Åsa Larsson

Il a besoin de voyager, pas seulement pour le travail, mais parce que de temps en temps, le nomade en lui l'appelle.

Au sommet de le côte, l'imposante église de cristal se dressait sur le fond noir du ciel hivernal. Entourée d'étoiles et de constellations, comme un bloc de glace phosphorescent, son éclat rivalisait avec celui de l'aurore boréale.
Bien prétentieux comme construction, songea-t-elle en gravissant la pente avec peine. Si la paroisse est aussi riche que ça, elle ferait mieux de consacrer ses dons aux plus démunis. Il est sans doute plus amusant de chanter du gospel dans ce somptueux temple que de creuser des puits en Afrique.

Soudain, il doit se passer quelque chose parce que le chien pousse un hurlement. Il hurle comme si les portes de l’Enfer venaient de s’ouvrir sous son nez. Le bruit réveille chez Samuel Johansson une terreur ancestrale.

Puis c’est le silence.

C'est facile d'aimer les loups quand on vient de Stockholm. Par contre le jour où ces sales bêtes viendront sur leurs terrains de golf ou qu'elles se pointeront dans leurs jardins pour bouffer leur caniche, ça risque de ne plus être la même chanson !

"Excusez-moi, dit Anna Jaako en essuyant ses yeux qui s'étaient remplis de larmes. Mais il me manque terriblement. Si quelqu'un m'avait dit quand j'avais votre âge que je rencontrerais l'amour de ma vie à plus de soixante-dix ans, je lui aurais ri au nez."
Elle posa sur Rebecka un regard grave.
"Il faut prendre soin de l'amour, vous savez ? Tout-à-coup, on s'aperçoit qu'on a aimé pour la dernière fois de sa vie. Tout le reste n'est que du vent." (p.367)

Le coeur de Hjalmar bat. C'est le battement de la vie. C'est le bout des doigts du chaman sur la peau du tambour. C'est la pluie sur le toit de tôle de son chalet de Saarisuanto, un soir d'automne quand on est au lit et que le feu crépite dans la cheminée.
Son sang coule dans ses artères. C'est l'eau de fonte qui se détache de la glace au printemps, qui coule sous la neige, qui grimpe au coeur des arbres, qui se précipite des falaises.
Son esprit entre et sort de ses poumons. C'est le vent qui porte le corbeau dans ses jeux, qui fouette la neige en vifs tourbillons dans la montagne, qui ride doucement le lac le soir puis s'apaise et le laisse retrouver son calme lisse de miroir.

Je me suis sentie remplie par un sentiment très grand. Si j'avais été une maison, mon toit se serait soulevé.

"Putain de merde ! jura-t-elle . Elle a été tuée ici ! J'en suis sûre ! Faites venir Tintin et Krister Ericksson ."

Mais les pasteurs étaient probablement moins friands de commérages que les juristes.

Parce que les pays pauvres n’osent pas voter des lois environnementales qui feraient fuir les investisseurs étrangers, alors on y pollue la terre et on y empoisonne les gens qui meurent de cancers et de maladies chroniques du foie ou de je ne sais quoi encore. Les sociétés qui s’implantent dans ces pays collaborent avec des régimes corrompus, au milieu de guerres civiles dans lesquelles l’armée tire contre la population.

De nos jours, on ne pouvait plus exprimer une opinion divergente sans être immédiatement catalogué.

L'air était froid, le ciel très bleu. Un de ces jours qu'on aimerait verser dans un verre et boire.

Il faut prendre soin de l'amour, vous savez ? Tout à coup, on, s'aperçoit que l'on a aimé pour la dernière fois de sa vie. Tout le reste n'est que du vent.

(page 395)

Une belle couche de neige toute fraîche recouvrait le paysage. La lune léchait les branches alourdies de sa langue d'argent.

Son regard se perdit au loin sur la prairie au-delà de la fenêtre. Il n'y avait personne pour s'occuper des foins et des brûlis et ça se voyait. Le pré était plein de grosses touffes aux endroits où l'herbe avait dû pousser à travers une couche d'herbe pourrie de l'année précédente. Il devait y avoir des milliers de trous de campagnols. D'ici, elle voyait encore mieux l'état de délabrement où se trouvait la grange. Elle se demanda s'il y avait moyen de la sauver. La tristesse l'envahit tout à coup. Les maisons mourraient quand on les abandonnait. Lentement mais sûrement. Elles se désintégraient, elles étouffaient, se fissuraient, s'affaissaient, moisissaient.

S'appuyant des deux mains sur la table, Rebecka se hisse de sa chaise.
- Reste assise ! ordonne Thomas.
Elle s'exécute, tel un chien flairant la raclée. (...)
- Alors tu l'as fait ? parvient-elle à articuler. Mais pourquoi ?
- Rebecka, c'est l'œuvre de Dieu en personne, répond gravement Thomas.
Elle reconnaît le ton et la posture. Il les adopte toujours lorsqu'il désire convaincre ses auditeurs de l'importance de son discours. Son être tout entier se métamorphose : un rocher surgissant des entrailles de la terre, ses racines ancrées au noyau. Un bloc d'énergie et de gravité empreint de l'humilité due à Dieu.

Pour la première fois depuis… elle ne sait pas combien de temps, Lisa craint qu’on puisse lire la vérité dans ses yeux. Elle aurait besoin d’un miroir pour vérifier. Elle qui sait ce qu’il en coûte d’être la plus belle fille du village. Elle qui sait l’effet que ça fait d’entendre les garçons crier sur son passage : » T’as vu les nichons ! » et de marcher recroquevillée sur elle-même jusqu’à en avoir mal au dos. Mais elle n’a jamais rien dit, ni ça ni aucun des autres secrets.

Quand il n'y a plus que des canailles, il n'y a plus de canailles du tout, si vous voyez ce que je veux dire.

C'est juste qu'elle était tellement... Directe. Comme si elle ne savait rouler qu'en marche avant.

Victor Strandgård à été tabassé et poignardé. On l'a énucléé et on lui a coupé les mains.