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EAN : 9782358801263
52 pages
Arola (04/04/2019)
4/5   5 notes
Résumé :
Étrangers méconnus, symboles du mal, domestiques ou esclaves, mais aussi modèles pour les artistes, muses des temps modernes et nouveaux héros d’aujourd’hui : comment les noirs sont-ils représentés dans l’art occidental ? Un voyage dans le temps, de l’Antiquité à nos jours, pour rendre toutes ses couleurs à l’histoire de l’art.
Que lire après Revue Dada, n°236 : Black is beautifulVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Dada la première revue d'art", généreusement offerte dans le cadre de l'opération masse critique par Babelio et les Editions Arola que je remercie l'un et l'autre chaleureusement, a pour thème dans ce numéro "Black is beautiful".

Cette revue nous promène donc dans l'art et ses représentations du Noir africain et du Noir américain, avec tout ce que chaque époque peut drainer de préjugés, mais aussi parfois, pour dénoncer leur condition.

A l'Antiquité, l'esclavage prédomine, tandis qu'au Moyen Age, la chrétienté pare le Noir d'une représentation diabolique, bourreau du Christ et des Saints.

A partir du XIIIe siècle, la représentation des Noirs dans la religion catholique est quelque peu réhabilitée avec par ex la Reine de Saba ou le Mage Balthazar. Mais cela n'a rien d'innocent puisque le message que l'on veut faire passer est que la Bible concerne tous les peuples.
Mais l'esclavage ne fait que commencer...

A la Renaissance, les Noirs sont des serviteurs, des esclaves, mais aussi des bêtes de foire. C'est un signe extérieur de richesse que de posséder un serviteur noir...
Quant à la bête de foire "Pour beaucoup, à cette époque, les Noirs sont aussi exotiques qu'un éléphant. A deux ou à quatre pattes, peu importe "l'animal", tant que le frisson est là."
On voit aussi apparaître les zoos humains, dont le premier a ouvert en 1877 au Jardin d'acclimatation de Paris.

A partir du XVIIIe siècle, certains artistes dénoncent l'esclavage : traite des Noirs revendus comme esclaves autant en Amérique que dans les colonies.
La France n'abolira l'esclavage qu'en 1848, bien que la Révolution française ait proclamé que tous les hommes naissent libres et égaux en droits en 1789...

Au XIXe siècle, les Noirs se multiplient dans la peinture et deviennent petit à petit des individus à part entière.

Au XXe siècle, le Noir est aussi le Noir américain, avec Joséphine Baker, mais aussi la culture Jazz (mouvement artistique appelé la Harlem Renaissance).

Milieu du XXe siècle, les Noirs deviennent des artistes qui dénoncent par leurs oeuvres et luttent pour obtenir les mêmes droits que les Blancs.
Même si, officiellement, les Noirs obtiennent ces mêmes droits aux États-Unis au milieu des années 1960, ils le savent "la lutte vers la reconnaissance n'est pas terminée..."

Au XXIe siècle, les artistes réinventent un passé au présent où le Noir est puissant : empereur, roi, princesse,... tout en rappelant aussi toutes les horreurs passées.
Certaines figures pop contemporaines (Beyoncé, Jay-Z, Will.i.am) ont pris possession du Louvre afin de détourner les oeuvres en figures noires puissantes : "ils s'emparent de (...) figures blanches incarnant pouvoir et réussite."

Quel long chemin parcouru !
Il n'empêche que de mon point de vue, un travail important de mémoire - à l'instar du peuple juif avec la Shoah - doit et reste à accomplir, car le peuple noir (et je le dis ainsi à dessein puisqu'il regroupe l'Afrique noire mais aussi les Noirs américains) a longtemps été mis en état de servitude, opprimé et nié dans son humanité.
Un travail historique à faire donc au travers de l'esclavage, mais aussi des colonies, de la ségrégation, de l'apartheid, mais aussi dans les représentations artistiques (à titre personnel je m'interroge qu'une statue de Léopold II soit encore érigée, Roi dont les Belges peuvent avoir honte pour ses barbaries commises au Congo) et la représentation de ses légendes (telle le père fouettard - acolyte de Saint-Nicolas punissant les enfants qui n'ont pas été sages - qu'on prétend aujourd'hui être noir de suie... alors qu'il est représenté comme les "Blackfaces", à savoir les représentations racistes du Blanc grimé outrageusement à la Jim Crow).
Le présent doit encore nous interroger sur les stigmates racistes du passé.

Pour en revenir à la revue, je l'ai trouvée particulièrement enrichissante avec ses illustrations et ses commentaires judicieux. Une parfaite mise en bouche qui m'a donné très envie d'en savoir plus.

A noter que si le dossier thématique est passionnant, je ne me suis pas attardée sur les autres rubriques destinées à la jeunesse qui étaient en outre "hors thème".

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Le slogan 'Black Is Beautiful' exprime la fierté d'être noir. Il est issu du mouvement culturel né aux États-Unis dans les 1960's - lequel, au-delà des frontières de l'Amérique et du domaine des droits civiques, a joué un rôle dans la musique et d'autres formes artistiques.
(intro inspirée de Miskart*)

Ce DADA évoque la représentation des Noirs dans les Arts plastiques occidentaux, de l'Antiquité à nos jours.
Tantôt esclaves destinés à travailler, tantôt objets de curiosité ou d'amusement pour les Blancs qui les 'possèdent', tantôt instruments de propagande de la religion chrétienne contre les 'sauvages' sarrasins (Maures/Musulmans), souvent symboles du mal, les Noirs se sont imposés tardivement :
- comme êtres humains à part entière dans les représentations des artistes blancs
- et comme artistes mondialement reconnus (Henry Tanner, Aaron Douglas, Augusta Savage, Basquiat...).

Encore un excellent numéro de la revue DADA (destinée à un jeune public) pour les néophytes curieux qui apprennent beaucoup avec ce genre de support simple, synthétique et pertinemment illustré.
Les articles de la newsletter d'Artips remplissent très bien cette fonction aussi.

Les dernières pages de la revue présentent des expos en cours (donc passées), ainsi que des dessinateurs jeunesse actuels, sans rapport avec le sujet qui précède.
On y fait parfois de belles découvertes. J'ai été séduite par l'esthétique 'kawai' ('mignon', en japonais) de l'oeuvre 'Shangri-La-Blue' de Takashi Murakami (2016)**. Je me doutais un peu que j'étais restée jeune (et fun 😉).

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* http://www.misk.art/lire/comment-le-mouvement-black-beautiful-a-influence-la-musique
** http://www.artnet.fr/artistes/takashi-murakami/shangri-la-blue-a-QvfOeZ3nV37qRBAi2zheGA2
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Comment les Noirs ont-ils été représentés dans les arts occidentaux ?

Les grecs anciens les représentaient comme tous les autres 'barbares', puisque l'infériorité qu'ils leur prêtaient découlait de ce dernier statut, non de leur couleur de peau.
Chez les artistes chrétiens, jusqu'au XVe siècle, la couleur de peau était un support de représentation de l'image simpliste qu'ils se faisaient d'un monde dichotomique : le blanc devint un symbole de pureté et du Bien, tandis que le noir illustrait le Mal.
A partir du XVe siècle, la volonté universaliste et de diffusion de la religion chrétienne amena à coloriser en noir quelques personnages importants et 'bons', comme Balthazar (l'un des mages) ou Saint Maurice.
L'égalité de traitement dans les représentations artistiques était cependant loin d'être acquise.
Dans les arts, les Noirs occupèrent en fait la place qui leur était réservée dans la société, et chaque entorse à cette règle était considérée comme subversive. La représentation trop crue de leur place, notamment des traitements odieux qu'ils pouvaient subir, encourait d'ailleurs le même risque. Ainsi, la toile "Châtiment des quatre piquets" de Marcel Antoine Verdier, en 1849, ne put être exposée qu'hors du Louvre.
Heureusement, certains artistes devancèrent - ou perçurent avant les autres - les mouvements d'émancipation des Noirs dans plusieurs pays occidentaux.

Ce numéro de la revue Dada a le mérite de nous inviter à réfléchir sur la manière dont la réalité nous est présentée, dans les arts et sur tous autres supports, et sur ce que ces représentations montrent de nos sociétés.

Parmi les oeuvres présentes dans cet ouvrage, je retiens notamment la magnifique sculpture d'Augusta Savage, 'La Harpe' (1939).
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La revue Dada s'est penchée pour 236e numéro sur la place des Noirs dans l'histoire de l'art. Sujet particulièrement intéressant puisqu'il permet de voir comment l'occidental perçoit le Noir au fil des siècles : il le relègue au second plan, le représente avec tous les stéréotypes de son époque, en fait un symbole du mal ou de la soumission, une source de moquerie ou de fascination. L'oeuvre se fait le vecteur d'une conception du monde, où le blanc colonisateur domine, où l'artiste tente parfois de délivrer un message de tolérance, bien avant l'abolition de l'esclavage, où la figure du Noir devient éminemment politique, conditionnée par une organisation sociale, géopolitique, philosophique. Ce sujet permet aussi d'observer comment le Noir à son tour s'approprie l'art comme un reflet de sa propre histoire, comme moyen moderne d'expression de sa liberté.
Le revue est particulièrement adaptée aux jeunes gens que l'art intéresse. Simple dans sa formulation, le texte qui accompagne des images d'une excellente facture se veut didactique. On apprend beaucoup, de façon distrayante. Merci à Masse Critique pour cette nouvelle découverte, merci à l'éditeur pour cet opus sympathique !
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J'ai reçu une copie de "Black Is Beautiful" grâce à Masse Critique, et en échange, je vous livre mes impressions.

Déjà c'est ma première revue d'art, et ma première fois avec Dada, et je suis très satisfaite! La revue est centrée sur les Noirs dans l'art, et en profite pour nous donner une ou deux leçons d'histoire sur la traite négrière, l'esclavage, les zoos humains, etc. Etant métisse et antillaise, j'en ai fait mon devoir d'en savoir un maximum sur mes ancêtres et l'histoire des Noirs, et même si je savais déjà pas mal de ce qui a été exposé, j'ai quand même appris et découvert des peintures que je n'avais jamais vu.

J'ai apprécié la mise en page et la documentation autour des oeuvres, même si ça restait pas mal en surface, ce qui est normal puisque la revue est tous publics.
Super concept les parties Dans la Chambre Noire et Artualités.

Pourquoi je ne donne que quatre étoiles, c'est parce que quelques fois j'ai eu l'impression que les descriptions étaient un peu maladroites ou répétitives, j'ai aussi eu l'impression que Noir et Africain était interchangeables dans certains paragraphes et il y a un paragraphes en p 14 (Noir et Blanc), que j'ai trouvé manquant de "profondeur", mais aussi de clarté car il est resté assez confus. Je trouve ça dommage d'avoir laissé "Hope" pour l'abécédaire alors qu'il aurait été sympa de développer sur l'Art dans la campagne du premier Noir président des Etats-Unis, et aussi dommage de ne pas, dans le même temps, abordé le portrait du couple Obama alors qu'on parlait justement de l'artiste Kehinde Wiley.
Puis dernièrement, en parlant de Beyoncé, Jay-Z et Will.i.am, j'aurais trouvé vraiment intéressant de parler de leurs clips plus en profondeur (en particulier APESHIT que je trouve tellement riche de symbolisme) et comment ils se sont appropriés les tableaux.

En tout cas malgré cela, je suis vraiment convaincue par cette revue et ce numéro et j'envisage de m'abonner !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Dans la religion catholique, les textes s'attardent peu sur les descriptions physiques. Une aubaine pour les créateurs d'images, qui peuvent laisser libre cours à leur imagination... Ainsi, dès le XIIe siècle, Judas, l'apôtre qui trahit Jésus, se trouve affublé d'une peau sombre et de cheveux roux.
Un siècle plus tard, c'est la reine de Saba qui se pare d'un noir profond. Voici celle qui règne sur un territoire englobant les actuels Yémen, Ethiopie et Eryhtrée. Elle a entrepris un long voyage pour apporter de somptueux cadeaux au roi Salomon. On imagine que, dans son royaume, tout le monde a la peau brûlée par le soleil. Cette teinte noire, c'est très exotique ! Elle permet également de véhiculer un message : à l'image de cette reine, l'Eglise a de nombreux disciples dans cette partie du monde, en dépit de l'expansion de l'islam.
Pour s'en convaincre, rien de tel qu'un roi mage ! Dans la Bible, ni le nom ni le nombre de membres de ce cortège venu d'Orient pour célébrer la naissance de l'enfant Jésus ne sont précisés. Leur identité s'affinera au gré des siècles. Pendant longtemps, les artistes ne représentent ainsi que des rois mages blancs. C'est au XVe siècle que Balthazar devient noir. On va même jusqu'à repeindre des oeuvres qui figuraient avec des traits européens ! (...) Grâce à [ce] personnage, l'Eglise montre que le message de la Bible concerne tous les peuples, sans exception.
(p. 10-11)
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