemin vers la dignité.
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Sur le corps des femmes on tire un rideau. Rien à voir. Rien à dire. Circulez.
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