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Citations de Élisabeth de Fontenay (98)


Darwin a en effet montré qu'à un moment de l'évolution, un rebroussement a lieu, puisque les hommes civilisés annulent les effets de la sélection naturelle en protégeant les individus les plus fragiles.

2 . L'impropre, p. 49
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A quoi reconnaît-on un homme ? La question est indécente car chacun sait d'emblée "Si c'est un homme". Et ceux qui ne reconnaissent pas immédiatement leur semblable, c'est qu'ils ont des préjugés et qu'ils décident que certaines ethnies, certaines cultures ou certains individus étrangers aux canons qui sont les leurs ne devraient pas avoir droit à l'existence ou à la visibilité sociale. Toutefois le rejet criminel de certains êtres hors de l'humanité peut s'opérer plus sournoisement, en vertu justement de ces critères élaborés à l'envi par les spéculations de la métaphysique et par certains travaux des sciences du vivant, voire de certaines sciences sociales.

2. L'impropre, (p. 52-53)
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L'outrance perd plus de combats que la patience et la mesure n'en peuvent gagner.

3. Entre les biens et les personnes (p. 91)
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Le texte sans doute le plus ahurissant de Singer figure dans "Questions d'Ethique pratique". Avec un luxe d'effroyables précisions, il demande : "Les expérimentateurs sont-ils prêts à faire leurs expériences sur des orphelins, victimes de lésions cérébrales graves et irréversibles, si c'était le moyen de sauver des milliers d'autres personnes ? (j'ai dit orphelin pour éviter des complications en introduisant les sentiments de parents humains.)" La thèse étant que, s'ils refusent une telle possibilité mais acceptent d'utiliser des animaux non humains, ces chercheurs et ceux qui les approuvent font preuve d'une prévention immorale. Pourquoi ne pas remplacer les animaux "par des foetus, des détenus en prison, des immigrés, des chercheurs et leurs enfants" demandait se situant dans la même perspective, un anti-vivisectionniste. Combien d'implacables expérimentateurs qui, par ailleurs, se moquent pas mal de l'intérêt des animaux, ne garderont de cette camelote logico-éthique que la conviction qu'il est licite de travailler sur un matériau rendu pleinement disponible par de telles arguties ! Sans doute ces "philosophes" s'exercent-ils là à une argumentation dont la visée est en quelque sorte pédagogique : ils n'invitent jamais à passer à l'acte. Il n'en est pas moins scandaleux de jouer, même à des fins de démonstration, avec l'idée d'une utilisation expérimentale d'hommes anormaux ou anomiques.

3. Entre les biens et les personnes, (p.105)
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Les animaux de Zarathoustra facilitent, en les allégorisant, les renversements majeurs de la pensée du philosophe. Mais ils pâtissent, comme c’est le cas au reste du ton même de Nietzsche dans cette œuvre, d’une présence latente et obsédante des signifiants évangéliques et plus particulièrement johanniques, que le texte prétend subvertir.
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Ainsi Schopenhauer raconte-t-il qu’aux alentours de 1854 il allait quotidiennement rendre visite à un jeune orang-outan exposé à la foire de Francfort et qu’il avait été profondément touché par la mélancolie de cette volonté, en marche vers la connaissance de cet ancêtre présumé de l’homme ; il comparait son regard à celui de Moïse devant la Terre promise.
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On voit que Leroy s’en tient à un strict sensualisme. Quant à la différence de sensibilité entre les espèces, elle ne suscite pas du tout chez lui un ralliement à la théorie des différences quantitatives ou des niveaux de l’organisation, cet aggiornamento de l’échelle des êtres qui fit fureur parmi les philosophes du XVIIIe siècle.
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Il faut se rappeler l’étymologie du mot « viande » -il vient du latin vivenda- et son sens tombé en désuétude : ce qui sert à vivre, toute espèce d’aliment propre à soutenir la vie.
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Les monades sont des éléments, des substances simples, des unités nées avec la création et incorruptibles, inaccessibles à l’influence du dehors mais sujettes spontanément à ces changements internes que sont l’appétition et la perception.
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Il semble ainsi y avoir un élément de vie et de pensée entre Singer et Soutine : le refus, par delà l'aménagement de la violence par les règles alimentaires, de s'aveugler devant la mise à mort des bêtes.
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Mais je me demande seulement quelle manière d'être ensemble - entre hommes, entre hommes et femmes, entre malades et bien-portants, entre morts et vivants, entre enfants et adultes, entre fous et sensés, entre hommes et bêtes, entre bêtes elles-mêmes - pourrait aider à réinscrire l'animal dans une chaîne symbolique qui ne fasse plus bon marché de lui.
p1004, Retour au sacrifice
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Le visage se refuse donc à mes pouvoirs de jouissance et de connaissance, puisqu'il relève la profondeur de l'ouverture : "ouverture", mot commun à Heidegger et à Lévinas, et qui désigne cela même qui manque à l'animal. "Ni la destruction des choses, ni la chasse, ni l'extermination des vivants ne visent le visage qui n'est pas du monde. Elles relèvent encore du travail, ont une finalité et répondent à un besoin." C'est l'absence de visage chez l'animal, qui autorise donc - au plus haut niveau, si l'on ose dire - que continue de se perpétuer des mises à mort auxquelles est déniè en toute bonne conscience le statut de meurtre.
p953-954, Visages
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Schopenhauer constate que que Kant rejette les animaux hors de la sphère du droit et nie que l'homme puisse avoir des obligations envers un être autre que l'homme, de telle sorte que la cruauté envers les bêtes lui apparait seulement comme une violation du devoir de l'homme envers lui-même. Faut-il rappeler que le droit kantien autorise à consommer, détruire, abattre ce qui, sous le rapport de l'abondance, est l’œuvre de l'homme : "les pommes de terre et les animaux" ?
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Peut-on réconcilier le féroce plan d'occupation du sol élaboré par les hommes et l'immémorial droit de cité des animaux sur la terre ? Que le monde des bêtes ne soit pas le nôtre apparaît, quand nous le surprenons et le détruisons, aux uns comme une source de plaisir, aux autres comme un objet de fierté, à d'autres encore comme une raison de souffrir de tous ces secrets blessés.
p773, La science sacrificielle
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Dans la conclusion de son chapitre sur l'expérimentation en biologie, Canguilhem fait remarquer que le monde de l'animal n'a rien à voir avec celui de l'homme : le hérisson, on le verra, se fait écraser sur la route, et ce qui le tue ne signifie rien pour lui. De la même façon, dit-il, le protocole expérimental que déploie le scientifique et qui croise le chemin de telle ou telle bête en la mutilant, l'infectant ou en la tuant n'a rien à voir avec cette bête et l'horizon de ses divers besoins.
(...) A l'hypocrisie succédait le cynisme progressiste. L'expérimentateur ne craint pas les mots qui font peur : il réclame le droit de "disloquer des organismes vivants" pour s'introduire dans leur milieu intérieur, "disséquer sur le vif", connaître les "mécanismes de la mort".
p763-764, la science sacrificielle
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le jugement fichtéen : "C'est là un homme", se prononce pré-réflexivement, instantanément, apodictiquement. Et le métaphysicien du propre de l'homme a tout lieu de conclure alors une telle analyse sur ce dont on avait de bonnes raisons de déjà se douter : on ne doit ni protection ni considération à ce qui, à coup sûr, ne présente pas figure humaine - c'est-à-dire, si l'on reste un prude et prudent commentateur du contenu manifeste de ce texte, aux animaux. Leur expulsion hors du droit, même et surtout du droit naturel, constitte le fondement même de ce droit. Dés que vous lirez le mot "visage", désormais, vous devrez craindre le pire pour les bêtes, sans toutefois entrevoir le meilleur pour les hommes. Et l'on sait que l'affaire est à suivre.
p739, La nature a tranché la question
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Toute chose à un prix ; seul l'homme, en vertu de la dignité attachée à la raison, mérite le respect, ce qui veut dire qu'il y a quelque chose en lui qu'on ne peut pas évaluer, apprécier quantitativement. Respecter un animal n'a donc aucun sens pour Kant. (...) "Ceux, dit René Char, qui regardent souffrir le lion dans sa cage pourrissent dan la mémoire du lion". Et ceux qui tentent les disjonctions kantiennes peuvent se remémorer qu'on s'est longtemps amusé à montrer des hommes au même titre que les animaux dans les zoos et les expositions universelles de l'Occident-technicien-chrétien.
p718-719, Comme des pommes de terre
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En ce qui concerne les autres hommes, on peut remarquer que leur "culpabilité" quant au crime alimentaire varie selon l'éloignement et les médiations qui existent entre l'abattoir et leur table, et cette mise à distance témoigne encore de l'innocence primitive. On peut, dit Mandeville, faire passer le végétarisme pour une folie, mais "cette folie précède d'une passion réelle, inhérente à notre nature, et elle suffit à démontrer que nous sommes venus au monde avec une répugnance à tuer, et par conséquent à manger les animaux". Il esquisse ici un thème inédit : celui d'un retour du naturel, qui dans l'état de société est perçu comme une folie, non pas seulement par la multitude ou encore par quelques sages, mais constitutivement, en quelque sorte, structurellement.
p672, Des intestins, un estomac innocents.
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C'est à la religion que profite l'opération proprement philosophique qui consiste à faire du vivant une machine, et les raisons que Descartes fait passer pour strictement scientifiques ou philosophiques ne sont en réalité que théologiques.
p635, Sur les ruines du mécanisme
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Pourtant malgré ces perpétuels échanges et participations entre humanité et animalité, il n'y a pas chez Diderot de véritable réflexion sur le statut philosophique, scientifique ou éthique de l'animal. (...) Comme si le courage et le plaisir de la triple transgression métaphysique, théologique et politique suffisaient à asseoir et à justifier le matérialisme et que la dénonciation de l'injustice s’arrêtât aux lisières des forêts, aux fossés des garennes, au cours des boucheries, et surtout au seuil des cabinets d'expériences.
p591, Les aventuriers de l'"organisation".
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