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EAN : 9781401278854
248 pages
DC Comics (13/02/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
Time has finally caught up with the Challengers of the Unknown. The world seems to have passed them by, and they are now relics, curious artifacts and faded celebrities. All that changes when their fabled mountaintop headquarters blows up and the quartet suddenly find themselves on trial for their lives. So begins the most audacious case of their careers.

This graphic novel is the first creative pairing of writer Jeph Loeb and artist Tim Sale, whose h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de tout autre qui ne nécessite qu'une connaissance superficielle des Challengers et de l'univers partagé DC pour être compréhensible. Il comprend les 8 épisodes de la minisérie, initialement parus en 1991, écrits par Jeph Loeb, dessinés et encrés par Tim Sale, mis en couleurs par Lovern Kindzierski. Les couvertures ont été réalisées par Brian Bolland (épisode 1), Michael Golden (é2), Kyle Baker (é3), Matt Wagner (é4), Marc Hempel (é5), Gil Kane (é6), Arthur Adams (é7) et Tim Sale (é8). Il contient également une introduction rédigée par Brian Michael Bendis qui explique qu'il avait acheté ce comics pour la couverture de Brian Bolland à sa sortie, et qui met en avant plusieurs qualités du récit. Ce tome se termine avec quelques pages de sketchs des principaux personnages, ainsi qu'une histoire de 12 pages jamais publiée, réalisée par Loeb & Sale pour expliquer la présence de Multi-Man dans une aventure ultérieure à celle-ci.

En page d'ouverture Multi-Man (Duncan Pramble) déclare que les Challengers doivent mourir. Les 2 pages suivantes sont celles de comics en train d'être tournées, par Jennifer Taylor la responsable éditoriale du quotidien Tattletale. Elle convoque Harold Moffett dans son bureau pour lui commander un nouvel article sur les Challengers. Dans le même temps un drôle d'individu âgé arrive pour louer une chambre à bas prix à Challengersville. Walter Haley (Prof) conduit une expérience délicate sur la recherche d'une source d'énergie renouvelable, sous la surveillance de June Robbins, dans le laboratoire au coeur de la montagne des Challengers. Harold Moffett se rend à Challengersville par avion et y atterrit rapidement. L'individu bizarre prend part à une visite guidée de la montagne des Challengers et y dépose un petit robot jouet après avoir faussé compagnie au groupe. Moffett appelle son éditrice pour lui indiquer qu'il tient une nouvelle histoire : Rocky a adopté un chaton. Prof et June voient leurs efforts couronnés de succès en découvrant une source d'énergie extradimensionnelle. La montagne des Challengers explose littéralement projetant des morceaux de roches enflammées sur la ville à ses pieds.

Rocky (Leslie Davis), Ace (Kyle Morgan) et Red (Matthew Ryan) s'extirpent tant bien que mal des décombres. Il n'y a aucune trace de Prof (Walter Haley) ou de June Robbins. En apercevant le degré de destruction de la ville, ils s'élancent en avant pour aller aider les civils à sortir d'immeubles en péril : Ace pour sauver une petite fille dans une église, Red pour sauver un groupe d'employés râleurs dans des bureaux, et Rocky pour éteindre un incendie dans la rue. Mais au final, ils sont emmenés enchaînés par les forces de l'ordre, sous le coup d'une accusation de mise en danger de la ville. Au coeur de la montagne des Challengers, une énergie maléfique inconnue palpite, comme douée de conscience. Quelques jours plus tard le procès des 3 Challengers encore vivants commence et les présents en apprennent de belle sur la réalité de leurs origines, pas si héroïques que ça.

Cette histoire constitue la première collaboration entre Tim Sale et Jeph Loeb, et même le premier comics écrit par ce dernier. le lecteur n'est pas très sûr de vouloir se lancer dans la découverte de cette oeuvre de jeunesse. S'il a été attiré par cette lecture, c'est qu'il a vraisemblablement en tête les collaborations ultérieures du duo tout d'abord sur le personnage de Batman, puis sur les histoires dites de couleurs de Huk (gris), Daredevil (jaune), Spider-Man (bleu) puis beaucoup plus tard Captain America (blanc). Il est peu vraisemblable qu'il retrouve une telle qualité et une telle sensibilité dans une oeuvre de jeunesse. Il est donc assez surpris de l'introduction dithyrambique de Brian Michael Bendis, même si c'est la règle pour ce genre d'écrit, parce que Bendis donne des exemples concrets de passages estomaquants. En feuilletant rapidement le tome, il s'aperçoit effectivement que Tim Sale fait déjà preuve de mises en page inventives et qu'il y a déjà de grandes cases qui constitueront sa marque de fabrique par la suite. Bendis évoque également une interprétation moderne de ces personnages, dans la droite lignée de celle de Batman avec Dark Knight Returns (1986, en abrégé DKR) de Frank Miller, Klaus Janson et Lynn Varley.

Il est vrai que suite à DKR les responsables éditoriaux de DC Comics ont passé commande à différents créateurs pour repenser leurs personnages, avec de vraies réussites, y compris sur des personnages de second plan dans Green Arrow: The Longbow Hunters (1987) de Mike Grell & Julia Lacquement, ou encore Blackhawk: Blood and Iron (1988) d'Howard Chaykin & Steve Oliff. Avec cette idée à l'esprit, le lecteur perçoit immédiatement l'intention postmoderne (au sens artistique du terme) de Jeph Loeb, en ouvrant son récit par un comics dans le comics, qui plus est un comics fleurant bon l'original des années 1950 : Challengers of the Unknown by Jack Kirby, personnages crées en 1957 par Jack Kirby. Les auteurs vont donc proposer une version modernisée des Challengers s'appuyant sur l'initiale, intégrant d'autres éléments plus récents, voire des références à d'autres oeuvres. Sur ce dernier point, le lecteur voit effectivement passer Superman (Clark Kent), Doctor Fate (Eric & Linda Strauss) et même Green Lantern (Guy Gardner). Mais il s'agit plus de montrer que le récit se déroule dans l'univers partagé DC que de postmodernisme. le lecteur attentif se rend compte que Jeph Loeb et Tom Sale s'amusent aussi à glisser des références discrètes au concurrent Marvel, que ce soit la demeure de Doctor Strange, aisément identifiable grâce à sa lucarne (et avec un serviteur asiatique), ou Corinna Stark qui utilise une expression associée à Mary Jane Watson (Face it tiger) quand elle se retrouve face à Rocky. Enfin la modernisation des origines de Prof, Rocky, Ace et Red constituent une relecture, montrant de vrais adultes, sous la légende naïve et enjolivée par les comics originaux.

Un lecteur passionné de comics relève aussi des citations graphiques d'épisodes classiques, que ce soit un dessin en double page montrant une dimension magique à la manière des dessins de Steve Ditko pour la série Doctor Strange, ou dans l'épisode 5 une planche consacrée à un affrontement physique entre Matthew Ryan et Kyle Morgan qui reprend la même mise en page et le même déroulement qu'une planche de Captain America contre Batroc, dessinée par Jack Kirby. Chaque épisode s'ouvre sur un dessin en pleine page, suivi par un dessin en double page complété par des vignettes, comme les épisodes de la Kamandi réalisée par Jack Kirby. Lorsque Red devient un mercenaire, ses actions d'éclat pistolet à la main évoquent un mélange de Sergeant Rock, de Nick Fury (période seconde guerre mondiale) et de The Losers de Jack Kirby. Les auteurs citent également des personnages beaucoup plus obscurs comme l'apparition le temps d'une case du laitier le plus costaud : Reid Fleming de David Boswell, page 19 de l'épisode 5. À ce jeu des références, la plus surprenante pour un lecteur contemporain se trouve peut-être dans l'épisode 5, quand une manchette de journal fait mention d'un couple célèbre dont les prénoms sont Ivana et Donald !

Effectivement au fur et à mesure des planches, le lecteur se prend à aller vérifier la date de réalisation de ce comics. Contrairement à ce qu'il pouvait craindre, les dessins de Tim Sale comprennent déjà de nombreuses particularités qui feront sa marque de fabrique par la suite à commencer par une utilisation régulièrement expressionniste des aplats de noir, même s'ils restent encore de taille modeste. À plusieurs reprises, il peut aussi observer une simplification des formes basées sur une épuration des traits pour ne conserver que l'essentiel et aboutir à des dessins plus faciles à lire, saisissant l'essence de ce qu'ils représentent, sans s'alourdir avec des détails finalement superflus. le lecteur remarque également une variété du découpage des planches, les épisodes commençant donc par un dessin en pleine page, mais une planche pouvant contenir jusqu'à 22 cases pour donner l'impression d'événements survenant de manière très rapprochée. Il y a la double page bâtie sous une forme de plateau de Monopoly que Bendis cite dans son introduction, des cases qui sont regroupées sur des cubes comme des dés pour évoquer le hasard dans le résultat des actions, 2 pages avec 9 cases de taille identique comme un trombinoscope pour les témoignages bien choisis lors du procès, ou encore des morceaux de cases comme soufflés par une explosion, éparpillés à l'échelle de la double page. La narration visuelle ne relève en rien d'un artiste débutant, mais d'une construction innovante et montrant visuellement bien plus qu'une simple description.

Bien sûr, le lecteur se dit que ces savantes constructions de page doivent forcément beaucoup au scénariste. Cela n'enlève rien à leur qualité, et souligne au contraire un degré de coordination élevé entre scénariste et dessinateur, comme si ces pages avaient été réalisées par une unique personne, un unique auteur, soit à nouveau la marque d'une équipe artistique expérimentée. En outre la lecture ne s'en trouve pas complexifiée pour autant. Jeph Loeb raconte une histoire classique de superhéros avec un ennemi qui a réussi à leur nuire et à les discréditer, et il va falloir que les héros passent par de multiples épreuves, y compris des affrontements physiques pour découvrir le coupable et rétablir leur réputation. Comme prévu au cahier des charges, il jette un nouveau regard sur les personnages et les fait évoluer au cours desdites épreuves. Ace acquiert des capacités de mage, clairement magiques. Ace devient plus violent, avec une phase où il essaye d'être un vigilant à Gotham, tuant les criminels, pistolet au poing, avant de se lancer dans une carrière de mercenaire en Amérique du Sud. Rocky se lance dans une carrière d'acteur de cinéma, connaissant un succès de grande ampleur. Mais pour le scénariste, ce n'est pas l'occasion de traîner les héros dans la boue pour en faire des individus aux valeurs morales compromises.

Jeph Loeb confronte ses 3 héros (4 avec le cas particulier d'Harold Moffett) à l'obligation du changement dans un monde complexe. Il aborde également des thèmes adultes comme l'alcoolisme (sans solution de type baguette magique), les tendances suicidaires, et la recherche d'une façon de voir la vie qui permette de la comprendre. L'un des personnages doit donc assister à des sessions de thérapie de groupe, jusqu'à ce qu'il décide à en devenir un participant actif. Un autre se retrouve face à la possibilité de mourir sciemment et à devoir choisir, à devoir s'interroger sur ce qui le ferait continuer. Enfin, le troisième s'interroge sur la base d'une fable : un ver de terre s'échappe dans une pomme empoisonnée et si l'oiseau mange la pomme empoisonnée, il mourra. Quelle attitude l'oiseau doit-il adopter ? En effet, Loeb n'oublie pas qu'il est un conteur et il utilise lui aussi des outils narratifs sortant de l'ordinaire que ce soit le merchandising des Challenger ou une séquence émouvante d'ombres chinoises. S'il fallait vraiment trouver un défaut à la narration de Sale & Loeb, c'est que sa densité peut parfois donner l'impression d'être touffue ou pas assez canalisée.

En découvrant cette réédition tardive, le lecteur part avec un a priori négatif : celui d'avoir affaire à une oeuvre de jeunesse d'un duo de créateurs exceptionnels certes, mais ayant eu besoin de quelques numéros pour arriver à leur pleine maturité. En lieu et place, il découvre un récit adulte d'une grande richesse tant picturale que thématique, jouant le jeu du regard postmoderne sur des héros qui ne sont pas de premier plan, mais sans ce cynisme de façade que certains créateurs essayent de faire passer pour de la maturité. Une grande réussite qui mérite amplement sa place auprès de leurs oeuvres ultérieures. Enfin en refermant ce livre, il constate que la première page reprend le dessin de la première, et il s'amuse bien en découvrant l'histoire supplémentaire, jamais parue auparavant.
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Merci à Emmanuel pour le montage et ClemB pour l'habillage sonore.
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