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Critiques de Élisabeth Badinter (199)
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XY : De l'identité masculine

J'avais lu « XY, De l'identité masculine » il y a longtemps, avant de m'inscrire sur Babelio. Ayant réalisé que j'avais mis l'ouvrage en statut « Lu », sans en avoir posté une critique, il fallait que je répare cette erreur.



Joli chalenge. D'abord, parce que l'auteure, Élisabeth Badinter, est hyper connue, agrégée de philo et dotée d'une culture générale qui la conduit à pouvoir émettre un avis autorisé sur tous les sujets qu'elle touche : pouvais-je critiquer un de ses ouvrages ? Ensuite, parce que l'ouvrage est le résultat de 6 séminaires tenus à Polytechnique : pouvais-je, sans être issu de cette école prestigieuse, tenter de critiquer un livre très probablement complexe ? Et puis, que dire de neuf et d'original sur l'identité masculine, un sujet où les poncifs abondent, sachant que le buste musclé d'un guerrier de la Grèce antique (en couverture de l'ouvrage en livre de poche) donnait à voir ce qu'est l'identité masculine, alors même que le sujet fait rage en ce moment à l'Assemblée nationale, laquelle est en plein débat sur le mariage gay, avec en toile de fond la question de la place des homosexuels dans la société d'aujourd'hui ? D'emblée ma critique s’avérait délicate, le sujet étant assez conflictuel. Enfin, quand on sait que pour l'auteure « ce nouvel homme que notre siècle est en train d'inventer » correspond à un « prélude à une forme d'harmonie entre les sexes », comment pouvais-je espérer départager ce qui tient du rêve, de l'utopie ou de l'objectif atteignable ?



Me jetant à l'eau, j'ai découvert un livre extrêmement intéressant, hyper documenté, fourmillant d'extraits d'ouvrages français et étrangers, de toutes natures et de toutes époques, un livre non partisan et parsemé d'explications à caractère scientifique (page 63), avançant pas à pas et très logiquement, dans une démarche à l'évidence fort pédagogique, un livre qui dépasse l'analyse biologique et psychanalytique pour examiner sans tabous et sans interdits tous les aspects de l'identité masculine. Élisabeth Badinter nous montre que s'il y a un idéal masculin « classique » (celui de l'homme fort, dur, solitaire, impassible et viril), il y a aussi d'autres idéaux que ceux que nous renvoient les Rambo, Terminator ou Marlboro. L'identité masculine recouvre selon elle une réalité chaotique, plurielle et conflictuelle : Élisabeth Badinter nous propose donc un idéal d' « homme réconcilié », nouveau modèle masculin, à la fois fort et fragile, laissant de la place au quotidien à des réalités aux différences subtiles. Cet idéal se situe à l'évidence à des années lumières de l'homo erectus, lequel se résume à un être humain doté d'un pénis fonctionnel. Élisabeth Badinter nous propose de déconstruire le modèle « classique », modèle qui a montré ses limites (pour être un homme, un vrai, il fallait faire ses preuves, passer par des rites d'initiation, accepter le bizutage, faire du rugby ou tout autre sport violent, et il y avait parfois des ratés) et de libérer l'homme de son angoisse identitaire en le réconciliant avec sa vraie nature qui est celle d'un être androgyne qui souhaite vivre en harmonie avec ses semblables (les autres hommes et les femmes), dans une plénitude marquée par la disparition de l'oppression des mâles envers les femmes.



Le schéma proposé par Élisabeth Badinter séduit par son ambition et par sa spécificité, mais est-il réaliste ? Le diable est souvent dans les détails. Exemple : dans un contexte où les familles monoparentales abondent, comment construire cette identité masculine nouvelle chez le père et chez le fils ? Dans un contexte où la pression sociale conduit nombre de pères à être assez peu « présents » au foyer, comment construire cette identité masculine nouvelle, sachant que cette « absence » du père conduit, selon certains auteurs, à produire inévitablement des fils manqués ? Et puis comment construire cette identité masculine nouvelle quand l'enfant mâle a deux parents de même sexe ? Et comment la construire sans aboutir à un déni d'identité, l'homme étant identique à la femme dans une absence criante de dualité, dans un effort délibéré de neutralité ?



Non, je crois qu'il ne s'agit pas seulement de chromosomes et d'idéaux fantasmés : la femme a vu, dans nos sociétés occidentales, son espace de liberté s’accroitre sous la pression de bouleversements idéologiques, économiques et sociaux, et c'est louable, mais faut-il pour autant adhérer au gommage complet des différences, à une banalisation des rôles qui irait bien au-delà de la dépossession par l'homme et par la femme des « pouvoirs » qu'on leur aurait attribués ou qu'ils se seraient respectivement consentis ? Dans un monde où la femme est de plus en plus au travail, où elle exerce des métiers autrefois dévolus à la gente masculine, la femme ne cherche pas seulement à être l'égal de l'homme : elle souhaite une reconnaissance objective, équitable et durable, que ce soit en termes de rémunération ou de considération, et ça ne passe pas forcément par un brouillage des repères ou par la marginalisation de son « rival » masculin. Au final, si l'identité masculine résulte d'un processus lent et complexe, processus qui peut connaitre des ratés, la modification du cours des choses me parait relever de l'utopie. La société peut évidemment et devrait veiller à mettre en œuvre des atténuateurs de conflits entre hommes et femmes, sans pour autant qu'il y ait obligation de remettre en cause le processus d'individuation et de construction identitaire, que ce soit chez la femme ou chez l'homme. Le principal, c'est bien que l'être humain (qui n'est pas un ange puisqu'il est sexué) soit heureux, et ça n'est pas en déshabillant Pierre qu'on habillera Paul ! Un livre intéressant, encore actuel, à lire par les deux sexes ...
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L'Amour en plus

L'amour maternel : un instinct universel qui ne connaît que quelques ratés de quelques ratés de temps en temps. Badinter défend plutôt l'idée d'une construction sociale, récente de surcroît. Dans cette essai, elle passe en revue les rôles attribués aux hommes et aux femmes, la place de l'enfant, durant quatre siècles.



Au XVIIème siècle, on trouve bien peu d'amour entre les parents et leurs enfants : envoyés chez une nourrice dès les premiers jours ou même les premières heures de leur vie, ils ne reviennent que plusieurs années plus tard dans la maison familiale, auprès de parfaits inconnus. Le séjour est bref, puisque l'étape suivante est l'entrée au couvent ou en pension jusqu'au mariage. Le phénomène ne concerne pas que les plus riches, la mise en nourrice concernait toutes les classes sociales (quitte à mettre son propre enfant en nourrice pour aller s'occuper des enfants des autres).



Le changement s'opère lentement, pour plusieurs raisons : la première est une prise de conscience de la part des économistes du potentiel humain gâché : combien de bras, combien de soldats un pays perd-il chaque année à cause des mauvais soins apportés aux enfants ? Il est temps d'arrêter ce gaspillage ! Moins cynique, un autre moteur provient du courant philosophique de retour à la Nature et à la valorisation des instincts du « bon sauvage » par rapport à la civilisation corrompue : les animaux et les sauvages gardant leurs enfants près d'eux, les femmes européennes sont invitées à faire de même.



Il faut toutefois constater que les femmes ne sont pas retournées à leur « nature profonde » de très bon gré, et qu'il a fallu quantité d'exhortations pour qu'elles entendent raison, voire même de menaces (l'égoïste qui refuse d'allaiter ne risque pas moins que la mort, diront les médecins de l'époque).



Au final, si un instinct maternel existe, il semble incapable de lutter contre les normes sociales du moment : quand l'enfant est peu considéré, et l'affection qu'on leur porte réputé dangereux pour leur éducation, les parents les abandonne à d'autres personnes sans beaucoup d'état d'âme. L'amour maternel se construit finalement comme les autres, jour après jour, au fil des contacts.



L'essai est copieusement fourni en faits, témoignages d'époque, et chiffres. Certaines parties me semblent déséquilibrées : on parle beaucoup du phénomène des nourrices par exemple, en passant un peu rapidement sur d'autres sujets qui me semblaient intéressants à traiter (considération de l'enfant, rôle du père, …). Une pointe d'agacement se fait de temps en temps sentir quand l'auteure émet des opinions personnelles qui n'ont pas beaucoup de liens avec le sujet traité (si la position de l'Église catholique à une époque donnée est intéressante à connaître, savoir si elle était ou non conforme à la parole de l’Évangile me semble sans intérêt). Enfin, on peut regretter que la contraception n'est jamais abordée dans cet essai, alors qu'elle change à mon avis considérablement la donne sur la question. Même si sa légalisation ne datait que de quinze ans au moment de la publication du livre, l'auteure a pourtant cité des phénomènes encore plus récents.
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L'un est l'autre : Des relations entre homm..

Elle a gardé son beau visage et sa voix assurée. Mais je l'ai vue tassée dans son fauteuil ; pourtant, elle n'a "que" 80 ans...

Sa présentation du livre : "Messieurs, encore un effort" a ravivé ma mémoire sur cette belle philosophe, qui est pour moi à l'égal(e?) de Simone Veil.

Je crois avoir lu ce livre, "L'un est l'autre : des relations entre hommes et femmes", à sa sortie en 1986.

A l'époque je lisais peu, sauf des ouvrages professionnels.

Ce livre m'a marqué.

Et si le contenu m'échappe un peu, 35 ans après, l'esprit, l'essence reste. C'est le message qu'Elisabeth Badinter veut faire passer qui est important.

En gros, dans la préhistoire, l'un n'était pas l'autre : il y avait des chasseurs et des cueilleuses.

Maintenant, nous avons des chasseuses ( de tête ou autre) et des cueilleurs ( qui se plaignent à juste titre de la météo).

.

Maintenant, "on" va plus loin.

"iel" me fait rêver :

Pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier (iel) et du pluriel (iels), employé pour évoquer une personne quel que soit son genre. Iel se définit comme non binaire. Exemple : Les stagiaires ont reçu les documents qu'iels doivent signer.

"Le troisième sexe" d'Indochine; le non-binarisme, le jeune sportif non-binaire qui se change dans un vestiaire à part, en Suède. Et il y a tout le bruit que font les médias sur le gender.

Tout cela est-il ridicule ?

Je ne crois pas. Moi qui suis assez "vénus" dans ma tête, je les comprends, et si j'avais pu choisir, je crois que j'aurais aimé, A NOTRE EPOQUE, je dis bien à notre époque, être une femme. C'est beau, une femme. Mais pas que ! ... En lisant "l'âme de la femme" de Gina Lombroso, qui est dans mon TOP 6, sorti en 1929, je me suis aperçu de ce que je savais déjà : en gros,l'homme est égoïste, la femme est altruiste.

.

On commence à avoir des hommes altruistes et des femmes égoïstes. Je dis que c'est bien ! On se ressemble de plus en plus, l'homme se féminise, perd son identité macho, la femme devient virile. Dans le temps, la femme virile était un garçon manqué. Mais depuis les années 80, Sardou les avait comprises :

"Femme des années 80, mais femme jusqu'au bout des seins

Ayant réussi l'amalgame de l'autorité et du charme

Femme des années 80, moins Colombine qu'Arlequin

Sachant pianoter sur la gamme qui va du grand sourire aux larmes

Être un PDG en bas noir, sexy comme autrefois les stars

Être un général d'infanterie, rouler des patins aux conscrits

Enceinte jusqu'au fond des yeux qu'on a envie d'appeler monsieur

Être un flic ou pompier d'service et donner le sein à mon fils (être une femme)

(Être une femme)"

.

Voilà, j'adore ça !

Elisabeth, je t'aime !

Cependant, devant "la charge mentale" qui reste encore à la Femme, elle lance :

"Messieurs, encore un effort." :)
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Le conflit

Dans cet Essai paru en 2010, Elisabeth Badinter offre une analyse intéressante de l'évolution du féminisme depuis les années soixante-dix.

Elle détaille comment l'arrivée d'un féminisme « naturaliste » s'appuyant principalement sur l'écologie et sur un renforcement des tenants de l'instinct maternel universel (relevant de la biologie) aurait abouti dans les faits à faire peser sur les femmes un choix impossible.

Être une bonne mère aujourd'hui, passerait notamment par l'allaitement prolongé et une garde familiale jusqu'au trois ans de l'enfant (voire l'utilisation des couches lavables…). Qui plus en est, dans notre société où la maternité est devenue un choix, difficile de ne pas vouloir donner « le meilleur » à cet enfant désiré et attendu.

Vous le voyez venir le choix impossible ?

Et oui, comment dans ces conditions mener de front maternité et carrière de haut vol ?



Même si je ne partage pas toutes les convictions d'Elisabeth Badinter, j'ai apprécié le côté extrêmement argumenté de son état des lieux, et le fait que tout en long de son texte, ce qu'elle dénonce, c'est ce jugement social dont la femme sera finalement victime quel que soit le choix qu'elle fasse.

Ne pas avoir d'enfants (égoïste), mener une carrière professionnelle de front avec sa maternité (mauvaise mère) ou bien décider de s'occuper exclusivement de ses enfants (pas intéressante).

Mesdames, il semblerait que nous serons de toutes façons perdantes, alors fermons les écoutilles, écoutons notre voix intérieure et surtout, faisons nous confiance!



Challenge Multi-défis 2017
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Le pouvoir au féminin : Marie-Thérèse d'Autriche

J’attendais de lire, comme le promettait le titre, Le pouvoir au féminin, une biographie inspirante. Je suis restée sur ma faim, c’est une déception.



Son père, Charles VI, n’ayant pas d’enfant mâle, avait pris soin d’assurer sa succession en la personne de sa fille aînée, Marie-Thérèse. Mais à sa mort, l’arrivée au pouvoir d’une jeune princesse de 23 ans aiguise les appétits de Frédéric II, roi de Prusse qui envahit la Silésie en 1740. Il est soutenu par la Bavière, la France et l’Espagne. Lorsque la guerre se termine en 1748, par le traité d’Aix-la-Chapelle, Marie-Thérèse a perdu la Silésie, mais surprise, son mari a été élu empereur. Si Marie-Thérèse porte le titre d’impératrice, c’est en tant qu’épouse et non qu’en tant que souveraine, une femme ne pouvait être élue impératrice (ou empereur). Elle était « roi » de Hongrie et reine de Bohème, archiduchesse d’Autriche.



Après la mort de son époux, Marie-Thérère a partagé le pouvoir avec son fils, le peu sympathique Joseph II, qui méprisait son père, craignait sa mère et admirait le cynique Frédéric II.

Mais qu’en est-il des autres ?



Elizabeth Badinter se concentre surtout sur les guerres et je n’ai pas compris pourquoi ses sujets l’appelaient Marie-Thérèse la Grande.


Lien : https://dequoilire.com/le-po..
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Fausse route

Le féminisme fait-il fausse-route ? C'est en tout cas le constat d'Elisabeth Badinter. A force de mettre en lumière les Femmes, la cause féministe en a fait des victimes des Hommes. Une victimisation sans nom qui oublie totalement qu'une Femme est libre des ses choix, libre de dire "oui" ou "non". On est plus du tout sur la même mouvance égalitaire mais celle qui oppose les hommes aux femmes. Pour faire évoluer la société, les féministes devraient plutôt prôner: Femme, lève-toi et marche! Sois fière d'être toi-même car tu portes le monde.
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L'Amour en plus

J'ai lu l'étude d'Elisabeth Badinter à sa sortie en 1980 et je viens de le redécouvrir sous un autre angle, c'est à dire dans notre époque.

C'est remarquablement bien analysé et bien mené, très intéressant.

Dommage qu'elle soit conditionnée par sa conviction de départ, c'est à dire que l'instinct et l'amour maternels ne sont que des phénomènes sociaux.

C'est plutôt le contraire, on dénaturait les femmes de la bourgeoisie en confiant leurs enfants à des nourrices.

C'est quand même une très belle étude,intéressante, pas commune, sur l'histoire de la maternité et ce, sur près de quatre siècles.
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Le conflit

Analyse intéressante vue sous un œil nouveau à mon sens. Rester Femme avant tout, car la maternité ne fait pas la Femme. Etude très poussée qui nous dresse la vision de la maternité tel qu'elle est vue en France et plus généralement en Europe. La maternité n'est pas une fin en soi. L'accomplissement ne passe pas forcément dans le don de soi jusqu'à l'oubli. La femme n'est pas qu'une mère, c'est une femme. On note qu'il y a effectivement une tendance dans le naturalisme et surtout dans le retour à l’allaitement. Une mère qui n'allaite pas n'est pas une mauvaise mère, de même qu'elle n'est pas une mauvaise mère si elle fait garder ses enfants. J'ai trouver ce chapitre sur l'allaitement des plus intéressants et des plus dérangeants concernant la Leache League. L'enfant roi dans toute sa splendeur. La partie sur le choix ne ne pas avoir d'enfant est aussi intrigante car, à mon sens, peu évoqué dans la littérature et évidemment le cas français qui est le plus contradictoire: champion de la contraception mais aussi champion des avortements, champions du nombre de natalités, tout ça en travaillant pour la plupart.

Etre mère aujourd'hui ...
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Le conflit

Etat des lieux intéressant sur la femme et sa relation à la maternité en Europe et Amérique du Nord, sous forme de tableaux, extraits d'analyses et réflexions sur les différentes politiques et cultures de ces pays.



Badinter s'attache à démontrer que la vague de naturalisme qui sévit depuis les années 80 entraîne une régression des droits des femmes par rapport aux années 70 ( sa propre génération versus les suivantes). Grands coupables: l'allaitement, celui au sein j'entends, et surtout, surtout, La Leche League qui à coups de campagnes de pub et accords judicieux avec diverses organisations de santé culpabilise les femmes qui ne sont pas prêtes à se sacrifier totalement pour leur progéniture. Ca passe bien sûr par l'allaitement donc, mais aussi le maternage, le cododo, le congé parental ou plus si possible.



L'allaitement: question sensible chez Badinter, qui en parlait déjà pas mal dans L'Amour en Plus. Personnellement, étant passé par ces diverses étapes par choix personnel (mais peut-être réfutera-t-elle le terme de choix?), je n'ai pas vécu tout ça comme une aliénation et je suis heureuse d'avoir lu ce livre après avoir eu des enfants! Mais je comprends bien que Badinter tient à mettre le doigt sur l'influence écrasante que peuvent avoir les regards et les pressions extérieures sur une femme, aujourd'hui.



C'est une lecture intéressante qui suscite pas mal de questionnements sur un point - la maternité, désirée ou rejetée - qui est à la fois très intime et très social.

En revanche, j'ai pas mal bondi lorsqu'elle aborde, au début du livre, la progression des mouvements écologistes d'un ton sarcastique assez proche du mépris. Question de génération?



Enfin, en reprenant au dernier chapitre les points de son premier essai l'Amour en Plus, Badinter montre comment la France et les Français font figure d'exception quand il s'agit de maternité. Intriguant!
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Fausse route

Carré et limpide, un essai qui interroge sur l'apparition d'un catéchisme victimaire dans les milieux militants où le ressentiment prend le pas sur la réflexion et qui aboutit à dresser de nouveaux murs là où on avait commencé à abattre les anciens...

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L'un est l'autre : Des relations entre homm..

Lire ce pilier de la littérature féministe 35 ans après sa parution n'est nullement une gageure. Cela permet d'appréhender combien la société des années soixante-dix a été libératrice mais aussi de mesurer le chemin parcouru, de voir combien les acquits sont fragiles comme la législation sur l'avortement peut avoir évolué ou régressé selon les régions, de se rendre compte à quel point cette révolution est encore en route : la lutte pour l'égalité des salaires et le mouvement "me too" ne sont-ils pas toujours d'une actualité brûlante dans nos quotidiens et journaux télévisés.

Le style d'Élisabeth Badinter, qui peut paraître académique, tente d'accréditer ce qui, pour le grand public en tout cas, pouvait à l'époque paraître plus une grande promesse qu'un fait accompli : l'égalité de l'homme et la femme dans la société : "L'un est l'autre". La promesse, aujourd'hui, se réalise, un pas à la fois, avec ses hésitations, certains retours en arrière, certaines questions qui demeurent en suspens telles que la place de l'homme dans cette société nouvelle, le rôle des religions, l'éthique autour de la science et la technologie aussi.

La lecture de cet ouvrage reste donc salutaire pour une société qui, sur certains points, a tendance à se raidir, à se chercher des excuses sinon des combats plutôt que d'inventer ses valeurs pour demain.

Le message d'Élisabeth Badinter est celui de la réconciliation, n'ayons pas peur de l'écouter.
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Le pouvoir au féminin : Marie-Thérèse d'Autriche

Voici une biographie d’une écrivaine que j’aime beaucoup, tant elle représente les femmes et leurs combats, et qui parle d’une femme qui a dû se battre non seulement contre les principes du 18ème siècle mais aussi contre une bonne part des pays européens qui désiraient pour la plupart récupérer ses territoires !



Marie-Thérèse d’Autriche qui en dehors d’être la mère de Marie-Antoinette, reine de France, est la souveraine qui a régné le plus longtemps : 40 ans ! Bien que mal préparé à ce statut, elle réussit malgré tout à défendre les possessions des Habsbourg et elle fût « Roi » de Hongrie et de Bohême, duchesse de Bourgogne, de Milan, de Brabant, de Limbourg et de Luxembourg et archiduchesse d'Autriche !



Mère de 16 enfants !!! Epouse aimante d’un homme volage, elle réussit contre vents et marées à remplir tous ses rôles et à se faire respecter, à défaut d’être aimée, des autres souverains.



J’ai beaucoup apprécié la façon d’aborder la vie de cette reine qui ne met pas de côté la mère et la femme tout en montrant bien le combat que se sont mené toutes ces contraintes ! On ne peut qu’être admirative de cette femme dans un monde uniquement masculin et dans le rôle d’un des plus grands monarques de cette période.



Challenge PLUMES FEMININES 2021

Lecture THEMATIQUE novembre 2021 : “Faites de la place pour Noël !”
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Le pouvoir au féminin : Marie-Thérèse d'Autriche

Lecture instructive que cette biographie d'une femme de pouvoir dont je ne connaissais rien: Marie-Thérèse d'Autriche, mère (entre autres puisqu'elle a eu seize enfants!) de Marie-Antoinette.

Femme profondément éprise de son mari, mère plus que féconde, et femme de pouvoir, immense pouvoir même puisqu'elle parvint à régner sans partage pendant plusieurs décennies sur un royaume chahuté par l'histoire.

J'ai eu du mal à adhérer à la thèse de l'auteur qui met pourtant beaucoup d'ardeur à nous démontrer que c'est la conjonction de ces trois qualités, de ces trois corps, qui confère à Marie-Thérèse un statut et un caractère exceptionnel dans le corps régnant de l'époque, faisant de cette souveraine un personnage moderne. Une modernité contestable à mon sens au vu de la tonalité des propos rapportés, extraits de sa prolifique correspondance, dans laquelle il m'a semblé entendre essentiellement un sens somme toute très masculin et léonin du pouvoir, les atermoiements maternels ne venant qu'en arrière plan. Mais sans doute est-ce de ma part une difficulté à percevoir la vérité d'un personnage derrière l'austérité d'une époque et les charges inhérentes à la fonction de souverain(e).
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L'un est l'autre : Des relations entre homm..

Elisabeth Badinter nous démontre encore une fois que l'homme et la femme sont complémentaires. A travers des descriptions d'hommes et de femmes à travers l'histoire et les légendes, leurs différences psychiques et psychologiques mais aussi leurs associations nous ne pouvons que croire que constater l'évidence déjà mise en lumière par Elisabeth Badinter à travers différents essais. Ce livre m'a beaucoup fait penser au deuxième sexe de Simone de Beauvoir.
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Le pouvoir au féminin : Marie-Thérèse d'Autriche

Difficile de rédiger une critique sur un livre que l'on n'a pas apprécié autant qu'on l'espérait au départ...

Le récit de la vie de Marie-Thérèse d'Autriche m'attirait pourtant lors de sa sortie: une femme qui, sous le siècle des Lumières, avait réussi à régner sur son royaume d'une main de fer, tout en donnant naissance à seize enfants, sans pour autant négliger l'épanouissement de sa vie intime (elle partagera la couche de son mari jusqu'au décès de celui-ci, ce qui à l'époque, n'est absolument pas habituel).

Et effectivement, les passages relatant la vie personnelle de Marie-Thérèse m'ont plu car la plume d'Elisabeth Badinter est simple et fluide.

Mais les passages dédiés aux magouilles des ducs, princes, rois des royaumes d'Angleterre, de France, de Germanie m'ont profondément ennuyée... Je n'ai décidemment pas l'âme d'une historienne. Les tactiques des uns et des autres pour empiéter sur le territoire de Marie-Thérèse ne m'ont vraiment pas intéressée, même s'ils ajoutent du mérite au destin de Marie-Thérèse.



Une lecture à réserver donc aux férus de l'Histoire.
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Le conflit

Livre sur la femme et la maternité (d'où le conflit femme/mère) avec de multiples explications. Avoir des enfants ou pas. Est-ce le but ultime de fonder une famille pour être épanouie ou bien être en couple sans enfants ce qui permet de se consacrer uniquement à l'autre. Est-ce que le bébé tue le couple ?

Etre mère :

Une mère parfaite est celle qui fait passer son bébé avant tout le reste et qui lui donne son temps, son lait (oui, il faut absolument allaiter son enfant car le biberon ce n'est pas bien), son énergie et sa liberté. Le sacrifice maternel en somme. La femme s'oublie et si elle fait le choix de prendre du temps pour elle ou bien de reprendre son travail au bout de trois mois, c'est une mauvaise mère, elle n'a pas de coeur et elle sera responsable des possibles déviances de son enfant à l'adolescence.

Le travail :

Pour les femmes qui travaillent, début 1990, crise économique se faisant ressentir, les femmes qui ont un niveau faible ou pas de diplôme sont sous-payées (tout le monde le sait) se trouvent sur un siège éjectable. Il n'y a pas d'aménagement de poste spécifique lorsqu'une femme a des enfants, c'est le stress total (quitter à l'heure son travail, ne pas rater son train, afin de récupérer son enfant à la crèche, chez la nourrice, absences lorsque l'enfant est malade...). Elles se disent, pourquoi finalement ne pas rester à la maison (pour ce que je gagne !) ?Aujourd'hui, les chefs d'entreprises ont tendance pour celles qui prendraient trois ans pour s'occuper de leur bambins, à leur retour, sont mises au placard, ou bien elles peuvent attendre longtemps avant d'avoir une promotion.

Plus une femme est diplômée, moins elle est enceinte ou tard et puis elle a les moyens d'engager quelqu'un à domicile.

L'homme, depuis une vingtaine d'années n'a pas tellement changé d'attitude. Exemple : les tâches ménagères sont toujours gérées en majorité par leur compagne ou épouse.

Mesdames, pensez à vous, n'écoutez personne et faites ce que vous voulez !

La société fait tout pour que le modèle patriarcal dure.

Messieurs, réveillez-vous !!!!



Lu en avril 2019 / Le Livre de Poche : 6,60 €.
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Messieurs, encore un effort...

Après le succès de son dernier livre « Le Conflit, la femme et la mère » paru en 2010, Elisabeth Badinter revient avec un essai percutant » Messieurs, encore un effort… » aux éditions Flammarion Plon.



Femme de lettres, philosophe, féministe, femme d’affaires française et spécialiste du Siècle des Lumières, Elisabeth Badinter interpelle les hommes à une volonté et un investissement concret et durable au sein du couple et de la famille.



P. 76 : » Les femmes du XXIe siècle ont changé. Elles en appellent silencieusement à l’égalité des sexes au sein de la famille et à la responsabilité des pères. « 



Pour l’auteure, le postulat est inquiétant. En effet, l’indice de fécondité des pays riches est en nette diminution.



P. 10 : » Cette tendance continue préoccupe de plus en plus le monde économique et les politiques. Dans certains pays, la mortalité l’emporte sur la natalité et les Etats redoutent de manquer de travailleurs, de ne plus pouvoir assurer le paiement des retraites, le renouvellement des générations et, à plus long terme, leur survie. « 



Il est donc nécessaire de s’interroger sur les moyens mis en oeuvre pour limiter, voire inverser cette courbe et éviter ainsi le déclin brutal que connaissent les pays industrialisés en Asie de l’Est.



P. 11 : » Les femmes détenant l’ultime pouvoir de décision à l’égard de la reproduction, il est à craindre que certains Etats leur fassent payer la note de la dénatalité, notamment en s’appuyant sur des principes d’ordre religieux. « 



C’est un constat accablant, si ce n’est de la régression, tout du moins de la non-évolution de la persistance des stéréotypes de genre et d’un lourd passif à domination patriarcale.



P. 20 : » C’est aussi en tant que féministe que je m’inquiète : si la condition maternelle n’est plus si enviable, c’est que le combat pour l’égalité des sexes n’est pas achevé. « 



L’explosion des réseaux sociaux et des mouvements féministes ont cependant permis la libération de la parole des femmes. Elles veulent avoir la pleine liberté de disposition de leur corps, et donc du choix de la maternité.



P. 36 : » Aujourd’hui, dès lors qu’une femme choisit d’avoir un enfant, elle éprouve un sentiment de responsabilité inconnu par le passé. Elle se doit d’être la mère idéale d’un enfant heureux dont il faudra développer toutes les potentialités, physiques, psychiques et créatives. Et gare à l’échec ! « 



De plus en plus apparaît une volonté de prioriser l’épanouissement personnel, une sorte de « moi d’abord » par la levée des tabous et une stricte évaluation des plaisirs et des peines avant de s’engager dans l’aventure de la maternité.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Les conflits d'une mère

Marie-Thérèse d'Autriche a eu 16 enfants dont un certain nombre morts bébés ou très jeunes.

Il y a 3 Marie-Caroline avec cette ancienne coutume de donner le même prénom qu'un enfant précédemment morts.

Élisabeth Badinter revient sur la relation de l’impératrice avec ses enfant à une époque où la coutume de la royauté était d'en laisser l'éducation à d'autres.

Bien entendu, Marie-Thérèse d'Autriche s’appuiera sur un certain nombre de gouvernantes ou gouverneurs tous de haute lignée mais elle nouera une relation avec chacun de ses enfants.

Il y a les préférés, les mal-aimés, les sacrifiés, les ignorés, les chouchoutés.

Elle est très souvent lucide sur le caractère de chacun d'entre eux.

Et puis bien sûr, il y a Marie-Antoinette qui deviendra reine de France.

Le livre est très intéressant et basé sur de nombreuses lettres dont quelques extraits sont cités.

Toutefois, j'ai été surprise par le style ; je m'attendais à une écriture exigeante. Ce n'est pas le cas. C'est très facile à lire voire un peu scolaire.

Une lecture enrichissante.

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L'Amour en plus

L'amour en plus était présenté comme le livre de la controverse, le livre qui avait fait trembler bon nombre de personne comme le Docteur Edwige Antier sur l'amour maternel.

ce livre est au final une très belle étude argumentée avec un historique très fouillé sur la famille à travers l'histoire. Mais oui, on est plus sur l'histoire des familles, mère, père, enfant. L'amour maternel n'est à mon sens pas le sujet principal du livre mais il y contribue. J'avoue que je ne vois pas où il y a polémique et c'est ce qui m'a un peu déçu. J'ai déjà lu pas mal de livre d'Elisabeth Badinter et je m'attendais plus à des écrits dans le style de son livre le conflit, un peu plus cash et vindicatif. Je reste un peu sur ma faim mais il s'agit là néanmoins d'une très belle thèse qui mérite d'être reconnue.
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XY : De l'identité masculine

Essai sur la masculinité, thème qui est rarement proposé, écrit il y a plus de 25 ans.

Elisabeth Badinter nous offre ici une conférence digne de Polytechnique. le livre se construit avec deux grandes parties, divisées en chapitres:



- Construire un mâle

Je n'ai pas adhéré aux écrits concernant l'identité masculine, le dualisme sexuel et la différenciation masculine.

Des chapitres sont trop empreints de cours magistraux dans laquelle je ne me suis noyée.

Ma définition de l'homme ne s'arrête pas aux champs chromosomiques.

J'ai trouvé la partie "un homme engendre un homme", bien plus intéressante et fascinante. L'homme contrairement à la femme ne devient pas un homme grâce à des changements hormonaux, type menstruations ou poitrine. C'est un cheminement bien plus complexe et voir comment cela a été abordé dans l'histoire est très intéressant.

L'identité et préférence sexuelle également est rondement menée car présentée aussi dans l'histoire avec des notions sur l'homosexualité bien différente d'aujourd'hui. L'initiation masculine dans l'histoire.



- Etre un homme

Tous les écrits, l'homme dur, l'homme mou, l'homme mutilé sont très intéressants car ils sont marquées par une virilité brute, plus nuancée, voir inexistante.

Par contre tous les écrits concernant l'homosexualité me semble à notre époque un peu désuets.



En somme, un essai qui méritait d'être écrit mais qui est un peu dépassé par l'avancement du statut de l'homme dans notre société occidentale.
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