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Citations de Émilienne Malfatto (234)


Nous naissons dans le sang, devenons femmes dans le sang, nous enfantons dans le sang. Et tout à l'heure, le sang aussi. Comme si la terre n'en avait pas assez de boire le sang des femmes. Comme si la terre d'Irak avait encore soif de mort, de sang, d'innocence. Babylone n'a-t-elle pas bu assez de sang. Longtemps, au bord du fleuve, j'ai attendu de voir l'eau devenir rouge.
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Je suis le Tigre. Depuis des milliers de lunes, je traverse le désert, long comme une veine sacrée. Je cours de là-haut, des montagnes, je tombe dans la plaine, puis le désert, puis la mer tout là-bas, comme une respiration.
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J’ai consciencieusement appliqué à mes filles les règles qui m’avaient été imposées. J’ai bâti autour d’elles la même prison que pour moi. J’ai justifié mon monde en le reconduisant.
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Émilienne Malfatto
Les femmes de la famille doivent rester propres. Pures. Intouchées. Au prix du sang. Notre corps ni notre honneur ne nous appartiennent. Ils sont la propriété de nos pères et de nos frères.
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Tout à l’heure, je tuerai pour la première fois. Les morts de la guerre ne comptent pas, ils n’ont pas de nom, pas de visage. Leurs morts sont nos vivants. Nos victoires. J’ai appris cela à la guerre et bien d’autres choses encore.
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En ce meme instant Gilgamesh se lève
et raconte ses rêves à sa mère Ninsoun :
« Ma mère cette nuit j’ai fait un rêve.
Je marchais fier parmi les héros,
le ciel brillait d’étoiles,
et une étoile, comme un héros du ciel d’Anou
est tombée vers moi.
J’ai voulu la porter, elle était trop lourde.
J’ai voulu la pousser, je n’ai pu la bouger.
Autour d’elle, les gens du pays s’assemblaient
et lui baisaient les pieds.
Je l’ai aimée et me suis penché dur elle
comme on se penche dur une femme
je l’ai soulevée et déposée à tes pieds
et roi tu l’as rendue égale à moi. »
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tu étais aussi jeune que moi ton uniforme
presque semblable au mien
sauf le petit écusson là imaginez-vous à quoi
ça tient

la vie et la mort

un écusson de tissu de
rien du tout
voilà à quoi tient l'ennemi
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Le médecin venait de Badgad, ça s'entendait à son accent. Il était très jeune, cuivré sous sa blouse bleu ciel. Il a palpé mon ventre, doucement. Il avait les mains légères. Les coups lui ont répondu. Il n'a pas eu besoin de me poser de questions. Il s'est redressé, a retiré ses lunettes, les a essuyées longtemps sur un coin de sa blouse. Il a eu l'air beaucoup plus vieux, infiniment las. Il a remis ses lunettes, m'a regardée. Cinq mois, peut-être plus. L'infirmière ne bougeait plus. Ma fiche indiquait que je n'étais pas mariée. Alors c'était comme une sentence de mort. En une phrase, le médecin avait placé ma tête sur le billot.
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Dans le ciel très contrasté, magnifiques, des oiseaux tournent contre les nuages. Je pense d'abord à des aigles, mais ce sont des charognards.
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Je suis l'assassin. Je vais tuer tout à l'heure et je l'ignore encore. Que ferais-je si je le savais ? Ferais-je demi-tour dans l'allée poussiéreuse ? Je vais tuer tout à l'heure et je penserai que je n'ai pas le choix. Sa vie ou notre honneur à tous. Ce n'est pas moi qui tuerai, mais la rue, le quartier, la ville. Le pays.
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Hassan
Je suis le gentil, le tendre, je n'ai pas encore intégré toutes les règles qui feront de moi un mâle. Me sauverai-je de ce carcan ? Deviendrai-je comme mon frère, un assassin ? Ou fuirai-je ce monde trop étroit, trop noir ? Ici, tous les jeunes veulent partir. Il n'y a pas d'avenir ici, disent-ils assis au bord du fleuve. Regarde nos femmes, nos sœurs, nos filles, disent les plus osés, quel malheur de les voir en fantômes noirs. Mais ceux-là mêmes gardent jalousement l'honneur de leurs sœurs, leurs femmes, leurs filles. Ceux-là mêmes tueraient s'il le fallait, comme le fera mon frère ce soir.
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Il a eu l’air beaucoup plus vieux, infiniment las. Il a remis ses lunettes, m’a regardée. Cinq mois, peut être plus. Ma fiche indiquait que je n’étais pas mariée. Alors, c’était comme une sentence de mort.
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Dans la grande ville du nord, je longe les maisons détruites. Un géant a piétiné les quartiers.
Ici, même les pierres ont souffert. Le béton a hurlé, le métal gémi.
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Je suis un homme bien mais je n’empêcherai pas mon frère de tuer ma sœur. Je suis en demi-teinte, enchaîné par des règles que je condamne, navré d’être un salaud. (p.70)
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La guerre n'est pas noble ni grandiose ni courageuse la guerre, ce sont des hommes effrayés couchés dans la fange et la merde qui prient pour ne pas mourir.
C'est un luxe de pouvoir rester en paix.
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« Justice sera faite avec célérité » , promirent les autorités dont le nez s'allongea aussitôt.
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Voilà. La mala hora est arrivée. Dans quelques instants, Marita Quiroz Leiva sera morte.
(Incipit)
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Quelque part après le quarantième jour de pluie, c'était inévitable, un envoyé arrive de La Capitale. Il faut croire que le subalterne zélé n’a pas su être aussi convaincant, aussi confiant, aussi exalté que l'était à l'époque le général, car la Capitale demande des comptes, des rapports, des progrès à matérialiser sur une carte, qu’on voie un peu qu’on puisse se faire une idée, quelque chose à se mettre sous la dent, comme dans toute opération de Reconquête, c’est bien normal, ceux qui gouvernent veulent pouvoir déplacer des pions noirs et rouges sur un plan de ville — ou un planisphère, tout dépend de l'échelle de l'opération. C’est bien normal et ça leur donne la sécurisante sensation de maîtriser la situation. p. 92
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Ma vie s’est déroulée derrière des murs et des voiles, dans la soumission aux hommes et dans ce monde si particulier des femmes d’ici qui opère comme un miroir déformant sur les êtres et les choses.
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En s'avançant sur la colline, il jette un regard à droite, en contrebas, sur la Ville, sur ce qu'il en reste, et c'est comme si ce n'était plus une ville mais quelque chose d'autre, un magma, un amas de matière qui formait autrefois, il y a une éternité ou quelques heures, des boulevards, des rues, des maisons où les gens vivaient mangeaient dormaient se disputaient faisaient l'amour et mouraient. Le dernier verbe seul reste d'actualité ces temps-ci, pense le colonel.
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