J’ai rapporté ce qui était arrivé au peuple romain dans leurs guerres jusqu’à maintenant en organisant le matériel, pour autant qu’il était possible, en fonction de la chronologie et des endroits où ils étaient survenus ; j’abandonnerai cette méthode dans le présent livre, car j’écrirai sur tout ce qui s’est passé partout dans l’Empire romain. La raison en est qu’il est impossible pendant que les principaux intéressés sont toujours vivants de rapporter leurs faits et gestes comme ils se sont passés sans échapper à l’attention d’une foule d’espions ou, si l’on est découvert, d’éviter une mort tragique. […] Au contraire, j’ai dû cacher les causes de nombreuses choses rapportées dans mes livres précédents. C’est pourquoi, dans le présent livre, je me dois de révéler non seulement ce que je n’ai pas mentionné précédemment, mais aussi les causes de ce qui a déjà été révélé.
(il s'agit de l'empire romain d'Orient)
Mes Seigneurs, la situation actuelle est trop grave pour que nous suivions cette convention qui veut qu'une femme ne parle pas durant un conseil d'hommes. Ceux dont les intérêts sont menacés par un danger d'une extrême gravité ne devraient penser qu'à se tenir à la ligne de conduite la plus sage et non aux conventions. Quand il ne resterait d'autre moyen de salut que la fuite, je ne voudrais pas fuir. Ne sommes-nous pas tous voués à la mort dès notre naissance ? Ceux qui ont porté la couronne ne doivent pas survivre à sa perte. Je prie Dieu qu'on ne me voie pas un seul jour sans la pourpre.
Que la lumière s'éteigne pour moi lorsqu'on cessera de me saluer du nom d'impératrice ! Toi, autokrator (en désignant l'Empereur), si tu veux fuir, tu as des trésors, le vaisseau est prêt et la mer est libre ; mais crains que l'amour de la vie ne t'expose à un exil misérable et à une mort honteuse. Moi, elle me plaît, cette antique parole : que la pourpre est un beau linceul.
(Paroles de l'impératrice Théodora)