Découvrez les meilleures listes de livres

Le poète latin Ovide est l’auteur, au Ier siècle, des Métamorphoses, un des plus vastes et des plus célèbres poèmes mythologiques de l’Antiquité. Dans cette œuvre, Ovide raconte en effet quelques deux cent cinquante mythes grecs et romains, dont de très nombreuses métamorphoses aussi spectaculaires que diverses et variées !

Le récit et la description de métamorphoses, dans la littérature, ne date pas d’Ovide. Bien avant lui, le poète grec Homère (VIIIe siècle avant J.-C.) a évoqué des métamorphoses mythologiques. Ainsi, dans l’Odyssée, Homère raconte que les compagnons du héros Ulysse furent métamorphosés en pourceaux par la magicienne Circé. Ils reprirent ensuite forme humaine grâce à l’intervention d’Ulysse.

Apulée (IIe siècle) est un auteur latin auquel on doit un roman : les Métamorphoses ou l’Âne d’or. Le narrateur et héros de l’histoire, Lucius, a été métamorphosé, par accident, en âne. Il raconte ses mésaventures et sa quête pour retrouver forme humaine...

Dante Alighieri (1265-1321), l’auteur italien de la Divine Comédie, décrit une métamorphose dans un des cercles de l’Enfer. Là-bas, existe une forêt où les suicidés sont transformés en arbres : « Lorsque l’âme féroce quitte le corps dont elle s’est elle-même arrachée ,[…] elle tombe dans la forêt […] ; là elle germe comme un grain d’épeautre ; s’élevant, elle devient une tige et un arbre sylvestre. » (l’Enfer, chant XIII)

Parmi les fables de Jean de La Fontaine (XVIIe siècle), on trouve celle de la Souris métamorphosée en fille : on y voit un sorcier changer une souris en une ravissante jeune fille ; la demoiselle est si belle que pour se marier elle a l’embarras du choix ; mais aucun homme ne lui plaît, et elle finit par épouser un rat ! Dans une autre fable, la Chatte métamorphosée en femme, c’est une chatte qui est transformée en une belle dame ; mais, dans ce corps de femme sommeille toujours l’instinct du félin, et dès que la dame voit passer une souris, elle ne peut s’empêcher de lui donner la chasse… La Fontaine, à travers ces deux fables, nous montre qu’une transformation physique ne change ni l’âme ni l’instinct. En effet, « Il en faut revenir toujours à son destin » !

Les contes ont permis de fixer et de garder la tradition orale – qui transmet de nombreux récits de métamorphoses depuis l’Antiquité. Charles Perrault, au XVIIe siècle, nous raconte l’histoire de Cendrillon, une jeune fille qui va au bal dans une citrouille transformée en carrosse, lequel est tiré par six souris métamorphosées en chevaux, le tout conduit par un rat changé en cocher. Cendrillon est accompagnée de six laquais, qui à l’origine sont des lézards !

À la fin du XVIIe siècle, Madame d’Aulnoy concurrence les contes de Perrault et raconte plusieurs histoires de métamorphoses : la Bonne Petite Souris, la Chatte blanche, Serpentin Vert… Dans l’Oiseau bleu, elle fait le récit des amours contrariées du roi Charmant et de la princesse Florine. Comme le roi refuse d’épouser la méchante et laide princesse Truitonne, il est métamorphosé en oiseau bleu. Après bien des aventures, le roi retrouve son apparence et peut enfin épouser Florine. Quant à Truitonne, elle finit métamorphosée « en truie, afin qu’il lui restât au moins une partie de son nom et de son naturel grondeur ».

Au XVIIIe siècle, la Belle et la Bête, conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, met en scène un Prince, qui subissant le sort d’une méchante fée, est condamné à vivre sous l’apparence d’une Bête hideuse. Heureusement, l’amour brisera le sortilège !

L’écrivain danois Hans Christian Andersen publie en 1837 la Petite Sirène, conte dans lequel l’héroïne voit « son corps se dissoudre en écume » avant d’être métamorphosée en « fille de l’air ».

Le Roi Grenouille est un conte populaire allemand repris par les frères Grimm au XIXe siècle. À la suite d’une promesse, une princesse se retrouve obligée de partager sa vie avec une grenouille qui lui a rendu service. La jeune fille, dégoûtée, supporte mal la situation, jusqu’à ce la grenouille se transforme en prince charmant ! Les contes des frères Grimm sont riches en métamorphoses : on y voit un prince devenir un ours (Blanche-Neige et Rose-Rouge), un jeune garçon transformé en chevreuil (Frérot et Sœurette), ou encore sept frères changés en oiseaux (les Sept corbeaux).

Dans Alice au pays des merveilles (1865), de l’écrivain anglais Lewis Carroll, la jeune héroïne de l’histoire vit des aventures tout à fait extraordinaires, et souvent cauchemardesques, comme lorsqu’elle se retrouve avec, dans les bras, un bébé qui se métamorphose peu à peu en cochon. Le bébé, d’abord, se met à grogner : « Alice le regarda au visage avec inquiétude pour voir ce qu’il avait. Sans contredit son nez était très-retroussé, et ressemblait bien plutôt à un groin qu’à un vrai nez. Ses yeux aussi devenaient très-petits pour un bébé. […] “Si tu vas te changer en porc,” dit Alice très-sérieusement, “je ne veux plus rien avoir à faire avec toi. Fais-y bien attention !” La pauvre petite créature sanglota de nouveau, ou grogna (il était impossible de savoir lequel des deux), et ils continuèrent leur chemin un instant en silence. » Alice se demandait ce qu’elle allait faire du bébé quand « il grogna de nouveau si fort qu’elle regarda sa figure avec quelque inquiétude. Cette fois il n’y avait pas à s’y tromper, c’était un porc, ni plus ni moins, et elle comprit qu’il serait ridicule de le porter plus loin. »

Pinocchio, roman de l’italien Carlo Collodi (1881), fait songer au mythe de Pygmalion : Geppetto, un menuisier, fabrique une marionnette de bois qu’il nomme Pinocchio. Comme la sculpture de Pygmalion, la marionnette prendra vie !

L’Étrange Cas du Docteur Jekyll et de Mr. Hyde (1886) est l’un des plus célèbres romans de l’écrivain écossais Robert Louis Stevenson, et ce roman présente en effet un étrange cas de métamorphose : l’honnête docteur Jekyll se transforme, la nuit venue, en Mr. Hyde, un odieux et criminel personnage...

Toujours dans le registre fantastique, Franz Kafka est l’auteur d’une nouvelle intitulée la Métamorphose (1915) : un matin, un jeune représentant de commerce, Gregor Samsa, essaie de se lever de son lit, mais n’y arrive pas ; il se rend compte que, durant la nuit, il s’est métamorphosé en un « monstrueux insecte »...

Dans Rhinocéros, une pièce de théâtre écrite par Eugène Ionesco (1959), les personnages sont atteints de « rhinocérite » : petit à petit, les êtres humains deviennent des rhinocéros. Cette métamorphose peut être comprise comme une dénonciation par l’auteur du totalitarisme (et notamment du nazisme).