Julliard [corriger]

Avoir raison avec Raymond Aron, car il a beaucoup vécu, tout vu, tout compris. Les lecteurs parfois irrités, toujours fascinés, et même les anciens marxistes repentis de la guerre froide et les nouveaux philosophes lui doivent plus qu'ils ne l'avouent, et plus généralement tous les hommes d'intelligence et de liberté reconnaîtront dans les Mémoires de ce témoin privilégié, la marque de tous les doutes, de toutes les inquiétudes et de toutes les espérances qui les habitent. Grand observateur à la fois distancé et gourmand d'une actualité hallucinante, Aron a témoigné à sa manière de la grandeur irréductible de la conscience occidentale.

Sentinelle de la liberté, il a évité en leur temps les pièges des totalitarismes nazi ou stalinien et sut dénoncer dans la vulgate marxiste alors en honneur à Saint-Germain-des -Prés, un véritable opium des intellectuels qui intoxiquaient une génération d'esprits brillants menés tambour battant par Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Il a sans doute eu parfois le regret; et si ses Mémoires s'en font l'écho de ne pas avoir été, ni un homme de plaisir comme son frère Adrien, ni un écrivain à part entière comme Sartre ou Camu, ni un homme d'action comme De Gaulle ou Kissinger, il a eu l'immense sagesse d'étouffer en lui ces tentations éclatées pour se consacrer exclusivement à l'exercice souverain de l'intelligence critique.

À partir d'un fait réel Philippe Besson nous emmène dans ce tourbillon de sentiments, de douleur, de culpabilité.



Il ne se privera pas, bien au contraire, d'épingler de-ci de-là la machine policière.



Il nous emmène dans cette effroyable souffrance que rien n'apaise, encore moins les médias ou le regard des autres.



Il ressort de ce récit comme un immense gâchis, autant pour les vies à jamais bousillées de ceux qui restent, que pour ces femmes battues qui finissent sous les coups de leurs tortionnaires de maris.

Bien sûr elle est venue, elle a osé franchir le pas du poste de police, oui mais voilà, son dossier a tout simplement été classé de suite et sans suite.



À chaque ligne j'ai souffert avec ces enfants qui voient leur jeunesse, leur innocence, exploser en mille morceaux laissant des cœurs en miettes, des regrets à vie.



Une écriture pleine de force et de caractère mais aussi très sobre pour nous enfermer dans ce drame mais sans verser dans le pathos ou le voyeurisme.



Une histoire qui m'a profondément touchée.

Un très beau livre, léger, plein d'humour et intelligent. Ça m'a fait plaisir de le lire, souvent avec un sourire aux lèvres, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser qu'on se moque trop souvent du passé - du comportement des gens et de leurs idées, de la médecine, de la saleté etc -, et comme, en fait, rien n'a changé...