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Critiques de Yu-jeong Jeong (76)
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Bonobo

L'expérience de la métempsycose est peu exploitée dans la littérature, alors qu'elle fut esquissée dans la littérature fantastique du 19eS avec Maupassant ou Nerval. Le thème de la transmigration d'un esprit ( on parlait autrefois de l'âme), dans un autre corps, qu'il soit humain ou animal, est pourtant riche de possibilités.

Que ce soit par la réincarnation ou la conséquence d'un coup malicieux du destin, cette croyance se fonde sur la possibilité d'habiter un corps différent, soit après la mort, soit au cours d'une expérience de type chamanique ou autre caprice de l'imagination.



Yu-jeong Jeong imagine la transmutation entre une jeune soigneuse de chimpanzés et une jeune femelle bonobo suite à un grave accident de la route. Lee-Jin yi tenait Jin sur ses genoux lorsque l'accident s'est produit et alors qu'elles étaient toutes les deux projetées à travers le pare- brise, une étrange fusion s'est opérée. On imagine que consciemment ou non, la proximité physique, la proximité des prénoms, la proximité de genre ont permis à l' auteure d'envisager ce transfert.

On ignore à vrai dire s'il s'agit réellement d'un transfert puisque la jeune femme est dans un coma profond, entre la vie et la mort. Cela importe peu, puisque les expériences s'enchaînent dans le corps de la primate où cohabitent successivement les deux intelligences.

Mais Lee-Jin yi veut récupérer son corps, d'autant plus lorsqu'elle découvre que la fusion totale se précipite et qu'elle est condamnée à disparaître en tant qu'individu.



Au-delà du récit fantastique et de la légère touche philosophique, l'auteure propose aussi une réflexion sur les relations de l'homme et de l'animal avec la condamnation sans appel du traffic d'animaux. On apprend ainsi l'infâme pourcentage de perte admis sans état d'âme pour satisfaire la lubie d'un unique individu.

"Les animaux sauvages supportent mal ces conditions de vie restrictive pendant un aussi long voyage et ne sont pas habitués à vivre hors de leur jungle. Les trafiquants prévoient donc une grosse marge de pertes et organisent en général le transport de plus d’une dizaine d’individus. Cela revient à dire que neuf bonobos doivent être sacrifiés pour qu’un seul parvienne à son acheteur."

La définition de la civilisation devient toute relative face aux comportements humains, d'autant plus que l'auteure a choisi le bonobo parce qu'il partage 99% du patrimoine génétique humain et que, malgré cette proximité, sa survie est menacée.

" Je me sens tellement misérable que je n’ose même pas dire à Jin combien je suis désolée. J’ai honte d’être une représentante du genre homo sapiens, ces êtres soi-disant civilisés qui ont arraché Jin à sa jungle, l’ont expédiée à l’autre bout de la planète et la brutalisent parce qu’elle n’arrive pas à bien les imiter."



Enfin, on ne peut ignorer la troisième voix du roman, celle de Minju qui incarne le raté de la société coréenne mais qui sera le seul à accompagner Lee-Jin. Dans une société ultracompetitive, il représente l'échec alors même qu'il a accompli le parcours normé en menant des études supérieures. Mais cette société méprise ceux qui sont en bas de l'échelle ou ne sont pas à la hauteur des ambitions de la famille. Ce trentenaire qui peine à trouver sa voie est régulièrement humilié par sa propre famille, responsable de sa clochardisation.

En portant un regard critique sur le fonctionnement de son pays, Yu-jeong Jeong s'intègre à cette génération qui commence à remettre en question des comportements très hiérarchisés.
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Généalogie du mal

Généalogie du mal de Jeong You-jeong m’a fait hurler…

N’attendez pas pour autant de ma part une critique négative. Je n’en fais jamais.

Je ne crois ni en l’adage « c’est pour le bien de l’auteur » comme en éducation, je prêche pour souligner les points positifs et pour l’encouragement.

Je n’ai ni le temps ni l’envie de formuler un tel avis.

Et pour finir, je suis en totale empathie avec un auteur qui est cueilli peut-être déjà en plein doute, ou plein déploiement de sa créativité ou tout simplement au cours d’une belle journée ensoleillée par une critique assassine.

Et là, vous ne savez toujours pas pourquoi j’ai hurlé… Je tente bien malhabilement de reproduire ce que l’autrice a fait avec brio dans ce polar. Vous faire patienter, trépigner pour savoir, pour connaître le dénouement, les pourquois…

Yujin se réveille un matin dans un bain de sang. Le cadavre de sa mère égorgée dans le salon. Il va tenter de remonter le fil de sa soirée et de sa vie. Surveillé perpétuellement par sa mère, sa tante, qui est-il ? Une victime ? Un coupable idéal ? Un être malsain ? Un enfant perdu ? Avec en toile de fond, la perpétuelle question : le mal est-il originel ou programmé ?

Et j’ai donc hurlé derrière mes lunettes devant le brio de l’autrice à torturer son lectorat. Et celui de ses traducteurs… dont je regarde de plus en plus les noms et là surprise… un duo que je commence à connaitre Pierre Bisiou et Choi Kyungran. Bravo !

Je ne vous en dévoilerai pas plus tant je ne voudrais pas vous dévoiler les surprises qui vous guettent au détour d’une page.

Un excellent polar !!
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Généalogie du mal

Yujin, 26 ans, vit avec sa mère et son frère adoptif dans un appartement de Séoul. Un matin il se réveille couvert de sang, le corps de sa mère git en bas des escaliers, la gorge tranchée. Yujin n’a aucun souvenir de ce qu’il s’est passé, pour cause il est sujet à des crises d’épilepsie qui altèrent sa mémoire. Qui a tué sa mère ? Pourquoi est-il lui-même couvert de sang ? Avant que son frère adoptif ne revienne à l’appartement ou que sa tante ne cherche à joindre sa mère, Yujin n’a que très peu de temps pour se débarrasser du corps et des traces de sang… Mais la découverte d’indices compromettants et d’un carnet intime tenu par sa mère dans lequel elle retrace les faits et gestes de Yujin l’incitent à se plonger dans son propre passé. Ce qu’il y découvre est à glacer le sang.



Etes-vous prêt à vous retrouver enfermé dans l’esprit d’un psychopathe ? C’est que nous propose avec brio l’autrice coréenne dans ce récit, qui est à peu de chose près un huis-clos. Au réveil, Yujin, avec qui on devient très proche au fil des pages, se trouve au centre d’une scène de crime dont le cadavre est sa propre mère. Amnésique il n’a sur le coup aucun souvenir de la nuit, il enchaine donc les hypothèses bancales qui ne mènent à rien sur ce qui a pu se passer. Une chose est sûre il n’a pas envie qu’on le découvre recouvert de sang près du corps de sa mère. S’ensuit donc une course contre la montre pour dissimuler le corps et nettoyer les indices. Mais c’est sans compter l’inquiétude de Haejin, son demi frère et de sa tante quant à l’absence de la mère de famille. Rapidement, on apprend que celle-ci est envahissante, abusive, et a contrecarré la passion de Yujin pour la natation, allant même jusqu’à briser son rêve de devenir champion… Mais Yujin qui soufre d’épilepsie est soumis à un traitement médical lourd, prescrit par sa tante médecin, malheureusement il lui arrive de cesser de prendre ses médicaments, au risque de conséquences fâcheuses. La vie de Yujin semble se résumer à ce cercle familial étouffant. En fouillant les affaires de sa mère, il trouve un carnet intime dans lequel elle note ses faits et gestes et le désigne ainsi « l’enfant« , avec détachement comme s’il n’était pas son propre fils mais plutôt un cas d’étude, dont il faut se méfier. Au fil des pages, le lecteur accompagne Yujin dans la découverte d’un passé oublié et surprenant.



L’auteure réalise un tour de force dans la mesure où elle parvient à instaurer une certaine proximité entre le narrateur et le lecteur: on comprend rapidement que Yujin a tué sa mère, mais ce n’est pas quelqu’un que l’on va de prime abord détester. Il éprouve des sentiments autres que la haine et la colère: il répète plusieurs fois qu’il aime sa mère et ses frères, il éprouve de la peur, de la panique. En apparence, il est loin d’être une machine à tuer sans aucune empathie ou ressenti pour autrui, de même il éprouve de la culpabilité vis à vis des actes horribles qu’il commet. Mais son côté sombre l’emporte systématiquement. Plusieurs concours de circonstance font qu’à plusieurs reprises il choisit de tuer, mais ce n’est pas une volonté déterminée de détruire sa famille. Le premier meurtre n’est pas prémédité. Même si l’on apprend ensuite que Yujin est un prédateur, ses actes sont assez nuancés, il ne planifie pas ses crimes ni ne se réveille le matin en se disant qu’il va tuer. Sa personnalité est complexe et intrigante, il place le lecteur dans une position assez malsaine de voyeur face à ces crimes.



J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai lu très facilement, mon seul regret est que je m’attendais à être immergée dans la culture coréenne, et ça n’a pas été le cas, hormis pour les patronymes. Je n’en ai pas appris plus sur le pays et les coutumes, c’est presque comme si j’avais lu un roman anglo-saxon.
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Généalogie du mal

Un jeune homme se retrouve couvert de sang après une sorte de malaise qui ne lui a laissé aucun souvenir.



Aucun souvenir pas si sûr , l'esprit humain est complexe et cache derrière les lourds rideaux noirs de l'inconscient des vérités parfois diaboliques.



C'est ce récit là, celui des souvenirs occultés du héros auquel nous convie l'auteure.



Le récit tient la route, c'est bien ficelé le plus gros souci ce sont les longueurs qui ont grandement gâché le plaisir de la lecture et me laisse un avis mitigé sur ce roman.
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Généalogie du mal

Yujin est réveillé par une odeur de sang... des gouttes de sang sur son lit et ses vêtements...il descend de sa chambre et trouve sa mère allongée au pied de l'escalier de l'appartement en duplex qu'il habite avec elle.

Horreur ! elle a été égorgée d'une oreille à l'autre!

Au fil des premières pages, on apprend vite que le jeune homme, de 26 ans est malade et souffre d'épilepsie...Non, ce c'est pas l'auteur qui nous le dit, mais Yujin lui même qui se raconte, qui raconte ses troubles de mémoire ses troubles du comportement.

On vient d'entrer dans un livre noir, et surtout, ce qui est encore plus troublant dans l'esprit de Yujin, calme et méticuleux qui va cacher le corps de sa mère, nettoyer les traces de sang, changer les matelas tachés...et répondre à sa tante qui le soigne pour son épilepsie. Une tante qui s'inquiète pour la disparition de sa sœur. Nous sommes dans l'esprit et les réactions cohérentes ou non d'un malade.

Le résumé est attrayant, et rares sont les livres qui nous offrent un dépaysement vers la Corée.

Un livre pas toujours facile à suivre...pour la bonne est simple raison que Yujin souffre d'un "symptôme prodromique de crise" et qu'il a arrêté son traitement prescrit par cette tante troublante et peu attachante....

Une narration qui passe en ce qui concerne Yujin par des phases de conscience et des phases de crise, que même la tante-psychiatre a des difficultés à comprendre et à analyser : "il faut quelque chose de spécial pour qu'il ressente une émotion. J'ai peur de ne pas savoir quoi" dira-t-elle

Parfois, pendant des pages on a l'impression que le roman n'avance pas, on s'ennuie dans les pensées qui tournent et retournent dans la tête du jeune narrateur, on s'ennuie dans ces longueurs, puis cette envie de tout lâcher s'estompe d'un coup...on n'est plus face à un malade, mais face à un jeune homme calculateur, froid et réfléchi, face au mal incarné.

Pas facile non plus de vivre aux cotés de cette mère et de cette tante auxquelles on n'arrive pas à s'attacher. Ne sont-elles pas elles aussi une partie du mal, celles qui dérangent de Yujin? La généalogie du mal de Yujin?

Une lecture exigeante alternant passé et présent, au fil des actes, des pensées et des réactions de Yujin, et des autres personnages. Une lecture alternant plaisir et ennui, envie de poursuivre et envie de reposer le livre.

Une lecture troublante, l'auteure ayant réussi à nous faire plonger dans le cerveau malade du jeune homme


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Généalogie du mal

Il s'agit selon moi d'une œuvre magistrale. L'écriture est une pure merveille, travaillée, précise bref une qualité exceptionnelle, qui fait du bien ! Oh le lecteur se sent bien entendu très mal à l'aise d'être ainsi plongé dans les souvenirs dedans la tête de Yujin ...Qui ne le serait pas ? Mais l'auteur maîtrise chaque mot, chaque phrase, il nous plonge sans crier gare dans son œuvre dés la première page. On se laisse embarquer un peu malgré nous, car on veut savoir ce qui s'est passé tout en ayant conscience que ce sera dur. Époustouflant. Il y développe d'une manière exceptionnelle , la psychologie complexe du personnage principal . Le déroulement, la structure même du roman est construit avec intelligence. Je pèse mes mots. Une œuvre d'une très qualité littéraire et que j'encourage toute personne sensible sur ce point, à le lire.
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Les nuits de sept ans

C'est la première fois que je lis un roman d'un auteur asiatique. Ça n'a pas été évident au début avec les prénoms, car non seulement ils ne sont pas faciles à prononcer (tout en n'étant pas sûre de les prononcer correctement...), mais en plus ils se ressemblent tous plus ou moins... Mais j'ai quand même fini par m'y faire.



Je reste plutôt mitigée sur cette lecture. Pour un thriller, je m'attendais à ce qu'il y ait du suspense, des rebondissements. Et il n'y en a pas, ou du moins très peu : on sait dès le début comment la fillette est morte, ce qui s'est passé et ce qui a conduit à ce drame. On suit juste le cheminement des enquêtes, celle de Seung-Hwan et celle du père de la fillette. Tous les éléments qui leur manquent, le lecteur les connaît... Il y a juste un peu de suspense sur la façon dont le père met en place petit à petit sa vengeance, et un petit peu à la fin également.



C'est un peu dommage... Parce que c'est très bien écrit, les personnages sont bien "travaillés", les décors et l'environnement dans lesquels se déroule l'histoire également. On se rend compte clairement du travail de l'auteure : le déroulement et l'enchaînement des événements, les détails, les caractéristiques des personnages, etc... sont sacrément bien couchés sur le papier, sacrément bien peaufinés.



Alors je ne dis pas que je n'ai pas aimé, mais je ne peux pas dire que j'ai adoré non plus. Une lecture plutôt plaisante mais pas exaltante. Pas mal, voilà tout...



[Lu en juillet 2020]
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Généalogie du mal

C'est un livre très déstabilisant. On se retrouve dans la tête de Yujin, qui se découvre un matin couvert de sang avec le cadavre de sa mère dans la cuisine.

Est-ce lui qui l'a tuée ? Une plongée dans une enquête sur le meurtre de sa mère, de sa vie qu'il redécouvre avec la lecture du journal intime de sa mère, de la construction de sa vie autour d'une manipulation... Chut ! J'en dit trop ! Déstabilisant parce que je me suis attaché à ce personnage malgré tout. Un excellent moment !
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Généalogie du mal

Très bon roman noir psychologique. La construction du l'ouvrage est très habile et m'a mené par le bout du nez dans une tension haletante vers le dénouement. Le texte peu dialogué nous entraîne dans les méandres de l'esprit du protagoniste principal, ce qui est un beau tour de force au vu de la longueur du texte.
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Traversée de l'été

Bon.



Une chose de sûre : c’est les montagnes russes du ressenti si tu veux tout savoir.



J’ai mis du temps avant de comprendre que l’action se passait à la fin des années 80 et que ce roman a été publié dans les années 2000 en Corée ; j’ai trouvé le comportement des jeunes prtagonistes un peu archaïque (surtout au niveau de leurs idées) et du coup je commençais à nourrir une émotion un brin négative sur le roman.

Mais je sais pas pourquoi, dès qu’on comprend le roman, cette virée à travers la Corée pour rejoindre un militant pour la Démocratie, devient assez lumineuse et les thématiques abordées gagnent en profondeur.



Junho doit remplacer son meilleur ami afin de rejoindre Grand Frère, recherché pour activisme, et prend place à bord d’un camion dans lequel sont réfugiés d’autres adolescents, un vieil homme et un chien de sauvetage, et vont apprendre à voyager ensemble, à compter les uns sur les autres, à faire également avec le passé et les blessures de chacun.



Le parti pris sur la maltraitance juvénile a changé depuis le début des années 2000 et le male glaze aussi (on l’espère en tout cas, du moins dans les romans Young adults), mais Traversée de l’été est un très bon roman, qui tient en haleine jusqu’au bout et qui termine sur une note beaucoup moins Little Miss Sunshine qu’on pourrait l’imaginer !



C’était pas mal minou, on en reveut bien !






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Bonobo

Avec un sujet pareil, le roman aurait pu vite tomber dans la mièvrerie ou le grotesque. Que ceux et celles qui n'adhèrent pas au fantastique se rassurent, le seul élément un peu "magique" du roman est la cohabitation de "l'esprit" de l'héroïne avec celui de la jeune bonobo, qui sert de prétexte à une réflexion sur la vie, la mort et la solitude. Les héros sont attachants dans leurs failles et j'ai beaucoup aimé l'éclairage donné par l'autrice sur le commerce illégal d'animaux sauvages. On y apprend notamment qu'il faut capturer une dizaine de grands singes pour qu'au moins un d'entre eux arrive en vie dans le pays de l'acheteur. La fin du roman ne m'a pas déçue. Je pense que je vais essayer de dénicher les autres romans de cette autrice.
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Bonobo

Livre magique, et qui pourtant fait réfléchir à notre temps présent. Écriture fluide. Livre savoureux et drôle. C’est l’histoire d’une vétérinaire qui « mute » dans la peau d’un singe…et encore, pas tout le temps; Elle va se lier d’amitiés avec un SDF, drôle et truculent. Une fable des temps modernes lu dans le cadre du Prix Fnac.
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Généalogie du mal

Jeong You-jeong nous entraine dans ce roman dans les méandres de la mémoire et de la vie de son personnage principal, Yujin. On cohabite pendant ces 400 pages de Généalogie du mal au côté de ce jeune homme, comme dans un souffle, submergé dans les eaux profondes et noires de sa vie. Une claque littéraire !
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Généalogie du mal

Après mon périple en Corée du Nord avec son camp de l'humiliation, me voici à présent, en Corée du Sud où un jeune homme de 26 ans se réveille couvert de sang, le corps de sa mère non loin et il se pose des questions. Se poser des questions. Voici où nous entraîne le narrateur ; un narrateur qui nous fait basculer dans les méandres de ses souvenirs à moitié occultés et aussi à moitié éveillés. Un jeu de bourreaux et de victimes, mais qui est qui ?Un délicat délice de malaise, car on a vite fait de comprendre que quelque chose cloche avec ce garçon, mais aussi on se dit que cela n'est pas possible. Que tout cela serait un peu trop facile à faire. C'est un point fort de l'histoire qui se lit comme si on tentait de résoudre un Rubik's cube alors qu'on en a jamais touché un de sa vie. Carrément un cas clinique pour un psychologue. Il y a un côté retors, une ambiance malsaine, des non-dits et tout cela arrive progressivement comme une chape de plomb. Cette impression d'être dans une lecture brouillard tout comme l'estuaire. Psychologiquement c'est réussi parce que l'on vit le personnage, on se transpose à lui et à sa mère, sa tante et ses frères. Pour ma part, on se croirait d'une certaine manière à une réinterprétation du film Psychose sous un nouvel angle. Le début de l'histoire est lent, on se sent perdu, groggy. Effectivement, c'est l'acuité parce que l'on se pose aussi les questions que le narrateur se pose. L'autrice parvient, avec peu, à créer une ambiance qui vous ficelle comme une lame de rasoir.
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Généalogie du mal

Ce roman raconte l’histoire de Yujin, un jeune homme troublé. Pendant une grande partie du roman on se prend à vouloir comprendre son geste, à vouloir lui trouvez des circonstances atténuantes. Et puis petit à petit, le récit devient glaçant, on comprend ce qu’il en est vraiment et tout en se disant que tout ça n’est que fiction, on se demande s’il existe vraiment des êtres humains comme celui-là.

Roman qui se lit très bien, l’auteur nous immerge dans l’esprit de cet homme étrange, ce prédateur et sa force est de détailler chacune de ses pensées et de nous en rendre non pas complices mais en tout cas de nous forcer à la compréhension (au sens de vouloir être compréhensif). C’est assez troublant.
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Bonobo

Ce livre a été présenté par les bibliothécaires de la médiathèque d’Orléans. Je ne connaissais pas cette auteure coréenne, mais j’ai tout de suite été intéressée par le sujet et attirée par l’image de couverture qui évoque la jungle tropicale.



Sur la 4e de couverture, on peut lire :

« Jin-yi consacre sa vie à l’étude des primates. Un soir, elle participe au sauvetage d’une bonobo échappée d’une villa en flammes et, alors qu’elle la tient sur ses genoux dans la voiture qui les ramène au Centre d’étude des primates, un accident la projette à travers le pare-brise et une étrange fusion s’opère : tandis que son corps est emmené à l’hôpital, entre la vie et la mort, l’esprit de Jin-yi se réfugie dans le corps de la petite bonobo. Ainsi commence une fascinante coexistence entre ces deux êtres.

La romancière livre un récit captivant qui nous tient en haleine du début à la fin. Mais la vraie originalité de son roman est de déplacer les frontières entre humain et animal en nous faisant pénétrer dans l’univers et la sensibilité des bonobos.

Un dialogue bouleversant sur le désir de vivre et la mort, sur les liens plus justes que nous voulons établir avec les autres êtres vivants ainsi qu’avec nous-mêmes. »



L’auteure voulait écrire sur les derniers jours de la vie d’une femme. Alors qu’elle est dans le coma, où se trouve son âme ? Dans ce livre, elle avait envie de raconter le choix d’un être humain face à la mort et, en même temps, une aventure à la recherche du dernier espoir de la vie. Mais elle ne voulait pas que ce soit une histoire lourde et déprimante. Elle a imaginé qu’un être vivant qui ne soit pas humain, mais d’une espèce pas trop éloignée de l’espèce humaine, pourrait servir d’enveloppe physique à son héroïne. D’après le primatologue Franz de Waal, le bonobo est le plus proche de l’ancêtre commun aux chimpanzés, aux bonobos et aux humains. Aussi, elle a dû faire de nombreux déplacements, car le bonobo n’a jamais été introduit en Corée, et a obtenu l’aide de zoologues dont elle a appris le respect envers toute forme de vie.



Et ce livre est une réussite. Écrit au présent et à la première personne, il donne la parole à Kim Minju, un homme jeune qui vivait encore chez ses parents, sans travailler, sans but et que son père a chassé de la maison et à Jin-Yi, « la gentille soigneuse » au Centre d’étude des primates. Plus qu’une histoire fantastique, ce livre questionne sur l’humanité, le respect de la vie, la peur, la mort, la maltraitance. L’action se déroule dans la Corée contemporaine où les habitudes, les instances, l’organisation sociale sont bien décrites en fonction des besoins. D’ailleurs, l’atmosphère, l’attitude des protagonistes face aux aléas et à la mort sont typiques d’une philosophie orientale bien différente de nos approches occidentales plus terre-à-terre.



Que l’esprit de Lee Jin-yi et celui de Jin, la petite bonobo, cohabitent dans le cerveau de Jin ne gêne en rien : on ne cherche pas la vraisemblance. On est emporté par l’action et on ressent de l’empathie pour les personnages. À aucun moment je n’ai lâché ce livre, écrit avec finesse, respect et poésie. Régulièrement, on est amené à faire le point et repréciser des éléments qu’on aurait pu oublier. Car tout s’imbrique, chaque détail est important. Par ailleurs, dans ce livre j’ai appris beaucoup sur les bonobos et leur mode vie.



Vraiment une magnifique découverte.
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Bonobo

Le livre évoque la rencontre entre deux âmes esseulées, figure classique du roman, mais ici renouvelée avec un élément inattendu : car l'un des personnages, une soigneuse et primatologue, est coincée dans le corps d'un bonobo. L'autre personnage, un jeune SDF qui traîne sa solitude en cherchant où mettre fin à ses jours, va devoir, malgré lui, aider cette femme-signe à retrouver son corps, fracassé dans un accident.



La dimension fantastique du livre s'arrête donc à la fusion entre l'esprit et le corps d'un humain et d'un animal : nous sommes dans une Corée contemporaine, bien documentée, tout à fait réaliste, qu'il s'agisse de dépeindre l'hôpital ou les moeurs familiales.



Et rapidement, on accepte cette incongruité pour se laisser prendre par ce roman à deux voix, intimiste, délicat, qui questionne sur l'humanité et l'animalité, la barbarie, la peur, la mort, l'altruisme.



Ni simple pamphlet sur l'exploitation animale, ni roman à suspense, ni récit de destins croisés, il est plutôt tout cela à la fois. Original et prenant.
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Généalogie du mal

Ce thriller ensorcelant est une réussite. L’auteur nous place dans la tête du narrateur, Yujin, 26 ans qui vient de se réveiller, couvert de sang, près du cadavre de sa mère. Il ne se souvient de rien et durant tout le roman il cherche à reconstituer les événements. Au fil des pages nous en apprenons plus sur lui et sa famille, et nous comprenons qu’il est pris dans un engrenage de violence psychique insupportable. Le lecteur ne sait trop quoi penser de Yujin, faut-il le plaindre ou au contraire le détester, ce roman dérange, il aborde de l’intérieur les thèmes de la manipulation et de l’emprise. L’ambiance est nettement malsaine. Et l’auteur aussi nous manipule avec cette chute incroyable. J’ai adoré, mais il me semble que c’est assez difficile de rentrer dans l’histoire au début.
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Généalogie du mal

Plusieurs fois, j'ai failli laisser tomber ce roman, mais je me suis accrochée. Je tenais à le finir coûte que coûte car il m'avait été chaudement recommandé par une amie. Maintenant que j'en suis venue à bout, je suis bien embêtée car mes impressions sont très partagées !



Si l'on m'avait demandé mon avis après avoir lu la première moitié du roman, j'aurais probablement dit que l'intrigue faisait littéralement du sur-place, à l'image des pensées du personnage principal qui tournent en boucles jusqu'à en devenir franchement ennuyeuses. Bref, je vous aurais dit de ne pas vous lancer de cette lecture !



Pourtant, une fois cette première partie laborieuse passée, j'ai soudain perçu un changement dans l'ambiance du livre, dans l'écriture même. Alors qu'au début de l'histoire, la voix de Yujin s'impose à nous comme celle d'une victime, d'un jeune homme innocent tourmenté par sa maladie, sa voix se mue progressivement en celle d'un être froid, implacable, un bourreau au sens propre. J'ai été frappée par ce changement, subtilement installé par l'auteure. Bien que l'on sache dès le début que Yujin a bien commis un crime, l'auteure nous mène à la baguette, nous fait presque compatir à la situation du jeune homme, pour ensuite nous révéler toute la noirceur de son âme.



Même si la seconde moitié du roman m'a bluffée, je n'en oublie pas pour autant la première moitié, trop répétitive et inutilement longue. Une lecture qui en vaut la peine, pour peu qu'on s'accroche pendant une grosse centaine de pages.
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Généalogie du mal

C'est là l'un des passionnants tours de force que permet la littérature, que nous donner l'illusion de pénétrer l'esprit d'individus dont les valeurs, la personnalité, les désirs, semblent à des années-lumière des nôtres. Et sans doute est-il très tentant -bien que risqué-pour un écrivain de se livrer à cet exercice, et prétendre explorer la psyché de ces êtres que leurs pathologies mentales rend monstrueux.

Aussi, le choix de la coréenne JEONG You-jeong, de faire du narrateur de son roman un "prédateur", n'est certes pas inédit, mais reste pour le lecteur un choix intéressant.



Yujin, vingt-six ans, se réveille un matin couvert de sang. Sa chambre, située à l'étage du duplex qu"il partage avec sa mère et son frère adoptif, ainsi que l'escalier qui y mène, présentent les traces d'une lutte violente. Dans le salon, l'attend le cadavre égorgé de sa mère.



"Généalogie du mal" est la description minutieuse des réactions et des pensées de Yujin à partir de cette macabre découverte et de l'évidence qui s'impose quant à sa culpabilité. N'ayant gardé aucun souvenir du meurtre, il est contraint de mener une enquête à la fois matérielle et intime, sur la base d'images qui lui reviennent, par intermittences, des événements ayant conduit à la mort de sa mère, puis sur la découverte d'un journal tenu par la victime, dont il est le sujet principal. Au-delà de la reconstitution du matricide, Yujin va ainsi peu à peu réaliser que depuis ses dix ans et la mort accidentelle de son père et de son frère à peine plus âgé que lui, il a vécu dans le mensonge, dans la méconnaissance de lui-même.



A la lumière des écrits maternels, il reconsidère son parcours adolescent, ses espoirs anéantis de devenir un champion de natation en raison de l'épilepsie dont il se pensait atteint, ses relations tendues avec la tante psychothérapeute qui le suit... il traque sa propre vérité, qui lui a été dissimulée.



Le lecteur, immergé dans ce huis-clos mental, est ainsi témoin des refoulements, des subterfuges que Yujin déploie vis-à-vis de lui-même pour retarder la prise de conscience de sa monstruosité, de l'acte, révélateur plutôt que fondateur, de son anormalité, prise de conscience vers laquelle il s'achemine au rythme d'un compte à rebours que le risque croissant que son crime soit découvert rend d'autant plus oppressant. Son manque d'empathie et son absence de remords suscitent une répulsion qu'amoindrit toutefois la dimension pathétique de son impuissance à lutter contre l'impératif implacable et pervers qui le gouverne, et de l'irrévocabilité de ce moment de démence qui a fait basculer une existence de toutes façons fondée sur un leurre.



JEONG You-jeong, en dépit de quelques longueurs -qui s'oublient assez vite-, entretient l'intérêt du lecteur en entremêlant habilement aspect psychologique et suspense, et l'amène à se questionner sur les mécanismes de ces folies nuisibles qui semblent inconciliables avec la vie en société...

A découvrir.
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1984 - Orwell

Comment s'appelle le personnage principal du roman ?

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Thème : 1984 de George OrwellCréer un quiz sur cet auteur

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