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Critiques de Yasmine Ghata (79)
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Yasmine Ghata confirme son grand talent dans ce cinquième roman qu'elle mène avec beaucoup d'originalité, un style qui touche beaucoup son lecteur tout en évitant longueurs et surcharges. J'ai longtemps eu peur de la nuit permet de comprendre au plus près ce que vivent les déracinés ayant vécu au plus près les violences les plus extrêmes.



Suzanne mène un atelier d'écriture dans le collège où elle a été elle-même élève. Elle demande aux élèves de 3ème qui sont en face d'elle, de parler d'un objet familier présent depuis longtemps dans la famille. Un adolescent noir a fini le premier et fixe Suzanne.

C'est Arsène et le récit va alterner entre récit classique et texte écrit à la deuxième personne du singulier. L'objet qu'il a choisi est une valise, cette valise qui l'a accompagné et sauvé durant sa fuite du génocide rwandais : « Tu te rappelles la faim, la soif, les nuages au loin qui barraient la route à tout espoir… Pour toi, elle loge un cadavre ; celui de ton enfance pillée, en lambeaux. »

Grâce à la confiance de Suzanne qui retrouve aussi des souvenirs douloureux, Arsène parle de Willy, Flora et Trésor, ses frères et soeurs. Il avait 8 ans et, grâce à sa grand-mère, il a pu fuir à temps, avec cette valise : « vous étiez deux sur ce chemin. Seul, tu n'aurais pas survécu. » Encore près de chez lui, il a entendu les rafales, les cris, les hurlements et vu « des silhouettes familières traînant les corps, récupérant le bétail. »

Suzanne est patiente mais se comporte avec rigueur, bienveillance, exigence et familiarité. Arsène continue : « Inséparable de ta valise, tu as dormi sept nuits dedans, le lit neuf te terrorisait. Une parcelle du Rwanda respirait encore à travers les lambeaux de cuir. » le rapport de l'enfant avec sa valise est étonnant mais se comprend très bien : « Ta survie ne dépendait plus que d'elle, elle était ton toit, tes murs et ton plancher. »



Si Yasmine Ghata a choisi cette façon de raconter à la seconde personne du singulier, c'est parce qu'Arsène n'arrive pas à écrire son histoire. Il raconte à Suzanne qui rencontre le couple d'enseignants qui l'a adopté après beaucoup de temps et de précautions. Il le fallait car Arsène, dans le camp de réfugiés où il a enfin pu être recueilli, n'arrive pas à dormir : « Leurs cris, leurs pleurs, hantaient la nuit. » C'est pourquoi, il a longtemps eu peur de la nuit. Heureusement, dormir dans sa valise tenait les morts à distance…




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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Suzanne, auteure, anime un atelier d’écriture dans une classe de collégiens. Lors de la première séance, elle demande à chacun des élèves d’apporter un objet ancien lié à l’histoire de leur famille. A partir de cet objet, ils devront écrire une histoire. Arsène, un jeune garçon rwandais qui a été adopté par une famille d’instituteurs français rapport la photographie d’une vieille valise en cuir. C’est le seul objet qu’il détient et qui a appartenu à sa famille. C’est avec elle qu’il a fui son pays et qu’il est arrivé en France. Au fil des séances, Arsène va avoir du mal à mettre en mots son histoire, il va alors demander à Suzanne de l’aider. Cet exercice sera pour lui un moyen de vaincre sa peur de la nuit… Au fil du récit, et notamment du texte écrit par Suzanne, nous allons découvrir comment Arsène a été amené à fuir son village et sa famille, le chemin qu’il a parcouru tout seul, s’abritant dans la valise la nuit pour se protéger des insectes et des animaux sauvages jusqu’à ce qu’il soit sauvé par une ONG.

Mais, dans ce roman, il n’est pas question uniquement d’Arsène, en effet, son histoire est entre coupée de passage à propos de Suzanne, de ses souvenirs et du deuil qu’elle n’a pas encore réussi à faire de son père, mort des années plus tôt alors qu’elle n’était encore qu’une enfant.



« J’ai longtemps eu peur de la nuit « est un court roman, touchant et sensible, qui traite d’un sujet important et pas facile. J’ai beaucoup aimé les passages à propos de l’histoire d’Arsène, ce jeune garçon, survivant des massacres des Tutsis, animé par son envie de vivre, un peu moins ceux consacrés à Suzanne. En effet, le mal dont elle souffre m’a paru démesurément ridicule par rapport à celui d’Arsène et le parallèle fait entre leur deux histoires m’a semblé maladroit, mal venu. Je crois que je n’ai pas compris ce que l’auteure avait voulu apporté grâce à lui…

Malgré cela, j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, d’autant plus que le style de Yasmina Ghata est plutôt agréable à lire.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Suzanne anime un atelier d'écriture dans une classe de 3e. Son objectif est de faire découvrir la langue française en parlant d'objet ancien possédé par chacun d'entre nous. Elle propose donc à chacun de ses élèves de revenir la semaine suivante avec un objet ayant une histoire familiale pour eux. Seulement, dans cette classe, Arsène lui n'a pas de bel objet ancien à montrer, il n'a même plus de famille biologique puisque la sienne a été décimée pendant les génocides rwandais. La seule chose qui lui reste de cette époque est une simple valise tout abîmée qui l'a suivi dans sa fuite de son village jusqu'à son arrivée dans sa famille d'adoption française. Aidé de Suzanne, Arsène qui n'avait jamais parlé de tout cela décide de se remémorer ce périple qui est également le moyen pour lui de faire le deuil, de cicatriser les plaies restées vives si longtemps. Étrangement, cet échange avec Arsène est aussi pour Suzanne le moyen de faire enfin le deuil de son père disparu alors qu'elle n'était qu'une enfant.





Un roman court et d'une sensibilité merveilleuse ou s'entrecroise deux histoires, deux êtres blessés à un degré différent par un moment tragique de leur enfance. L'histoire d'Arsène est racontée non pas sur le ton du tragique mais comme une sorte d'histoire où la volonté de vivre de cet enfant de 8 ans est plus forte que toutes les atrocités commises. Le lecteur suit l'épopée de cet enfant qui n'a pour seule amie que cette valise lui servant à la fois de refuge, de parent, de compagnon de voyage. Aucune haine n’apparaît dans le récit de cet enfant face aux exactions ; au contraire, il ne comprend pas cette horreur notamment lorsqu'il rencontre Assia, une petite Hutu qui le cache et le nourrit quelques jours. Ce récit d'Arsène permet également à Suzanne de faire un retour dans ses souvenirs avec la perte de son père, une perte rendue encore plus tragique par l'attitude des adultes à ne pas clairement dire les choses.





Un roman touchant et humaniste permettant de revenir sur l'un des plus grands génocides perpétré à la fin du XXe siècle sans haine, sans rancœur.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Pour l’atelier d’écriture qu’elle anime dans une école, Suzanne demande à chacun de ses élèves de ramener pour la prochaine fois un objet de famille un peu ancien, qui symbolise leur histoire et a traversé les générations. Arsène est mal à l’aise : originaire du Rwanda et adopté quand il était plus jeune par une famille française, il ne possède rien qui appartienne à son passé hormis une vieille valise. À un moment de sa vie où son propre passé résonne en elle, Suzanne remarque l’embarras de cet enfant et va nouer avec lui une relation singulière.



On aborde dans J’ai longtemps eu peur de la nuit les thèmes du passé, de l’enfance, du souvenir. Le génocide Rwandais a évidemment un place toute particulière dans ce récit, et c’est ce qui m’a attirée dans cette histoire -et ce que j’ai aimé. Je n’avais lu aucun livre sur cette partie de l’histoire (j’avoue que je n’en avais pas particulièrement cherché) et j’ai trouvé que ce livre était une belle introduction pour en parler. D’autres thèmes sont abordés en filigrane du récit : la possession, les objets de famille, les symboles dont ils sont chargés et l’importance qu’on y attache.



L’histoire d’Arsène est déchirante : arraché in-extremis à sa famille pendant le génocide Rwandais, il a survécu pendant des jours affamé, assoiffé, seul et livré aux bêtes sauvages. Son parcours est terrifiant, et les images dont il a été témoin le hantent et nous hantent également. Suzanne souffre quant à elle encore de la mort de son père, elle cherche dans leur ancien appartement des images de sa présence, elle retrouve dans ses souvenirs et dans certains objets des preuves de son existence. Ces personnages sont très touchants, l’auteure nous les présente dans la plus grande intimité, elle nous les offre comme des trésors mais sans jamais les abandonner complètement. La rencontre entre Suzanne et Arsène repose sur l’écriture, le souvenir et la reconstruction. Ces deux personnages se sont bien trouvés : ils apprennent petit à petit à se connaître et ont une complicité qui est belle à voir.



C’est là que le bat blesse : si j’ai trouvé l’approche de Yasmine Ghata sensible et émouvant, je l’ai parfois trouvée maladroite et quelques points m’ont un peu chiffonnée. Le parallèle entre l’histoire d’Arsène -le génocide Rwandais- et celle de Suzanne -la perte de son père-, pour commencer. Je le trouve assez maladroit, et il me met presque mal à l’aise. Heureusement, il est quand même fait avec sensibilité et tout en retenue.Il s’en est fallu de peu que je trouve ce livre grossier, mais heureusement, les personnages de Yasmine Ghata sont discrets, fins et délicats.



J’ai longtemps eu peur de la nuit m’a souvent fait penser à Elle s’appelait Sarah, notamment dans la construction du récit (l’alternance des chapitres avec l’histoire de différents personnages) mais aussi dans les personnages (un enfant comme personnage principal), mais HEUREUSEMENT le roman de Yasmine Ghata est BEAUCOUP plus subtil et intelligent que celui de Tatiana de Rosnay (désolée, mais je déteste Elle s’appelait Sarah). Il reste sobre, ne fait pas dans le pathos, n’utilise pas de procédé facile et ne prend pas son lecteur pour un con. Au final, les chapitres sur Suzanne permettent même de faire retomber la pression et de reprendre sa respiration avant de continuer la lecture. Ca rend le roman beaucoup plus soutenable.



Ce roman de Yasmine Ghata est finalement très, très, très facile et rapide à lire -je l’ai lu en à peine une journée. L’écriture est simple et fluide, peut-être un peu trop d’ailleurs. J’ai parfois du mal avec les styles trop saccadés et faits de phrases courtes qu’on retrouve souvent dans la littérature française contemporaine, je trouve que ça manque de subtilité et j’ai tendance à penser qu’à force de montrer ainsi à quel point c’est difficile d’écrire, d’exprimer ses émotions et de raconter son histoire, alors peut-être qu’on devrait s’en abstenir. Enfin, encore une fois, heureusement que les personnages de l’auteur sont attachants et donnent toute leur force au récit, car c’est clair que ce n’est pas l’écriture qui m’a séduite ici. Je raffole au contraire des longs paragraphes riches en détails qui permettent de bien ancrer le récit.



Mon avis sur J’ai longtemps eu peur de la nuit est finalement assez mitigé : quelques éléments m’ont un peu dérangée (l’écriture, le parallèle maladroit entre l’histoire des deux personnages), mais j’ai trouvé que la rencontre entre Suzanne et Arsène autour de l’écriture était très belle et rendait un bel hommage à l’histoire du petit garçon. Non, ce n’est pas « le » roman de la rentrée littéraire pour moi, mais j’ai quand même passé un bon moment en compagnie de Yasmine Ghata -seul le temps me dira si c’est un roman qui me restera en tête ou non !
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Il y a des livres dont on attend rien ou pas grand chose parce qu'ils se retrouvent entre vos mains un peu par hasard et qui finissent par vous hanter. Qui vous font du mal, qui vous mettent un coup de poing dans le ventre.

"J'ai longtemps eu peur de la nuit", c'est Suzanne, blessée par l'absence et le deuil qui anime des ateliers d'écriture avec des adolescents. Et c'est Arsène, un orphelin rwandais. Il est le seul de sa famille à avoir survécu aux massacres qui ont détruit son pays et son enfance. Réfugié en France, il est adopté par un couple de parents aimants. Il a amené avec lui une vieille valise, tout ce qui lui reste de sa vie d'avant. Souvent, la nuit, l'enfant se réfugie à l'intérieur pour dormir, attendre le jour surtout.

C'est à partir de cette valise que Suzanne va pousser puis aider Arsène à raconter son histoire et à s'en guérir.

Ce roman trop peu connu est une oeuvre bouleversante et d'une grande sensibilité sur l'exil, les racines, la résilience. L'amour aussi.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Arsène, jeune rwandais, adopté par des français, doit pour son cours d'écriture ramenait un objet qui fait parti de sa famille. Il ramène alors une valise. Cette valise c'est sa survie dit-il.

Au fil des pages, on voyage avec Arsène sur la terre de sa famille. Vivre ce voyage est très poignant. J'ai été submergé par les émotions qui émane de ce récit. La perte de sa famille, la solitude mais aussi sa force, face à tous ces événements. Le parallèle avec l'histoire de la prof d'écriture est saisissant. L'amour que les parents adoptifs portent à Arsène m'a le plus remué.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Suzanne, une femme écrivain, anime un atelier d'écriture dans un collège pour des 3ème. Elle demande à chaque élève de lui apporter un objet symbolique de sa famille et de son passé. Arsène, originaire du Rwanda, va évoquer sa valise avec laquelle il a fui son pays après le massacre de sa famille d'où il est le seul survivant. L'adolescent va se confier à Suzanne pour écrire ses souvenirs tandis que Suzanne elle, va revoir l'appartement qu'elle a dû quitter enfant avec sa mère, après le décès de son père.



J'ai emprunté ce court roman de 150 pages à la médiathèque de ma commune, attirée par son titre et sa 4ème de couverture. En effet, je trouvais cette histoire originale et cette idée d'atelier d'écriture m'avait séduite.

J'ai tout de suite été surprise par le style de Yasmine Ghata avec la moitié des chapitres du livre écrits à la deuxième personne du singulier et en italique. Si l'idée de prêter la parole à Arsène pour qu'il raconte son histoire justement est bonne, pour ma part j'ai été un peu dérangée par ce procédé stylistique.

J'aurais apprécié aussi que le roman s'attache plus au présent, à la rencontre et au travail entre Suzanne et Arsène plutôt que d'avoir tous ces chapitres sur le passé d'Arsène au Rwanda. Certes, cette partie est intéressante, touchante et bien écrite, avec beaucoup de pudeur, mais j'étais plus attirée par le côté atelier d'écriture que par le conflit meurtrier au Rwanda.

De même, je trouve que la quête de Suzanne quant à ses souvenirs d'enfant dans son ancien appartement un peu en décalage par rapport au reste du roman, même s'il s'agit là aussi de souvenirs.

Ce roman est malgré tout plaisant à lire, rapide et surtout original par le thème abordé.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

J'ai lu ce livre en une soirée. Je n'ai pas pu le lâcher. le récit commence sur la préparation d'un atelier d'écriture au sein d'une classe de lycéens. La consigne est simple : chacun des ados participants devra amener pour la prochaine séance, un objet ancien, ancré dans l'histoire familiale et auquel il est attaché…



Une demande simple et pleine de promesse d'écriture, qui va se révéler difficile pour Arsène, jeune orphelin rwandais qui a échappé aux massacres. Il aurait pu laisser tomber la consigne et broder une histoire avec n'importe quel objet sorti d'un placard. Mais non. Arsène apporte au lycée la seule chose matérielle qui le rattache à son pays d'origine, son histoire : une vieille valise en cuir.



« J'ai choisi cette valise car c'est la seule chose qui me reste de ma famille biologique et de mon pays natal, le Rwanda. Elle m'a sauvée la vie. »



Yasmine Ghata nous livre là une histoire poignante, sans user de procédés éculés pour amener l'émotion à tout prix. le récit navigue entre deux histoires parallèles de perte et de souffrance, incomparables : celle de Suzanne, animatrice de l'atelier, qui se remémore sa vie après la disparition de son père…



« Suzanne devint muette ce jour-là, la colère et la frustration étaient trop fortes. Aucun son ne pouvait plus sortir de sa bouche. Les mots étaient une forme de légèreté qu'elle semblait avoir perdue à jamais. »



… et celle d'Arsène dans sa fuite en avant, son errance sans but, gamin affamé et terrorisé devant les cadavres et les massacres, avec en tête une seule obsession, celle de respecter la volonté de sa grand-mère : fuir pour rester en vie !



"Plus rien ne peut te faire peur, toi qui as erré si petit dans ce paysage hostile. Si, une chose te fait peur, te terrorise même, c'est de raconter. Ces événements enfouis dans ta mémoire pourraient ne jamais avoir existé, tu te dis parfois que c'est une légende qui court sur ton enfance."



Ce qui les relie : les mots. Cette fantastique possibilité de se reconstruire par l'écriture...



« Les paroles pour l'un, l'écriture pour l'autre les conduisent à la recherche de soi. »



Doucement, tout doucement. L'un raconte et l'autre prend la plume, suspendue à son histoire maintenue si longtemps enfouie, pour ne pas avoir mal. Pour pouvoir continuer, avancer. Petit à petit, le récit prend forme et la douleur qui n'avait jamais été exprimée, se dissipe peu à peu pour laisser place à une formidable envie de vivre !
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Très beau roman, presque parfait. Presque... car un bémol de taille m'a perturbée. Mais ce livre reste malgré tout un très beau roman.



Très beau roman, puissant et touchant, car il est celui d'un exil, d'une enfance arrachée à sa famille et son pays, du génocide rwandais et de ses massacres barbares, de l'amour d'une grande-mère pour son petit-fils et d'une valise, objet-symbole de la marche en avant vers la vie. Dans cette valise, il y a toute la tragédie d'Arsène, le petit garçon rwandais dont la famille a été décimée par la haine. Mais il y a aussi toutes ses peurs, toutes ses souffrances et toutes les promesses de vie.



Le bémol de taille qui n'en fait pas un livre parfait : le roman alterne deux récits. Celui d'Arsène donc, seul survivant de son village, de sa fuite du Rwanda jusqu'à Paris. Et celui de Suzanne, animatrice d'un atelier d'écriture au collège d'Arsène. Grâce à elle, Arsène va se raconter, faire le récit de sa fuite, mettre des mots sur sa tragique histoire, exprimer ses peurs et peut-être les dompter ? Jusque là, rien à dire. Sauf que Suzanne, a elle aussi besoin de cicatriser une perte, celle d'un père. En aidant Arsène, elle s'aide elle-même. Pourquoi pas. Mais son récit du père perdu qui la hante paraît bien fadasse à côté de celui d'un enfant qui a connu le génocide et du coup inopportun, voire même déplacé. La mise en parallèle de deux récits de deux pertes, même si le livre est très bien structuré, n'était pour moi pas nécessaire. La souffrance intime de Suzanne pouvait être juste évoquée, posée comme une information pour le lecteur, pour comprendre sa relation à Arsène et son investissement à l'aider via l'écriture.



Ce livre reste pour moi un très beau roman parce qu'il reste finalement l'histoire d'Arsène. Histoire poignante, délicatement écrite. Rendu parfait des émotions d'un déracinement. Rendu parfait d'un traumatisme. Et progression parfaite du drame destructeur à la reconstruction d'une vie.

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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Deux histoires s'entrecroisent dans ce court récit :

- celui de Suzanne, qui à 11 ans a perdu son père. Aujourd'hui adulte, elle organise des ateliers d'écriture au sein d'un établissement scolaire et va y rencontrer :

- Arsène, 16 ans désormais et qui à 8 ans fut le seul survivant de son village Tutsi au Rwanda. Il va progressivement raconter son histoire, émouvante, dure.



Par contre, même si perdre son père à 11 ans est difficile, mettre les deux histoires en parallèle me choque : survivre à un génocide n'a rien de comparable. Les parties où Suzanne visite l'appartement de son enfance m'ont parues tellement dérisoires face à l'horreur vécue par Arsène, déséquilibrant de fait le livre.

Une déception donc.

L'histoire d'Arsène méritait mieux.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Dans la valise d'Arséne, il y a toute la tragique histoire de son enfance arrachée au Rwanda, tous les visages de sa famille décimée par la haine et les massacres entre ethnies, mais aussi tout l'amour qui l'a porté jusqu'ici. Grâce à Suzanne, une femme qui elle aussi a besoin de cicatriser un départ trop rapide, Arsène va mettre des mots sur sa fuite, sur ses peurs et sur les protections accordées...

Un très joli roman, fort, attachant et émouvant sur l'exil, sur la perte de repères et la force qu'ont certains êtres face à la barbarie. A des degrés bien différents, les deux personnages de ce roman nous poussent à croire qu'on peut guérir et surmonter la souffrance de la perte... Et que même si les plaies ne se referment pas tout à fait, avancer ne veut pas dire oublier...
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Une rencontre qui réveille et ravive le souvenir des morts et de l'enfance détruite s'oubliant petit à petit.

L'écriture dans le cadre d'un exercice scolaire fait résonner des reviviscences enfouies ou jusque là indicibles.

Lorsque la mort n'est pas signifiée , comment appréhender le deuil?

Cette rencontre, c'est celle d'Arsène, orphelin rwandais arrivé en France et adopté par une famille bienveillante mais impuissante face au syndrome post-traumatique d'un génocide, et celle de sa professeur ,Suzanne animant un atelier d'écriture et à qui Arsène présente une valise préparé par sa grand-mère avec laquelle il a fuit son village seul.

Cette valise est l'âme de sa famille, comment s'en détacher " quitter c'est accepter d'oublier"?



Où comment la résilience peut passer par l'écrit du récit traumatique.



"Le lendemain, au moment où le soleil était au zénith, ton village ne comptait plus aucun habitant tutsi. pas un seul sauf toi..."



Un roman fort et qui retourne.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Ce roman n’est pas resté longtemps dans ma PAL (Pile à lire), le résumé m’ayant plu et attiré dès sa parution. C’est une histoire que l’on dévore, que l’on lit vite ; l’écriture est magnifique, le récit émouvant et tendre.



Nous découvrons tour à tour les quêtes personnelles et les souvenirs de Suzanne, une professeure française, et d’Arsène, son élève adolescent d’origine rwandaise. Le récit est rythmé à travers deux narrations différentes, les chapitres sont courts. L’écriture est fluide, pleine de tendresse, de nostalgie, d’émotion et d’amour. Malgré un sujet difficile (le génocide au Rwanda mais aussi les blessures de l’enfance des deux personnages), nous dévorons le fil de leurs vies, de leurs confidences, de leurs douleurs mais aussi de leur renaissance mutuelle, l’un exhortant le passé de l’autre. Leurs vies sont éloignées mais se rejoignent ici. Les langues se délient, les pensées s’éclaircissent, les rituels s’apaisent.



Arsène est le seul survivant de son village rwandais massacré. Il n’a alors que huit ans. C’est seul, avec sa valise préparée en vitesse par sa grand-mère pour le sauver, qu’il va s’enfuir. Il ne sait pas où il va et sera confronté à l’hostilité de la nature sauvage. Il verra ce qu’un enfant de son âge ne devrait pas voir. Il va survivre pendant deux semaines avant d’être recueilli par une organisation française puis être adopté par un couple français adorable et bienveillant.



Suzanne anime un atelier d’écriture dans l’école d’Arsène et va demander à ses élèves de travailler au sujet d’un objet ancien appartenant à leur famille depuis longtemps et qu’ils choisiront. Arsène ne possède que sa valise, son compagnon de route d’un passé douloureux, et c’est avec difficulté qu’il entamera son histoire. Mais ces deux-là vont s’apprivoiser, certainement parce qu’ils portent tous deux des douleurs de l’enfance. Suzanne va donc comprendre plus que jamais cet élève qui va finir par se confier à elle. C’est à travers le récit de cet adolescent que Suzanne va entamer son propre pèlerinage, retourner sur les lieux de son enfance et « retrouver ses racines profondes ».



Ce roman est court et fort à la fois. La plume de Yasmine Ghata est magnifique et ponctue de poésie un récit percutant. Je ne peux que vous conseiller sa lecture !
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Suzanne, professeur de français, demande à ses élèves de choisir un objet fétiche, ancien, un objet qui aurait quelque chose à raconter, une histoire, un lien, un vécu. Pour Arsène, l'objet choisi sera une valise, celle qui lui sauvera sa vie lors de son périple pour fuir le génocide rwandais.



On suit dans ce roman le passé de cet adolescent en proie à la peur, caché en foetus dans sa valise et en parallèle le deuil de Suzanne pour son père décédé lorsqu'elle était petite. On peut reconnaître un parallélisme entre les deux personnages dans leur deuil respectif, l'un pour son pays natal, l'autre pour son père. Avec son lot de souffrances à traîner pour l'un et l'autre.



Je n'ai pas été embarquée davantage par ces deux histoires dont le procédé narratif ne m'a pas entièrement convaincue. J'ai perçu comme un kaléidoscope reflétant une suite d'images sans fin, sans réel cadre spatio-temporel ni cette émotion qui m'aurait permis de faire un arrêt sur l'image. Narration à la deuxième personne de l'indicatif, en italique, entrecoupée sur un présent à l'école sans lien évident ni émotion palpable. Cela reste néanmoins un roman agréable et certainement davantage pour peu qu'on s'immerge dans cette histoire plutôt que de se sentir spectateur étranger comme je l'ai ressenti de mon côté.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Yasmine Ghata, auteur d'origine libanaise écrit dans son cinquième roman une histoire qui nous amène autour du génocide rwandais- comme Gael Faye, dans un roman dont on parle beaucoup ou comme Corneille dans son autobiographie qui vient de sortir-



Et elle le fait à travers les yeux d'un adolscent qui se remémore ses souvenirs enfouis en lui, et ce grâce à Suzanne, une enseignante qui va lui apprendre à coucher ses émotions sur le papier à travers une histoire libératrice.



Suzanne, elle aussi garde de vieux fantômes cachés au fond d'elle, qui ressurgissent d'un coup en enseignant, justement, dans la cité scolaire qu'elle fréquentait dans son enfance. Son père est mort dans un appartement tout près alors qu'elle était toute jeune. Elle n'en a toujours pas fait son deuil. Les deux histoires vont se répondre entre elles.



Un histoire toute en simplicité et en sobriété qui nous plonge dans les traces d'un Rwanda blessé , croisant habilement les fils de récits de deux personnages essentiels et qui met en valeur la nature du déracinement et la capacité de résilience que tout un chacun porte en lui.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

L'idée de Suzanne pour animer son atelier d'écriture est de partir d'un objet familier, de préférence ancien, que chaque participant doit choisir chez lui et dont il doit parler.



Pour Arsène, jeune réfugié rwandais, le choix est facile. Il ne lui reste que sa valise; celle que sa grand mère lui a préparé à la hâte, celle qu'il a trainé sur les routes durant sa fuite, celle dans laquelle il a dormi, celle qui lui a sauvé la vie, celle qu'il n'a jamais quitté et qui est désormais précieusement conservée dans le placard de l'entrée chez ses parents adoptifs...



L'auteur alterne et superpose le récit de Suzanne et celui d'Arsène.

D'un coté, elle nous livre les interrogations intimes d'une jeune femme dont le souvenir de son père est prégnant et de l'autre, on découvre les affres du génocide vécu par un jeune garçon tutsie, rescapé du massacre.



Ainsi on découvre petit à petit qu'un objet n'est pas forcement inerte puisqu'il recèle parfois de doux ou douloureux souvenirs...

Un objet n'est qu'un objet pourtant son importance peut être primordiale pour se construire ou se reconstruire...

Un roman délicat qui ne laisse pas indifférent.



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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Destinées croisées entre un enfant et une femme, entre deux univers de vie , entre deux passés douloureux. Leur rencontre à l'école permet à chacun de s'exprimer. La plongée dans le souvenirs leur fait petit à petit émerger de leur passé. S'ouvre alors devant eux une vie plus légère: tous deux ont enfin déposé leurs bagages.
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Suzanne anime des ateliers d'écriture au collège. En demandant à chacun, lors de la première séance "d'apporter un objet de famille susceptible d'illustrer sa vie personnelle" elle n'imagine pas ce que cela va provoquer chez Arsène un orphelin rwandais réfugié en France et adopté par une famille française. Il sortira de l'oubli la valise que lui a donnée sa grand-mère en l'obligeant à se sauver juste avant le massacre de sa famille. Avec cette valise l'auteure, avec justesse et patience décrit la fuite, les angoisses et permet à l'enfant d'exorciser son passé. Un très beau "document" à conseiller aux adolescents et aux adultes. Dommage que l'histoire personnelle de Suzanne coupe le récit de l'enfant et n'apporte rien au roman .
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

L'histoire de l'adolescent rwandais prend aux tripes.

Celle de la jeune femme est malheureusement un peu "cliché", un peu convenue. Elle n'était pas nécessaire au livre et n'y apporte rien de plus : la vie de ce jeune garçon suffit amplement à nous embarquer dans sa tourmente !
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J'ai longtemps eu peur de la nuit

Yasmine GHATA anime des ateliers d'écriture au sein des écoles. Elle demande systématiquement à chaque élève d'amener un objet ayant une histoire familiale pour eux. D'ailleurs, le roman raconte de manière fictive l'une de ses expériences. En effet, il s'agit de l'histoire d'Arsène, un jeune rwandais tutsi qui va amener une valise. Pas n'importe quelle valise ? Cette valise contient l'histoire tragique de son enfance au Rwanda, tous les visages de sa famille décimée par la haine et les massacres entre ethnies, mais aussi tout l'amour qui l'a porté jusqu'à son arrivée en France.

Arsène va non seulement raconter son histoire mais va aider l'animatrice de l'atelier d'écriture, Suzanne à se libérer elle-même d'une souffrance de son passé.
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
120 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

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