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Critiques de Yasmina Khadra (3329)
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Les Vertueux

Lorsque Babaï vient le chercher dans son humble gourbi, Yacine n'a d'autre choix que de suivre l'inquiétant homme de main du caïd. S'il imagine de multiples hypothèses pour expliquer cette convocation soudaine, il ne s'attend pas du tout à ce que l'on propose, à ce qu'on lui impose plutôt, car le choix n'est pas vraiment de mise. Yacine se retrouve ainsi tirailleur dans les tranchées de Verdun, pour remplacer le fils du caïd, réformé. Avec à la clé l'espoir du bonheur pour sa famille lors de son retour.



Trois ans plus tard, les promesses ne sont pas tenues. Sa famille a disparu et sa vie est menacée. Commence pour Yacine un périple éperdu à la recherche des siens.



Voyage au coeur de l'Algérie du début du vingtième siècle, juste avant que ne s'amorce une hostilité générale pour les colons, avec une incursion en France alors que la guerre de 14-18 fait rage. le ton évoque la légende ou le conte des mille et une nuit, d'autant que le héros est constant dans sa probité et sa pureté qui confine parfois à la naïveté. On fréquente les humbles, les démunis, avec quelques figures qui tentent de se sortir de leur condition de miséreux. Pour Yacine, après une période un peu plus faste, le destin le conduira au bagne !



C'est aussi l'occasion, mais loin d'être unique en littérature de partager l'horreur de la guerre et la honte pour un pays d'envoyer en première ligne des recrues qui ne sont rien d'autre que de la chair à canon. Malgré tout, c'est dans cet enfer que se lient de profondes amitiés, qui sauront le jour venu inverser les tendances du destin.





Roman assez classique mais très agréable à lire. On ne peut éprouver qu'une empathie sincère pour le personnage de Yacine balloté au gré de pouvoirs qui le dépassent.



541 pages Mialet Barreau 24 Août 2022

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Les Hirondelles de Kaboul

Nous sommes il y a un peu plus de vingt ans, sous le premier gouvernement des Talibans. Kaboul en ruines vit dans la peur d’un quotidien rythmé par les exécutions publiques et les lapidations de femmes. Même rire y est répréhensible, ce dont d’ailleurs les habitants, désespérés, ont perdu la force. Atiq, le moudjahid devenu gardien de prison, ne peut se résoudre à répudier, comme le voudrait la norme, son épouse atteinte d’un cancer. Mohsen et sa femme Zunaira, autrefois avocate et maintenant confinée à l’étroitesse sans visage ni identité du tchadri, ont vu leurs carrières et leur mode de vie réduits à néant. Ils ne sont pourtant tous les quatre qu’au début de la tragédie qui va les réunir...





Les scènes choc se succèdent, révoltantes, insupportables, dans une Kaboul livrée à la folie terrifiante et à la violence abjecte d’un totalitarisme obscurantiste proprement effarant. « A Kaboul nous sommes tous des mendiants. » « Nous avons tous été tués. Il y a si longtemps que nous l’avons oublié. » « Aucun soleil ne résiste à la nuit. » Accablés par le lent pourrissement qui les gagne, dans le dégoût de leur impuissance complice lorsque chaque jour accroît leur compromission horrifiée d’humains tremblant de sauver leur peau, Atiq et Mohsen ne savent plus comment trouver de paix, alors qu’en dépit d’eux-mêmes et de la pression fataliste des autres hommes de leur entourage, ils ne peuvent tout à fait se résoudre à accepter l’inacceptable. C’est une femme, ultime incarnation de ce qui survit de leur âme et de leur coeur, qui sert finalement de détonateur à leur révolte et à leur colère, dans un sursaut désespéré, avant la mort et la folie, pour tenter de sauver une once de liberté, et, du même coup, d’humanité.





Ce premier volet d’une trilogie illustrant « le dialogue de sourds qui oppose l’Orient et l’Occident » est un livre fulgurant, aux images fortes et aux dialogues percutants, qui, sur le fond apocalyptique d’un Afghanistan jeté dans un chaos économique et humanitaire inouï, met en lumière le désespoir sans fond d’une population persécutée par un régime de terreur lui imposant d’inconcevables et draconiennes restrictions. L’on y frémit en particulier du sort des femmes, ni plus ni moins rayées de la condition humaine, si tant est que ce terme ait encore une signification pour un régime bannissant jusqu’à pensées et sentiments au prétexte d’obédience aveugle à l’autorité religieuse. Pourtant, c’est justement par les femmes, que, dans ce drame réaliste non dénué de la poésie d’un conte persan, réussit à subsister un semblant d’espoir, incertain et fragile.





Un roman coup de poing, plus que jamais d’actualité, sur l’infinie tragédie afghane, et une magnifique invitation à réfléchir à la notion de liberté. Coup de coeur.


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Les Vertueux

Désigné par le tout-puissant caïd de son douar algérien pour partir à la guerre en France en se faisant passer pour son fils, le jeune berger Yacine se retrouve dans l’enfer des tranchées de la première guerre mondiale avec, en échange, la promesse d’une ferme qui tirerait ses parents de la misère. Lorsqu’après quatre ans à côtoyer l’horreur et la mort, il rentre enfin, irrémédiablement hanté mais persuadé d’être accueilli en héros, rien ne se passe pourtant comme il l’escomptait. Car, pour le despote pressé d’effacer toute trace de la supercherie qui a valorisé son fils à bon compte, Yacine doit disparaître…





Lui qui espérait sortir de l’asservissement féodal au prix de quelques années à servir de chair à canon, réalise alors qu’on ne trompe pas si facilement son destin. Dépouillé de sa vie d’antan, volé de son passé de soldat, il n’a plus guère que l’indéfectible solidarité de ses anciens compagnons d’armes, et surtout, son immarcescible droiture d’âme, pour s’empêcher de sombrer et pour trouver la force d’aller de l’avant, alors que les épreuves et les injustices sont bien loin d’en avoir fini avec lui. Un souffle épique emporte le récit dans une cascade de péripéties toutes plus terribles les unes que les autres, la vie de Yacine ne semblant jamais devoir cesser de rebondir de Charybde en Scylla, emportée comme un fétu de paille dans les redoutables remous d’un irrépressible torrent.





Pourtant, si désespérant et si violent le monde, Yacine ne perd pas pied, fondant sa résilience sur cette sagesse instinctive qui le fait se plier aux caprices du mektoub, tout en restant droit dans ses bottes, fidèle à lui-même, à ses valeurs humaines et à ses attaches affectives. « La vie est une traversée et tu es un simple pèlerin. Le passé est ton bagage. Le futur, ta destination. Le présent, c’est toi. Si ton bagage t’encombre, dépose-le à la consigne. Si ta destination est hasardeuse, sache qu’elle l’est pour tout le monde. Vis à fond l’instant présent, car rien n’est aussi concrètement acquis que cette réalité manifeste que tu portes en toi. » Au soir de sa vie, loin de se perdre en regrets, aigreurs ou lamentations, il sera de ceux qui se seront attachés à cultiver l’amour et le bonheur jusqu’au plus creux de l’adversité, faisant avec l’inéluctable pour mieux profiter des moindres éclaircies concédées par la vie.





Il aura fallu trois ans à Yasmina Khadra pour peaufiner cette apothéose de son œuvre : une fresque puissante et tumultueuse, aux nombreuses scènes d’anthologie, pour célébrer ces âmes droites, capables, quelles que soient leurs infortunes et la barbarie du monde, de garder leur foi en elles-mêmes et en l’humanité, de défendre l’amour et le droit au bonheur même quand tout semble perdu. « Nous ne sommes que des mortels, mon garçon, des récits anonymes gravés sur du sable que le temps dispersera au gré du vent. Alors pourquoi tant de souffrance puisque tout passe, et nous avec ? » Coup de coeur.


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Les Hirondelles de Kaboul

Après avoir fini le superbe Ce que le jour doit à la nuit, j'ai eu envie de me replonger dans un livre de Yasmina Khadra. J'aime ses histoires qui vous prennent aux tripes (celle-là n'y déroge pas), j'aime son écriture poétique qui raconte les atrocités comme les merveilles. La guerre, le fanatisme religieux, la misère comme la beauté du monde.



Les hirondelles de Kaboul est un évocation puissante et inoubliable de ce monde déchiré et paradoxal. L'histoire de deux hommes, à l'image de beaucoup d'autres dans ce pays magnifique - Atiq, un moudjahid reconverti en geôlier et Mohsen, le mari de Zunaira, la belle avocate condamnée à cacher son visage - qui se désolent de ce qu'ils sont devenus. De ce que les Russes n'ont pas réussi à faire et que les Taliban ont fait d'eux : des lâches ou des tortionnaires, peut-être, des êtres dont la vie n'a plus de sens, sûrement.



Car ce qui a fait suite à la guerre contre les Russes, qui représentait une bataille honorable, n'est pas la libération attendue. À Kaboul, il n'y a plus de joie, plus de musique, plus d'amis. Les cerfs-volants ont disparu, c'est l'heure des lapidations des femmes, de leur déchéance, de leur négation, et de la cruauté gratuite. Celle de la persécution religieuse, perpétrée par des fous de Dieu, qui donne naissance à une déshumanisation qui paraît sans fin.
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Khalil

Yasmina Khadra , j'ai découvert nombre des ses ouvrages au cours de cette année 2018 et j'ai vraiment été conquis. C'est donc tout naturellement que j'ai profité de sa présence à la foire du livre de Brive pour lui faire dédicacer son dernier livre,"Khalil."

J'ai été charmé par le personnage,vraiment très sympathique, souriant et à l'écoute, , vraiment gentil. Une belle personne , à mon avis.

Bon,"Khalil",je viens de tourner la dernière page et je peux dire que j'ai beaucoup aimé ce roman ,image d'une actualité , hélas ,fort douloureuse et traumatisante.

Nous pénétrons dans l'enfer des attentats du 13 novembre avec plusieurs kamikazes dont la détermination semble plus reposer sur une volonté farouche d'obéissance , de réponse à

un endoctrinement bien plus qu'à l'expression d'une profonde conviction personnelle.Et c'est bien là que le roman revêt toute son importance,montrer la récupération d'êtres fragiles,sans idéal par des "frères" dont la mission semble bien plus politique que religieuse.Les "mécréants" n'ont que peu de place dans un combat dont les premières victimes sont, et bien malgré leur volonté propre , des croyants musulmans qui ne demandent qu'à vivre en bonne intelligence parmi les hommes.Et puis,il y a les gens qui "tirent les ficelles" et les "promis au paradis" sourds aux remarques des êtres qui leur sont les plus chers , enfermés dans une pensée unique destructrice.On pénètre dans ce monde et la persuasion nous gagne , l'enfermement s'empare de nous , nous qui suivons Khalil de la première à la dernière page , Khalil , un personnage déterminé , convaincu parce que faible ,un personnage qui aurait pu être sympathique.....un personnage aveugle,obtus,plein de rancoeur. ...

Incontestablement un livre à découvrir, un livre plein d'humanisme , un livre qui nous plonge au coeur de la société contemporaine, au coeur de ses dangers et de ses contradictions , un livre pour refuser les amalgames ,un livre de tolérance et de respect,un beau livre,encore de la part de cet auteur reconnu ,incontestablement amoureux de la paix et soucieux du vivre ensemble.
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L'attentat

Dans un voyage initiatique au cœur du terrorisme qui ébranle toutes les certitudes, Yasmina Khadra explore la dérive d’une Palestinienne vers le fondamentalisme dans une descente aux enfers d’une actualité toujours brûlante.

Il est difficile d’imaginer un sujet plus controversé que le conflit israélo-palestinien, un conflit qui divise l’opinion mondiale et exaspère les sentiments religieux et politiques des deux bords.

L’histoire est celle d’Amine Jaafari, chirurgien israélien d’origine palestinienne qui vient tout juste d’opérer un patient et s’apprête à rejoindre sa femme revenue d’un séjour à Nazareth. Mais l’annonce d’un attentat majeur perpétré dans un restaurant de Tel-Aviv l’oblige à rester de service pour venir en aide aux blessés. Rentré chez lui , Amine est convoqué d’urgence à l’hôpital. Ses collègues et la police l’informent alors que l’auteur de l’attentat est sa propre femme, Sihem. Après avoir identifié le cadavre déchiqueté de sa femme, Amine demeure incrédule : il ne peut tout simplement pas croire qu’elle est coupable d’un tel geste, même si toutes les évidences sont là. Amine se nourrit de tout autres évidences : sa femme et lui formaient un couple heureux, uni et complice ; elle ne lui cachait rien ; loin d’être intégriste, elle n’était même pas pratiquante. Obligé de quitter temporairement son emploi et subissant la hargne de ses voisins, Amine décide de mener une enquête. Déterminé à affronter ceux qui ont encouragé le geste insensé de son épouse, il part à la recherche d'une explication, d'une vérité, d'un apaisement

Dans ce roman très dur, Khadra expose avec clarté dans un récit poignant la réalité vécue quotidiennement par les Juifs et les Palestiniens et livre un plaidoyer virulent contre la haine et la loi du talion qui enflamment les communautés vivant au Proche-Orient. Sa thèse semble tendre à dire qu’il suffirait seulement d’un peu de bonne volonté pour venir à bout du conflit, point de vue largement répandu en Occident, mais si c’était si simple, il y a longtemps qu’on aurait trouvé une solution apaisante, non ?

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Les Vertueux

Le dernier roman de Yasmina Khadra est une belle réussite. Il nous propose une véritable épopée, celle de Yacine Chéraga, qui démarre en 1914 en Algérie. Le chef de guerre, qui dirige le territoire sur lequel vit misérablement la famille de Yacine, décide que celui-ci partira faire la guerre en France, contre les « Boches », à la place de son cher fils qui souffre d’une maladie du cœur. Afin de s’assurer de la docilité de Yacine et de l’ardeur qu’il mettra au combat, il lui promet des terres, une vierge pour s’occuper de lui à son retour, et la sécurité pour sa famille.

Si Yacine part bien pour la France, le caïd, à son retour, non seulement ne tiendra pas parole, mais en plus tentera de l’assassiner. Yacine n’a alors pas d’autre alternative qu’une fuite éperdue, après avoir compris que sa famille avait été obligée de disparaitre elle aussi.

Une incroyable odyssée attend Yacine, qui, malgré quelques moments de répit, va connaître une vie terriblement difficile, fuyant la misère en prenant sans cesse les jambes à son cou, dans une course folle, pour tenter d’échapper à son destin.

L’auteur nous emmène au cœur de cette époque avec un grand réalisme, la guerre, les portraits des compagnons de Yacine à l’armée, et de tous ceux qu’il va rencontrer lors de sa cavale sont extrêmement bien brossés, touchants, révoltants, criants de vérité.

Les pages se dévorent, le lecteur est emporté par un tourbillon de sentiments, dépaysé et ensorcelé par les personnages, étouffant dans les tranchées des campagnes françaises, les paysages algériens arides et désertiques, ou les taudis oranais, et ne peut s’empêcher de verser quelques larmes face aux tourments de Yacine …

Le seul bémol qui m’a retenue pour mettre 5 étoiles, c’est l’utilisation d’expressions actuelles dissonantes dans des dialogues dont l’action est censée se dérouler dans les années 1910-1920.

Un livre magnifique, sur une page de l’Histoire de l’Algérie et ses liens complexes avec la France.

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La dernière nuit du Raïs

Mouammar kadhafi bien tristement célèbre, parle dans ce roman sous la plume de Yasmina khadra tout au long du dernier jour de sa vie, alors qu'aux abois, il se terre dans une école désaffectée se Syrte, sa ville natale. Parlant de lui, il semble présenter un personnage juste et équilibré, mais il n'est pas nécessaire d'approfondir beaucoup la lecture pour comprendre que l'on a affaire à un individu déséquilibré, mégalomane, persuadé d'être élu de Dieu, sans compassion pour autrui, se ventant des meurtres et des viols commis durant toutes les années de son règne et qui ne peut avoir de considération pour ses semblables que si l'on sert ses intérêts. Un personnage intelligent, doté d'une mémoire phénoménale, mais qui n'a pu mettre cette intelligence au service du bien. On n'éprouve aucune difficulté après le premier tiers du roman, à anticiper les réactions du Raïs face à certaines paroles et certains actes, de même qu'on s'aperçoit vite que le dictateur est entouré de gens qui soit ont peur de lui, soit ne montrent pas leur vrai visage, soit sont aussi déséquilibrés et prêt à vouer un culte à leur frère guide comme cela doit être vrai pour un certain nombre de dictatures.

Les informations sur Kadhafi sont fournies au lecteur par les actions présentes dans une situation extrême pour tout l'entourage du colonel, les rêves d'un homme perturbé et tourmenté, et ses souvenirs d'enfance, de jeunesse, de début de règne.

Certains passages bien que nécessaires sont difficile à assimiler, particulièrement les manoeuvres stratégiques pour permettre au colonel d'échapper aux rebelles.

ce roman, selon la formule consacrée, ne peut laisser indemne, car on a beau savoir que la violence, la torture et le crime existent, on n'en prend véritablement conscience qu'à travers de telles lectures. Cela s'applique particulièrement à la pacifique que je suis.

Un roman dur, que j'ai pu lire et je n'en suis pas mécontente, grâce à l'écriture toujours aussi merveilleuse de Yasmina khadra, écriture envoûtante pour les amoureux de la langue française.



Je remercie Babélio et les éditions Julliard pour ce partenariat.
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Les Hirondelles de Kaboul

J'ai pu découvrir le film grâce au 37° Festival International du Premier Film d'Annonay et je n'ai pas été déçu par l'adaptation de ce court roman mais le livre, comme d'habitude, apporte davantage de détails, de précisions et les deux se complètent admirablement.



Cette plongée dans l’Afghanistan des talibans est terrible de réalisme et de folie. L’adaptation au cinéma de ce roman court et tellement fort, Les Hirondelles de Kaboul, par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, sous la forme d’un film d’animation m’a motivé pour réparer un oubli fâcheux, la lecture du livre de Yasmina Khadra.

Cet écrivain algérien, de son vrai nom Mohammed Moulessehoul, a adopté les deux prénoms de sa femme comme pseudonyme en hommage à celle qui l’a toujours soutenu. Ex-officier de l’armée algérienne, il avait publié déjà plusieurs livres quand il a décidé de se consacré au métier d’écrivain en 2000. Son œuvre littéraire est importante et reconnue mondialement.

Dans Les Hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra s’attache aux pas d’Atiq Shaukat (42 ans), gardien de la geôle où sont enfermées les femmes condamnées à mort. Il joue facilement de la cravache lorsqu’il se déplace dans les rues surpeuplées de Kaboul. Bien sûr, sa femme, Mussarat, très malade, reste à la maison.

Nous sommes en 2001. Les talibans ont conquis le pouvoir par la guerre et appliquent leurs principes religieux comme des forcenés, s’en prenant essentiellement aux femmes, bannissant toute musique, interdisant de rire dans la rue et envoyant de force les hommes à la mosquée écouter les prêches enflammés de mollahs illuminés.

D’emblée, l’horreur s’impose avec cette lapidation publique d’une prostituée, scène insupportable au cours de laquelle Moshen Ramat, fils de bourgeois bien élevé, marié à la belle Zunaira, jeune magistrate licenciée sans procès ni indemnité, participe à l’horreur, emporté par l’hystérie collective.

C’est lorsqu’il avoue cela à Zunaira que leur couple craque. Au fil des pages, lisant le style épuré de l’auteur, j’ai constamment ressenti toute l’horreur d’un régime traitant les femmes comme des êtres inférieurs, les enfermant sous cette toile de tente grillagée devant leur visage dès qu’elles sortent, le tchadri, obligatoirement accompagnées par un homme.

L’histoire de ces deux couples que tout oppose, Atiq et Mussarat d’un côté, Moshen et Zunaira de l’autre, m’angoisse au fil des pages alors que les talibans brutalisent, arrêtent, exécutent, que les enfants sales traînent dans les rues de la capitale, que les blessés de guerre tentent d’épater les passants en enjolivant leurs exploits et que le mollah Bashir prêche pendant plus de deux heures à la mosquée où Moshen a été conduit à coups de cravache.

Il y a aussi le vieux Nazish qui était muphti à Kaboul et qui rêve de partir alors que ses fils ont été tués à la guerre. Qassim Abdul Jabbar, milicien réputé, méprise sa famille et n’espère qu’une chose : diriger la forteresse, le plus grand centre pénitentiaire du pays. Pour plaire aux mollahs, il fournit des condamnés à mort dont les exécutions attirent la foule et ravissent les dirigeants.



Je n’en dis pas plus car ce roman révèle une surprise que je n’ose qualifier de belle mais je salue l’imagination de l’auteur qui réussit à apporter une note d’espoir dans un pays qui, s’il a été depuis délivré des talibans, est toujours déchiré par des luttes sanglantes.
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Khalil

Khalil appartient à cette catégorie de romans qu'on ne peut pas lâcher avant d'avoir achevé ses 260 pages tant l'intrigue est prenante.

Mais qu'en reste-t-il sérieusement après sa lecture ?



Le scénario, en arrivant à Marrakech, après l'épisode Bruxellois enchaine les improbabilité, voir les invraisemblances, et m'a semblé dérailler. Hélas.



Plus ennuyeux, le principal personnage, Khalil, jeune dont l'éducation a manqué d'un père qui assume ses responsabilités, et a déserté l'école prématurément, contrairement à sa soeur, m'a semblé manquer d'épaisseur et de personnalité. Impuissant, complexé, cet adolescent attardé est devenu une marionnette aux mains d'une bande de pieds nickelés qui ne sait même pas programmer correctement une ceinture explosive.



A contrario, respect pour Zahra, la soeur jumelle, qui n'a pas bénéficié non plus d'une famille éducatrice, mais a profité de sa scolarité pour s'intégrer, travailler et grandir en s'éloignant progressivement du carcan tribal.



En outre, Khalil, par la plume de Yasmina Khadra, nie toute responsabilité personnelle.

Nous ne sommes plus à l'époque de Victor Hugo dont les vers célèbres :

« Je suis tombé par terre, c'est la faute a Voltaire,

Le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau, »

ont inspiré nombre de nos écrivains.

Nous sommes dans un siècle où l'on enseigne que « c'est la faute à la France, c'est la faute à la colonisation, c'est a faute à l'occident », affirmations aussi mensongères que stériles puisqu'elles emprisonnent leurs croyants dans le monde de l'assistanat, du fatalisme et de la dépendance et les excluent de tout « vivre ensemble ».



L'écrivain parviendra-t-il à se libérer de l'idéologie véhiculée depuis soixante ans par le régime algérien qui a mené le pays à sa ruine ?



En conclusion, une oeuvre plutôt décevante, nettement en dessous du chef d'oeuvre « je voudrais exister » publié l'an dernier sur le même thème où Gabriel de Beauchesne offre une intrigue ficelée, des personnages ayant une âme et une analyse sérieuse du terrorisme, de ses multiples ressorts et surtout des remèdes pour essayer d'en sortir.



PS : ma critique de "je voudrais exister"
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Les Vertueux

Un nouveau roman de Yasmina Khadra, un nouveau coup de cœur ! J’ai mis un certain temps à le savourer, je me suis laissé bercer par son écriture ciselée, je suis devenue Yacine, révolté, souffrant, désespéré mais jamais vindicatif, un personnage attachant que les mauvais coup de la vie ne parviendront pas à endurcir.



Si je devais résumer ce récit e un mot, je dirais « errance » car c’est bien de cela qu’il s’agit. Yacine devient Hamza, se voit contraint à grossir le rang des indigènes envoyés comme chair à canon sur le front de la Grande Guerre, reviendra au pays en recherche des siens, abusé par plus puissant que lui, épaulé par quelques belles personnes rencontrées au gré de son chemin.



Ce roman est bien plus qu’une simple histoire, écrit puissant, il offre aux lecteurs de grands moments de réflexion philosophique sur la vie grâce aux belles personnes placée ici et là dans le récit, personne qui aideront le héros à se façonner, souvent des gens qui ont bien déroulé le fil de leur vie et parlent tant pas expérience que par sagesse, un délice.



Mais Yacine, c’est un être doux et pur, il rencontre également des hommes violents, sans émotions apparentes, ce qui restitue au roman, un bel équilibre entre le bien et le mal.



Ce livre est également l’occasion d’un beau périple en Algérie, depuis l’Algérie des douars, en passant par Oran, Sidi Bel Abbes, Kenadsa et bien d’autres lieux, une découverte de l’Algérie offerte par un amoureux de son pays.



Merci une nouvelle fois à Yasmina Khadra pour cette belle écriture pleine de douceur, pour ces mots choisis capable d’alléger la dureté du récit, tout en parvenant à transmettre les peurs, la violence, la tristesse et la colère, l’amour et tout un cortège de sentiments et d’émotions au lecteur.



La fin apaisante, est un magnifique message qui fait du bien.
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Dieu n'habite pas La Havane

♫ Dieu est un fumeur de Havanes [...]

Tu n'es qu'un fumeur de gitanes♫

Deneuve-Gainsbourg-1980-



Serial Killer , odeur de sang,

rousse et radieuse, couleur de flamme

Soupçons sur la jupe qui vole au vent

Les doigts croisés, je veux caresser la gitane.



Dieu n'habite pas la Havane

Elle balancera la première pierre

appel des sirènes, tentation de chair

Elle possède une bonne partie de mon âme



Je lui décroche la lune, elle sera confisquée

A Cuba, tout ce qui ne relève pas de l'Etat

est saisi , à défaut d'être réprimé.



Khadra en vrai , c'est qui !?

Prévert nous aurait dit : Khadrave exquis ?

Des mots tombés que l'état gère

Une lumière qu'un Khadra génère...



29/09/2007, Cuba, lune de miel

Poudre de fée lancée d'un arc en ciel

Plus de barrière , on s'Amour-aï

Onze ans plus tard, Noces de Corail...







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Les Hirondelles de Kaboul

Ce livre, écrit en 2002, raconte l'atmosphère pesante des rues de Kaboul à cette époque.

C'est l'été, la chaleur est étouffante, la poussière s'infiltre partout, la mort est omniprésente, la folie guette..

Deux couples sont particulièrement sur le devant de la scène : Atiq et son épouse malade Mussarat, Mohssen et la belle Zunaira. Des couples d'amoureux à l'origine et dont les destins vont s'entremêler.

Malgré tout, les femmes (les hirondelles sous leur tchador) semblent plus fortes que les hommes et résistent mieux à leur manière à l'oppression que font régner les talibans.

Je ne les oublierai pas de sitôt.



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L'attentat

J'avoue une grande lacune dans mes lectures:je ne connais pas l'oeuvre de Yasmina Khadra!!!!Et bien,comme il n'est jamais trop tard pour bien faire,j'ai choisi de lire "l'attentat".

C'est un petit livre d'une puissance littéraire et émotionnelle exceptionnelles.

Le parcours du docteur Amine est montré comme une lente et inexorable descente aux enfers après le décès tragique de sa femme Ishem qu'il adorait.

Pourquoi?c'est la question qui va le conduire au plus profond de l'âme humaine dans un contexte politico-géographique d'une complexité extrême et cruelle.

L'analyse de la détresse d'Amine est tout simplement sublime,un désespoir décrit à la perfection,comme si l'auteur l'avait lui même vécu. Ce cheminement va devenir chemin de croix mais aussi chemin initiatique pour un homme qui,en choisissant une autre vie,recherchait le bonheur par respect du bien précieux qu'est la vie et qui va devoir ouvrir les yeux sur ceux dont il s'était détourné et qui,eux,ne voient le bonheur que dans la mort et le rêve illusoire.

Ce livre interpelle,c'est le moins que l'on puisse dire.Je ne regrette pas mon choix et je sais que je rencontrerai encore Yasmina Khadra,un auteur à l'écriture flamboyante ,éclatante de poésie ,même dans l'horreur.
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Les Hirondelles de Kaboul

Lapidation : pratique qui consiste à lancer des pierres sur un homme ou une femme jusqu'à entraîner sa mort.

"La lapidation est une pratique illégale qui constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'homme." (source A.F.P.)



Les-hirondelles de Kaboul est le troisième roman que je lis de l'auteur et c'est selon moi l'un des plus difficiles.

Une écriture vraie et sans détour (ce à quoi l'auteur nous a habitués), ça claque, ça fait mal Un récit de 180 pages seulement mais ô combien intenses et douloureuses dont les faits se déroulent au début des années 2000 en Afghanistan, à Kaboul, au lendemain de l'avènement des Talibans.

Kaboul ville damnée, meurtrie par dix-huit années d'atrocités dont il ne reste que les ruines et les désillusions de ses habitants. Kaboul, qui n'a plus connu la paix depuis 1979.



La cruauté telle que l'auteur nous la montre, révulse, indigne mais elle est nécessaire car elle témoigne pour tous ces hommes et toutes ces femmes victimes de crimes de guerre, pour que nous sachions et que nous n'oublions pas.

Pour y parvenir, l'auteur met en scène les destins croisés de deux couples : Mohsen et Zunaira, qui sont issus de familles de notables et de bourgeois, elle était avocate promise à la magistrature, lui se prédestinait à une carrière de diplomate. Mais ça c'était avant. Avant que la guerre ne leur prenne tout, leurs biens, leurs rêves, leurs ambitions et même leurs illusions...

Atiq et Mussarat, qui eux sont nés dans la pauvreté et n'ont connu que la misère. Lui est geôlier de prison, un "garde chiourme" comme l'appelle son ami Mirza ; elle, est atteinte d'un cancer en phase terminale, ses jours sont comptés, il n'y a plus d'espoir.

Une dispute éclate entre Mohsen et Zunaira après qu'il lui a avoué avoir participé à la lapidation publique d'une prostituée. Une dispute qui sera la dernière car l'impensable se produit et ces deux couples que tout oppose mais que les ravages de la guerre et les désillusions rassemblent vont voir le cours de leur vie irrémédiablement modifié.



Les personnages principaux sont attachants, à fleur de peau, il ne saurait en être autrement dans le contexte qui est le leur. L'auteur a su apporter une dimension psychologique significative à chacun d'entre eux (plus poussée sur le personnage central qui est Atiq) pour nous permettre d'endurer leur histoire.

Un roman fort qui pose la question de la place et de la condition de la femme dans la société afghane face à l'idéologie des Talibans mais qui nous parle aussi d'amour et de sacrifices.

Jusqu'où l'homme est-il prêt à aller par amour ?



Je terminerai par quelques vers d'un jeune poète âgé de 23 ans qui s'appelle Ramin Mazhar dont les textes emplis d'espoir ont été fortement relayés sur les réseaux sociaux en février dernier après qu'il en a fait une lecture publique. Peut-être avez-vous eu déjà l'occasion de les lire.



Pour la Paix...



Chaque étape, chaque destination,

Je t'aime

Malgré les traditions meurtrières,

je t'aime

Tu es pieux, tes baisers sont des prières

Tu es different, tes baisers sont ta protestation

Tu n'as pas peur de l'amour, de l'espoir,

de demain

Je t'embrasse au milieu des Talibans,

tu n'as pas peur

...



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Clair obscur

Dix auteurs écrivent (initiative salutaire) au profit de l'ONG « Pour un Sourire d'Enfant » (lauréate du prix des droits de l'homme, cette association se bat depuis 1995 pour nourrir, soigner et scolariser les enfants chiffonniers de Phnom Penh). Il y a parmi eux Linda Lê dont je ne rate en principe aucune parution. J'avais lu sa nouvelle (j'aime beaucoup ce genre littéraire) très saisissante sur le Vietnam intitulée « L'Autre », ainsi que les deux, trois premières, puis le livre (sorti en 2011, vraisemblablement acheté en 2017) s'est engouffré dans ma gigantesque PAL. Il était grand temps de le ressortir.

C'est varié, sensible et un peu engagé. Des figures enfantines mémorables. Ce fut pour moi aussi l'occasion de découvrir des auteurs bien connus par ailleurs comme Maxence Fermine, Yasmina Khadra, Eliette Abecassis.

Je recommande ce recueil de nouvelles.
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Les Vertueux

J'ai longuement hésité avant de commettre ce petit billet. C'est toujours difficile d'avouer avoir trouvé un livre (très ) moyen alors qu'il parait largement plébiscité par les babéliotes.

Si je l'avais trouvé (très) mauvais cela aurait été plus simple......!



Le grand souffle romanesque qui était censé m'emporter jusqu'aux portes de la Rédemption est retombé soudainement disons..... au tiers du livre.

Car c'est un ouvrage ambitieux sur le Pardon , l'Espoir et l'Amitié . Une leçon de sagesse que Mohammed Moulessehoul ( l'auteur,Yasmina Khadra ) nous livre à travers les tribulations de son héros , Yacine Chéraga, dans l'Algérie coloniale entre 1914 et 1938.

Yacine est une figure de Job . Il va donc subir, jusqu'à la page 523 , toutes les misères du monde.



J'ai aimé les pages concernant la première guerre mondiale et découvert le 7eme RTA , régiment réputé pour la bravoure des fameux "turcos".

Et oui les algériens ( y compris les kabyles qui ne parlaient ni arabe, ni français) se sont illustrés dans les tranchées de la Somme et des Ardennes et ont payé un lourd tribu à la victoire alliée. Ils n'ont guère été remerciés ( en particulier notre héros, enrôlé à la place du fils d'un caÏd...) mais ont tissés entre eux des liens inexpugnables .

De retour au pays Yacine va poursuivre son chemin de croix ( enfin façon de parler, Yacine est musulman et très croyant ) et va tenter de survivre malgré la misère, l'injustice, la déchéance et autres joyeusetés . Il aura quelques surprenants moments de répit , en particulier lorsqu'on le croyait complètement au fin fond du trou. Il connaitra donc Gloire ( j'exagère un peu) , Amour et Beauté avant de rejoindre l'immonde bagne de Biribi où il passera quelques années tourmentées.

Sur la forme ,la 2e partie du livre m'a paru poussive , desservie par une narration strictement linéaire , très "classique" et donc un peu pénible. Il y a cependant de belles figures: Abla la guerrière et Zorg Er-Rouge le fou( pour n'en citer que 2)

Sur le fond, l'apologie de la vertu ne me gêne pas même si le parcours du héros est parfaitement abracadabrantesque. Non c'est plutôt l'enlisement dans une sorte de mièvrerie , ni vraiment stoïcienne ni vraiment religieuse, qui m'a été pénible .

Car au fond il s'agit surtout d'une oeuvre strictement romanesque qu'on pourrait trouver émouvante et généreuse mais que j'ai trouvée sombre et roborative. Ennuyeuse aussi , surtout sur la fin ( comme dirait Woody Allen!)

Hélas.....

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Les Hirondelles de Kaboul

Quelle lecture...



J avais beaucoup entendu parler de livre et lu "L attentat" du même auteur. Je suis tombée sur ce livre tout à l heure et j ai entamé ma lecture. J en ressors tellement dégoutée... Vraiment, c est le dégoût qui tapisse ce roman, du début à la fin.



On est plongés dans Kaboul, où l on est directement happé par l écœurement : une femme appelée ou considéree comme une prostituée se fait lapider. Elle est ensevelie sous la terre jusqu au genoux pour ne pas s échapper, baillonnee, et le visage couvert. La foule s excite, exulte, tout le monde s y met, on lui balance des pierres déjà déposées là à cet effet.



Lors de ce lynchage public, Mohsen, un homme droit qui respecte son épouse Zunaira et l aime, est pris d'une folie soudaine et lui jette également des pierres dont une qui la touche à la tête. Il racontera cela à sa femme, compréhensive, gentille et moderne, mais qui cependant aura beaucoup de mal à digérer ce geste.



En parallèle, on suit le geôlier Atiq, un homme qui a été secouru par sa femme par le passé, et qu il a épousée. Elle est malade depuis quelque temps, traîne au lit avec un visage violacé et il ne sait que faire. Atiq semble avoir perdu son âme, indifférent à la mort qu il côtoie tous les jours, désagréable avec sa femme, parfois violent.



Dans ce livre, comment ne pas s énerver face aux discours tenus par les hommes envers les femmes ?! Ils en parlent comme des "femelles", des objets inutiles, des êtres malsains et incompréhensibles, que les hommes subissent alors qu ils ne devraient jamais rien leur devoir.



J ai fait des bonds au plafond d indignation.



Cette sensation d être dans cette ville à la chaleur écrasante, à l odeur pestilencielle, avec les Taliban partout, prêts à vous brailler dessus en vous frappant de leurs armes, parce que vous, femmes, n êtes pas derrière votre mari, parce que vous, humains, riez et qu on n est pas au cirque... Ce droit de prendre la liberté à tout être, de lui ôter d un mot, d un geste sa dignité. Et se dire que c est une réalité. Mais que c est à vomir !



Attention, le reste de la critique pourrait divulguer des éléments de la fin donc ne descendez pas plus bas.



J ai trouvé affreux que Mussarat se sacrifie. Qu elle aide son mari à sauver une femme qu elle ne connaissait pas et pour qui il a réussi à ressentir de l empathie, chose qu il n a jamais éprouvée pour elle. C est absolument horrible. Ce type ne méritait absolument pas ce geste... Elle méritait tellement d être aimée et soignée correctement. Et la vanité de son geste rend complètement fou le lecteur... Autant qu Atiq !



En conclusion, un livre très intéressant, joliment écrit, mais qui décrit tellement bien la cruauté et l inhumanité de certains que l on ne peut qu en sortir bouleversé.
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Khalil

Il faut de l’audace, du talent, de la délicatesse pour s’emparer d’un sujet aussi percutant que les attentats qui ont endeuillé la France le 13 Novembre 2015.

Yasmina Khadra nous a prouvé à plusieurs reprises qu’il savait traiter les sujets les plus délicats, sans parti pris, son propos étant d’essayer de comprendre la psychologie de ses personnages et non de les juger.



Dans son dernier roman, l’auteur se met dans la tête de « Khalil », un kamikaze venu à Paris pour donner la mort au plus grand nombre



Qui est vraiment Khalil ? Que lui est-il arrivé, comment devient-on terroriste ? Quels sont les doutes qui le traversent ou au contraire les certitudes ? Comment vit-il avec ses proches, comment peut-il se tenir face à eux, que pensent-ils de tout cela ?



Yasmina Khadra décortique le processus de radicalisation et nous entraîne dans la spirale infernale de l’endoctrinement.



En employant le « je », les paroles et les pensées de Khalil nous percutent de plein fouet. On le sent sur la brèche, de plus en plus versé du côté de la folie, qui pour lui, s’apparente à une forme de bien-être. C’est d’une lucidité terrible tant l’auteur colle au parcours de cet homme, montrant ce qui a pu l’amener à choisir l’inexplicable. Il n’y a plus de discernement dans le quotidien de ce futur kamikaze, seul compte son désir, son besoin d’être et pour cela il est prêt à tout….

L’auteur a pris des risques en choisissant un tel sujet, il le maîtrise à la perfection, ne tombant dans un aucun travers. Son écriture est incisive, précise en parfaite adéquation avec la lourdeur du propos.



Merci à NetGalley et aux Editions Julliard.

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Qu'attendent les singes



Écrire est une autre façon de combler le vide mais aussi de résister à tout. Une façon de porter sa voix aux échos même dilués dans l’intime ou la peur. Il suffit de dire une fois seulement “Non” à l’étau qui enserre chaque jour, un peu plus, le quotidien des marginalisés de leur cité par des politiques à vie, mais qui ne sont en réalité que des vendeurs de tapis à la sauvette. Avec ce nouveau titre, Yasmina Khadra vient de signer un livre magistral qui dépasse tous les précédents ouvrages par la crudité des mots, la vérité qui englobe chaque passage et par le constat amer qu’il fait de l’état des lieux du pays qui est le sien et auquel il tient. Sinon, pourquoi ce coup de gueule si la coupe n’est pas pleine ? Jusqu’à la vomissure. Pour cela, il concocte une affaire d’assassinat (Nedjma, jeune fille retrouvée morte, assassinée, dans la forêt de Baïnem Beaulieu d’Alger, confiée à la commissaire Nora une lesbienne dans un pays ou’ on ne fait pas de cadeaux aux homosexuelles qui reste un tabou a’ ce jour et elle le paiera très chère avec le risque et le chantage et à son équipe pour l’élucider. Le fil d’Ariane les mène au sommet de l’état. C’est la trame de cette fiction, mais l’intérêt, c’est qu’au cours de l’enquête, on découvre le microcosme algérois à travers les réseaux, les complicités, la corruption qui sévit à tous les niveaux. Au sommet, il y a Hadj Saâd Hamerlaine, le “r’boba”, une sorte de dieu sur terre où rien ne se fait s’il n’en est pas l’instigateur, le tireur de ficelles. Un exemple de sa puissance ? “Je préférerais avoir une insurrection populaire sur les bras que Hamerlaine sur le dos” (p 258) avoue Ed Dayem, un magnat de la presse de caniveau, pourtant lui aussi a le “pouvoir de dévoiler le secret des dieux et de l’instruction, de rendre la sentence avant les juges et d’exécuter le suspect avant le bourreau” (p 94). Yasmina Khadra décrit un système digne de Kafka “qui pousse ses enfants à la folie en leur refusant le droit d’être heureux chez eux”, avec de tels détails des comportements de ces “seigneurs” que tout Algérien un tant soit peu averti peut mettre des noms sur ces personnages de fiction, dans le livre. Ils existent dans la réalité et c’est pour cela qu’il faut saluer et reconnaître le courage d’un auteur, par ailleurs comblé. Tel un médecin légiste, l’auteur se sert du verbe comme d’un scalpel pour pénétrer au plus profond de ce système gangrené mais si bien organisé, qu’à côté la mafia qu’on voit dans les films n’est qu’un bleu. Hamerlaine nomme et dénomme ministres, Préfets et ambassadeurs. Il a 83 ans, il règne encore et plus. Jusqu’à ce jour où il fête son anniversaire et qu’il reçoit comme cadeau une vierge en offrande qui s’avère être (il le saura après) sa petite-fille qu’il n’a jamais connue. Comme quoi, il n’y a pas de limites dans l’immoralité de ces rapaces qui ne veulent rien lâcher. Sid Ahmed, journaliste, qui a vu sa femme tuée par les terroristes et qui a pris sa retraite sur une plage de Koléa ville limitrophe d’Alger , tel un troglodyte, ne cesse de ruminer et de questionner son ami, l’inspecteur Zine : “Qu’attendent les singes pour devenir des hommes ?” Sans réponse, il fulmine et finira par s’immoler. La théorie de Darwin est à prendre à rebours jusqu’à arriver à nos ancêtres les singes. C’est la descente aux enfers. Terrible constat certes, mais la question : est-ce vrai ce que décrit Yasmina Khadra dans ce roman Ce sera un témoignage relique que l’on ouvrira chaque fois que l’injustice frappera à votre porte sans y être invitée.



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