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Citations de Émile Zola (7530)


Marthe n'avait point encore éprouvé là un tel abandon d'elle-même ; ses jambes lui semblaient comme cassées ; ses mains étaient si lourdes, qu'elle les joignait sur ses genoux, pour ne pas avoir la peine de les porter. Elle se laissait aller à un sommeil dans lequel elle continuait de voir et d'entendre, mais d'une façon très douce. (...) Puis, tout s'éteignit autour d'elle. Elle fut parfaitement heureuse dans quelque chose d'innommé.
Le bruit d'une voix la tira de cette extase.
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Émile Zola
« Tous les peintres impressionnistes pèchent par insuffisance technique. Dans les arts comme dans la littérature, la forme seule soutient les idées nouvelles et les méthodes nouvelles. Pour être un homme de talent, il faut réaliser ce qui vit en soi, autrement on n'est qu'un pionnier. Les impressionnistes sont précisément selon moi des pionniers. Un instant ils avaient mis de grandes espérances en Monet ; mais celui-ci paraît épuisé par une production hâtive ; il se contente d'à-peu-près ; il n'étudie pas la nature avec la passion des vrais créateurs. Tous ces artistes-là sont trop facilement satisfaits. Ils dédaignent à tort la solidité des œuvres longuement méditées ; c'est pourquoi on peut craindre qu'ils ne fassent qu'indiquer le chemin au grand artiste de l'avenir que le monde attend. »

Lettres de Paris, nouvelles artistiques et littéraires : le Salon de 1879.
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Alors demeurait au fond de l’impasse Saint-Mittre, dans une masure dont les derrières donnaient sur le terrain des Fouque, un homme mal famé, que l’on désignait d’habitude sous cette locution, « ce gueux de Macquart. » Cet homme disparaissait pendant des semaines entières ; puis on le voyait reparaître, un beau soir, les bras vides, les mains dans les poches, flânant ; il sifflait, il semblait revenir d’une petite promenade. Et les femmes, assises sur le seuil de leur porte, disaient en le voyant passer : « Tiens ! ce gueux de Macquart ! il aura caché ses ballots et son fusil dans quelque creux de la Viorne. »
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Rougon était alors un gros homme blême de soixante-dix ans ; il avait pris une mine solennelle de millionnaire. On trouvait généralement, à Plassans, qu'il avait une belle tête, une tête blanche et muette de personnage politique.
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La pièce était comme ce diable d'homme, muette, froide, polie, impénétrable.
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On était en juillet; les matinées brûlaient, blanches de soleil, et c’était une volupté d’accourir là, dans ce coin humide. Il faisait bon de recevoir au visage l’haleine glacée des puits, de s’aimer dans cette eau de source, à l’heure où l’incendie du ciel s’allumait.
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Au-dessus des ormes, la lune montait avec lenteur, éteignant les étoiles, dans le ciel pâli.
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Il y avait aussi là-bas des mines de charbon, du charbon à fleur de roche, qui vaudrait de l'or, lorsque le pays se couvrirait d'usines ; sans compter les autres menues entreprises qui serviraient d'entractes, des créations de banques, des syndicats pour les industries florissantes, une exploitation des vastes forêts du Liban, dont les arbres géants pourrissent sur place, faute de routes. Enfin, il arrivait au gros morceau, à la Compagnie des chemins de fer d'Orient, et là il delirait, car ce réseau de lignes ferrées, jeté d'un bout à l'autre sur l'Asie Mineure, comme un filet, c'était pour lui la spéculation, la vie de l'argent, prenant d'un coup ce vieux monde, ainsi qu'une proie nouvelle, encore intacte, d'une richesse incalculable, cachée sous l'ignorance et la crasse des siècles. Il en flairait le trésor, il hennissait comme un cheval de guerre, à l'odeur de la bataille.
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Émile Zola
Nous sommes comme des livres.
La plupart des gens ne voient que notre couverture, la minorité ne lit que l'introduction, beaucoup de gens croient les critiques.
Peu connaîtront le contenu...
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Alors, Mouret, seul et songeur, traversa de nouveau les magasins. (...) II s'arrêta en haut de l'escalier central, il regarda longtemps l'immense nef, où s'écrasait son peuple de femmes.
(...)
Les ombres noires s'enlevaient avec vigueur sur les fonds pâles. De longs remous brisaient la cohue, la fièvre de cette journée de grande vente passait comme un vertige, roulant la houle désordonnée des têtes. On commençait à sortir, le saccage des étoffes jonchait les comptoirs, l'or sonnait dans les caisses ; tandis que la clientèle, dépouillée, violée, s'en allait à moitié défaite, avec la volupté assouvie et la sourde honte d'un désir contenté au fond d'un hôtel louche. C'était lui qui les possédait de la sorte, qui les tenait à sa merci, par son entassement continu de marchandises, par sa baisse des prix et ses rendus, sa galanterie et sa réclame. Il avait conquis les mères, elles-mêmes, il régnait sur toutes avec la brutalité d'un despote, dont le caprice ruinait les ménages. Sa création apportait une religion nouvelle, les églises que désertait peu à peu la foi chancelante étaient remplacées par son bazar, dans les âmes inoccupées désormais. La femme venait passer chez lui les heures vides, les heures frissonnantes et inquiètes qu'elle vivait jadis au fond des chapelles : dépense nécessaire de passion nerveuse, lutte renaissante d'un dieu contre le mari, culte sans cesse renouvelé du corps, avec l'au-delà divin de la beauté. S'il avait fermé ses portes, il y aurait eu un soulèvement sur le pavé, le cri éperdu des dévotes auxquelles on supprimerait le confessionnal et l'autel. Dans leur luxe accru depuis dix ans, il les voyait, malgré l'heure, s'entêter au travers de l'énorme charpente métallique, le long des escaliers suspendus et des ponts volants. Madame Marty et sa fille, emportées au plus-haut, vagabondaient parmi les meubles. Retenue par son petit monde, madame Bourdelais ne pouvait s'arracher des articles de Paris. Puis, venait la bande, madame de Boves toujours au bras de Vallagnosc, et suivie de Blanche, s'arrêtant à chaque rayon, osant regarder encore les étoffes de son air superbe. Mais, de la clientèle entassée, de cette mer de corsages gonflés de vie, il finit par ne plus distinguer que le corsage nu de madame Desforges, qui s'était arrêtée à la ganterie avec madame Guibal. Malgré sa rancune jalouse, elle aussi achetait, et il se sentit le maître une dernière fois, il les tenait à ses pieds, sous l'éblouissement des feux électriques, ainsi qu'un bétail dont il avait tiré sa fortune.
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... depuis quelques minutes, sans cesser de parler, il (Mouret) suivait du regard le travail de Hutin, qui s'attardait à mettre des soies bleues à côté de soies grises et de soies jaunes, puis qui se reculait, pour juger de l'harmonie des tons. Brusquement, il intervint .
- Mais pourquoi cherchez - vous à ménager l'oeil ? dit-il. N'ayez donc pas peur, aveuglez-les... Tenez ! du rouge ! du vert ! du jaune !
Il avait pris les pièces, il les jetait, les froissait, en tirait des gammes éclatantes. Tous en convenaient, le patron était le premier étalagiste de Paris, un étalagiste révolutionnaire à la vérité, qui avait fondé l'école du brutal et du colossal dans la science de l'étalage. Il voulait des écroulements, comme tombés au hasard des casiers éventrés, et il les voulait flambants des couleurs les plus ardentes, s'avivant l'un par l'autre. En sortant du magasin, disait-il, les clients devaient avoir mal aux yeux. Hutin, qui au contraire était de l'école classique de la symétrie et de la mélodie cherchées dans les nuances, le regardait allumer cet incendie d'étoffes au milieu d'une table, sans se permettre la moindre critique, mais les lèvres pincées par une moue d'artiste dont une telle débauche blessait les convictions.
- Voilà, cria Mouret, quand il eut fini. Et laissez-le... Vous me direz s'il raccroche les femmes, lundi !
Justement, comme il rejoignait Bourdoncle et Robineau, une femme arrivait, qui resta quelques secondes plantée et suffoquée devant l'étalage. C'était Denise. (...)
... elle n'avait point osé jusque - là se risquer dans le hall des soieries, dont le haut plafond vitré, les comptoirs luxueux, l'air d'église lui faisaient peur. Puis, quand elle y était enfin entrée, pour échapper aux commis du blanc qui riaient, elle avait comme buté tout d'un coup contre l'étalage de Mouret ; et, malgré son effarement, la femme se réveillant en elle, les joues subitement rouges, elle s'oubliait à regarder flamber l'incendie des soies.
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Adèle dominait son mari de toute sa volonté. C’était elle le mâle, dans cette bataille de la vie. A chacune de ses fautes, chaque fois qu’elle l’avait soigné sans, reproche, avec une pitié sévère, il était devenu plus humble, devinant son mépris, courbant la tête. Entre eux, aucun mensonge n’était possible ; elle était la raison, l’honnêteté, la force, tandis qu’il roulait à toutes les faiblesses, à toutes les déchéances ; et ce dont il souffrait le plus, ce qui l’anéantissait devant elle, c’était cette froideur de juge qui n’ignore rien, qui pousse le dédain jusqu’au pardon, sans croire même devoir sermonner le coupable, comme si la moindre explication devait porter atteinte à la dignité du ménage.
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- Pourquoi ne pas fuir? reprit Guillaume avec insistance.
Elle eut de nouveau un léger sourire.
- Parce que nous ne pouvons aller habiter tes châteaux en Espagne, mon cher poète, répondit-elle. Le bonheur doit être en nous, il est inutile de nous en remettre au hasard pour le trouver.
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Depuis que le cher enfant, sur leurs conseils secrets, servait l'Empire, ils feignaient bien devant le monde de le renier, mais ils travaillaient à son avancement d'une façon sourde et continue.
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Le colonel aurait voulu une discipline plus militaire; et il dit pourquoi Auguste s'était fait refuser au baccalauréat, en novembre: l'enfant avait une intelligence si vive, qu'il allait toujours au-delà des questions des professeurs, ce qui mécontentait ces messieurs. Pendant que son père expliquait ainsi son échec, Auguste mangeait un blanc de volaille, avec un sourire en dessous de cancre réjoui.
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Quant à la presse, elle est déjà trop libre. Où en serions-nous, si le premier venu pouvait écrire ce qu'il pense ?
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Plus il obtenait pour ses amis, plus les faveurs semblaient énormes et peu méritées, et plus il était fort. Il ajouta respectueusement, avec une intention marquée :
- Je souhaite de tout mon cœur que Votre Majesté, pour la grandeur de son règne, garde longtemps autour d'elle les serviteurs dévoués qui l'ont aidée à restaurer I'Empire.
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Maintenant, toute la bande était bonapartiste avec passion. Les deux cousins, le colonel et M. Bouchard, réconciliés, ne se jetant plus à la tête les princes d'Orléans et le comte de Chambord, luttaient désormais à qui ferait l'éloge du souverain en meilleurs termes.
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Le livre glissa de ses mains. Elle rêvait, les yeux perdus. Quand elle le lâchait ainsi, c'était par un besoin de ne pas continuer, de comprendre et d'attendre. Elle prenait une jouissance à ne point satisfaire tout de suite sa curiosité.
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On ne fonde pas une nouvelle dynastie que dans une bagarre. Le sang est un bon engrais. Il sera beau que les Rougon, comme certaines illustres famille, datent d'un massacre.
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