Le titre est assez explicite :
1642, Ville-Marie raconte la fondation de ce minuscule établissement qui est devenu Montréal. À cette époque, la Nouvelle-France n'était que l'embryon d'un empire, un territoire difficile à défendre contre les Iroquois. Toutefois, les incursions de ces derniers ne peuvent rien contre la détermination de Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance. Ces deux personnages historiques (et d'autres) sont bel et bien présents mais l'intrigue se concentre surtout sur Gauthier, Askou et Tekola, respectivement un Français, un Algonquien et un Huron. Et puis, il y a la belle Brigitte et son fils… C'est peut-être cela qui m'a poussé à n'accorder que trois étoiles sur cinq à cet album. Trop de personnages, pas assez de cases pour développer suffisamment chacun d'entre eux et que je me sente suffisament investi par leur destin. Notez, j'ai tout de même suivi avec intérêt leurs aventures. Elles étaient intéressantes et palpitantes. On ne s'ennuie pas. Mais le même constat est à faire concernant la succession impressionante d'événements relatés. le scénariste François Lapierre voulait-il raconter l'histoire de Ville-Marie ou bien celle de Gauthier et compagnie ? Par exemple, le baptême du chef Tessouat ou la montée des eaux du fleuve qui pousse les habitant à ériger la croix du Mont-Royal. Conséquence : ils sont traités superficiellement. Ils sont dignes d'intérêt (pour un album plus volumineux) mais les cases, voire les planches, les décrivant auraient mieux servi à approfondir les protagonistes. Aussi, tout va trop vite. le temps passe, le dessinateur
Jean-Paul Eid veille à le faire savoir en indiquant les dates ou bien à travers les dessins (des feuilles colorées sous la pluie, un paysage de neige, etc.), qui permettent de constater le changement des saisons. Toutefois, étrangement, je ne le remarque pas chez les personnages, à part l'affection de Brigitte qui se déplace d'un individu à un autre. Ils sont toujours d'humeur égale. Pourtant, tous devraient vivre dans la peur permanente d'une attaque iroquoise mais cela se voit peu, à deux ou trois cases près. Cela a peut-être à voir avec l'intrigue qui est répétitive. Les Algonquiens et les Hurons arrivent, repartent, reviennent, vont guerroyer, se réfugient à Ville-Marie, etc. Ce constant va-et-vient faisait en sorte que j'avais l'impression que l'histoire ne progressait pas. Mais assez avec les aspects négatifs. Les dessins sont magnifiques, réalistes à souhait. Les traits des personnages sont clairs, expressifs. Il a réussi à rendre distinct plusieurs Amérindiens, ce qui n'est pas une tâche facile quand leur habillement minimaliste est assez similaire. Une seule petite déception : j'aurais aimé voir un plan d'ensemble de Ville-Marie mais on n'en voyait toujours que des pans.
Dans l'ensemble, j'ai quand même apprécié cette histoire, celle des origines de la colonie. Mon histoire. J'aime bien quand divertissement et pédagogie s'entremêlent. Cependant, si mes cours d'univers social m'ont appris quelque chose, c'est que l'histoire est écrite par les vainqueurs mais que, surtout, il y a toujours deux versions (ou plus) à chaque épisode. Il semble que François Lapierre ait fait le même apprentissage. Il nous propose un deuxième album qui raconte les mêmes événements mais du point de vue des membres des premières nations. À lire également.