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Citations de Zakhar Prilepine (164)


tandis qu'ici,c'est la prison...,poursuivait Mezernitski,..et les gens brusquement se révèlent d'une autre façon. Nous nous tuons très rarement les uns les autres.En revanche, nous nous frottons,et nous nous frottons,et nous frottons de tous les côtés, sans avoir la force de nous éviter, et soudain nous voyons l'essentiel.C'est comme si nous étions enfermés dans un tramway bondé, devenu fou,qui nous aurait transportés une année entière où trois.Bon gré mal gré, il faut s'habituer les uns aux autres...Ici,nous avons fait connaissance, les yeux dans les yeux,avec nos ennemis d'hier,et même, nous nous sommes mis à partager notre pain avec eux.Ici,nous sommes restés presque nus-la majorité d'entre nous n'appartient à aucun ordre, n'a ni titres ni décorations, il n'y a pour tous que la durée de la peine.(p.259)
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Oh,le chef de notre camp aime beaucoup la flore et la faune. Savez vous qu'on a installé ici une station biologique qui étudie les fonds de la mer Blanche ?
Que,sur décision d'Eïkhmanis,des détenus élèvent avec succès l'ondatra de Terre-neuve, des renards bleus, des chinchillas,des renards brun foncé, des renards roux et les renards argentés du Canada ? Qu'il y a ici une station météorologique ? Dans le camp,Artiom! Et que des détenus y travaillent ! (p.63)
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Nos Solovski,disait-il,sont un lieu étrange ! C'est la prison la plus étrange du monde !
Nous pensons par exemple que le monde est immense et étonnant, qu'il est plein de mystères et d'enchantement, d'horreur et de charme, mais nous avons quelques raisons de supposer qu'aujourd'hui même, les Solovski sont l'endroit le plus singulier qu'ait connu l'humanité. Rien n'y est compréhensible ! (p.63)
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( Le chef du camp)-"On n'écrira pas non plus que nous avons une école pour analphabètes qui fonctionne! Ni que j'ai ouvert une église et donné aux anciens prêtres et aux anciens moines l'autorisation de porter la soutane.
Théophane ouvrit soudain, avec un claquement de langue,sa bouche aux lèvres très serrées et dit :
- D'abord on nous interdit de porter la soutane, ensuite on nous autorise à le faire : et ce serait, comme qui dirait, à mettre sur le compte des bonnes actions ? On peut fouetter quelqu'un et mettre après de la pommade sur ses pauvres os,ce sera aussi une bonne action.( p.305)
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Les européens pouvaient arborer autant qu'ils le souhaitaient le masque irréprochable de gens civilisés, ils s'y connaissaient en assassinats, ils s'y connaissent en pharisaïsme, ils s'y connaissent en diplomatie. Ils peuvent entretenir l'hystérie ambiante en secouant leurs têtes d'européens. Mais faut-il également attendre qu'ils piquent une crise d'hystérie ?
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Dans les films d'Emir [Kusturica] régnait un incroyable foutoir, il y avait toujours de la musique, des poules qui volaient, des chevaux qui hennissaient, des gens qui aboyaient, des ânes qui brayaient, les gens partageaient tantôt la même terre, tantôt un même passé, tantôt un même avenir, et, merci à l'auteur, personne ne se posait la question : "Pour quoi vous battez-vous, les gens, vous avez tout en commun !" ça, nous le savons, inutile de nous l'apprendre, nous avons tout en commun, mais j'habite ici avec mon amour et je ne bougerai pas d'ici. Si nous avons tout en commun, alors rends-moi mon bon droit, pour commencer, rends-moi juste mon bon droit. Ayons le même bon droit, d'accord, mais que ce bon droit soit à moi. Comment ça, "non" d'entrée ? Comment est-ce possible ?
p. 140
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Il y avait toujours quelqu'un pour me reconnaître [dans les files d'attente]. "Zakhar ? Merci d'être là !" ; durant toutes ces années passées au Donbass, j'ai serré des milliers de mains, et jamais, ni en face ni dans mon dos, personne ne m'a dit : "Qu'est-ce que vous faites ici ? Rentrez chez vous, je ne vous ai pas invité !" ; sur le Web, oui, on écrivait : "Moi je suis de Donetsk, et toi t'es qui ? Casse-toi de ma ville, enfoiré !" Mais quand on allait voir le statut de celui qui écrivait, il était toujours indiqué "Hanovre", ou quelque chose du même genre ; quand je serai à Hanovre, mon pote, je te passerai un coup de fil et tu m'indiqueras la direction de Berlin, comme un gars de Donetsk à un autre gars de Donetsk.
p. 136
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[Un écrivain maudit face à la surenchère Woke]
Cependant les nouvelles s'amoncelaient au-dessus de ma tête : untel me maudissait, tel autre me découronnait, tel autre encore faisait une crise d'épilepsie. Les maisons d'édition étrangères refusaient de publier les livres que j'avais écrits avant la guerre [du Donbass], même les maisons d'édition qui ne m'avaient jamais publié. Certains pays souverains m'interdisaient l'entrée sur leur territoire, même si je n'y étais jamais allé et n'avais aucune intention de m'y rendre. Le cas le plus amusant se produisit avec le pays de notre infortuné ennemi où l'on s'aperçut soudain que mes anciens romans étaient en tête des ventes ; j'ignore comment ils ont résolu le problème, mais ils ont dû certainement trouver un moyen.
p. 95
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Zakhar Prilepine
"Il y a une forme de violence en Zakhar Pipreline qu'il a du mal à contenir. Je gage que dans son prochain roman "Certains n'iront pas en enfer", qui a pour théâtre le Donbass, qui sortira début 2021, l'art aura non pas écumé cette violence pour de mauvais prétextes, mais au contraire fait que les mots seront des pistolets chargés, pour reprendre l'expression de Brice Parain."
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Traduit du russe par Joëlle Dublauchet

Avant-propos

On disait que, dans ma jeunesse, mon arrière-grand-père était braillard et querelleur. Une expression définit bien ce genre de caractère : c'était un mauvais coucheur..
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p.17.
Les contrôleurs, je l'ai remarqué, se comportent souvent dans les transports comme s'ils étaient chez eux. "Dans mon trolley, personne ne se conduit comme ça, disent-ils fièrement. Dans mon... j'ai... je vous le dis..."
C'est fou ce que les gens aiment posséder. Même un trolley.
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Des chaussures pleines de vodka chaude

Nous mangions des sandwichs à l'esturgeon. Denis, mécontent, faisait la grimace : le poisson n'était pas frais, ce n'était pas de l'esturgeon, ce n'était pas du poisson.
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Tu sais, mon petit, comment je sens les choses ? continua à murmurer le prêtre d'une voix douce, sans bouger de sa place. Les Solovki sont la baleine de l'Ancien Testament, sur laquelle se sont installés les chrétiens. Et cette baleine s'enfonce dans l'eau. Et l'eau noire se referme au-dessus de notre tête. Mais tant qu'il y a ne serait-ce qu'une tête qui émerge de l'eau noire, il existe une possibilité pour les autres corps périssables d'être sauvés, et de ne pas laisser tous ceux qui sont réunis ici mourir avant le terme normal de leur vie. Ne disparais pas sous l'eau, mon petit, ne t'enfonce pas dans les ténèbres, car ici déjà, tout est ténèbres.
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L’histoire russe est aussi ambivalente que le caractère russe. La Grande Russie est en même temps la Russie minable. A l’époque des plus grandes libertés, partout naissent des troupeaux d’esclaves et les hommes les plus connus du pays, ces derniers temps, sont des esclaves absolus. Pendant les périodes d’oppression, des gens étonnamment libres se manifestent et ce sont eux, leurs paroles et leurs gestes, qui finalement définissent leur temps. P 102
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C'est absurde de regretter que la jeunesse ne confirme pas ses espérances . C'est justement le contraire qui doit se passer : la jeunesse doit dévorer elle -même ses propres rêves , parce que celui qui continuerait à y croire n'accomplirait jamais son destin .
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Tu sais,quand j'étais petit,mon père- c'était un barine,bien que ruiné-,lorsqu'il invitait un prêtre chez nous,il ne le faisait jamais asseoir à la table familiale après l'office.Cela ne se pratiquait nulle part,ni chez nous,ni chez les voisins ! Cela ne se faisait pas.On lui donnait à manger à part.On lui apportait une petite collation et même, parfois,un petit verre de vodka.Et il mangeait là, tout seul,comme les domestiques.(p.356)
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Comme les êtres humains sont incompréhensibles ! On ne peut comprendre personne. Au-delà de l'apparence d'un homme,il y a toujours, à l'intérieur, un autre homme.Et à l'intérieur de celui-là, il y a encore quelqu'un.(p.364)
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Il passa dans la salle de lecture-il y avait là des détenus ou des travailleurs libres qui feuilletaient des revues,personne ne lui accorda la moindre attention.Tout était tellement habituel que cela en devenait étonnant. (p.267)
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Ne trouvez-vous pas amusant qu'au pays du bolchevisme triomphant,dans le premier camp de concentration organisé par l'État, ce soient les principaux ennemis des communistes-Les officiers blancs-qui occupent la moitié des fonctions administratives ? Quant aux évêques et archevêques très souvent soupçonnés d'activités antisoviétiques,ils gardent les biens des bolcheviks et ceux du camp !
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Bientôt, ils se lèvent et se mettent à parler encore plus fort, à crier presque, ils sont toujours dans des chambres différentes, bien qu'ils n'en aient, à proprement parler qu'une seule, plus une cuisine qui n'est faite que pour une personne avec une théière - la casserole devra se faire toute petite - une entrée qui ne peut contenir que quatre chaussures , et des toilettes où on peut se tenir debout entre la baignoire et le lavabo, mais impossible d'aller plus loin - on peut cependant faire des petits pas autour de son axe ; on s'observe d'abord soi-même dans le miroir, puis on regarde la douche qui coule tout le temps dans la baignoire rouillée, ensuite les chaussettes et la serviette sur le radiateur, enfin on fait un pas et on sort du cercle.
Je sais ce dont je parle : j'ai un appartement identique.
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