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Citations de Élisabeth de Fontenay (99)


Les droits ne sauraient être inférés à partir de faits scientifiques : ou bien ils sont consacrés et proclamés par l’Etat à partir d’une conception métaphysique, transcendante-immanente du droit naturel, ou bien ils ont à être inventés, institués, déclarés, proclamés, ils procèdent de l’histoire des hommes.
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p. 142 : L’auteur du Contrat social – il faut le dire sans ambiguïté, car il est le théoricien de la démocratie et il fut l’idole des Révolutionnaires de 1789 – a expressément rejeté hors du pacte fondateur la moitié de l’humanité [...].
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p. 30 : [Pour Diderot], Les belles histoires ne sont plus les vieilles légendes terrifiantes et les secrets chuchotés qui pèsent sur le présent, mais les récits à venir d’exploits tranquilles.

Ainsi les familiarités du progrès ne devraient-elles pas désenchanter le monde. L’Encyclopédie voulait être la légende de l’avenir.
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p. 17 : Diderot pense […] que la nature produit, indéfiniment, n’importe comment, sans se relire, risquant dans sa générosité effrontée une surabondance précaire d’êtres et de formes qui se bouclent sans jamais se soumettre à une fin.
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"Femme, ce nom seul touche l'âme ,mais il ne l'élève pas toujours ...et le philosophe qui croit contempler n'est bientôt qu'un homme qui désire ou un amant qui rêve."
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Élisabeth de Fontenay
A propos des abattoirs :
La division du travail d'exploitation et d'abattage, le découpage des responsabilités, permet de masquer notre participation individuelle à la maltraitance et au meurtre.
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UN RÊVE

Louis, dit Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit. Fantaisies à…
VII
J’ai rêvé tant et plus, mais je n’y entends note.
Pantagruel, livre III

UN RÊVE
Il était nuit. Ce furent d’abord, – ainsi j’ai vu, ainsi je raconte, – une abbaÿe aux murailles lézardées par la lune, – une forêt percée de sentiers tortueux, – et le Morimont* grouillant de capes et de chapeaux.
Ce furent ensuite, – ainsi j’ai entendu, ainsi je raconte, – le glas funêbre d’une cloche auquel répondaient les sanglots funêbres d’une cellule, – des cris plaintifs et des rires feroces dont frissonnait chaque feuille le long d’une ramée, – et les prières bourdonnantes des pénitens noirs qui accompagnaient un criminel au supplice.
Ce furent enfin, – ainsi s’acheva le rêve, ainsi je raconte, – un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisans, – une jeune fille qui se debattait pendue aux branches d’un chêne, – Et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.
Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente, et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d’innocence, entre quatre cierges de cire.
Mais moi, la barre du bourreau s’était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitens noirs s’étaient éteintes sous des torrens de pluie, la foule s’était écoulée avec des ruisseaux débordés et rapides, – et je poursuivais d’autres songes vers le réveil.
* C’est à Dijon, de temps immémorial, la place aux exécutions.
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Les grandes révolutions, la française et la russe, ont sacrifié des individus pour faire naitre des hommes régénérés. Même s'il faut le redire, tout est toujours déjà et toujours encore histoire, cette façon de décider que la politique doit engendrer, quel qu'en soit le prix, des hommes libres, égaux et heureux, révèle une volonté anthropogène qui, par sa radicalité, confisque l'émancipation
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La République ne pouvait produire ce récit des origines, où elle se fondait, sans expulser publiquement ce qui l'avait si évidemment menacée. Walter Benjamin a écrit que le secret de toute œuvre résidait dans l'inhumanité qui avait constitué sa condition de possibilité, que "tout monument de culture est un monument de barbarie".
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S'est opéré en ce temps-là un nouage difficile à démêler entre l'universalisme, le centralisme, la République et le progrès, nouage qui tint lieu d'absolu
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Sans doute les analogies historiques, les enjambements temporaires, les préfigurations, les re-nominations, le mélange de faits avérés et des récits de la tradition réveillent-ils, pour les panser, de vieilles plaies, et donnent-ils la sombre satisfaction d'une continuité à travers les époques.
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Et voici qu'il me faut assumer une évidence qui peut sembler brutale mais dont la fondamentale douceur rend compte à la fois de ma sollicitude pour les bêtes et de ma pitié pour Gaspard. L'attention philosophique à l'histoire immémoriale du pâtir animal a trouvé son origine dans une méditation sur le quasi-mutisme de mon frère.
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Dans cette « autobiographie » de son frère, Élisabeth de Fontenay travaille à lui redonner une place de sujet. Est-il autiste, ou souffre-t-il d’une déficience mentale jamais clairement diagnostiquée ? Quoi qu’il en soit, Gaspard n’a pas conscience de lui-même ; il dit rarement « je » et ne se regarde pas dans la glace. On a l’impression d’un enfant (aujourd’hui âgé de 80 ans) qui n’a jamais atteint le « stade du miroir » et la distinction entre moi et autrui. C’est donc à sa soeur de prendre en charge sa conscience de lui-même.
Elle le fait avec précaution, avec respect, car écrire sur quelqu’un peut être une violence quand l’autre n’a pas la possibilité de répondre. Et comme elle est philosophe, elle s’aide de ses lectures pour mener ses observations et ses réflexions. C’est à la fois un atout, et, de mon point de vue, un frein. Avec ses nombreuses références elle met une distance entre elle et son sujet, et je trouve son style peu fluide à force de chercher constamment le mot juste. Cela dit, ces citations philosophiques ou culturelles sont souvent très pertinentes. La plus troublante, peut-être, concerne ses propres écrits sur la cause animale, quand elle fait le lien entre « le silence des bêtes » et celui de son frère.
On retrouve dans cette notion ce proverbe souvent cité : le degré de civilisation d’une société se mesure à la façon dont elle traite… et là, chacun complète la phrase selon ses priorités. Pour ma part je dirais : selon la façon dont elle traite les fous. D’autres diront : les pauvres, les vieux, les chômeurs, les malades, les prisonniers. Élisabeth de Fontenay répond : les animaux et les humains privés de parole. Sur cette absence de parole, elle fonde son humanisme.
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Tes parents t'ont appelé Gilbert-Jean. Et si je tiens finalement à laisser une trace de ton prénom, c'est qu'après que nous aurons l'un et l'autre disparu, sans descendance, notre nom et nos prénoms, imprimés, sauvegardés, survivront un temps dans le clair-obscur des bibliothèques qui sont les seuls tombeaux où il arrive parfois qu'un lecteur vous fasse revenir.
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Quand je repense à cette crise d’optimisme maternel, je comprends qu’elle avait repris confiance dans l’avenir et j’ai réalisé aussi qu’on ne saurait rallier l’espoir fou d’une mère qui se croit plus forte que la réalité.
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(...) Je refuse l'idéologie du tout génétique qui consiste à imposer la fixité, l'inéluctabilité, la prédétermination, le rejet du nouveau et de l'imprévisible. P79
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"Mon "comme si" n'a rien à voir avec une exigence de moralité, car il flotte dans les eaux troubles de l'interprétation. Il produit cependant un effet libérateur, puisque j'ai recours à cette feinte- qui n'est pas un faire semblant pour traiter Gaspard en personne présente et non en cet absent que je n'ai pas eu les moyens d'approcher."
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À ceux qui diront que je mélange des luttes n'ayant aucun rapport les unes avec les autres, je répondrai que l'assassinat des handicapés par les nazis a eu lieu dans la plupart des pays où sévissait le IIIe Reich et ce, pendant que Georges Mauco coopérait avec les nazis à l'élimination de la race juive et que des hôpitaux psychiatriques français, Le Vinatier par exemple, utilisaient la famine comme un moyen d'euthanasie. Gaspard qui, en ce temps de grande honte humaine, avait entre 3 et 7 ans, aurait pu être traité à la fois comme un "demi-juif" et comme une "existence superflue".
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Nous avons un devoir d’humanité envers les bêtes. Parce que nous tenons à notre merci ces vies vulnérables et muettes nous avons une responsabilité. L’homme perd sa dignité en faisant souffrir ceux qu’il domine.
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Et si je tiens finalement à laisser une trace de ton prénom, c'est qu'après que nous aurons l'un et l'autre disparu, sans descendance, notre nom et nos prénoms, imprimés, sauvegardés, survivront un temps dans le clair-obscur des bibliothèques qui sont les seuls tombeaux d'où il arrive parfois qu'un lecteur vous fasse revenir.
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