À l`exception de son nom, j`ignorais tout de Karen Blixen. Je ne connaissais pas son œuvre, je n`avais pas vu le film de Sidney Pollack. Mais en 1995, alors que j`étais en reportage au Danemark, on m`a conseillé d`aller visiter le musée de Karen Blixen, à quelques kilomètres de Copenhague, parce que c`était un endroit qui ne ressemblait à nul autre. J`ai pris le train, j`ai traversé le parc de la propriété et suis tombée… sur la tombe de Karen Blixen. La simplicité de la pierre à fleur de terre, sous un grand hêtre, qui se fond dans la nature, l`harmonie qu`elle dégageait m`ont émue. le charme de la maison elle-même était aussi prenant. On pense à Anton Tchekhov, ou à Marcel Proust, on se tient au cœur d`un art de vivre délicat qui n`existe plus. On sent la force d`un esprit sur cet endroit. C`est à partir de là que je me suis intéressée à Karen Blixen.
J`ai lu à peu près tout ce qui a été écrit sur elle, j`ai eu accès à sa correspondance privée et bien sûr j`ai longuement discuté avec des gens qui l`ont bien connue, ils sont âgés maintenant, mais ils ne s`en sont toujours pas remis ! Son neveu, Tore Dinesen, le fils de sa gouvernante, Nils Carlsen, son éditeur, Otto Lindhardt… Des femmes aussi, généralement elles ne gardent pas un très bon souvenir de leur rencontre avec elle.
« Baronne Blixen », cela sonne dur. Cela évoque un certain protocole, cela donne l`image d`un personnage plutôt que d`une femme, or Karen Blixen n`a eu de cesse d`apparaître comme une légende vivante. Il était intéressant de partir du personnage qu`elle s`est forgée pour aboutir à sa profonde solitude intérieure. C`était aussi lui rendre hommage : elle estimait avoir assez cher payé son titre de baronne –son mari lui avait « offert » la syphilis en cadeau de noces- pour le conserver après son divorce !
Au début du livre, Clara apparaît en tant que telle, c`est elle qui détient la vérité sur Karen Blixen et qui la livre à Meryl Streep sur le tournage du film "Out of Africa". Elle lui raconte la vie de Karen, en se glissant dans ses veines. Elle la connaissait si bien ! Elle devient la conteuse omnisciente. À la fin du livre, Clara redevient elle-même pour nous tirer de ce rêve éveillé. Car j`ai construit ce roman sur deux réalités parallèles : la vie de Karen est un conte qui se nourrit d`un autre conte : le tournage du film de Sidney Pollack avec Meryl Streep et Robert Redford.
Ces mots nous font entendre une musique qui n`appartient à l`Afrique ; Il y a quelques expressions anglaises aussi. Dans sa ferme, Karen vivait en trois langues : l`anglais, le swahili et le danois (plus rarement). Il lui arrivait de les mixer dans une même phrase, ce qui ne fut pas le cas quand elle réintégra le Danemark et retrouva sa langue maternelle.
C`était important pour moi d`inventer Ismaïl, parce qu`il traduit ce que les Kenyans d`aujourd`hui, qui n`ont pas connu la colonisation, pensent de Karen Blixen. Quand ils y pensent ! Bienveillante ou mauvaise, ça ne changeait rien à l`affaire : elle restait un colon. Elle est une héroïne seulement aux yeux des occidentaux.
Oui, en fouillant la réalité j`ai mesuré à quel point elle était une merveilleuse artiste. Tous ses contes, que ce soit "Les Rêveurs" ouLe Dîner de Babette, les plus connus, parlent d`elle, de ses expériences tragiques ou heureuses, sans jamais se référer à la réalité. Elle a créé un univers unique. Et, en même temps, elle nous parle de nous.
Plus qu`un livre, une œuvre, celle d`un auteur anglais doué d`une imagination sans aucune limite : Iris Murdoch.
Marguerite Duras. Une écriture tellement juste. La vie même mais sans la moindre trace de réalisme.
David Goodis. J`avais dix ans, les « Séries noire » de mon père étaient rangés juste au-dessus de mes « Club des Cinq ».
Un petit tour dans l`Hindou Kouch d`Eric Newby (petite bibliothèque Payot). Irrésistible de drôlerie, époustouflant d`inconscience.
Désolée, rien ne me vient à l`esprit.
« Seul l`oiseau vit de sa plume » (écrivain inconnu)
C`est dimanche et je n`y suis pour rien de Carole Fives (L`arbalète Gallimard). L`histoire ténue et palpitante d`une jeune femme qui découvre qu`elle a non-bâti sa vie sur un malentendu.
— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie