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Citations de Éric Faye (359)


L'idée de sens a été inventée par l'humanité pour mettre un baume sur ses angoisses et la quête d'un sens l'accapare, l'obnubile.
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Ou bien est-ce un elfe des légendes qui a élu domicile chez vous ? On est tous comme vous monsieur Shimura, on voit tous des elfes, pour tenter de s’en sortir.
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Et, petit à petit, les doutes se sont insinués en moi. Ils ont fini par s'infiltrer et par ruisseler en profondeur. On ne s'aperçoit de rien sur le moment. Tout se passe si loin, en soi ; on ne soupçonne pas qu'un glissement de terrain se prépare. Je me suis mis à lire ce qu'on écrivait contre la Corée rouge. Je m'autorisais la prose de «l'ennemi». Au-delà de la mer du Japon ne s'étendait plus le paradis terrestre que je m'étais imaginé. Il s'y jouait une pièce de théâtre interprétée par vingt millions de figurants, une tragédie au terme de laquelle celui qui se trompait de réplique était supprimé dans les coulisses.
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Un autre chant, «Akai kutsu» (Les chaussures rouges), la laissa triste durablement.

Une jeune fille aux chaussures rouges
A été emmenée par un étranger.
Elle est montée à bord d'un bateau,
sur un quai de Yokohama,
Emmenée par un étranger.

Allongée sur sa natte, le soir, elle cherchait des réponses à leurs questions, et il lui arrivait d'en perdre le sommeil. Dans quel pays était-elle donc tombée où la formation militaire s'appuyait sur l'enseignement de berceuses ? L'idée qu'elle avait été capturée pour ça l'accablait. S'ils sont fous à ce point, je ne suis pas près de recouvrer la liberté. Puis elle se reprenait. Tout ça doit avoir un sens que je ne saisis pas. Personne autour de moi, n'a un comportement d'aliéné.
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Je me dis qu’il faudrait inscrire dans toutes le constitutions du monde le droit imprescriptible de chacun à revenir quand bon lui semble sur les hauts lieux de son passé. Lui confier un trousseau de clés donnant accès à tus les appartements, pavillons et jardinets où s’est jouée son enfance, et lui permettre de rester des heures entières dans ces palais d’hiver de la mémoire. Jamais les nouveaux propriétaires ne pourraient faire obstacle à ces pèlerins du temps. J’y crois fort, et si je devais renouer un jour avec l’engagement politique, je me dis ce que ce serait l’unique point de mon programme, ma seule promesse de campagne.
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«  Souvent, dans les romans ou dans les films sur le monde du travail, des salariés à bout séquestrent leur patron dans son bureau. Ils alertent les médias .Ils badigeonnent les murs de slogans rouges ou noirs pour que les téléspectateurs se repaissent d’images fortes le soir, au journal télévisé .

Ou bien, autre ressort dramatique, il arrive qu’un employé un peu plus à bout que les autres se défenestre sur son lieu de travail.
La tension est à son comble.
Manifestations, grands serments d’unité s’ensuivent. Soudés , les faibles l’emportent.
Larme à l’œil chez les lecteurs ou téléspectateurs car, depuis toujours , on aime voir David venir à bout de ce salaud de Goliath » .
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"[...] les illusions les plus partagées étant ainsi faites qu'elles sont, on le sait bien, plus puissantes que la réalité et que les souvenirs eux-mêmes (desquels, de toute manière, il faut toujours se méfier)."
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"Fortement séduit par la peinture qui était faite de cette petite ville, je m'étais juré de m'y rendre un jour. Il est toujours bon, je crois, d'honorer les rendez-vous qu'on s'était fixés à soi-même."
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Par une sorte de « soupirail » que la présence de cette femme avait entrouvert dans ma conscience, j’y voyais un peu clair. Je comprenais que cette année commune, à elle et à moi, même si elle m’avait ignoré et que je n’avais rien su d’elle, allait me changer et que je n’étais déjà plus tout à fait le même. En quoi, je n’aurais pas su le définir. Mais je n’en sortirais pas indemne. Et par la baie vitrée du salon, regardant la ville qui s’endormait, je voyais plus loin ma vie ; beaucoup plus loin qu’une seule vie.
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On dit de certaines tortues de mer qu'elles reviennent mourir sur la plage où elles sont nées. On dit des saumons qu'ils quittent la mer et remontent pour frayer dans la rivière où ils ont grandi.Le vivant est gouverné par de tels protocoles.

( Stock, 2010, p.105)
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Cette fois, c'est une Libanaise qu'ils ont capturée. Voilà encore une femme, attirée en Asie par une promesse de travail de secrétariat bien rémunéré, qui est tombée dans leur piège. Elle et Ileana, prélevées si loin d'ici, arrachées à leur terre, me bouleversent. Un jour, il faudra que je raconte aux enfants tout ce qu'ils ignorent d'elles. De nous. Il faudra que je leur explique qu'une machine insatiable a ponctionné ici et là tout le cheptel humain dont elle a eu besoin. Je leur dirai, aussi, que les chants appris à l'école, dans lesquels il est question de militaires heureux, de peuple qui suit sa bonne étoile malgré les sacrifices, ces chants-là ne sont pas la réalité. C'est une pièce de théâtre, cruelle et tragique. Le monde qui commence au-delà des clôtures de ce pays [la Corée du Nord] n'a rien à voir avec ce que nous vivons.
(p. 118-119)
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Aussi avons-nous appris à nous méfier d'eux. [Les Anglais] suscitent l'animosité. Ils sont notre cible favorite, avec des blagues comme celle-ci :
"Pourquoi dit-on que le soleil ne se couchait jamais sur l'Empire Britannique ?
- Parce qu'on ne peut pas faire confiance à un Anglais dans l'obscurité."
Nous citons aussi Swift l'Irlandais : "Brûlez tout ce qui vient d'Angleterre, sauf le charbon."
(p. 91)
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Une femme comme elle est un parangon de ténacité, mais quel fut son moteur, quel fut son "Rosebud" ? Dans cet exercice d'admiration éminemment subjectif, avançons une hypothèse : une fêlure remontant à l'enfance. Alexandra ne fut pas aimée par sa bourgeoise de mère, et le désamour parental l'a conduite à chercher, tôt dans sa vie, de l'air à l'extérieur, une échappatoire pour surmonter sa souffrance. (...) Tout comme la théosophie, la doctrine anarchiste, notamment celle du géographe Elisée Reclus, la passionne. L'anarchisme et le stoïcisme, comme moyens de briser les chaînes et d'en finir avec la douleur. (p. 31)
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Je ne m'habituerai jamais au fait de paraître insignifiant, invisible. Nul ne vous remarque. Nul n'entend vraiment ce que vous dites. Vous avez la voix transparente. Ce que vous racontez n’intéresse personne. On ne vous téléphone pas. Où que vous soyez, vous êtes en exil.
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Je me dis qu'il faudrait inscrire dans toutes les constitutions du monde le droit imprescriptible de chacun à revenir quand bon lui semble sur les hauts lieux de son passé. Lui confier un trousseau de clés donnant accès à tous les appartements, pavillons et jardinets où s'est jouée son enfance, et lui permettre de rester des heures entières dans ces palais d'hiver de la mémoire.
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"Tout au long de ces quatre années, j'ai l'impression de perdre l'envie de vivre et de vieillir prématurément.
Chaque jour, deux types viennent nous donner des cours de coréen.Ils nous forcent à ingurgiter des passages du" JUCHE", l'idéologie du régime, jusqu'à ce que nous les sachions sur" le bout des doigts"..
Je pourrais encore en réciter de mémoire, en anglais aussi bien qu'en coréen."
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Dormir la vie, pour ne pas la vivre. Se lever tard, pour que rien ne soit ébauché jusqu'à l'heure de se coucher très tôt, et pendant les maigres heures d'inactivité diurne, se réfugier dans la pénombre car la lumière agresse : voici l'état dans lequel, en juin, je m'étais présenté à la pension. Pourquoi, dans les calmes équatoriaux de la quarantaine, échoue-t-on un jour de la belle saison dans une pension à l'écart de tout, où rien , à priori, ne doit se passer ? Mieux vaudrait, pour retrouver le goût de la vie, réserver une chambre dans une auberge au bord de l'abîme, dont la falaise nuit de pluie après nuit de pluie menace de s'effondrer.
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Les histoires comme celle-ci sont pareilles au Nil, elles n'ont pas un commencement. Elles en ont une myriade. Et toutes ces sources engendrent des rus qui se jettent, l'un après l'autre, dans le cours principal du récit - le grand fleuve.
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Un jour, il ne se passe plus rien.La corde du destin, d'avoir été trop tendue, a cassé net. L'onde de choc de ta naissance est si loin désormais oh ! si loin.
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"J'aimais ma chambre, balcon sur le monde, sur la renaissance d'un monde où étaient morts plusieurs de mes aïeux, un 9 août lointain. Huit de mes années se sont écoulées là. Comme j'aimais ces pièces, ces murs... Je me dis qu'il faudrait inscrire dans toutes les constitutions du monde le droit imprescriptible de chacun à revenir quand bon lui semble sur les lieux de son passé. Lui confier un trousseau de clés donnant accès à tous les appartements, pavillons et jardinets où s'est jouée son enfance, et lui permettre de rester des heures entières dans ces palais d'hiver de la mémoire."
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